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concentrer, de différentes infusions résineuses que l’on veut dessecher, &c. pour rectifier des alkalis volatils tirés des substances animales, &c. &c. Nous nous contentons d’indiquer ici une partie des usages de la cucurbite de verre dans les distillations, nous laissons au Chimiste le soin de l’employer dans toutes les circonstances où l’exactitude le requiert, & où l’expérience lui a appris qu’il le pouvoit faire sans risquer la fracture. La certitude où l’on est que le verre ne peut rien communiquer aux matieres que l’on veut y traiter, est un avantage qui doit lui faire préférer tous les vaisseaux qui en sont faits, dans tous les cas où il est possible de les employer.

Les cucurbites de terre n’ont pas été d’un aussi fréquent usage qu’elles pouvoient l’être, & elles ne sont que peu ou point recommandées par les auteurs de Chimie qui ont le mieux travaillé ; cependant on peut en tirer de grands avantages : celles qui nous viennent de Picardie, par exemple, vont très-bien au feu nud, & on peut s’en servir à distiller bien des liquides qu’on ne sauroit traiter dans les vaisseaux de cuivre ou d’étain, par exemple, le vinaigre, certaines huiles essentielles, celle de terebentine, & de tous les autres baumes liquides, celle de succin que l’on veut rectifier par des distillations répétées ; car quoique ces huiles puissent fort bien être distillées dans les alembics de cuivre étamé, il faut autant qu’on pourra ne le pas faire à cause de la mauvaise odeur que la plûpart de ces huiles leur communiquent. On peut encore très-bien se servir de cucurbites de terre à la distillation de l’esprit-de-sel ammoniac, & à la sublimation de l’alkali volatil concret du même sel ; & comme elles sont fort élevées, elles sont très-avantageuses pour la distillation des matieres qui se raréfient beaucoup, comme le miel, la manne, &c. C’est à M. Roüelle, qui ne laisse rien échapper de ce qui peut rendre le manuel de la Chimie aisé & commode, que nous sommes redevables de l’emploi journalier que nous faisons aujourd’hui de cette sorte de cucurbite dans nos laboratoires ; nous donnerons la façon de s’en servir & de l’appareiller dans le fourneau clos, lorsque nous parlerons de la distillation du vinaigre. V. Vinaigre.

Les cucurbites des Potiers de Paris sont fort mauvaises : elles ne souffrent pas le feu, ou du moins y cassent facilement : elles sont trop poreuses & pas assez cuites ; aussi ne nous en servons-nous que rarement, ou même point du tout. Ils en font pourtant de petites qui nous servent à sublimer le sel sédatif du borax, mais qu’il faut avoir soin de luter si on veut les empêcher de casser. Voyez Lut.

Les cucurbites de terre sont recommandées par tous les auteurs de Docimasie pour la distillation de l’eau-forte qui a servi au départ, & on s’en sert tous les jours avec avantage, en ce cas, dans les monnoies. Voyez Départ.

Les cucurbites, principalement celles de terre, sont encore employées par les Chimistes pour différentes sublimations ; celle du soufre, celle de Mars par le sel ammoniac, celle du sel sédatif. Voyez Soufre, Mars, Borax, Sublimation.

On fait communément usage des cucurbites, & surtout de celles de verre, pour les digestions & circulations ; voyez Digestion & Circulation. Dans ces opérations on couvre la cucurbite ou d’un chapiteau aveugle, voyez Chapiteau, ou bien d’une autre cucurbite renversée, ce qui s’appelle vaisseau de rencontre. Voyez Vaisseau de rencontre. (b)

*CUEILLAGE, s. m. (Verrerie.) c’est la portion de matiere vitrifiée, qu’a tiré successivement à quatre reprises le gentilhomme apprenti d’une Verrerie de verre à vitre, & qui est nécessaire pour faire un plat. Voyez Cueilleur. Lorsque le cueillage est formé, le cueilleur le remet au bossier, qui va reprendre

une cinquieme fois de la matiere dans le pot, ce qui s’appelle couvrir le cueillage : on dit d’un cueillage qu’il est bon, lorsque le cueilleur n’a point brouillé ou enfumé la matiere qu’il a tirée du pot, & qu’il l’a bien arrondie également sur la felle. Voyez Felle, Bossier, Cueillir, Verre à Vitre. Ce terme est aussi à l’usage des autres Verreries, & s’y prend dans le même sens.

CUEILLE, s. f. (Marine) C’est un des lez ou des bandes de toile qui composent une voile. Pour désigner la grandeur d’une voile, on dit qu’elle a tant de cueilles, c’est-à-dire tant de lez. Voy. Voile. (Z)

* CUEILLEMENT, s. m. une des opérations dans lesquelles on distribue la fabrication des ouvrages sur le métier à bas. Voyez Bas au métier.

CUEILLERET, s. m. (Jurisprud.) est un extrait du papier terrier d’une seigneurie qui sert de mémoire au receveur pour faire payer les cens & rentes dûs à la seigneurie. Ce terme vient de cueillette qui signifioit autrefois recette, comme on voit en l’article 86 de l’ancienne coûtume de Bretagne. Les cueillerets sont la même chose que ce qu’on appelle ailleurs lieves ou papiers de recette. Voyez Lieves. (A)

CUEILLETTE, subst. f. terme de commerce de mer. C’est un amas de diverses sortes de marchandises qu’un maître de vaisseau fait, & qui lui sont remises par plusieurs personnes pour former la cargaison de son bâtiment. Ainsi l’on dit, charger un vaisseau à cueillette, quand divers particuliers concourent à en faire le chargement.

Ce terme n’est en usage que sur l’Océan ; sur la Méditerranée on dit, charger au quintal. Voyez Quintal. Dictionn. du Comm. de Trév. & de Dish. (G)

Cueillette, (Jardinage.) est le tems où l’on cueille les fruits lorsqu’ils se détachent de l’arbre. On le connoît encore au toucher, en mettant doucement le pouce du côté de la queue sur chacun des fruits fondans, si le fruit obéit il est mûr. Pour les fruits cassans, le goût seul en décide.

On doit prévenir la maturité des fruits d’été dont plusieurs deviendroient cotoneux, s’ils restoient trop long-tems sur l’arbre. Un fruit si mûr est sujet à pourrir ; & l’insecte ou le lézard qui le mange, n’y toucheroit point s’il étoit un peu verd. Les fruits sont même plus aisés à transporter d’un lieu à un autre. Voyez Fruit.

Les poires d’automne dans les années seches se cueilleront au 15 Septembre, & celles d’hyver au 15 Octobre, le bon-chrétien d’hyver une semaine plûtard ; les pommes sont de cette classe. Dans les années humides vous cueillerez plûtard de quinze jours : choisissez un tems sec afin que le fruit se conserve mieux, que toutes les poires ayent leur queue, & mettez-les doucement dans la fruiterie, sans les meurtrir ni les laisser tomber. (K)

* CUEILLEUR, (Verrerie.) nom d’un jeune gentilhomme apprenti, qui commence à travailler à la fabrication des ouvrages de verre. C’est lui qui met la felle dans le pot, pour en tirer la matiere vitrifiée. Pour qu’un cueilleur puisse devenir bossier dans les Verreries de verre à vitre, il faut qu’il sache cueillir quatre coups, & couvrir le cueillage. Voyez Cueillage. C’est de son habileté que dépend principalement la beauté & la netteté du plat. Voyez Verrerie.

CUEILLEUR & PORTE-CUEILLEUR, sub. m. (Fileur d’or.) ce sont les noms de deux pieces du roüet ou moulin à filer l’or. Voyez les articles Or, Filer l’or & Fileur d’or.

CUEILLIE. s. f. en Bâtiment, est du plâtre dressé le long d’une regle qui sert de repere pour lambrisser, enduire de niveau, & faire à plomb les piés droits des portes, des croisées & des cheminées. (P)

* CUEILLIR, v. act. c’est au propre détacher les