vertu de guérir le sarcocele. Scultet assure s’en être servi plusieurs fois avec succès ; si malgré ces remedes la tumeur fait des progrès, il faut absolument en venir à l’opération, qui doit être pratiquée différemment, suivant les différens cas.
Si la tumeur est skirreuse, & que les douleurs commencent à s’y manifester, c’est un signe qu’elle dégénere en cancer : le caractere spécial de la douleur servira à en juger avec assurance, elle sera lancinante. Voyez Cancer. Dans ce cas il ne faut pas différer l’extirpation du testicule. V. Castration. C’est même le parti le plus assuré pour la guérison des sarcoceles invéterés, & sur-tout lorsqu’ils sont d’un volume considérable. Munnicks a vu emporter un testicule qui pesoit plus de vingt onces, le malade a guéri. Fabrice d’Aquapendente a fait la même opération pour un testicule carcinomateux, gros comme son chapeau ; le malade fut guéri au bout de vingt jours ; il a amputé un autre testicule tuméfié, qui paroissoit fort sain au-dehors, mais qui étoit tout pourri au-dedans : le motif qui l’a porté à opérer dans ce cas, étoit la résistance de cette tumeur invéterée à l’action des remedes.
Il n’est pas toujours nécessaire d’en venir à l’opération. Les auteurs proposent deux autres méthodes d’opérer, qui ont pour objet la conservation du testicule ; dans le cas où cette partie n’est pas tuméfiée dans toute sa substance, & que le sarcocele est une tumeur particuliere qui s’éleve sur la surface, quelques auteurs conseillent de faire une incision à la peau du scrotum, tout le long de la tumeur, afin de l’extirper sans toucher au testicule ; on fera suppurer la base qui y étoit adhérente, par le moyen des onguens digestifs ; d’autres prescrivent l’application d’une trainée de pierre à cautère, pour parvenir au même but ; après la chute de l’escarre, ils poursuivent l’éradication totale de la tumeur, par des remedes cathérétiques : c’est un procedé qui peut avoir du succès en quelques cas ; mais il est bien douloureux & sujet à l’inconvénient de faire suppurer complettement, ou de faire tomber en pourriture gangreneuse la partie qu’on se propose de conserver ; l’incision paroît préférable : on a varié sur la maniere de la faire : tout le monde n’approuve pas l’incision qui découvre la tumeur dans toute sa longueur. Munnicks, & quelques autres praticiens étrangers, recommandent une très-petite ouverture à la partie supérieure du scrotum, dans laquelle on introduira, au moyen d’une tente, des remedes suppuratifs, pour mettre la masse charnue en suppuration ; à chaque pansement, on aura soin, disent-ils, de nétoyer la playe sans en exprimer tout le pus, afin qu’il serve à consumer la tumeur. Voilà la raison du choix de la partie supérieure de la tumeur pour le lieu de l’incision ; mais je trouve que cette maniere de procéder à la guérison du sarcocele, est tronquée, & copiée de Fabrice d’Aquapendente, qui la propose pour la cure de l’hydro-sarcocele : voici comme il décrit ce moyen de curation. On fera une ouverture médiocre au scrotum, en sa partie, non pas trop déclive ou tout-à-fait inférieure, mais à la partie moyenne ; par cette petite incision, on donnera issue à l’eau renfermée dans la tumeur, on y introduit ensuite une tente fort longue, enduite d’un bon onguent suppuratif, tel que le mélange de térébenthine avec de l’encens, le jaune d’œuf & le beurre ; on applique par-dessus un emplâtre émollient & suppuratif, comme diachylon gommé avec l’axonge ; on observera, continue notre savant praticien, que quoiqu’on ait des signes que le scrotum est plein de pus, il ne faut pourtant pas le laisser sortir, mais le retenir exprès, avec grand soin, pour qu’il serve peu-à-peu à la putréfaction de la tumeur ; il faut toujours perséverer dans l’usage des remedes maturatifs, jusqu’à ce que
la suppuration ait consommé entierement le mal, ce qui ne s’obtient qu’à la longue : cette méthode, dit l’auteur, est très-assurée & réussit toujours bien pour détruire les hernies charnues, quel qu’en soit le volume. On peut s’en rapporter à la décision d’un aussi grand maître : ce moyen est préférable à la castration, dans tous les cas où elle ne sera pas indispensable.
J’ai vu des accidens mortels de l’ouverture prématurée des sarcoceles suppurés, & ce n’est pas sans raison que Fabrice dit expressément qu’il ne faut pas changer de remedes, mais de s’en tenir aux seuls maturatifs pendant que la suppuration se fait. On voit combien la description de cette méthode avoit été alterée désavantageusement par les copistes qui l’ont fait passer dans leurs ouvrages ; ce qui prouve la nécessité de remonter aux sources, & l’utilité du travail par lequel on cherche à apprécier chaque chose, & à la mettre à sa juste valeur.
Dionis rapporte, dans son traité d’opérations, qu’un malabare des Indes avoit un sarcocele inégal, dur comme une pierre, d’un pié trois pouces & six lignes de longueur, & d’un pié trois pouces de largeur sur le devant ; cette tumeur pesoit environ soixante livres ; la relation en a été envoyée de Pontichery en 1710, par le P. Mazeret, jesuite. (Y)
SARCOCOLLE, s. f. (Hist. des drogues exot.) en grec σαρκοκόλλη, en latin sarcocolla, & par les Arabes ausarot, est un suc gommeux, un peu résineux, composé de petits grumeaux, ou de petites parcelles comme de miettes blanchâtres, ou d’un blanc roux, spongieuses, friables : ces miettes jettent un éclat qui les fait briller par intervalles. Ce suc est d’un goût un peu âcre, amer, avec une certaine douceur fade, desagréable, & qui excite des nausées ; ces parcelles paroissent être des fragmens de larmes, & ne sont guere plus grosses que des graines de pavot.
La sarcocolle obéit sous la dent ; elle se dissout dans l’eau : lorsqu’on l’approche d’une chandelle, elle bout d’abord, & jette ensuite une flamme brillante ; on doit choisir celle qui est spongieuse, blanche & amere. On l’apporte de Perse & d’Arabie. Il y a une autre sorte de sarcocolle brune, sordide & en masse dont Po net fait mention ; mais c’est une sarcocolle impure qu’on doit rejetter.
La plante qui donne ce suc gommeux, n’a été décrite par aucun auteur, soit ancien, soit moderne, de sorte qu’on ne la connoit pas encore aujourd’hui ; les Grecs n’employoient la sarcocolle qu’extérieurement pour dessécher les plaies ; & en effet, elle peut servir à les déterger & les consolider ; elle entre dans l’onguent mondicatif de résine. (D. J.)
SARCO-EPIPLOCELE, s. m. terme de Chirurgie, hernie complette faite par la chute de l’épiploon dans le scrotum, accompagnée d’excroissance charnue. Voyez Hernie, Épiploon, Scrotum & Sarcocele.
Ce terme est composé de trois mots grecs σὰρξ, σαρκὸς, caro, chair, ἐπίπλοον, épiploon, κήλη, ramex, hernie. Nous avons donné au mot sarcocele les signes pour connoître l’excroissance charnue du testicule, & les moyens de traiter cette maladie par médicamens & par opération. Ce qui concerne la hernie épiploïque est traité de même à l’article qui lui est propre. (Y)
SARCO-EPIPLOMPHALE, s. m. terme de Chirurgie ; c’est la même hernie au nombril que le sarcoépiplocele au scrotum. Voyez Sarco-Épiplocele & Sarcomphale. (Y)
SARCO-HYDROCELE, s. m. & f. terme de Chirurgie. C’est un sarcocele accompagné d’hydrocele. Cette derniere maladie est ordinairement consécutive. C’est un accident produit par la premiere en conséquence de la pression & de la rupture des vais-