Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/550

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contre l’intrigue et fut réduit à travailler en sous-ordre ; mais ayant été chargé de faire une statue de la vierge pour l’église des Invalides, le comte d’Argenson, alors ministre, fut si charmé de la perfection de cette œuvre, qu’il chargea Pigalle de faire la statue de Louis XV. Les autres travaux remarquables du grand sculpteur sont : une statue de Vénus, le mausolée du maréchal de Saxe, celui du comte d’Harcourt, et une jolie figure de jeune fille qui se tire une épine du pied. Pigalle, reçu membre de l’Académie, fut nommé recteur en 1777, et mourut le 20 août 1785.

Piliers aux Potiers d’Étain (rue des).

Commence à la rue de la Cossonnerie, no  40 ; finit à la rue de Rambuteau. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par les halles au beurre et au poisson ; le dernier pair est 30. Sa longueur est de 88 m. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Elle fut d’abord indiquée sous le nom général de rue des Piliers-des-Halles, des Petits-Piliers. Elle prit le nom qu’elle porte encore aujourd’hui des potiers d’étain qui vinrent s’y établir. Les inscriptions l’appellent à tort place du Carreau-de-la-Halle. La moindre largeur de cette voie publique est de 5 m. 60 c. Il n’existe point d’alignement pour la rue des Piliers aux Potiers d’Étain. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Les derniers statuts donnés en 1613 à la communauté des potiers d’étain, les qualifient de maîtres potiers d’étain et tailleurs d’armes sur étain, ce qui leur conférait le droit de graver, d’armorier tous les ouvrages d’étain qu’ils fabriquaient. Chaque maître était tenu d’avoir deux poinçons pour marquer son travail ; l’un contenait la première lettre du nom de baptême et celui de famille en entier ; l’autre, les deux premières lettres de chaque nom qui devaient être empreintes sur des tables d’essai que gardait le procureur du roi, et sur celles de la communauté, pour y avoir recours en cas de fraude. Il leur était défendu d’enjoliver leurs produits avec de l’or ou de l’argent, à moins que ces travaux ne fussent destinés à parer les églises. L’apprentissage était de six ans, et le compagnonnage de trois ans. Le brevet coûtait 36 livres, et la maîtrise 500 avec chef d’œuvre.

Pinon (rue).

Commence à la rue Grange-Batelière, nos 3 et 5 ; finit à la rue Laffitte, nos 28 et 30 ; pas de numéro impair. Ce côté est bordé en partie par les dépendances de l’Académie royale de Musique ; le dernier pair, 22 bis. Sa longueur est de 201 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Nous avons cité à l’article de la rue Grange-Batelière un arrêt du conseil du 18 octobre 1704, qui ordonnait l’ouverture d’une rue de 3 toises de largeur le long du mur de la Grange-Batelière, jusqu’à la rencontre du chemin du Marais. Ce percement n’ayant pas été complètement exécuté, forma une impasse qu’on désigna sous le nom de cul-de-sac de la Grange-Batelière. Dès l’année 1781, le sieur Thévenin, entrepreneur de bâtiments, conçut le projet de prolonger cette impasse sur ses terrains, et de donner à la nouvelle rue le nom de rue Neuce de Bourbon.

— » Louis, etc., ordonnons, voulons et nous plaît ce qui suit : — Article 1er. Le cul-de-sac de la Grange-Batelière, ouvert seulement du côté de la rue de ce nom, sera prolongé et ouvert jusque dans la rue d’Artois, en prenant sur l’emplacement appartenant au sieur Thévenin, dans la longueur de douze toises, l’espace nécessaire pour l’ouverture du dit cul-de-sac. — » Art. 2e. Voulons que cette nouvelle rue, qui sera nommée rue Pinon, soit et demeure, quant à présent, de la largeur de vingt-quatre pieds dans une portion et de dix-huit pieds dans l’autre, le tout conformément au plan figure de l’état actuel des lieux, et attaché sous le contre-scel des présentes ; laquelle largeur sera portée à trente pieds, successivement au fur et à mesure des reconstructions des maisons, bâtiments et murs situés sur la dite nouvelle rue, etc. — Donné à Versailles, le 2e jour de janvier 1784, et de notre règne le 10e. Signé, Louis. » Ces lettres-patentes, registrées au parlement le 27 février suivant, reçurent leur exécution au mois de décembre de la même année. M. Pinon était alors président au parlement. — Une décision ministérielle du 7 fructidor an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de la rue Pinon à 9 m. 74 c. — Les constructions riveraines sont alignées, à l’exception de celles qui dépendent de l’Académie royale de Musique. — Égout entre les rues Grange-Batelière et Le Peletier. — Éclairage au gaz (compe Anglaise.)

Pirouette (rue).

Commence aux rues de la Tonnellerie, no  109, et de Rambuteau ; finit à la rue Mondétour, nos 17 et 19. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 32 m. — Les numéros impairs sont du 5e arrondissement, quartier Montorgueil ; les numéros pairs du 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Adam, archidiacre de Paris, puis évêque de Thérouenne de 1213 à 1229, avait hérité en 1179, de Gautier son frère, d’un fief dit de Thérouenne, situé dans le territoire de Champeaux. Ce fief donnait droit de justice et de censive. Il en vendit ou céda une partie à Philippe-Auguste, pour compléter l’emplacement nécessaire aux nouvelles halles de Paris. Ce qui restait de ce domaine fut vendu le 2 juin 1330, par Adam de Mesmer, l’un des descendants de l’évêque, à Pierre des Essarts, moyennant 1,025 livres. Ce dernier en fit la déclaration au profit du roi, le 17 du même mois. Néanmoins, on avait commencé à bâtir cette rue avant l’époque de cette vente, ainsi que le prouve un acte de 1250, qui indique une maison sise en la rue Thérouenne près Saint-Magloire (registres capitulaires de Notre-Dame). Un arrêt de 1501 la nomme rue