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de son entendement, & par le pouvoir de son autorité sur les bêtes. Pour les créatures inférieures & privées de raison, le créateur les a amplement dédommagées de ce défaut par la force de l’instinct ou de la sagacité naturelle qu’il leur a imprimée. Quibus bestiis erat is situs, ut aliûs generis bestiis vescerentur, aut vires natura dedit, aut celeritatem ; data est quibusdam etiam machinatio quædam atque solertia.

Il s’ouvre ici un vaste champ pour admirer la sagesse, la puissance, le soin & la prévoyance de Dieu : c’est ce qu’on reconnoîtra d’abord si l’on fait attention aux divers instincts du gros & du menu bétail, des oiseaux, des insectes & des reptiles ; car dans chaque espece d’animaux on découvre des actions très remarquables que leur sagacité naturelle ou leur instinct leur fait faire, & qui se rapportent aux diverses circonstances de leur nourriture & de leur conservation. Dans les animaux mêmes qui trouvent facilement & proche d’eux leur nourriture, comme sont ceux qui mangent de l’herbe ou des plantes, & qui par conséquent n’ont pas besoin de beaucoup d’industrie pour la découvrir ; cette finesse dans le goût & dans l’odorat qui leur fait distinguer si promptement & en toute rencontre ce qui est salutaire de ce qui leur seroit pernicieux ; cette finesse, dis-je, ne laisse pas de fournir un sujet d’admiration. Mais dans ceux dont la nourriture est plus cachée & plus difficile à trouver, on découvre un instinct merveilleux & qui se diversifie en mille manieres. Avec quelle sagacité quelques animaux ne vont-ils pas à la poursuite de leur proie ; d’autres ne la guettent-ils pas en lui dressant des embûches ? avec quelle industrie les uns ne vont-ils pas la chercher au fond des eaux, dans les marécages, dans la boue & dans les vilenies ? les autres ne remuent-ils point la terre à la superficie, & même ne fouillent ils pas jusque dans ses entrailles ? Quelle structure, quel dessein ne découvre-t-on pas dans les gros nerfs destinés particulierement dans ces créatures à cette fonction ? Quelle admirable faculté que celle d’un grand nombre d’animaux, par laquelle ils découvrent leur proie à de grandes distances ; les uns par la finesse de l odorat la sentent à plusieurs milles d’eux ; les autres par la subtilité de la vûe l’apperçoivent dans l’air ou ailleurs, quoiqu’encore très-éloignés. Les animaux rapaces, comme les loups, les renards, &c. découvrent leur proie à une grande distance : les chiens & les corbeaux sentent les charognes de fort loin par la finesse de l’odorat ; & s’il est vrai, comme les personnes superstitieuses se l’imaginent, que ces derniers en volant par-dessus les maisons ou en les fréquentant présagent la mort de quelqu’un, ce sera sans doute par une odeur cadavéreuse que les corbeaux sentent dans l’air à l’aide de leur odorat subtil, laquelle est exhalée des corps malades qui ont au-dedans d’eux les principes d’une mort prochaine. Les faucons & les milans qui épient leur proie sur terre, les mouittes & les autres oiseaux qui la découvrent dans l’eau, apperçoivent à un grand éloignement & pendant qu’ils volent, les souris & les petits oiseaux, & les insectes qui sont sur terre, de même que les petits poissons, comme les chevrettes, &c. sur lesquels ils s’élancent & qu’ils attrapent dans l’eau. Quel appareil commode l’ouvrier de la nature n’a-t-il pas encore donné aux animaux qui sont obligés de grimper pour atteindre à leur nourriture ! non-seulement on voit en eux une structure singuliere dans les piés & dans les jambes, une force extraordinaire dans les muscles & les tendons, qui ont le plus de part à cette action, mais aussi une méchanique particuliere dans les principales parties qui agissent dans le tems même qu’ils courent après la nourriture. Quelle provision d’organes que celle des oiseaux & des bêtes nocturnes ! ils ont la structure des yeux

tout-à fait singuliere, & peut-être aussi un odorat extrémement fin, qui les mettent en état de discerner leur nourriture dans l’obscurité. Article de M. Formey.

Nourriture, (Maréchall.) belle nourriture se dit particulierement d’un poulain bien fait.

Nourriture, terme de Tannerie. Toutes les fois que les Tanneurs donnent aux cuirs qui sont dans la fosse une nouvelle poudre de tan imbibée d’eau, il appellent cela leur donner de la nourriture. Ainsi quand un cuir n’est pas tanné comme il faut, ils disent qu’on ne lui a pas donné assez de nourriture, pour faire entendre qu’on lui a épargné l’eau & le tan, & qu’il n’a pas été assez long-tems dans la fosse.

NOUVEAU, se dit en Mathématique de certaines parties de cette science, en comparant l’accroissement qu’elles ont reçu des modernes à l’état d’imperfection dans lequel les anciens nous les avoient transmises. Voyez les articles Ancien & Moderne.

Nouvelle Géométrie, voyez Géométrie.

Nouvelle Astronomie, voyez Astronomie.

Nouveau style en Chronologie se dit de la nouvelle maniere de compter depuis la réformation du calendrier.

Le nouveau & le vieux style different, 1°. de onze jours, ensorte que lorsque l’on compte dans le nouveau style le 11 du mois, on ne compte dans le vieux style que le premier du même mois. 2°. Par la lettre dominicale & par le jour auquel tombent les fêtes mobiles, la fête de Pâques, par exemple, n’étant pas le même jour une année quelconque dans le nouveau style que dans l’ancien. Cela est évident de soi-même, par la différence de 11 jours qu’il y a entre ces deux styles. Voyez An & Calendrier. (O)

Nouveau, (Critique sacrée.) Ce mot a plusieurs sens dans l’Ecriture. Il signifie, 1°. ce qui est extraordinaire, inusité : nova bella elegit Dominus, dit Débora dans son cantique, Jud. v. 8. Il veut dire 2°. ce qui est différent, mandatum novum do vobis, Joan. xiij. 34. Le commandement de la charité est de tous les tems, mais Jesus-Christ l’a gravé de nouveau dans le cœur des hommes, & a fait de l’amour qu’il a eu pour eux la regle de celui que ses disciples se doivent les uns aux autres. 3°. Cum illud bibam novum vobiscum, xjv. 25. Ce vin nouveau est un vin céleste ; de même le ciel nouveau, la terre nouvelle, la Jérusalem nouvelle, signifient le ciel des bienheureux. 4°. Il se prend aussi pour beau, Deus canticum novum, cantabo tibi. Ps. clxiij. 9. Le Seigneur déclare qu’il ne faut pas mettre du vin nouveau dans de vieux outres. Luc, v. 38. c’est-à-dire qu’il ne convenoit pas de surcharger les apôtres d’observances difficiles. 5°. Tempore messis novorum, dans le mois des nouveaux fruits, c’est le mois de Niran. Exod. xxiij. 15. (D. J.)

Nouveau, (Comm.) ce qui n’a point encore paru, ce qui n’a point encore servi.

Nouveau, en terme de teneurs de livres ; on dit porter ce nouveau compte, pour dire porter la solde d’un compte arrêté sur une nouvelle feuille ou sur un nouveau livre. Cette somme est portée à nouveau compte sur le livre d’extrait n°. 3. à folio 3. recto. Dictionnaire de Commerce.

Nouveau plain, (Ustensile de Tannerie.) ce mot signifie, en terme de Tanneurs, de Mégissiers, & d’autres ouvriers qui apprêtent les cuirs, une cuve pleine de chaux nouvelle & qui n’a point encore servi.

NOUVEAUTÉ, s. f. (Morale, Politiq. Gouvern.) c’est tout changement, innovation, réforme bonne ou mauvaise, avantageuse ou nuisible : car voilà le caractere d’après lequel on doit adopter & rejetter dans un gouvernement les nouveautés qu’on y veut introduire.