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CHAPITRE IV (p. 338-366)
LES FACTEURS SECONDAIRES (suite) — L’HÉRÉDITÉ


Introduction. L’hérédité est un obstacle aux progrès de la division du travail ; faits qui démontrent qu’elle devient un facteur moindre de la distribution des fonctions. D’où cela vient-il ? 
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I. L’hérédité perd de son empire parce qu’il se constitue des modes d’activité de plus en plus importants qui ne sont pas héréditairement transmissibles. Preuves : 1o il ne se forme pas de races nouvelles ; 2o l’hérédité ne transmet bien que les aptitudes générales et simples ; or, les activités deviennent plus complexes en devenant plus spéciales. Le legs héréditaire devient aussi un facteur moindre de notre développement parce qu’il faut y ajouter davantage 
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II. Le legs héréditaire devient plus indéterminé. Preuves : 1o l’instinct régresse des espèces animales inférieures aux espèces plus élevées, de l’animal à l’homme. Il y a donc lieu de croire que la régression continue dans le règne humain. C’est ce que prouvent les progrès ininterrompus de l’intelligence, laquelle varie en raison inverse de l’instinct ; 2o non seulement il ne se forme pas de races nouvelles, mais les races anciennes s’effacent ; 3o recherches de M. Galton. Ce qui se transmet régulièrement, c’est le type moyen. Or, le type moyen devient toujours plus indéterminé par suite du développement des différences individuelles 
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CHAPITRE V (p. 367-391)
CONSÉQUENCES DE CE QUI PRÉCÈDE


I. Caractère plus souple de la division du travail social comparée à la division du travail physiologique. La cause en est que la fonction devient plus indépendante de l’organe. Dans quel sens cette indépendance est une marque de supériorité 
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II. La théorie mécaniste de la division du travail implique que la civilisation est le produit de causes nécessaires, non un but qui par soi-même attire l’activité. Mais, tout en étant un effet, elle devient une fin, un idéal. De quelle manière. Il n’y a même pas de raison de supposer que cet idéal prenne jamais une forme immuable, que le progrès ait un terme. Discussion de la théorie contraire de M. Spencer 
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III. L’accroissement de volume et de densité, en changeant les sociétés, change aussi les individus. L’homme est plus affranchi de l’organisme ; par suite, la vie psychique se développe. Sous l’influence des mêmes causes, la personnalité individuelle se dégage de la personnalité collec-