Aller au contenu

Bible Crampon 1923/Actes

La bibliothèque libre.
Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..

Chapitre   1.   2.   3.   4.   5.   6.   7.   8.   9.   10.   11.   12.   13.   14.   15.   16.   17.   18.   19.   20.   21.   22.   23.   24.   25.   26.   27.   28.   Livres

LES ACTES DES APÔTRES

PROLOGUE.


Chap. i, 1-3. S. Luc rattache les Actes à l’Évangile qu’il a déjà publié.


Théophile, j’ai raconté, dans mon premier livre,[1] toute la suite des actions et des enseignements de Jésus, 2jusqu’au jour où, après avoir donné, par l’Esprit-Saint, ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis, il fut enlevé au ciel.

3À eux aussi, après sa passion, il s’était montré plein de vie, leur en donnant[2] des preuves nombreuses, leur apparaissant pendant quarante jours, et les entretenant du royaume de Dieu.


PREMIÈRE PARTIE.

[I, I — VIII, 3.]

HISTOIRE DE LA FONDATION DE L’ÉGLISE CHRÉTIENNE.

Actes de S. Pierre.

SECTION 1 [I, 4 — VIII, 3.]

Les origines du christianisme à Jérusalem et dans la Judée.

I. — PRÉPARATIFS DE LA FONDATION DE L’ÉGLISE.

[4 — 26]



Dernières instructions de Jésus (i, 4-8). Son ascension (9-11). Réunis dans le Cénacle, les Apôtres élisent S. Mathias en remplacement de Judas (12-26).

4Un jour[3] qu’il était à table avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, « ce que, leur dit-il, vous avez appris de ma bouche ; 5car Jean a baptisé dans l’eau, mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint. » 6Eux donc, étant réunis, lui demandèrent : « Seigneur, le temps est-il venu[4] où vous rétablirez le royaume d’Israël ? » 7Il leur répondit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps ni les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8Mais lorsque le Saint-Esprit descendra sur vous, vous serez revêtus de force et vous me rendrez témoignage à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

9Après qu’il eut ainsi parlé, il fut élevé en leur présence, et une nuée le déroba à leurs yeux. 10Et comme ils avaient leurs regards fixés vers le ciel pendant qu’il[5] s’éloignait, voici que deux hommes parurent auprès d’eux, vêtus de blanc, 11et dirent : « Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui, du milieu de vous, a été enlevé au ciel, en viendra de la même manière que vous l’avez vu monter. »

12Ils revinrent alors à Jérusalem, de la montagne appelée des Oliviers, laquelle est près de Jérusalem, à la distance du chemin d’un jour de sabbat.[6] 13Quand ils furent arrivés, ils montèrent dans le cénacle,[7] où ils se tenaient d’ordinaire : c’étaient Pierre et Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, et Simon le Zélé, et Jude, frère de Jacques. 14Tous, dans un même esprit, persévéraient dans la prière, avec quelques femmes et Marie, mère de Jésus, et ses frères.

15En ces jours-là, Pierre se levant au milieu des frères (ils étaient réunis au nombre d’environ cent vingt), leur dit : 16« Mes frères, il fallait[8] que s’accomplît ce que le Saint-Esprit, dans l’Ecriture, a prédit par la bouche de David au sujet de Judas, le guide de ceux qui ont arrêté Jésus ; 17car il était un d’entre nous, et il avait part à notre ministère.

18(Cet homme acquit un champ avec le salaire de son crime, et s’étant précipité en avant, se rompit par le milieu, et toutes ses entrailles se répandirent.[9] 19Ce fait est si connu de tous les habitants de Jérusalem, que ce champ a été nommé dans leur langue Haceldama, c’est-à-dire champ du sang.) 20Il est écrit, en effet, dans le livre des Psaumes : Que sa demeure[10] devienne déserte, et que personne ne l’habite ! Et ailleurs : Qu’un autre prenne sa charge ! 21Il faut donc que, parmi les hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, 22à partir du baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection. »

23Ils en présentèrent deux : Joseph, appelé Barsabas et surnommé le juste, et Mathias. 24Et s’étant mis en prière, ils dirent : « Seigneur, vous qui connaissez le cœur de tous, indiquez lequel de ces deux vous avez choisi 25pour occuper dans ce ministère de l’apostolat, la place que Judas a laissée par son crime pour s’en aller en son lieu. »[11] 26On tira leurs noms au sort :[12] et le sort tomba sur Mathias, qui fut associé aux onze Apôtres.

II. — FONDATION DE L’ÉGLISE À JÉRUSALEM, LE JOUR DE LA PENTECÔTE.

[II, 1 — 47.]


Descente du Saint-Esprit sur les Apôtres (1-4). Impression produite par cet événement (5-13). Discours de S. Pierre. — a) Cet événement, prédit par les Prophètes, prouve que le temps du Messie est arrivé (14-21). — b) Les miracles de Jésus, son Ascension et sa Résurrection prouvent qu’il est vraiment le Messie (22-36). Résultat de ce discours : conversion de 3,000 hommes (37-41). Vie admirable des premiers chrétiens (42-47).

Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous ensemble en un même lieu. 2Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent qui souffle avec force et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3Et ils virent paraître comme des langues de feu qui se partagèrent et se posèrent sur chacun d’eux. 4Ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils se mirent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit-Saint leur donnait de s’exprimer.[13]

5Or, parmi les Juifs résidant à Jérusalem, il y avait des hommes pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel. 6Au bruit qui se fit entendre, ils accoururent en foule, et ils étaient tout hors d’eux-mêmes, de ce que chacun les entendait parler sa propre langue. 7Surpris et étonnés, il disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8Comment se fait-il que nous les entendions parler chacun l’idiome particulier de notre pays natal ? 9Nous tous, Parthes, Mèdes, Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l’Asie,[14] 10de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de la Lybie voisine de Cyrène, Romains de passage ici, 11soit Juifs, soit prosélytes,[15] Crétois et Arabes, nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu. » 12Ils étaient tous dans l’étonnement, et, ne sachant que penser, ils se disaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela pourrait bien être ? » 13D’autres disaient en se moquant : « Ils sont pleins de vin nouveau. »

14Alors Pierre, se présentant avec les Onze, éleva la voix et leur dit : « Juifs, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, sachez bien ceci, et prêtez l’oreille à mes paroles : 15Ces hommes ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car c’est la troisième heure du jour. 16Ce que vous voyez, c’est ce qui a été annoncé par le prophète Joël :[16] 17« Dans les derniers jours, dit le Seigneur, je répandrai de mon Esprit[17] sur toute chair, et vos fils ainsi que vos filles prophétiseront, et vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards des songes. 18Oui, dans ces jours-là, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront.[18] 19Et je ferai paraître des prodiges en haut dans le ciel, et des miracles en bas sur la terre : du sang, du feu, et des tourbillons de fumée ; 20le soleil se changera en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le jour du Seigneur, le jour grand et glorieux.[19] 21Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. — 22Enfants d’Israël, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage pour vous par les prodiges, les miracles et les signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ; 23cet homme ayant été livré selon le dessein immuable et la prescience de Dieu, vous l’avez attaché à la croix et mis à mort par la main des impies. 24Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des douleurs de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle.[20] 25Car David dit de lui : « J’avais continuellement le Seigneur devant moi, parce qu’il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé.[21] 26C’est pourquoi mon cœur est dans la joie, et ma langue dans l’allégresse, et ma chair aussi reposera dans l’espérance ; 27car vous ne laisserez pas mon âme dans le séjour des morts,[22] et vous ne permettrez pas que votre Saint voie la corruption. 28Vous m’avez fait connaître les sentiers de la vie, et vous me remplirez de joie en me montrant votre visage. » 29Mes frères, qu’il me soit permis de vous dire en toute franchise, au sujet du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, et que son sépulcre est encore aujourd’hui parmi nous.[23] 30Comme il était prophète, et qu’il savait que Dieu lui avait promis avec serment de faire asseoir sur son trône un fils de son sang,[24] 31c’est la résurrection du Christ qu’il a vue d’avance, en disant que son âme ne serait pas laissée dans le séjour des morts, et que sa chair ne verrait pas la corruption.[25] 32C’est ce Jésus que Dieu a ressuscité ; nous en sommes tous témoins. 33Et maintenant qu’il a été élevé au ciel par la droite de Dieu,[26] et qu’il a reçu du Père la promesse du Saint-Esprit, il a répandu cet Esprit que vous voyez et entendez. 34Car David n’est pas monté au ciel ;[27] mais il a dit lui-même : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, 35jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds. » 36Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. »

37Le cœur transpercé par ce discours, ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : « Frères, que ferons-nous ? » 38Pierre leur répondit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour obtenir le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. 39Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. »[28] 40Et par beaucoup d’autres paroles il les pressait et les exhortait en disant : « Sauvez-vous du milieu de cette génération perverse. » 41Ceux qui reçurent la parole de Pierre furent baptisés ; et ce jour-là le nombre des disciples s’augmenta de trois mille personnes environ.

42Ils étaient assidus aux prédications des Apôtres, aux réunions communes, à la fraction du pain et aux prières.[29] 43Et la crainte était dans toutes les âmes, et beaucoup de prodiges et de miracles se faisaient par les Apôtres.[30] 44Tous ceux qui croyaient vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun.[31] 45Ils vendaient leurs terres et leurs biens, et ils en partageaient le prix entre tous, selon les besoins de chacun. 46Chaque jour, tous ensemble, ils fréquentaient le temple, et, rompant leur pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité,[32] 47louant Dieu et ayant la faveur de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour au nombre de ceux qui étaient dans la voie du salut.[33]

III. — DÉVELOPPEMENT ET AFFERMISSEMENT DE L'ÉGLISE DE JÉRUSALEM.

[III — VII, 60]
A. — Premiers développements de l’Église de Jérusalem.
[III, 1 — V, 11.]


1. S. Pierre guérit un boiteux de naissance (iii, 1-11). Discours de S. Pierre dans le temple. — a) Le Messie promis c’est ce Jésus que les Juifs ont mis à mort et que Dieu a ressuscité (12-16). — b) Les Juifs doivent donc se convertir sincèrement pour participer aux biens messianiques (17-26).

Pierre et Jean montaient (ensemble) au temple pour la prière de la neuvième heure.[34] 2Or, il y avait un homme, boiteux de naissance, qui se faisait transporter. On le posait chaque jour près de la porte du temple, appelée la Belle-Porte, pour qu’il pût demander l’aumône à ceux qui entraient dans le temple.[35] 3Cet homme, ayant vu Pierre et Jean qui allaient y entrer, leur demanda l’aumône. 4Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui et dit : « Regarde-nous. » 5Il les regarda attentivement, s’attendant à recevoir d’eux quelque chose. 6Mais Pierre lui dit : « Je n’ai ni or ni argent ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. » 7Et le prenant par la main, il l’aida à se lever. Au même instant, ses jambes et ses pieds devinrent fermes ; 8d’un bond il fut debout, et il se mit à marcher. Puis il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu. 9Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. 10Et reconnaissant que c’était celui-là même qui se tenait assis à la Belle-Porte du temple pour demander l’aumône, ils furent stupéfaits et hors d’eux-mêmes de ce qui lui était arrivé. 11Comme il ne quittait pas Pierre et Jean, tout le peuple étonné accourut vers eux, au portique dit de Salomon.[36]

12Voyant cela, Pierre dit au peuple : « Enfants d’Israël, pourquoi vous étonnez-vous de cela ? Et pourquoi tenez-vous les yeux fixés sur nous, comme si c’était par notre propre puissance ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ? 13Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de vos pères a glorifié son serviteur Jésus, que vous avez livré, et renié devant Pilate alors qu’il était d’avis qu’on le relâchât.[37] 14Vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez sollicité la grâce d’un meurtrier. 15Vous avez fait mourir l’Auteur de la vie, que Dieu a ressuscité des morts ; nous en sommes tous témoins.[38] 16C’est à cause de la foi reçue de lui que son nom a raffermi l’homme que vous voyez et connaissez ; c’est la foi qui vient de lui qui a opéré devant vous tous cette parfaite guérison.[39]

17Je sais bien, frères, que vous avez agi par ignorance, ainsi que vos magistrats. 18Mais Dieu a accompli de la sorte ce qu’il avait prédit par la bouche de tous les prophètes, que son Christ devait souffrir. 19Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, 20afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ,[40] 21que le ciel doit recevoir jusqu’aux jours du rétablissement de toutes choses, jours dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes. 22Moïse a dit :[41] « Le Seigneur votre Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète semblable à moi ; vous l’écouterez dans tout ce qu’il vous dira. 23Et quiconque n’écoutera pas ce prophète, sera exterminé du milieu du peuple. » — 24Tous les prophètes qui ont successivement parlé depuis Samuel ont aussi annoncé ces jours-là. 25Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a faite avec vos pères, lorsqu’il a dit à Abraham : « En ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre. » 26C’est à vous premièrement que Dieu, ayant suscité son Fils, l’a envoyé pour vous bénir, lorsque chacun de vous se détournera de ses iniquités.[42]

2. S. Pierre et S. Jean arrêtés et traduits devant le Sanhédrin. (iv, 1-7). Belle réponse de S. Pierre (8-12). Les Apôtres remis en liberté (13-22). Prière des fidèles (23-30). Effusion du Saint-Esprit (31).

Pendant que Pierre et Jean parlaient au peuple, survinrent les prêtres, le capitaine du temple et les Sadducéens,[43] 2mécontents de ce qu’ils enseignaient le peuple et annonçaient en la personne de Jésus la résurrection des morts. 3Ils mirent la main sur eux, et ils les jetèrent en prison jusqu’au lendemain ; car il était déjà soir. 4Cependant beaucoup de ceux qui avaient entendu ce discours crurent, et le nombre des hommes s’éleva à environ cinq mille.[44]

5Le lendemain, leurs chefs, les Anciens et les Scribes, s’assemblèrent à Jérusalem, 6avec Anne, le grand prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui étaient de la famille pontificale. 7Et ayant fait comparaître les Apôtres devant eux, ils leur demandèrent : « Par quelle puissance ou au nom de qui avez-vous fait cela ? » 8Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : « Chefs du peuple et Anciens d’Israël : 9si l’on nous interroge aujourd’hui, sur un bienfait accordé à un infirme, pour savoir comment cet homme a été guéri, 10sachez-le bien, vous tous, et tout le peuple d’Israël : C’est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts, c’est par lui que cet homme se présente devant vous pleinement guéri. 11Ce Jésus est la pierre rejetée par vous de l’édifice, et qui est devenue la pierre angulaire. 12Et le salut n’est en aucun autre ; car il n’y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

13Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, sachant que c’étaient des hommes du peuple sans instruction, ils furent étonnés ; ils les reconnurent en même temps pour avoir été avec Jésus. 14Mais, comme ils voyaient debout, près d’eux, l’homme qui avait été guéri, ils n’avaient rien à répliquer. 15Les ayant fait sortir du sanhédrin, ils se mirent à délibérer entre eux, 16disant : « Que ferons-nous à ces hommes ? Qu’ils aient fait un miracle insigne, c’est ce qui est manifeste pour tous les habitants de Jérusalem, et nous ne pouvons le nier. 17Mais afin que la chose ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces de parler désormais en ce nom-là à qui que ce soit. » 18Et les ayant rappelés, ils leur interdirent absolument de parler et d’enseigner au nom de Jésus. 19Pierre et Jean leur répondirent : « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu. 20Pour nous, nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu. » 21Alors ils leur firent des menaces et les relâchèrent, ne sachant comment les punir, à cause du peuple, parce que tous glorifiaient Dieu de tout ce qui venait d’arriver. 22Car l’homme qui avait été guéri d’une manière si merveilleuse était âgé de plus de quarante ans.

23Mis en liberté, ils se rendirent auprès de leurs frères et leur racontèrent tout ce que les Princes des prêtres et les Anciens leur avaient dit. 24Ce qu’ayant entendu, les frères élevèrent tous ensemble la voix vers Dieu, en disant : « Maître souverain, c’est vous qui avez fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment. 25C’est vous qui avez dit [par l’Esprit-Saint], par la bouche de [notre père] David, votre serviteur : « Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils formé de vains complots ?[45] 26Les rois de la terre se sont soulevés ; les princes se sont ligués contre le Seigneur et contre son Christ. »— 27Voici qu’en vérité, dans cette ville, se sont ligués contre votre saint serviteur, Jésus, consacré par votre onction, Hérode et Ponce-Pilate avec les gentils et les peuples d’Israël,[46] 28pour faire ce que votre main et votre conseil avaient arrêté d’avance. 29Et maintenant, Seigneur, considérez leurs menaces, et donnez à vos serviteurs d’annoncer votre parole avec une pleine assurance, 30en étendant votre main pour qu’il se fasse des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de votre saint serviteur Jésus. »[47]

31Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient réunis trembla : ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annoncèrent la parole de Dieu avec assurance.

3. Union des premiers fidèles (iv, 32-37).

32La multitude des fidèles n’avait qu’un cœur et qu’une âme ; nul n’appelait sien ce qu’il possédait, mais tout était commun entre eux. 33Avec beaucoup de force les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Sauveur Jésus, et une grande grâce était sur eux tous. 34Car il n’y avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient 35et en apportaient le prix aux pieds des Apôtres ; on le distribuait ensuite à chacun, selon ses besoins.

36Un lévite originaire de Chypre, Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé (ce qui se traduit Fils de consolation),[48] 37possédait un champ ; il le vendit, en apporta l’argent et le déposa aux pieds des Apôtres.

4. Mensonge d’Ananie et de Saphire puni de mort (v, 1-11).

Mais un homme nommé Ananie, avec Saphire, sa femme, vendit une propriété, 2et ayant, de concert avec elle, retenu quelque chose du prix, il en apporta le reste et le mit aux pieds des Apôtres. 3Pierre lui dit : « Ananie, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur au point que tu mentes au Saint-Esprit et que tu retiennes quelque chose du prix de ce champ ?[49] 4Ne pouvais-tu pas sans le vendre, en rester possesseur ? et après l’avoir vendu, n’étais-tu pas maître de l’argent ? Comment as-tu pu concevoir un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. » 5En entendant ces paroles, Ananie tomba et expira, et tous ceux qui l’apprirent furent saisis d’une grande crainte. 6Les jeunes gens s’étant levés enveloppèrent le corps et l’emportèrent pour l’inhumer.

7Environ trois heures après, la femme d’Ananie entra, sans savoir ce qui était arrivé. 8Pierre lui demanda : « Dites-moi, est-ce tel prix que vous avez vendu votre champ ? » — « Oui, répondit-elle, c’est ce prix-là. » 9Alors Pierre lui dit : « Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l’Esprit du Seigneur ? Voici que le pied des jeunes gens qui ont enterré votre mari heurte le seuil ; ils vont aussi vous porter en terre. »[50] 10Au même instant, elle tomba aux pieds de l’Apôtre, et expira. Les jeunes gens étant entrés la trouvèrent morte ; ils l’emportèrent et l’inhumèrent auprès de son mari. 11Une grande crainte se répandit dans toute l’Église et parmi tous ceux qui apprirent cet événement.[51]


B. — Progrès de l’Église à Jérusalem. Emprisonnement général des Apôtres.
[V, 12 — 42.]
Merveilles et conversions opérées par les Apôtres (v, 12-16). Ils sont jetés en prison, mais délivrés par un ange (17-21a), arrêtés de nouveau et conduits devant le Sanhédrin (21b-32). — Gamaliel intervient en leur faveur (33-39a) ; ils sont battus de verges, puis relâchés (39b-42).

12Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient parmi le peuple par les mains des Apôtres. Et ils se tenaient tous ensemble sous le portique de Salomon ; 13aucune autre personne n’osait se joindre à eux, mais le peuple les louait hautement. 14Chaque jour voyait s’accroître la multitude d’hommes et de femmes qui croyaient au Seigneur, 15en sorte qu’on apportait les malades dans les rues, et qu’on les plaçait sur des lits ou des nattes, afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre au moins couvrît quelqu’un d’entre eux.[52] 16On venait ainsi en foule des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des hommes tourmentés par des esprits impurs, et tous étaient guéris.

17Alors le grand prêtre et tous ses adhérents, savoir le parti des Sadducéens, se levèrent, remplis de jalousie ; 18et ayant fait arrêter les Apôtres, ils les jetèrent dans une prison publique. 19Mais un ange du Seigneur, ayant ouvert pendant la nuit les portes de la prison, les fit sortir en disant : 20« Allez, tenez-vous dans le temple, et annoncez au peuple toutes ces paroles de vie. » 21Ce qu’ayant entendu, ils entrèrent dès le matin dans le temple, et se mirent à enseigner.

Cependant le grand prêtre et ses adhérents s’étant réunis, assemblèrent le conseil et tous les Anciens des enfants d’Israël, et ils envoyèrent à la prison chercher les Apôtres. 22Les satellites allèrent, et ne les ayant pas trouvés dans la prison, ils revinrent et firent leur rapport, 23en disant : « Nous avons trouvé la prison soigneusement fermée, et les gardes debout devant les portes ; mais après avoir ouvert, nous n’avons trouvé personne à l’intérieur. » 24Quand le grand prêtre, le commandant du temple et les princes des prêtres eurent entendu ces paroles, ils furent dans une grande perplexité au sujet des prisonniers, ne sachant ce que ce pouvait être. 25En ce moment quelqu’un vint leur dire : « Ceux que vous aviez mis en prison, les voilà dans le temple et ils enseignent le peuple. » 26Le commandant se rendit aussitôt avec ses agents, et les amena sans leur faire violence, car ils craignaient d’être lapidés par le peuple. 27Les ayant amenés, il les firent comparaître devant le Sanhédrin, et le grand prêtre les interrogea, 28en disant : « Nous vous avons expressément défendu d’enseigner ce nom-là, et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme ! » 29Pierre et les Apôtres répondirent : « On doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. 30Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir en le pendant au bois. 31Dieu l’a élevé par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël le repentir et le pardon des péchés. 32Et nous sommes ses témoins pour ces choses, avec le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui sont dociles. »

33Exaspérés[53] de ce qu’ils venaient d’entendre, les membres du conseil étaient d’avis de les faire mourir. 34Mais un Pharisien, nommé Gamaliel,[54] docteur de la loi, vénéré de tout le peuple, se leva dans le sanhédrin, et, ayant ordonné de faire sortir un instant les Apôtres, 35il dit : « Enfants d’Israël, prenez garde à ce que vous allez faire à l’égard de ces hommes. 36Car il n’y a pas longtemps parut Théodas, qui se donnait pour un personnage ; environ quatre cents hommes s’attachèrent à lui : il fut tué, et tous ceux qui l’avaient suivi furent dispersés et réduits à néant.[55] 37Après lui s’éleva Judas le Galiléen, à l’époque du recensement, et il attira du monde à son parti : il périt aussi, et tous ses partisans ont été dispersés.[56] 38Voici maintenant le conseil que je vous donne : Ne vous occupez plus de ces gens-là, et laissez-les aller. Si cette idée ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même ; 39mais si elle vient de Dieu, vous ne sauriez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir lutté contre Dieu même. »

40Ils se rendirent à son avis, et ayant rappelé les Apôtres, ils les firent battre de verges ; puis ils leur défendirent de parler au nom de Jésus, et les relâchèrent. 41Les Apôtres sortirent du sanhédrin, joyeux d’avoir été jugés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus. 42Et chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils ne cessaient d’annoncer Jésus comme le Christ.

C. — Election de sept diacres. Martyre de S. Etienne.
[VI — II, 60.]


1. — Diffusion de l’Église ; les sept diacres (vi, 1-7).

En ces jours-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes élevèrent des plaintes contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans l’assistance de chaque jour.[57] 2Alors les Douze ayant assemblé la multitude des disciples, leur dirent : « Il ne convient pas que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables.[58] 3Choisissez donc parmi vous, frères, sept hommes d’un bon témoignage, remplis de l’Esprit-Saint et de sagesse, à qui nous puissions confier cet office ; 4et nous, nous serons tout entiers à la prière et au ministère de la parole. » 5Ce discours plut à toute l’assemblée, et ils élurent Étienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d’Antioche. 6On les présenta aux apôtres, et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains.[59]

7La parole de Dieu se répandait de plus en plus ; le nombre des disciples s’augmentait considérablement à Jérusalem, et une multitude de prêtres obéissaient à la foi.

2. S. Étienne accusé de blasphème est conduit devant le Sanhédrin (8-15). Son plaidoyer ; ses accusateurs ne font que continuer l’opposition que leurs ancêtres ont faite aux envoyés de Dieu, a) à l’époque des patriarches (vii, 1-16) ; — b) au temps de Moïse (17-43) ; — c) depuis Moïse (44-53).

8Étienne, plein de grâce et de force, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. 9Quelques membres de la synagogue dite des Affranchis,[60] et de celle des Cyrénéens et des Alexandrins, avec des Juifs de Cilicie et d’Asie, vinrent disputer avec lui ; 10mais ils ne purent résister à la sagesse et à l’Esprit avec lesquels il parlait. 11Alors ils subornèrent des gens qui dirent : « Nous l’avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. » 12Ils ameutèrent ainsi le peuple, les Anciens et les scribes, et tous ensemble se jetant sur lui, ils le saisirent et l’entraînèrent au Sanhédrin. 13Et ils produisirent de faux témoins, qui dirent : « Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le lieu saint et contre la Loi. 14Car nous l’avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce lieu et changera les institutions que Moïse nous a données. »[61] 15Comme tous ceux qui siégeaient dans le conseil avaient les yeux fixés sur Étienne, son visage leur parut comme celui d’un ange.

Le grand prêtre lui demanda : « En est-il bien ainsi ? » 2Étienne répondit : « Mes frères et mes pères, écoutez. Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il vint demeurer à Haran,[62] 3et lui dit : « Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que je te montrerai. » 4Alors il quitta le pays des Chaldéens et s’établit à Haran. De là, après la mort de son père, Dieu le fit émigrer dans ce pays que vous habitez maintenant. 5Et il ne lui donna aucune propriété dans ce pays, pas même où poser le pied ; mais il lui promit, à une époque où le patriarche n’avait pas d’enfants, de lui en donner la possession, à lui et à sa postérité après lui. 6Dieu parla ainsi : « Sa postérité habitera en pays étranger ; on la réduira en servitude, et on la maltraitera pendant quatre cents ans.[63] 7Mais la nation qui les aura tenus en esclavage, c’est moi qui la jugerai, dit le Seigneur. Après quoi ils sortiront et me serviront en ce lieu. » — 8Puis il donna à Abraham l’alliance de la circoncision ; et ainsi Abraham après avoir engendré Isaac le circoncit le huitième jour ; Isaac engendra et circoncit Jacob, et Jacob les douze patriarches.

9Poussés par la jalousie, les patriarches vendirent Joseph pour être emmené en Égypte. Mais Dieu était avec lui, 10et il le délivra de toutes ses épreuves, et lui donna grâce et sagesse devant Pharaon, roi d’Égypte, qui le mit à la tête de l’Égypte et de toute sa maison. 11Or il survint une famine dans tout le pays d’Égypte et dans celui de Chanaan. La détresse était grande, et nos pères ne trouvaient pas de quoi se nourrir. 12Jacob, ayant appris qu’il y avait des vivres en Égypte, y envoya nos pères une première fois. 13Et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères, et Pharaon sut quelle était son origine. 14Alors Joseph envoya chercher son père Jacob et toute sa famille, composée de soixante-quinze personnes.[64] 15Et Jacob descendit en Égypte, où il mourut, ainsi que nos pères. 16Et ils furent transportés à Sichem, et déposés dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent des fils d’Hémor, à Sichem.[65]

17Comme le temps approchait où devait s’accomplir la promesse que Dieu avait jurée à Abraham, le peuple s’accrut et se multiplia en Égypte, 18jusqu’à ce que parut dans ce pays un autre roi qui n’avait pas connu Joseph. 19Ce roi, usant d’artifice envers notre race, maltraita nos pères, au point de leur faire exposer leurs enfants, afin qu’ils ne vécussent pas. 20À cette époque naquit Moïse, qui était beau aux yeux de Dieu ;[66] il fut nourri trois mois dans la maison de son père. 21Et quand il eut été exposé, la fille de Pharaon le recueillit et l’éleva comme son fils. 22Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, et il était puissant en paroles et en œuvres. 23Quand il eut atteint l’âge de quarante ans, il lui vint dans l’esprit de visiter ses frères, les enfants d’Israël. 24Il en vit un qu’on outrageait ; prenant sa défense, il vengea l’opprimé en tuant l’Égyptien. 25Or il pensait que ses frères comprendraient que Dieu leur accordait la délivrance par sa main ; mais ils ne le comprirent pas. 26Le jour suivant, en ayant rencontré deux qui se battaient, il les exhorta à la paix en disant : « Hommes, vous êtes frères : pourquoi vous maltraiter l’un l’autre ? » 27Mais celui qui maltraitait son prochain le repoussa, en disant : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? 28Veux-tu me tuer, comme tu as tué hier l’Égyptien ? » 29À cette parole, Moïse s’enfuit et alla habiter dans la terre de Madian, où il engendra deux fils.

30Quarante ans après, au désert du mont Sinaï, un ange[67] lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. 31À cette vue, Moïse fut saisi d’étonnement, et comme il s’approchait pour examiner, la voix du Seigneur se fit entendre [à lui] : 32« Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. » — Et Moïse tout tremblant n’osait regarder. 33Alors le seigneur lui dit : « Ôte la chaussure de tes pieds, car le lieu que tu foules est une terre sainte. 34J’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte, j’ai entendu ses gémissements, et je suis descendu pour le délivrer. Viens donc maintenant et je t’enverrai en Égypte. » —

35Ce Moïse qu’ils avaient renié en disant : Qui t’a établi chef et juge ? c’est lui que Dieu a envoyé comme chef et libérateur, avec l’assistance de l’ange qui lui était apparu dans le buisson. 36C’est lui qui les a fait sortir, en opérant des prodiges et des miracles dans la terre d’Égypte, dans la mer Rouge et au désert pendant quarante ans. 37C’est ce Moïse qui dit aux enfants d’Israël : « Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète[68] comme moi : [écoutez-le]. » 38C’est lui qui, au milieu de l’assemblée, au désert, conférant avec l’ange qui lui parlait sur le mont Sinaï, et avec nos pères, a reçu des oracles vivants pour nous les transmettre.[69] 39Nos pères, loin de vouloir lui obéir, le repoussèrent, et, retournant de cœur en Égypte, 40ils dirent à Aaron : « Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ; car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d’Égypte, nous ne savons ce qu’il est devenu. » 41Ils fabriquèrent alors un veau d’or, et ils offrirent un sacrifice à l’idole et se réjouirent de l’œuvre de leurs mains.[70] 42Mais Dieu se détourna et les livra au culte de l’armée du ciel,[71] selon qu’il est écrit au livre des prophètes : « M’avez-vous offert des victimes et des sacrifices pendant quarante ans au désert, maison d’Israël… ? 43Vous avez porté la tente de Moloch[72] et l’astre de votre dieu Raiphan, ces images que vous avez faites pour les adorer ! C’est pourquoi je vous transporterai au delà de Babylone. » —

44Nos pères dans le désert avaient le tabernacle du témoignage, comme l’avait ordonné celui qui dit à Moïse de le construire selon le modèle qu’il avait vu.[73] 45L’ayant reçu de Moïse, nos pères l’apportèrent, sous la conduite de Josué, lorsqu’ils firent la conquête du pays sur les nations que Dieu chassa devant eux, et il y subsista jusqu’aux jours de David. 46Ce roi trouva grâce devant Dieu, et demanda d’élever une demeure pour le Dieu de Jacob. 47Néanmoins ce fut Salomon qui lui bâtit un temple.[74] 48Mais le Très-Haut n’habite pas dans les temples faits de main d’homme, selon la parole du prophète : 49« Le ciel est mon trône, et la terre l’escabeau de mes pieds. Quelle demeure me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel sera le lieu de mon repos ?[75] 50N’est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ? » —

51Hommes à la tête dure, incirconcis de cœur et d’oreilles, vous résistez toujours au Saint-Esprit ; tels furent vos pères, tels vous êtes. 52Quel prophète vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Ils ont même tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste ; et vous, aujourd’hui, vous l’avez trahi et mis à mort. 53Vous qui avez reçu la Loi, en considération des anges qui vous l’intimaient, et vous ne l’avez pas gardée !… »[76]


3. Martyre de saint Etienne (54-60).

54En entendant ces paroles, la rage déchirait leurs cœurs, et ils grinçaient des dents contre lui. 55Mais Étienne, qui était rempli de l’Esprit-Saint, ayant fixé les yeux au ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de son Père. 56Et il dit : « Voici que je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. »[77] 57Les Juifs poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles, et se jetèrent tous ensemble sur lui. 58Et l’ayant entraîné hors de la ville, ils le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul.[78] 59Pendant qu’ils le lapidaient, Étienne priait en disant : « Seigneur Jésus, recevez mon esprit ! » 60Puis s’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur imputez pas ce péché. » Après cette parole, il s’endormit [dans le Seigneur].

Or, Saul avait approuvé le meurtre d’Étienne.

IV. — PERSÉCUTION GÉNÉRALE CONTRE L’ÉGLISE DE JÉRUSALEM, DISPERSION DES FIDÈLES.
[VIII, 1 — 3.]

Le même jour, une violente persécution éclata contre l’Église de Jérusalem ; et tous, sauf les apôtres se dispersèrent dans les campagnes de la Judée et de la Samarie. 2Des hommes pieux ensevelirent Étienne et firent sur lui de grandes lamentations. 3Et Saul ravageait l’Église ; pénétrant dans les maisons, il en arrachait les hommes et les femmes, et les faisait jeter en prison.

SECTION 2 [VIII, 4 — XII, 25.]
Origines chrétiennes en Palestine et en Syrie.
I. — PREMIERS PAS DE L’ÉGLISE EN DEHORS DE JÉRUSALEM
[VIII 4 — 40.]
Le diacre Philippe annonce l’Évangile aux Samaritains : conversion de Simon le Magicien (viii, 4-13). — S. Pierre et S. Jean en Samarie : le Saint-Esprit donné aux fidèles (14-17) ; condamnation de la simonie (18-24). — Pierre et Jean rentrent à Jérusalem (25). — Philippe baptise un eunuque trésorier de la reine d’Éthiopie (26-40).

4Ceux qui étaient dispersés parcouraient le pays annonçant la parole. 5Philippe[79]

étant descendu dans une ville de Samarie, y prêcha le Christ. 6Et les foules étaient attentives à ce que disait Philippe, en apprenant et en voyant les miracles qu’il faisait. 7Car les esprits impurs sortaient de beaucoup de démoniaques, en poussant de grands cris ; beaucoup de paralytiques et de boiteux furent aussi guéris, 8et ce fut une grande joie dans cette ville.

9Or, il s’y trouvait déjà un homme nommé Simon, qui pratiquait la magie, et qui émerveillait le peuple de la Samarie, se donnant pour un grand personnage.[80] 10Tous, petits et grands, s’étaient attachés à lui. Cet homme, disaient-ils, est la Vertu de Dieu, celle qu’on appelle la Grande. 11Ils s’étaient donc attachés à lui, parce que, depuis longtemps, il les avait séduits par ses enchantements. 12Mais quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait le royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser. 13Simon lui-même crut, et, s’étant fait baptiser, il s’attacha à Philippe, et les miracles et les grands prodiges dont il était témoin le frappaient d’étonnement.

14Les Apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. 15Ceux-ci arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit. 16Car il n’était encore descendu sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus.[81] 17Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.

18Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des Apôtres, il leur offrit de l’argent, 19en disant : « Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tout homme à qui j’imposerai les mains reçoive le Saint-Esprit. » 20Mais Pierre lui dit : « Périsse ton argent avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent ! 21Il n’y a pour toi absolument aucune part dans cette faveur, car ton cœur n’est pas pur devant Dieu. 22Repens-toi donc de ton iniquité, et prie le Seigneur de te pardonner, s’il est possible, la pensée de ton cœur. 23Car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens du péché. » 24Simon répondit : « Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit. »

25Quant à eux, après avoir rendu témoignage et prêché la parole du Seigneur, ils retournèrent à Jérusalem, en annonçant la bonne nouvelle dans plusieurs villages des Samaritains.

26Un ange du Seigneur, s’adressant à Philippe, lui dit : « Lève-toi, et va du côté du midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; celle qui est déserte. » 27Il se leva et partit. Et voici qu’un Éthiopien, un eunuque, ministre de Candace, reine d’Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer.[82] 28Il s’en retournait, et, assis sur un char, il lisait le prophète Isaïe. 29L’Esprit dit à Philippe : « Avance, et tiens-toi près de ce char. » 30Philippe accourut, et entendant l’Éthiopien lire le prophète Isaïe, il lui dit : « Comprends-tu bien ce que tu lis ? » 31Celui-ci répondit : « Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ? » Et il pria Philippe de monter et de s’asseoir avec lui. 32Or le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : « Comme une brebis, il a été mené à la boucherie, et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche. 33C’est dans son humiliation que son jugement s’est consommé. Quant à sa génération, qui la racontera ? Car sa vie a été retranchée de la terre. »[83] 34L’eunuque dit à Philippe : « Je t’en prie, de qui le prophète parle-t-il ainsi ? Est-ce de lui-même ou de quelque autre ? » 35Alors Philippe ouvrant la bouche, et commençant par ce passage, lui annonça Jésus. 36Chemin faisant, ils rencontrèrent de l’eau, et l’eunuque dit : « Voici de l’eau : qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? »

37[Philippe répondit : « Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. — Je crois, repartit l’eunuque, que Jésus Christ est le Fils de Dieu. »][84] 38Il fit donc arrêter son char, et Philippe, étant descendu avec lui dans l’eau, le baptisa. 39Quand ils furent sortis de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus, et il continua tout joyeux son chemin. 40Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, d’où il alla jusqu’à Césarée, en évangélisant toutes les villes par où il passait.


II. — CONVERSION MIRACULEUSE DE S. PAUL. SES PREMIERS TRAVAUX APOSTOLIQUES.

[IX, 1 — 30]
Conversion de Saul (1-19a) — Son apostolat à Damas (19a-25) ; à Jérusalem (26-30).

Cependant Saul, respirant encore la menace et la mort contre les disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre 2et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il trouvait des gens de cette croyance, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem.

3Comme il était en chemin et qu’il approchait de Damas, tout à coup[85] une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. 4Il tomba par terre, et entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »[86] 5Il répondit : « Qui êtes-vous, Seigneur ? » Et le Seigneur dit : « Je suis Jésus que tu persécutes.[87] [Il n’est pas bon pour toi de regimber contre l’aiguillon. »[88] 6Tremblant et saisi d’effroi, il dit : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Le Seigneur lui répondit :] « Lève-toi et entre dans la ville ; là on te dira ce que tu dois faire. » 7Les hommes qui l’accompagnaient demeurèrent saisis de stupeur, car ils percevaient le son de la voix, mais ne voyaient personne.[89] 8Saul se releva de terre, et bien que ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien ; on le prit par la main et on le conduisit à Damas ; 9et il y fut trois jours sans voir, et sans prendre ni nourriture ni boisson.

10Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananie. Le Seigneur lui dit dans une vision : « Ananie ! » Il répondit : « Me voici, Seigneur. » 11Et le Seigneur lui dit : « Lève-toi, va dans la rue qu’on appelle la Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car il est en prière. »

12(Et il a vu en vision un homme nommé Ananie, qui entrait et lui imposait les mains afin qu’il recouvrât la vue.)[90] 13Ananie répondit : « Seigneur, j’ai appris de plusieurs tout le mal que cet homme a fait à vos saints[91] dans Jérusalem. 14Et il a ici, des princes des prêtres, plein pouvoir pour charger de chaînes tous ceux qui invoquent votre nom. » 15Mais le Seigneur lui dit : « Va, car cet homme est un instrument que j’ai choisi, pour porter mon nom devant les nations, devant les rois et devant les enfants d’Israël ; 16et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom. »[92] 17Ananie s’en alla, et arrivé dans la maison, il imposa les mains à Saul, en disant : « Saul, mon frère, le Seigneur Jésus qui t’a apparu sur le chemin par lequel tu venais, m’a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint-Esprit. » 18Au même instant, il tomba des yeux de Saul comme des écailles, et il recouvra la vue. Il se leva et fut baptisé ; 19et après qu’il eut pris de la nourriture, ses forces lui revinrent.

Saul passa quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas, 20et aussitôt il se mit à prêcher dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu.


21Tous ceux qui l’entendaient étaient dans l’étonnement et disaient : « N’est-ce pas lui qui persécutait à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et n’est-il pas venu ici pour les conduire chargés de chaînes aux princes des prêtres ? » 22Cependant Saul sentait redoubler son courage, et il confondait les Juifs de Damas, leur démontrant que Jésus est le Christ.[93]

23Après un temps assez considérable, les Juifs formèrent le dessein de le tuer, 24mais leur complot parvint à la connaissance de Saul. On gardait les portes jour et nuit, afin de le mettre à mort. 25Mais les disciples le prirent pendant la nuit et le descendirent par la muraille, dans une corbeille.[94]

26Il se rendit à Jérusalem, et il cherchait à se mettre en rapport avec les disciples ; mais tous le craignaient, ne pouvant croire qu’il fût disciple de Jésus. 27Alors Barnabé, l’ayant pris avec lui, le mena aux Apôtres, et leur raconta comment sur le chemin Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et avec quel courage il avait, à Damas, prêché le nom de Jésus. 28Dès lors Saul allait et venait avec eux dans Jérusalem, et parlait avec assurance au nom du Seigneur. 29Il s’adressait aussi aux Hellénistes et disputait avec eux ; mais ceux-ci cherchaient à le mettre à mort. 30Les frères, l’ayant su, l’emmenèrent à Césarée, d’où ils le firent partir pour Tarse.

III. — TRAVAUX APOSTOLIQUES DE S. PIERRE, INCORPORATION DES GENTILS À L’ÉGLISE.
A. — S. Pierre visite les Églises : miracles opérés par lui à Lydda et à Joppé.

[IX, 31-43]


31L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, se développant et progressant dans la crainte du Seigneur, et elle se multipliait par l’assistance du Saint-Esprit.[95]

32Or il arriva que Pierre, visitant les saints de ville en ville, descendit vers ceux qui demeuraient à Lydda. 33Il y trouva un homme appelé Enée, couché sur un lit depuis huit ans : c’était un paralytique. 34Pierre lui dit : « Enée, Jésus-Christ te guérit ; lève-toi, et fais toi-même ton lit. » Et aussitôt il se leva. 35Tous les habitants de Lydda et de Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur.

36Il y avait à Joppé, parmi les disciples, une femme nommée Tabitha,[96] en grec Dorcas : elle était riche en bonnes œuvres et faisait beaucoup d’aumônes. 37Elle tomba malade en ce temps-là, et mourut. Après l’avoir lavée, on la déposa dans une chambre haute. 38Comme Lydda est près de Joppé, les disciples ayant appris que Pierre s’y trouvait, envoyèrent deux hommes vers lui pour lui adresser cette prière : « Ne tarde pas de venir jusque chez nous. » 39Pierre se leva et partit avec eux. Dès qu’il fut arrivé, on le conduisit dans la chambre haute, et toutes les veuves l’entourèrent en pleurant, et en lui montrant les tuniques et les vêtements que faisait Dorcas pendant qu’elle était avec elles. 40Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genoux et pria ; puis, se tournant vers le cadavre, il dit : « Tabitha, lève-toi ! » Elle ouvrit les yeux, et ayant vu Pierre, elle se mit sur son séant. 41Pierre lui tendit la main et l’aida à se lever. Et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur présenta vivante. 42Ce prodige fut connu dans toute la ville de Joppé, et un grand nombre crurent au Seigneur. 43Pierre demeura quelque temps à Joppé, chez un corroyeur nommé Simon.

B. — En la personne de Corneille, S. Pierre reçoit les Gentils dans l’Église.

[X, 1 — XI, 18.]


1. Sur l’ordre d’un ange, le centurion Corneille envoie chercher S. Pierre (x, 1-8). — Vision de S. Pierre (9-16). Il se rend à Césarée, auprès de Corneille (17-27) ; il l’interroge (28-33) ; lui adresse un discours (34-43) ; puis l’admet au baptême avec ses compagnons, après que le Saint-Esprit fut descendu sur eux (44-48).

Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centurion dans la cohorte Italique, 2Religieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa maison, il faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu sans cesse.

3Dans une vision, vers la neuvième heure[97] du jour, il vit clairement un ange de Dieu qui entra chez lui et lui dit : « Corneille ! » 4Fixant les yeux sur l’ange et saisi d’effroi, il s’écria : « Qu’est-ce, Seigneur ? » L’ange lui répondit : « Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu comme un mémorial.[98] 5Et maintenant envoie des hommes à Joppé, et fais venir un certain Simon, surnommé Pierre ; 6il est logé chez un corroyeur, appelé Simon, dont la maison est située auprès de la mer. » 7L’ange qui lui parlait étant parti, Corneille appela deux de ses serviteurs et un soldat pieux parmi ceux qui étaient attachés à sa personne, 8et après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé.

9Le jour suivant, comme les messagers étaient en route et qu’ils s’approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier. 10Puis, ayant faim, il désirait manger. Pendant qu’on lui préparait son repas, il tomba en extase : 11il vit le ciel ouvert, et quelque chose en descendre, comme une grande nappe, attachée par les quatre coins et s’abaissant vers la terre ;[99] 12à l’intérieur se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre, et les oiseaux du ciel. 13Et une voix lui dit : « Lève-toi, Pierre ; tue et mange. » 14Pierre répondit : « Oh ! non, Seigneur, car jamais je n’ai rien mangé de profane ni d’impur. » 15Et une voix lui parla de nouveau : « Ce que Dieu a déclaré pur, ne l’appelle pas profane. » 16Cela se fit par trois fois, et aussitôt après la nappe fut retirée dans le ciel.

17Or Pierre cherchait en lui-même ce que pouvait signifier la vision qu’il avait eue, et voici que les hommes envoyés par Corneille, s’étant informés de la maison de Simon, se présentèrent à la porte ; 18et ayant appelé, ils demandèrent si c’était là qu’était logé Simon, surnommé Pierre. 19Et comme Pierre était à réfléchir sur la vision, l’Esprit lui dit : « Voici trois hommes qui te cherchent. 20Lève-toi, descends et pars avec eux sans crainte, car c’est moi qui les ai envoyés. » 21Aussitôt Pierre descendit vers eux : « Je suis, leur dit-il, celui que vous cherchez, quel est le motif qui vous amène ? » 22Ils répondirent : « Le centurion Corneille, homme juste et craignant Dieu, à qui toute la nation juive rend témoignage, a été averti par un ange saint de te faire venir dans sa maison et d’écouter tes paroles. » 23Pierre les fit donc entrer et les logea. Le lendemain, s’étant levé, il partit avec eux, et quelques-uns des frères de Joppé l’accompagnèrent.

24Ils entrèrent à Césarée le jour suivant. Corneille les attendait, et il avait invité ses parents et ses amis intimes. 25Quand Pierre entra, Corneille alla au-devant de lui, et tombant à ses pieds il se prosterna. 26Mais Pierre le releva en disant : « Lève-toi ; moi aussi je suis un homme. » 27Et tout en s’entretenant avec lui, il entra et trouva beaucoup de personnes réunies.

28Il leur dit : « Vous savez qu’il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a appris à ne regarder aucun homme comme souillé ou impur.[100] 29Aussi suis-je venu sans hésitation, dès que vous m’avez envoyé chercher. Je vous prie donc de me dire pour quel motif vous m’avez fait venir. »

30Corneille répondit : « Il y a en ce moment quatre jours que je jeûnais et priais dans ma maison à la neuvième heure ; tout à coup parut devant moi un homme[101] revêtu d’une robe éclatante, qui me dit : 31« Corneille, ta prière a été exaucée, et Dieu s’est souvenu de tes aumônes. 32Envoie donc à Joppé, et fais appeler Simon, surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer ; [il viendra te parler]. » —[102] 33Aussitôt j’ai envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Maintenant nous sommes tous réunis devant Dieu pour entendre tout ce que Dieu t’a commandé de nous dire. »

34Alors Pierre, ouvrant la bouche, parla ainsi : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes,[103] 35mais qu’en toute nation celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable. 36Il a envoyé la parole aux enfants d’Israël, en annonçant la paix par Jésus-Christ : c’est lui qui est le Seigneur de tous. 37Vous savez ce qui s’est passée dans toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché : 38comment Dieu a oint de l’Esprit-Saint et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du diable ; car Dieu était avec lui. 39Pour nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans les campagnes de la Judée et à Jérusalem. Ensuite ils l’ont fait mourir, en le pendant au bois. 40Mais Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et lui a donné de se faire voir, 41non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d’avance par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui, après sa résurrection d’entre les morts. 42Et il nous a commandé de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui que Dieu a établi juge des vivants et des morts. 43Tous les prophètes rendent de lui ce témoignage, que tout homme qui croit en lui reçoit par son nom la rémission de ses péchés. »

44Pierre parlait encore, lorsque le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. 45Les fidèles venus de la circoncision qui accompagnaient Pierre étaient tout hors d’eux-mêmes en voyant que le don du Saint-Esprit était répandu même sur les Gentils. 46Car ils entendaient ceux-ci parler des langues et glorifier Dieu. Alors Pierre dit : 47« Peut-on refuser l’eau du baptême à ces hommes qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ? » 48Et il commanda de les baptiser au nom du Seigneur Jésus-Christ. Après quoi ils le prièrent de rester quelques jours.

2. Chap. xi, 1-18. Blâmé par les fidèles de Jérusalem à cause de sa conduite à l’endroit de Corneille, S. Pierre se justifie.

Les apôtres et les frères qui étaient dans la Judée apprirent que les Gentils avaient aussi reçu la parole de Dieu. 2Et lorsque Pierre fut remonté à Jérusalem, les fidèles de la circoncision lui adressèrent des reproches, 3en disant : « Tu es entré chez des incirconcis, et tu as mangé avec eux ! » 4Pierre, prenant la parole, se mit à leur exposer, d’une manière suivie, ce qui s’était passé.

5« J’étais en prière, dit-il, dans la ville de Joppé, et j’eus, en extase, une vision : un objet semblable à une grande nappe, tenue par les quatre coins, descendait du ciel et venait jusqu’à moi. 6Fixant les yeux sur cette nappe, je la considérai, et j’y vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles et les oiseaux du ciel. 7J’entendis aussi une voix qui me disait : « Lève-toi, Pierre ; tue et mange. — 8Je répondis : « Oh non, Seigneur, car jamais rien de profane et d’impur n’est entré dans ma bouche. — 9Pour la seconde fois une voix se fit entendre du ciel : Ce que Dieu a déclaré pur, ne l’appelle pas profane. — 10Cela arriva par trois fois ; puis tout fut retiré dans le ciel. 11Au même instant trois hommes se présentèrent devant la maison où nous étions ; on les avait envoyés de Césarée vers moi. 12L’Esprit me dit de partir avec eux sans hésiter. Les six frères[104] que voici m’accompagnèrent, et nous entrâmes dans la maison de Corneille. 13Cet homme nous raconta comment il avait vu dans sa maison l’ange[105] se présenter à lui, en disant : Envoie à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre ; 14il te dira des paroles par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison. — 15Lorsque j’eus commencé à leur parler, l’Esprit-Saint descendit sur eux, comme sur nous au commencement. 16Et je me souvins de cette parole du Seigneur : Jean a baptisé dans l’eau ; mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint. —

17Si donc Dieu leur a donné la même grâce qu’à nous, qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir m’opposer à Dieu ! »

18Ayant entendu ce discours, ils se calmèrent, et ils glorifièrent Dieu en disant : « Dieu a donc accordé aussi aux Gentils la pénitence, afin qu’ils aient la vie. »

C. — Fondation de l’Église d’Antioche.
[XI, 19 — 30.]
L’Évangile prêché, dans la ville d’Antioche de Syrie, aux Juifs et aux Gentils (19-21). — Ministère de S. Paul et de S. Barnabé ; le nom de chrétiens, donné, pour la première fois, aux fidèles (22-26). — Famine prédite par Agabus : secours envoyés par l’Église d’Antioche aux chrétiens pauvres de Jérusalem (27-30).

19Cependant ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l’occasion d’Étienne, allèrent jusqu’en Phénicie, dans l’île de Chypre et à Antioche, n’annonçant la parole à personne si ce n’est aux seuls Juifs. 20Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène qui, étant venus à Antioche, s’adressèrent aussi aux Grecs, et leur annoncèrent le Seigneur Jésus.[106] 21Et la main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur.

22Le bruit en étant venu aux oreilles des fidèles de l’Église de Jérusalem, ils envoyèrent Barnabé jusqu’à Antioche. 23Lorsqu’il fut arrivé et qu’il eut vu la grâce de Dieu, il s’en réjouit, et il les exhorta tous à demeurer d’un cœur ferme dans le Seigneur. 24Car c’était un homme de bien rempli de l’Esprit-Saint, et de foi. Et une foule assez considérable se joignit au Seigneur.

25Barnabé se rendit ensuite à Tarse pour chercher Saul, et l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. 26Or, il advint que, pendant une année entière, ils tinrent des réunions dans cette église et instruisirent une multitude nombreuse. Ce fut ainsi à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de Chrétiens.

27En ces jours-là, des prophètes vinrent de Jérusalem à Antioche.[107] 28L’un d’eux, nommé Agabus, s’étant levé, annonça par l’Esprit qu’il y aurait sur toute la terre une grande famine ; elle eut lieu, en effet, sous Claude.[108] 29Les disciples décidèrent d’envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée : 30ce qu’ils firent. Ce secours fut envoyé aux Anciens par les mains de Barnabé et de Saul.[109]

IV. — NOUVELLE PERSÉCUTION CONTRE D’ÉGLISE DE JÉRUSALEM.
[XII, 1 — 25.]


Hérode Agrippa I fait décapiter S. Jacques (1-2) et emprisonner S. Pierre (3-4). — Un ange délivre S. Pierre (5-17). — Mort terrible d’Hérode Agrippa (18-25).

Vers ce temps-là, le roi Hérode fit arrêter quelques membres de l’Église pour les maltraiter ; 2il fit mourir par le glaive Jacques, frère de Jean.

3Voyant que cela était agréable aux Juifs, il ordonna encore l’arrestation de Pierre : c’était pendant les jours des Azymes.[110] 4Lorsqu’il l’eut en son pouvoir, il le jeta en prison, et le mit sous la garde de quatre escouades de quatre soldats chacune, avec l’intention de le faire comparaître devant le peuple après la Pâque.

5Pendant que Pierre était ainsi gardé dans la prison, l’Église ne cessait d’adresser pour lui des prières à Dieu.

6Or, la nuit même du jour où Hérode devait le faire comparaître, Pierre, lié de deux chaînes, dormait entre deux soldats, et des sentinelles devant la porte gardaient la prison.[111] 7Tout à coup survint un ange du Seigneur, et une lumière resplendit dans la prison. L’ange, frappant Pierre au côté, le réveilla en disant : « Lève-toi promptement » ; et les chaînes tombèrent de ses mains. 8L’ange lui dit : « Mets ta ceinture et tes sandales. » Il le fit, et l’ange ajouta : « Enveloppe-toi de ton manteau et suis-moi. » 9Pierre sortit et le suivit, ne sachant pas que ce qui se faisait par l’ange fût réel ; il croyait avoir une vision. 10Lorsqu’ils eurent passé la première garde, puis la seconde, ils arrivèrent à la porte de fer qui donne sur la ville : elle s’ouvrit d’elle-même devant eux ; ils sortirent et s’engagèrent dans une rue, et aussitôt l’ange le quitta.

11Alors revenu à lui-même, Pierre se dit : « Je vois maintenant que le Seigneur a réellement envoyé son ange et qu’il m’a délivré de la main d’Hérode et de tout ce qu’attendait le peuple Juif. » 12Après un moment de réflexion, il se dirigea vers la maison de Marie, la mère de Jean, surnommé Marc, où une nombreuse assemblée était en prière. 13Il frappa à la porte du vestibule et une servante, nommée Rhodé, s’approcha pour écouter. 14Dès qu’elle eut reconnu la voix de Pierre, dans sa joie, au lieu d’ouvrir, elle courut à l’intérieur annoncer que Pierre était devant la porte. 15Ils lui dirent : « Tu es folle. » Mais elle affirma qu’il en était ainsi ; et ils dirent : « C’est son ange. » 16Cependant Pierre continuait à frapper ; et lorsqu’ils lui eurent ouvert, en le voyant, ils furent saisis de stupeur. 17Mais Pierre, leur ayant fait de la main signe de se taire, leur raconta comment le Seigneur l’avait tiré de la prison, et il ajouta : « Allez porter cette nouvelle à Jacques et aux frères. » Puis il sortit et s’en alla dans un autre lieu.[112]

18Quand il fit jour, il y eut une grande agitation parmi les soldats, pour savoir ce que Pierre était devenu. 19Hérode le fit chercher, et ne l’ayant pas découvert, il procéda à l’interrogatoire des gardes et les fit conduire au supplice. Ensuite il quitta la Judée pour retourner à Césarée, où il séjourna.

20Hérode était en hostilité avec les Tyriens et les Sidoniens ; ceux-ci vinrent ensemble le trouver, et ayant gagné Blastus, son chambellan, ils lui demandèrent la paix, parce que leur pays tirait sa subsistance des terres du roi. 21Au jour fixé, Hérode, revêtu d’habits royaux, et assis sur son trône, les haranguait ;[113] 22et le peuple s’écria : « C’est la voix d’un Dieu, et non d’un homme ! » 23Au même instant, un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas rendu gloire à Dieu. Et il expira, rongé des vers.

24Cependant la parole de Dieu se répandait de plus en plus, et enfantait de nouveaux disciples.

25Barnabé et Saul, après s’être acquittés de leur ministère, s’en retournèrent de Jérusalem, emmenant avec eux Jean, surnommé Marc.[114]

DEUXIÈME PARTIE.

[XIII — XXVIII.]

DIFFUSION DE L’ÉGLISE PARMI LES GENTILS.

Actes de S. Paul.

SECTION 1 [XIII — XXI, 16.]

Les Missions de S. Paul.

I. — PREMIÈRE MISSION DE S. PAUL.

[XIII, 1 — XIV, 27.]
1. S. Paul et S. Barnabé envoyés en mission par l’Église d’Antioche (xiii, 1-3). Leur ministère dans l’île de Chypre : le magicien Elymas et le proconsul Sergius Paulus (4-12).

Il y avait dans l’Église d’Antioche des prophètes et des docteurs, savoir, Barnabé, Siméon, appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul.[115] 2Comme ils vaquaient au service du Seigneur[116] et qu’ils jeûnaient, l’Esprit-Saint leur dit : « Séparez-moi Saul et Barnabé pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. » 3Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir.

4Envoyés donc par le Saint-Esprit, Saul et Barnabé se rendirent à Séleucie, d’où ils firent voile pour l’île de Chypre. 5Arrivés à Salamine, ils annoncèrent la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. Ils avaient avec eux Jean pour les aider dans leur ministère. 6Ayant parcouru toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain magicien, faux prophète juif, nommé Barjésus, 7qui vivait auprès du proconsul Sergius Paulus, homme sage. Ce dernier, ayant fait appeler Barnabé et Saul, manifesta le désir d’entendre la parole de Dieu. 8Mais Elymas,[117] le magicien — car telle est la signification de son nom — leur faisait opposition, cherchant à détourner de la foi le proconsul. 9Alors Saul, appelé aussi Paul,[118] rempli du Saint-Esprit, fixant son regard sur le magicien, 10lui dit : « Homme plein de toute sorte de ruses et de fourberies, fils du diable,[119] ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droite du Seigneur ? 11Maintenant voici que la main de Dieu est sur toi ; tu seras aveugle, privé pour un temps de la vue du soleil. « Aussitôt d’épaisses ténèbres tombèrent sur lui, et il cherchait, en se tournant de tous côtés, quelqu’un qui lui donnât la main. 12À la vue de ce prodige, le proconsul crut, vivement frappé de la doctrine du Seigneur.

2. De Paphos à Antioche de Pisidie (13-15). Discours de S. Paul dans la synagogue : a) Bienfaits accordés à Israël dès son berceau (16-25). — b) La résurrection de Jésus prouve qu’il est le Messie et le Fils de Dieu (26-37). — c) Exhortation à croire en Jésus (38-41). Effets produits par la prédication de Paul et de Barnabé (42-52).

13Paul et ses compagnons, ayant fait voile de Paphos, se rendirent à Perge en Pamphylie ; mais Jean les quitta et s’en retourna à Jérusalem. 14Eux, poussant au delà de Perge, se rendirent à Antioche de Pisidie, et étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s’assirent. 15Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : « Frères, si vous avez quelque exhortation à adresser au peuple, parlez. »

16Paul se leva, et, ayant fait signe de la main, il dit : « Enfants d’Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez. 17Le Dieu de ce peuple d’Israël a choisi nos pères. Il glorifia ce peuple pendant son séjour en Égypte, et l’en fit sortir par son bras puissant. 18Durant près de quarante ans, il en prit soin dans le désert.[120] 19Puis, ayant détruit sept nations au pays de Chanaan, il le mit en possession de leur territoire.[121] 20Après cela, durant quatre cent cinquante ans environ, il lui donna des juges jusqu’au prophète Samuel.[122] 21Alors ils demandèrent un roi ; et Dieu leur donna, pendant quarante ans, Saül, fils de Cis, de la tribu de Benjamin.[123] 22Puis, l’ayant rejeté, il leur suscita pour roi David, auquel il a rendu ce témoignage :[124] J’ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon cœur, qui accomplira toutes mes volontés. — 23C’est de sa postérité que Dieu, selon sa promesse, a fait sortir pour Israël un Sauveur, Jésus. 24Avant sa venue, Jean avait prêché un baptême de pénitence à tout le peuple d’Israël ; 25et arrivé au terme de sa course, il disait : Je ne suis pas celui que vous pensez ; mais voici qu’après moi vient celui dont je ne suis pas digne de délier la chaussure.

26Mes frères, fils de la race d’Abraham, et vous qui craignez Dieu, c’est à vous que cette parole de salut a été envoyée. 27Car les habitants de Jérusalem et leurs magistrats ayant méconnu Jésus et les oracles des prophètes qui se lisent chaque sabbat, les ont accompli par leur jugement, 28et sans avoir rien trouvé en lui qui méritât la mort, ils ont demandé à Pilate de le faire mourir. 29Et quand ils eurent accompli tout ce qui est écrit de lui, ils le descendirent de la croix et le déposèrent dans un sépulcre. 30Mais Dieu l’a ressuscité des morts ; et pendant plusieurs jours de suite il s’est montré à ceux 31qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple. 32Nous aussi, nous vous annonçons que la promesse faite à nos pères, 33Dieu l’a accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus, selon ce qui est écrit dans le Psaume deuxième : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui.[125] 34Que Dieu l’ait ressuscité des morts de telle sorte qu’il ne retournera pas à la corruption, c’est ce qu’il a déclaré en disant : Je vous donnerai les faveurs divines promises à David, faveurs qui sont assurées. 35— C’est pourquoi il dit encore ailleurs : Tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption. —[126] 36Or David, après avoir, pendant qu’il vivait, accompli les desseins de Dieu, s’est endormi, et il a été réuni à ses pères, et il a vu la corruption. 37Mais celui que Dieu a ressuscité n’a pas vu la corruption.

38Sachez-le donc, mes frères : c’est par lui que le pardon des péchés vous est annoncé ; et de toutes les souillures, dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, 39quiconque croit en est justifié par lui. 40Prenez donc garde qu’il ne vous arrive ce qui est dit dans les Prophètes : 41« Voyez, hommes dédaigneux, soyez étonnés et disparaissez ; car je vais faire en vos jours une œuvre, une œuvre que vous ne croiriez pas si on vous la racontait. »[127]

42Lorsqu’ils sortirent, on les pria de parler sur le même sujet au sabbat suivant. 43Et à l’issue de l’assemblée, beaucoup de Juifs et de pieux prosélytes suivirent Paul et Barnabé, et ceux-ci, s’entretenant avec eux, les exhortèrent à persévérer dans la grâce de Dieu.

44Le sabbat suivant, la ville presque toute entière se rassembla pour entendre la parole de Dieu. 45Les Juifs, voyant tout ce concours, furent remplis de jalousie, et, en blasphémant, ils contredirent tout ce que disait Paul. 46Alors Paul et Barnabé dirent avec assurance : « C’est à vous les premiers que la parole de Dieu devait être annoncée ; mais, puisque vous la repoussez, et que vous-mêmes vous vous jugez indignes de la vie éternelle, voici que nous nous tournons vers les Gentils.[128] 47Car le Seigneur nous l’a ainsi ordonné : Je t’ai établi pour être la lumière des nations, pour porter le salut jusqu’aux extrémités de la terre. »[129] 48En entendant ces paroles, les Gentils se réjouirent, et ils glorifiaient la parole du Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants.

49Et la parole du Seigneur se répandait dans tout le pays. 50Mais les Juifs, ayant excité les femmes prosélytes de la classe élevée et les principaux de la ville, soulevèrent une persécution contre Paul et Barnabé, et les chassèrent de leur territoire. 51Alors Paul et Barnabé secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds et allèrent à Iconium. 52Cependant les disciples étaient remplis de joie et de l’Esprit-Saint.

3. Paul et Barnabé à Iconium (xiv, 1-6) ; à Lystres : guérison d’un boiteux (7-9). La foule les regardant comme des dieux veut leur offrir un sacrifice ; elle finit par les lapider (10-19a). Paul et Barnabé à Derbé et autres lieux (19b-24). Retour à Antioche de Syrie (25-27).

À Iconium, Paul et Barnabé entrèrent de même[130] dans la synagogue des Juifs, et y parlèrent de telle sorte qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs embrassèrent la foi. 2Mais les Juifs restés incrédules excitèrent et aigrirent l’esprit des Gentils contre leurs frères. 3Ils firent néanmoins un assez long séjour, parlant avec assurance, appuyés par le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, par les prodiges et les miracles qu’il leur donnait de faire. 4Toute la ville se divisa ; les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les Apôtres. 5Mais comme les Gentils et les Juifs, avec leurs chefs, se mettaient en mouvement pour les outrager et les lapider, 6les Apôtres, l’ayant su, se réfugièrent dans les villes de Lycaonie, Lystres et Derbé, et le pays d’alentour, 7et ils y annoncèrent la bonne nouvelle.

8Il y avait à Lystres un homme perclus des jambes, qui se tenait assis, car il était boiteux de naissance et n’avait jamais marché. 9Il écoutait Paul parler ; et Paul, ayant arrêté les yeux sur lui et voyant qu’il avait la foi pour être guéri, 10dit d’une voix forte : « Lève-toi droit sur tes pieds. » Aussitôt il bondit et il marchait.

11À la vue de ce que Paul venait de faire, la foule éleva la voix et dit en lycaonien : « Les dieux sous une forme humaine sont descendus vers nous. » 12Et ils appelaient Barnabé Jupiter, et Paul Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole. 13De plus, le prêtre du temple de Jupiter, qui était à l’entrée de la ville, amena devant les portes des taureaux avec des bandelettes, et voulait, ainsi que la foule, offrir un sacrifice. 14Les Apôtres Paul et Barnabé, l’ayant appris, déchirèrent leurs vêtements et se précipitèrent au milieu de la foule ; 15et, d’une voix retentissante, ils disaient : « Ô hommes, pourquoi faites-vous cela ? Nous aussi, nous sommes des hommes sujets aux mêmes faiblesses que vous ; nous vous annonçons qu’il faut quitter ces vanités pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel et la terre, la mer, et tout ce qu’ils renferment. 16Ce Dieu, dans les siècles passés, a laissé toutes les nations suivre leurs voies, 17sans que toutefois il ait cessé de se rendre témoignage à lui-même, faisant du bien, dispensant du ciel les pluies et les saisons favorables, nous donnant la nourriture avec abondance et remplissant nos cœurs de joie. » 18Malgré ces paroles, ils ne parvinrent qu’avec peine à empêcher le peuple de leur offrir un sacrifice. 19Alors survinrent d’Antioche et d’Iconium des Juifs qui, ayant gagné le peuple, lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, le croyant mort. 20Mais les disciples l’ayant entouré, il se releva et rentra dans la ville.

Le lendemain, il partit pour Derbé avec Barnabé. 21Quand ils eurent évangélisé cette ville et fait un assez grand nombre de disciples, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche, 22fortifiant l’esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. 23Ils instituèrent des Anciens dans chaque Église, après avoir prié et jeûné, et les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru.[131] 24Traversant ensuite la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie, 25et après avoir annoncé la parole de Dieu à Perge, ils descendirent à Attalie.

26De là ils firent voile pour Antioche, d’où ils étaient partis, après avoir été recommandés à la grâce de Dieu, pour l’œuvre qu’ils venaient d’accomplir.

27Dès qu’ils furent arrivés, ils assemblèrent l’Église, et racontèrent tout ce que Dieu avait fait pour eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi. 28Et ils demeurèrent à Antioche assez longtemps avec les disciples.[132]

II. — LE CONCILE DE JÉRUSALEM.

[XV, 1 – 34.]
Occasion du Concile (xv, 1-3). Réception de S. Paul et de S. Barnabé à Jérusalem (4-5). Réunion du Concile ; délibération des Apôtres (6-21). Promulgation des décisions du Concile (22-34).

Or quelques gens, venus de Judée, enseignaient aux frères cette doctrine : « Si vous n’êtes pas circoncis selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. »[133] 2Paul et Barnabé ayant donc eu avec eux une contestation et une vive discussion, il fut décidé que Paul et Barnabé, avec quelques autres des leurs, monteraient à Jérusalem vers les Apôtres et les Anciens pour traiter cette question.[134] 3Après avoir été accompagnés par l’Église, ils poursuivirent leur route à travers la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils, ce qui causa une grande joie à tous les frères.

4Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’Église, les Apôtres et les Anciens, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait pour eux. 5Alors quelques-uns du parti des Pharisiens, qui avaient cru, se levèrent, en disant qu’il fallait circoncire les Gentils et leur enjoindre d’observer la loi de Moïse.

6Les Apôtres et les Anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire. 7Une longue discussion s’étant engagée, Pierre se leva et leur dit : « Mes frères, vous savez que Dieu, il y a longtemps déjà, m’a choisi parmi vous, afin que, par ma bouche, les Gentils entendent la parole de l’Évangile et qu’ils croient.[135] 8Et Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous ;[136] 9il n’a fait aucune différence entre eux et nous, ayant purifié leurs cœurs par la foi. 10Pourquoi donc tentez-vous Dieu maintenant, en imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? 11Mais c’est par la grâce du Seigneur Jésus-Christ que nous croyons être sauvés, de la même manière qu’eux. »

12Toute l’assemblée garda le silence, et l’on écouta Barnabé et Paul, qui racontèrent tous les miracles et les prodiges que Dieu avait faits par eux au milieu des Gentils.

13Lorsqu’ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole et dit : « Frères, écoutez-moi. 14Simon a raconté comment Dieu tout d’abord a pris soin de tirer du milieu des Gentils un peuple qui portât son nom.[137] 15Avec ce dessein concordent les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit : 16Après cela je reviendrai, et je rebâtirai la tente de David qui est renversée par terre ; j’en réparerai les ruines et la relèverai,[138] 17afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui sont appelées de mon nom, dit le Seigneur, qui exécute ces choses. 18L’œuvre du Seigneur est connue de toute éternité. — 19C’est pourquoi je suis d’avis qu’il ne faut pas inquiéter ceux d’entre les Gentils qui se convertissent à Dieu. 20Qu’on leur écrive seulement qu’ils ont à s’abstenir des souillures des idoles, de l’impureté, des viandes étouffées et du sang.[139] 21Car, depuis bien des générations, Moïse a dans chaque ville des hommes qui le prêchent, puisqu’on le lit tous les jours de sabbat dans les synagogues. »[140]

22Alors il parut bon aux Apôtres et aux Anciens, ainsi qu’à toute l’Église, de choisir quelques-uns d’entre eux pour les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé ; on choisit Jude, surnommé Barsabas, et Silas, personnages éminents parmi les frères. 23Ils les chargèrent d’une lettre ainsi conçue :

« Les Apôtres, les Anciens et les frères, aux frères d’entre les Gentils qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut !

24Ayant appris que quelques-uns des nôtres sont venus, sans aucun mandat de notre part, vous troubler par des discours qui ont bouleversé vos âmes, 25nous nous sommes assemblés et nous avons jugé à propos de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul, 26ces hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ. 27Nous avons donc député Jude et Silas, qui vous diront de vive voix les mêmes choses. 28Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer aucun fardeau au-delà de ce qui est indispensable, savoir, 29de vous abstenir des viandes offertes aux idoles, du sang, de la chair étouffée et de l’impureté. En vous gardant de ces choses, vous ferez bien. Adieu. »[141]

30Ayant donc pris congé, les députés se rendirent à Antioche, assemblèrent tous les fidèles et leurs remirent la lettre. 31On en fit lecture et tous furent heureux de la consolation qu’elle renfermait. 32Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, adressèrent plusieurs fois la parole aux frères, pour les exhorter et les affermir. 33Après un séjour de quelque temps, ils furent congédiés par les frères, avec des souhait de paix vers ceux qui les avaient envoyés. 34Toutefois, Silas trouva bon de rester, et Jude s’en alla seul à Jérusalem.[142]

III. — DEUXIÈME MISSION DE S. PAUL.

[XV, 35 — XVIII, 22.]
A. — D’Antioche de Syrie à Troas.

[XV, 35 — XVI, 10.]



Différend entre Paul et Barnabé (xv, 35-39). Accompagné de Silas, Paul parcourt la Syrie et la Cilicie (40-41). Il s’adjoint Timothée et traverse la Phrygie, la Galatie, la Mysie, etc. (xvi, 1-8). À Troas, une vision l’envoie en Macédoine (9-10).

35Paul et Barnabé demeurèrent à Antioche, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la parole du Seigneur. 36Au bout de quelques jours, Paul dit à Barnabé : « Retournons visiter les frères dans les différentes villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir dans quel état ils se trouvent. » 37Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc ; 38mais Paul jugeait bon de ne pas prendre pour compagnon un homme qui les avait quittés depuis la Pamphylie, et qui n’avait pas été à l’œuvre avec eux. 39Ce dissentiment fut tel qu’ils se séparèrent l’un de l’autre ; et Barnabé, prenant Marc, s’embarqua avec lui pour Chypre.

40Paul fit choix de Silas, et partit, recommandé par les frères à la grâce de Dieu. 41Il parcourut la Syrie et la Cilicie, fortifiant les Églises.[143]

Paul se rendit ensuite à Derbé, puis à Lystres. Il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d’une juive chrétienne et d’un père grec.[144] 2Ses frères de Lystres et d’Iconium rendaient de lui un bon témoignage. 3Paul voulut l’emmener avec lui, et l’ayant pris, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient dans ces contrées ; car tous savaient que son père était grec. 4En passant par les villes, ils enseignaient aux fidèles à observer les décisions des Apôtres et des Anciens de Jérusalem. 5Et les Églises se fortifiaient dans la foi et croissaient de jour en jour.

6Lorsqu’ils eurent parcouru la Phrygie et le pays de Galatie, l’Esprit-Saint les ayant empêchés d’annoncer la parole dans l’Asie, 7ils arrivèrent aux confins de la Mysie, et ils se disposaient à entrer en Bithynie ; mais l’Esprit de Jésus ne le leur permit pas. 8Alors, ayant traversé rapidement la Mysie, ils descendirent à Troas.

9Pendant la nuit, Paul eut une vision : un Macédonien se présenta devant lui, et lui fit cette prière : « Passe en Macédoine et viens à notre secours ! » 10Après cette vision de Paul, nous cherchâmes aussitôt à nous rendre en Macédoine, certains que Dieu nous appelait à y annoncer la bonne nouvelle.[145]


B. — Paul en Macédoine.

[XVI, ii — XVII, 14.]
1. Paul à Philippes : conversion de Lydie (11-15). Le démon chassé d’une pythonisse (16-18). Paul et Silas flagellés et emprisonnés (19-24), puis, miraculeusement délivrés (25-40).

11Ayant donc pris la mer à Troas, nous fîmes voile droit vers Samothrace, et le lendemain nous débarquâmes à Néapolis. 12De là nous allâmes à Philippes, qui est la première ville de cette partie de la Macédoine et une colonie.[146] Nous demeurâmes quelques jours dans cette ville.

13Le jour du sabbat, nous nous rendîmes hors de la porte, sur le bord d’une rivière, où nous pensions qu’était le lieu de la prière. Nous étant assis, nous parlâmes aux femmes qui s’y étaient assemblées.[147] 14Or dans l’auditoire était une femme nommée Lydie : c’était une marchande de pourpre, de la ville de Thyatire, craignant Dieu,[148] et le Seigneur lui ouvrit le cœur pour qu’elle fût attentive à ce que disait Paul. 15Quand elle eut reçu le baptême, elle et sa famille, elle nous adressa cette prière : « Si vous avez jugé que j’ai foi au Seigneur, entrez dans ma maison et demeurez-y. » Et elle nous contraignit par ses instances.

16Un jour que nous allions à la prière, nous rencontrâmes une jeune esclave qui avait un esprit Python[149] et procurait un grand profit à ses maîtres par ses divinations. 17Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu très haut ; ils vous annoncent la voie du salut. » 18Elle fit ainsi pendant plusieurs jours. Comme Paul en éprouvait de la peine, il se retourna et dit à l’esprit : « Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette fille. » Et il sortit à l’heure même.

19Les maîtres de la jeune fille, voyant s’évanouir l’espoir de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas et les traînèrent à l’agora devant les magistrats. 20Et les ayant amenés aux stratèges, ils dirent : « Ces hommes troublent notre ville. Ce sont des Juifs ; 21ils prêchent des usages qu’il ne nous est pas permis, à nous, Romains, de recevoir ni de suivre. » 22En même temps la foule se souleva contre eux, et les stratèges ayant fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent qu’on les battît de verges. 23Après qu’on les eut chargés de coups, ils les firent mettre en prison, en recommandant au geôlier de les garder sûrement. 24Le geôlier ayant reçu cet ordre, les mit dans un des cachots intérieurs, et engagea leurs pieds dans des ceps.[150]

25Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les entendaient. 26Tout à coup il se fit un tremblement de terre si violent que les fondements de la prison en furent ébranlés ; au même instant, toutes les portes s’ouvrirent et les liens de tous les prisonniers tombèrent. 27Le geôlier s’étant éveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée, et il allait se tuer, pensant que les prisonniers avaient pris la fuite. 28Mais Paul cria d’une voix forte : « Ne te fais point de mal, nous sommes tous ici. » 29Alors Le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra précipitamment et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas ; puis 30il les fit sortir et dit : « Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » 31Ils répondirent : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille. » 32Et ils lui annoncèrent la parole de Dieu, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans la maison. 33Les prenant avec lui à cette heure de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt après il fut baptisé, lui et tous les siens. 34Ensuite il les fit monter dans sa maison et leur servit à manger, se réjouissant avec toute sa famille d’avoir cru en Dieu.

35Quand il fit jour, les stratèges envoyèrent les licteurs qui dirent : « Mets ces hommes en liberté. » 36Le geôlier annonça la chose à Paul : « Les stratèges ont envoyé l’ordre de vous relâcher ; sortez donc maintenant et allez en paix. » 37Mais Paul dit aux licteurs : « Après nous avoir publiquement battus de verges, sans jugement, nous qui sommes Romains, on nous a jetés en prison, et maintenant on nous fait sortir en secret ! Il n’en sera pas ainsi. Qu’ils viennent eux-mêmes 38nous mettre en liberté. « Les licteurs rapportèrent ces paroles aux stratèges, qui furent effrayés en apprenant que ces hommes étaient Romains. 39Ils vinrent donc les exhorter, et ils les mirent en liberté, en les priant de quitter la ville. 40Au sortir de la prison, Paul et Silas entrèrent chez Lydie, et après avoir vu et exhorté les frères, ils partirent.[151]

2. Chap. xvii, 1-9. Paul et Silas à Thessalonique ; à Bérée (10-14).

Ayant ensuite traversé Amphipolis et Apollonie, Paul et Silas arrivèrent à Thessalonique, où était la synagogue des Juifs.[152] 2Selon sa coutume, Paul y entra, et pendant trois sabbats, il discuta avec eux. Partant des Écritures, 3il expliquait et établissait que le Messie avait dû souffrir et ressusciter des morts ; et « ce Messie, disait-il, c’est le Christ Jésus que je vous annonce. » 4Quelques Juifs furent persuadés, et ils se joignirent à Paul et à Silas, ainsi qu’une grande multitude de gentils craignant Dieu, et un assez grand nombre de femmes du premier rang.

5Mais les Juifs, piqués de jalousie, enrôlèrent quelques mauvais sujets de la lie du peuple, provoquèrent des attroupements, et répandirent l’agitation dans la ville. Puis, s’étant précipités vers la maison de Jason, ils cherchèrent Paul et Silas pour les amener devant le peuple.[153] 6Ne les ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques, en criant : « Ces hommes qui ont bouleversé le monde sont aussi venus ici, 7et Jason les a reçus. Ils sont tous en contravention avec les édits de César, disant qu’il y a un autre roi, Jésus. » 8Ils mirent ainsi en émoi le peuple et les politarques qui les écoutaient. 9Et ce ne fut qu’après avoir reçu une caution de Jason et des autres qu’ils les laissèrent aller.

10Les frères, sans perdre de temps, firent partir de nuit Paul et Silas pour Bérée. Quand ils furent arrivés dans cette ville, ils se rendirent à la synagogue des Juifs. 11Ces derniers avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, examinant chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur enseignait était exact. 12Beaucoup d’entre eux, et, parmi les Grecs, des femmes de qualité et des hommes en grand nombre, embrassèrent la foi. 13Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul annonçait aussi à Bérée la parole de Dieu, ils vinrent encore y agiter la population. 14Alors les frères firent sur-le-champ partir Paul jusqu’à la mer ;[154] mais Silas et Timothée restèrent à Bérée.

C. — S. Paul en Grèce.

[XVII, 15 — XVIII, 17.]
1. À Athènes. Discours devant l’Aréopage ; Quelques mots sur le vrai Dieu, sur l’homme et sur le Christ (15-34).

15Ceux qui conduisaient Paul l’accompagnèrent jusqu’à Athènes ; puis, chargés de mander à Silas et à Timothée de venir le rejoindre au plus tôt, ils s’en retournèrent.

16Pendant que Paul les attendait à Athènes, il sentait en son âme une vive indignation au spectacle de cette ville pleine d’idoles. 17Il discutait donc dans la synagogue avec les Juifs et les hommes craignant Dieu, et tous les jours dans l’Agora avec ceux qu’il rencontrait. 18Or quelques philosophes épicuriens et stoïciens ayant conféré avec lui, les uns disaient : « Que nous veut ce semeur de paroles ? » D’autres, l’entendant prêcher Jésus et la résurrection, disaient : « Il paraît qu’il vient nous annoncer des divinités étrangères. » 19Et l’ayant pris avec eux, ils le menèrent sur l’Aréopage, disant : « Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ?[155] 20Car tu nous fais entendre des choses étranges ; nous voudrions donc savoir ce qu’il en est. » 21Or tous les Athéniens et les étrangers établis dans la ville ne passaient leur temps qu’à dire ou à écouter des nouvelles.

22Paul, debout au milieu de l’Aréopage, parla ainsi : « Athéniens, je constate qu’à tous égards vous êtes éminemment religieux.[156] 23Car lorsqu’en passant je regardais les objets de votre culte, j’ai trouvé même un autel avec cette inscription : AU DIEU INCONNU. Celui que vous adorez sans le connaître, je viens vous l’annoncer. 24Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu’il renferme, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de main d’homme ; 25il n’est point servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses. 26D’un seul homme il a fait sortir tout le genre humain, pour peupler la surface de toute la terre, ayant déterminé pour chaque nation la durée de son existence et les bornes de son domaine, 27afin que les hommes le cherchent et le trouvent comme à tâtons : quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous, 28car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être ; et, comme l’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes… de sa race nous sommes. 29Étant donc de la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et le génie de l’homme. 30Dieu ne tenant pas compte[157] de ces temps d’ignorance, annonce maintenant aux hommes qu’ils aient tous, en tous lieux, à se repentir ; 31car il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, et qu’il a accrédité auprès de tous, en le ressuscitant des morts. »

32Lorsqu’ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, les autres dirent : « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois. » 33C’est ainsi que Paul se retira du milieu d’eux. 34Quelques personnes néanmoins s’attachèrent à lui et crurent ; de ce nombre furent Denys l’Aréopagite, une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux.

2. Paul à Corinthe, durant un an et demi. Conversions nombreuses. (xviii, 1-11). Il est accusé devant le proconsul Gallion (12-17).

Après cela, Paul partit d’Athènes et se rendit à Corinthe. 2Il y trouva un Juif nommé Aquila, originaire du Pont, et récemment arrivé d’Italie avec sa femme Priscille, parce que Claude avait enjoint à tous les Juifs de sortir de Rome. Paul alla les voir ; 3et comme il exerçait le même métier, il demeura chez eux et y travailla : ils étaient faiseurs de tentes. 4Chaque sabbat, il discourait dans la synagogue, et il persuadait des Juifs et des Grecs.[158]

5Lorsque Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, il se donna tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ. 6Mais comme ceux-ci s’opposaient à lui et l’injuriaient, Paul secoua ses vêtements et leur dit : « Que votre sang soit sur votre tête ! J’en suis pur ; dès ce moment j’irai chez les Gentils. » 7Et sortant de là, il entra chez un nommé Justus, homme craignant Dieu, et dont la maison était contiguë à la synagogue.[159] 8Or Crispus, le chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison ; un grand nombre de Corinthiens, en entendant Paul, crurent aussi et furent baptisés.

9Pendant la nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : « Sois sans crainte, mais parle et ne te tais point. 10Car je suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal ; car j’ai un peuple nombreux dans cette ville. »

11Paul demeura un an et six mois à Corinthe, y enseignant la parole de Dieu.

12Or, Gallion étant proconsul d’Achaïe, les Juifs se soulevèrent unanimement contre Paul, et le menèrent devant le tribunal, 13en disant : « Celui-ci persuade aux hommes un culte contraire à la Loi. » 14Comme Paul ouvrait la bouche pour répondre, Gallion dit aux Juifs : « S’il s’agissait de quelque délit ou de quelque grave méfait, je vous écouterais comme de raison, ô Juifs. 15Mais puisqu’il s’agit de discussions sur une doctrine, sur des noms et sur votre loi, cela vous regarde ; je ne veux pas être juge de ces choses. » 16Et il les renvoya du tribunal. 17Alors tous, se saisissant de Sosthènes, le chef de la synagogue, le battirent devant le tribunal, sans que Gallion s’en mît en peine.

D. — Retour à Antioche de Syrie par Ephèse et Jérusalem.

[XVIII, 18 — 22.]

18Paul resta encore assez longtemps à Corinthe ; puis, ayant dit adieu aux frères, il s’embarqua pour la Syrie, avec Priscille et Aquila, après s’être fait raser la tête à Cenchrées,[160] en vertu d’un vœu. 19Il arriva à Éphèse, et y laissa ses compagnons. Pour lui, étant entré dans la synagogue, il s’entretint avec les Juifs, 20qui le prièrent de prolonger son séjour. Mais il n’y consentit point, 21et il prit congé d’eux, en disant : « [Il faut absolument que je célèbre la fête prochaine à Jérusalem.][161] Je reviendrai vers vous, si Dieu le veut. » Et il partit d’Éphèse.

22Ayant débarqué à Césarée, il monta à Jérusalem, salua l’Église et descendit à Antioche.

IV. — TROISIÈME MISSION DE S. PAUL.

[XVIII, 23 — XXI, 16.]
A. Les débuts du voyage.

[XVIII, 23 — 28.]
S. Paul quitte Antioche et traverse la Galatie et la Phrygie (23). Ministère d’Apollos à Éphèse et à Corinthe (24-28).

23Après y avoir passé quelque temps, Paul se mit en route, et parcourut successivement le pays des Galates et la Phrygie, affermissant tous les disciples.

24Or, un Juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, homme éloquent et versé dans les Écritures, vint à Éphèse. 25Il avait été instruit[162] dans la voie du Seigneur, et, d’un cœur ardent, il enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’il ne connût que le baptême de Jean. 26Il se mit à parler avec assurance dans la synagogue. Priscille et Aquila, l’ayant entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus à fond la voie du Seigneur. 27Et comme il voulait passer en Achaïe, les frères l’approuvèrent et écrivirent aux disciples de le bien recevoir. Quand il fut arrivé, il fut d’un grand secours à ceux qui avaient cru par la grâce,[163] 28car il réfutait vigoureusement les Juifs en public, démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ.

B. — 5. Paul à Ephèse

[XIX.]
Il baptise des disciples de Jean-Baptiste (1-7). Des exorcistes juifs contrefont ses miracles et sont châtiés (8-17). Progrès de l’Évangile (18-22). Soulèvement excité contre l’Apôtre par l’orfèvre Démétrius (23-40).

Or, pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les hautes régions, arriva à Éphèse. Ayant rencontré quelques disciples, 2il leur dit : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru ? » Ils lui répondirent : « Nous n’avons pas même entendu dire qu’il y ait un Saint-Esprit. » — 3« Quel baptême avez-vous donc reçu ? » demanda Paul. Ils dirent : « Le baptême de Jean. » 4Paul dit alors : « Jean a baptisé du baptême de pénitence, en disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus. » 5Ayant entendu ces paroles, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus. 6Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit vint sur eux, et ils se mirent à parler des langues et à prophétiser. 7Ils étaient environ douze en tout.

8Ensuite Paul entra dans la synagogue, et pendant trois mois, il y parla avec beaucoup d’assurance, discourant d’une manière persuasive sur les choses qui concernent le royaume de Dieu. 9Mais, comme quelques-uns restaient endurcis et incrédules, décriant devant le peuple la voie du Seigneur, il se sépara d’eux, prit à part les disciples et discourut chaque jour dans l’école d’un nommé Tyrannus. 10Ce qu’il fit durant deux ans, de sorte que tous ceux qui habitaient l’Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole du Seigneur. 11Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, 12au point qu’on appliquait sur les malades des mouchoirs et des ceintures qui avaient touché son corps, et les maladies les quittaient, et les esprits mauvais étaient chassés.

13Quelques-uns des exorcistes Juifs qui couraient le pays essayèrent aussi d’invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits malins, en disant : « Je vous adjure par Jésus que Paul prêche. » 14Or ils étaient sept fils de Scéva, grand prêtre juif, qui se livraient à cette pratique.

15L’esprit malin leur répondit : « Je connais Jésus et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ? » 16Et l’homme qui était possédé de l’esprit malin se jeta sur eux, s’en rendit maître et les maltraita si fort, qu’ils s’enfuirent de cette maison nus et blessés. 17Ce fait étant venu à la connaissance de tous les Juifs et de tous les Grecs qui demeuraient à Éphèse, la crainte tomba sur eux tous, et le nom du Seigneur Jésus fut glorifié.

18Un grand nombre de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer leurs actions. 19Et parmi ceux qui s’étaient adonnés aux pratiques superstitieuses, beaucoup apportèrent leurs livres et les brûlèrent devant tout le peuple : en estimant la valeur de ces livres on trouva cinquante mille pièces d’argent : 20tant la parole du Seigneur s’étendait avec force et se montrait puissante !

21Après cela, Paul résolut d’aller à Jérusalem, en traversant la Macédoine et l’Achaïe. « Après que j’aurai été là, se disait-il, il faut aussi que je voie Rome. »[164] 22Il envoya en Macédoine deux de ses auxiliaires, Timothée et Eraste, et lui-même resta encore quelque temps en Asie.

23Il survint en ce temps-là un grand tumulte au sujet de la voie du Seigneur.[165] 24Un orfèvre, nommé Démétrius, fabriquait en argent de petits temples de Diane, et procurait à ses ouvriers un gain considérable. 25Les ayant rassemblés, avec ceux du même métier, il leur dit : « Mes amis, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie ; 26et vous voyez et entendez dire que, non seulement à Éphèse, mais encore dans presque toute l’Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de main d’homme ne sont pas des dieux. 27Il est donc à craindre, non seulement que notre industrie ne tombe dans le discrédit, mais encore que le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien, et même que la majesté de celle que révèrent l’Asie et le monde entier ne soit réduite à néant. » 28À ces mots, transportés de colère, ils se mirent à crier : « Grande est la Diane des Éphésiens ! »

29Bientôt la ville fut remplie de confusion. Ils se portèrent tous ensemble au théâtre, entraînant Gaïus et Aristarque, Macédoniens qui avaient accompagné Paul dans son voyage. 30Paul voulait pénétrer au milieu de la foule, mais les disciples l’en empêchèrent. 31Quelques-uns même des Asiarques, qui étaient de ses amis, envoyèrent vers lui, pour l’engager à ne pas se présenter au théâtre. 32Mille cris divers s’y faisaient entendre ; car le désordre régnait dans l’assemblée, et la plupart ne savaient pourquoi ils s’étaient réunis. 33Alors on dégagea de la foule Alexandre que les Juifs poussaient en avant. Il fit signe de la main qu’il voulait parler au peuple. 34Mais, lorsqu’ils eurent reconnu qu’il était juif, ils crièrent tous d’une seule voix durant près de deux heures : « Grande est la Diane des Éphésiens ! »

35Le grammate ayant enfin apaisé la foule, dit : « Éphésiens, quel est l’homme qui ne sache que la ville d’Éphèse est vouée au culte de la grande Diane et de sa statue tombée du ciel ?[166] 36Cela étant incontestable, vous devez être calme et ne rien faire inconsidérément ; 37car ces hommes que vous avez amenés ici ne sont ni des sacrilèges, ni des blasphémateurs de votre déesse. 38Que si Démétrius et ceux de son industrie ont à se plaindre de quelqu’un, il y a des jours d’audience et des proconsuls : que chacun fasse valoir ses griefs. 39Si vous avez quelque autre affaire à régler, on en décidera dans l’assemblée légale. 40Nous risquons, en effet, d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, car il n’existe aucun motif qui nous permette de justifier cet attroupement. « Ayant parlé ainsi, il congédia l’assemblée.

C. — Retour de S. Paul à Jérusalem par la Grèce, la Macédoine et l’Asie Mineure.

[XX — XXI, 16.]
1. Paul en Grèce et en Macédoine (xx, 1-5).

Lorsque le tumulte eut cessé, Paul réunit les disciples, prit congé d’eux et partit pour la Macédoine. 2Il parcourut cette contrée, en adressant aux disciples de nombreux exhortations, et se rendit en Grèce,[167] 3où il passa trois mois. Il se disposait à faire voile pour la Syrie, quand les Juifs lui dressèrent des embûches. Alors il se décida à reprendre la route de Macédoine. 4Il avait pour l’accompagner jusqu’en Asie, Sopater de Bérée, fils de Pyrrhus, Aristarque et Secundus de Thessalonique ; Gaius de Derbé, Timothée, Tychique et Trophime d’Asie. 5Ceux-ci prirent les devants et nous attendirent à Troas.[168]

2. Paul à Troas : résurrection d’un mort (6-12).

6Pour nous, après les jours des Azymes, nous nous embarquâmes à Philippes, et au bout de cinq jours nous les rejoignîmes à Troas, où nous passâmes sept jours. 7Le premier jour de la semaine, comme nous étions assemblés pour la fraction du pain, Paul, qui devait partir le lendemain, s’entretint avec les disciples, et prolongea son discours jusqu’à minuit.[169] 8Il y avait beaucoup de lampes dans la salle haute où nous étions assemblés. 9Or un jeune homme, nommé Eutyque, était assis sur le bord de la fenêtre. Pendant le long discours de Paul, il s’endormit profondément, et, sous le poids du sommeil, il tomba du troisième en bas ; on le releva mort. 10Mais Paul, étant descendu, se pencha sur lui et le prit dans ses bras, en disant : « Ne vous troublez pas, car son âme est en lui. » 11Puis étant remonté, il rompit le pain et mangea, et il parla longtemps encore, jusqu’au jour ; après quoi, il partit. 12Quant au jeune homme, on le ramena vivant, ce qui fut le sujet d’une grande consolation.

3. De Troas à Milet (13-16). À Milet, discours d’adieu aux Anciens de l’Église d’Éphèse : a) Coup d’œil sur le ministère qu’il a autrefois rempli à Éphèse (17-21). — b) Dangers qui l’attendent (22-25). — c) Épreuves réservées à l’Église d’Éphèse (26-31). — d) Désintéressement requis dans le saint ministère (32-35). Adieux (36-38).

13Pour nous, prenant les devants par mer, nous fîmes voile pour Assos, où nous devions reprendre Paul ; c’est ainsi qu’il l’avait ordonné ; car il devait faire le voyage à pied. 14Quand il nous eut rejoints à Assos, nous le prîmes à bord, et nous gagnâmes Mytilène. 15De là, continuant par la mer, nous arrivâmes le lendemain à la hauteur de Chio. Le jour suivant, nous cinglâmes vers Samos, et, [après avoir passé la nuit à Trogylle], nous arrivâmes le lendemain à Milet.[170] 16Paul avait résolu de passer devant Éphèse sans s’y arrêter, afin de ne pas perdre de temps en Asie. Car il se hâtait pour se trouver, s’il était possible, à Jérusalem, le jour de la Pentecôte.

17Or, de Milet, Paul envoya à Éphèse pour faire venir les Anciens de cette Église. 18Lorsqu’ils furent réunis autour de lui, il leur dit : « Vous savez comment, depuis le premier jour que j’ai mis le pied en Asie, je me suis toujours comporté avec vous, 19servant le Seigneur en toute humilité, au milieu des larmes et des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs ;[171] 20comment je ne vous ai rien caché de ce qui vous était avantageux, ne manquant pas de prêcher et de vous instruire en public et dans les maisons particulières ; 21annonçant aux Juifs et aux Gentils le retour à Dieu par la pénitence et la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

22Et maintenant voici que, lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, sans savoir ce qui doit m’arriver ; 23si ce n’est que de ville en ville l’Esprit-Saint m’assure que des chaînes et des persécutions m’attendent. 24Mais je n’en tiens aucun compte, et je n’attache pour moi-même aucun prix à la vie, pourvu que je consomme ma course et que j’accomplisse le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.[172] 25Oui, je sais que vous ne verrez plus mon visage, ô vous tous parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu.

26C’est pourquoi je vous atteste aujourd’hui que je suis pur du sang de tous ; 27car je vous ai annoncé tout le dessein de Dieu, sans vous en rien cacher. 28Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. 29Moi, je sais en effet qu’après mon départ, il s’introduira parmi vous des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau. 30Et même il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des doctrines perverses pour entraîner les disciples après eux. 31Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous.

32Et maintenant je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, à celui qui peut achever l’édifice et vous donner l’héritage avec tous les sanctifiés.[173] 33Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni le vêtement de personne. 34Vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient avec moi. 35Je vous ai montré de toutes manières que c’est en travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles,[174] et se rappeler la parole du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. »

36Après avoir ainsi parlé, il se mit à genoux et pria avec eux tous. 37Ils fondaient tous en larmes, en se jetant au cou de Paul, ils le baisaient, 38affligés surtout de ce qu’il avait dit : « Vous ne verrez plus mon visage. » Et ils l’accompagnèrent jusqu’au navire.

4. De Milet à Jérusalem par Tyr et Césarée (xxi, 1-8a). À Césarée, Agabus annonce à S. Paul sa prochaine captivité (8b-14). Arrivée à Jérusalem (15-16).

Après nous être arrachés à leurs embrassements, nous mîmes à la voile et nous allâmes droit à Cos ; le lendemain nous atteignîmes Rhodes, puis Patare. 2Là, ayant trouvé un vaisseau qui faisait la traversée vers la Phénicie, nous y montâmes et partîmes. 3Arrivés en vue de Chypre, nous laissâmes l’île à gauche, nous dirigeant vers la Syrie, et nous abordâmes à Tyr, où le navire devait déposer sa cargaison. 4Nous trouvâmes les disciples, et nous restâmes là sept jours ; et ils disaient à Paul, par l’Esprit de Dieu, de ne point monter à Jérusalem. 5Mais au bout de sept jours, nous nous acheminâmes pour partir, et tous, avec leurs femmes et leurs enfants, nous accompagnèrent jusqu’en dehors de la ville. Nous nous mîmes à genoux sur le rivage pour prier ; 6puis, après nous être dit adieu, nous montâmes sur le vaisseau, tandis qu’ils retournèrent chez eux. 7Pour nous, achevant notre navigation, nous allâmes de Tyr à Ptolémaïs, et ayant salué les frères, nous passâmes un jour avec eux. 8Nous partîmes le lendemain et nous arrivâmes à Césarée.[175]

Étant entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, l’un des sept, nous logeâmes chez lui. 9Il avait quatre filles vierges, qui prophétisaient. 10Comme nous étions dans cette ville depuis quelques jours, il arriva de Judée un prophète nommé Agabus. 11Étant venu vers nous, il prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains et dit : « Voici ce que déclare l’Esprit-Saint : L’homme à qui appartient cette ceinture sera ainsi lié à Jérusalem par les Juifs et livré aux mains des Gentils. »[176] 12Ayant entendu ces paroles, nous et les fidèles de Césarée, nous conjurâmes Paul de ne point monter à Jérusalem. 13Alors il répondit : « Que faites-vous de pleurer ainsi et de me briser le cœur ? Pour moi, je suis prêt, non seulement à porter les chaînes, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. » 14Comme il restait inflexible, nous cessâmes nos instances, en disant : « Que la volonté du Seigneur se fasse ! »

15Après ces jours-là, ayant achevé nos préparatifs, nous montâmes à Jérusalem. 16Des disciples de Césarée vinrent aussi avec nous, emmenant un nommé Mnason, de l’île de Chypre, depuis longtemps disciple, chez qui nous devions loger.[177]

SECTION 2 [XXI, — XXVIII.]

La captivité de S. Paul à Césarée et à Rome.
A. — Arrestation de S. Paul à Jérusalem.

[XXI, 17 — XXIII, 35.]
1. Réception de l’Apôtre par les fidèles de Jérusalem (xxi, 17-19) ; il prend part à un naziréat (20-26). Emeute dans le temple et arrestation de l’Apôtre (27-40).

17À notre arrivée à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.[178] 18Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques, et tous les Anciens s’y réunirent. 19Après les avoir embrassés, il raconta en détail tout ce que Dieu avait fait parmi les Gentils par son ministère. 20Ce qu’ayant entendu, ils glorifièrent Dieu, et dirent à Paul : « Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs ont cru, et tous sont zélés pour la Loi. 21Or ils ont entendu dire de toi que tu enseignes aux Juifs dispersés parmi les Gentils de se séparer de Moïse, leur disant de ne pas circoncire leurs enfants et de ne pas se conformer aux coutumes. 22Que faire donc ? Sans aucun doute, on se rassemblera en foule, car on va savoir ton arrivée.[179] 23Fais donc ce que nous allons te dire. Nous avons ici quatre hommes qui ont fait un vœu ;[180] 24prends-les, purifie-toi avec eux, et fais pour eux les frais des sacrifices, afin qu’ils se rasent la tête. Ainsi tous sauront que les rapports faits sur ton compte sont sans valeur, et que toi aussi tu observes la Loi. 25Quant aux Gentils qui ont cru, nous leur avons écrit[181] après avoir décidé [qu’ils n’ont rien de pareil à observer, sauf] qu’ils doivent s’abstenir des viandes offertes aux idoles, du sang, des animaux étouffés et de la fornication. » 26Alors Paul prit avec lui ces hommes, et après s’être purifié, il entra le lendemain avec eux dans le temple, pour annoncer que les jours du naziréat étaient expirés, et il y vint jusqu’à ce que le sacrifice eût été offert pour chacun d’eux.

27Comme les sept jours touchaient à leur fin, les Juifs d’Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule et mirent la main sur lui, en criant : 28« Enfants d’Israël, au secours ! Voici l’homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la Loi et contre ce lieu ; il a même introduit des païens dans le temple[182] et a profané ce saint lieu. » 29Car ils avaient vu auparavant Trophime d’Éphèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l’avait fait entrer dans le temple. 30Aussitôt toute la ville fut en émoi, et le peuple accourut de toute part ; on se saisit de Paul et on l’entraîna hors du temple, dont les portes furent immédiatement fermées.

31Pendant qu’ils cherchaient à le tuer, la nouvelle arriva au tribun de la cohorte que tout Jérusalem était en confusion.[183] 32Il prit à l’instant des soldats et des centurions, et accourut à eux. À la vue du tribun et des soldats, ils cessèrent de frapper Paul. 33Alors le tribun s’approchant, se saisit de lui et le fit lier de deux chaînes ; puis il demanda qui il était et ce qu’il avait fait. 34Mais, dans cette foule, les uns criaient une chose, les autres une autre. Ne pouvant donc rien apprendre de certain, à cause du tumulte, il ordonna de l’emmener dans la forteresse. 35Lorsque Paul fut sur les degrés, il dut être porté par les soldats, à cause de la violence de la multitude. 36Car le peuple suivait en foule en criant : « Fais-le mourir. »

37Au moment d’être introduit dans la forteresse, Paul dit au tribun : « M’est-il permis de te dire quelque chose ? » — « Tu sais le grec ? répondit le tribun. 38Tu n’es donc pas l’Égyptien qui s’est révolté dernièrement et qui a emmené au désert quatre mille sicaires ? »[184] 39Paul lui dit : « Je suis Juif, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans renom. Je t’en prie, permets-moi de parler au peuple. » 40Le tribun le lui ayant permis, Paul debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple. Un profond silence s’établit, et Paul, s’exprimant en langue hébraïque, leur parla ainsi :

2. Chap. XXII, 1-29 : Discours de S. Paul à la multitude ameutée contre lui ; a) Son zèle pour le Judaïsme avant sa conversion (1-5). — b) Sa conversion (6-16). — c) Comment il reçut la mission d’annoncer l’Évangile aux Gentils (17-21). — Sur le point d’être battu de verges, il se déclare citoyen romain (22-29).

« Mes frères et mes pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense. » — 2Dès qu’ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils firent encore plus de silence. 3Et Paul dit : « Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j’ai été élevé dans cette ville et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la Loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui.[185] 4C’est moi qui ai persécuté cette secte jusqu’à la mort, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes : 5le grand-prêtre et tous les Anciens m’en sont témoins. Ayant même reçu d’eux des lettres pour les frères, je partis pour Damas afin d’amener enchaînés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là, et de les faire punir. 6Mais comme j’étais en chemin, et déjà près de Damas, tout à coup, vers midi, une vive lumière venant du ciel resplendit autour de moi.[186] 7Je tombai par terre, et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 8Je répondis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. 9Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait.[187] 10Alors je dis : Que dois-je faire, Seigneur ? Et le Seigneur me répondit : Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire. 11Et comme par suite de l’éclat de cette lumière je ne voyais plus, ceux qui étaient avec moi me prirent par la main, et j’arrivai à Damas. 12Or un homme pieux selon la Loi, nommé Ananie, et de qui tous les Juifs de la ville rendaient un bon témoignage, 13vint me voir, et s’étant approché de moi, me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Et au même instant je le vis. 14Il dit alors : Le Dieu de nos pères t’a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et entendre les paroles de sa bouche.[188] 15Car tu lui serviras de témoin, devant tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues. 16Et maintenant que tardes-tu ? Lève-toi, reçois le baptême et purifie-toi de tes péchés, en invoquant son nom. — 17De retour à Jérusalem, comme je priais dans le temple, il m’arriva d’être ravi en esprit,[189] 18et je vis le Seigneur qui me disait : Hâte-toi et sors au plus tôt de Jérusalem, parce qu’on n’y recevra pas le témoignage que tu rendras de moi. — 19Seigneur, répondis-je, ils savent eux-mêmes que je faisais mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en vous, 20et lorsqu’on répandit le sang d’Étienne, votre témoin, j’étais moi-même présent, joignant mon approbation à celle des autres et gardant les vêtements de ceux qui le lapidaient. 21Alors il me dit : Va, c’est aux nations lointaines que je veux t’envoyer. »

22Les Juifs l’avaient écouté jusqu’à ces mots ; ils élevèrent alors la voix, en disant : « Ote de la terre un pareil homme ; il n’est pas digne de vivre. » 23Et comme ils poussaient de grands cris, jetant leurs manteaux et lançant de la poussière en l’air,[190] 24le tribun ordonna de faire entrer Paul dans la forteresse et de lui donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. 25Déjà les soldats l’avaient lié avec les courroies,[191] lorsque Paul dit au centurion qui était là : « Vous est-il permis de flageller un citoyen romain, qui n’est pas même condamné ? » 26À ces mots, le centurion alla trouver le tribun pour l’avertir, et lui dit : « Que vas-tu faire ? Cet homme est citoyen romain. » 27Le tribun vint et dit à Paul : « Dis-moi, es-tu citoyen romain ? » « Oui, » répondit-il ; 28et le tribun repris : « Moi, j’ai acheté bien cher ce droit de cité. » — « Et moi, dit Paul, je l’ai par ma naissance. » 29Aussitôt ceux qui se disposaient à lui donner la question se retirèrent ; et le tribun aussi eut peur, quand il sut que Paul était citoyen romain et qu’il l’avait fait lier.

3. Paul devant le Sanhédrin (xxii, 30 — xxiii, 10). Jésus lui apparaît pour le réconforter (11). Complot des Juifs contre sa vie (12-15). Le neveu de l’Apôtre fait échouer le complot (16-22). Paul est transféré à Césarée (23-25).

30Le lendemain, voulant savoir exactement de quoi les Juifs l’accusaient, il lui fit ôter ses liens, et donna l’ordre aux princes des prêtres et à tout le Sanhédrin de se réunir ; puis, ayant fait descendre Paul, il le plaça au milieu d’eux.

Paul, les regards fixés sur le Sanhédrin, dit : « Mes frères, je me suis conduit devant Dieu jusqu’à ce jour dans toute la droiture d’une bonne conscience… » 2Le grand prêtre Ananie ordonna à ses satellites de le frapper sur la bouche.[192] 3Alors Paul lui dit : « Certainement, Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu sièges ici pour me juger selon la Loi, et, au mépris de la Loi, tu ordonnes qu’on me frappe ! » 4Les assistants dirent : « Tu outrages le grand-prêtre de Dieu ! »[193] 5Paul répondit : « Je ne savais pas, mes frères, qu’il fût grand-prêtre ; car il est écrit : Tu ne proféreras pas d’injure contre un chef de ton peuple. »[194]

6Paul, sachant qu’une partie de l’assemblée[195] était composée de Sadducéens et l’autre de Pharisiens, s’écria dans le Sanhédrin : « Mes frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens ; c’est à cause de l’espérance en la résurrection des morts que je suis mis en jugement. » 7Dès qu’il eut prononcé ces paroles, il s’éleva une discussion entre les Pharisiens et les Sadducéens, et l’assemblée se divisa. 8Car les Sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, ni d’ange et d’esprit, tandis que les Pharisiens affirment l’un et l’autre. 9Il y eut donc une bruyante agitation, et quelques Scribes du parti des Pharisiens, s’étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent : « Nous ne trouvons rien à reprendre en cet homme ; si un esprit ou un ange lui avait parlé ?… » 10Comme la discorde allait croissant, le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces par eux, ordonna à des soldats de descendre pour l’enlever du milieu d’eux et de le ramener dans la forteresse.

11La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit : « Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage dans Rome. »

12Dès que le jour parut, les Juifs ourdirent un complot et jurèrent avec des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire jusqu’à ce qu’ils eussent tué Paul. 13Il y en avait plus de quarante qui s’étaient engagés dans cette conjuration. 14Ils allèrent trouver le prince des prêtres et les Anciens et dirent : « Nous avons solennellement juré de ne prendre aucune nourriture que nous n’ayons tué Paul. 15Vous donc, maintenant, adressez-vous avec le Sanhédrin au tribun, pour qu’il l’amène devant vous, comme si vous vouliez examiner plus à fond sa cause ; et nous, nous sommes prêts à le tuer pendant le trajet. »

16Le fils de la sœur de Paul ayant eu connaissance du complot, accourut à la forteresse et en donna avis à Paul.[196] 17Celui-ci appela un des centurions et lui dit : « Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui révéler. » 18Le centurion, prenant le jeune homme avec lui, le mena au tribun et dit : « Le prisonnier Paul m’a prié de t’amener ce jeune homme qui a quelque chose à te dire. » 19Le tribun le prit par la main, et l’ayant tiré à part, il lui demanda : « Qu’as-tu à me communiquer ? » 20Il répondit : « Les Juifs sont convenus de te prier de faire demain comparaître Paul devant le Sanhédrin, sous le prétexte d’examiner plus à fond sa cause. 21Ne les écoute pas, car plus de quarante d’entre eux lui dressent des embûches, et se sont engagés, avec des imprécations contre eux-mêmes, à ne manger ni boire avant qu’ils ne l’aient tué. Ils sont tout prêts et n’attendent que ton ordre. » 22Le tribun renvoya ce jeune homme, après lui avoir recommandé de ne dire à personne qu’il lui avait fait ce rapport.

23Et ayant appelé deux centurions, il leur dit : « Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit,[197] deux cents soldats avec soixante-dix cavaliers et deux cents lanciers, pour aller jusqu’à Césarée. 24Préparez aussi des chevaux pour y faire monter Paul, afin de le conduire sain et sauf au gouverneur Félix. »[198] 25Il avait écrit une lettre ainsi conçue :

26« Claude Lysias, au très excellent gouverneur Félix, salut. 27Les Juifs s’étaient saisis de cet homme et allaient le tuer, lorsque je survins avec des soldats et l’arrachai de leurs mains, ayant appris qu’il était Romain.[199] 28Voulant savoir de quel crime ils l’accusaient, je le menai devant leur assemblée, 29et je trouvai qu’il était accusé au sujet de questions relatives à leur loi, mais n’avait commis aucun crime qui méritât la mort ou la prison. 30Informé que les Juifs lui dressaient des embûches, je te l’ai immédiatement envoyé, en faisant savoir à ses accusateurs qu’ils eussent à s’expliquer devant toi à son sujet. [Adieu.] »

31Les soldats ayant donc pris Paul, selon l’ordre qu’ils avaient reçu, le conduisirent pendant la nuit à Antipatris. 32Le lendemain, laissant les cavaliers poursuivre la route avec le prisonnier, ils retournèrent à la forteresse. 33Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur et lui présentèrent Paul. 34Le gouverneur, après avoir lu la lettre, demanda de quelle province était Paul, et apprenant qu’il était de Cilicie : 35« Je t’entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront venus. » Et il ordonna de le garder dans le prétoire d’Hérode.

B. — Captivité de 5. Paul à Césarée.

[XXIV — XXVI.]
1. Paul est accusé devant le gouverneur Félix (xxiv, 1-9). Son plaidoyer (10-21). Décision ajournée (22-23). Entretien de Paul avec Félix et Drusille (24-27).

Cinq jours après, arriva le grand prêtre Ananie, avec quelques Anciens et un certain rhéteur nommé Tertullus ;[200] ils portèrent plainte au gouverneur contre Paul. 2Celui-ci ayant été appelé, Tertullus se mit à l’accuser en ces termes : « Jouissant d’une paix profonde, grâce à toi, excellent Félix, et aux réformes que ta prévoyance a opérées en faveur de cette nation, 3nous les accueillons toujours et partout avec une entière reconnaissance. 4Mais, pour ne pas t’arrêter davantage, je te prie de nous écouter un moment avec ta bonté ordinaire. 5Nous avons trouvé cet homme : c’est une peste, un homme qui excite des troubles parmi les Juifs dans le monde entier, un chef de la secte des Nazaréens,[201] 6et qui même a tenté de profaner le temple ; aussi nous l’avons arrêté. [et nous voulions le juger selon notre loi. 7Mais le tribun Lysias étant survenu, l’a arraché violemment de nos mains, 8et il a ordonné que ses accusateurs vinssent devant toi]. Tu pourras toi-même,[202] en l’interrogeant, apprendre de sa bouche tout ce dont nous l’accusons. » 9Les Juifs se joignirent à cette accusation, soutenant que les choses étaient ainsi.

10Après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, Paul répondit :[203]

« C’est avec confiance que je prends la parole pour me justifier, car je sais que tu gouvernes cette nation depuis plusieurs années. 11Il n’y a pas plus de douze jours, tu peux t’en assurer, que je suis monté à Jérusalem pour adorer. 12Et l’on ne m’a pas vu dans le temple parler à quelqu’un, ni ameuter la foule, soit dans les synagogues, 13soit dans la ville ; et ils ne sauraient prouver ce dont ils m’accusent maintenant. 14Je te confesse que je sers le Dieu de nos pères selon la religion[204] qu’ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la Loi et les Prophètes, 15et ayant en Dieu cette espérance, comme ils l’ont eux-mêmes, qu’il y aura une résurrection des justes et des pécheurs. 16C’est pourquoi moi aussi je m’efforce d’avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. 17Je suis donc venu, après plusieurs années, pour faire des aumônes à mes compatriotes et pour présenter des oblations. 18C’est alors[205] que j’ai été trouvé dans le temple, après ma consécration, sans attroupement ni tumulte, 19par certains Juifs d’Asie ; c’était à eux de paraître devant toi comme accusateurs, s’ils avaient quelque chose à me reprocher. 20Ou bien que ceux-ci disent de quel crime ils m’ont trouvé coupable, lorsque j’ai comparu devant le Sanhédrin, 21à moins qu’on me fasse un crime de cette seule parole que j’ai dite à haute voix devant eux : C’est à cause de la résurrection des morts que je suis aujourd’hui mis en jugement devant vous. »

22Félix, qui connaissait bien cette religion les ajourna, en disant : « Quand le tribun Lysias sera venu je connaîtrai à fond votre affaire. »[206] 23Et il donna l’ordre au centurion de garder Paul, mais en lui laissant quelque liberté, et sans empêcher aucun des siens de lui rendre des services.

24Quelques jours après, Félix vint avec Drusille, sa femme, qui était juive. Ayant fait appeler Paul, il l’entendit sur la foi en Jésus-Christ. 25Mais Paul en étant venu à parler de justice, de tempérance et de jugement à venir, Félix effrayé dit : « Pour le moment, retire-toi ; je te rappellerai à la première occasion. » 26Il espérait en même temps que Paul lui donnerait de l’argent ; aussi le faisait-il venir assez fréquemment pour s’entretenir avec lui.

27Deux ans s’écoulèrent ainsi, et Félix eut pour successeur Porcius Festus ; et, dans le désir d’être agréable aux Juifs, il laissa Paul en prison.[207]

2. Paul au tribunal du gouverneur Festus : les Juifs réclament sa condamnation (xxv, 1-5). Paul en appelle à César (6-12). Festus le fait comparaître devant le roi Agrippa II (13-27). Discours de Paul devant Agrippa : court exorde (chap. xxvi, (1-3). — a) Comment l’Apôtre a vécu avant sa conversion (4-11). — b) Comment s’est opérée sa conversion (12-18). — c) Sa fidélité à remplir sa mission lui a attiré la haine des Juifs (19-23). Son innocence est reconnue par Agrippa (24-32).

Festus, étant donc arrivé dans sa province, monta trois jours après de Césarée à Jérusalem. 2Les chefs des prêtres et les principaux d’entre les Juifs vinrent lui porter plainte contre Paul. Avec beaucoup d’instances 3ils lui demandèrent comme une faveur, dans un but hostile à l’Apôtre, qu’il le fît transférer à Jérusalem ; ils préparaient un guet-apens pour le faire périr en route. 4Festus répondit que Paul était gardé à Césarée et que lui-même y retournerait sous peu. 5« Que ceux d’entre vous, ajouta-t-il, qui ont qualité pour cela, descendent avec moi, et s’il y a des charges contre cet homme, qu’ils l’accusent. »

6Après avoir seulement passé huit ou dix jours à Jérusalem, Festus descendit à Césarée. Le lendemain, ayant pris place sur son tribunal, il fit amener Paul. 7Quand on l’eut amené, les Juifs venus de Jérusalem l’entourèrent, en portant contre lui de nombreuses et graves accusations, qu’ils ne pouvaient prouver. 8Paul dit pour sa défense : « Je n’ai rien fait de répréhensible, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César. » 9Festus, qui voulait faire plaisir aux Juifs, dit à Paul : « Veux-tu monter à Jérusalem et y être jugé sur ces griefs en ma présence ? » 10Paul répondit : « Je suis devant le tribunal de César ; c’est là que je dois être jugé. Je n’ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais bien toi-même. 11Si j’ai commis quelque injustice ou quelque attentat qui mérite la mort, je ne refuse pas de mourir ; mais s’il n’y a rien de fondé dans leurs accusations, personne n’a le droit de me livrer à eux. J’en appelle à César. » 12Alors Festus, après en avoir conféré avec son conseil, répondit : « Tu en as appelé à César, tu iras à César. »

13Quelques jours après le roi Agrippa[208] et Bérénice arrivèrent à Césarée pour saluer Festus. 14Comme ils y passèrent plusieurs jours, Festus exposa au roi l’affaire de Paul, en disant : « Il y a ici un homme que Félix a laissé prisonnier. 15Lorsque j’étais à Jérusalem, les princes des prêtres et les Anciens des Juifs ont porté plainte contre lui, demandant sa condamnation. 16Je leur ai répondu que ce n’est pas la coutume des Romains de livrer un homme avant d’avoir confronté l’accusé avec ses accusateurs et de lui avoir donné les moyens de se justifier de ce dont on l’accuse. 17Ils sont donc venus ici, et, sans différer, j’ai pris place le lendemain sur mon tribunal, et j’ai ordonné de m’amener cet homme. 18Les accusateurs, s’étant présentés, ne lui imputèrent aucun des crimes que je supposais ; 19mais ils eurent avec lui des controverses ayant trait à leur religion particulière et à un certain Jésus, qui est mort et que Paul affirmait être vivant. 20Comme j’étais embarrassé pour faire une enquête sur ces matières, je lui demandai s’il voulait aller à Jérusalem et y être jugé sur ces accusations. 21Mais Paul en ayant appelé, pour que sa cause fût réservée à la connaissance de l’empereur, j’ai ordonné de le garder jusqu’à ce que je l’envoie à César. » 22Agrippa dit à Festus : « J’aurais voulu, moi aussi, entendre cet homme. » — « Demain, répondit Festus, tu l’entendras. »

23Le lendemain, Agrippa et Bérénice vinrent en grand faste. Quand ils furent dans la salle d’audience avec les tribuns et les principaux personnages de la ville, Paul fut amené par l’ordre de Festus.

24Et Festus dit : « Roi Agrippa, et vous tous qui êtes présents avec nous, vous avez devant vous l’homme au sujet duquel les Juifs sont venus en foule me parler soit à Jérusalem, soit ici, en criant qu’il ne fallait plus le laisser vivre. 25Pour moi, ayant reconnu qu’il n’a rien fait qui mérite la mort, et lui-même en ayant appelé à l’empereur, j’ai résolu de le lui envoyer. 26Comme je n’ai rien de précis à écrire à l’empereur sur son compte, je l’ai fait comparaître devant vous, et surtout devant toi, roi Agrippa, afin qu’après cette audience je puisse rédiger mon rapport. 27Car il me paraît déraisonnable d’envoyer un prisonnier, sans indiquer en même temps de quoi on l’accuse. »

Agrippa dit à Paul : « Tu as la parole pour ta défense. » Alors Paul, étendant la main, se justifia en ces termes : 2« Je m’estime heureux, roi Agrippa, d’avoir aujourd’hui à me justifier devant toi de toutes les accusations portées contre moi par les Juifs ; 3car tu connais mieux que personne leurs coutumes et leurs controverses. Je te prie donc de m’écouter avec patience.

4Ma vie, dès les premiers temps de ma jeunesse, est connue de tous les Juifs, puisqu’elle s’est passée à Jérusalem, au milieu de ma nation. 5Me connaissant ainsi depuis longtemps, ils savent, s’ils veulent en rendre témoignage, que j’ai vécu en pharisien selon la secte la plus austère de notre religion.[209] 6Et maintenant je suis mis en jugement parce que j’espère en la promesse que Dieu a faite à nos pères, 7promesse dont nos douze tribus, en servant Dieu sans relâche, nuit et jour, attendent la réalisation. C’est pour cette espérance, ô roi, que les Juifs m’accusent ! 8Vous semble-t-il donc incroyable que Dieu ressuscite les morts ?

9Moi aussi j’avais cru que je devais m’opposer de toutes mes forces au nom de Jésus de Nazareth. 10C’est ce que j’ai fait à Jérusalem ; j’ai fait enfermer dans les prisons un grand nombre de saints, en ayant reçu le pouvoir des princes des prêtres ; et quand on les mettait à mort, j’y donnais mon suffrage.[210] 11Souvent, parcourant toutes les synagogues et sévissant contre eux, je les ai forcés de blasphémer ; et ma fureur allant toujours croissant, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères.

12Comme j’allais ainsi à Damas, avec de pleins pouvoirs et un mandat des chefs des prêtres,[211] 13vers le milieu du jour, je vis sur le chemin, ô roi, une lumière venant du ciel, plus éclatante que celle du soleil, resplendir autour de moi et de mes compagnons. 14Nous tombâmes tous par terre, et j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il te serait dur de regimber contre l’aiguillon. — 15Qui êtes-vous, Seigneur ? m’écriai-je. Et le Seigneur dit : Je suis Jésus, que tu persécutes. 16Mais relève-toi, et tiens-toi ferme sur tes pieds, car je t’ai apparu, afin de te constituer ministre et témoin des choses que tu as vues et de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai encore.[212] 17Je t’ai tiré du milieu de ce peuple et des Gentils auxquels maintenant je t’envoie, 18pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils passent des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, et qu’ainsi, par la foi en moi, ils reçoivent la rémission des péchés et l’héritage avec les sanctifiés.[213]

19Je n’ai donc pas résisté, roi Agrippa, à la vision céleste ; 20mais d’abord j’ai prêché, à ceux de Damas, puis à Jérusalem, et dans toute la Judée, et parmi les Gentils, le repentir et la conversion à Dieu, par la pratique d’œuvres dignes de la pénitence. 21Voilà pourquoi les Juifs se sont saisis de moi dans le temple et ont essayé de me faire périr. 22C’est donc grâce au secours de Dieu que je suis resté debout jusqu’à ce jour, rendant témoignage devant les petits et les grands, sans dire autre chose que ce que Moïse et les prophètes ont prédit, 23savoir, que le Christ devait souffrir,[214] et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait

la lumière au peuple et aux Gentils… »

24Comme il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit à haute voix : « Tu déraisonnes, Paul ; ton grand savoir égare ton esprit. » 25« Je ne déraisonne pas, très excellent Festus, répondit Paul ; je parle le langage de la vérité et de la sagesse. 26Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement, persuadé qu’il n’en ignore aucune ; car rien de tout cela ne s’est passé dans un coin.[215] 27Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ? Je sais que tu y crois. » 28Agrippa dit à Paul : « Peu s’en faut que tu ne me persuades de devenir chrétien. » — 29« Qu’il s’en faille de peu ou de beaucoup, repartit Paul, plût à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent en ce moment, vous fussiez tels que je suis, à l’exception de ces chaînes ! »

30Alors le roi se leva, et avec lui le gouverneur, Bérénice et toute leur suite. 31S’étant retirés, ils se disaient les uns aux autres : « Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison. » 32Et Agrippa dit à Festus : « On pourrait le relâcher, s’il n’en avait pas appelé à César. »[216]

C. — S. Paul est envoyé à Rome.

[XXVII — XXVIII, 11.]
1. De Césarée à l’île de Crète par Sidon, Myre et Bons-Ports (1-12). Tempête (13-26). Échouage (27-44).

Lorsqu’il eut été décidé que nous irions par mer en Italie, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion nommé Julius, de la cohorte Augusta.[217] 2Nous montâmes sur un vaisseau d’Adramytte qui devait longer les côtes de l’Asie, et nous levâmes l’ancre, ayant avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique.

3Le jour suivant, nous abordâmes à Sidon ; et Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui permit d’aller chez ses amis et de recevoir leurs soins. 4Étant partis de là, nous côtoyâmes l’île de Chypre, parce que les vents étaient contraires. 5Après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous arrivâmes à Myre, en Lycie.[218] 6Le centurion y ayant trouvé un navire d’Alexandrie qui faisait voile pour l’Italie, il nous y fit monter.

7Pendant plusieurs jours nous navigâmes lentement, et ce ne fut pas sans difficulté que nous arrivâmes à la hauteur de Cnide, où le vent ne nous permit pas d’aborder. Nous passâmes au-dessous de l’île de Crète, du côté de Salmoné, 8et longeant la côte avec peine, nous arrivâmes à un lieu nommé Bons-Ports, près duquel était la ville de Laséa.[219]

9Un temps assez long s’était écoulé et la navigation devenait dangereuse, car l’époque du jeûne était déjà passée. Paul fit des représentations à l’équipage :[220]

10« Mes amis, leur dit-il, je vois que la navigation ne pourra se faire sans danger et sans de graves dommages, non seulement pour la cargaison et le navire, mais encore pour nos personnes. » 11Mais le centurion avait plus de confiance en ce que disait le pilote et le patron du navire, que dans les paroles de Paul. 12Et comme le port n’était pas bon pour hiverner, la plupart furent d’avis de reprendre la mer et de tâcher d’atteindre, pour y passer l’hiver, Phénice, port de Crète qui regarde l’Africus et le Corus.

13Un léger vent du sud vint à souffler ; se croyant maîtres d’exécuter leur dessein, ils levèrent l’ancre et rasèrent plus près les côtes de Crète.[221] 14Mais bientôt un vent impétueux, nommé Euraquilon,[222] se déchaîna sur l’île. 15Le navire fut entraîné, sans pouvoir lutter contre l’ouragan,[223] et nous nous laissâmes aller à la dérive. 16Nous passâmes rapidement au-dessous d’une petite île, nommée Cauda, et nous eûmes beaucoup de peine à remonter la chaloupe. 17Quand on l’eut hissée, les matelots, ayant recours à tous les moyens de salut, ceintrèrent[224] le navire, et dans la crainte d’échouer sur la Syrte, ils abattirent la voilure et se laissèrent aller. 18Comme nous étions violemment battus par la tempête, on jeta le lendemain la cargaison à la mer, 19et le jour suivant nous y lançâmes de nos propres mains les agrès du navire. 20Pendant plusieurs jours, ni le soleil ni les étoiles ne se montrèrent, et la tempête continuait de sévir avec violence : tout espoir de salut s’était évanoui.

21Depuis longtemps personne n’avait mangé. Paul, se levant alors au milieu d’eux, leur dit : « Vous auriez dû m’écouter, mes amis, ne point partir de Crète, et vous épargner ce péril et ce dommage. 22Cependant je vous exhorte à prendre courage, car aucun de vous ne perdra la vie ; le vaisseau seul sera perdu. 23Cette nuit même un ange de Dieu à qui j’appartiens et que je sers, m’est apparu, 24et m’a dit : Paul, ne crains point ; il faut que tu comparaisses devant César, et voici que Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi. 25Courage donc, mes amis ; car j’ai confiance en Dieu qu’il en sera comme il m’a été dit. 26Nous devons échouer sur une île. »

27La quatorzième nuit, comme nous étions ballottés dans l’Adriatique, les matelots soupçonnèrent, vers le milieu de la nuit, qu’on approchait de quelque terre. 28Jetant aussitôt la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; un peu plus loin, il la jetèrent de nouveau, et en trouvèrent quinze. 29Dans la crainte de heurter contre des récifs, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, et attendirent le jour avec impatience. 30Mais comme les matelots cherchaient à s’échapper du navire, et que déjà, sous prétexte d’aller jeter des ancres du côté de la proue, ils avaient mis la chaloupe à flot, 31Paul dit au centurion et aux soldats : « Si ces hommes ne restent pas dans le navire, vous êtes tous perdus. » 32Alors les soldats coupèrent les amarres de la chaloupe, et la laissèrent tomber.

33En attendant le jour, Paul exhorta tout le monde à prendre de la nourriture : « Voici, leur dit-il, le quatorzième jour que, remplis d’anxiété, vous restez à jeun sans rien prendre. 34Je vous engage donc à manger, car cela importe à votre salut ; aucun de vous ne perdra un cheveu de sa tête. » 35Ayant ainsi parlé, il prit du pain, et après avoir rendu grâces à Dieu devant tous, il le rompit et se mit à manger. 36Et tous, reprenant courage, mangèrent aussi. 37Nous étions en tout, sur le bâtiment, deux cent soixante-seize personnes. 38Quand ils eurent mangés suffisamment, ils allégèrent le navire en jetant les provisions à la mer.

39Le jour étant venu, ils ne reconnurent pas la côte ; mais ayant aperçu une baie qui avait une plage de sable, ils résolurent de faire échouer le navire, s’ils le pouvaient. 40On coupa donc les amarres des ancres, qu’on abandonna à la mer ; on lâcha en même temps les attaches des gouvernails, on mit au vent la voile d’artimon[225] et on se dirigea vers la plage. 41Mais ayant touché sur une langue de terre, ils y échouèrent ; la proue s’enfonça et resta immobile, tandis que la poupe se disloquait sous la violence des vagues.

42Les soldats furent d’avis de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’entre eux ne s’échappât à la nage. 43Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les empêcha d’exécuter leur dessein. Il ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter à l’eau les premiers et de gagner la terre, 44et aux autres de se mettre sur des planches ou sur des débris du vaisseau. Et ainsi tous atteignirent le rivage sains et saufs.

2. Paul à Malte (xxviii (1-10). Excellent accueil des habitants (1-4). Épisode de la vipère (5-6). — Prodiges opérés par l’Apôtre (7-10).

Une fois sauvés, nous reconnûmes que l’île s’appelait Malte. Les barbares nous traitèrent avec une bienveillance peu commune ;[226] 2ils nous recueillirent tous autour d’un grand feu qu’ils avaient allumé, à cause de la pluie qui était survenue, et du froid. 3Paul ayant ramassé quelques broussailles et les ayant jetées dans le brasier, une vipère, que la chaleur en fit sortir, s’attacha à sa main. 4En voyant ce reptile qui pendait à sa main, les barbares se dirent les uns aux autres : « Sans aucun doute, cet homme est un meurtrier ; car, après qu’il a été sauvé de la mer, la Justice divine n’a pas voulu le laisser vivre. » 5Lui, cependant, secoua la vipère dans le feu et n’en ressentit aucun mal. 6Les barbares s’attendaient à le voir enfler ou tomber mort subitement. Mais après avoir longtemps attendu, voyant qu’il ne lui arrivait aucun mal, ils changèrent de sentiment, et dirent : C’est un dieu.

7Il y avait, dans le voisinage, des terres appartenant au premier personnage de l’île, nommé Publius ; qui nous reçut et nous donna pendant trois jours l’hospitalité la plus amicale. 8Le père de Publius était alors au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie. Paul alla le visiter, et après avoir prié, il lui imposa les mains et le guérit. 9Sur quoi tous les autres malades de l’île vinrent le trouver, et ils furent guéris. 10On nous rendit de grands honneurs à notre départ, et on nous pourvut de ce dont nous avions besoin.

3. De Malte à Rome par Syracuse, Reggio, Pouzzoles, les Trois Tavernes (11-15).

11Après un séjour de trois mois, nous nous embarquâmes sur un vaisseau d’Alexandrie qui avait passé l’hiver dans l’île ; il portait pour enseigne les Dioscures.[227] 12Ayant abordé à Syracuse, nous y restâmes trois jours. 13De là, en suivant la côte, nous atteignîmes Reggio, et le lendemain, le vent soufflant du sud, nous arrivâmes en deux jours à Pouzzoles ; 14nous y trouvâmes des frères qui nous prièrent de passer sept jours avec eux ; ensuite nous partîmes pour Rome. 15Ayant entendu parler de notre arrivée, les frères de cette ville vinrent au-devant de nous jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois-Tavernes. Paul, en les voyant, rendit grâces à Dieu et fut rempli de confiance.

4. Captivité à Rome : Deux entrevues avec les principaux d’entre les Juifs (16-29). — Durant deux ans S. Paul peut, quoique prisonnier, exercer son ministère apostolique (30-31).

16Quand nous fûmes arrivés à Rome, on permit à Paul de demeurer en son particulier avec un soldat qui le gardait.[228]

17Trois jours après, Paul fit appeler les principaux d’entre les Juifs, et quand ils furent venus, il leur dit : « Mes frères, sans avoir rien fait ni contre le peuple, ni contre les coutumes de nos pères, je suis prisonnier, et, depuis Jérusalem, livré au pouvoir des Romains. 18Après m’avoir interrogé, ils voulaient me relâcher, parce qu’il n’y avait rien en moi qui méritât la mort. 19Mais les Juifs s’y opposèrent, et je me suis vu forcé d’en appeler à César, non certes que j’aie aucun dessein d’accuser ma nation. 20Voilà pourquoi j’ai demandé à vous voir et à vous parler ; car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je porte cette chaîne. » 21Ils lui répondirent : « Nous n’avons reçu de Judée aucune lettre à ton sujet, et aucun des frères qui en sont revenus n’a rien rapporté ou dit de défavorable à ton égard. 22Mais nous voudrions entendre de ta bouche ce que tu penses ; car, pour ce qui est de cette secte, nous savons qu’elle rencontre partout de l’opposition. »

23Ayant pris jour avec lui, ils vinrent en plus grand nombre le trouver où il logeait. Paul leur exposa, dans un langage pressant, le royaume de Dieu, cherchant à les persuader, par la loi de Moïse et les Prophètes, de ce qui concerne Jésus. L’entretien dura depuis le matin jusqu’au soir. 24Les uns furent convaincus par ce qu’il disait, mais les autres ne crurent point. 25Comme ils se retiraient en désaccord, Paul n’ajouta que ces mots : « Elle est bien vraie cette parole que le Saint-Esprit a dite à vos pères par le prophète Isaïe :[229] 26Va vers ce peuple, et dis-leur : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. 27Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; ils ont endurci leurs oreilles et ils ont fermé leurs yeux, de peur de voir de leurs yeux, d’entendre de leurs oreilles, de comprendre avec leur cœur, de se convertir et de recevoir de moi le salut. — 28Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux Gentils ; pour eux, ils le recevront avec docilité. »

29[Lorsqu’il eut ainsi parlé, les Juifs s’en allèrent, en discutant vivement entre eux.][230]

30Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le visiter, 31prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui regarde le Seigneur Jésus-Christ, en toute liberté et sans empêchement.

  1. I, 1. Premier livre, le troisième Évangile.
  2. 3. Leur en donnant des preuves nombreuses. Voy. Matth. xxviii, 16 sv. ; Marc, xvi, 14-18 ; Luc, xxiv, 34-36 ; Jean, xx, 19 sv. ; xxi, 1 sv. ; Act. i, 4 sv. ; ii, 32 ; etc. ; I Cor. xv, 4-8.
  3. 4. Un jour, après les 40 jours du verset 3. La réunion a pu avoir lieu d’abord au cénacle, où il était naturel de trouver les disciples assemblés, puis verset 6, ils se seraient rendus sur le mont des Oliviers. Quelques manuscrits ont συναλιζόμενος, d’autres συναλισκόμενος ; mais les plus nombreux et les meilleurs συναλιζόμενος qui ne signifie pas les rassemblant, car ce verbe n’est pas au moyen, mais ou bien se trouvant au milieu d’eux, ou avec la Vulgate, convescens. (S. Jean Chrysostome).
  4. 6. Le temps est-il venu… litt. Si en ce temps vous rétablirez… Interrogation de tournure hébraïque, forme abrégée de : Dites-nous si. Comp. vii, 1 ; xxi, 37 ; etc.
  5. 10. Deux hommes, deux anges sous une forme humaine, comme après la résurrection. Voy. Marc, xvi, 5 ; Jean, xx, 12 sv.
  6. 12. Un peu plus d’un kilomètre.
  7. 13. Ils montèrent dans le cénacle, prop. la chambre haute, la pièce principale dans les maisons juives. L’article (τὸ ὑπερῷον) suppose un cénacle connu, probablement celui où Jésus fit la dernière cène avec ses Apôtres.
  8. 16. Il fallait. Vulg., il faut (comp. vers. 21).
  9. 18. Matth. xxvii, 6. Les versets 18 et 19 semblent une parenthèse de l’historien.
  10. 20. Sa demeure, sa place dans le collège apostolique. Dans la Vulgate, comme dans le Psaume lxix (héb.), 26, d’où ce passage est tiré, il y a leur demeure. — Sa charge, son office d’apôtre (Ps. cix (héb.) 8).
  11. 25. En son lieu propre : Expression usitée pour dire : aller après la mort dans un lieu de bonheur ou de malheur, selon la conduite qu’on a tenue ici-bas.
  12. 26. On tira leurs noms au sort : plus littéralement : on apporta des sorts pour eux.
  13. II, 4. Marc, xvi, 17 ; I Cor. xiv, 2.
  14. 9. Le mot Judée ne convient guère au milieu d’une énumération d’étrangers à la Terre Sainte. Puis après les quatre premiers pays unis entre eux, l’énumération procède ensuite de l’est à l’ouest, en unissant deux par deux les provinces plus voisines. S. Jérôme a lu le mot Syrie qui convient mieux.
  15. 11. Prosélytes, étrangers qui avaient adopté les croyances, le culte et une partie au moins des pratiques israélites.
  16. 16. Joël (ch. ii, 28-32 dans la Vulg.) chap. iii, 1-5 dans l’héb., est cité de mémoire, exactement quant au sens.
  17. 17. De mon Esprit ; en hébreu : mon Esprit.
  18. 18. En hébr. : Et même, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit sur l’esclave et sa compagne.
  19. 20. Glorieux. Le texte hébreu a : terrible.
  20. 24. Ces mots sont une réminiscence du Ps. xviii (héb.), 5. Mais au lieu de douleurs le texte hébreu a liens, lacets de la mort. Il est probable que S. Pierre, s’exprimant en araméen, a employé la métaphore hébraïque, liens ou lacets, dont les termes s’accordent bien entre eux et dont le sens n’offre aucune difficulté. S. Luc, écrivant en grec, s’est conformé à la version des Septante, ὠδῖνας, douleurs. Cette expression, d’ailleurs, bien que moins claire, ne change rien au sens.
  21. 25. Ps. xvi (héb.), 8-11.
  22. 27. Le séjour des morts : le schéol des Hébreux, le Ἅδης des Septante.
  23. 29. I Rois, ii, 10 ; Néh. iii, 16 ; Josèphe, Ant. vii, 15, 3 ; xiii, 8, 4 ; xvi, 7, 1.
  24. 30. Voy. II Sam. vii, 12-16 ; Ps. lxxxix (héb.), 45 ; cxxxii (héb.), 11.
  25. 31. Que son âme ne serait pas laissée : littér. qu’elle n’a pas été laissée, passé prophétique.
  26. 33. Par la droite, par la toute puissance, comp. v, 31 ; Phil. ii, 9.
  27. 34. Ps. cx (héb.) ; I Cor. xv, 24-26 ; Hébr. i, 8.
  28. 39. La promesse de Joël, promesse dont il a été question plus haut, vers. 17-21.
  29. 42. Au lieu de fraction du pain, la version syriaque emploie le nom même d’Eucharistie.
  30. 43. Après les Apôtres, la Vulgate et quelques manuscrits ajoutent : dans Jérusalem, et tous étaient remplis de frayeur.
  31. 44. Tous ceux qui croyaient vivaient ensemble. En grec, ⸂ἦσαν ἐπὶ τὸ αὐτὸ, dans le même (lieu). — Tout en commun : cette communauté de biens n’exista que dans l’Église naissante de Jérusalem, et encore n’était-elle pas aussi absolue que ces mots semblent l’indiquer (Act. iv, 32). Une telle association séparait davantage les fidèles des Juifs non convertis ; mais aussi elle mit cette église dans la nécessité pour subsister de recourir aux aumônes des autres églises.
  32. 46. Plusieurs interprètes pensent que dans ce verset l’expression rompre le pain, tout à fait générale en cet endroit, (en effet le mot ἄρτον pain, n’est pas précédé de l’article), doit s’entendre, non de la sainte Eucharistie, mais d’un repas ordinaire.
  33. 47. Le texte reçu après καθ’ ἡμέραν ajoute τη εκκλησια. Mais les meilleurs mss., comme le Vaticanus, l’Alexandrinus, le Sinaïticus etc. et la Vulgate n’ont pas cette addition. Σωζομενους (voy. vers. 40) marque ceux qui par le fait de leur séparation d’avec les juifs incrédules, et leur entrée dans la société chrétienne, se trouvaient dans le chemin du salut.
  34. III, 1. Les heures destinées chez les Juifs à la prière publique étaient la troisième, la sixième et la neuvième (9 h. du matin, midi, 3 h. après-midi). C’est à la neuvième heure qu’on offrait le sacrifice du soir (Voy. Exod. xxix, 38 ; Nombr. xxviii, 3 ; Josèphe, Ant. xiv, 4, 3).
  35. 2. La porte orientale s’appelait Porte de Nicanor ; on la surnommait la Belle, sans doute à cause des ornements d’or et d’airain qui la décoraient.
  36. 11. Jean, x, 23.
  37. 13. Allusion au Serviteur de Yahweh dont parle Isaïe (lii, liii), qui désigne ainsi le Messie. Comp. iv, 27, 30.
  38. 15. Surtout de la vie surnaturelle dont l’auteur et le dispensateur est le Messie que les Juifs ont fait mourir. Comp. Jean, i, 4 ; x, 10 ; xiv, 6.
  39. 16. I Pier. i, 21.
  40. 20-21. De la part du Seigneur ; litt. de devant la face du Seigneur. — Destiné, préparé d’avance ; Vulgate, annoncé.
  41. 22. Moise a dit : Deut. xviii, 15-19. Cette parole de Moïse s’est vérifiée d’abord dans toute la série des Prophètes, mais elle s’est ensuite réalisée éminemment dans le Messie, médiateur par excellence entre le ciel et la terre, auteur de la nouvelle alliance et du rétablissement de toutes choses.
  42. 26. La mission du Sauveur fut en effet de ramener d’abord à Dieu les enfants d’Israël (Comp. Is. xlix, 5 ; Matth. xv, 24 ; Act. ii, 39 ; xiii, 46 ; Rom. i, 16, et surtout Rom. xi. — Lorsque chacun de vous se détournera… Une conversion sincère qui corresponde aux premières faveurs de Dieu est une condition indispensable pour avoir part à de plus amples bénédictions et être admis dans le royaume du Sauveur. Au lieu d’exprimer cette condition, la Vulgate marque le but de la venue du Sauveur : afin que chacun se détourne.
  43. IV, 1. Le capitaine du temple : haut fonctionnaire plus spécialement chargé d’assurer l’ordre dans l’enceinte sacrée. Il avait aussi pour fonction de diriger les veilles des lévites (voy. I Par. ix, 11 ; II Par. xxxv, 8).
  44. 4. On entend que les chrétiens, au nombre de trois mille (hommes et femmes) après la première prédication, sont devenus cinq mille (hommes seulement) après la deuxième. En effet S. Luc dit : ἐγενήθη ⸀ὁ ἀριθμὸς, « le nombre devint », s’éleva à cinq mille ; or, au chap. ii, vers. 41, il avait dit : « προσετέθησαν… ψυχαὶ ὡσεὶ τρισχίλιαι » « trois mille personnes s’adjoignirent » aux disciples.
  45. 25. Par l’Esprit-Saint. Ces mots ne se trouvent pas dans un grand nombre de cursifs. Ils sont omis également par S. Chrysostome, Œcumenius, Théoph., etc. — Pourquoi les nations ont-elles frémi ? début du Ps. ii.
  46. 27. Allusion au mot du Ps. ii, v, 2, qui vient d’être cité « et contre son Christ », en hébreu : « et contre son oint. » — Les Gentils, les soldats étrangers et païens, la cohorte romaine. — Et les peuples d’Israël. Ce pluriel assez étrange provient de l’application littérale que l’on veut faire aux circonstances présentes du texte davidique, et spécialement des paroles « Pourquoi… les peuples ont-ils formé de vains complots ? (v. 25b), »
  47. 30. Votre saint serviteur, comme au verset 27 : comp. iii, 13. Vulgate, votre saint Fils, Jésus. παῖς signifiant serviteur et enfant, la Vulgate a traduit tantôt enfant, fils (iii, 13 ; iv, 30), tantôt serviteur (iv, 27).
  48. 36-37. Fils de consolation, ou d’exhortation, c’est-à-dire, suivant un hébraïsme très fréquent, celui qui s’entend bien à exhorter, ou à consoler.
  49. V, 3. Ananie avait vu les effets merveilleux opérés par le Saint-Esprit dans les Apôtres. Essayer de les tromper, c’était vouloir tromper le Saint-Esprit lui-même, dont ils étaient les organes. Mais en quoi consista la faute d’Ananie ? D’après le verset 4, Ananie était libre, semble-t-il, de garder au moins une partie du prix de son champ ; sa faute fut donc de mentir en disant qu’il offrait le prix total alors qu’en réalité il en conservait une partie. Il voulait ainsi, par un mensonge, s’assurer la gloire d’un sacrifice complet.
  50. 9. Tenter l’Esprit-Saint, le mettre à l’épreuve, ici dans sa science et sa justice infinies.
  51. 11. L’Église : c’est la première fois que ce mot paraît dans les Actes avec la signification de société de tous les fidèles.
  52. 15. L’ombre de S. Pierre guérissait les malades, en vertu d’un de ces dons spirituels ou charismes énumérés par S, Paul (I Cor. xii, 1 sv.).
  53. 33. Exaspérés, litt. : sciés de part en part (διεπρίοντο), c’est-à-dire l’âme toute déchirée de rage.
  54. 34. Un pharisien nommé Gamaliel : probablement le célèbre Gamaliel, petit-fils de Hillel, et le maître de S. Paul (Act. xxii, 3).
  55. 36. Ce Théodas ou Theudas est peut-être le même que Mathias ben Margalot qui provoqua, vers la fin du règne d’Hérode, un soulèvement contre la domination romaine (Josèphe, Antiq. xvii, 6, 2 ; Guerre des Juifs, i, 23, 2). La différence des noms n’est qu’apparente. Théodas contracté de Théodoros, c’est-à-dire don de Dieu, est la traduction grecque de l’hébreu Matthias. À cette époque bien des Juifs portaient un double nom, l’un hébreu, l’autre grec ou romain, celui-ci n’était souvent que la traduction de celui-là.
  56. 37. À l’époque du recensement, fait sous Auguste par Quirinius, gouverneur de Syrie pour la seconde fois. Ce recensement qui eut lieu l’an 6 ou 7 de notre ère, après la destitution d’Archélaus et l’incorporation de la Judée à l’empire romain fut le signal de la révolte de Judas le Galiléen, et l’occasion de la guerre qui en résulta. (Voy. Josèphe, Antiq. xviii, 1, 1 ; 1, 6 ; xx, 5, 2 ; Guerre des Juifs, ii, 8, 1).
  57. VI, 1. Parmi les Juifs convertis, les uns étaient des Juifs, Palestiniens de naissance et de mœurs, parlant l’idiome national qui était alors l’araméen, les autres étaient issus de familles émigrées depuis longtemps en Asie-Mineure, en Égypte, dans toutes les colonies grecques de l’Orient ; leur langue était le grec. Les premiers sont appelés ici Hébreux, les seconds Hellénistes. Parmi ces derniers un certain nombre avaient quitté leur patrie d’adoption et étaient venus s’établir à Jérusalem.
  58. 2. Pour servir aux tables, pour nous occuper directement des soins matériels, de la nourriture elle-même, à donner aux pauvres, aux veuves, etc.
  59. 6. I Tim. iii, 8-9.
  60. 9. La synagogue dite des affranchis : les Juifs emmenés à Rome comme esclaves, par Pompée, l’an 63 avant J.-C., furent mis plus tard en liberté ; quelques-uns revinrent à Jérusalem où ils eurent une synagogue particulière.
  61. 14. Ce lieu, c.‑à-d. le temple, qu’ils désignaient du geste.
  62. VII, 2. Étienne se justifie successivement d’avoir blasphémé contre Dieu (vers. 2-16) ; contre Moïse et contre la Loi (vers. 17-43) ; contre le temple (vers. 44-55).
  63. 6. Quatre cents ans, chiffre rond, qui s’explique bien dans un oracle. Voy. Gal. iii, 17.
  64. 14. Soixante-quinze personnes. Soixante-dix seulement, d’après le texte hébreu de la Genèse, xlvi, 27b, et la traduction de la Vulg. Mais les LXX ont le chiffre de soixante-quinze.
  65. 16. Les mots « ils furent transportés » doivent s’entendre des douze patriarches, fils de Jacob, mais non de Jacob lui-même qui fut enseveli à Hébron. — À Sichem, c’est la leçon de plusieurs anciens manuscrits. Les éditions critiques modernes la reproduisent. D’autres manuscrits ont : τοῦ Συχὲμ, qui peut se traduire Père de Sichem, ou bien avec la Vulgate : Fils de Sichem.
  66. 20. Beau aux yeux de Dieu, c.‑à-d. très beau ; litt., si beau, qu’il paraissait tel aux yeux de Dieu même. Comp. Gen. x, 9 ; Jon. iii, 3.
  67. 30. Un ange, le Seigneur lui-même (versets 31, 33). Comp. Exod. iii, 4.
  68. 37. Un prophète : allusion au Messie. Voy. Deut. xviii, 15. Comp. Act. iii, 22.
  69. 38. Au désert, au pied du Sinaï, pour la promulgation de la Loi.
  70. 42-43. S. Étienne cite Amos d’après les LXX.
  71. 42. L’armée du ciel, les astres : soleil, lune, étoiles.
  72. 43. Vous avez porté la tente de Moloch, petite tente renfermant l’image de ce dieu des Ammonites, et que l’on portait dans les expéditions. — Raiphan, Vulgate : Rempham, corruption de Ῥαιφάν, nom de Saturne ; en assyrien, Kaaiwanu. En hébreu, Kioun, Amos, v, 26. ponctuation fautive des massorètes pour Kévan (arabe Keiwan).
  73. 44. Le tabernacle du témoignage, le ’ôhel mô’éd du texte hébreu (Exod. xxvii, 21) que les LXX ont traduit par σκηνῇ τοῦ μαρτυρίου.
  74. 47. I Rois, vi, 1-38.
  75. 49-50. Texte d’Isaïe cité d’après les LXX.
  76. 53. En considération des anges (εἰς διαταγὰς ἀγγέλων) c’est-à-dire par égard à l’autorité des anges qui vous ont apporté et imposé la Loi. Selon une tradition juive (Josèphe, Ant. xv, 5, 3) dont la première origine semble retracée Deut. xxxiii, 2 (LXX), ce sont les Anges qui auraient apporté la Loi à Moïse (Comp. Gal. iii, 19).
  77. 56. Le Fils de l’homme. Nom messianique qui paraît pour la première fois dans la vision de Daniel, vii, 13 ; Notre-Seigneur se l’est souvent appliqué à lui-même. Les écrivains sacrés du N. T. ne s’en sont servis eux-mêmes que trois fois pour désigner le Sauveur, à savoir ici et dans l’Apocalypse, i, 13 ; xiv, 14.
  78. 58. La lapidation était le supplice des blasphémateurs (Lév. xxiv, 14, 16).
  79. 5. Philippe, le diacre nommé Act. vi, 5, appelé ailleurs évangéliste (xxi, 8), et différent de l’Apôtre de ce nom.
  80. 9. Le nom de Grande Vertu ou Puissance de Dieu (vers, 10) sous lequel le peuple désignait Simon, s’explique par la doctrine gnostique de l’émanation qu’enseignait Simon et qui, pour combler la distance infinie qui sépare Dieu et le monde, imaginait une série d’Eons ou Puissances, émanant du sombre abîme de la divinité.
  81. 16. Ces mots, « au nom de Jésus » servent à distinguer du baptême de Jean le baptême institué par Jésus et tirant de lui toute sa vertu. Conf. Act. xix, 2-5.
  82. 27. Éthiopien, du royaume de Méroé, sur le cours supérieur du Nil (aujourd’hui Nubie et Abyssinie). — D’après plusieurs auteurs, Candace était un titre commun aux reines d’Éthiopie.
  83. 33. Isa. liii, 8.
  84. 37. L’authenticité de ce verset a été contestée parce qu’on ne le trouve pas dans quelques manuscrits, p. ex. celui d’Alexandrie et celui du Vatican. Mais il se lisait certainement dans les manuscrits plus anciens qui ont servi à l’auteur de l’Italique, à S. Irénée, à S. Cyprien.
  85. IX, 3. Tout à coup, à l’heure de midi (xxvi, 13).
  86. 4. Tomba ainsi que ses compagnons de route, qui se relevèrent avant lui (xxvi, 14).
  87. 5. Saul vit donc le Sauveur dans son humanité glorifiée, (I Cor. ix, 1 ; xv, 8).
  88. 5-6. Le passage placé entre crochets est omis par les plus anciens manuscrits grecs. Il ne se trouve à cet endroit du récit que plus bas (xxii, 10 et xxvi, 14) ; sans doute on l’aura emprunté à l’un ou l’autre de ces passages pour l’introduire dans quelques versions et compléter la narration de ce chapitre neuvième.
  89. 7. Percevaient le son de la voix. Selon le récit de S. Paul, au chapitre xxii, 9, ses compagnons n’entendirent pas la voix de celui qui lui parlait. Ici, S. Luc met le complément du verbe au génitif « ἀκούοντις… τῆς φωνῆς » pour marquer que la voix ne fut entendue que d’une manière vague et confuse ; au chap. xxii, S. Paul emploie l’accusatif τῆν δὲ φωνὴν οὐκ ἠκούσαν pour marquer que ses compagnons n’eurent pas une perception nette, précise, des paroles qui lui étaient adressées.
  90. 12. On regarde plus généralement ce verset comme une parenthèse historique insérée ici par S. Luc. Ainsi l’entend la Vulgate. Si nous avions ici la suite des paroles adressées par Jésus à Ananie, il semble qu’il y aurait : et il te vit en vision entrant, etc.
  91. 13. À vos saints : c’est ici le premier passage du Nouveau Testament où le mot saints, c.‑à-d. consacrés à Dieu, est employé pour désigner les disciples de Jésus, les chrétiens.
  92. 16. Cf. II Cor. xi, 23-29.
  93. 22. Le voyage de Saul en Arabie (Gal. i, 17) doit se placer dans le laps de temps assez considérable indiqué par le vers. 23.
  94. 25. Un assez grand nombre de manuscrits ont « ses disciples » οἱ μαθηταὶ αὐτοῦ. Ce pronom ne peut se rapporter qu’à Jésus, et non à S. Paul qui n’eut jamais de disciples au sens propre du mot. Peut-être faut-il lire avec plusieurs cursifs αὐτὸν. « Les disciples le prirent… » — II Cor. xi, 33.
  95. 31. Par l’assistance, litt. par l’exhortation intérieure du Saint-Esprit, disposant les âmes à embrasser la religion chrétienne. Vulgate : et elle était remplie de la consolation du Saint-Esprit.
  96. 36. Tabitha, en araméen, et Dorcas, en grec, signifient gazelle.
  97. X, 3. La neuvième heure, correspondait à notre troisième heure après-midi.
  98. 4. Le mot μνημότυνον, mémorial, est, dans les LXX, un terme liturgique dont le sens est offrande de souvenir, ou de parfums. Les aumônes sont donc comparées ici à une oblation ou sacrifice non sanglant.
  99. XI. L’objet paraissait une nappe, dont les quatre coins semblaient attachés ensemble.
  100. 28. L’interdiction de se lier avec un étranger ne se trouve pas formellement dans la Loi ; elle venait de la coutume des Pharisiens et de l’interprétation des Docteurs. Comp. xi, 2.
  101. 30. Un homme : un ange sous la figure d’un homme (vers. 4).
  102. 32. Fin du verset omis dans plusieurs mss.
  103. 34. Dieu ne fait point acception de personnes. Sans égard à la race ni à la condition, il choisit ses élus parmi les Gentils aussi bien que parmi les fils d’Israël. Comp. Rom. ii, 12 sv. ; Deut. x, 17 ; II Par. xix, 7 ; Sag. vi, 8 ; Eccli. xxxv, 16.
  104. XI, 12. Les six frères que voici. Ceux qui de Joppé s’étaient rendus avec Pierre à Césarée, puis à Jérusalem (x, 19 et 23).
  105. 13. L’ange. S. Luc le suppose connu d’après x, 3.
  106. 20. Aux Grecs, c’est-à-dire, ici, aux païens, ainsi que le montre le contexte.
  107. 27. Des prophètes, des fidèles qui avaient reçu le charisme ou don de prophétie (voy. I Cor. xii, 10, 28-29 ; xiii, 2, 8, etc.).
  108. 28. In universo orbe terrarum, c’est-à-dire dans l’empire romain. Comp. Luc, ii, 1. Sous Claude (41-54), plusieurs famines désolèrent tour à tour les diverses provinces. Voyez Tacite, Annal. xii, 43 ; Josèphe, Ant. xx, 2-5.
  109. 30. Et de Saul. Ce fut le second voyage de S. Paul à Jérusalem. Il en est fait mention au chap. ii de l’Epître aux Galates.
  110. XII, 3. On appelait ainsi les huit jours que durait la fête de Pâque, parce qu’on n’y mangeait que du pain azyme, ou sans levain.
  111. 6. On avait appliqué à Pierre la custodia militaris des Romains. Des quatre soldats de l’escouade deux se trouvaient dans la cellule du prisonnier : l’un était libre, et Pierre était attaché à l’autre par deux chaînes, une à chaque main. Les deux autres soldats étaient postés, l’un à la porte de la cellule, l’autre à la porte extérieure de la prison (la porte de fer), mais en dedans : c’étaient la première et la deuxième gardes (vers. 10). Les escouades se relevaient toutes les 3 heures selon l’usage.
  112. 17. Il s’en alla dans un autre lieu. Peut-être est-ce alors qu’il se rendit à Rome (Eusèbe ; S. Jérôme).
  113. 21. Assis sur son trône, plus littér. dans une tribune de l’amphithéâtre.
  114. 25. S. Luc reprend le fil du récit commencé, xi, 29, 30, et interrompu par l’histoire de l’emprisonnement de S. Pierre. Il insère ici ce verset sans doute pour nous apprendre que Jean-Marc, dont il va être question, était revenu à Antioche avec Barnabé et Saul.
  115. XIII, 1. Il y avait des prophètes, c.‑à-d. des hommes inspirés parlant au nom de Dieu. — Et des docteurs, qui, par leur science acquise, sans être inspirés comme les prophètes, enseignaient les vérités religieuses (Comp. Rom. xii, 6 ; I Cor. xii, 28 ; Eph. iv, 11). Manahen, d’après Vulg., frère de lait ; le mot grec σύντροφος signifie littéralement : nourri, élevé avec.
  116. 2. Au service du Seigneur, c’est-à-dire au culte divin. C’est ce qu’indique le mot grec correspondant (λειτουργεῖν) qui s’applique toujours, dans les Septante, aux fonctions sacerdotales accomplies dans le temple.
  117. 8. Elymas, comme l’arabe alim (au pluriel oulema) signifie le sage ou le mage. Sans doute Bar-jésu avait pris de lui-même ce nom étranger, ce qualificatif de sage, pour s’assurer plus de crédit.
  118. 9. Saul, appelé aussi Paul. Saul (de l’hébreu Schaoûl, désiré) paraît ici pour la première fois, avec le nom romain de Paul, le seul qui lui sera donné désormais.
  119. 10. Fils du diable, en araméen Barsatan, et non Barjésus, fils de Jésus.
  120. 18. En prit soin. La Vulgate suivant une autre leçon traduit : Il supporta leur conduite. Comp. Deut. i, 31 h.
  121. 19. Deut. vii, 1. Il le mit ; la Vulgate : il lui en distribua le territoire par le sort.
  122. 20. Durant 450 ans (comp. I Rois, vi, 1) : S. Paul donne le même chiffre que Josèphe (Antiq. viii, 3, 1). D’autres manuscrits, suivis par la Vulgate, rattachent ces mots à ce qui précède : Il leur distribua le territoire de Chanaan environ 450 ans après (la naissance d’Isaac, probablement).
  123. 21. Cette donnée, que le texte de l’Ancien Testament paraît laisser incertaine (I Sam. xiii, 1, note), est confirmée par Josèphe (Antiq. vi, 14, 9).
  124. 22. Ce témoignage. Voy. I Rois, xiii. 14, et Ps. lxxxviii (héb.) 1.
  125. 33. S. Paul a ici en vue la résurrection de Jésus ; c’est vraiment ce jour-là que Jésus s’est montré le Fils de Dieu. Comp. Rom. i, 4.
  126. 35. Ps. xvi (héb.) 10. Comp. Act. ii, 27.
  127. 41. Citation libre d’Habacuc (i, 5) d’après les LXX.
  128. 46. Act. iii, 26 ; Rom. i, 16 ; iii, 3.
  129. 47. Citation d’Isaïe (xlix, 6) où Dieu s’adresse au Messie, et par suite aux Apôtres, ses hérauts.
  130. XIV, i. De même, semblablement, κατὰ τὸ αὐτὸ, comme ils l’avaient fait à Salamine et à Antioche de Pisidie. Voyez xiii, 5a et 14b. — D’autres : entrèrent ensemble.
  131. 22. Le verbe grec, χειροτονεῖν, qui signifie proprement élire, désigner par mains levées, marque chez les anciens Pères le rite de l’ordination sacramentelle. — Des Anciens, c’est-à-dire des chefs prêtres ou évêques, chargés d’administrer les Églises. Voy. xi, 30.
  132. 27. Probablement au moins deux années. Pendant ce temps peut se placer l’incident d’Antioche avec Céphas et la lettre aux Galates.
  133. XV, 1. Plusieurs judéo-chrétiens qui, sans doute, avant d’embrasser le christianisme, avaient appartenu à la secte des Pharisiens, se rendirent de Judée à Antioche, et là ils revendiquèrent les prétendus droits du judaïsme sur les Gentils devenus chrétiens. Le salut, disaient-ils, restait toujours attaché au judaïsme, il fallait donc exiger que pour entrer dans l’Église les païens acceptassent de se soumettre à toutes les pratiques religieuses de la Loi, et spécialement à la circoncision. Telle fut l’occasion de la conférence ou concile qui eut lieu dans la ville sainte, en l’an 51.
  134. 2. Ce fut le troisième voyage de S. Paul à Jérusalem, comp. ix, 26 ; xi, 29-30.
  135. 7. Allusion à la conversion du centurion Corneille (x, 9 sv.). — Vulgate : Vous savez que Dieu a fait un choix parmi nous.
  136. 8. Voy. x, 44 ; xi, 15.
  137. 14. Simon, forme hellénique du nom hébreu (Schiméon) de saint Pierre.
  138. 16. Amos, ix, 11-12, citation libre d’après les Septante.
  139. 20. Il est donc spécialement recommandé aux Gentils de s’abstenir de quatre pratiques : Des souillures des idoles, c’est-à-dire des viandes offertes aux idoles, ainsi que le dit clairement le vers. 29. (Cf. xxi, 25 et Rom. xiv-xv ; I Cor. viii-x). — De l’impureté, τῆς πορνείας, mot grec qui, chez les auteurs sacrés et profanes, désigne souvent l’impudicité en général, que les païens ne regardaient pas comme un désordre grave. Comme ce précepte de droit naturel vient se mêler ici à trois autres prescriptions positives et légales, certains interprètes ont pensé que le mot πορνεία indiquerait ici plutôt le péché consistant à contracter mariage au mépris des prescriptions positives de la loi de Moïse, acceptées par les premiers chrétiens. — Des viandes étouffées et du sang : l’usage de ces viandes et du sang était interdit aux Juifs (Lév. xvii, 1).
    Ces prescriptions étaient destinées à aplanir les difficultés des rapports entre les chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne, et à faire éviter sur ces quatre points, le scandale des faibles. Plusieurs points tombèrent d’eux mêmes en désuétude quand la fusion fut opérée.
  140. 21. Comme la loi qui formule ces quatre interdictions est lue chaque jour de sabbat dans les synagogues, les judéo-chrétiens entendant lire toutes les semaines les défenses de Moïse seraient peinés et froissés, si les fidèles sortis de la gentilité ne s’y conformaient pas comme eux.
  141. 29. Adieu, litt. — bon courage, soyez forts, formule de salutation ou de souhait qui signifie : portez-vous bien.
  142. 34. Plusieurs manuscrits importants ajoutent ce verset. Son authenticité paraît garantie par le verset 40, d’après lequel Silas était resté à Antioche.
  143. 41. Fortifiant les Églises, notre Vulgate ajoute : Et leur ordonnant de garder ce qui avait été prescrit par les Apôtres et les Anciens. Ces mots manquent dans presque tous les manuscrits grecs. L’Amiatinus ne connaît pas non plus ce membre de phrase. Il semble donc être une glose empruntée au chapitre suivant, vers. 4.
  144. XVI, 1. Né à Lystres, et converti à la foi, avec sa mère Eunice (II Tim. i, 5), lors du passage de S. Paul (xiv, 6).
  145. 10. Ce brusque passage de la troisième personne à la première, dans le récit des Actes, marque le moment précis où l’auteur de ce livre, S. Luc, s’attache à Paul comme compagnon de voyage.
  146. 12. Une colonie, au sens des Romains, c’est-à-dire, une station militaire, une place forte.
    Philippes n’était pas la première ou principale ville de cette partie ou région de la Macédoine ; mais Amphipolis chef-lieu de la première région. Ce n’était pas non plus la première ville de Macédoine que l’Apôtre rencontra en arrivant dans cette province, puisqu’il passa par Néapolis, ville de Macédoine et non de la Thrace. L’explication la plus naturelle, vu l’article manquant en plusieurs manuscrits devant μερίδος, est de supposer une faute de copiste vraisemblable de πρῶτη τὴς au lieu de πρῶτης. Ce qui permet de lire : « Philippes, qui est une ville de la première partie de la Macédoine ». Allusion à la division de la province en quatre régions.
  147. 13. Dans les villes où les Juifs étaient trop peu nombreux pour avoir une synagogue, leurs réunions se tenaient hors des portes loin des habitations païennes. Ces lieux de prières, appelés προσευχαί, c’est-à-dire oratoires, étaient établis près de la mer ou sur les bords d’une rivière, pour rendre plus faciles les ablutions liturgiques.
  148. 14. Craignant Dieu, prosélyte.
  149. 16. Un autre jour de sabbat. — Python (ou de Python). On appelait alors python en général un esprit ou démon fatidique.
  150. 24. Engagea leurs pieds dans des ceps ou blocs de bois munis de trous, dans lesquels on engageait les pieds des prisonniers.
  151. 40. Ils partirent : Comme le narrateur après avoir employé la première personne (vers. 10-17) se sert maintenant de la troisième, on conjecture que S. Luc, peut-être avec Timothée (xviii, 14), resta à Philippes pour édifier cette communauté naissante.
  152. XVII, 1. La Macédoine était divisée en quatre régions. La Macédoine première avait pour capitale Amphipolis. — Thessalonique ville très riche et très peuplée, capitale de la Macédoine IIe, sur le golfe Thermaïque. — Une synagogue, servant de centre religieux aux Juifs des villes voisines, qui n’avaient que de simples oratoires.
  153. 5. Devant le peuple ; εἰς τὸν δῆμον, à l’assemblée du peuple.
  154. 14. Jusqu’à la mer, ἕως ἐπί, usque ad. Telle est la leçon des meilleure manuscrits grecs et de la Vulgate. Il est donc probable que S. Paul s’est rendu à Athènes par mer.
  155. 19. Sur la colline de l’Aréopage.
  156. 22. Eminemment religieux, litt. plus religieux que les autres hommes.
  157. 30. Ne tenant pas compte, litt. Ayant regardé d’en haut, ὑπεριδών. Parmi les significations usuelles du mot grec, celle de mépriser.
  158. XVIII, 4. Après synagogue, la Vulgate ajoute, mêlant à ses discours le nom de Jésus : ces mots ne paraissent pas authentiques.
  159. 7. Vulg. : Nomine Titi Justi, le nom de Tite, ne se lit pas dans les meilleurs mss. grecs. Il provient d’une confusion de lecture.
  160. 18. Cenchrées, un des deux ports de Corinthe, celui qui était du côté de l’Asie.
  161. 21. Il faut absolument … à Jérusalem. Ces mots ne se trouvent pas dans plusieurs manuscrits grecs, ni dans la Vulgate.
  162. 25. Instruit, litt. catéchisé κατηχημένος, dans la voie du Seigneur, c.-à-d. la doctrine chrétienne.
  163. 27. Qui avaient cru par la grâce. Ces mots par la grâce ne se trouvent pas dans la Vulgate.
  164. XIX, 21. I Cor. xvi, 4 ; II Cor. viii, 1 ; Rom. xv, 25 sv.
  165. 23. En grec : au sujet de la voie ; la Vulgate supplée : du Seigneur, c’est-à-dire la prédication chrétienne.
  166. 35. Sa statue tombée du ciel, comme le palladium de Troie. La Vulgate traduit, fille de Jupiter. Le mot grec διοπετοῦς signifie littéralement venant de Jupiter.
  167. XX, 2. En Grèce, litt. dans l’Hellade, en Achaïe.
  168. 5. C’est à Philippes que S. Paul retrouva son disciple Luc. Désormais, jusqu’à la fin du livre, le narrateur emploie la première personne du pluriel, comme il l’avait déjà fait au chap. xvi, vers. 10-39.
  169. 7. Le dimanche qui avait déjà, au moins parmi les chrétiens sortis de la gentilité, remplacé le sabbat comme jour consacré à Dieu. — La fraction du pain, la célébration de l’eucharistie, qui avait lieu le soir.
  170. 15. Omission d’un bon nombre de manuscrits grecs et de la Vulgate, à rétablir dans le texte.
  171. 19. I Cor. xv, 32.
  172. 24. Au lieu de traduire τιμίαν ἐμαυτῷ par pretiosam mihi, la Vulgate rend ces mots par pretiosiorem quant me, leçon dont il est bien difficile de déterminer le sens.
  173. 32. Achever l’édifice, ἐποικοδομῆσαι, expression chère à S. Paul. (Voy. I Cor. iii, 10, 12, 14 ; Eph. ii, 20 ; Col. ii, 7).
  174. 35. Soutenir les faibles ; d’autres traduisent, secourir les pauvres.La parole : Il y a plus de bonheur… Cette sentence ne se trouve dans aucun de nos quatre Évangiles ; S. Paul l’avait connue par la tradition.
  175. XXI, 8. Philippe (vi, 5 ; viii, 5 sv.) l’évangéliste, c’est-à-dire prédicateur de l’Évangile, missionnaire, auxiliaire des Apôtres ; il était l’un des sept premiers diacres.
  176. 11. Se lia les pieds et les mains : imitant, par cette action symbolique, les anciens prophètes. (Voy. I Rois, xxii, 11 ; Is. xx, 3 ; Jér. xiii, 5 ; etc.).
  177. 16. D’autres traduisent le grec, nous menant chez un nommé Mnasson.
  178. 17. C’est le cinquième voyage de S. Paul à Jérusalem, depuis sa conversion. (Voy. ix, 26 ; xi, 27, 30 ; xv, 4, 24, 27, 30 ; xviii, 22.)
  179. 22. On se rassemblera en foule. Ces mots de la Vulgate se trouvent aussi dans le texte grec des manuscrits cursifs, mais on ne les rencontre pas dans plusieurs manuscrits onciaux.
  180. 23. Il s’agit du naziréat temporaire (xviii, 18). Nombr. vi, 1-21 : Josèphe, Ant. x, 6, 1 ; Guerre des Juifs, ii, 15, 1.
  181. 25. Nous leur avons écrit : v. xv, 28. D’autres manuscrits lisent ἀπίστειλαν, envoyé une députation.
  182. 28. Dans le temple, dans le parvis des Juifs. Le temple formait, au temps de N.-S., une surface rectangulaire bordée de magnifiques portiques. Ces galeries extérieures étaient ouvertes à tout le monde, Juifs et Gentils. Mais les Juifs seuls pouvaient pénétrer au delà ; une barrière ou balustrade entourait cette seconde enceinte, que les païens ne pouvaient franchir sous peine de mort. Des stèles placées de distance en distance et portant des inscriptions en grec et en latin, promulguaient cette défense. (Voy. Josèphe, Ant. xv, 11, 5.)
  183. 31. Ce tribun était Lysias (xxiii, 26).
  184. 38. Sur cet égyptien et ses entreprises, Josèphe nous a laissé d’assez amples renseignements (Ant. xx, 8, 6 ; Guerre des Juifs, ii, 13, 5.)
  185. XXII, 3. Voy. vers. 34.
  186. 6. À la narration généralement plus complète de S. Luc, Act. xi, 3 sv., l’Apôtre ajoute cependant quelques détails nouveaux, à cause sans doute des circonstances où il se trouve maintenant, et pour que ses auditeurs sachent bien qu’il n’a pas été le jouet d’une illusion. Ainsi il prend soin de faire observer que l’apparition eut lieu en plein jour « vers midi » (vers. 6) ; il rapporte plusieurs paroles d’Ananie (vers. 14-16), et l’avertissement que lui donna Jésus lui-même (vers. 18).
  187. 9. N’entendirent pas la voix de manière à comprendre les paroles. Voy. la note de ix, 7.
  188. 14. Le Juste par excellence, expression consacrée dans l’Ancien Testament pour désigner le Messie. (Voy. par ex. Is. li, 5 ; liii, 11 ; comp. Act. vii, 52.)
  189. 17-21. Dans ce passage de son discours, S. Paul veut justifier la préférence qu’il a accordée dans ses travaux apostoliques au peuple des Gentils. S’il a surtout évangélisé les nations idolâtres c’est que le Seigneur lui en avait, à diverses reprises, intimé l’ordre.
  190. 23. Lançant de la poussière en l’air : en signe d’indignation et de douleur. (Comp. Job, ii, 12 ; Ezéch. xxiii, 30).
  191. 25. Les soldats l’avaient lié : litt. l’avaient courbé en avant avec les lanières, pour l’attacher à la colonne basse qui servait à la flagellation.
  192. XXIII, 2. Josèphe, en effet, nous le dépeint comme un pontife qui, durant les douze années de son pontificat (de l’an 47 à l’an 59 ap. J.-C.), se rendit tristement fameux par son avarice, ses débauches et sa férocité (Voy. Ant. xx, 5, 2 ; xx, 6, 2 ; Guerre des Juifs, ii, 12, 6). — Dieu te frappera. Et de fait, quelque temps après cette prédiction, en septembre de l’an 66, Ananie fut tué par l’épée d’un de ses ennemis. (Voy. Josèphe, Guerre des Juifs, xvii, 4 ; S. Grég. Moral. vii, 15).
  193. 4. S. Paul absent depuis de longues années de Jérusalem ne connaissait pas de vue le grand prêtre alors en charge. Du reste ses yeux malades et affaiblis ne lui permettaient guère de reconnaître les insignes extérieurs qui probablement distinguaient le grand-prêtre des autres membres du Sanhédrin.
  194. 5. Exod. xxii, 28.
  195. 6. C’est à cause de notre espérance et de la résurrection des morts, c’est-à-dire à cause de notre espérance commune en la résurrection des morts. La conjonction et, καὶ, paraît avoir ici un sens explicatif. — D’autres : à cause de mon espérance au Messie promis à nos pères.
  196. 16. C’est ici le seul endroit où l’écrivain sacré fasse mention d’une sœur et d’un neveu de l’Apôtre. Sa sœur habitait-elle Jérusalem et son neveu était-il venu s’y établir, pour y faire ses études, ou y avait-il été seulement amené par le désir de prendre part aux fêtes ? On l’ignore.
  197. 23. Troisième heure de la nuit, 9 heures du soir. — δεξιαλάβους littér. : ceux qui prennent la main droite ; Vulgate, lancearii, lanciers. Expression presque inconnue à l’ancienne littérature grecque, ce terme paraît désigner « ces hommes de police qui servaient à garder des prisonniers rivés à eux au moyen d’une chaîne allant de la main droite du captif à la main gauche de son gardien. » Selon quelques commentateurs, cette expression signifierait : ceux qui tiennent avec la main droite, c’est-à-dire des hommes ou des soldats armés de frondes, de lances ou de javelots. — À Césarée, résidence ordinaire du gouverneur romain.
  198. 24. Préparez aussi des chevaux : Paul devait en changer pour aller plus vite. — Félix, affranchi de Claude et frère de Pallas, le célèbre favori de Néron. Il avait été nommé, en 52, procurateur de la Judée. (Voy. Tacite, Hist. v, 9 ; Josèphe, Ant. xviii, 6, 6 ; xx, 8, 5. Guerre des Juifs, ii, 13, 2). — La Vulgate ajoute : Car le tribun craignait que les Juifs ne l’enlevassent et ne le missent à mort, et qu’ensuite on ne l’accusât lui-même d’avoir reçu de l’argent. Ce passage manque dans les manuscrits grecs (sauf le cursif 137) et dans les meilleurs de la Vulgate.
  199. 27. Lysias altère ici la vérité à son profit et dissimule habilement ses torts envers S. Paul. Voy. la fin du chap. xxii.
  200. XXIV, 1. Tertullus : ce nom indique que cet avocat était de Rome ou d’Italie.
  201. 5. Des Nazaréens, des disciples de Jésus de Nazareth. Tertullus se plaçant au point de vue des Juifs désigne les chrétiens par le terme méprisant de Nazaréens.
  202. 8. Tu pourras… apprendre de sa bouche : de la bouche de Paul ; peut-être de celle de Lysias, si les mots entre crochets sont authentiques, ainsi que paraît le demander ce contexte, et que l’attestent d’importants manuscrits. S. Luc ne donne qu’un résumé de ce discours.
  203. 10. Dans sa défense, S. Paul se justifie des trois accusations portées contre lui. Il n’a pas provoqué de troubles (vers. 11-13), ni fondé une nouvelle secte (vers. 14-16), ni profané le temple (vers. 17-19).
  204. 14. Selon la religion (litt. la voie) chrétienne, que mes adversaires appellent une secte (v. 5).
  205. 18. C’est alors, litt ἐν αἰς, parmi ces oblations, lorsque je les présentais à Dieu. — Après ma consécration, après l’accomplissement des rites qui mettaient fin au naziréat.
  206. 22. Depuis plusieurs années il administrait la Judée. De plus Césarée possédait une communauté de chrétiens, fondée par S. Pierre (x).
  207. 27. Quoique prisonnier, Paul continua son apostolat à Césarée. Il avait avec lui de nombreux disciples. Timothée, Luc, Aristarque, Tychique, Trophime.
  208. XXV, 13. Agrippa II, fils d’Hérode Agrippa I (xii, 21-23) et arrière petit-fils d’Hérode le Grand.
  209. XXVI, 5. Voy. xxiii, 6 ; Phil. iii, 5, 7. Au texte de la Vulgate : die ac nocte deservientes le grec ajoute : ἐν ἐκτένειᾳ, avec assiduité, sans relâche.
  210. 10. J’ai porté mon suffrage (contre eux), c’est-à-dire j’ai approuvé leur mort. Cf. vii, 59 ; xxii, 20.
  211. 12. Récit de la conversion (Comp. ix, 3-19 ; xxii, 6-16).
  212. 16. Au chap. xxii, 14 sv. (comp. ix, 15). Paul dit que c’est par l’intermédiaire d’Ananie que Jésus lui adressa ces paroles. C’est sans doute pour abréger son récit, qu’en cet endroit il les place directement sur les lèvres du Sauveur.
  213. 18. Image dont S. Paul aima souvent à se servir. (Voyez II Cor. iv, 6 ; Eph. iv, 18 ; v, 8 ; Col. i, 13 ; I Thess. v, 4-5. Comp. Luc, i, 79 ; etc.)
  214. 23. Que le Christ devait souffrir… qu’il annoncerait, etc. Litt. si le Christ devait souffrir, etc. Comme ces vérités, prédites par les prophètes et annoncées par les Apôtres, étaient mises en question par les Juifs, Paul se sert de la particule si, qui constate cette situation.
  215. 26. Dans un coin, c’est-à-dire en secret, en cachette.
  216. 32. L’appel à César une fois admis, le tribunal inférieur dont on avait appelé n’avait plus juridiction pour condamner ou pour absoudre.
  217. XXVII, 1. La cohorte Augusta : on désigne par là probablement le corps d’élite qui sous le nom d’Evocati Augusti, avait dans son service, pour objet spécial, les affaires plutôt administratives que militaires concernant l’empereur.
  218. 5. La Vulgate, et les mss. Sinaiticus et Alexandrinus portent Lystres ; mais Myre est la vraie leçon.
  219. 8. Laséa ou Alassa. Vulgate : Thalassa.
  220. 9. Du jeûne du Pardon (Kippour), ou de la fête des Expiations, qui avait lieu le 10 du mois de Tischri, fin de Septembre. Passé cette date, les voyages maritimes devenaient dangereux ; on fermait alors la navigation, pour la rouvrir au mois de mars.
  221. 13. De plus près : la Vulgate a pris le grec ἆσσον pour un nom propre de ville et a traduit : Ils levèrent l’ancre d’Asson, et côtoyèrent la Crète.
  222. 14. Vent de l’est-nord-est.
  223. 15. Sans pouvoir lutter, litt. regarder en face, ἀντοφθαλμεῖν.
  224. 17. Ceintrèrent, c’est-à-dire ceignirent par-dessous à l’aide de cables et de chaînes.
  225. 40. Voile d’artimon : la mâture de beaupré, la voile de misaine.
  226. XXVIII, i. Les barbares, les habitants de Malte d’origine punique, ne parlaient ni le latin ni le grec, mais le phénicien, ce qui suffisait, au point de vue d’un sujet de l’empire romain, pour leur donner ce nom.
  227. 11. Après un séjour de trois mois, quand l’hiver fut passé, vers le mois de février. — Il portait pour enseigne les Dioscures. Les vaisseaux anciens portaient à l’avant une image peinte ou sculptée : c’est de là qu’ils tiraient leur nom.
  228. 16. De demeurer en son particulier, chez un hôte chrétien (vers. 23), peut-être Aquilas. Selon l’usage, une chaîne joignait le bras gauche du soldat au bras droit du prisonnier.
  229. 25. Par le prophète Isaïe, vi, 9 sv., cité à peu près littéralement d’après les Septante. Comp. Matth. xiii, 14 ; Marc, iv, 12 ; Luc, viii, 10 ; Jean, xii, 40.
  230. 29. Ce verset ne se trouve pas dans plusieurs manuscrits grecs très anciens, par exemple ceux du Sinaï, d’Alexandrie, du Vatican ; il manque aussi dans plusieurs manuscrits de la Vulgate. Il semble renfermer un développement de la première partie du verset 25.