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présent, soit à ma pensée, soit à ma bouche, soit à ma plume. Qu’est-ce que des corrivaux ? ce sont deux hommes que je considere indistinctement, par la prétention qu’ils ont tous les deux à un bien qui ne peut appartenir qu’à l’un des deux, sans que l’un soit le premier présent à ma pensée, & l’autre le second, sans que j’institue entr’eux une comparaison dans laquelle l’un seroit présent & l’autre rappellé : c’est sous un point de vûe qui leur est commun que je les envisage ; & en tant que ce point de vûe leur est commun.

* CORRELATION, s. f. (Logiq. & Gramm.) terme par lequel je désigne qu’il y a rapport entre deux objets A & B ; & je le désigne d’une maniere indéterminée, sans marquer que c’est A que je compare à B, ni que c’est B que je compare à A : l’un ne m’est pas plus présent à l’esprit que l’autre, du moins au moment où j’assûre qu’il y a correlation entr’eux ; quoique ce jugement ait été précédé d’un autre où je comparois ces objets, & où l’un étoit le premier terme de la comparaison, & l’autre le second ; quant à la nature de la correlation, elle consiste dans le rapport de deux qualités dont l’une ne peut se concevoir sans l’autre.

CORRESE, (Géog. mod.) petite riviere d’Italie dans la Sabine, dans l’état de l’Église, qui se jette dans le Tibre.

CORRESPONDANCE, RELATION, s. f. commerce réciproque qu’ont ensemble deux personnes. Il se dit, en termes de Commerce, de la relation qu’un marchand entretient avec un autre marchand ; un banquier avec un banquier, ou même tous deux avec de simples commissionnaires établis dans diverses villes d’un même état ou de pays étrangers, pour le fait de leur banque ou négoce. On dit de l’un & de l’autre qu’ils ont de grandes correspondances, quand ils ont affaire avec quantité d’autres négocians ou banquiers. Dictionn. de Comm. (G)

* Correspondance, Correspondant, & Correspondre, ont encore une signification prise des rapports que les êtres peuvent avoir entr’eux : aussi on dit : voilà deux idées, deux mots, deux objets, deux choses qui se correspondent, lorsqu’elles ont même rapport ou de sens, ou de place, ou d’effet, ou de forme, &c. avec une troisieme à laquelle on les rapporte, ou dans laquelle on les considere.

CORRESPONDANT, s. m. en termes de Comm. personne domiciliée dans un lieu, & avec laquelle une autre personne résidante dans une autre ville ou pays, est en commerce de banque ou de marchandise.

S’il y a quelque différence entre correspondant & commissionnaire, elle est bien légere, & leurs fonctions sont à-peu-près les mêmes. Voyez Commissionnaire. Dictionn. de Comm. (G)

CORRESPONDRE, v. n. avoir relation avec quelqu’un, l’avoir correspondant ou être le sien. (G)

CORRIDOR, s. m. terme d’Architecture. On entend par ce mot une piece fort longue & assez étroite, servant de dégagement & de piece commune à divers appartemens, en usage à la campagne. Ils ont cela de commode, qu’ils évitent les antichambres, qui occupent beaucoup de terrein dans un lieu serré, & dont on ne peut se passer pour précéder une chambre à coucher, lorsqu’on ne pratique pas de corridor ; néanmoins on ne peut disconvenir que ces derniers ont l’incommodité d’occasionner beaucoup de bruit dans les pieces voisines, à cause de leur communication avec tout le bâtiment ; de maniere qu’ils ne sont plus guere d’usage que dans les étages en galetas & dans les communautés religieuses, où ils sont absolument indispensables.

La proportion de ces corridors, c’est-à-dire le rapport de leur largeur avec leur longueur, est arbitraire ; en quoi ils different des galeries, qui doi-

vent avoir des dimensions relatives à leur usage. Voyez Galerie. (P)

Corridor, en Fortification, signifie le chemin qui regne tout autour de la place, sur le pord du fossé en dehors. Ce mot vient de l’italien coridore, ou de l’espagnol coridor.

On l’appelle aussi chemin couvert ; & même ce dernier est à présent le seul usité, parce qu’il est couvert du glacis ou de l’esplanade, qui lui sert comme de parapet. Voyez Chemin couvert. Le corridor est large d’environ six toises. Chambers. (Q)

CORRIGER, v. act. voyez les différentes acceptions de l’adjectif Correct & Correctif, & du substantif Correction.

Corriger, terme d’Imprimerie ; c’est une des fonctions principales que le compositeur est obligé de faire. Après avoir levé la correction dans son composteur, il couche sa forme sur le marbre, & la desserre ; ensuite il corrige, par le moyen d’un petit instrument appellé pointe, les fautes qui ont été marquées par le correcteur en marge de l’épreuve. Voy. Compositeur, Forme, Marbre, Pointe.

Corriger un cheval, voyez Chatier.

* CORRIVAL, s. m. un autre qui avoit avec celui-ci un ruisseau commun. Voyez à l’article Correlatif, la raison de cette définition, qui n’est bisarre qu’en apparence ; & pourquoi elle seroit inexacte, si j’avois dit un corrival est celui qui a un ruisseau commun avec un autre. Le corrival n’est pas celui, c’est l’autre.

CORROBORATIF, (Médec. Thérapeut.) voyez Fortifiant & Tonique.

CORRODÉ, adject. CORROSION, subst. Ces mots ne sont d’usage qu’en Physique, & sur-tout en Medecine, pour dire rongé & action de ronger ; ainsi on dit une pierre dont la surface a été corrodée (c’est-à-dire rongée) par les eaux & par l’action de l’air. On dit aussi la corrosion des chairs par un ulcere. Au reste le substantif corrosion n’ayant point d’équivalent, est plus en usage que corrodé. (O)

CORROI, s. m. (Architect. Mass. Hydraul.) est un massif de terre franche ou de glaise que l’on pétrit entre les deux murs d’un canal ou d’un bassin, pour retenir l’eau à une certaine hauteur ; ou entre le contre-mur d’une fosse d’aisance ou un puits, pour empêcher qu’elle ne le corrompe : il doit se lier avec celui du plafond, qui doit regner de la même épaisseur dans toute son étendue.

On ne dit point un corroi de ciment, mais un massif ou une chemise de ciment. (K)

CORROIER, en Architect. est bien pétrir la chaux & le sable par le moyen du rabot, pour en faire du mortier. C’est aussi pétrir & battre au pilon de la terre glaise, pour en faire un corroi. (P)

* CORROMPRE, v. act. (Morale.) expression empruntée de ce qui se passe dans la gangrene du corps, & transportée à l’état de l’ame ; ainsi un cœur corrompu est un homme dont les mœurs sont aussi malsaines en elles-mêmes, qu’une substance qui tombe en pourriture ; & aussi choquantes pour ceux qui les ont innocentes & pures, que le spectacle de cette substance, & la vapeur qui s’en exhale, le seroient pour ceux qui ont les sens délicats.

Corrompre, (Physiq.) voyez Corruption.

Corrompre, (Art méch.) c’est altérer la forme. Le pannier de mon habit est corrompu. Les hérétiques ont souvent corrompu les textes sacrés.

Corrompre un cuir, terme de Corroyeur, qui signifie le ployer ; ainsi ces artisans disent corrompre un cuir des quatre quartiers, c’est-à-dire le plier de patte en patte pour lui couper le grain. Voyez Corroyer, & la fig. Pl. du Corroyeur.

* Corrompre, (Manuf. en soie) c’est mettre plus ou moins de fils dans la premiere maille de corps,