Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes/Livre XVII

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LA paſſion de lire dans l’avenir a été la fureur de tous les âges. Les entrailles des animaux, le ſang des victimes parurent à quelques peuples un moyen infaillible pour découvrir la deſtinée des empires. D’autres placèrent la ſcience de la divination dans des ſonges, qu’ils ſe plaiſoient à regarder comme les plus sûrs interprètes des volontés céleſtes. Des nations entières prétendirent, par le vol des oiſeaux, par d’autres préſages auſſi frivoles, forcer le ſort à ſe déceler. Mais ce furent principalement les aſtres qu’on ſe plaiſoit à conſulter. On croyoit y voir tracées en caractères ineffaçables les révolutions plus ou moins importantes, qui devoient agiter le globe. Ces rêveries n’avoient pas ſubjugué ſeulement le vulgaire. Elles prirent un égal aſcendant ſur les plus beaux génies.

Depuis que la ſaine philoſophie a détruit ces chimères, on a donné dans un nouvel écueil. Une préſomption trop commune a fait penſer que rien n’étoit plus aisé que de déterminer par des combinaiſons aſſez faciles, ce qui devoit arriver en politique. Sans doute, il eſt poſſible à des eſprits attentifs & réfléchis de prévoir quelques événemens : mais pour une conjecture heureuſe, combien d’erreur !

Les iſles Britanniques ſont plongées dans des flots de ſang. Des factions, des ſectes ſans nombre s’y détruiſent avec un acharnement dont les déplorables annales du monde ont rarement donné le funeſte exemple. Qui pouvoit conjecturer que les proſpérités du nord de l’Amérique, ſortiroient du ſein de tant de calamités ?

Colonies Angloiſes de la baie d’Hudſon, du Canada, de l’iſle Saint-Jean, de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écoſſe, de la Nouvelle-Angleterre, de la Nouvelle-York, de la Nouvelle-Jerſey.
Fin de la Table du tome huitième.

  1. note WS : Index du Tome