Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/461-470

La bibliothèque libre.
Fascicules du tome 1
pages 451 à 460

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 461 à 470

pages 471 à 480



Chrétiens sous Clovis, comme la plûpart des autres Gaulois, & fort attachés à leur religion. P. Daniel. Procope, de qui nous apprenons ceci, écrit Ἀρϐορυχοι, Arboriques. Le P. Lobineau croit que ce sont les Armoricains : car, dit-il, la différence n’est pas assez grande d’ἀρϐορυχοι à ἀρμορυχοι, pour imaginer sur un fondement si léger, je ne sais quelle nation d’Arborusques, ou d’Arbonches dans l’Allemagne & dans le Brabant. Ce que dit Procope, que ces Arboriques étoient à l’extrémité des Gaules, qu’ils étoient Chrétiens, qu’ils étoient à craindre aux François, & qu’il y avoit auprès d’eux des Ariens, ne peut convenir à aucune nation du Brabant, ni de l’Allemagne, & convient parfaitement aux Armoricains. Quand la différence des noms seroit plus grande, l’éloignement des lieux, la diversité des langues, & peut-être un peu de manque d’exactitude, ont pu faire tomber Procope dans cette surprise. Au reste, ajoute-t-il, le changement est fort naturel de l’M au B, comme on le peut voir par μύρμεξ, changé en βύρμεξ dans Hésychius τέρμενθος en τερέϐενθος, flamme, en flambe, marmor en marbre. Goropius Becanus, & d’autres Savans ne sont pas de ce sentiment qui ne laisse pas d’être probable. Mais il ne falloir point apporter l’exemple de τέρμενθος, pour des raisons que nous dirons peut-être en parlant de ces lettres, & qu’on peut voir dans les Essais de Grammaire de M. l’Abbé Dangeau.

ARBORISÉ, ÉE. adj. Terme de Lithologie. Il se dit d’une pierre qui représente des feuillages d’arbre.

ARBORISER. Voyez Herboriser.

ARBORISTE. Voyez HERBORISTE. Arboriste devroit cependant avoir un sens différent d’Herboriste ; celui-ci signifiant selon son origine, qui s’applique à la connoissance des herbes ; & celui-là, qui s’applique à la connoissance des arbres. Dans l’usage, herboriste comme herboriser, se prend pour l’un & l’autre. M. de la Fontaine s’est servi d’Arboriste.

 Tu veux faire ici l’Arboriste,
Et ne fut jamais que Bouchère. La Font.

ARBOURG. Voyez Arbourg.

ARBOUSE. s. f. ou selon quelques-uns ARBOISE. C’est le fruit de l’Arbousier. Arbutum.

☞ ARBOUSIER s. m. Arbutus. On écrivoit anciennement arbousier par un z, on disoit aussi arbosier ; & quelques-uns disent arbosier. Arbre qui devient d’une moyenne grandeur, lorsqu’on le laisse monter. Il pousse souvent de sa racine plusieurs jets longs & branchus, & quelquefois tortus. Son bois est blanc, & l’écorce des vieux pieds est raboteuse, écailleuse & grisâtre ; au lieu que dans les jeunes tiges, elle est lisse & rougeâtre : ses branches sont garnies de feuilles assez semblables à celles du laurier, mais d’un vert plus gai & crénelées sur leurs bords ; elles n’ont presque point d’odeur. Ses fleurs ressemblent à un grelot de muguet, dont l’ouverture antérieure est étranglée, d’un blanc verdâtre & sans odeur. Elles sont ramassées en forme de grappe pendante, & ne commencent à paroître que vers le mois d’Août. Le pistil qui s’emboîte avec la fleur par sa partie postérieure, devient un fruit qui demeure un an à mûrir. Il a la figure d’une fraise, mais il est plus gros, ordinairement rond, divisé en cinq loges remplies de semences menues comme celle du millet : il est jaunâtre d’abord, & rouge dans sa maturité, d’une saveur douce qu’on trouve fade lorsqu’on en mange plusieurs. Son bois est bon pour les Tourneurs : on en fait aussi de bon charbon. L’arbousier croît communément en Languedoc, en Italie & en Espagne.

ARBRE. s. m. Plante vivace d’une grandeur considérable ; dont l’intérieur du tronc, des branches & des racines est ligneux. Arbor. Le tronc se divise par le haut en plusieurs branches, & par le bas en racines. Les arbres sont les plus élevés & les plus gros de tous les végétaux. Guichard dérive ce mot de l’hébreu אבד, abad, d’où vient אב, arbor, arbustum. Les parties des arbres sont les racines, le tronc ou la tige, les branches, les feuilles, les fleurs, les fruits, les semences. L’assemblage de toutes les branches, s’appelle la touffe. M. Dodard a remarqué que dans plusieurs arbres fruitiers, comme les pommiers, les poiriers, les châtaigniers, & généralement dans ceux qui imitent le port, tels que sont les noyers, les chênes, les hêtres, la base de la touffe affecte presque toujours d’être parallèle au plan d’où sortent les tiges, soit que ce plan soit horizontal, ou qu’il ne le soit pas, soit que les tiges elles-mêmes soient perpendiculaires, ou inclinées sur ce plan ; & cette affectation est si constante, que si un arbre sort d’un endroit où le plan soit d’un côté horizontal, & de l’autre incliné à l’horizon, la base de la touffe se tient d’un côté horizontal, & de l’autre s’incline à l’horizon autant que le plan. M. Dodard croit que la raison est que les racines de ces arbres sont parallèles au plan du terrain d’où l’arbre sort, & que les branches doivent être parallèles aux racines, parce que les fibres qui partant des racines vont former le tronc, & ensuite les branches, peuvent bien se plier, mais non pas s’étendre : d’où il s’ensuit qu’après avoir fait un angle obtus au collet des racines, pour former le tronc, il faut qu’elles fassent un angle aigu au collet des branches ; parce que si elles faisoient encore un angle obtus au collet des branches, elles s’étendroient trop. Mais quand elles ont fait un angle aigu au collet des racines, elles peuvent & doivent même en faire un obtus au collet des branches, pour avoir toute l’étendue qui leur convient. Cette raison ne satisfait pas ; car, en supposant même que ces fibres peuvent bien se plier, mais non pas s’étendre, on ne voit point comment une fibre, après avoir fait un angle obtus au collet des racines, n’en peut pas faire encore un au collet des branches sans s’étendre plus que si elle faisoit un angle aigu.

Toutes les plantes doivent être droites & à plomb pour se soutenir plus aisément, & pour porter leurs fruits ; aussi affectent-elles toujours la perpendiculaire. M. Dodard en recherche les causes dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1700. p. 47. Voyez Racine, Sève.

☞ On distingue les arbres en arbres sauvages, qui viennent naturellement dans les bois, dans les haies, &c. Arbores brutæ, & en arbres cultivés ou domestiques. Arbores cultæ : & encore en arbres forestiers, arbores sylvaticæ, & en arbres fruitiers, arbores pomiferæ, selon qu’ils sont d’espèce à faire la masse des forêts, ou à fournir des fruits bon à manger.

Arbres de haute futaie, ou de haut vent, grands arbres qu’on laisse parvenir à toute leur hauteur sans les abattre. Altæ, proceræque arbores.

Arbres de plein vent, de haut vent, de tige. Ce sont ceux qu’on laisse s’élever de toute leur hauteur, & qui sont éloignés les uns des autres dans les champs, les vignes & les vergers. Cette dénomination convient particulièrement aux arbres fruitiers qui s’élevent naturellement fort haut, & que l’on ne rabaisse point. Arbores justæ magnitudinis. Quæ ad justam magnitudinem excrescunt.

Arbres de demi vent, ou de demi tige. Sont ceux dont on borne la hauteur de la tige à trois ou quatre pieds.

Arbre nain, proprement dit, est celui qui est de petite taille. Le pommier de paradis est naturellement un pommier nain. Mais on donne aussi ce nom aux arbres dont on restreint la tige par la taille à quinze ou vingt pouces de hauteur. Arbor coactæbrevitatis.

☞ Si cet arbre est taillé dans la forme d’un verre à boire, on le nomme en buisson, on le vide en dedans, afin que leurs branches s’étendent sur les côtés, forment une boule ou buisson arrondi.

☞ S’il est taillé à plat, on le dit en éventail, utrinque planum in morem tonsa, & de ces derniers, les uns sont appuyés contre les murailles, & sont dits en espalier ; arbusculæ horti parietibus applicatæ.

☞ D’autres sont attachés à des treillages isolés, & sont dits en contre-espalier. Aligatæ palis.

☞ Les arbres de haute tige, sont ceux auxquels on forme une tige de cinq, six ou sept pieds de hauteur, & entre ceux-là, il y en a de plein vent, & en espalier.

Arbres en mannequin. Arbores in corbe, sont ceux que l’on met à part, plantés dans des mannequins pour les lever dans le besoin, & les mettre en motte à la place de ceux qui sont morts dans un nouveau plan.

Arbres sur franc, sur Coignassier. Voyez au mot Greffer.

Arbres fatigués, sont ceux qui paroissent usés, soit de vieillesse, soit faute de culture, & qui sont chargés de mousse & de gale. Arbores vetulæ, defectæ seni, cariosæ.

Arbres bien aboutis, sont ceux qui ont beaucoup de boutons à fruit. Arbores gemmatæ.

Arbres qui s’emportent, qui poussent trop de branches, nimiâ ramorum luxurie sese efferentes.

Arbres bien conditionnés. Benè compositæ, affectæ.

Un arbre, pour mériter d’être choisi, quand il est encore en pépinière, doit avoir l’écorce nette & luisante, & les jets de l’année longs & vigoureux. Et s’il est hors de terre, il faut qu’il ait les racines belles, bien saines, & qu’à proportion de la tige elles soient passablement grosses. Je ne prends jamais de ces arbres qui n’ont que du chevelu. Les arbres les plus droits, & qui n’ont qu’une tige, me paroissent les plus beaux à choisir pour planter. La Quint. En toutes sortes d’arbres nains que l’on veut planter, excepté les pêchers & les pommiers sur paradis, la grosseur est celle de deux ou trois pouces par le bas. La grosseur des arbres de tige est celle de cinq à six pouces par le bas, & la hauteur de six à sept pieds. La greffe des petits arbres doit être à deux ou trois doigts de terre ; & quand elle est couverte, c’est une marque de vigueur au pied, aussi-bien que de soin & d’habileté au Jardinier qui l’a élevé. Id. Préparer un arbre pour le planter. Id.

La Quintinie traite de la connoissance des arbres fruitiers, part. ch. 3, art. 6. De la manière de préparer un arbre, tant par la tête que par la racine, avant que de le planter, au même endroit, art. 7 & part. III, ch. 19. De la manière de planter les arbres, part. III, ch. 20. Du temps qu’il faut choisir pour bien planter, art. 8. De la taille des arbres, art. 9 & part. IV, entière. Des terres qui conviennent à chaque espèce d’arbres fruitiers. part. II, ch. 25. Du choix des arbres, part. III, ch. 57 & 58. Des greffes & pépinières des arbres, part. V. ch. 11. & suiv.

On dit, abattre des arbres, c’est les couper par le pied, à fleur de terre. Arbores cædere, excidere. Elaguer ou émonder des arbres, quand on en coupe quelques branches pour les faire mieux croître, & les rendre plus agréables à la vue, & plus propres à l’usage auquel on les destine, comme à former des allées, &c. Arbores collucare. Deshonorer les arbres, quand on en coupe seulement la cime, ou le houppier. Arbores decacuminare. Préparer un arbre, tant par la tête que par la racine, c’est en ôter tout ce qui est nuisible, ou superflu, & couper les branches & les racines, comme elles doivent être, pour qu’on le plante. Planter un arbre, tailler un arbre, ébourgeonner les arbres, pincer & repincer un arbre, accoler les arbres, palisser les arbres espaliers, greffer un arbre, enter un arbre, fumer un arbre, arrêter un arbre, émonder les arbres, élaguer les arbres, élever un arbre, abaisser un arbre, pousser, fatiguer, épuiser un arbre, déchausser un arbre, espacer des arbres de tant l’un de l’autre, étronçonner un arbre, encaisser un arbre, ragréer un arbre ; un arbre qui s’échappe ; un arbre qui s’évase trop. Voyez tous ces verbes à leur place.

☞ Les arbres se multiplient par leurs semences, par leurs rejetons, par les provins ou marcottes, & de bouture. Voyez ces différens mots.

☞ La vie & la santé des arbres consistent dans la circulation du suc nourricier. Tout ce qui peut empêcher la circulation de ce suc dans les différentes parties de l’arbre, le rend malade. Il languit, & si le mal continue, il meurt.

☞ Un suc trop abondant peut crever les vaisseaux. Alors il se fait des épanchemens pernicieux, ou bien il n’a pas assez d’espace pour couler, il s’arrête. Le suc qui monte continuellement des racines, occupe peu-à-peu les trachées, empêche l’action de l’air : l’arbre meurt suffoqué.

☞ Le manque de sucs produit le même effet. Les fibres destituées d’humeurs se resserrent, se dessechent, & deviennent incapables de recevoir de nouveaux sucs.

☞ La malignité des sucs altère les organes. Des sucs corrosifs déchirent le chevelu des racines. Un suc trop gluant s’épaissit, se fige.

☞ Les arbres trop fertiles durent moins que les autres. Ils donnent trop de sucs à leurs fruits, & n’en conservent pas assez pour se nourrir.

☞ La gelée en dilatant les sucs, déchire les fibres, & fait quelquefois éclater les arbres.

☞ La chaleur atténue les sucs, ouvre les ports, en exprime ces sucs. Les fibres se relâchent, l’arbre languit.

☞ Les arbres augmentent en grosseur par l’addition des couches ligneuses qui se forment sous l’écorce, & s’ajoutent au bois déjà formé. Voyez Aubier.

☞ Au printemps, lorsque les arbres sont en pleine seve, j’enlevai, dit M. Duhamel, à un jeune arbre un morceau d’écorce qui découvroit le bois jusqu’à la moitié du diamètre du corps de l’arbre que j’avois mesuré avec un compas d’épaisseur. Ayant conservé l’ouverture de ce compas, je posai une pièce d’étain battue immédiatement sur le bois, & je remis ensuite le morceau d’écorce à sa place où je l’assujettis avec une bandelette chargée de térébenthine. Cette écorce se greffa, l’arbre grossit en cet endroit comme ailleurs. Plusieurs années après je sciai mon arbre à l’endroit de cette greffe. Je trouvai ma petite lame d’étain recouverte d’une couche de bois assez épaisse ; mais après avoir mesuré la portion du corps ligneux qui avoit été renfermé par la lame d’étain, je trouvai qu’elle n’avoit pas sensiblement augmenté de grosseur. Ce qui prouve très-bien que le bois qui étoit formé au commencement de l’expérience, n’avoit pas contribué à l’augmentation de grosseur de cet arbre.

☞ Les bourgeons s’alongent dans toutes les parties, tant qu’ils sont tendres & herbacées. L’alongement diminue à mesure que le bois se durcit. Il cesse, quand la partie ligneuse est entièrement endurcie.

☞ Tout le monde peut avoir remarqué qu’une branche qui sort d’un arbre à une certaine distance du terrain, reste toujours à cette même hauteur, quoique l’arbre qui la porte, croisse beaucoup. De même quand les essieux des roues ont endommagé la tige d’un jeune arbre, on remarque que la cicatrice reste toujours à la hauteur des essieux quoique l’arbre croisse. Ainsi le corps ligneux, une fois endurci, ne s’étend plus en longueur.

☞ Mais il est aisé de concevoir l’accroissement des arbres en hauteur, quand on sait que les boutons contiennent les rudimens d’une nouvelle branche, ainsi que le mamelon, qui est à l’extrémité des semences, renferme les rudimens d’une tige, & que de ces boutons sortent les jeunes branches, de la même manière que les tiges sortent des semences. Ces branches naissantes s’élèvent par la suite de la même manière que les jeunes tiges, Voyez Bouton, Couches ligneuses & Aubier.

☞ Il paroît que les couches ligneuses de certains arbres, tels que le maronnier d’Inde, &c. s’endurcissent beaucoup plus lentement que d’autres, tels que le buis, &c. Celles qui s’endurcissent lentement, doivent conserver plus long-temps la propriété de s’étendre. C’est peut être ce qui fait que certains arbres croissent plus promptement que d’autres.

☞ Par la même raison un arbre qui se trouve à l’abri du soleil, transpirant peu, conserve long-temps l’humidité qu’il contient, l’endurcissement se fait plus lentement que dans un arbre fort exposé au soleil ; & l’on remarque assez constamment que les arbres tenus à l’abri poussent plus vigoureusement que ceux qui sont brûlés du soleil.

☞ Un sarment de vigne, dit M. Hales, qui commence à se former lorsque la séve est peu abondante, & souvent quand la saison est encore froide, a vers son origine ses nœuds plus près les uns des autres, que ceux qui se forment dans le temps que la séve est très-abondante. Quand les feuilles sont parvenues à leur grandeur, & quand la séve diminue, alors les nœuds deviennent plus serrés à l’extrémité des sarmens. Cette observation de M. Hales sur les nœuds de la vigne, a son application aux feuilles & aux boutons des autres arbres. Ainsi tout ce qui peut rallentir l’endurcissement, est favorable à l’extension des bourgeons. De-là vient que les branches gourmandes, qui tirent une grande quantité de séve, sont beaucoup plus longues que les autres, que les arbres plantés dans des terrains humides font de plus grandes pousses, que ceux qui sont placés dans des terrains secs. Les années pluvieuses sont, par la même raison, favorables à l’extension des bourgeons.

Arbres de délit, abougris, broutés, avortés, recepés, encroués, arbres chablis, bailliveaux, arbres d’entrée, en étant, gisant.

Ces mots qui sont usités dans le commerce des bois, sont expliqués à leur ordre, au mot Bois.

Arbre de brin, parmi les Charpentiers, est un arbre de belle venue, & dont la tige est haute & droite, tels que sont ceux dont on fait les poutres, les sablières, les mâts, &c. Arbor recta, proceraque. Parmi les mêmes on dit un arbre d’un beau brin ; pour dire, un arbre droit, de belle venue, & assez gros dans son espèce.

Arbre conifére, c’est celui dont le fruit est de figure conique, comme le pepin, le sapin, le picéa, la mélèse. Arbor conifera, ou resinifera ; c’est-à-dire, portant de la résine. On leur donne aussi ce nom, parce que les arbres coniféres sont presque tous couverts d’une écorce remplie de résine.

Arbres de lisière, en termes des Eaux & Forêts, sont des arbres qu’on laisse dans les ventes & coupes de bois entre deux pieds corniers, pour servir de parois & de bornes à la coupe qui est permise. Arbores limitanes. ☞ On a étendu ce terme, car on dit faire des réserves en lisières, pour dire, qu’on réserve une étendue de bois qui a beaucoup de longueur & peu de largeur.

Arbres a laïe, ou Arbres de repeuplée. Ce sont des jeunes plants qu’on laisse pour repeupler les taillis, lorsqu’on en fait coupe. Arbor proletaria, subsidiaria.

Arbre retenu, en termes d’Eaux & Forêts. Arbre marqué du marteau du Roi & de celui du Grand-Maître, pour être conservé dans les ventes, lors de leur exploitation par les marchands adjudicataires.

Arbre en état, est un arbre qui est encore sur pied. Voyez Bois.

Ovide Montalban a écrit trois volumes des arbres, qu’il nomme Dendrologie, qu’il a mis à la suite de l’histoire naturelle d’Ulysse Aldrovandus, dont les six premiers volumes contiennent celle des oiseaux, des animaux terrestres, des poissons, des insectes, & des métaux. Jonston a fait aussi une Dendrologie. Ces ouvrages sont des compilations de tout ce qu’ils ont trouvé dans les Auteurs qui les avoient précédés. La rareté de ces livres fait une partie de leur mérite. Pour les arbres des Indes occidentales, Voyez le P. d’Acosta, Liv. IV de l’Hist. des Indes, ch. 16, & suiv. jusqu’au 32. Et pour ceux des Antilles, l’Histoire naturelle des Antilles de Lonvillers de Poincy, imprimée à Amsterdam in-4o. en 1658, & celle du P. du Tertre, & les plantes de l’Amérique du P. Plumier, Minime.

Il y a des arbres si gros en la province de Nicaragua, qu’à peine quinze hommes les peuvent embrasser. Le P. d’Acosta Jésuite, Liv. IV de l’Histoire des Indes, ch. 3, rapporte qu’à Tlacocharaye, à trois lieues de Gauxa, dans la nouvelle Espagne, il y en a un qui est creux, & qui en dedans a neuf brasses de tour proche de la terre, & en dehors proche de la racine seize brasses, & douze plus haut, & qu’il peut contenir mille personnes sous son ombre ; & que c’est sous cet arbre que les Barbares s’assembloient pour leurs superstitions, & qu’ils faisoient leurs mitotes ou danses autour de leurs idoles. Herrera parle d’un autre, que seize hommes ne purent embrasser en se tenant par les mains. Le P. Kirker, dans son Latium, p. 50, dit qu’il a vu proche de Gonzano un arbre si gros, qu’une famille entière de ving-cinq personnes pouvoit tenir dans sa cavité. Le peuple dit que c’est Auguste qui l’a planté. Rai, dans son Hist. des plantes, p. 43, fait mention de plusieurs arbres d’une grosseur extraordinaire.

Il y a aux Indes de fort grandes forêts qui sont composées d’un seul arbre, dont les branches tombent jusqu’à terre, y prennent racine, & repoussent de nouveaux arbres. Le figuier admirable & le palétuvier sont de cette espèce. Il y a des arbres au Pérou, dont une partie des branches produit des fruits pendant la moitié de l’année, & l’autre partie pendant l’autre moitié. Il y a aux Antilles des arbres de mer, qui naissent dans les bancs des rochers, & qui sont glacés de salpetre, qui les rend tout blancs. Quelques uns les prennent pour une espèce de corail. Lonvillers. De tous les arbres qui croissent dans la Chine, celui qui porte le suif est, à mon sens, le plus admirable. P. Le Comte. Voyez Suif.

Les arbres ont servi autrefois à l’idolâtrie. On plaçoit les Idoles sous des arbres, qui leur faisoient une espèce de temple ; & si les Anciens, dit Pline, ont adoré des arbres, ce n’est que parce qu’ils les regardoient comme les temples de quelque Divinité. Cette idée est très-ancienne, & a été très-commune. Voyez Osée IV, 13. Ezech VI, 13, & Deut. XVI, 21, où Dieu, à cause des abus de l’idolâtrie, défend de planter des arbres proche des autels, ou d’ériger des autels sous des arbres : Loi que les Hébreux violerent si souvent. Encore aujourd’hui dans l’Indes les Brames placent ordinairement leur idole sous des arbres, & dans de petits bouquets de bois toufus. Voyez de la Crequinière, Voyage des Indes, Art. V. p. 51. Chez les Anciens, les Dieux avoient chacun un ou plusieurs arbres qui leur étoient consacrés ; Jupiter, le chêne ; Venus, le myrte ; Apollon, le Laurier ; Cybèle, le pin ; Hercule, le peuplier ; Minerve, l’olivier ; Bacchus, la vigne & le lierre, &c.

Un arbre a servi de corps à bien des devises. Un arbre renversé, avec ce mot, Uno decidit ictu, il est tombé au premier coup, marque la petitesse d’esprit & de courage dans un homme que le moindre revers abat. Au contraire, avec celui-ci, Non uno decidit ictu, il marque la fermeté de courage. Augustin Barbarigo, Doge de Venise, pour marquer que les charges dont il étoit revêtu, abrégeoient sa vie, prit pour devise un arbre chargé de fruits, avec ce mot, Copia me perdit. D’autres ont mis un arbre renversé sous le poids des fruits dont il étoit chargé, avec ces mots, Sternit ubertas ; ou bien celui-ci de Martial, Pondere victa suo. Pour marquer que la chûte des grands hommes en perd beaucoup d’autres, un grand arbre, qui en tombant abat tout ce qu’il trouve autour de lui, avec ce mot de Catule, Cominùs omnia frangit. Pour une ancienne famille, un vieux arbre, Durando sæcula vincit, Virgile, Georg. 2. Un Académicien de Boulogne, appelé l’Inculto, prenoit pour devise un arbrisseau inculte, avec ce mot de Virgile, Sponte suâ, pour donner à entendre que ses ouvrages étoient tout de lui, sans le secours ni le conseil d’aucun autre. Pour un jeune homme dont les belles qualités donnent de l’espérance, des caractères ou figures écrites sur l’écorce d’un arbre, Crescent dum crescet, elles croîtront avec lui. Un arbre coupé par le pied, avec ces mots italiens, A piû bell’ opre, pour de plus beaux ouvrages, est la devise d’un Académicien des Errans de Bresse. Pour un homme de fortune, qui n’oublie point sa première bassesse, un grand arbre, & ce mot, Virga fui.

On dit l’arbre de la Croix, où Jésus-Christ a été attaché. Arbor crucis. L’arbre de vie. Arbor vitæ.

Arbre planté au milieu du Paradis, dont le fruit auroit eu la vertu de conserver la vie à Adam, s’il avoir obéi aux ordres de Dieu.

Arbre de la science, du bien & du mal. Arbor scientiæ boni & mali. Arbre que Dieu avoit planté au milieu du Paradis, auquel Dieu avoit défendu de toucher sous peine de la vie. Quelques-uns croient que l’arbre de vie, & l’arbre de la science du bien & du mal étoient un même arbre. L’opinion contraire paroît plus conforme au texte de Moyse qui en distingue deux.

Arbre de Judas. Arbor Judæ. Il fleurit au commencement du printemps. La couleur de ses feuilles tire du violet au rouge. Sa fleur est comme du safran d’Inde. Il vient de bouture, & prend aisément. Le plus sûr est de coucher les branches en terre & de les inciser. Chom. Nous nommons en françois cet arbre, Arbre de Judée. Il se couvre entièrement de feuilles de couleur de pourpre avant que de pousser ses fleurs. Les Persans l’appellent Argeran ou Argheran. Ils se servent souvent de cet arbre dans leurs comparaisons. Ils donnent au vin, qui leur est défendu, le nom d’eau d’argeran, par respect pour une loi qu’ils violent incessamment. Les visages de safran & les yeux d’argeran sont leurs expressions ordinaires, pour signifier des amans passionnés, dont la mélancolie est peinte sur le visage, & dont les yeux sont rouges à force de verser des larmes. d’Herb. Voyez Gacnier.

Arbre de Mer. Quelques Chimistes appellent ainsi le corail. Corralium, arbor maris. Harr.

Arbre des Philosophes. Terme de science hermétique. Arbor Philosophorum. Le grand arbre des Philosophes est leur mercure, qui est leur teinture, leur principe & leur racine ; quelquefois c’est l’ouvrage de la pierre. Voyez Pluie d’or. Dict. Herm.

Arbre au raisin. Voyez Pistachier sauvage. Voyez aussi Nez coupé.

Arbre qui porte des savonettes. Sapindus foliis coslæ alatæ innascentibus, Inst. R. Herb. Cet arbre croît dans toutes les îles de l’Amérique le long de la mer, dans les lieux les plus secs & les plus arides : son tronc ne s’éleve qu’à la hauteur de deux à trois pieds, & est branchu. Il donne plusieurs petites branches couvertes d’une écorce grise & rude ; elles sont garnies de feuilles vertes, longues, étroites & rangées sur une côte de la même couleur. Monard compare assez mal ses feuilles à celles de la fougère. Ses fleurs sont disposées en manière de grappe, composées de quatre pétales soutenus par un calice fendu en quatre quartiers. Le pistil qui s’éleve du milieu du calice, devient un fruit charnu, très-amer, jaune & de la grosseur d’une petite noix. La chair de ce fruit mûr, se réduit en une substance claire & gluante, comme la gomme arabique fondue. Le noyau de ce fruit est rond, d’un beau noir, gros comme une moyenne balle de pistolet : la semence qu’il renferme, est ronde pareillement, & a un goût de noisette. Le bois de cet arbre est blanc & fort dur. On se sert de ses fruits pour dégraisser & blanchir le linge ; & parce qu’ils font brouer & écumer l’eau comme le savon, on les appelle des savonettes, nuculæ saponariæ ; & son arbre, sapindus en latin, comme qui diroit, Sapo Indus, Savon des Indes, à cause de l’usage de ses fruits. Le P. du Tertre remarque que ce savon brûle & gâte le linge lorsqu’on s’en sert trop souvent.

Arbre triste. Espèce d’arbre commun dans les Indes. On l’appelle triste, parce qu’il ne fleurit que la nuit. Ses fleurs tombent une demi-heure avant le lever du soleil, & commencent à repousser une demi-heure environ après son coucher. Cet arbre est de la grandeur d’un prunier. Ses branches ont une aune de long. Quand on le coupe à la racine, il recroît en moins de six mois. On le plante ordinairement proche des maisons. Les Indiens en ramassent curieusement les fleurs quand elles sont tombées, parce qu’elles sentent fort bon. Goa & Malaca sont les endroits où l’on trouve le plus de ces sortes d’arbres. Cette description est prise d’Acosta & de Linscot. On peut la comparer avec celle de la plante nommée manjapumeran, dans le premier volume de l’Hortus Malabericus.

Arbre de vie. Arbor vitæ, ou Thuya Theophrasti. C. B. Pin. Arbre qui a été apporté de Canada en France, & qui fut présenté à François I. ☞ Il est ainsi nommé, parce qu’il est toujours vert, & qu’il rend une odeur douce & agréable. On le nomme aussi Cèdre américain, ou arbre toujours vert. Cet arbre, quoique étranger, s’est multiplié aisément en Europe ; ses branches prennent facilement racine, & on n’a pas beaucoup de peine à l’élever. Il devient d’une moyenne grandeur en France ; son tronc est droit, noueux, revêtu d’une écorce à-peu-près semblable à celle du cyprès, remplie d’une matière résineuse. Il est assez branchu ; ses branches s’étendent horizontalement, & sur leurs côtés elles sont divisées en d’autres plus petites branches en manière d’ailes. Ces petites branches sont couvertes d’écailles menues, aplaties, posées les unes sur les autres, toujours vertes, bonnes dans l’hiver ; car pour lors elles roussissent ; mais au printemps elles reprennent leur verdure. Entre ces petites feuilles sont placées des petites vessies remplies d’une liqueur onctueuse, résineuse, & d’une forte odeur de drogue. Ces feuilles, quoique desséchées, ne perdent presque jamais leur odeur. A l’extrémité de quelques-unes de ces petites branches naissent des petits boutons qui deviennent des fruits longs de demi-pouce environ, composés de quelques écailles, entre lesquelles on trouve des semences oblongues, bordées d’une aile membraneuse, ou feuillet délié.

On ajuste cet arbre dans les jardins, & on lui donne, comme à l’if, telle figure que l’on veut. On fait cas de son huile tirée par la distillation, pour soulager les goutteux.

Arbre de Diane, Voyez Diane.

Arbre de Mars, Voyez Mars.

Arbre à enivrer. C’est le nom que l’on donne dans le Pérou à l’arbre qui produit le quinquina, dont on se sert pour la guérison des fièvres ; parce qu’outre cette qualité fébrifuge, son écorce a encore celle d’enivrer les poissons plus surement, que la drogue qu’on appelle en Europe Coque de levant.

Arbre, en termes de Charpenterie & d’Architecture, est une grosse pièce de bois, qui est la principale d’une machine, & qui la soutient. L’arbre du moulin est celui que la roue fait tourner, pour mouvoir les meules, soit par l’eau, soit par le vent. Arbor molendinaria. On l’appelle arbre tournant.

L’Arbre d’un navire, est le grand mât qu’on appelle arbre mestre sur la méditerranée. Arbor nautica.

L’Arbre d’une grue, est la principale pièce de bois qui la soutient, qu’on nomme aussi la flèche.

Arbre, en termes d’Horlogerie & de Mécanique, est ce qu’on appelle dans les montres, les horloges & autres machines qui tournent, l’axe ou l’essieu des roues qui portent le pignon ou ce qui les fait mouvoir. Axis.

Arbre, en termes de Monnoyage, signifie la machine qu’on appelle vulgairement une jument, qui contient tout ensemble le dégrossi & le laminoir, une grosse pièce de bois posée perpendiculairement, sur le haut de laquelle est la grande roue à dents qui donne le mouvement aux lanternes & aux hérissons.

On nomme pareillement parmi les ouvriers des monnoies, l’arbre du coupoir, une pièce de fer posée perpendiculairement, dont le bout d’en haut, qui est vis-à-vis, se tourne avec une manivelle, pour la faire baisser ou lever, & qui à son autre bout porte le coupoir, c’est-à-dire, un emporte-pièce d’acier bien acéré, pour débiter les lames de métal en flaons convenables aux espèces qu’on veut marquer.

Arbre, en termes de Tourneur, est un mandrin composé de plusieurs pièces de cuivre, de fer & de bois, dont on se sert, soit pour tourner en l’air, soit pour faire des vis aux ouvrages de tour, soit pour tourner en ovale, ou en d’autres figures irrégulières.

Arbre, chez les Vitriers. Les Vitriers appellent les arbres d’un tire plomb, les axes ou essieux qui font tourner les rouleaux d’acier, entre lesquels on passe la lame de plomb, pour l’aplatir & canneler au sortir de la lingotière.

Arbre, chez les Tireurs d’or, est une espèce de cabestan, dont le treuil, qui est posé perpendiculairement, a huit ou dix pieds de haut. Deux barres ou leviers de vingt-quatre pieds de long, le traversent en croix, & servent à le tourner. C’est sur cet arbre que se roule le cable. Voyez Argue.

Arbre de Pressoir, en termes de Mécanique, est de deux sortes, selon deux différentes espèces de pressoir. Dans la première, c’est un tronc d’arbre équarri, qui a plus de la longueur de la mai du pressoir, & qui déborde par les deux bouts : il est engagé entre deux montans ou jambages de chaque côté, qui l’assujettissent, pour qu’il ne puisse s’écarter ni à droite ni à gauche. Dans son milieu il est percé d’un trou qui reçoit une vis, qui le hausse & le baisse par le moyen d’un écrou. Quand l’arbre est haussé, on dispose dessous & au milieu de la mai le raisin, que l’on entasse en masse carrée que l’on appelle marc. On met sur ce marc des planches épaisses, & l’on en couvre tout, ensorte qu’elles débordent même plus que le marc, sur lequel on a mis deux ou trois grands bâtons de la grosseur du bras pour soutenir ces planches débordantes ; on charge ces planches de solives équarries mises alternativement en carré les unes sur les autres, & l’on en met ainsi jusqu’à ce qu’elles touchent l’arbre du pressoir élevé, comme nous avons dit ; alors, à l’aide d’une roue, au milieu de laquelle est l’écrou, on abaisse l’arbre qui en pressant le raisin sur la mai, exprime tout le jus qu’il contient.

L’autre espèce d’arbre de pressoir est un grand & gros tronc d’arbre équarri en poutre, qui par son gros bout porte sur la mai du pressoir, & de chaque côté de la mai est enclavé entre deux montans qui l’assujettissent. A l’autre bout il porte un écrou, & par le moyen de la vis il se hausse & se baisse ; quand il est haussé, l’autre bout s’abaisse entre les deux montans, qui le tiennent, & alors on met dessus ce bout abaissé des pièces de bois, qui l’empêchent de s’élever, puis par le secours de la vis on abaisse l’autre bout ; l’arbre, en s’abaissant, presse le marc & en exprime le vin.

☞ Il y a quantité d’autres machines pour les différens métiers où cette pièce se rencontre sous le nom d’arbre ; mais comme elle a par-tout la même fonction, les sortes d’arbres dont on vient de parler, suffiront pour faire connoître cette fonction.

Arbre, se dit figurément en Logique de l’ordre & de la suite naturelle des genres, des espèces & des individus. On l’appelle l’arbre de Porphyre, du nom du Philosophe Porphyre, qui en est l’inventeur. Dans l’arbre de Porphyre on descend ainsi du premier genre jusqu’aux individus : être, substance, corps, vivant, animal, homme, pierre. Cette suite se met sur le tronc d’une figure d’arbre ; & sur les branches de l’arbre en ligne collatérale se trouvent les divisions de chacun de ces genres ou espèces. C’est ce qui fait qu’on l’appelle arbre. ☞ On l’appelle autrement, échelle des prédicamens. Scala prædicamentalis.

D’autres Philosophes forment cet arbre différemment. Pourchot, par exemple, met d’abord l’être, puis la substance ; ensuite il descend ainsi : la substance est esprit ou corps ; l’esprit est incréé ou créé, l’esprit créé, est destiné au corps, ou ne l’est pas ; le corps est animé ou inanimé, le corps animé a la force de marcher, ou ne l’a pas ; s’il a la force de marcher, il est ou raisonnable ou irraisonnable. Cela est un peu défectueux. Qui nous a dit qu’il n’y a pas des animaux irraisonnables, qui avec une ame sensitive, n’ont pas la force de marcher ? Les huîtres & autres coquillages attachés à des rochers marchent-ils ?

Arbre, se dit aussi figurément d’une figure tracée en forme d’arbre, d’où l’on voit sortir, comme d’un tronc, diverses branches de consanguinité, de parenté. Arbre généalogique. On a dressé l’arbre généalogique de la maison de France. Graduum cognationis schema ; Arbor consanguinitatis ; Cognationum stemmata.

On a appellé en poësie arbre fourchu, un lai, un virelai, à cause des petits vers intercalaires qui étoient au milieu des grands, qui faisoient une espèce de fourche.

Arbre, en termes de Blason, s’appelle fusté, quand son tronc est d’un autre émail que ses branches. On doit aussi spécifier en blasonnant quand il est sec, ou avec ses feuilles.

On dit figurément & proverbialement, qu’il se faut tenir au gros de l’arbre ; pour dire, au parti juste & solide, & qui est le plus fort. Quand il s’agit de la foi, cela veut dire, qu’il faut s’en tenir aux décisions de l’Eglise, qui sont les règles de notre foi.

ARBRISSEAU. s. m. Frutex. Plante ligneuse, de moindre taille que l’arbre, laquelle, outre la principale tige & les branches, produit très-souvent de la même racine plusieurs pieds considérables, tels sont le troène, la filaria, &c. Les arbres & les arbrisseaux poussent en automne des boutons dans les aisselles des feuilles. Ces boutons sont comme autant de petits œufs qui se développant dans le printems, s’épanouissent en feuilles & en fleurs. Cette différence, jointe à la grandeur, fait qu’on distingue aisément les arbrisseaux des sous-arbrisseaux.

ARBRISSEL. s. m. Voyez Albresec.

ARBROATH. Bourg du nord de l’Ecosse. Arbroathum. Il est sur la côte de la province d’Angus, au midi de la ville de Montrose.

ARBROIE. s. f. Vieux mot. Boccage. Poés. du Roi de Nav.

ARBROT. s. m. Terme d’Oiseleur. On dit, prendre les oiseaux à l’arbrot, c’est-à-dire, à une espèce de petit arbre garni de gluaux.

ARBUSTE, ou SOUS-ARBRISSEAU. s. m. Suffrutex. On donne ce nom aux plantes ligneuses, ou petits buissons moindres que les arbrisseaux. On met des arbustes dans un parterre.

ARC.

ARC. s. m. Arme courbée en demi-cercle, servant à tirer des flèches. Arme faite d’un morceau de bois, de corne, ou d’autre matière qui fait ressort, lequel étant courbé fortement par le moyen d’une corde attachée à ses bouts, fait partir une flèche avec grand effort en se remettant en son état naturel, ou du moins en se redressant avec violence. Arcus. Le mot d’arc est dit ab arcendo, quòd arceat hostes, parce qu’il écarte les ennemis. Les cornes d’un arc, sont ses extrémités où la corde est attachée pour le bander. Cornua. L’arc est la première & la plus générale de toutes les armes : car on a trouvé que les peuples les plus barbares, les plus éloignés, & qui avoient le moins de communication avec les autres hommes, s’en servoient. On s’en sert encore dans plusieurs endroits de l’Asie, de l’Afrique & de l’Amérique. Bander, débander un arc. Tirer de l’arc. Les anciens attribuoient l’invention de l’arc & de la flèche à Appollon.

Chez les Mogols, l’arc est le symbole de la royauté, & la flèche le symbole de l’ambassadeur, ou d’un Vice-Roi. D’Herb. C’est Louis XI qui commença, en 1481, à abolir en France l’usage de l’arc & de la flèche, pour introduire les armes des Suisses, c’est-à-dire, la hallebarde, la pique, & les larges épées.

On dit, un arc d’ivoire, d’ébène, &c. Arcus ebore, ebeno instructus ; pour dire, un arc garni d’ébène, d’ivoire ; car on ne fait point d’arc d’ivoire, d’ébène, ni de bois durs, à cause qu’ils ne font point de ressort.

L’arc a fourni plusieurs devises. Voici les mots : mi riposo no es flaqueza, mot espagnol, qui signifie, mon repos n’est point langueur. Stringendo mi scioglio, mot italien, qui veut dire, en serrant mes liens je me délie, je me mets en plus grande liberté. Piegato si lega, autre mot italien de Lucarini, il se lie quand il est plié. Et Per ferir altrui terse se stesso, pour frapper un autre il se courbe, il se gêne.

Arc-a-Jalet. Sorte de petite arbalète propre à jeter de petite balles. Arcus scapo instructus & emittendis globulis comparatus.

Arc, signifie en Géométrie, un trait de compas qui se meut sur un centre, & qui n’achève pas un demi cercle ; ou une partie de la circonférence d’un cercle, moindre que la moitié. La base ou la ligne qui en joint les deux extrémités s’appelle la corde, & la perpendiculaire élevée au milieu de cette ligne, s’appelle la flèche. Tous les angles sont mesurés par des arcs. Pour savoir leur grandeur, il faut décrire un arc, dont le centre soit en leur pointe.

On appelle aussi arc en Astronomie, une portion d’un cercle, qui fait partie d’un cercle divisé en 360 parties : & on dit, un arc de 60, de 90, & de 120 degrés. L’arc diurne du soleil est le cercle parallèle à l’équateur, que le soleil décrit sur l’horizon ; c’est-à-dire, depuis son lever jusqu’à son coucher. Son arc nocturne est un pareil cercle qu’il décrit sous l’horizon. L’élévation du pôle se mesure par un arc pris sur le méridien. L’arc de progression, ou de direction, est l’arc du zodiaque, que la planète semble parcourir lorsque son mouvement se fait selon la suite des signes. L’arc de rétrogradation, est l’arc du zodiaque que la planète parcourt en rétrogradant, & lorsqu’elle se meut, contre l’ordre des signes. L’arc de station première, est l’arc que la planète parcourt dans le premier demi-cercle de son épicycle, pendant qu’elle est stationnaire. L’arc de station seconde, est l’arc que la planète parcourt dans l’autre demi-cercle de son épicycle, pendant qu’elle paroît stationnaire. Dans les Mémoires de l’Académie des Sciences 1710, p. 200. M. de la Hire donne une méthode générale pour la division des arcs de cercle, ou des angles en autant de parties égales que l’on voudra.

Arc, se dit aussi généralement de toutes les choses qui se font en ligne courbe. En cet endroit le rivage se courbe en arc pour former un golfe, ou une anse. Cette rivière, ce chemin, la muraille de ce port, se forment en arc, & font un grand détour.

Arc, se dit aussi dans les bâtimens, des voûtes & trompes courbées en rond. Arc en plein cintre, est celui qui forme un demi-cercle parfait. Arcus integer. Arc en anse de panier, est un arc surbaissé. Arcus diminutus, delumbatus. Arc en talus, est un arc percé en talus dans un mur. Arcus subcuneatus. Arc biais, ou de côté, est un arc dont les piédroits ne sont pas d’équerre. Arcus compositus. Arc en décharge, est un arc fait pour soulager une platebande, ou un poitrail, & dont les retombées portent sur les sommiers. Arcus epistylia sustinens. Arc rampant, est un arc incliné dans un mur à plomb. Arcus incidens muro ad perpendiculum erecto. On appelle arcs, ou arceaux, les voûtes des portes ou des fenêtres qui ne sont pas carrées. Cette voûte fait un trop grand arc. Il faut bander des arcs, quand on fait des fondemens dans une carrière vidée, pour soutenir les constructions qu’on fait dessus. Blondel enseigne le moyen de trouver les joints de toutes sortes d’arcs rampans : ce qui est inséré dans les Mémoires de l’Académie des Sciences.

Arc de triomphe, ou triomphal. C’est une construction de charpente qu’on fait sur quelques portes, ou passages, avec divers ornemens dans les entrées d’un Roi, ou d’un vainqueur. Arcus triumphalis. On en fait aussi de pierre magnifiquement décorés d’architecture ou de sculpture, pour conserver la mémoire des grandes actions à la postérité, par plusieurs inscriptions & bas-reliefs qu’on y taille. L’arc de Constantin. L’arc du Roi, Louis XIV.

On appelle arc de carrosse, la pièce de fer courbée en arc qui joint la flèche ou les brancards au train de devant : ce qui donne au carrosse la facilité de tourner en plus petit espace.

Arc de l’Éperon. Terme de Marine. C’est en longueur la distance qu’il y a du bout de l’éperon à l’avant du vaisseau, par-dessus l’éperon.

On dit figurément en termes de l’Ecriture, que Dieu a bandé son arc, préparé son arc ; pour dire, qu’il menace les hommes dans sa colère.

Les Païens mettoient entre les mains de Cupidon un arc & des flèches, pour signifier figurément qu’il blessoit les cœurs en leur donnant de l’amour.

On appelle figurément les sourcils d’une belle brune, des arcs d’ébène.

On dit proverbialement & figurément, qu’il faut avoir plusieurs cordes à son arc ; pour dire, avoir plusieurs moyens de sortir d’une affaire, d’en venir à bout. Marot a dit proverbialement :

Débander l’arc ne guérit point la plaie.

☞ Pour dire, que quand on a fait un mal, on ne le répare pas en se mettant en état de n’en plus faire.

Ce proverbe vient de René d’Anjou, Roi de Sicile, qui après la mort d’Isabeau de Lorraine sa femme arrivée en 1453, pour montrer qu’il l’aimeroit toujours nonobstant sa mort, prit ce vers pour l’ame de sa devise, dont le corps étoit un arc à la turque qui avoit la corde rompue.

Arc des loyaux amans, étoit une fiction, dont il est fait mention dans l’Amadis, d’un arc ou d’une voûte qui étoit dans le palais enchanté d’Apollidon, où il paroissoit une grande statue de cuivre, tenant un cors en main, qui rendoit un son mélodieux quand les amans fidèles passoient par-dessous, & qui jettoit du feu & de la fumée avec un bruit effroyable quand ils étoient infidèles.

Arc-boutans. (on ne prononce point le c) Grandes arcades appuyées sur des murs solides, qu’on fait pour soutenir les voûtes élevées des églises, ou des autres bâtimens. Anterides, Erisinata. ☞ On dit mieux arc-butant. Ce mot est françois, & est formé d’arc & de buter. Encyc.

☞ On appelle quelquefois arc-boutant une masse de maçonnerie, un pilier, un éperon servant à contre-tenir un mur de terrasse ou autre. Mais le mot d’arc-boutant ne convient qu’à un corps qui s’élève & s’incline en portion de cercle contre le corps qu’il soutient.

On appelle aussi arc-boutans d’un carrosse, les pièces de fer qui sont des deux côtés des moutons pour les soutenir, parce qu’ils portent tout le faix du carrosse. La barre qui ferme les portes cochères s’appelle aussi arc-boutant, ou pied de biche.

Arc-boutans. s. m. Terme de Marine. Espèce de petits mats de 25 à 30 pieds de longueur, ferrés par le bout d’un fer à trois pointes, & long de 6 à 8 pouces. Ils servent à tenir les écoutes des bonnettes en état, ou à repousser un vaisseau s’il venoit à l’abordage.

On appelle figurément arc-boutant, appui, les principaux défenseurs d’un parti, d’une doctrine. Præsidia, propugnacula. Les Peres de l’Eglise ont été les arcs-boutans de la religion. Ce grand Capitaine est le principal arc-boutant, le meilleur appui de l’Etat. Ce factieux étoit l’arc-boutant de la ligue.

Va, Démon, va de Claude échauffer les transports,
Que ce ferme arc-boutant, cette plume zélée
Soutienne constamment la secte désolée.

Le Noble Teneliére.

Arc-bouter. v. a. (le c ne se prononce point ). appuyer un arc-boutant. Fulcice. Voy. Arc-boutant, Arc-bouter au mur.

☞ ARC-BOUTÉ, ÉE. Part.

Arc-rampant. C’est en Architecture une ligne courbe, dont les deux extrémités prises aux appuis de leurs naissances, qu’on appelle impostes, ne sont pas de niveau, & dont les diamètres conjugués ne sont pas à l’équerre, c’est-à-dire, dont l’aplomb de la clef est oblique à la ligne de rampe des impostes. Telles sont les arcades que l’on fait sous les rampes des escaliers & des terrasses en descente ; ce qui fait que ces sortes d’arcs ne peuvent jamais être d’une seule portion de cercle, mais de quelque autre section conique ou de spinale. Frézier.

Arc de cloître. Terme d’Architecture. Voûte composée de deux, trois, quatre ou plusieurs portions de berceaux, qui se rencontrent en angle rentrant dans leur concavité, ensorte que leurs côtés forment le contour de la voûte en polygone. Telles sont, par exemple, les petites voûtes, ou chapiteaux de guérites à pans. Si les berceaux cylindriques se rencontrent en angle rentrant sur leur convexité, ou ce qui est la même chose, en angle saillant sur la concavité, la voûte changeroit de nom, elle s’appeleroit voûte d’arrête. Id.

Arcs doubleaux. Terme d’Architecture. Transvoluti arcus. Dira-t-il que ces arcs doubleaux, peut-être de 40, 50 ou 60 pieds de diamètre, qui étoient déjà en voûte, pussent, en suivant la rondeur de la tour qu’ils portoient, & en se détournant ainsi de l’aplomb, soutenir un si prodigieux fardeau ? Cordem. L’arc doubleau est une arcade en saillie sur la doële d’une voûte, qu’elle traverse à angle droit, desorte qu’elle lui fait en cet endroit une espèce de doublière, soit pour la renforcer, soit pour cacher quelque arrête de rencontre, comme aux voûtes gothiques, ou pour faire une liaison d’un pilastre, ou d’une perche à son opposée. Frézier. Voyez encore Ogive, ou Augive.

Un arc droit en Architecture, est celui dont la corde est perpendiculaire au joint du lit d’une voûte, lorsque ce joint est droit, ou à sa tangente au point de rencontre, lorsqu’il est courbe ; c’est ainsi que l’entend le P. Deran, qui confond l’arc droit avec le biveau. Mais, pour mieux expliquer ce mot, l’arc droit proprement dit, est la section d’une voûte, perpendiculairement à son axe & à ses côtés, ou aux tangentes à ses côtés. D’où il suit, 1.o Qu’il n’y a point d’arc droit proprement dit aux voûtes coniques, parce qu’un plan ne peut être perpendiculaire à leurs axes & à leurs côtés qui sont convergens : 2.o Qu’il y a des arcs droits aux voûtes sphériques, parce que leurs tangentes sont parallèles à leurs diamètres : 3.o Qu’il y a aussi des arcs droits dans les annulaires & dans les vis, où les tangentes sont perpendiculaires à leur diamètre, parce que la tangente du côté est parallèle à celle de leur axe courbe dans la section perpendiculaire à cette tangente. Frézier.

Arc-en-ciel. Iris, arcus cœlestis. C’est un tissu de plusieurs couleurs disposées en arc, bande, ou écharpe, qui paroît dans une nuée pluvieuse : ce qui arrive lorsque le soleil n’est pas beaucoup élevé sur l’horizon, dans la partie du ciel qui lui est opposée. On l’appelle autrement Iris. Il a au pluriel arc-en-ciels. Les Américains adoroient l’arc-en ciel, au rapport d’Acosta. L’arc-en-ciel ne paroît qu’avant ou après la pluie. On voit quelquefois un double ou triple arc-en-ciel ; mais les deux derniers sont plus imparfaits, moins vivement colorés, & de moindre étendue. ☞ Les couleurs sont renversées dans les deux arcs. Celles de l’arc principal, c’est-à-dire, celui qui est intérieur, en prenant du dedans en dehors, sont dans l’ordre suivant ; violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge. Elles sont arrangées au contraire dans l’arc extérieur, ou second arc, rouge orangé ; & ont la même apparence dans les jets d’eau des fontaines, dans les bouteilles pleines d’eau, & dans les verres prismatiques ou triangulaires, qui s’appellent aussi Iris. On prétend que l’arc-en-ciel n’est qu’un effet de la réfraction des rayons du soleil, laquelle se fait au travers des gouttes sphériques d’eau dont l’air est rempli, & qui sont tout-à-fait transparentes. Roh. Tous les Philosophes conviennent que le soleil éclairant d’un côté, & de l’autre la nue composée de gouttes d’eau en forme de rosée, est la cause de l’arc-en-ciel. Ceux qui tiennent pour les atômes, disent que les rayons du soleil frappant les angles de toutes les particules dont la nue est composée, ils sont réfléchis & renvoyés de tous côtés à l’œil. Mais à l’égard du nombre de ces angles, & de la manière dont les rayons sont réfléchis, ils répondent que telle est la nature des rayons du soleil, & des corpuscules aqueux répandus dans l’air, qu’une telle variété de couleurs soit produite par une telle situation. Bern. Les raisons en sont fort bien expliquées par M. Descartes. La lune forme aussi quelquefois un arc-en-ciel. Il est blanc, ou du moins ses couleurs sont si foibles qu’elles paroissent blanches. Aristote dit, qu’on ne l’avoit point remarqué avant lui, & qu’on ne l’apperçoit qu’à la pleine lune. Le Docteur Salomon Braun a observé un arc-en-ciel lunaire, le quatrième jour après la pleine lune d’Octobre en 1671. Dans les nouvelles de la république des lettres, il est parlé d’un arc-en-ciel qui parut à Mastricht en 1684, qui consistoit en des nuages droits & perpendiculaires comme de longues colonnes qui étaient transparentes, & avoient une disposition de couleurs toute contraire aux ordres de ce météore. Mentzélius dit, qu’il a vu des arc-en-ciels tout blancs en plein jour. M. Mariote, dans son quatrième essai de Physique, dit, que ces arc-en ciels sans couleurs se forment dans les brouillards, comme les autres se forment dans la pluie, & il assure en avoir vu par diverses fois, tant le matin après le lever du soleil, que la nuit à la lune. Enfin, il attribue ce défaut de couleurs à la petitesse des vapeurs imperceptibles qui composent les brouillards. Voyez Aristote, Descartes, Gassendi, Regis, Rohault, de la Chambre, &c. dans leurs Traités des météores.

M. de la Chambre écrit toujours arcanciel, pour arc-en-ciel, comme si ce mot n’étoit pas composé de ces trois-ci, arc en ciel ; c’est-à-dire, arc qui est, ou qui paroît dans le ciel.

Catherine de Médicis avoit pour devise un arc-en-ciel, avec cet hémistiche grec ΦΩΣ ΦΕΡΕΙ ΗΔΕ ΓΑΛΗΝΗΝ, elle apporte la lumière & la sérénité.

Arc-en-ciel, au figuré, est en termes de l’Ecriture, un signe d’alliance entre Dieu & les hommes, par lequel il leur a promis de ne leur plus envoyer le déluge. Arcus fæderis.

Arc. L’arc, ou Lar. Petite rivière de Provence. Arcus Luris, Larius. Elle a sa source près de Fourrières, passe à Aix, & se décharge dans la mer de Martigue, à Berre.

Arc, est aussi le nom d’une rivière de Savoie. Arcus. Elle sort du Mont Cénis au septentrion, vers les confins du duché d’Aouste. Elle traverse le Comté de Morienne & la Chambre, & se jette dans l’Isère, à quelque lieues au-dessous de Montmélian. Elle forme par son cours un arc, qui probablement lui a donné son nom.

Arc-en-Barois. Petite ville de France, en Bourgogne, sur la petite rivière d’Anjou, à quatorze lieues de Dijon, & à cinq lieues & demie de Langres.

Arc (Jeanne d’). Voyez Pucelle d’Orléans. Vaucouleurs, Dom-Remi.

ARCACHON. Golfe de la mer de Gascogne. Sinus Arcassonius. Il est entre l’embouchure de la Garonne & celle de l’Adour, au couchant de Bordeaux. C’est dans les villages qui sont autour de ce bassin, que se fait le plus grand négoce du bray, qui se tire des landes de Bordeaux.

Le Cap d’Arcachon. Promontorium Arcassonium. Il est près du golfe de même nom.

ARCADE. s. f. Voûte courbée en arc. Fornix. ☞ On le dit généralement de toutes les couvertures en arc. Les arcades d’un bâtiment. Les arcades de la place royale. Les arcades d’un berceau.

Une arcade feinte, est un enfoncement cintré de certaine profondeur, qui se fait dans un mur, ou pour répondre à une arcade percée, qui lui est opposée, ou parallèle, ou seulement pour la décoration d’un mur orbe.

Arcade en jardinage, se dit d’une palissade formant une grande ouverture cintrée par le haut, qui peut être percée jusqu’en bas, ou être arrêtée sur une banquette de charmille.

Arcade, en serrurerie, est dans les balcons ou rampes d’escalier, la partie qui forme un fer à cheval, & qui leur fait donner le nom de rampes en arcade, ou de balcons en arcade.

Arcade. Terme de Talonnier. C’est le dessous d’un talon de bois coupé en arc. Arcade de talon bien faite.

Arcade. Terme de Lunettier. C’est la partie de la châsse de la lunette où l’on met le nez. Cette arcade me serre trop le nez, elle est trop petite.

Arcade en Anatomie. Ce mot s’applique de même aux parties figurées en arc. Arcade sourcillière. C’est le contour formé par l’orbite.

Arcade. s. m. Nom d’homme. Arcadius. Arcade, fils aîné de Théodose le Grand, naquit en Espagne, vers l’an 577, de Flaccile, & reçut le titre d’Auguste le 16 ou le 10 Janvier 383. Tillem. On dit aussi souvent Arcadius. Les médailles d’Arcadius ne sont point rares, si ce n’est en grand bronze.

☞ ARCADES. (les) Membres d’une Académie de Rome, Voyez Arcadien.

☞ ARCADI. Couvent de l’île de Candie, à douze milles de Retimno. Il semble que ce monastère, le plus beau & le plus riche de tous ceux de l’île, ait retenu le nom de l’ancienne Arcadia. On compte dans ce Monastère près de 100 Religieux, & environ 200 à la campagne, occupés à faire valoir les fermes.

☞ La cave est un des plus beaux endroits du Monastère. Le meilleur vin est marqué au nom du Supérieur, & personne n’oseroit y toucher sans sa permission. Il bénit cette cave tous les ans après les vendanges, en récitant l’oraison suivante imprimée dans le rituel grec. ☞ « Seigneur Dieu, qui aimez les hommes, jetez les yeux sur ce vin & sur ceux qui le boiront, bénissez nos muids, comme vous bénites le puits de Jacob, la piscine de Siloé, & la boisson de vos saints Apôtres. Seigneur qui voulûtes bien vous trouver aux nôces de Cana, où par le changement de l’eau en vin, vous manifestâtes votre gloire à vos disciples, envoyez présentement votre Saint Esprit sur ce vin, & bénissez-le en votre nom. Ainsi soit-il. » La Mart.

ARCADIE. Arcadia. Ancienne province du Péloponèse au milieu des terres, entourée de l’Achaïe propre au septentrion, de l’Elide au couchant, de la Messénie au midi, de l’Argie au levant, & de la Laconie, partie au levant, partie au midi. L’Arcadie avec la Laconie s’appellent aujourd’hui Zachonie, dont la partie septentrionale est l’ancienne Arcadie. Les Anciens disent qu’elle a tiré son nom d’Arcas fils de Jupiter.

Arcadie. Ville du Péloponèse, ou de la Morée. Arcadia. Elle est dans le Belvedère, à l’embouchure de la rivière Arcadia. Plusieurs Géographes prennent cette ville pour l’ancienne Cyparissis, ou Cyparissia, comme dit Etienne de Byzance, & Eranna, ville de la Triphylie, célèbre par sa dévotion pour Minerve, qui avoit pris le nom de Minerve la Cyparissienne. Samson croit que Cyparissis étoit où est aujourd’hui S. Elia, sur le golfe de Zonchio, & il met le Pilus Nestoris à Arcadia.

Le golfe d’Arcadie, ou de Lorcadian. Sinus Arcadicus. Le golfe d’Arcadie propre est borné par celui de Clarence au nord, & par celui de Zonchio au midi. C’est le Sinus Chiloniates des Anciens. Pris avec plus d’étendue, il renferme le golfe de Zonchio, qui est le Sinus Cyparissius des Anciens.

Arcadie, est aussi un nom de femme. Arcadia. Arcadie, troisième fille de l’Empereur Arcade, ne vint au monde que le 3 Avril de l’an 400. Tillem. Arcadie mourut en 440. Id. Arcadie n’étoit que nobilissime. Id.

ARCADIEN, ENNE. s. m. & f. & adj. Arcas, Arcadius. Qui est d’Arcadie. Les Arcadiens adoroient principalement le Dieu Pan. Les Arcadiens aimoient extrêmement la musique, & ils l’apprenoient à leurs enfans dès leur plus tendre jeunesse. Ils passoient néanmoins pour gens grossiers & stupides. De-là le proverbe qui appeloit un âne, un oiseau, ou un rossignol d’Arcadie. Les Arcadiens s’occupoient beaucoup à nourrir des bestiaux, & étoient presque tous pasteurs.

On a aussi appelé Arcadien ce qui étoit d’Arcade, ou d’Arcadie, sa fille. Marcellin dit, que les thermes arcadiens à Constantinople ont pris leur nom d’Arcade leur fondateur. D’autres Grecs disent la même chose, quoique quelques-uns en attribuent la fondation à Arcadie, fille de ce Prince. Tillem.

ARCADIEN. s. m. Nom des Membres d’une des Académies de Rome, ☞ dont le but est la conservation des lettres & la perfection de la Poësie Italienne : ainsi nommés, parce qu’en entrant dans cette Académie, chacun prend le nom d’un berger de l’ancienne Arcadie. Arcas, ou Arcadicus. L’Arcadia de l’Abbé Crescembini est une histoire de l’Académie de Rome qui porte le nom d’Arcadiens.

ARCADIQUE. adj. m. & f. Arcadicus. Qui appartient à l’Arcadie. Le golfe arcadique, ou d’Arcadie. Voyez Arcadie.

Arcadique. s. m. Nom d’une Milice instituée par Arcadius. Arcadicus. Théophane dit qu’Arcade créa une nouvelle Compagnie de Gardes, qu’en appela les Arcadiques, marqués dans la Notice de l’Empire. Tillem.

ARCAL-HALA. s. m. Nom de plante qui est arabe, & qui signifie, racine douce. Radix dulcis. Elle croît en Syrie. On la trempe dans l’eau pour la faire fermenter, & on en tire une espèce de miel fort doux, qui sert à faire plus de cinquante sortes de confitures à la manière du Levant, & que l’on a à si bon marché, que pour un sou un homme à de quoi diner. C’est un secours pour les pauvres.

ARCALU. Principauté de Tartarie. Arcoluonus Principatus. Witsen place la principauté d’Arcalu au midi du désert de Xamo, dans un grand coude que fait la rivière de Hoamko, à l’endroit où commence la muraille de la Chine, sous le 122e degré de longitude, & le 42e de latitude. Dans la Carte de la Chine, faite par les Jésuites Mathématiciens de l’Empereur de la Chine, ce grand coude du Hoamko, qui renferme le commencement de la grande muraille, est entre le 36d, 10’ de latitude, & le 37d, 45’ environ, & sous le 120e degré de longitude : l’on n’y voit point de principauté d’Arcalu.

ARCAM. s. m. Serpent noir & blanc qui se trouve dans le Turquestan, dont le venin est le plus dangereux, & le plus mortel de tous les poisons. d’Herb.

☞ ARCAN, ou CHARGAN. Petite ville de la Tartarie déserte, en Asie, sur la rivière de Cassima, dans le pays de Cafra.

ARCANE. Petite ville de l’Anatolie propre. Arcana. Elle est sur la côte de la Mer-noire, entre la ville de Sinope & le cap Pisello. Quelques Auteurs la prennent pour la ville nommée anciennement Aboniteichos, ou Aboni murus, que d’autres avec plus de raison mettent à Bolli.

☞ ARCANE. s. m. Mot emprunté du latin par les Alchimistes, pour exprimer quelqu’unes de leurs opérations mystérieuses. Les propriétés de ces arcanes sont de changer, fortifier, renouveler nos corps. C’est la vraie fontaine de Jouvence.

☞ On donne aussi ce nom à certaines préparations chimiques. C’est ainsi qu’on appelle arcane corallin, le précipité rouge adouci par l’esprit de vin.

ARCANGE. Voyez Archange.

ARCANGELET. s. m. Voyez Arc-a-jalet. C’est la même chose.

ARCANGI. s. m. Terme de Relation. Nom qu’on donne à des soldats Turcs qui n’ont point de paye, & qui servent seulement pour être exempts d’impôts, & avec espérance d’obtenir quelque place, quand il en vaquera. Arcangi signifie Gasteur. Le Turc s’en sert pour ruiner le pays de son ennemi en temps de guerre ; & en temps de paix ils sont sur les frontières, faisant continuellement des courses sur les terres des Princes voisins. Ils vont tous à pied, & n’ont que ce qu’ils peuvent prendre sur l’ennemi. Voy. du Lev. par D. G. Avant que l’armée s’avance sur les terres de l’ennemi, les Turcs ont accoutumé d’envoyer quinze ou vingt mille Arcangis pour faire le dégât, & ruiner son pays. Le Pelletier, dans sa Traduction de l’histoire de la guerre de Chypre, les appelle Arcanges.

ARCANI. Ville de la Mingrélie, en Asie. Arcana, & anciennement, à ce que l’on croit, Absarum, Absarus, Apsorrus, ville de la Colchide. Arcani est à l’embouchure d’une rivière de même nom dans la Mer-noire.

ARCANNE. s. f. Est un minéral, ou espèce de craie rouge, ainsi appelée, à cause que les Charpentiers teignent leurs cordeaux avec cette craie, pour marquer leurs bois. Rubrica fabrilis. On en fait quelquefois avec de l’ocre brûlée.

☞ ARCANSON, ou ARCANÇON. s. m. Espèce de poix résine, qui se fait avec le Galipot cuit jusqu’à ce qu’il soit presque brûlé.

ARCANUM DUPLICATUM, comme qui diroit double arcane, ou remède secret composé de deux Nom donné à un sel moyen qu’on nomme ordinairement sel de duobus. Voyez Sel.

ARCANUM JOVIS. Amalgame fait de parties égales d’étain & de mercure pulvérisé & digéré avec de l’esprit de vin. L’usage intérieur des préparations de tain est dangereux.

☞ ARC-BOUTER. Voyez au mot Arc.

ARCARII SERVI. On nommoit ainsi chez les Romains les Esclaves qui gardoient la caisse des marchands & des banquiers.

ARCAS. Ancienne ville de l’Espagne Tarragonoise. Arcobriga, Arcabriga. Arcas avoit autrefois un Evêque : ce n’est plus qu’un bourg de la Castille nouvelle, à quelques lieues de Cuença, où son évêché a été transféré.

ARCASSE. s. f. Terme de Marine. C’est le derrière du gaillard, autrement appelée, Culasse de navire. Navis postica pars. Il se dit de tout le bordage de la pouppe, dont la largeur est déterminée par une pièce de bois qui la traverse, qu’on appelle barre d’arcasse, autrement lisse de hourdi.

Arcasse, signifie aussi le mouffle d’une poulie, le corps en pièce de bois qui enferme le rouet. Trochlea, rechamus. Les cordes qui le tiennent bandé & suspendu, s’appellent étropes.

ARCASSOUL, ou ARCASSOUT. s. m. Drogue médicinale qui se trouve dans le Royaume de la Chine.

☞ ARC DE TRIOMPHE. Voyez au mot Arc.

☞ ARC-DOUBLEAU. Voyez au mot Arc.

ARCAUNE. s. f. Minéral ou sorte de craie rouge.

ARCE. Ancienne ville de la terre de Chanaan. Arce, Arace. On dit qu’elle tire son nom d’Aracæus, fils de Chanaan, Gen. X. 17. qui la bâtit. Elle étoit dans la Phénicie, au pied du mont Liban, à l’occident de Tripoli. Elle a été depuis nommée Archis ; elle avoit un Evêque suffragant de l’Archevêque d’Emesse.

Arce, Arca. Nom d’un bourg du royaume de Naples. Arcanum. Il est dans la terre de Labour, entre Aquila & Soria.

ARCEAU. s. m. S’est dit autrefois poëtiquement en cette phrase, l’ange qui descendoit en terre faisoit voir de grands arceaux de lumière, des cercles illuminés dans l’air qu’il traversoit. Arcus. Maintenant on ne le dit que des voûtes, des portes & des fenêtres courbées en arc. Fornices. On appelle aussi Arceaux, des ornemens de sculpture en forme de trèfles.

Arceau, se dit encore en termes d’Architecture, des voûtes des ponts, ou plutôt des ponteaux ou petits ponts. Arcus, Forum, Arculus. Quelle doit être la largeur des piles par rapport à l’ouverture des arches & arceaux, & des poids dont on les charge ? Gautier. Quelle doit être la posée des voussoirs depuis leur intradosse à toute sorte de grandeur d’arche & d’arceau, à l’endroit de la clef ? Id.

Arceau, se dit aussi en Chirurgie, d’une demi-caisse de tambour, dont on fait un logement à la jambe dans les fractures ou autres maladies, pour la mettre à l’abri de la pesanteur des couvertures.

ARCENAC, ou ARCENAL. Voyez Arsenal. Borel, qui écrit arcenac, dérive ce mot d’arx, ou d’arcus, parce qu’un arcenac est une espèce de citadelle pour garder les machines de guerre, ou parce que les arcs étoient un instrument dont on se servoit autrefois à la guerre.

☞ ARC-EN-BAROIS. Voyez au mot Arc.

☞ ARC-EN-CIEL. Voyez au mot Arc.

ARCHÆANACTIDE. s. m. & f. Nom de la première dynastie des Rois du Bosphore Cimmérien. Archæanactides, æ. Les plus anciens Rois du Bosphore, auxquels Diodore de Sicile ait pû remonter, sont les Archæanactides, & sans doute ce sont les premiers Souverains que ce pays ait eu ; car outre que l’antiquité ne nous en fournit aucun avant eux, leur nom semble nous l’indiquer. En effet, Archæanactides signifie les anciens Rois, les premiers Rois, ou la Dynastie, la famille, les descendans de l’ancien Roi, du premier Roi. Strabon me paroît confirmer ceci, quand il dit d’une autre façon, qui revient au même : ἀρξάμενοι ἀπὸ Παρισάδου καὶ Λεύκωνος ; ils ont commencé par Parisades & Leucon ; car c’est la même chose que s’il disoit, les Archæanactides ou premiers Rois sont Parisades & Leucon. D’ailleurs, Strabon dit au même endroit, Liv. VII. Que cet état fut long-temps sous des maîtres qui vivoient à peu-près au temps de Leucon, de Sagaurus & de Parisades ; ce qui montre qu’avant ce temps-là ces peuples vivoient sans faire un état, ou que cet état n’étoit point monarchique. Strabon ajoute que ces premiers Princes furent appelés Tyrans & non pas Rois, quoique plusieurs d’entr’eux régnassent avec assez de modération ; ce qui montre qu’avant eux le pays étoit libre, & qu’ils s’emparèrent du gouvernement, & le rendirent monarchique ; car c’est là ce qu’on appeloit Tyran.

Diodore ne nous dit point quels furent ces Archæanactides, quels noms ils portèrent, ni combien chacun en particulier régna. Il dit seulement que tous ensemble ils occupèrent le trône 42 ans. Strabon dit que ces premiers Rois du Bosphore sont Parisades & Leucon ; que Parisades étoit regardé comme un Dieu, sans doute parce qu’il fut le fondateur de la Monarchie, & qu’apparemment il civilisa ces peuples jusque-là barbares, & leur donna des lois. Ainsi je crois que Parisades fut le premier des Archæanactides ; & comme ils ne régnèrent que quarante-deux ans, on pourroit croire qu’il n’y a point d’autres Archæanactides que Parisades & Leucon. Quarante-deux ans ne sont point trop pour deux règnes, ou deux générations. Il pourroit cependant y avoir eu plus de deux Archæanactides, & je penche beaucoup à le croire. Nous trouverons la preuve de ce fait dans l’endroit de Strabon que j’ai cité, & nous y ajouterons Sagaurus dont il parle. P. Souciet, Hist. Chronol. des Rois du Bosphore. Les Archæanactides commencèrent à régner l’an 268 de Rome, sous le Consulat de C. Aquilius Tuscus, & de C. Sicinius Sabinus, 487 avant Jesus-Christ, & la première de la LXXIII Olympiade. Id.

Ce mot vient d’ἀρχὴ commencement, origine, d’où ἀρχαῖος, ancien, premier, & ἄναξ, Roi. Id.

ARCHAÏSME. s. m. Ce mot signifie expression antique, terme vieux & suranné. Ménage dit que l’Ode de Malherbe au Roi, qui alloit châtier les Rochelois, est la dernière que ce Poëte ait faite, & c’est pourquoi il y a moins d’archaïsmes que dans les autres. Les Critiques ont reproché au Poëte Lucrèce d’avoir affecté presque en toutes rencontres des archaïsmes ou des expressions du vieux siècle. Baillet. Il y a des Médecins qui consument leur vie sur le Sénèque ou sur le Plaute, à chercher des archaïsmes, pour faire de belles thèses bien morales, impénétrables & à l’épreuve de tous les vocabulaires. Postel. Le Poëte Paul Mélisse Schédius avoit une adresse particulière pour bien placer les archaïsmes ; mais il ne s’en servoit qu’avec beaucoup de réserve & de retenue, & lorsqu’il sentoit que cela feroit un ornement. Voyez Moréri. Ce mot vient d’Ἀρχαῖος, ancien.

ARCHAL, ou FIL D’ARCHAL. s. m. Fil de laiton passé par la filière. Æs textile, Æreum stamen. Borel dérive ce mot d’aurichalchum, & prétend qu’on dit archal, fil d’archal, pour arical, fil d’arichal.

On le dit aussi du fil de fer. On en fait des treillis de fenêtres, & de tablettes à livres, des cordes de clavecin, & mille autres choses. Le peuple dit du Fil de Richard.

ARCHANGE. s. m. On prononce Arcange. Substance intellectuelle & incorporelle qui tient le huitième rang dans la hiérarchie des esprits célestes. Archangelus. Les Archanges sont au dessus des Anges. S. Michel Archange. Les Anges & les Archanges chantent là-haut les louanges de Dieu. God. Ce mot dérive de ἀρχὸς, Princeps, ἄγγελος, Angelus.

ARCHANGEL, ou S. MICHEL L’ARCHANGE. Archangelopolis, Fanum S. Michaelis Archangeli. Ville de Moscovie, dans la province de Dwina, sur la rivière de même nom, environ à huit lieues de son embouchure dans la mer blanche. Archangel est célèbre par son commerce. Les Transactions philosophiques déterminent la latitude d’Archangel à 64 degré 30’.

ARCHANGÉLIQUE. s. f. Archangelica. Nom que Solel & Dodene ont donné à une Angélique, sur laquelle ces deux Auteurs ne s’accordent pas. Voyez Angélique.

Archangélique. Lamium. Plante dont le casque est entier & concave, la barbe divisée en deux parties, & faite en cœur, le calice divisé en cinq segmens, & oblong comme un tube, & la semence triangulaire. Boerhaave en compte dix-sept espèces. Il y a l’archangélique rouge, & l’archangélique blanche, Voyez Ortie blanche.

ARCHARAGE, ou ARCAIRAGE, ou ARQUAIRAGE. s. m. Droit par lequel on est obligé de faire un soldat, ou un archer au Seigneur. Ce mot vient d’archer. Borel. Mais il n’est plus en usage, depuis qu’il n’y a plus d’archers dans les troupes ; & il ne se trouve plus que dans des vieux titres.

ARCHARD. s. m. Fruits verts qu’on met confire dans le vinaigre. Ils sont tous extrêmement estimés dans toutes les Indes orientales. Les meilleurs viennent de Perse.

ARCHE. s. f. L’espace qui est entre les deux piles d’un pont couvert d’une voûte en arcade. Fornix. On le dit aussi d’un pont de bois, quoiqu’il soit seulement couvert d’un plancher soutenu sur des pieux. La maîtresse arche est celle du milieu qui est la plus large, & où l’eau est la plus profonde, qui est destinée au passage des bateaux. Fornix primarius. Il y a des ponts en Orient qui ont jusqu’à 300 arches.

Arche, est la même chose qu’arcade, c’est-à-dire, une voûte de peu de profondeur en portion de berceau ; mais le mot d’arche ne se dit que des ponts.

On appelle une arche en plein ceintre, celle qui est formée d’un parfait demi-cercle. Fornix integer. Arche elliptique, celle dont le trait est un demi-ovale, ou une ellipse. Fornix compositus. Arche surbaissée, celle qui a moins de montée, & dont la courbure n’est pas fort remarquable. Fornix diminutus. Arche extradossée, celle dont les voussoirs sont égaux en longueur, & parallèles à la doüelle, & ne font point liaison avec les assises des reins. La plûpart des ponts antiques sont ainsi construits. Arche d’assemblage, se dit de tout cintre de charpente bombé, & tracé d’une portion de cercle pour faire un pont d’une seule arche.

Arche, se dit aussi d’un coffre carré & plus long que large, qui s’ouvre par-dessus, & dont le couvercle ou l’ouverture est égale à toute la grandeur du coffre. Arca. Ce mot vient du latin, en aspirant, ou amolissant le c ; bien que le P. Pezron prétende qu’il a été pris des Celtes, qui disent arch pour marquer la même chose.

Arche, en termes de l’Ecriture, c’est le vaisseau que fit Noé au temps du Déluge, pour y retirer les hommes que Dieu en voulut sauver, & les animaux, pour en conserver l’espèce. Arca. L’Arche de Noé avoit 300 coudées de long, 50 de large, & 30 de hauteur, & sa fenêtre étoit d’une coudée. Noé fut cent ans à la construire, depuis l’an 1557 du monde, jusqu’au déluge, qui arriva l’an 1656. C’est le sentiment le plus commun. Origène, Liv. IV, contra Cels. S. Aug. De Civ. Dei, L. XV, Cap. 27, & contra Faust. Lib. XII, C. 18, & dans les questions sur la Gen. V, & XXIII. S. Grégoire, Hom. V, in Ezech. Rupert, Lib. IV, in Gen. XX, le tiennent, & ils sont suivis par Salien, Tomiel, & Sponde son abréviateur. Voyez ces Auteurs à l’an du monde 1557. Jean Pelletier de Rouen suit aussi ce sentiment, dans sa Dissertation de l’Arche de Noé, imprimée à Rouen en 1700. Il le prouve même par l’Ecriture, comme d’autres Auteurs l’ont fait avant lui. Voici comment il s’y prend, C. 3. On lit dans le sixième ch. de la Genèse, que Dieu se voyant obligé de punir les hommes à cause de leur malice, en avoit différé l’exécution pendant cent vingt ans, apparemment pour leur donner lieu de se repentir & d’appaiser sa colère, Eruntque dies illius centum viginti annorum. Dans le vingtième v. du même ch. il paroît que Noé eut trois enfans, Sem, Cham & Japhet. Dans le 31e v. du cinquième ch. on voit que ce Patriarche avoit 500 ans quand il les engendra (c’est-à-dire, quand il engendra le premier.) Dans le treizième v. du VIe. ch. on remarque que Dieu avoit averti Noé du dessein qu’il avoit de perdre les hommes. Dans le 14e v. du même ch. qu’il lui avoit commandé de bâtir une arche. Dans le 22e du même ch. que ce Patriarche avoit exécuté tout ce qu’il lui avoit ordonné ; & enfin dans le sixième v. du septième ch. il est marqué que Noé avoit 600 ans quand le déluge arriva. Or puisque l’indulgence pour le repentir précéda de 110 ans le déluge, qui arriva l’an 600 de Noé, il en résulte que Noé avoit 480 ans, lorsqu’elle fut accordée. Ce Patriarche avoit 500 ans quand il eut ses enfans. L’Ecriture semble dire que ce fut dans ce même temps que Dieu lui révéla la résolution qu’il avoit prise de perdre les hommes, qu’il lui ordonna de faire une arche : & elle remarque qu’il exécuta tout ce qu’il lui avoit ordonné. D’où l’on peut conclure que l’arche avoit été 100 ans à bâtir ; car Noé avoit 600 ans quand il y entra. Le faux Bérose dit que Noé commença à bâtir l’arche 78 ans avant le déluge. Salomon Jarchi veut qu’elle ait été 120 ans à bâtir ; & Tanchuma, dans les petits chapitres de R. Eliézer, qu’elle n’ait été que 52 ans. L’Ecriture semble favoriser l’opinion du second de ces Auteurs ; mais celles du premier & du dernier se trouvent sans appui. Le P. Fournier, dans son Hydrographie, suit l’opinion commune des Peres ; mais il croit qu’il n’y eut d’ouvriers pour y travailler que Noé & ses trois fils, & il apporte l’exemple d’Archias de Corinthe, qui bâtit le navire de Hiéron de Syracuse en un an, aidé de 300 Charpentiers ; car il n’est pas plus difficile, dit-il, que trois personnes aient bâti un navire en cent ans, que 300 en aient bâti un en un an. Le premier des trois enfans de Noé ne naquit que lorsqu’il commença à bâtir l’arche, & les autres ensuite. Ainsi ils ne furent pas sitôt en état de rendre service à leur pere. De plus, il fallut pour ce prodigieux bâtiment un très-grand nombre de gros arbres, qui demandoient un très-grand nombre d’ouvriers pour les manier seulement, bien loin que trois ou quatre personnes eussent pu les mettre en œuvre. L’Ecriture dit que Noé la construisit, & ne parle que de lui ; mais c’est qu’en hébreu comme en françois, bâtir & construire se disent également, & de celui qui met en œuvre, & des ouvriers qui travaillent. L’Ecriture, Gen. VI, 14, appelle le bois dont l’Arche fut bâti גפר עצי, etse, gopher. Les Septante ont traduit ces deux mots par ξύλα τετράγονα, des bois équarris. Onkélos & Jonathan ont rendu gopher par קדרוס, Kedros ; du Cèdre. Philon de Biblos l’a tourné de même ; S. Jérôme dans la Vulgate, par ligna lævigata, du bois aplani, rabotté, poli ; & ailleurs, ligna bituminata ; c’est à-dire, enduits de bitume, poissés, goudronnés ; les anciens Rabbins, par du bois de cèdre, aussi-bien qu’Onkélos ; Kimhi, du bois propre à flotter ; Vatable, du bois léger qui flotte sur l’eau sans s’y corrompre ; Trémellius & Junius, l’espèce de cèdre que les Grecs appeloient Κερδελάτη, & Buxtorf de même ; Avénarius & Munster, du pin, à cause que les Allemands nomment le pin Kyfer ; Fullerus, du cyprès, parce que si l’on ôte la terminaison de κυπάρισσος, il reste κυπάρ, très-approchant de gopher, dont il prétend que cupressus, cyprès, est dérivé. Bochart confirme ce sentiment dans son Phaleg. I, 4. Quelques-uns ont traduit du buis ; mais cet arbre est trop petit & trop pesant pour que cette opinion soit vraie. D’autres en général des bois incorruptibles ; d’autres du sapin ; Castalio, du térebinthe. Pelletier préfére le sentiment de ceux qui disent que l’arche étoit de Cèdre. 1.o Parce que cet arbre est incorruptible, & que sans cela l’arche ayant été cent ans à bâtir, une partie eût été pourrie. 2.o Parce que le cèdre est commun en Asie, & qu’Hérodote & Théophraste disent que les Rois d’Egypte & de Syrie faisaient construire des flottes de cèdre faute de sapin. 3.o La tradition de tout l’Orient, qui a cru que l’arche s’est conservée & se conserve même encore sur le mont Ararat ; & il cite sur cela S. Augustin, Bérose dans Josephe, Antiq. Liv. I, ch. 5. Abydène, Assirien, dans Eusèbe, Præp. Ev. Lib. IX, c. 12. Nicolas de Damas dans Josephe, Antiq. Liv. I, ch. 5. Théophile d’Antioche, Saint Isidore, Orig. Lib XIV 3 cap. 8, & Jean Struys, dont nous avons rapporté les revéries au mot Ararat, & Hayton dans son Histoire Orientale.

Il y avoit trois étages dans l’Arche, Gen. VI, 16.