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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/131-140

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Fascicules du tome 2
pages 123 à 130

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 131 à 140

pages 141 à 150


Cabires est Persan. Cabiri, dit-il, au ch. 29 de son ouvrage, sunt Gabri voce Persicâ aliquantulum detortâ. En effet, ceux qui ont donné des relations de la Perse nous apprennent qu’il reste encore aujourd’hui chez les Persans des descendans de ces anciens Gabres, ou Giavres, adorateurs du feu ; quelques-uns les appellent Gaures, ou plutôt Gavres. M. Hyde, qui en traite fort au long dans son histoire, prétend qu’ils ne rendent point au feu & au Soleil un véritable culte, mais seulement un culte civil, & qu’ainsi ils ne sont point idolâtres.

CABIRIDES. s. f. pl. Nymphes, filles de Vulcain & de Cabira.

CABIRIES. s. m. pl. Cabiria. C’est une fête des Grecs donc parle Hésychius, dans lequel on l’appelle Cabbires, Καββηοα : mais Meursius, dans son Liv. IV des Feries, ou Fêtes Grecques, conjecture avec bien de la raison, qu’il faut lire Καβέιοια, Cabiries. C’étoit la fête des Cabires, que l’on honoroit dans l’Île de Lemnos. Les Thebains la célébroient aussi, de même que les Samothraces, parce qu’ils honoroient aussi ces Dieux. Cette fête passoit pour être très-ancienne, & antérieure au temps même de Jupiyer, qui, dit-on, la renouvella. Les Cabiries se célébroient de nuit ; & l’on y consacroit les enfans depuis un certain âge. Cette consécration étoit, selon l’opinion Païenne, un préservatif contre les dangers de la mer, & les autres périls. La cérémonie de la consécration consistoit à mettre l’initié sur un thrône, autour duquel les Prêtres faisoient des danses. La marque des initiés étoit de porter une ceinture ou écharpe d’un ruban de pourpre. Quand on avoit fait quelque meurtre, c’étoit un azyle d’aller aux sacrifices des Cabires. Meursius, à l’endroit cité, produit les preuves de tout ceci.

☞ CABLAN. Ville de l’Inde, au-de-là du Gange, en Asie, capitale d’un Royaume de même nom, préléntement soumise au Roi d’Ava, avec le Royaume qui dépendoit autrefois du Roi de Pégu.

☞ CABLE. s. m. C’est en général un gros cordage, dont on se sert pour traîner ou enlever des fardeaux. En marine, c’est un très-gros cordage qui sert dans les navires pour les tenir a l’ancre. Funis. Il est composé de trois aussières, dont chacune a trois torons : le cable est donc de neuf torons. On le dit aussi des cordes qui servent à tenir les mâts, comme les haubans, à remonter les bateaux, à élever de gros fardeaux dans les bâtimens par le moyen des grues & des poulies. Les cables qu’on appelle brayers, servent à lier les pierres, les baquets à mortier, &c. Les haubans servent à retenir & haubaner : les engins, les vintaines, qui sont les moindres cordages, servent à conduire les fardeaux en les montant, pour les détourner des saillies. Un navire bien équipé doit avoir quatre cables. Le plus gros s’appelle maître cable, & le plus petit, grelin.

Ce mot vient de l’Hébreu chebel, ou de son pluriel chebalin, qui signifie corde. Nicot. Du Cange croit qu’il vient de l’Arabe habl, qui signifie corde, ou de habala, vincire. Ménage après Isidore le dérive de capalum, ou cabulum, qu’il fait venir du Grec χαμίλος, ou du Latin camelus. On a dit aussi dans la basse Latinité, caplum que Papias dérive à capiendo, & qui signifie une corde de navire.

On dit, donner le cable à un vaisseau, lorsqu’étant incommodé, on le remorque avec un cable qu’on lui donne : ce qu’on appelle autrement touer ou tirer en ouaiche. On dit filer le cable bout pour bout, lorsqu’on lâche & abandonne le cable avec l’ancre, quand on n’a pas le temps de désancrer, bitter le cable, c’est le rouler & l’arrêter autour des bittes. On dit, les cables ont un tour, ou un demi-tour, lorsque le vaisseau qui est à l’ancre obéissant au vent, ou au courant de la mer, a croisé, ou cordonné près des écubiers les cables qui le tiennent. Alonger le cable, c’est l’étendre sur le pont, ou pour le débitter, ou pour mouiller l’ancre. Débitter le cable, c’est dépasser un tour que le cable fait sur la bitte. Débosser le cable, c’est démarrer la bosse qui le tient. Talinguer le cable, c’est amarrer, & lier le cable à l’arganeau de l’ancre. Fourrer un cable, c’est le garnir de tresses, ou de toile, pour le conserver.

Cable se prend aussi, en termes de Marine, pour une mesure de 110 brasses, à cause que c’est la mesure ordinaire de toutes sortes de cables ; ainsi lorsqu’on dit, qu’on est mouillé à deux ou trois cables de terre, on doit entendre qu’on en est à deux cents quarante, ou à trois cens-soixante brasses.

☞ On appelle aussi cables, les cordes qui servent à remonter les grands bateaux dans les rivières, & à élever de gros fardeaux dans les bâtimens, par le moyen des poulies.

☞ Dans l’Artillerie c’est aussi un gros cordage qui sert particulièrement aux Chévres. Voyez Chevre. Ce mot vient de l’Hébreu.

CABLÉ, ÉE. adi. Terme de Blason, se dit d’une croix faite, ou couverte de corde, ou de cables tortillés. Crux è funibus insortis consexta.

☞ C’est aussi un terme d’Architecture, qui se dit des cannelures qui sont relevées & contournées en forme de Cables.

CABLEAU. Diminutif de cable : c’est le petit cable, qui sert ordinairement d’amarre à la chalouppe du navire. Funis minor. On dit aussi Cablot.

☞ On donne aussi ce nom à cette longue corde que les Mariniers appellent ordinairement Cincenelle. Voyez ce mot.

CABLER. v. a. C’est un terme de Cordier, qui signifie, assembler plusieurs fils, & les tortiller pour n’en faire qu’une corde. Funes intorquere. Cabler de la ficelle.

☞ CABLIAU. Voyez Cabillaud.

CABLOT. s. m. Voyez Cableau.

CABO. s. m. Cap, Promontoire, Caput, Promontorium. Ce nom est purement Espagnol, & signifie la même chose que Cap en François. Nous le retenons quelquefois dans notre langue aux noms des lieux auxquels les Espagnols le donnent, & quelquefois on le trouve sur des Cartes de Géographie. Caba-ceira, Cabo-carço, Cabo-roxo, Cubo-distria, &c.

Cabo. Caput. Royaume d’Afrique, au pays des Nègres’, sur le Riogrande, vers le Sud.

CABOCHE. s. f. La tête de l’homme. Caput. Il y a bien de la malice dans cette petite caboche. Ce mot est vieux & populaire ; on s’en sert dans le style comique, & quelquefois dans le style familier. Ménage le fait venir de caput, la tête.

☞ Caboche, en termes de blason, se dit d’une tête d’animal, coupée derrière les oreilles par une section perpendiculaire. Encyc.

Caboches, en termes de Quincaillerie, fsnt en général ☞ des cloux qui sont courts avec une tête large.On les appelle aussi Cloux à souliers, parce que les gens de la campagne, en garnissent la semelle & le talon de leurs souliers, afin qu’ils durent plus long-temps. Clavorum capita.

Caboche. Dans la satyre Ménippée, on donne ce nom aux séditieux, à l’imitation de la sédition des bouchers, tripiers, & autres mauvais garnemens qui se soulevèrent contre le Roi Charles VI en 1412,& qui furent nommés Cabochiens, à cause du nommé Caboche, écorcheur de bêtes, l’un de leurs chefs.

CABOCHIEN. s. m. Voyez l’Article précédent.

CABOCHON. s. m. Terme de Jouaillier. Pierre précieuse, & particulièrement un rubis, qui est seulement poli sans avoir aucune figure régulière, mais telle que s’est trouvée la pierre, après en avoir ôté ce qu’elle avoit de brut : de sorte qu’il y en a de rondes, d’ovales, de bossues, & de plusieurs autres sortes. Lapillus pretiosus.

Cabochon. Terme de Cloutier. Clou qui a la tête large & presque en forme de diamant, & qui est for’t court, & plus petit que les Caboches.

Cabochon. Ornement qui faisoit partie de la coëffure des Dames. C’etoit une espèce de bonnet piqué, fort pointu vers le front. Il étoit fait de taffetas de diverses couleurs, de gaze rayée, ou unie & peinte, où l’on mettoit de la chenille, du clinquant d’or ou d’argent, ou d’autres agrémens. Merc. Mai. 1726.

☞ CABOLETTO. s. m. Monnoye qui a cours dans les Etats de la république de Genes, valant environ quatre sols de France.

CABOSSE. s. f. C’est la gousse qui renferme les amandes du cacao. On connoit que le cacao est mûr, lorsque les cabosses commencent à jaunir.

CABOT. Voyez Malet.

CABOTAGE. s. m. Terme de Marine. Le cabotage est la première partie du pilotage. Le cabotage, est la navigation de terre à terre, ou le long des côtes. Boug. Le cabotage est aussi la connoissance de la boussole, des côtes, des mouillages, des ancrages, des courans & marées, des profondeurs des bancs, & autres dangers, & le pointage des cartes plattes. Id.

CABOTER. v. n. Terme de Marine. Naviger le long des côtes ; & faire de petits voyages sur mer ; aller de cap en cap, de port en port. Littora radere. Les Corsaires, ou les navires qui croisent les mers, ne font que caboter, aller de cap en cap.

☞ CABOTIER. s. m. Bâtiment dont on se sert pour caboter. Académie Françoise.

CABOTTIERE. s. f. Bateau plat, long & étroit, d’environ trois pieds de profondeur, avec un gouvernail très-long, fait en forme de rames. Cette sorte de bateaux ne sert guère qu’au commerce qui se fait par la rivière d’Eure, qui vient du côté de Chartres, passe à Dreux, & se jette dans la Seine à un quart de lieue au-dessus du pont de l’Arche.

☞ CABOUCHAN. Ville d’Asie, dans le Korassin. Elle dépend de Nichabour.

☞ CABRA. Ville d’Afrique, dans la Nigritie, au Royaume de Tombut, sur le Sénégal.

CABRE. s. f. On appelle cabres, en termes de Marine, de gros boutons ronds joints par le haut, & posés proche des Apostis aux extrémités du côté d’une Galère. C’est aussi une espèce de chèvre composée de deux ou trois pieux joints ensemble par le haut, qui s’étendent beaucoup par le bas, au haut desquels on met une poulie de caliorne avec une étague, pour tirer de gros fardeaux. C’est avec une cabre qu’on enlève de dessus le bord des rivieres les grosses pièces de bois de construction. Cette machine s’appelle chèvre en quelques endroits. Le mot cabre semble venir du Latin capra, aussi-bien que le mot chèvre. Machinamentum.

Cabre, en termes de Blason, se dit d’un Cheval acculé. Equus arrectus, arrecto pectore.

CABRER. (se) v. récip. On le dit au propre des chevaux qui se dressent sur les pieds de derriere. Pectus arrigere. Ce Cheval est vicieux, il se cabre quand on lui tire trop la bride.

☞ Se cabrer, dans le sens figuré, se dit, des hommes qui se mettent en colère, qui s’emportent de dépit. C’est un fantasque, qui se cabre aisément & sans sujet. Pronum, facilem esse ad offensionem. Il y a des tempéramens ennemis de toute résistance, que la vérité fait cabrer, & qui se roidissent toujours contre la raison. Mol.

Monsieur de la Châtre s’est servi de ce terme activement, quand il a dit : Le discours de la Princesse fut rempli de beaucoup d’attaques contre M. de Beaufort, auxquelles je répartis du mieux que je pus sans la cabrer.

Ce mot vient de chèvre, parce qu’elle a accoutumé de se dresser & de sauter.

CABRÉ, ÉE. part & adj. Voyez Cabrer.

CABRI, s. m. Voyez CABRIL & CABRIT.

CABRIL, s. m. Mot populaire, Chevreau, le petit d’une chèvre. Capreolus. Sauter comme un cabril. On dit aussi Cabrit, plus communément cabri.

CABRIOLE. Mieux que CAPRIOLE. s. f. Elévation du corps, saut léger & agile, que font les Danseurs ordinairement à la fin des cadences. Levis, agilis in sublime saltus. Friser la cabriole, c’est, remuer les pieds prestement, tandis qu’ils sont en l’air. En matière de Danse la cabriole est la même chose que le saut. La demi-cabriole est lorsqu’on ne retombe que sur l’un des pieds. L’Auteur des Réflexions sur l’usage de la Langue Françoise se déclare pour capriole, & quelques autres avec lui. L’usage le plus général est pour cabriole. Mén.

Cabriole, en termes de Manège, se dit, lorsque le cheval étant en l’air, avant que de tomber à terre, épare entièrement du derrière, c’est-à-dire, rue en étendant les jambes avec violence. C’est un saut que fait le cheval, sans aller en avant, en sorte qu’étant en l’air, il montre les fers, & detache les ruades. Ce qu’on appelle éparer & nouer l’aiguillette, on l’appelle autrement saut de ferme à ferme. Quand il n’épare qu’à demi, on donne à la cabriole le nom de balotade : & on lui donne celui de croupade, quand, au lieu d’étendre les jambes en arrière, il les trousse sous lui, comme s’il vouloit retirer dans le ventre, & retombe presque les quatre pieds ensemble.

☞ La Cabriole est un manége par haut, & le plus difficile de tous les airs relevés. On dit qu’un cheval se présente de lui-même à cabrioles, qu’il se met de lui-même à cabrioles, lorsqu’il fait des sauts égaux & dans la main, c’est-à-dire, sans forcer la main & sans peser sur la bride.

☞ Il y a plusieurs sortes de cabrioles ; cabriole droite, cabriole en arrière, cabriole de côté, cabriole battue ou frisée, cabriole ouverte.

☞ Ce mot vient de capreolare, qui a été fait de capreolus.

Cabriole, se dit aussi des sauts dangereux, des chutes. Periculosus saltus. Cet homme est tombé, il a sauté dix marches sur l’escalier, il a fait une jolie cabriole. Cela ne se dit qu’en riant.

CABRIOLER. v. n. Faire la cabriole, ou des cabrioles. Agili, levi saltu in sublime tollere. Ce Danseur, ce Baladin, cabriole bien.

☞ CABRIOLET. s. m. Sorte de voiture légère, montée sur deux roues, fort à la mode depuis quelques années.

CABRIOLEUR. s. m. Faiseur de cabrioles. Agilis in sublime saltator. C’est un excellent Cabrioleur.

CABRIONS. s. m. Terme de Marine. Ce sont des pièces de bois, qu’on met derrière les affûts des canons pendant le gros temps, de peur qu’ils ne rompent leurs bragues & leurs palans.

CABRIT. s. m. Jeune chevreau. On le nomme ainsi en plusieurs endroits de la France. Hædillus, hædulus, capreolus. Sauter comme un cabrit.

CABROLE. Poissons de mer. Voyez Biche.

CABRON. s. m. Peau de jeune chêvre ou cabrit. Pellis hœdina.

CABROUET. s. m. C’est ainsi qu’on nomme les charrettes dans les Îles. Je ne manquai pas de lui en témoigner ma joie, & de lui offrir nos cabrouets & nos bœufs pour l’aller chercher. P. Labat. Il embarque ses marchandises à la porte de sa maison, sans avoir besoin de cabrouets ou charrettes pour les transporter. Id.

Les Cabrouets sont ordinairement tirés par des bœufs.

CABROUETTIER. s. m. Celui qui conduit un Cabrouet.

CABRUS. s. m. Terme de Mythologie. Cabrus. C’est le nom d’un Dieu des Phasélytes citoyens d’une ville de Pamphilie. Ils lui offroient du poisson salé. De-là vient qu’on appeloit proverbialement du poissons salé, un sacrifice de Phasélytes. Suidas appelle ce Dieu Calabrus, au lieu de Cabrus. Erasme prétend qu’il faut dire Caprus. Peut-être que Cabrus s’est dit plutôt pour Cabirus, Cabire. Il est ordinaire de changer l’i en un e muet.

CABUIA. s. m. Herbe qui croît aux Indes Occidentales. Ses feuilles ressemblent à celles de l’iris ou du chardon. Les Sauvages en font des cordes & des filets.

CABUL. s. m. Petit pays de Galilée, que Salomon donna à Hiram Roi de Tyr, à cause de ce qu’il lui avoit fourni pour bâtir le temple de Jérusalem. IIIe Livre des Rois, IX, 13. Terra Chabul. C’est Hiram qui lui donna ce nom en langue Phénicienne, dit Joseph Liv. VIII, ch. 5, & il paroît qu’il le lui donna par mépris ; car il fut peu content que Salomon lui donnât si peu de chose. Josephe l’interpête déplaisant, malplaisant ; d’autre, sable, & disent qu’Hiram l’appela ainsi, parce que ce n’étoient que des sables stériles. Quelques Rabbins au contraire prétendent qu’il signifie, de la boue ; que c’étoit un pays marécageux & stérile. Fullerus est de même sentiment ; mais la fertilité da la Tribu d’Aser où il étoit, & le voisinage du Liban, lui persuadent que la terre Chabul étoit une terre fertile & grasse, mais forte & difficile à labourer, & que c’est pour cela qu’Hiram en fut mécontent. Au reste, les uns & les autres tirent ce mot de כבול Impeditus constrictus, parce que l’un & l’autre, c’est-à-dire, le sable, aussi-bien que la boue, & la terre grasse, arrête & retient les pieds.

Cabul, est aussi une ville de la Tribu d’Aser, dont parle Josué, XIX, 27. Cabul.

Cabul, est encore aujourd’hui une grande ville d’Asie dans l’empire du Mogol, & qui est capitale d’un Royaume, auquel elle donne le nom. Cabulum. Cabul est sur la rivière de Béhat, vers les montagnes & le pays de Zagataye. Le Royaume de Cabul est une grande Province du Mogolistan, au midi du Caucase, qui le sépare de la Tartatie. Cabuli, ou Cabulense regnum.

☞ CABULISTAN. La même chose que Cabul, Royaume.

☞ CABURLANT. Poisson de mer. Voyez Chabot.

CABUS. Il y en a qui disent Capus. adj. m. Epithète des choux qu’on appelle autrement pommés. Caulis capitatus. On le dit aussi des laitues, quand elle sont transplantées & pommées. Rabelais feint que ce fut d’une sueur de Jupiter que naquirent les choux cabus.

Ce mot vient de capitatus, ou bien de caputus, selon Ménage. Les Allemands les appellent Kabskraut, c’est-à-dire, herbe à tête.

CAC.

CACA. s. m. Ordure. Stercus. On le dit aux petits enfans. Il faut aller faire caca. Ne mangez pas de cela, c’est du caca. Il vient du Latin cacare. C’est un terme de Nourrice.

CACA. s. f. Nom de femme. Caca. C’est la sœur de Cacus, dont parle Virgile au VIIIe Liv. de l’Enéide. Elle fut honorée à Rome comme une Déesse. Voyez Lactance Liv. I, ch. 20. Servius sur l’endroit de Virgile cité v. 190. Elle avoit un temple dans lequel on lui entretenoit, comme à Vesta, un feu perpétuel.

CAÇAÇA. Ville de la province de Garel, dans le royaume de Fez en Afrique, sur la côte de la mer Méditerranée, proche Melile.

CACABER. v. n. C’est le terme dont on se sert pour exprimer la manière de crier de la Perdrix. La Perdrix cacale. On prend plaisir à entendre cacaber les Perdrix. Ce mot est tout latin. Cacabare.

CACADE. s. f. Décharge de ventre. Alvi dejectio. Terme populaire.

Cacade, se dit figurément & familierement du mauvais succès de quelque folle entreprise, où un homme s’étoit vanté de réussir. Il a fait une vilaine cacade. Casus.

Ce mot est du style bas, au propre & au figuré. Il vient de l’Italien cagar, cagada, qui signifie la même chose.

CACAGOGUES. s. m. pl. & adj. Onguens qui appliqués au fondement provoquent les selles. Cacagoga. James, dans son Dictionnaire, rapporte la maniere dont Paul Eginete faisoit cet onguent.

CACALIA. s. f. Plante dont il y a deux espèces. Je ne décrirai que la première, parce que la seconde lui est toute semblable, excepté que sa tige & ses feuilles sont sans poil, & que sa pleur est d’un purpurin plus pâle ou jaune. La Cacalia croît sur les montagnes, & est propre pour amolir, adoucir, & cicatriser. On s’en sert aussi en décoction pour épaissir la sérosité qui tombe du cerveau. Ses feuilles sont presque rondes, épaisses, dentelées par les bords, anguleuses, cotoneuses, & blanches en dessous comme celles du Petasites. Il s’éleve d’entre elles une tige d’environ deux pieds, velue moëlleuse, se divisant vers sa sommité en quelques rameaux qui soutiennent des fleurs disposées en bouquets, de couleur purpurine dans un calice cylindrique. Quand ces fleurs sont tombées, il naît en leur plaie des graines oblongues, garnies chacune d’une aigrette. Sa racine est grosse comme le petit doigt, entourée de fibres menues. Lémery. Dioscoride en parle. Galien l’appelle cancanum.

CACAO. s. m. Cacao. C’est l’amande d’un arbre appelé Cacaoyer. Elle est la base du chocolat. Voyez Chocolat. On distingue le Cacao en quelques espèces qui paroissent des variétés dépendantes de leurs différentes grosseurs, ou du lieu dont elles sont apportées ; telles sont les distinctions en Cacao grand & petit Caracque, & en Caco gros & petit des Îles.

CACAOTETL. s. m. Pierre Indienne, autrement appelée Lapis-corvinus, qui quand elle est échauffée, produit, à ce qu’on dit, un bruit comme un coup de tonnerre.

CACAOYER ou CACAOTIER. s. m. Cacao. C’est un arbre d’une moyenne grandeur, qui croît dans le Brésil, & qu’on cultive à présent dans nos Îles d’Amérique. Son tronc est de la grosseur de la jambe, haut de quatre à cinq pieds, couvert d’une écorce brune, gersée, & divisée en plusieurs branches qui se subdivisent en plusieurs rameaux, chargés de feuilles alternes, lisses, glabres, inclinées en bas, assez semblables à celles du citronier, longues de neuf à dix pouces, sur quatre pouces de largeur. Ses fleurs naissent par bouquets, attachés aux branches, quelquefois au tronc, & sont composées de cinq pétales d’un jaune pâle, soutenues par un calice à cinq découpures, pâles en dehors, & rouges en dedans. Le pistil, qui est environné d’un nombre d’étamines courbées & chargées de sommets pâles, devient un fruit d’un demi-pied de long, sur trois pouces d’épaisseur, relevé de dix crêtes, raboteux extérieurement, d’abord verdâtre, ensuite jaunâtre, & enfin d’un brun rouge pointillé de taches jaunâtres. Le pédicule de ce fruit est oblong, & de la grosseur d’une plume à écrire. Ce fruit est blanc en dedans, & renferme une trentaine de semences ou amandes, de la grosseur d’une olive, taillées en forme de cœur alongé, luisantes, polies, d’un beau violet, clair en dehors, & blanches en dedans, & d’un goût d’amandes lorsqu’elles sont seches. Cet arbres donne deux à trois fois l’année des fleurs. Plumier, Hermand, Du Tertre, Rochefort, Pison, Laet, Acosta, Clusius.

Cet arbre, dans les Indes Occidentales, se nomme la cucuhuaguahuitl. Il est fort foible & tendre ; c’est pourquoi il a besoin d’un autre grand arbre qui soit tout proche de lui pour lui faire ombre, & qui s’appelle aliynan, par les Espagnols, la madre del cacao. On en trouve beaucoup dans le pays de Guatimala. On tire du beurre de son fruit, de l’huile, qui ont plusieurs propriétés en médecine. Le cacao sert aussi de menu monnoie dans le pays.

CACOYERE., s. f. Lieu planté d’arbres de Cacao, ou de Cacoyers. Locus arboribus Cacao consitus. Quoiqu’on écrive Cacao, Cacaoyer, Cacaoyère, néanmoins dans les Îles de l’Amérique, on prononce Caco, Cacoyer, Cacoyère, & l’arbre, ou le Cacaoyer, s’appelle le plus souvent Caco, comme son fruit. Le P. Labat écrit Cacoyère, par contraction. Voyez l’Hist. Naturelle du Cacao, impr. à Paris en 1719.

CAÇAR. Nom Arabe, & originairement Hébreu, qui entre dans plusieurs noms de villes bâties, ou possédées par des Arabes. Ce mot vient de l’Hébreu חצר, Hhatsar, ou Chatsar, qui en cette langue signifie palais, demeure, habitation ; & en Arabe encore fortification, lieu fortifié, fort, château, ville. Ainsi Caçar-Pharaon, signifie château de Pharaon. C’est une ville d’Afrique, dans la Province de Fez, & située sur l’une des cimes de la montagne de Zarhon. Les habitans croient qu’elle a été bâtie par un des Pharaons, Roi d’Egypte. On croit que ce sont les Goths qui l’on fondée. Caçar Hamet, ville ruinée sur la côte de Tripoli en Afrique, signifie forteresse, ou Château de Hamet. Caçar Hascen, autre ville ruinée à l’Orient de Tripoli, signifie forteresse de Hascen.

CACAVI. Voyez CASSAVE.

CACCIONDE, s. m. Nom d’une pilule, qui a pour base la terre du Japon, ou le Cachou, & que Baglivi recommande pour la dyssenterie. Casselli, cité par James.

☞ CACERES. Petite ville d’Espagne, dans l’Estramadure, sur la rivière de Falot.

Caceres, ou Caures de camarinha. Ville de l’Île de Luçon, l’une des Philipines, avec un évêché suffragant de Manille. Long. 142. d. 15’. lat. 14. d. 15’.

CACHALOT. s. m. Grand Poisson cétacée, qu’on dit être fort ennemi de la Baleine. D’autres disent qu’il est lui-même le mâle de la Baleine ; d’après ce qu’en disent Clusius, Willughby & Anderson ; c’est une espèce particulière des Cétacées. Ils en distinguent plusieurs espèces. Le sperme de Baleine que l’on vend chez les Droguistes, n’est rien autre chose que la cervelle du Cachalot préparée.

CACHAN. Cahcanum. Ville de la Province d’Yerak en Perse, à 20 lieues d’Ispahan en tirant vers Kom. Cachan est une grande ville, & de toute la Perse, celle où l’on fait les plus beaux brocards d’or & d’argent. Elle est surnommée, Dorolmoumenin, c’est-à-dire, sejour des Fidèles, parce que les descendans d’Hali s’y retirèrent durant les persécutions des Califes. Les Persans disent qu’elle a été bâtie par Zebd-le-Caton petite-fille de Kaschan, petit-fils d’Ahli, qui étoit enterré là, & qu’elle lui donna le nom de son aïeul. Oléarius écrit Casehan, & quelques autres Voyageurs Cakem. Caschan est mieux, parce que c’est un Schin, qui en Persan, comme en Arabe & en Hébreu, a le même son que notre ch dans char, charrette, cheval, &c.

Cachan. Aller à Cachan. Voyez plus bas Cache.

CACHATIN. s. m. Gomme laque, cachatin ; c’est une des sortes de gomme laque que les marchands Chrétiens portent à Smyrne.

CACHE. s. f. Lieu secret, où l’on met ce qu’on veut dérober à la vue des hommes. Latebra. Il y a plusieurs caches dans cette maison, dans ce bois. L’avare met son argent dans des caches où l’on ne peut le trouver. Ce mot ne peut s’employer que dans le style familier.

On dit proverbialement qu’un homme a trouvé la cache, quand il a trouvé quelque bonne invention, le secret d’une affaire, ou le lieu où il y avoit quelque chose de bien caché. On dit aussi, mais bassement, qu’un homme est allé à Cachan, quand il est obligé de se cacher pour quelque méchante affaire, par allusion au village de Cachan auprès d’Arcueil, à une lieue de Paris.

Cache-cache mitoulas. Terme populaire. C’est un jeu de jeunes gens, qui consiste à mettre quelque chose secretement entre les mains, ou dans les habits de quelqu’un de la compagnie : ce qu’on propose à deviner à une tierce personne.

Ce mot vient par contraction & transposition de mie tu ne l’as, au lieu de tu ne l’as mie. Peut-être aussi pour où l’as-tu mis ?

Cache-entrée. s. m. C’est ainsi que les Serruriers appellent une petite piece de fer qui couvre l’entrée d’une serrure.

Cache-nez. s. m. Vieux mot qui signifioit autrefois un masque. Oris, vultûs tegmen.

Cache-platine. Terme de guerre. Morceau de cuir, qui couvre la platine d’un fusil. Faire ôter les cache-platines & les tampons. Bombelles.

Cache, s. f. qu’on nomme à la Chine, cayas, & en plusieurs endroits des Indes, cas, casse, casie, & cassie. Menue monnoie de cuivre, qui vaut un peu plus qu’un denier de France… Les caches sont comme les doubles de France : elles sont trouées, & six cents valent trois livres dix sols. Abbé de Choisi.

CACHECTIQUE. s. m. Terme de Médecine. Cachecticus. Qui a une constitution mauvaise, & un sang noyé de sérosités, & dont les parties branchues s’accrochent en s’unissant, & ont bien de la peine à circuler. Mém. de Trév. 1714. Déc. p. 2170.

☞ On le dit particulièrement des remèdes bons pour prévenir la cachexie, ou pour la guérir quand on en est attaqué. Remèdes Cachectiques. Faire usage des cachectiques. Ainsi il est adjectif & substantif. Voyez Cachexie.

CACHEMENT. adv. Il n’est en usage que dans le style bas, ou familier, ou burlesque & comique : D’une manière cachée. Latenter, clam, secretò. Il est absolument hors d’usage.

Cachement. s. m. Occultatio. Manière dont une personne est cachée. Il n’est pas en usage, & je crois qu’on ne devroit pas imiter ceux qui s’en servent. Richelet, dans ses augmentations.

C’est un vieux mot que Nicot a mis à la fin du verbe cacher. Moliere s’en est servi dans la troisieme scene de sa critique de l’Ecole des Femmes. Il y avoit l’autre jour, dit-il, des femmes à cette Comédie, qui par les mimes qu’elles affectèrent durant toute la Piece, leurs détournemens de tête, & leurs cachemens de visage, firent dire de tous côtés cent sotises de leur conduite. Au reste, je ne vois pas pourquoi Richelet a eu plus d’indulgence pour détournement, qui a paru dès la première édition de son Dictionnaire, que pour cachement. L’un ne vaut pas mieux que l’autre ; ou plutôt, ils sont tous deux bons dans l’exemple que je viens de citer.

☞ CACHEMIRE. Province d’Asie, dans les Etats du Mogol, qui a pour capitale une Ville de même nom. Long. 93°, lat. 34°, 30’. Cette Ville est grande, & bien bâtie sur le bord d’un Lac de petites Îles qui forment autant de jardins de plaisance.

☞ CACHER. v. a. Mettre quelque chose en un lieu secret, où l’on ne puisse pas la voir, la découvrir qu’avec beaucoup de difficulté. Abdere, Occultare, Occulere, Abscondere. Les paysans cachent leur argent dans la terre, afin que les Soldats ne le puissent trouver.

☞ Ménage, après Guyet, dérive de mot de Caciare, qui signifie chasser, pousser. On dit en ce sens, que la nature nous a caché ses trésors, ses plus merveilleuses opérations.

Cacher, signifie aussi voiler, couvrir, ne pas faire paroître à la vue. Cacher un tableau. Cacher son visage. Ce bois nous cache la vue de ce château.

☞ On dit cacher son jeu, & cette expression a trois divers sens. Tegere, dissimulare. Elle signifie. 1°. empêcher que son jeu ne soit vu ; 2°. dissimuler son adresse, en faisant semblant de ne savoir pas bien jouer. 3°. cacher ses desseins, en sorte que personne ne puisse les découvrir. Il est tout-à-fait figuré en ce dernier sens.

Cacher au figuré, dans la signification de dissimuler, déguiser, signifie, user d’un profond secret, pour dérober à la connoissance d’autrui, ce qu’on ne veut pas manifester. Voyez les deux autres Synonymes. Il y a du soin & de l’attention à cacher ; de l’art & de l’habileté à dissimuler ; du travail & de la ruse à déguiser. Il semble qu’on cache par le silence ; qu’on dissimule par les démarches ; & qu’on déguise par les propos. Syn. Fr. Quand on veut réussir dans les affaires d’intérêt & de politique, il faut toujours cacher ses desseins, les dissimuler souvent, & les déguiser quelquefois. Quand on n’a pas la force de se corriger de ses vices, on doit du moins avoir la sagesse de les cacher.

☞ On dit absolument se cacher, pour dire, vivre en retraite, ou bien se mettre en lieu de sureté pour n’être pas pris ni découvert. Abdere se, occultare, latere. Les Saints se cachent aux yeux des hommes pour se donner tout à Dieu. Cet homme craint la prison, il se cache.

☞ On dit se cacher à quelqu’un, pour dire, ne se pas laisser voir à lui. Il s’est caché à tous ses amis. On dit qu’on ne peut se cacher à soi-même ; pour dire, qu’on ne peut se dissimuler ses sentimens & les dispositions de son cœur. Ac. Fr.

☞ On dit se cacher de quelqu’un, c’est-à-dire, lui cacher ce qu’on fait, ses desseins, sa conduite. Ac. Fr.

☞ On dit proverbialement cache ta vie ; pour dire, qu’il ne faut pas faire connoître à tous les hommes ce que l’on fait. C’est un des préceptes d’Epicure, dont Plutarque a fait un beau Traité.

☞ CACHÉ, ÉE. part. Qui est dans un lieu secret, qui n’est pas facile à trouver. Latens, abditus, occultus.

☞ On appelle un homme caché, celui qui ne veut pas se faire connoître dans le monde.

☞ On dit figurément, d’un homme qui a beaucoup de talens, & qui ne les produit pas, que c’est un trésor caché. Ac. Fr. On appelle une vie cachée, un vie solitaire & retirée.

Heureux, qui satisfait de son humble fortune ;
Vit dans l’état obscur où les Dieux l’ont caché. Rac.

☞ Ce participe a en général toutes les significations de son verbe.

Caché, dissimulé, déguisé, considérés dans une signification synonyme. L’homme caché veille sur lui-même pour ne se point trahir par indiscrétion : sa conduite est impénétrable par les ténèbres dont elle est couverte. Le dissimulé veille sur les autres pour ne les pas mettre à portée de le connoître. Sa conduite est toujours réservée , pour ne pas se laisser appercevoir. Le déguisé se montre autre qu’il n’est, pour donner le change. Sa conduite est toujours masquée par des apparences contraires, pour se dérober à la pénétration d’autrui. Il suffit d’être caché pour les gens qui ne voient que lorsqu’on les éclaire : il faut être dissimulé, pour ceux qui voient sans le secours d’un flambeau ; mais il est nécessaire d’être parfaitement déguisé, pour ceux qui, non contens de percer les ténèbres qu’on leur oppose, discutent la lumière dont on voudroit les éblouir.

☞ CACHERE. s. f. Terme de Verrerie. C’est ainsi qu’on appelle dans les verreries en bouteilles, une petite muraille contigue aux fils des ouvraux, sur laquelle le maître sépare la bouteille de la canne.

☞ CACHEREAU. Vieux mot qui signifioit autrefois papier-terrier.

Cachereau. s. m. Nom d’Office. C’est la même chose que Cartulaire. Cacherellus. Le Cachereau chez les Anglois, est un Bailli d’un ordre inférieur, Bailli de village.

CACHERON. s. m. Espèce de ficelle grossière qui se tire d’Abbeville.

CACHET. s. m. Petit sceau qui porte une gravure particulière de quelques armes ou chiffres qu’on imprime sur de la cire, ou du pain à chanter, pour empêcher qu’on n’ouvre un paquet fermé & marqué de cette empreinte. Signum, sigillum. Les Anciens n’avoient point d’autres cachets que leurs anneaux, qui portoient des pierres gravées. Annulus signatorius.

Les cachets different des sceaux, en ce que les sceaux sont pour les affaires publiques, ou qui regardent le public, & les cachets ne sont que pour les affaires des Particuliers entre eux, comme lettre. Les cachets des Anciens étoient des figures gravées sur leurs anneaux, qui étoient d’or, d’argent, ou de quelque autre métal, ou une pierre gravée enchassée dans leur anneau ; aujourd’hui la plupart des cachets sont différens des anneaux. Autrefois les cachet représentoient quelque Divinité, quelque grand personnage, comme un Empereur, un Philosophe chef d’une secte, ou célebre dans sa secte, le portrait de quelqu’un des Ancêtres, le symbole de la patrie, des animaux véritables, ou feints, &c. Aujourd’hui les cachets représentent les armes de celui à qui est le cachet, ou un chiffre, soit qu’il signifie quelque chose, soit qu’il soit arbitraire, & qu’il ne signifie rien : quelquefois, mais rarement, on y met quelque emblême, une tête, ou quelque autre figure. Il y en a où on lit quelques paroles, elles doivent être courtes & pleines d’un grand sens, comme une Sentence, un Axiome, un cri de guerre, &c, un sentiment du cœur, une passion vivement exprimée, &c. Ainsi, par exemple, on a exprimé la constance & la fidélité dans l’amitié par ces lettres Grecques gravées sur un cachet, ΦΝΤΦΔΦΝΡΜΒ, lesquelles étant prononcées forment ces mots Italiens. Finita fedelta, finirò mi vita. Je cesserai de vivre, lorsque je cesserai d’être fidèle. Les Cachets des Princes qui se mettent sur les actes, & s’appellent Sceaux, s’appeloient autrefois bulles. Heineccius a fait un savant Traité, De veteribus Germanorum aliarumque nationum sigillis, imprimé à Franfort en 1709. in-folio. Voyez Scel, ou Sceau. Voyez aussi Anneau & Bulle. Heineccius prétend que les cachets sont originairement des contresceaux, contrasigilla ; qu’on a commencé à les mettre au lieu de seing, & que l’usage en est moderne. Voyez le ch. XV de sa première partie, n. III.

Ce mot vient de cacher, à cause qu’il sert à cacher l’écriture. Ménage.

Cachet. Se dit aussi de la figure, de la marque imprimée sur la cire. Figura sigillo impressa. Le cachet est entier, il n’a point été rompu.

☞ On dit qu’une lettre est à cachet volant, lorsque le cachet mis sur l’enveloppe ne la ferme pas.

Lettre de cachet est une lettre cachetée du cachet du Roi, & signée d’un Sécrétaire d’Etat, qui contient quelque ordre, commandement, avis, ou autre chose qu’on envoie de la part du Roi. Litteræ sigillo Principis obsignatæ.

CACHETER. v. a. Appliquer un cachet sur quelque chose qu’on veut envoyer fermée. Epistolam signare, obsignare, Epistolæ sigillum imprimere. Cacheter un paquet, une boite, une bouteille.

☞ Ce verbe se conjugue d’une manière irrégulière au temps présent seulement de l’indicatif, impératif, optatif & subjonctif, aux personnes du singulier & à la troisième personne du pluriel, tant au simple que pour les composés décacheter, recacheter. Ainsi l’on dit je cachette, tu cachettes, il cachette, ils cachettent : de même à l’impératif, optatif & subjonctif. Ainsi toute l’irrégularité de ce verbe consiste en ce que l’on ajoute un second t à toutes les personnes du present au singulier, & à la troisième du pluriel. Il en est de même des verbes décacheter & recacheter. Cet usage s’est introduit sans doute pour rendre la prononciation plus douce. Voyez le Dict. des rimes, tirées de Du Bartas.

CACHETÉ, ÉE. part. & adj. Signatus, obsignatus. Il m’a rendu vos lettres cachetées.

CACHETTE. s. f. Petite cache. Latebra. Il y a bien des cachettes dans ce bois. Il est du style familier, ainsi que cache.

En cachette, adv. D’une manière cachée, secrète. Clam, occultè, latenter. Les livres défendus ne se vendent qu’en cachette, & sous le manteau.

☞ En cachette de quelqu’un, est une expression, tout à fait populaire & basse. Il a fait cela en cachette de moi.

☞ CACHEUR. s. m. Nom que les raffineurs de sucre donnent à un morceau de bois dont ils se servent pour sonder les formes.

CACHEXIE. s. f. Cachexia. Terme de Médecine ☞ (prononcez cakexie.) Mauvaise disposition du corps humain dans toute son habitude, causée par la dépravation des humeurs, du chyle & du sang. La cachexi négligée dégénère très-facilement en hydropisie. De la dépravation du chyle & du sang suivent nécessairement la pâleur de toutes les parties charnues, & sur-tout du visage, la diminution des forces en général, les lassitudes dans les bras & dans les jambes, la difficulté de respirer & la dépravation du suc nourricier produit l’amaigrissement & l’affaissement total de la machine.

La cachexie vient ordinairement de la débilité, ou de l’impureté du ventricule & des viscères, quelquefois de l’ulcère des reins dans ceux qui ont la pierre. Les causes extérieures de la achexie sont les alimens impurs & corrompus, les ivrogneries fréquentes, la bonne chère, les études excessives, les longues veilles, la suppression de mois ou des hémorroïdes, les grandes évacuations de sang, une longue dyssenterie, les prisons, les poisons, les morsures des animaux venimeux, les fièvres longues & chroniques, les obstructions opiniâtres. On trouve des remèdes pour la cachexie dans Platerus, Observ. L, III, p. 603 & dans la pratique du même Auteur, T. III, L. I, c. 2, p. 119 ; dans Fernel, Cons. 33 ; dans Jean Herman, Prax. Chym. dans Jean Heurnius sur l’aphorisme 9; sect. 2.

Le mot cachexie vient du grec καχεξία, formé de κακὴ, mauvaise, & d’ἕξις, disposition. Voyez Cacochymie.

CACHIER. Vieux mot qui veut dire chasser.

CACHLECE. s. f. Un petit caillou, ou une petite pierre, telle que celles qu’on trouve au fond des eaux, sur le bord de la mer. Κάκληξ. Galien dit que les Cachleces rougies dans le feu & éteintes dans du petit lait, lui donnent une qualité astringente qui le rend salutaire dans la dyssenterie. Dict. de James.

☞ CACHOMAS. Pays de l’Inde, de-là le Gange, avec une veille de même nom, sur les frontières du Royaume de Bengale ; ce Royaume, autrefois soumis au Roi de Pégu, obéit aujourd’hui à son propre Roi qui est tributaire de celui de Pégu.

CACHOS. s. m. Plante que l’on ne trouve que sur les montagnes du Perou. Elle croît comme un arbrisseau, & est d’un fort beau vert. Sa feuille est ronde & mince. Son fruit est plat d’un côté, rond de l’autre, finissant en pointe, de couleur cendrée, d’un goût agréable & sans acrimonie, contenant une semence fort menue. Les Indiens font beaucoup de cas de cette plante, à cause de ses rares qualités ; car elle fait uriner, & chasse le sable & la pierre hors des reins, &, ce qui est plus admirable, c’est qu’on tient que par son usage elle brise la pierre dans la vessie, si elle est encore tendre. En latin, cachos, ou solanum pomiserum folio rotundo tenui.

CACHOT. s. m. Prison noire & obscure, qui est au-dessous du rès-de-chaussée, où l’on renferme les malfaiteurs. Locus in cartere angustus ; interior in carcere, arctiorque custodia. On met dans les cachots les criminels condamnés, ou accusés de grands crimes, ou qui font des rébellions dans la Prison. Vous décrirai-je ces cachots, ou plutôt ces sépulcres funestes, où l’on enterre des hommes vivans, pour qui il semble que le soleil ait cessé de luire, & que la nuit ait pris la place du jour. Flech. Il y a des prisons où l’on distingue les cachots noirs d’avec les autres : les noirs sont de petites caves sous terre où l’on n’enferme qu’un seul prisonnier ; les autres sont au rès-de-chaussée, ou peu profonds : on y enferme pendant la nuit plusieurs prisonniers ensemble.

Cachot, se dit aussi d’une sorte de petite loge qui est fermée à clef, & qui n’a qu’une petite ouverture à la porte par laquelle on donne à boire & à manger au fou qui est dedans.

☞ CACHOTTERIE. s. f. Terme du discours familier pour exprimer une manière mystérieuse dans le discours ou dans les actions qu’on emploie pour cacher des choses importantes.

CACHOU. s. m. Petit grain ou dragée qui se fait d’une composition de musc & d’ambre, qui sert à parfumer l’haleine. Sa base est une gomme qui se tire d’une décoction épaisse d’un certain arbre qui croît aux Indes. Cet arbres, que les Auteurs appellent kais, & qu’au Brésil on nomme cajous, est de la grandeur d’un grenadier. Il a la feuille d’un vert clair. Sa fleur est blanche, & presque semblable à celle de l’oranger. Il porte un fruit de même nom qui est fort estimé, comme étant de bon goût & fort bon pour l’estomac. Il est fait comme une grosse pomme fort jaune & de bonne odeur, spongieux au dedans, & plein d’un suc douceâtre & astringent. Il croît deux fois en un an, mais ce n’est que dans les jardins cultivés dans le Royaume de Cochin. On coupe le bois de cet arbre en petits morceaux que l’on fait bouillir ; & l’eau dans laquelle boût ce bois s’étant épaissie, forme une espèce de gomme qu’on fait sécher, & qu’on envoie en Europe, où on la met en petits grains, après y avoir mêlé du musc & de l’ambre, ou tels autres aromates que l’on juge à propos. On prétend que le cachou est salutaire à l’estomac, propre à adoucir la salive & l’haleine, & bon pour arrêter le vomissement, la diarrhée & la dyssenterie.

CACHRYS. s. m. Terme de Botanique. C’est une plante qu’on appelle autrement Armarinte. Voyez Armarinte.

Cachrys, se dit aussi de la semence de cette même plante.

Cachrys, se dit encore des boutons que le chêne, le sapin, & quelques autres arbres poussent au printemps & dans l’automne.

CACHUNDE, CACCIONDE & CACHONDE. s. m. Composition dont le cachou est la base, mêlé avec plusieurs drogues aromatiques. Il y entre aussi des pierres précieuses : ce qui rend cette préparation si chère, qu’il n’y a que les Princes & les grands des Indes qui en fassent usage. On lui attribue des propriétés merveilleuses, comme de prolonger la vie & d’éloigner la mort.

CACHYMIE. s. f. Cachymia. C’est un terme par lequel Paracelse entend un corps métallique, imparfait, ou une veine métallique qui n’est pas parfaite, qui n’est ni métal, ni substance saline, mais qui tient beaucoup du métal, puisqu’elle a les premiers principes, & la matière première des métaux, & qu’elle tire son origine des trois premiers métaux. Voyez le Dict. de James.

☞ CACIQUE. s. m. Nom que les peuples du Mexique & de quelques régions de l’Amérique, donnoient aux Gouverneurs des Provinces & aux Généraux des troupes sous les anciens Incas. Les Princes de l’Île de Cuba portoient le nom de Caciques, quand les Espagnols s’en rendirent maîtres. Les Sauvages donnent encore ce nom aux plus nobles d’entr’eux. Mais depuis la conquête du Mexique, le titre est éteint quant à l’autorité.

☞ Ce nom se donne aussi aux chefs des Arabes & des Tartares vagabonds.

☞ CACIS. s. m. Plante qui approche beaucoup du groseiller. Son fruit est en grappe & les grains deviennent noirs dans leur maturité. Le fruit sert à composer du ratafiat, qu’on regarde propre à fortifier l’estomac.

CACIZ. s. m. Terme de relation. Docteur de la loi Mahométane. Mysta Mahometanus, Doctor. Lorsqu’ils disputoient ensemble, un Caciz ou Docteur de la loi survint. Bouh.

CACOCHYLIE. s. f. Terme de Médecine. Cacochylia. Chylification, ou digestion dépravée, action de l’estomac qui convertit les alimens en chyle mal conditionné, propre à engendre la cacochymie. Ce mot vient du grec κακὸς, mauvais, & χυλὸς chyle.

CACOHYME. adj. m. & f. Plein de mauvaises humeurs. Vitiosis humoribus redundans. ☞ Cela se dit proprement du corps humain quand il est plein de mauvaises humeurs, & toujours sujet à quelque infirmité. C’est un corps cacochyme.

On dit figurément, un esprit cacochyme, une humeur cacochyme ; pour dire, un fantasque, un bourru. Morosus, ingenio varius. Desmarets a dit dans ses visionnaires,

Aussi ton esprit cacochyme
Fait que l’on te nomme en tout temps, &c.

Ce mot vient du grec κακὸς, malus, pravus, & χυμὸς, succus.

CACOCHYMIE. s. f. Terme de Médecine. État dépravé des humeurs. Vitiosorum humorum redundantia. Quand la réplétion est simplement de sang, on l’appelle pléthore. Gorrhæus, Médecin de Paris, appelle cacochymie l’abondance & l’excès de quelque mauvaise humeur que ce soit, bile, pituite, &c. pourvu qu’il n’y en ait qu’une qui pèche en quantité ; & il appelle pléthore l’abondance & l’excès de toutes les humeurs ensemble.

CACOÈTHE. adj. Terme de Médecine. C’est une épithète que les Médecins donnent aux ulcères malins & invétérés. Voyez Ulcère.

Ce mot vient de κακὸς & de ἦθος, consuetudo mala, mauvaise coutume. Il se prend pour une mauvaise disposition du corps tellement enracinée, qu’on ne sauroit la guérir que difficilement.

☞ CACONGO. Royaume d’Afrique dans le Congo, sur la rivière de Zair. Malemba en est la capitale.

CACOPHONIE. s. f. Terme de Grammaire. C’est la rencontre de deux lettres, ou de deux syllabes, qui font un son désagréable à l’oreille. Soni asperitas, cacophonia. Il y a dans ce vers de Marot une cacophonie.

Cy gist qui assez mal prêchoit.

☞ La cacophonie qui vient de la rencontre de deux voyelles s’appelle hiatus, ou bâillement.

Les Poëtes se donnent de grandes gênes pour éviter la cacophonie : ils ne veulent pas que deux voyelles se rencontrent.

Gardez qu’une voyelle à courir trop hâtée,
Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée.

Boil.


Et les moindres défauts de ce grossier génie ;
Sont, ou le pleonasme, ou la cacophonie. Mol.

☞ On dit aussi cacophonie, en parlant des voix & des instrumens qui chantent & qui jouent sans être d’accord. Bruit désagréable qui résulte du mêlange de plusieurs sons, discordans, ou dissonans.

Cacophonie. Terme de Médecine. Cacophonia. C’est en général une voix viciée, dont les espèces sont l’aphonie, ou privation de voix, & la duphonie, ou difficulté de voix.

Ce mot vient du grec κακὸς, pravus, φωνὴ, vox.

☞ CACORLA. Voyez Ségura.

CACOTROPHIE. s. f. Ce mot signifie en général une nutrition dépravée, comme celle qui se fait dans la cacochymie & la cachexie. Cacotrophia vient de κακὸς mauvais, & τροφὴ nourriture.

☞ CACOUCHAS. Peuple sauvage de l’Amérique Septentrionale, dans le Saguenai, contrée de la Nouvelle-France.

CACOZELE. s. m. Vieux mot qui signifioit autrement un zèle indiscret & trop ardent. Studium inconsultum, inconsideratum. Balzac raille dans ses lettres quelques Auteurs de l’avoir employé.

Ce mot est dérivé de κακὸς, & ζῆλος, zèle, autrement, jalousie.

CACREL blanc. Poisson que l’on trouve dans la Méditerranée. On dit que sa tête réprime les bords gonflés des ulcères, lorsqu’elle est salée & calcinée. Sa chair salée passe pour bien faisante dans la piquure du scorpion, ou la morsure d’un chien enragé. Pour cet effet, on l’applique sur la partie affectée.

☞ CACTONITE. Cactonites. Pierre que quelques-uns prennent pour la Sarde, ou pour la Cornaline, à laquelle quelques visionnaires ont attribué des propriétés merveilleuses. On en a fait un talisman qui assuroit la victoire à ceux qui le portoient.

CACUMINE. s. f. Cacumen. vieux mot qui signifie sommet ; il est formé de cacumen.

Cantharides faulce vermine,
Habitent en la cacumine,
Des Frènes, dessus la prairie. Despligney.

CAD.

☞ CADAFALQUE. Voyez Catafalque.

☞ CADAHALSO. Petite ville d’Espagne, dans la Nouvelle-Castille.

☞ CADALENS ou CADELENS. Ville de France, dans l’Albigeois, au Languedoc.

CADAMOMY. s. f. ou graine de perroquet. Drogue dont il est fait mention dans le tarif de la Douane de Lyon.

☞ CADAN. Petite ville de Bohême, au cercle de Zatz, sur la rivière de l’Egre.

CADARIEN, ENNE. s. m. & fem. & adj. Nom de secte Mahométane. Cadarianus. Les Cadariens sont une secte de Musulmans qui attribue les actions de l’homme à l’homme même, & non à un decret divin déterminant sa volonté. L’Auteur de cette secte fut Maabed ben Kalid-Ad Giohni. Ben Aun disoit que les Cadariens étoient les Mages, ou les Manichéens du Musulmanisme. On les appeloit aussi Motazales. D’Herb.

Ce mot vient de l’Arabe קדר, Kadara, qui signifie pouvoir. On le donne à ces Musulmans, parce qu’en cela, plus sages que les autres, ils veulent que ce ne soit pas Dieu qui fasse tout en l’homme, mais que l’homme puisse & fasse aussi quelque chose ; car ils ne lui attribuent pas tout. Ils veulent seulement qu’il coopère ; & ils admettent deux principes, disoit Ben-Aun lui-même, Dieu & l’homme. Les Musulmans appellent en arabe le decret divin & la prédestination Kadr, c’est-à-dire, puissance. Puisque les Cadariens passent parmi les Mahométans pour ennemis du decret divin, il n’y a pas d’apparence que leur nom soit pris de Cadr, decret ; mais de kadr, puissance, comme on vient de dire.

CADASTRE. s. m. Registre public qui sert à l’assiette des tailles dans les lieux où elles sont réelles, comme en Provence, en Dauphiné & en Languedoc. Vectigalium, tributorum codes ; capitularium ; tributorum liber censualis. Ce registre contient la qualité, l’estimation de toutes les terres, qui sont dans le territoire de la Communauté, & le nom des propriétaires des fonds de chaque Communauté ou Paroisse. Les Romains faisoient la même chose pour leur cens.

Ménage dérive ce mot de l’Italien catasto, & de accatare, qui a été fait de ad & quotus, parce qu’il sert à cotiser. Régulièrement on devroit écrire, capdastre ; & quelquefois on trouve écrit catastre. Borel le dérive de cadon, qui signifie chacun en Languedoc, où principalement le cadastre est en usage. Ragueau le dérive de capitularium, qui est le nom qu’on a donné au registre qui contenoit les cadastres. Borel fait remarquer qu’anciennement la taille & les cadastres ne s’écrivoient que sur des verges ou pièces de bois marquées avec un couteau, comme les tailles que l’on fait aujourd’hui avec les Boulangers & les Cabaretiers, qui sont deux morceaux de bois divisés également. L’acheteur & le vendeur gardent chacun une de ces pièces, & ils les rassemblent quand ils veulent faire de nouvelles marques. Comme cela est entaillé avec un couteau, on l’appelle taille. Il ajoute qu’en certains villages du Languedoc il y a encore de grosses pièces de bois appelées sougs, c’est-à-dire, souches qui servent de cadastres, & qu’il a fallu une charrette pour les porter à Montpellier, à cause de quelques procès intentés à la chambre des Comptes.

☞ Dans quelques endroits cadastre signifie la même chose que papier-terrier. Ferrière.

☞ En Provence & en Dauphiné, les Marchands donnent quelquefois ce nom au journal sur lequel ils écrivent chaque jour ce qui concerne leur commerce & la dépense de leur maison.

CADAVÉREUX, EUSE. adj. Qui a les qualités d’un cadavre, l’odeur, la couleur, &c. Cadaver reference odore, colore. Le pouls est lent, & la face cadavéreuse dans la syncope. Degori. Ce malade a une odeur cadavéreuse.

CADAVRE, s. m. Corps mort. On ne le dit que du corps humain. Cadaver. Il faut appeler les Officiers de Justice pour lever le cadavre d’un homme tuée, ou noyé, afin qu’ils fassent un procès verbal de l’état où ils l’ont trouvé. On ne peut faire le procès à un cadavre que pour crime de Lèse-Masjesté divine & humaine. Les cas ordinaires sont le duel, l’homicide soi-même, & la mort arrivée dans une rébellion à force ouverte contre l’autorité de la Justice, au cas que quelqu’un ait été tué. Alors on nomme un curateur au cadavre, & si le mort est trouvé avoir commis quelqu’un de ces crimes, on condamne non pas le curateur, mais le cadavre, à être traîné sur la claie, pendu par les pieds & jeté à la voierie.

Ce mot est tiré du latin cadaver, qui vient du verbe cadere, cheoir, tomber. En grec de πτοῶ, cado, on a fait πτῶμα, qui signifie aussi cadavre.

☞ CADDOR. Nom qu’on donne en Turquie à une épée dont la lame est droite, que les Spahis sont dans l’usage d’attacher à la selle de leurs chevaux, & dont ils se servent dans une bataille au défaut de leurs sabres. Encyc.

Caddor. Ville d’Asie, dans l’Inde au Royaume de Brampour, dépendante du Grand Mogol.

CADE. s. m. Voyez Caque.

CADEAU. s. m. Grand trait de plume & fort hardi, que font les Maîtres Ecrivains sans lever la main, pour orner leur écriture, pour remplir les marges, & le haut & le bas des pages. Linearum decorè inter se implexarum circumductio. Les écoliers s’enhardissent la main à faire des cadeaux. On le dit aussi des figures qu’on trace sur les cendres, ou sur le sable, quand on rête, ou quand on badine.

Ce mot vient de catellum, qui a été fait de catena. Ménage. D’autres le dérivent de caducée, parce qu’avec une baguette, ou caducée, on trace des cadeaux sur le sable, sur la poussière.

Cadeau se dit aussi des repas qu’on donne hors de chez soi, & particulièrement à des dames. Epulum. Donner un grand cadeau. Le mari, dans les cadeaux qu’on donne à sa femme, est toujours celui à qui il en coûte le plus. Mol. En ce sens il vieillit. On dit donner un repas, une fête.

On dit figurément & familièrement dans le même sens, je m’en fais un grand cadeau ; pour dire, je m’en promets un grand plaisir.

CADÉE, ligue de la cadée. C’est le nom que l’on donne à l’une des trois ligues qui composent la République des Grisons. On l’appelle autrement la ligue de la Maison de Dieu, Fœdus Casæ Dei, Fœdus cathedrale. La Cadée est la plus étendue & la plus puissante de ces trois ligues. Elle renferme l’Evêché de Coire, la Vallée Engadine & celle de Brégaille, ou de Prégel. Cette ligue est alliée avec les sept premiers Cantons Suisses depuis l’an 1498. La Religion Protestante y domine. Des onze grandes Communautés & vingt & une petites dont la Cadée est composée, il y en a deux qui parlent Allemand : le langage des autres, qu’on appelle Rhétique, est un dialecte Italien.

CADEL AVANACU. s. m. Espèce de ricin qui croît au Brésil, fleurit & porte fruit deux fois l’an, en Janvier & en Juillet. Ses feuilles broyées & prises dans l’eau, sont purgatives. Voyez-en les autres propriétés dans le Dict. de James.

CADELER. Vieux v. a. Faire des cadeaux. Nos nouveaux Lexicographes ayant omis ce verbe, j’en emprunte l’explication de Nicot, qui, pour une plus parfaite intelligence, avoit dit sous Cadeau, que c’est une grande lettre capitale, tirée par maîtrise de l’art des écrivains ou maîtres d’écritures à gros traits de plume ; & que si toute l’écriture est de tels cadeaux, on l’appelle écriture cadelée. Lettre cadelée. Quand quatre des seize de la ligue eurent fait pendre le Président Brisson & messieurs Larchet & Tardif, ils firent conduire leurs corps en grève, où ils furent attachés à une potence fourchée. Le lendemain de leur supplice on mit à chacun deux sur le dos un écriteau en lettre cadelées, en ces termes : Barnabé Brisson, chef des Hérétiques & Politiques : Claude Larchet, fauteur des Hérétiques : Jean Tardif, ennemi de la sainte Ligue & des Princes Catholiques. Le nommé du Sur, dit Jambe-de-bois, épicier, convaincu d’avoir fait ces écriteaux, fut pendu pour ce fait vers le mois de Mars 1595. M. le Duchat sur la Sat. Ménippée, tome 2, pag. 92.

☞ On s’est aussi servi de ce verbe dans la signification de conduire. Il s’est dit des Baillis & Sénéchaux qui conduisoient les troupes de leurs Sénéchaussées. On a dit aussi Chadeler. La vertu de Dieu les Chadele. Dict. des Arts.

CADELUBCE. s. m. Nom d’homme. Cadilvecius. S. Cadelubce fut moine de Cîteaux, puis Evêque de Cracovie. On l’honore comme bienheureux en divers lieux de Pologne, sur-tout à Andricovie où il mourut le 8 Février. Chastelain.

CADEMOTH. Ville dans la Tribu de Ruben, à l’Orient du Jourdain ; elle fut donnée aux Lévites, & assignée pour Ville d’asile. On la nomme aussi Jethson, Jos. XXI, 36. Holstenius prétend que c’est la Cormos dont parle R. Benjamon de Tudéla dans son Itinéraire, p. 32. & qu’il dit être la ville capitale des Assassins, dans le pays où regnoit autrefois Séhon. Quelquefois elle est appelée Gédimoth dans l’Ecriture. Ces mots sont Hébreux, & signifient quelque chose d’oriental. La campagne, ou, comme parle l’Ecriture, la solitude qui étoit aux environs de cette ville, s’appeloit aussi Cadémoth, ou Cédimoth, de כדם Kedem, Orient.

CADENAC. Ville de France en Quercy, sur la rivière de Lot, à huit ou neuf lieues de Cahors, à deux de Figeac.

CADENAS. On disoit autrefois CADENAT. s. m. Serrure mobile & portative, enfermée dans des boules ou plaques de fer, qui a un anneau par lequel on l’accroche quand on veut dans d’autres anneaux ou chaînes de fer. Sera catenaria. Les petits bateaux ne se ferment qu’avec des chaînes & des cadenas. On a de petits cadenas pour fermer les valises. Il y a des cadenas ronds, en cœur, en triangle, en écusson, en ovale, en glan, en balustre : il y en a de carrés, de plats. Il y a des cadenas faits de plusieurs cercles mobiles marqués tout au tout de plusieurs lettres, qu’on ne peut ouvrir sans savoir un certain mot, suivant lequel les lettres étant arrangées, le ressort du cadenas se trouve disposé à se laisser ouvrir. L’invention en est décrite dans Cardan en sa Subtilité. On dérive ce mot de cadenacium, ou de catenatium, ou de l’Italien catenaccio.

Cadenas est aussi une espèce d’assiette carrée où l’on serre la cuillière, la fourchette & le couteau. Un des côtés est retroussé & élevé de deux doigts, avec un petit couvercle où l’on met du sel, du sucre & du poivre. On s’en servoit autrefois chez les Rois & les Princes. C’est maintenant une espéce de coffret d’or ou de vermeil doré, où l’on met le couteau, la cuillière, la fouchette, &c. qu’on sert à la table des Rois & des Princes.

CADENASSER. Quelques-uns écrivent CADENACER. v. a. Mettre, appliquer un cadenas. Serâ catenariâ claudere, astringere. Il n’y a personne dans cette chambre, elle est cadenassée. La jalousie de quelques Italiens les porte à cadenasser leurs femmes.

CADENASSÉ, ÉE. Part.

La chambre bien cadenassée
Permettoit de laisser l’argent sur le comptoir.

La Font.

CADENCE. s. f. Suivant les anciens Musiciens qui ont écrit de la théorie, c’est une suite d’un certain nombre de notes de Musique dans un certain intervalle, qui frappe agréablement l’oreille, & sur-tout à la fin d’un couplet. Numerus, modus. Elle est ordinairement composée d’une quarte & d’une quinte, pour faire une octave, qui est la plus excellente des consonances. On fait aussi des doubles cadences. Quand la cadence est imparfaite on la peut terminer par la quinte, ou par l’une des tierces ou des sixtes. La cadence doit être composée ordinairement de trois notes. On appelle clausule, ou conclusion, ou cadence finale, la cadence principale par laquelle on termine le chant. L’autre est appelée entrée, ou médiation, & quelquefois attendante, parce qu’on attend toujours la parfaite cadence qui finit.On l’appelle aussi cadence médiane ou médiante. La cadence dominante est celle qui tient le plus haut entre les deux autres, & c’est pour cela qu’on l’a appelée dominante, comme la médiante a eu son nom, parce qu’elle tient le milieu entre la dominante & la finale. Voyez le P. Parran dans son Traité de Musique. Mais les Musiciens modernes appellent simplement cadence, la relation de deux notes qu’on chante ensemble, comme ut, re, & ils disent qu’il y a double cadence, quand la dernière de ces notes est suivie de deux doubles croches. En général la cadence est une certaine conclusion de chant, qui se fait de toutes les parties ensemble en divers endroits de chaque pièce, & qui la divise comme en ses membres & périodes ☞ c’est la terminaison d’une phrase harmonique par un repos. Cela se fait lorsque les parties viennent tomber & terminer sur une corde, que l’oreille, ce semble, attend naturellement.

La cadence parfaite est celle qui consiste en deux notes chantées tout de suite, ou par degrés conjoints en chacune des deux parties. Elle s’appelle parfaite, parce qu’elle contente mieux l’oreille que les autres. La cadence est imparfaite, quand son dernier temps n’est pas à l’octave ni à l’unisson, mais à la sixte, ou à la tierce. Cela se fait quand la basse au lieu de descendre par la quinte, ne le fait que par la tierce : ou quand en descendant par la quinte, ou en montant par la quarte, ce qui fait le même effet, elle fait avec le dessus au premier temps une octave, & au second une tierce majeure. On l’appelle imparfaite, parce que l’oreille, au lieu d’acquiescer à cette conclusion, attend encore la continuation du chant. La cadence est rompue, quand la basse, au lieu de descendre à la quinte où l’oreille l’attend, monte d’une seconde mineure ou majeure. Toute cadence se fait en deux temps. Quelquefois elle est suspendue, & alors elle s’appelle repos, & n’a qu’un temps. Cela se fait quand les deux parties ’demeurent à la quinte, sans achever la cadence. Les cadences sont au chant, ce que les points & les virgules sont au discours. Nivers.

Selon M Rameau, on appelle cadence parfaite, toutes les conclusions de chant, qui se font sur une note tonique précédée de sa dominante. Cette note tonique doit être toujours entendue dans le premier temps de la mesure, pour que la conclusion puisse se faire sentir ; & sa dominante qui la précède en ce cas, doit toujours porter l’accord de la septième, ou au moins le parfait, parce que la septième peut y être sous-entendue. Il y a aussi des cadences imparfaites, qui se font par renversement. Id. Cadence rompue. Si nous changeons la progression de l’un des sons compris dans le premier accord d’une cadence parfaire, il est certain que nous en interromprons la conclusion ; aussi est-ce de cette interruption causée par ce changement de progression que la cadence rompue tire l’on origine. Cette cadence ne differe pas beaucoup de la parfaite, puisque l’une & l’autre sont également composées, ou des mêmes accords, ou de la même base fondamentale, qui dans la cadence parfaite devant descendre de quinte, montera diatoniquement dans celle-ci, & si la base fondamentale est la même dans l’une & l’autre cadence, l’accord parfait qui termine la cadence parfaite, sera changé ici en un accord de sixte. Id. Cadence irrégulière. Au lieu que la cadence parfaite se termine de la dominante à la note tonique, celle-ci au contraire se termine de la note tonique à sa dominante, d’où nous lui donnons le nom d’irrégulière. Id. Il y a une imitation des cadences par renversement. Lorsque nous voulons imiter une cadence par renversement, il faut en retrancher ordinairement la basse fondamentale, & prendre pour basse, telle autre partie que l’on juge à propos, en diversifiant même la progression des sons qui ne font point dissonance ensemble, comme le son fondamental & sa quinte. Id. Eviter les cadences. C’est éviter les cadences que de ne les imiter qu’en partie, mais nous nous servons plus précisément du terme d’éviter (dans les accords où il est permis d’altérer ceux dont se forment les cadences). L’accord consonant peut être altéré par l’addition d’une tierce, qui y introduit la dissonance de la septième, & le dissonant peut l’être en rendant mineure la tierce, qui se trouve naturellement majeure dans les dominantes, pouvant ainsi conduire une assez longue suite de chant & d’harmonie sans y introduire aucune conclusion. Id. On évite aussi les cadences avec des accords par supposition & par emprunt. Id.

Cadence, se dit aussi de la voix & des instrumens, & signifie un tremblement soutenu, qui se fait ordinairement à la fin d’une mesure.

Les Maîtres à chanter disent que la cadence est un don de nature. Il faut battre du gosier les deux notes dont la cadence est composée, & l’une aptes l’autre de même que sur le clavessin, en battant des deux doigts les deux touches qui font le tremblement.

M. Rousseau, dans son Traité de la viole, distingue par rapport à cet instrument deux sortes de cadences ; la cadence avec appui, & la cadence sans appui. La cadence avec appui se fait lorsque le doigt qui doit trembler la cadence appuie un peu, avant que de trembler, sur la note qui est immédiatement au-dessus de celle qui demande une cadence. La cadence sans appui se fait comme l’autre, en retranchant l’appui. Il y a des cadences simples ; des cadences doubles de plusieurs manières : les plus doubles cadences sont celles qui se font sur une note longue, les moins doubles se font sur une note brève. Il y a une double cadence, qu’on appelle renversée : on la pratique au lieu de la double cadence, lorsque la disposition de la main ne permet pas de faire autrement. La cadence finale doit être précédée de la double cadence. La cadence avec appui ou sans appui, est propre pour tous les jeux de la viole. Il faut varier les cadences suivant les divers caractères des airs. La double cadence fait un bel effet quand elle est bien ménagée.

Ce mot vient de cadentia, qui veut dire chute y parce que la cadence est la chute, ou la conclusion de chant ou d’harmonie, propre à terminer, ou tout-à-fait, ou en partie, une pièce.

On dit cadence double, étrangère, feinte, évitée, hors du mode, imparfaite, ou attendante, irrégulière, parfaite, régulière, simple, trompeuse, fleurie, &c.

Cadence est aussi l’observation des mêmes mesures, qui se fait en dansant, lorsque les pas & le mouvement du corps suivent les notes & les mesures des instrumens ; ainsi la cadence est la fin d’un temps ou d’une mesure. On dit entrer en cadence, sortie de cadence, n’être point en cadence ; pour dire, suivre ou ne suivre pas les mouvemens du violon, du hautbois, du chant, &c. Intra aut extra numerum movere se, saltare, &c. In numerum canere, ad numerum saltare.

Cadence, dans le discours oratoire & la poësie, se dit de la marche harmonieuse de la prose & des vers, qu’on appelle autrement nombre ; mesure que doit garder l’Orateur, pour former des sons qui contentent l’oreille. Le style périodique & soutenu, gardant un juste milieu entre le style rapide & haché, & le style traînant & languissant, est le plus propre à flater agréablement l’oreille, & conséquemment le plus convenable aux Orateur. Isocrate fut le premier qui reconnut qu’on devoit garder quelque cadence dans la prose même. C’est un vice dans le discours que de faire trop sentir la cadence mesurée des périodes. S. Evr. Une cadence trop harmonieuse, & trop régulière, ennuie enfin l’Auditeur. P. Rap.

☞ La cadence des vers dans la poësie grecque & latine, dépend du nombre & de l’entrelacement des pieds qui entrent dans la composition des vers, des césures. Elle varie suivant les différentes espèces de vers. La cadence des vers saphiques est bien différente de celle des vers héroïques ou ïambique.

☞ Dans la poësie Françoise, la cadence résulte du nombre de syllabes qu’admet chaque vers, de la richesse, de la variété & de la disposition des rimes.

Ayez pour la cadence une oreille sévère. Boil.

Enfin Malherbe vint, & le premier en France
Fit sentir dans les vers une juste cadence. Id.

Cadence, en termes de Manège, est la mesure égale que le cheval doit garder dans tous ses mouvemens, soit qu’il manie au galop, ou terre à terre, ou dans les airs, en telle sorte qu’un de ses temps n’embrasse pas plus de terrain que l’autre, & qu’il y ait de la justesse dans tous ses mouvemens. Ainsi on dit qu’un cheval manie toujours la même cadence, qu’il suit sa cadence, entretient sa cadence, n’interrompt point sa cadence, ne change point sa cadence ; pour dire, qu’il observe régulièrement son terrain, & que ses mouvemens se soutiennent toujours également.

Cadence, se dit aussi de tous les mouvemens égaux qui se font dans les autres professions. ☞ Les Maréchaux battent le fer en cadence sur l’enclume. Ce que Virgile exprime heureusement dans ces vers, où il parle des Cyclopes :

Illi inter se se magnâ vi brachia tollunt
In numerum, versantque tenaci forcipe ferrum.

CADENCER. v. a. Donner de la cadence, de l’harmonie. Cadencer ses périodes ; pour dire, les rendre nombreuses & agréables à l’oreille. Il n’est guère d’usage que dans cette phrase.

CADENCÉ, ÉE. part. & adj. Qui a de la cadence. Numerosus. Tout cela est bien cadencé. Cette période est bien cadencée.

Un art pour soutenir l’esprit bientôt lassé
Des uniformes sons d’un discours cadencé.

On le dit aussi, en parlant de ce qu’on appelle dans certaines Messes, Séquence, sequentia, qui n’est autre chose qu’une prose rimée & cadencée.

CADÉNE. s. f. Chaîne à laquelle est attaché un galérien. Catena. Les Espagnols en ont fait aussi cadena. Ménage. Il est vieux & synonyme.à chaîne.

On appelle aussi cadéne des haubans, la chaîne de fer, au bout de laquelle il y a un cap de mouton ; qui sert à amarrer & à rider les haubans contre le bordage,

Cadéne se dit figurément en choses morales, pour marquer de grandes incommodités. J’aimerois autant être à la cadéne, que d’avoir à souffrir ces continuelles réprimandes. Ce mot est vieux, on ne s’en sert point.

Cadéne. s. f. C’est une des sortes de tapis que les Européens tirent du levant, par la voie de Smyrne.

CADENET. Ville de France en Provence, près de la Durance, à cinq lieues d’Aix.

CADENETTE. s. f. Poignée de cheveux qu’on laissoit croître autrefois du côté gauche, tandis qu’on tenoit les autres courts. Coma. Ménage dit que c’étoit du côté droit ; que cette mode fut introduite par H. d’Albert, Seigneur de Cadenet, Maréchal de France. La mode des cadenettes a été fort long tems en vogue.

On appelle encore cadenettes les cheveux, lorsqu’ils sont sépares en deux derrière la tête, & chaque partie entortillée d’un ruban, ce qui fait deux queues, ou cadenettes, qui tombent ou descendent sur les épaules.

☞ CADEROUSSE. Petite ville du Comté Vénaissin, à une lieue d’Orange.

CADÈS. Ville de la terre de Chanaan, située au midi, & sur les confins de l’Idumée. Il y avoit assez près une fontaine qui s’appeloit En Cadès, c’est-à-dire, fontaine de Cades, & auparavant En Misphat, fontaine de Jugement. Gen. XIV, 7. Le désert voisin se nommoit le désert de Cadès. Ps. XXVIII, 8. C’étoit le même que celui qu’on appeloit désert de Pharan, ou celui-ci étoit une partie de celui-là. Nombr. XIII, 27. On l’appeloit désert de Sin. Nombr. XIII, 36. Ce désert de Cadès fut une des stations du peuple d’Israël dans les déserts ; c’est la trente-troisième. Jos. V, 13, elle est appelée Cedès, au lieu de Cadès ; mais c’est la même chose.

Cadès étoit aussi le nom d’une ville de la Galilée, dans la Tribu de Nephthali. C’étoit une ville forte, située dans les montagnes, Jos. XIX, 37, XX, 7. Elle avoit été capitale du Royaume des Chananéens, auquel elle donnoit son nom. Jos. XII, 22. Après l’établissement des Israëlites dans la terre de Chanaan, elle fut ville de refuge. Elle est aussi appelée Cedès. Elle fut encore ville Lévitique, donnée aux enfans de Gerson. Jos. XXI, 32, 1.

Ce mot קדש, Cades ou Cedes, & plus proprement Cadesch, ou Cedesch, est hébreu, & signifie Sainteté, lieu saint.

Cadès Barné. Autre ville de la Terre Sainte, au midi, de la tribu de Juda, sut les confins de l’Idumée. Il paroît par le livre des Juges XI, 16, qu’elle est différente de Cadès : c’est le sentiment de Bonfrerins. C’est de-là que Moïse envoya des espions pour reconnoître la terre de Chanaan. Deut. I, 22.

☞ CADESSIA. Cadisia. Ville de Perse, dans la province d’Irach Babylonienne, à 30 lieues de Cufa. Baud.

☞ CADET, ETTE, adj souvent employé substantivement. C’est la même chose que puîné, puînée. Voyez ce mot. Quelquefois il signifie seulement le puîné, qui ne laisse pas d’avoir d’autres freres après lui, mais qui est cadet à l’égard de son aîné. Natu minor, junior.

Cadet se dit aussi, par rapport aux puînés des autres freres qui wont moins âgés que lui. Ainsi le second dit du troisième que c’est son cadet, le troisième du quatrième, &c.

Cadet se dit absolument du dernier de tous les enfans. Minimus. Benjamin étoit le cadet de tous les enfans de Jacob, & le plus chéri.

☞ Mais, par rapport au droit d’aînesse, tous les puînés sont appelés cadets, relativement à leur frere, qui est né avant eux, & à qui seul appartient le droit d’aînesse.

☞ Comme le droit d’aînesse appartient à celui qui se trouve l’aîné lors de la mort de l’ascendant : quelquefois un cadet devient aîné. A Paris, chez les Bourgeois, les cadets ont autant que l’aîné en partage. Les aînés n’ont le préciput que pour les biens nobles. La coutume de Caux, en Normandie, & bien d’autres, donnent tout à l’aîné, & laisse une petite légitime aux cadets. Coutume révoltante,