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étoit pas de même de la maniere dont la fête de Noël se faisoit encore à Valladolid au milieu du dernier siecle. On y employoit les mêmes extravagances qu’à la fête des fous dans notre barbarie : des masques grotesques, des habits de mascarades, des danses dans l’église avec des tambours de basque & des violons, s’accordoient aux orgues qui sonnoient des chacones ; & le peuple crioit victor à celui qui chantoit le mieux un villaneio d’une mule qui rue, &c. Les lumieres de l’esprit qui ne percent que fort tard, ont enfin dissipé partout ces sortes d’indécences. (D. J.)

Noel, s. m. (Poësie sacrée.) chanson spirituelle faite en l’honneur de la nativité de Notre-Seigneur ; Pasquier dit dans ses recherches, liv. IV. ch. xvj. que de son tems on chantoit encore en plusieurs églises des noëls pendant la grande messe du jour de noël : un autre historien prétend, que la plûpart des noëls qu’on chante en France, sont des gavotes & des menuets d’un ballet qu’Eustache du Corroy, un des plus grands musiciens de son siecle, avoit composé pour le divertissement du roi Charles IX. (D. J.)

NOELA, (Geog. anc.) ville de l’Espagne Tarragonoise dans le pays des Asturiens, selon Pline, liv. IV. ch. xx. c’est aujourd’hui Noya sur le Tambre. (D. J.)

NOELA-TALI, (Hist. nat. Botan.) arbre des Indes orientales qui est, dit-on, une espece d’épinevinette ; ses feuilles ressemblent à celles d’un oranger ; l’arbre est d’une grosseur moyenne, son fruit est très-rafraichissant, & l’on fait des cordes avec son écorce.

NOERE, (Géog.) petite riviere de France dans l’Angoumois : elle se jette dans la Charente, entre Angoulème & Château-neuf. (D. J.)

NŒSSEL, (Commerce.) c’est le nom que l’on donne en quelques cantons d’Allemagne à une mesure de liquides qui pese une livre, poids médicinal, c’est-à-dire, douze onces. Cette mesure répond à une chopine.

NOETIENS, s. m. pl. (Théol.) secte d’anciens hérétiques, disciples de Noëtus, natif d’Ephèse, & maître de Sabellius.

Ces hérétiques n’admettoient qu’une seule personne en Dieu ; savoir le pere, & ils croyoient par conséquent, que c’étoit le Pere qui avoit souffert sur la croix. S. Epiphane qui a écrit cent ans après Noëtius, dit que c’est-là une erreur dont on n’avoit point encore entendu parler ; cependant il est certain qu’il y a eu dans l’église des patripassiens avant les Noëtiens.

Le chef de ces derniers ayant été repris de ses supérieurs, il leur fit cette réponse : quel mal ai-je fait ? Je n’adore qu’un seul Dieu, je n’en connois point d’autre ; il est né, il a souffert, & il est mort. D’autres auteurs disent qu’ayant été cité devant les prêtres, il désavoua d’abord ses erreurs, & qu’y étant ensuite retombé, il fut chassé de l’église, & fit une secte à part. Il avoit un frere imbu des mêmes sentimens auquel il donnoit le nom d’Aaron, prenant pour lui-même celui de Moïse. Ils vivoient au commencement du troisieme siecle. (G)

NŒUD, s. m. (Géom.) courbe à nœud, est une courbe composée de branches, qui se coupent ou se croisent elles-mêmes en revenant sur leurs pas. La lemniscate, le folium, voyez ces mots & plusieurs autres courbes, sont des courbes à nœuds.

Dans la fig. 42. de l’analyse, les points A sont autant de nœuds, voyez Courbe. Ainsi un nœud n’est autre chose qu’un point double, voyez Double, Multiple & Point, formé non par deux branches différentes d’une même courbe, mais par deux parties d’une même branche qui formant un

cours continu, revient sur elle-même & se coupe. (O)

Nœuds, c’est le nom qu’on donne en Astronomie aux deux points où l’orbite d’une planete coupe l’écliptique. Voyez l’Orbite & Ecliptique.

Tels sont les deux points C & D (Planche Astron. fig. 33.) le nœud C, d’où la planete part pour monter vers le nord au-dessus du plan de l’écliptique, est appellé nœud boreal, nœud ascendant, & autrefois tête du dragon, & se marque ainsi ☊. Voyez Ascendant & Dragon.

L’autre nœud D, d’où la planette descend vers le sud, est appellé nœud austral, nœud descendant, & autrefois queue du dragon ; on le marque ainsi ☋ ; la ligne droite DC, qui est la commune section des deux cercles, est appellée ligne des nœuds.

La ligne des nœuds de la lune se meut d’un mouvement retrograde, & acheve sa révolution en dix-neuf ans ; c’est-à-dire qu’elle met ce tems-là à revenir à un point de l’écliptique, d’où elle est partie. Voyez Lune.

Quand la lune est dans les nœuds, elle est aussi dans l’écliptique, ce qui arrive deux fois dans chaque période. Quand elle est à sa plus grande distance des nœuds ; savoir, aux points EF, on dit alors qu’elle est dans ses limites. Voyez Limite.

Quand il y a éclipse, soit de lune, soit de soleil, la lune doit être dans un des nœuds ou au moins en être fort proche. Voyez Eclipse, Planette, &c.

On observe que les nœuds de l’orbite de Saturne & de celle de Jupiter ont aussi un mouvement, & cela vient de l’action que ces planettes exercent l’une sur l’autre, & qui les empêche de se mouvoir dans des plans exacts ; cette même action mutuelle des planettes doit affecter plus ou moins sensiblement leurs nœuds, & même ceux des cometes. Voyez Probleme des trois corps.

Pour déterminer les nœuds des planetes, c’est-à-dire, la position de la ligne des nœuds ; on entend que la planette se trouve dans l’écliptique, ce qui arrive lorsque sa longitude observée est nulle, & par deux observations de cette sorte, on détermine aisément avec le secours de la trigonométrie, la position de la ligne des nœuds. Voyez Keill, introd. ad veram Astron. ch. xxvij. Chambers. (O)

Nœud, (en Chirurgie) nodus, callus, tophus ; c’est même chose que nodus, voyez Nodus ; ce terme se dit particulierement de ces tumeurs dures & gypseuses qui se forment aux jointures des vieux goutteux, & qui se nomment proprement en latin tophi. Voyez Tophus.

Nœud du Chirurgien ; c’est un nœud qu’on fait en passant deux fois le fil dans la même anse ; on se sert du nœud du Chirurgien pour la ligature des vaisseaux, & l’on assujettit ce nœud par un autre qui est simple. Le nœud double se fait le premier, afin qu’il ne puisse point se relâcher pendant qu’on fait l’anse pour le second nœud. (Y)

Nœuds de marbre, (Architect) ce sont des duretés par veines ou taches dans les marbres. On appelle émeril les nœuds de couleur de cendre dans le marbre blanc ; ils sont très-difficiles à travailler. Les ouvriers donnent le nom de cloux aux nœuds des autres marbres.

Nœuds de Serrurerie, ce sont les différentes divisions qui se font dans les charnieres de fiches ou couplets, de portes ou fenêtres, par où le clou ou la rivure passent. Il y a des fiches à deux, à trois & à quatre nœuds. (D. J.)

Nœud, (Jardinage.) signifie proprement la partie de l’arbre par où il pousse ses branches, ses racines, & même son fruit. Voyez Arbre, Branche, &c.

Le bois est plus dur & plus serré dans les nœuds,