Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/001-010

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Tome 2, 1011 à 1020

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 1 à 10

pages 11 à 20


DICTIONNAIRE
UNIVERSEL,
CONTENANT TOUS LES MOTS
DE LA
LANGUE FRANÇOISE ;
DES SCIENCES ET DES ARTS,
Avec les Termes Latins qui peuvent y convenir.


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CRE CRE

☞ CRÉANCE. s. f. Terme de Jurisprudence. Somme due par un débiteur à un créancier. Debitum fides creduori data. Créance & dette active sont termes synonymes : dette qu’on a droit d’exiger de quelqu’un. On lui conteste sa créance. On doit colloquer dans un ordre les créanciers suivant la date ou le privilège de leurs créances. Voyez Dette & Créancier.

Créance, dans le droit politique, signifie l’instruction secrète d’une négociation qu’un Souverain confie à son Ministre pour en traiter avec un autre Souverain. Mandatum alteri fidem faciens. Ce Ministre a exposé sa créance, c’est-à-dire, ce que son Souverain lui a confié pour en traiter.

On appelle Lettre de créance, ou en créance, une Lettre qui porte créance, c’est-à-dire, dont est porteur celui qui est chargé de quelque négociation, afin qu’on ajoute foi à ce qu’il dira. Elle ne contient autre chose sinon qu’on peut ajouter foi à celui qui la rend. Littera mandantis fidem arrogantes. Les Ambassadeurs présentent leurs lettres de créance.

On appelle encore Lettre de créance celle que donne un Banquier, ou un Marchand à un homme qui voyage, pour lui servir de lettre de change quand il aura besoin d’argent. Littera facientes fidem ad pecuniam ab alio accipiendam.

Créance, synonyme de sentiment. Croyance qu’on a pour des raisons solides ou apparentes. La raison ne sert qu’à augmenter la créance du péril, lorsqu’on est épouvanté. Sarr. Dans cette acception où ce mot signifie la persuasion où l’on est de la vérité de quelque chose, il n’est plus usité. On dit croyance. La croyance des Chrétiens, des Mystères. Voyez Croyance.

Créance, signifie quelquefois, Confiance. Fiducia. En déclarant à une personne ce qu’un autre nous a confié, nous lui faisons entendre par-là qu’on a créance en nous, qu’on nous estime, & qu’on nous consulte. Bouh. Avoir de la créance parmi les peuples, c’est un sens renversé, & par-là très élégant, pour dire de quelqu’un, que les peuples le croient, & lui défèrent. Charp.

Créance, en termes de fauconnerie, est un nom qu’on donne à la filière, ou ficelle avec laquelle on retient l’oiseau qui n’est pas encore bien assuré. Habena aucupatoria. Et on appelle un oiseau de peu de créance, celui qui n’est ni bon, ni loyal, qui est sujet à s’essorer & à se perdre, qui n’est pas assuré.

Créance, se dit, en termes de Chasse, des chiens qui ont plus d’adresse & d’obéissance que les autres. Memoria disciplinæ atque obsequium. Les chiens bauds sont de bonne créance, sont aisés à conduire à la chasse.

CREANCER, v. a. Vieux mot. Assurer, promettre. Asserere, promittere, fidejubere, stipulari. Le Comte de Hainault appela son fils, & lui fit créancer par la foi de son corps qu’il tiendroit cette alliance. Voyez encore le c. 97. & Villehardouin, n. 15. 58. 60. 110. 249. 250. & Du Fresne dans son Gloss. sur cet Auteur.

CREANCIER, iere. s. Celui à qui il est dû quelque chose par un autre, une somme d’argent, une tente, du grain, ou autre espece, pourquoi il a contre son débiteur une action personnelle qu’il peut valablement intenter. Creditor, creditrix. Les créanciers chirographaires, sont ceux qui n’ont de leur débiteur qu’un simple billet sous signature privée : les créanciers hypothécaires, sont ceux dont les obligations sont munies de toutes les formes nécessaires pour emporter une hypothèque, & pour être colloqués en ordre selon la date de leur obligation. Les créanciers privilégiés sont colloqués selon la qualité de leurs privilèges. Les créanciers chirographaires viennent sur les meubles à contribution. Une direction de créanciers, est une assemblée qui se fait entre les créanciers d’une personne qui leur a abandonné son bien pour se faire payer à l’amiable, & empêcher les Frais de Justice. Convictus creditorum. Créancier engagiste, est celui qui prête sur gages. Créancier délégué, est celui qui doit recevoir le prix d’une chose vendue par son débiteur, qui l’a ainsi stipulé par le contrat. La Loi des douze Tables permettoit au créancier de mettre son débiteur en pièces.

Le pâle créancier que l’on voit au palais
Plaide pour un argent qui se consume en frais. Vill.

Ce mot vient de credentiarius. Mén. Du Cange dit qu’on disoit autrefois créant & créanter, dérivés du mot de creantare, qui signifioit promettre & stipuler.

CREANT, s. m. Vieux mot. Terme de Jurisprudence féodale. C’est une promesse de rendre service. Voyez M. Du Cange, dans son Glossaire sur le mot creantare, & dans son Glossaire sur Villehardouin. Fiducia, fidejussio. Ne il ne puer çaiens entrer trosque adonc qu’il ara fait notre créant des convenz qu’il nos a.

CRÉANTER. v. a. Terme de Jurisprudence féodale. Promettre, assurer avec serment ; Créancer, assurer. Voyez le Glossaire de M. Du Cange sur Villehardouin, Asserere, fidejubere, stipulari, promittere. Cette convenance créanta Messire Willaumes, dans les preuves de l’Hist. de Bethune, p. 164. Du Cange, Gloss. de Villehard. Le peuple Champenois dit encore, créanter une fille, la promettre, l’accorder en mariage. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

CRÉAT, s. m. Terme de Manège. Gentilhomme qui est élevé dans une Académie pour se mettre en état d’enseigner l’art de monter à cheval. Il sert aussi de Sous-Ecuyer. Magistri locum tenens in schola equestri.

Ce mot vient de l’italien creato, signifiant la même chose.

CREATEUR, s. m. Qui tire un être du néant. Au propre il ne se dit que de Dieu seul, qui a tiré tous les êtres du néant, qui est le Créateur du Ciel & de la terre. Mundi effector, motitor, artifex, opifex, ædificator, Deus, creator, procreator. Il faut rendre graces cent fois le jour à son Créateur. Dans les afflictions il faut avoir recours à son Dieu, à son Créateur. Le monde ne peut pas être éternel, donc il y a eu un Créateur. Nicol. Dieu n’agit point avec nous par des règles arbitraires, ni en vertu de son droit, & de son pouvoir absolu de Créateur ; sa justice souveraine est la règle de sa conduite. Sherlock. Le seul aspect de la vaste machine de l’Univers nous prouve assez que c’est là l’ouvrage d’un Créateur sage & intelligent. S. Evr. On ne peut écouter sans indignation ces excès où tombent quelques Prédicateurs, qui comparent la créature au Créateur, & qui font brûler le même encens pour l’un & pour l’autre. Fléch.

On dit, Recevoir son Créateur, pour dire, recevoir la sainte Communion.

Créateur. Se dit figurément & par extension de celui qui est inventeur original de quelque chose. Inventor, artifex. Ménage disoit qu’il étoit l’Auteur de ses autres ouvrages, mais qu’il étoit le Créateur de son Histoire de Sablé. Pour composer une fable parfaite, & ornée de tout ce qui peut la rendre agréable, il faut être, pour ainsi dire, le Créateur de son ouvrage. M. Scud.

On le dit aussi adjectivement génie Créateur.

CREATION, s. f. Action par laquelle Dieu tire les êtres du néant, les produit sans les tirer d’une matière préexistante. Creatio. La création du monde est décrite dans la Genese, Chap. 1. Dieu a partagé en six jours son ouvrage de la création. L’institution du Sabbat nous conduit à la création, dont elle perpétue la mémoire. Abad. La conservation des créatures est une création continuée. Maleb. Une démonstration invincible de la création, & à laquelle l’impie n’opposera jamais rien de tolérable, c’est celle qui se tire de l’existence de l’ame : en voici les principes & les élémens. J’ai, & je me suis témoin à moi-même que j’ai en moi un être qui n’est point matière, c’est un esprit : cet esprit n’est point éternel, il a commencé d’être. Si cette substance a commencé d’être, ou elle s’est produite elle-même & par elle-même, ou elle a été produite par un autre. Elle ne peut s’être donnée l’être à elle-même, elle l’a donc reçu d’un autre : si elle l’a reçu d’un autre, cet autre ne peut être qu’esprit ou matière, & elle ne peut être produite que par voie de génération ou de propagation, ou par voie d’éduction, comme on parle dans l’école, c’est-à-dire, étant tirée d’un autre sujet, ou par voie de création. Si elle vient d’un esprit, ce ne peut être ni par voie de génération ou de propagation, ni par voie d’éduction. Un esprit est indivisible & n’a point de parties ; on n’en peut tirer un autre esprit. Elle ne peut venir de la matière en aucune façon, ni par voie de génération ou de propagation, ni par voie d’éduction. La matière ne peut produire, & l’on n’en peut tirer ce qui n’y est pas. Il faut donc nécessairement que mon ame existe par création.

Création, se prend quelquefois, mais rarement, pour la réproduction qui se fait de l’humanité de J. C. par les paroles de la consécration. Quelques Peres l’ont employé en ce sens. Voyez la Liturgie sacrée de Grimaud.

Création, se dit figurément des nouveaux établissemens de droits, de charges, d’impôts, que font les Rois & les Princes dans leurs Etats. Creatio. Il y a eu une nouvelle création de Cardinaux. La fonction de ces charges est contenue dans l’Edit de leur création. C’est-là un droit, un impôt de nouvelle création.

On le dit aussi des Particuliers, quand ils font des dettes, quand ils constituent des rentes, des pensions. Ces rentes sont d’une ancienne création. Il n’a rien reçu de sa pension depuis sa création.

On le dit aussi des mots nouvellement fabriqués Prendre des engagemens avec quelqu’un, sont des termes de nouvelle création. Bouh.

CREATURE, s. f. Etre qui a été créé, tiré du néant. Creatura, res creata, res à Deo effecta, perfecta. L’homme ne doit user des créatures, & ne les aimer que par rapport à Dieu. S. Evr. Toutes les créatures annoncent la gloire du Créateur. Il y a une distance infinie entre le Créateur & la créature. Toutes les créatures s’élèvent en témoignage, & portent des traces de la main de l’Ouvrier tout-puissant qui les a formées. S. Evr. Il y a une cause supérieure & intelligente, à qui toutes les créatures doivent leur être. Jac. Le Démon se cache dans toutes les créatures ; il les arme toutes contre nous. Nic. Les créatures retourneroient dans le néant d’où elles sont sorties, si la main toute-puissante du Créateur ne les conservoit. S. Evr. Quelque vertu que les créatures aient reçue dans leur origine, pour remplir leurs fonctions, elles attendent néanmoins une nouvelle influence du Créateur pour agir. Le dessein de Dieu en donnant l’être à ses créatures étoit de les rendre toutes heureuses, & de ne les point assujétir à tant de maux, & à tant de miseres. Les créatures, sans sortir de leur bassesse, & sans blesser la souveraineté de Dieu, peuvent avoir une force mouvante qui leur est propre & naturelle. Font.

Les arbres, & les plantes
Sont devenus chez moi créatures parlantes. La Font.

Créature, signifie aussi une personne individuelle, & particulièrement au féminin. Homo, mortalis, femina, mulier. On dit qu’Hélène étoit la plus belle créature qui fût jamais. Cet homme n’a eu garde de vous offenser, c’est la meilleure créature qui soit sur la terre. Scaron a dit en parlant de Caron :

Il ne fut jamais créature
De plus mal plaisante structure.

Créature, se dit quelquefois par mépris d’une femme de mauvaise vie. Cet homme a une créature qui le ruine. Il se dit aussi par familiarité, & en bonne part. Ah ! la jolie créature. Cette créature me plairoit fort.

Créature, signifie figurément celui qui est attaché étroitement à un supérieur, à celui qui a fait sa fortune, à qui il doit son élévation. Cliens, alicujus obsequio addictus, devotus, mancipatus. Les Ministres sont puissans par le grand nombre de créatures qu’ils se font tous les jours. On ne songe presque point à être des Favoris, pourvu qu’on soit de leurs créatures. S. Evr. Les créatures du Cardinal de Richelieu avoient à la Cour après sa mort les mêmes avantages qu’il leur avoir procurés pendant sa vie. Roc. On le dit particulierement des Cardinaux qui ont été créés par le même Pape. Les créatures d’un tel Pape sont les plus forts dans le conclave.

CRÉCERELLE, CRÉCELLE & QUERCERELLE, s. f. Oiseau de proie de couleur fauve, de race d’épervier, espèce de faucon bâtard qui fait son nid dans de vieilles tours, qui se prend au vent, qui a le bec bleu, les jambes hautes & la queue longue. Tinnunculus, cenchris. Les Provançaux l’appellent ratier, & les Italiens sottiventi.

Jules Scaliger dérive ce mot de querquerella ou querquedula, à cause que les Anciens appeloient querquerum un cri lamentable. Saumaise le dérive de crepitacella à cause du bruit que cet oiseau fait en volant. Ménage le fait venir de crecarella, qui a été fait du Grec κριξ, sorte d’oiseau, dont la voix est fort aiguë.

Crecerelle ou Crecelle, est aussi un petit instrument de bois qui fait beaucoup de bruit en tournant une manivelle, & dont on se sert au lieu de cloches le jeudi & le vendredi de la Semaine Sainte, pour appeler à l’Office. Crepitaculum. Sonner la Crécelle.

Prenons du Jeudi-Saint la bruyante crécelle. Boil.

Son nom lui est venu de l’oiseau ainsi appelé, à cause que sa voix ressemble au bruit de cet instrument. Pasquier croit que c’est le son qu’il fait qui est cause qu’on l’appelle ainsi. Ménage prétend qu’il vient de crecarella, qui est le nom d’un oiseau dont la voix est fort aiguë, & dont cet instrument imite le bruit. Magius, dans son livre des cloches, dit, que les Chrétiens Grecs se servent d’un certain instrument de bois qu’ils appellent symandre : ce n’est ; qu’un ais fort sur lequel on frappe avec deux maillets de bois, qui font le même effet que la crécerelle, & qui en tient lieu quelquefois.

Ils prennent la crécelle, & par d’heureux efforts,
Du lugubre instrument font crier les ressorts. Boil.

CRÈCHE. s. f. Mangeoire, où l’on met le foin, les fourrages des bœufs, vaches, moutons. Præsepe, præsepis, præsepium. On le disoit autrefois des chevaux mais ce mot est maintenant banni des Manéges. Ménage dérive ce mot de l’Italien greppia, qu’il prétend avoir été fait du Latin præsepe. D’autres le dérivent du mot Latin crater. Le grand usage du mot de crèche est dans l’article suivant.

Crèche, en termes de dévotion, se dit du lieu où fut mis Notre-Seigneur en naissant, & où il fut adoré des Rois & des Bergers. Sacrum Christi Domini præsepe. C’étoit en effet la crèche d’une étable, ou Dieu voulut naître, pour nous apprendre l’humilité.

Crèche, est encore en Architecture une espèce d’éperon bordé d’un fil de pieux, & rempli de maçonnerie devant & derrière les avant-becs de la pile d’un pont de pierre. Anteris, crisma. La crèche d’aval doit être plus longue que celle d’amont, parce que l’eau dégravoie davantage à la queue de la pile. On appelle crèche de pourtour, celle qui environne toute une pile, & qui est faite en manière de bâtardeau, avec un fil de pieux à six pieds de distance.

CRECI. Nom de lieu qu’il seroit peut-être mieux d’écrire Cressi, mais l’usage est pour Creci, petite ville de France dans la Brie. Cressiacum ou Creciacum. Elle est située sur le Grand-Morin. Creci, bourg de France en Picardie, sur l’Authie. On l’appelle Creci en Ponthieu. Les Rois Mérovingiens y avoient un Château. Crisciacum, Crisciagum, Criscecum. C’est là que Philippe de Valois perdit, contre Edouard III. Roi d’Angleterre, la fameuse bataille de Creci en 1346 le 26. d’Août. La forêt de Creci, Cresciacensis silva. Il y a eu encore Creci sur Serre dans le Laonnois. Crisiucum, ou Criciatum. Le P. Sirmond & d’autres, à son exemple, ont cru que Creci sur Serre étoit le Carisiacum ad Isaram, fameux dans l’Histoire Ecclésiastique du IX. siècle. Valois les réfute, & montre que Carisiacum est Chiersi, ou Quiersi.

CRÉDENCE. s. f. Petite table qu’on met de chaque côté de l’Autel, où l’on pose les chandeliers, bassin, burettes, linge, & autres ornemens ou vaisseaux qui servent au Sacrifice & aux cérémonies de l’Autel. Mensa ad utrumque latus aræ adstructa. Credentia.

Ce mot vient de l’Italien credenza, signifiant la même chose.

On a dit aussi dans la basse Latinité credentia dans le même sens.

Crédence, est aussi synonyme à buffet, où l’on met la vaisselle d’argent. Abacus argentea vasa ad conviviorum magnificentiam sustinens. Voyez Buffet.

Crédence, signifie aussi la chambre où l’on serre les vivres. Cella cibaria. D’où vient qu’on appelle quelquefois Crédencier, un Sommelier. Promus-condus.

En Normandie on appelle témoins de crédence, les témoins qui déposent qu’ils croient que la chose est ainsi comme ils la disent.

CRÉDIBILITÉ. s. f. Terme de Théologie & de Morale, raisons humaines qui nous portent à croire les révélations divines, qualité par laquelle une chose est rendue croyable ou digne d’être crue. Voyez Croyable & Croyance. Credibilitas. C’est le mot dont on se sert dans l’Ecole, quoiqu’il ne soit pas fort Latin. Quand on veut convertir les Payens, il faut établir d’abord la vérité de l’Ecriture par des motifs de crédibilité. Jesus-Christ dit lui-même qu’il est Dieu, & il le prouve en faisant des miracles : cela n’ajoute-t-il pas un degré de crédibilité qui nous ôte toute la liberté d’en douter.

☞ CRÉDIT. s. m. Signifie en général la faculté de faire usage de la puissance d’autrui.

Dans le commerce c’est un prêt mutuel qui se fait d’argent & de marchandises sur la réputation de la probité & de la solvabilité d’un négociant, ou faculté d’emprunter sur la réputation qu’on a d’être solvable. Fides. Il a bon crédit chez les Marchands, sur la place. Conserver, perdre son crédit. Faire crédit, vendre à crédit, achetter à crédit, emere, vendere sine præsente pecuniâ, sed acceptâ tantum emptoris fide. Ne pas payer comptant ce qu’on achette.

A crédit, signifie quelquefois envain, sans profit. Personne ne vous sait gré de ce que vous faites, vous travaillez à crédit. Quelquefois il signifie, sans preuve, sans fondement. Tout ce que cet Avocat allègue est à crédit, sans preuve.

On dit proverbialement que crédit est mort, ou qu’on fait crédit depuis la main jusqu’à la bourse, pour dire qu’on veut être payé comptant, & d’une fille qui est grosse avant le mariage, qu’elle a pris à crédit un pain sur la fournée. Les lettres de crédit sont différentes des lettres de change, & cependant s’exigent par les mêmes voies. Ce sont des lettres missives qu’on donne à des gens de confiance pour prendre de l’argent sur des correspondans en des lieux éloignés, en cas qu’ils en aient besoin. Voyez Créance, lettre de créance.

Crédit, se dit aussi du cours que les papiers ou effets de commerce ont dans le public & parmi les Négocians. On dit que les billets d’une compagnie ont pris crédit, lorsque les Marchands ne font aucune difficulté de les recevoir. Prendre crédit signifie pareillement dans le négoce des actions de compagnie, lors qu’elles sont achetées à plus haut prix qu’elles n’ont été créées.

Dans un sens métaphorique, ce mot est employé comme synonyme de considération, de pouvoir : Auctoritas, gratia. C’est une relation personnelle fondée sur la connoissance du mérite ou sur l’inclination, dont l’effet est de pouvoir faire usage de la puissance d’un autre qui a quelque supériorité sur nous. Car il faut remarquer que le mot de crédit emporte nécessairement l’idée d’infériorité & de dépendance. On ne dit point d’un Souverain qu’il a du crédit sur l’esprit de son Ministre : mais on le dit du Ministre à l’égard du Souverain.

On dit, à la vérité, qu’un Souverain a du crédit parmi les autres Princes les alliés puais alors, étant pris solitairement, il est regardé comme inférieur aux autres Princes, considerés comme formant ensemble un même tout. Ce Ministre a acquis un grand crédit sur l’esprit de ce Prince. Ce Président s’est mis en crédit dans sa compagnie. Perdre son crédit. Employer son crédit. User de tout son crédit. Abuser de son crédit.

Quand sur un jeune cœur un Amant qu’on estime
A pris quelque crédit,
On commence à douter si l’amour est un crime
Aussi grand qu’on le dit. B. Rab.

On le dit de même du pouvoir que l’on a sur soi-même, sur son propre esprit.

Quoi ! l’homme sur soi-même a si peu de crédit
Qu’il devient scélérat quand Delphes l’a prédit ? Corn.

On le dit dans un sens plus étendu de la considération, de la réputation & de l’autorité qu’on acquiert dans le public par la vertu, la probité, la bonne foi, le mérite. Existimatio. Les Grecs se sont mis en crédit par les sciences qu’ils cultivoient ; les Romains par leur valeur ; les Chrétiens par la sainteté de leur doctrine & la pureté de leurs mœurs. L’éloquence croit nécessaire à Rome pour se donner du crédit. S. Evr. Cet habile hypocrite jouit de tout le crédit que donne la vertu, id.

Crédit, terme de coutumes. C’étoit autrefois un droit que les Seigneurs avoient sur leurs sujets, & qui consistoit en ce que pendant un certain tems ils pouvoient les contraindre à leur prêter de l’argent. Il s’appeloit aussi droit d’emprunt. L’Evêque de Nantes avoit crédit pendant 15 jours sur ses sujets & sur ceux du Prince, c’est-à-dire, qu’il pouvoit pendant ce temps-là les contraindre à lui prêter de l’argent, & le Duc de Bretagne avoit aussi le même crédit, ou droit d’emprunt, pendant 15 jours, sur ses hommes & ceux de l’Evêque. Lobineau, T. I. p. 204.

CREDITER, v. a. Coucher par écrit sur le Mémorial, sur le Journal, ou sur le Grand-Livre, la somme que l’on doit à quelqu’un, ou une somme que quelqu’un a payée.

CREDITEUR. s. m. Terme dont les Négocians se servent assez souvent, pour signifier un créancier, ou, comme ils disent, celui qui doit avoir.

CREDO. s. m. Le Symbole des Apôtres qui contient les articles principaux de notre Foi. Apostolorum symbolum præcipua fidei capita complectens. Il se met entre les oraisons du Bréviaire & des Heures. L’Office commence par un Pater, un Ave, & un Credo. Les Curés sont tenus de faire apprendre à tous leur Paroissiens leur Credo. La Messe en est au Credo, qui est un autre Symbole dressé au Concile de Nicée, qu’on chante au milieu de la Messe.

Credo, (le mont) montagne de France, dans le Bugey. C’est une partie du mont Jura qui est aussi nommé le grand Credo, & qui s’étend entre la Franche-Comté & le Rhône.

CRÉDULE. adj. m. & f. Qui croit trop facilement & légèrement. Credulus. Les enfans, les femmes, les peuples sont crédules, ont l’esprit crédule. Qu’un Amant est crédule & qu’il se laisse aisément persuader ce qui lui paroît agréable. Il se perdit par la crédule & superstitieuse opinion qu’il eut du courroux des Dieux. S. Evr. Nous ne sommes pas si simples, ni si crédules, dans les choses temporelles, que quand il s’agit de conscience & de foi. Port-R.

CRÉDULITÉ. s. f. Disposition, ou plutôt foiblesse d’esprit qui le porte à croire légèrement & sans examen tout ce qu’on nous propose. Credulitas. L’incrédulité qui rejette tout, n’est pas plus dangereuse que la crédulité qui admet tout indistinctement. Les Charlatans abusent de la crédulité des peuples.

Je me plais dans l’erreur ; laissez-moi ce que j’aime,
Et jouir des douceurs de ma crédulité. Corn.

Du Cange dit qu’on a appelé autrefois Crédulité, la profession de la Foi Chrétienne, qu’on a depuis appelée Croyance.

CRÉER, v. a. Tirer du néant, faire quelque être de rien, & sans matière préexistante. Aliquid è nihilo creare, procreare, efficere ; conficere. C’est Dieu seul qui a créé toutes choses. Dieu a créé les âmes des hommes après leur conception, selon l’opinion de S. Augustin.

Créer. Réproduire l’humanité de Jesus-Christ dans l’Eucharistie par la consécration. Voyez Création.

Créer, se dit par extension des hommes à l’égard des choses dont ils sont les inventeurs. Invenire, excogitare, fingere. Boileau semble créer les pensées d’autrui par le tour qu’il y donne. La Bruy. Si la Nature n’a pas formé les Sirènes, ou les Néréides, on ne peut pas du moins en contester l’existence aux Poëtes qui les ont créées, & qui leur ont donné l’être. Ab. Nicaise.

Créer, se dit figurément & abusivement des nouveaux établissemens d’Officiers que font les Rois & les Princes souverains dans leurs Etats. Creare. On a créé bien des Offices pour faire des levées de deniers extraordinaires. Créer des Charges, des Offices, c’est établir des Charges nouvelles, des Offices nouveaux.

☞ On dit aussi créer des rentes, créer une pension, constituer sur soi-même une rente, une pension. Il a créé, constitué des rentes sur lui, sur tout son bien. Créer une pension sur un bénéfice, se dit du Pape qui octroie l’établissement d’une pension sur un bénéfice.

Créer, se dit aussi des dettes que font les particuliers. Contrahere. L’homme n’est point tenu des dettes créées par sa femme avant son mariage.

Créé, ée. part. Creatus, procreatus. Il a les signification de son verbe.

CREIL. Credilium, Credelium, comme Valois l’appelle, & non pas Creotium, ni Credonum. Petite ville de l’Isle de France dans le Comté de Senlis. Ce nom s’est formé du Latin Credilium, en retranchant le d, comme en beaucoup d’autres. Prononcez en une seule syllabe, & mouillez l’l, sans faire sentir l’i.

CRELIAU. C’est le cri d’armes de la maison de Craon. Je ne sai pour quelle raison les de Craon ont pris le mot de Creliau pour leur cri d’armes. Ménage, Hist. de Sablé. Rem. p. 544.

CREMAILLÈRE. s. f. Quelques-uns disent Crémillere, & anciennement cramailiere. Instrument de fer plat & délié, large d’environ trois ou quatre pouces, ayant plusieurs crans ou hoches, qu’on attache à la cheminée pour y pendre des marmites, des chauderons qu’on veut mettre sur le feu. Cremathra, catena ferrea ad sustinendum unco pendentem in foco lebetem.

On dit proverbialement, lorsqu’un homme change de maison ou prend son ménage, qu’on ira pendre la cremaillière chez lui, pour due, qu’on ira manger & se réjouir chez lui.

Nicod dérive ce mot du Grec κρεμάω, & Ménage de cramacularia, qu’on trouve dans les Capitulaires de Charlemagne. Du Cange dit qu’en la basse Latinité on l’a appelée cruca, & cremaster, de l’Anglois crook, qui signifie crochu, ou plutôt du grec κρεμάω, suspendo.

Cremaillère, se dit aussi de ces garnitures de fer qui sont en travers derrière les portes des grandes maisons, qui servent à leur donner telle ouverture qu’on veut par le moyen d’une barre qu’on fiche dans leur divers crans. On le dit aussi de ces fers qu’on met aux chaises & lits de repos, pour en hausser ou baisser le dossier tant & si peu qu’on veut. On le dit aussi des crans qui sont en plusieurs machines & ressorts.

CREMAILLON, ou CREMILLON. s. m. Petite cremaillère qu’on attache à la grande, soit pour l’alonger, soit pour faire cuire quelque chose à côté.

CREMASC, ou CREMASQUE. Cremensis ager. Province de l’Etat de Venise en Italie, qui tire son nom de Crême sa capitale, & la seule ville qu’elle ait. Le Cremasc est enclavé dans le Milanois, dont il dépendoit autrefois.

Ce mot s’est formé de l’Italien Cremasco.

CREMASTERES. adj. Terme d’Anatomie. C’est une épithète qu’on donne à deux muscles appelés autrement suspensores, qui tiennent les testicules suspendus. Cremasteres. Ils prennent leur origine d’un ligament qui est à l’os pubis, & s’insèrent à la partie extérieure de la tunique vaginale des testicules.

Ce mot vient du Grec κρεμᾶν, suspendre.

CRÈME. s. f. La partie la plus épaisse, la plus délicate, la plus grasse du lait, & dont se fait le beurre. Spuma lactis pinguior, cremor lactis. Les bons fromages sont faits de crème. Les tartes, les tartelettes sont faites de crème douce.

Ce mot crème, vient du Latin cremor, qui signifie la même chose. On trouve aussi dans la basse Latinité crema lactis. Voy. Acta SS. April. T. II. p. 175. 277. D.

Crème Fouettée. Crème qu’on fait élever en mousse en la fouettant avec des brins d’osier & qu’on mange avec du sucre, de l’eau de fleur d’orange & autres ingrédiens.

Crème, se dit figurément de ce qu’il y a de plus subtil, de plus spiritueux dans un corps naturel, de ses parties les plus déliées & les plus volatiles. Spiritus, partes subtilissimæ. Il faut qu’un des principes des eaux de Bourbon, qui en est comme l’ame, & qui les rend si animées, si pénétrantes, si expansives, soit une crème de soufre, une fleur de bitume, une quintessence de baume extrêmement exaltée. Mém. de Tr.

Crème, se dit figurément de ce qu’il y a de meilleur dans une affaire d’intérêt, dans un livre, dans une science. Quod est melius, quod est exquisitius. Un tel a eu, a pris toute la crème de cette affaire, de cette entreprise. On a fait un recueil qu’on a intitulé, la Crème des beaux vers. Ce Marchand a eu toute la Crème des tableaux de ce cabinet.

On appelle encore figurément crème fouettée, un Ouvrage, un livre, un discours, & même une personne, lorsqu’on y trouve de belles paroles, quelque chose d’agréable, & au fond rien de solide, par une métaphore tirée de la crème, qui s’enfle prodigieusement quand on la fouette. Aliquid levioris operæ, levioris manus.

☞ Tout cela ne peut passer que dans le discours familier.

Crème d’Orge. Décoction d’orge dépouillé de son enveloppe, qu’on fait dans une quantité proportionnée d’eau. On l’appelle aussi orge mondé, ou orge passé. Les anciens l’appeloient cremor ptisanæ, crème de tisane.

☞ On fait de même de la Crème de ris d’une consistance moyenne entre la tisane liquide & la bouillie.

Crème de Tartre, est le tartre purifié & coagulé en forme de cristaux. Voyez Cristal de Tartre. C’est la même chose.

Crème. Liqueur sacrée. Voyez Chrême.

CRÊME. s. m. Terme de Coutumes. Il se prend dans quelques livres qui traitent de Jurisprudence féodale pour Diocese, étendue de Jurisdiction spirituelle.

CRÊME. Crema. Ville de l’Etat de Venise en Italie, & capitale du Crémasc, située sur la rivière de Serio. L’Evêque de Crême est suffragant de Boulogne. Crême est très-bien fortifiée. Il y a une Histoire de Crême écrite avec beaucoup de justesse & d’élégance par Alemano Fino au XVIe siècle.

CREMELIN. voyez CREMLIN.

CREMENT. s. m. Terme d’Ordonnance qui signifie une augmentation ou accroissement de terrein qui se forme dans les rivières ou sur les rivages, du verbe Latin crescere.

Crément, en terme de Grammaire, est en Latin ou en Grec l’augmentation d’une ou de plusieurs syllabes qui surviennent à un mot dans la formation des temps d’un verbe, ou des cas d’un nom, comme dans amabam, de amo, capitis de caput.

CRÈMER. v. n. Se dit du lait, quand il fait de la crème. Il y a du lait qui crème plus que d’autre. Le lait qui crème le plus est toujours le meilleur.

Crêmer. s. m. C’est le nom d’une maladie qu’on dit être endémique en Hongrie, & qui paroit à en juger par la description qu’on en fait, n’être autre chose qu’une suite de la crapule ou de l’ivresse. On en guérit en buvant une petite quantité de quelque eau cordiale. Dict. de James.

☞ CRÈMIÈRE. s. f. C’est le nom qu’on donne à Paris aux femmes qui vendent de la crème.

CREMIEU. Ville de France en Dauphiné, dans le Viennois, à cinq lieues de Lyon.

CREMILLÉE. s. f. On appelle ainsi une certaine garde qui est dans les serrures.

CREMIR. v. a. Vieux mot. Craindre.

Si doi-on de paour fremir,
Et le puissant Juge cremir.

On a dit aussi crémer. On trouve encore crémeteux, pour dire, craintif, & crémeur, pour crainte.

CREMLIN, ou CRÉMELIN. s. m. Terme de Relation. Nom du Palais du Czar à Moscou. Cremlinum, Cremelinum. Ce bâtiment consiste en diverses grosses masses entassées les unes sur les autres sans aucun ordre. Lett. Moscov. p. 71.

CRÉMONE. Cremona. Ville du Duché de Milan, située sur le Pô, & capitale du Crémonois. Crémone est une Ville très ancienne. On croit qu’elle fut fondée par les Gaulois Senonois l’an de Rome 445. Aujourd’hui c’est un Evêché suffragant de Milan. La manière dont les troupes du Roi, qui tenoient Crémone pour Philippe V. Roi d’Espagne, chasserent le Prince Eugène & les Allemans, qui s’en étoient sécrettement emparés pendant la nuit du 2 Février 1702. est une des plus belles & des plus mémorables actions donc on ait oui parler.

CRÉMONOIS. Petit pays d’Italie qui prend son nom de Crémone sa capitale, Cremonensis ager. Le Crémonois est entre le Pô, l’Oglio & l’Adda, ayant pour bornes au Couchant le Lodesan & le Crémasc, au Nord le Bressan, au Levant le Mantouan, & le Duché de Parme au Midi.

Cremonois, oise. s. m. & f. Qui est de Crémone. Cremonensis.

CRENEAU. s. m. Terme de guerre. Dentelure, entaillure faite au haut d’un parapet, d’une muraille, d’une tour, pour avoir la liberté de regarder par là, ou de tirer. Pinna. Toutes les villes, les tours & les châteaux fortifiés à l’antique, étoient entourés de créneaux. Les créneaux sont proprement des ouvertures pratiquées dans les murs des ouvrages de fortification pour passer le fusil & tirer sur l’ennemi. Les embrasures servent pour le Canon.

Ce mot vient de crenellum, diminutif de crena, qui signifie fente. Men. Mais Fauchet le dérive de cran, qui signifie hoche. Du Cange le dérive de quarnellus, parce que c’est une espèce de fenêtre carrée qui sert aux soldats à tirer. On a dit autrefois carneaux, & on dit encore carne, en parlant de l’angle d’un corps carré.

CRÉNÉES. s. f. pl. On donnoit ce nom aux Nymphes des Fontaines ou Nayades, du mot Grec κρήνη, Fontaine.

CRÉNELAGE. s. m. Terme de Monnoyeur. Donner le crénelage à une monnoie, c’est faire un cordon, ou grenetis sur l’épaisseur d’une Piéce de monnoie, ou y mettre l’empreinte de la légende ordonnée par les Edits du Prince.

CRÉNELER, v. a. Faire des créneaux aux tours, aux murailles. Muri fastigium pinnis distinguere. Créneler une muraille.

Créneler, signifie aussi, Denteler, faire des dents, des entaillures à une roue de montre, de moulin, de machine. Incidere. On est obligé de créneler des roues pour les faire entrer les unes dans les autres, ou dans des pignons. Créneler, terme de monnoie, donner à un flanc le cordonnet ou la légende sur tranche.

Crénelé, ée. part. On appelle une monnoie crénelée, ou carnelée, quand il y a un cordon ou grenetis relevé sur l’épaisseur de la monnoie, comme on voit aux pièces d’Angleterre. Coronatus. On y a mis depuis quelque temps une légende.

En termes de Blason on appelle crénelé, tout ce qui est fait ou taillé en créneaux. Pinnis distinctus. Il porte d’azur à la tour crénelée d’argent. Il y a des chefs, des fasces, des pals, des bandes crénelées & brétessées. On dit aussi crénelé de tant de pièces, pour dire de tant de créneaux.

CRÉNELURE. s. f. Manière de dentelure faite à créneaux. Denticuli. Il y a des plantes dont les feuilles sont à crénelure, en crénelure.

CRENEURE. s. f. Vieux mot. Coupure par dentelles, selon Nicod.

CRENNEQUIN. s. m. C’est, dit Nicod, comme quelques-uns l’interprètent, une espèce d’habillement de tête de l’homme de guerre à cheval, assez semblable au heaume. Galea, cassis. Ainsi pris il viendroit du Grec κράνος, tête, duquel Aristote & Hérodote ont usé. Aussi κρανίον est le têt de la tête, & on dit têtière, & l’Espagnol capacete.

CRENNEQUINIER. s. m. Nom d’une ancienne milice. Soldat portant un crennequin. Eques galeatus, ou cassidatus. Le Duc de Bourgogne avoit six cens Crennequiniers dans son armée. Gollut, L. X. c. 96. Les gaiges du Crennequinier à cheval seront par mois de cinq francs. Id.

CRENQUINIER. s. m. Terme de Coutumes. On appelle en quelques endroits Crenquiniers, des Officiers qui peuvent faire exécution.

CREOISON. s. f. Mot du vieux langage, qui signifioit création & créature.

CRÉOLE. Voyez CRIOLE.

CRÊPAGE. s. m. Apprêt que l’on donne aux crêpes que l’on veut crêper, c’est-à-dire, qu’on ne veut pas qui restent lisses.

CRÊPE. s. m. Etoffe claire faite de soie crue & gommée, & torse sur le moulin. Pannus bombycinus tenuis & crispus. Le crêpe frisé se met sur les habits pour porter le grand deuil. Le crêpe lisse, ou uni, est celui dont la soie n’est pas si torse que l’autre & qui fait l’étoffe plus douce que le crêpe crêpé. On appelle absolument crêpe celui qui sert de cordon au chapeau. Le crêpe seul qu’on appelle autrement voile, est une étoffe d’une soie déliée & retorse, qui est plus claire que le crépon & la crêpodaille. Le crêpe, selon Philon Juif, ou son traducteur, est une sorte de très-fin lin retors.

Ce mot vient du Latin crispus. Men. Borel le dérive de crépine, qui est une espèce de coëffure de femme, d’où est venu aussi crapaudaille, qui étoit fort en usage en Languedoc, où l’on fabrique beaucoup de ces étoffes. Dans la vie de Ste Bathilde, Reine de France, à la fin du §. 4e. on trouve que la Sainte Reine fit faire une crêpe, crepam, admirable d’or & d’argent pour mettre sur le corps de St Eloi. Les Bollandistes disent qu’ils n’ont point trouvé ce que c’étoit que crepa. Binet dit que c’étoit une châsse pour enfermer le corps du Saint ; mais on ne diroit pas que c’étoit seulement pour mettre sur les reliques, ou sur ses membres. Je crois que c’étoit une étoffe d’or & d’argent fort claire, afin que l’on pût voir à travers les Saintes Reliques, & que c’est de crepa qu’est venu crêpe.

Crêpe se dit aussi figurément, & sur-tout en Poësie, pour signifier la nuit. Tenebræ, nox.

Dès que l’ombre tranquille
Viendra d’un crêpe noir envelopper la ville. Boil.

Crêpe. Terme de Perruquier. Les Perruquiers appellent crêpe, les cheveux qu’ils ont nattés & tortillés dans leur longueur, après les avoir frisés par le bout, & avant que de les mettre en pâté. Cette opération les fait bouffer. Encyc.

Crêpe. Terme de Jardinage. Espèce de laitue, qui se cultive comme les autres. La petite crêpe & la grosse ne tardent pas à pommer sur couche & sans cloche. Pluche.

Crêpe est aussi une espèce de pâtisserie, fort connue dans quelques Provinces. Elle est faite de farine délayée avec de l’eau ou du lait, où l’on mêle quelques jaunes d’œufs. On en fait une pâte semblable à celle des beignets, & on la fait cuire de même dans la poële, en mettant chaque fois une certaine quantité de cette pâte qu’on étend sur toute la capacité de la poële.

CRÊPELU, UE, vieux adj. Crépu, crêpé, Crispatus, a, um.

CRÊPER. v. a. Friser doucement & à la manière de crêpe. Crispare. Crêper une étoffe. Crêper les cheveux. Il est aussi réciproque. Les cheveux se crêpent, quand on a soin de les mettre sous le bonnet.

Crêpé, ée, part. & adj. Crispatus. Ce qui tient de la nature & qualité du crêpe ou du crépon. Une étamine crêpee est une étamine fabriquée à la manière du crépon. Cheveux crêpés.

Ce mot pris au figuré n’est pas d’usage.

Et la vague à l’entour blanchissante & crêpée
Grondant sous l’aviron dent elle étoit coupée,


ne figure bien que dans les ouvrages du P. Le Moine.

CRÉPÉREIUS, CRÉPÉREIA. Nom propre d’une famille de l’ancienne Rome. Gens crepereia. Les médailles de la famille Crepereia sont en petit nombre. On y trouve Q. Creper. M. F. Rocus, ou Q. Creperei Rocus, & dans une ancienne inscription citée par Patin, L. Creperius Heraca vi vir. Et Creperia patera avec L. Creperius Celer, sa fille & son petit fils. C’étoit une famille de Chevaliers Romains ; c’est Cicéron qui nous l’apprend, L. I. in Verrem.

CRÊPI. Crispeium, Crispiacum, Chrispeiacum, Crispiacense Castellum, Crispiniacum. Ville de l’Ile de France, dans le Comté de Valois, appelée communément Crêpi en Valois. Elle est entre Meaux & Compiegne. Valois croit que son ancien & véritable nom est Crispeium & Crispiacum ; mais qu’il semble qu’on l’ait appelé Crispiniacum, comme si son fondateur ou son Seigneur avoir eu nom Crispin. Il est quelquefois parlé dans l’Antiquité de la monnoie de Crêpi. Solidi Crispiacensis monetæ. Valois, Not. Galliar.

CREPI. s. m. Enduit ou mortier qu’on met, qu’on couche sur une muraille avec le balais sans passer la truelle dessus, &c. Arenatum. On fait des crépis de chaux & de sable, de plâtre, de stuc, &c. On fait aux Indes un crépi de la chaux vive mêlée avec du lait & du sucre, dont on enduit les murailles, qu’on polit avec une agathe : ce qui les fait unies & ; luisantes comme une glace de miroir, & les rend plus propres par dedans, qu’aucune de celles qu’on voit en Europe. Relations du Recueil de Thevenot.

CRÉPI, ie. adj. Ce mot se dit d’une muraille enduite de mortier, ou de plâtre. Incrustatus, arenato inductus. On le dit aussi d’un cuir auquel on a fait venir le grain. Muraille crépie, cuir crépi.

CRÉPIN. s. m. & nom propre d’homme. Crispinus. S. Crepin fut martyrisé à Soissons avec son frère S. Crépinien l’an 287. de J. C. S. Crepin est le Patron des Cordonniers. Crispinus. Ce mot a passé dans la langue dans ces phrases familières. Perdre son Saint Crépin, porter tout son Saint Crépin. Perdre, porter tout ce qu’on a. Façon de parler qui vient de ce que les garçons Cordonniers qui courent le pays & vont de ville en ville pour travailler, portent avec eux tous leurs outils dans un sac qu’ils appellent un Saint Crépin.

CRÉPINE. s. f. Ouvrage à jour par le haut, par en bas pendant en grands filets, ou franges, qu’on travaille avec des fuseaux. Reticulata supernè fimbria. On en fait de fil, de laine, de soie, d’or ou d’argent. On met des crépines aux dais, aux pentes des lits, aux impériales des carrosses.

Crépine, est aussi un terme de Rôtisseur & de Boucher. C’est une manière de petite toile de graisse, qui couvre la panse de l’agneau, & qu’on étend sur les roignons, lorsque l’agneau est habillé. La crépine ne sert qu’à parer les roignons.

CRÉPINIEN. s. m. & nom propre d’homme. Crispinianus. Voyez CRÉPIN.

CRÉPIR. v. a. Enduire une muraille de chaux & de sable, de plâtre, de stuc ; employer le mortier avec le balai sans passer la truelle par-dessus. Incrustare, arenato parietem induere, parsetem trullissare. Le bas d’une muraille se gâte, si on le laisse quelque temps sans le crépir. Il vient de crispare, friser.

Crépir, est aussi un terme de Corroyeur, qui se dit du cuir auquel on fait venir le grain, quand il est sorti de l’eau. Crépir un cuir.

CRÉPIR LE CRIN. Préparation que les Cordiers donnent au crin du cheval ou du bœuf, en le faisant bouillir dans l’eau, après l’avoir cordé pour le friser, & le mettre en état d’être employé par les tapissiers, selliers & autres artisans.

CRÉPISSURE. s. m. L’action de crépir. Trullissatio, incrustatio. Il a tant coûté pour la crépissure de cette muraille.

CRÉPITATION. s. f. Bruit que les bouts ou piéces d’os font en se froissant ensemble, lorsque le Chirurgien remue le membre pour s’assurer de l’existence d’une fracture, par l’organe de l’ouie. Un des signes sensibles des fractures est celui de la crépitation. M. le Ch. de Jaucourt.

Crépitation dans les fractures, craquement qu’on sent en pressant les tumeurs emphysémateuses, & cliquetis dans les articulations.

Crépitation se dit aussi du bruit redoublé d’une flamme vive qui pétille. Crepitus. Crepitantibus urere flammis.

CRÊPODAILLE, ou CRAPAUDAILLE. s. f. Crêpe fort délié dont on fait des coëffes de femmes & des voiles de Religieuses. Le peuple prononce crapodaille. Pannus bombycinus crispus & tenuis.

CRÊPON. s. m. C’est une étoffe de soie cuite, qui est excessivement tortillée. Pannus bombycinus crispatus.

Le meilleur se fait à Naples. Les Italiens l’appellent ritorti. Le crépon de Zurich est une étoffe toute de laine tortillée, dont les hommes s’habillent. Crépon de Castres, est une même étoffe de laine plus claire, qui est un peu frisée, dont les femmes font des habits.

CRÉPU, ue. adj. très-frisé. Crispus. Les cheveux des Nègres sont crépus. C’est la même chose que crêpé : mais on ne le dit que des cheveux.

CRÉPU, ue. adj. Frisé. Crispatus. Les cheveux qui reviennent sous la perruque sont plus beaux & plus crépus qu’ils n’étoient. Il se dit aussi de la mousse, que La Quintinie dit être une petite herbe frisée & crépue.

CRÉPUSCULAIRE. adj. Cercle crépusculaire, c’est le cercle terminateur des crépuscules. Voyez CRÉPUSCULE.

CRÉPUSCULE. s. m. Lumière foible qui précède le lever du soleil, ou qui reste après son coucher jusqu’à ce que la nuit soit venue. Crepusculum. On prétend que le crépuscule commence & finit lorsque le soleil est environ 18 degrés au-dessous de l’horison. Les parties les plus raréfiées de l’air réfléchissent la lumière ; & tant que le soleil en éclaire quelques-unes, elles sont visibles à ceux à qui la convexité de la terre n’en dérobe pas la vue. Les crépuscules sont plus longs dans les solstices que dans les Equinoxes, dans la Sphère oblique que dans la Sphère droite. La cause des crépuscules ne doit pas être attribuée entièrement à notre air, puisqu’il y a une certaine matière éthérée qui environne le soleil, comme s’il avoit lui-même une espéce d’atmosphère ; ce que l’on peut remarquer, par exemple, après le coucher du soleil, car elle est toujours plus de tems que le soleil à se lever, ou à se coucher. Avant le lever elle paroît de figure circulaire, parce que c’est un segment de l’atmosphère du soleil coupé par l’horison. En un mot sa lumière est tout-à-fait différente de celle qui naît de l’atmosphère terrestre. Instit. Astronom. pag. 402.

Les Crépuscules d’hiver sont plus courts que ceux d’été, parce que l’air est plus condensé en hiver & a conséquemment moins de hauteur. Par la même raison les crépuscules du matin sont plus courts que ceux du soir. La chaleur du jour dilate & raréfie l’air, augmente son volume & sa hauteur.

Papias dérive ce mot de creperus, qu’il dit avoir signifié autrefois incertain & douteux, comme étant une lumière incertaine.

Crépuscule se dit au figuré de l’esprit & de la raison. M. du Bois, Auteur des Conférences d’Angers, le prend pour les premiers tems où l’on commence à avoir l’usage de la raison. Plusieurs Docteurs croient que dans ce crépuscule de la raison le manque de connoissance excuse les enfans de péché mortel (s’ils ne sont pas des actes d’amour de Dieu.) Conf. d’Ang.

CREPUSIUS, CREPUSIA. s. m. & f. Nom propre d’une famille de l’ancienne Rome. Crepusia gens. La famille Crepusia est peu connue : il y a une médaille de cette famille qui a d’un côté deux figures de Magistrats assis sur deux chaises curules, devant eux un épi, derrière Pa. dans l’exergue m. fani cri. De l’autre côté une tête de femme couronnée d’épis de blé. Aed. Pl. c’est à-dire, Aedilis plebis. Ces derniers mots font juger à M. Patin que si cette médaille est d’un Crepusus, cette famille étoit plébéienne.

CRÉQUI. Crequium. Bourg ou village en Artois, à trois lieux au Nord d’Hesdin. C’est de ce bourg, qui a titre de Duché, que l’illustre maison de Créqui a pris son nom. Baudouin de Créqui, Chevalier célèbre, avoit pour devise Nul ne s’y frotte.

CRÉQUIER. s. m. Prunier sauvage, ou cerisier croissant dans les haies de Picardie : Prunus vel cerasus silvestris. Il est devenu terme de Blason, à cause que la Maison de Créqui porte dans ses armes un Créquier de gueules en champ d’or. On le représente avec sept branches en forme de chandelier, portant des petits fruits comme des capres. Quelques-uns croient que c’est un arbre imaginaire. D’autres assurent qu’il vient sur les bords d’une rivière qui arrose les prés de la Maison de Créqui. Les Picards appellent son fruit crèques, & dans leur vrai patois sourderaines. Dom Duplessis, dans sa Description Géogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 172. prétend que Créqui vient absolument de Kerch, mot Teutonique qui signifie une Eglise, & que Créquier signifie un candélabre ou un grand chandelier à sept branches, tel qu’on en voit dans un grand nombre d’Eglises.

CRÈS. Sorte de toiles de lin qui se fabriquent à Morlaix en Bretagne, & aux environs.

CRESCENTINO. Ville du Piémont dans le Verceillois, sur le Pô, prise par les François en 1704, & reprise par les Alliés en 1706. Crescentinum. Elle est à huit lieues de Turin.

CRESCENZAGO. Bourg d’Italie à trois lieues de Milan, qui donne son nom à une Congrégation de Chanoines Réguliers, donc le premier Monastère fut bâti dans ce bourg en 1140. La Réforme de Latran y fut introduite l’an 1502. Hist. des Ordres Monast. &c. T. II pag. 48 & 49.

CRÉSEAU, que quelques-uns écrivent Crézeau. s. m. Etoffe de laine croisée, qui est une espéce de grosse serge à deux envers, couverte de poil des deux côtés.

CRESME. Voyez CRÈME.

CRESPE. Voyez CRÊPE.

CRESPER. Voyez CRÊPER.

CRESPHONTE. s. m. Arrière-petit-fils d’Hercule, & Chef des Héraclides, rentra avec ses deux freres Témène & Aristodême dans le Péloponnese huit ans après la guerre de Troye, & se fit Roi de Messénie. Il y a une Tragédie de M. Gilbert, Secrétaire des commandemens de la Reine Christine de Suède, intitulée : Cresphonte, ou le retour des Heraclides. Elle fut représentée en 1659.

CRESPI. Voyez CRÉPI.

CRESPIN. Voyez CRÉPIN.

CRESPINE. Voyez CRÉPINE.

CRESPINETTE. s. f. Sorte de coëffure dont on s’est servi autrefois.

Et par dessous la crespinette
Une couronne d’or pourtraite.

CRESPINIEN. Voyez CRÉPINIEN.

CRESPIR. Voyez CRÉPIR.

CRESPISSURE. Voyez CRÉPISSURE.

CRESPODAILLE. Voyez CRÊPODAILLE.

CRESPON. Voyez CRÊPON.

CRESPU. Voyez CRÉPU.

CRESSELLE. Voyez CRÉCERELLE.

CRESSERETTE. s. f. Nom d’un oiseau. Les œufs des faisans & des cresserettes sont rouges. Faultrier.

CRESSI. Ville de France dans la Brie, au Diocèse de Meaux. Voyez CRECI.

CRESSON. s. m. Terme de Botanique. Le cresson Alénois & le cresson d’eau ne sont point du même genre, quoiqu’ils aient tous les deux leurs fleurs en croix. Leur fruit sert sur-tout à les distinguer.

Le cresson Alénois, ou le Nasitor, Nasturtium hortense, est annuel, sa racine est blanchâtre, simple, quelquefois branchue, ligneuse & chevelue : sa tige est droite, haute de deux pieds environ, ferme, branchue à son extrémité, & garnie de feuilles découpées en des segmens plus étroits à mesure qu’elles approchent du sommet de la tige. Ses fleurs sont petites, composées de quatre pétales blancs lavés un peu de pourpre, & disposés en manière de croix. Elles sont ramassées par petits bouquets. A ces fleurs succèdent des fruits séparés en deux loges comme dans le Thlaspis ; & la seule différence qu’on établisse entre ces deux plante, ne se tire que des feuilles qui sont entières dans le Thlaspi. Toute la plante est couverte d’une fleur grisâtre qui rend glauque la couleur de ses feuilles & de sa tige. Le Nasitor est apéritif : bon pour le scorbut. Cette plante donne plusieurs variétés ; car tantôt ses feuilles sont découpées en des segmens plus larges, & tantôt ces segmens sont crénelés & frisés.

Le cresson d’eau, Sisymbrium aquaticum, diffère du précédent : 1o. Par ses racines traçantes & filamenteuses. 2o. Par ses tiges creuses, couchées sur l’eau. 3o. Par ses feuilles qui sont découpées en segmens arrondis, & qui ressemblent à des feuilles composées. 4o. Par ses fleurs, qui sont tout-à-fait blanches. 5o. Par son fruit, qui est une silique longue d’un pouce sur une demi-ligne de largeur, & composée de deux lames, qui s’appliquent sur une cloison mitoyenne qui divise la silique en deux loges ; ses semences sont petites & brunes. Le cresson d’eau a un goût piquant & agréable. On emploie le cresson d’eau contre le scorbut & contre l’hydropisie, & lorsqu’il s’agit de purifier le sang. On le sert en salade, & sous les volailles rôties. On le met aussi dans les bouillons.

Il y a plusieurs autres plantes de cette famille qui ont un goût âcre & piquant, & auxquelles on a donné le nom de cresson sauvage, ou de cardamine. La plante qu’on a voulu appeler cresson des Indes, Nasturtium Indicum, n’est point du genre du cresson. Voyez Capucine.

Ce mot vient du Latin cresco, à crescendi celeritate. Ménag.

On trouve dans la basse Latinité crissonium, ou crisonium, pour signifier une herbe marécageuse.

CRESSONNIÈRE. s. f. Lieu où croît le cresson. Locus Nasturtii ferax. Il y a peu de cressonnières où il n’y ait de la berle.

Cressonnière, dans Rabelais, femme qui vend du cresson.

Le CREST. Ville de France en Dauphiné, sur la Drôme, à six lieues de Valence. Crista.

CRESTEAUX. s. m. pl. Ce mot se disoit autrefois au lieu de créneaux, & on le nommoit ainsi à cause qu’ils étoient à pointes par intervalles, comme les crêtes des coqs.

CRESUS. Voyez CRŒSUS.

CRESTON. s. m. En quelques Provinces frontière c’est un chevreau. Capreolus.

CRÊTE. s. f. Excroissance de chair rouge extraordinairement, dentelée qui vient sur la tête des coqs & des poules & de quelques autres oiseaux de la même espèce. Crista, apex. Les friands aiment les crêtes de coq.

Crête, se dit par ressemblance d’un toupet de plumes que quelques oiseaux ont sur la tête, comme les alouettes. Alors il est synonyme avec Huppe. Une crête d’alouette.

C’est encore cette partie relevée qu’on apperçoit sur la tête de quelques serpens.

On donne aussi ce nom à une rangée d’arrêtes que quelques poissons ont vers la tête.

On appelle crête de morue un certain endroit du dos de la morue qui se coupe entre le collier & l’entre-deux.

Crête, se dit par la même raison de la partie des armes défensives de la tête, qui s’élève par dessus en forme de crête. La crête d’un armet, d’un morion, d’un casque.

On appelle crêtes, en termes d’Anatomie, des excroissances qui surviennent autour du fondement. On peut ôter les crêtes, ou par ligature, ou par cautérisation, ou par amputation. Ces excroissances ne s’appellent crêtes que quand elles ressemblent à des crêtes de coqs : elles ont d’autres noms quand elles ont une autre figure. Voyez M. Dionis, des opérations de Chirurgie. On appelle encore crête une éminence tortue & courbée qui est au milieu de l’épine de l’omoplate. On la nomme aussi l’aile de la chauve-souris, à cause de la ressemblance qu’elle a avec ces deux choses.

Crête de coq. Crista galli. Terme d’Anatomie. Eminence de l’os ethmoïde qui avance dans la cavité du crâne, & à laquelle s’attache la partie de la dure-mère qui sépare le cerveau en deux, & que l’on nomme la faulx. Cette éminence est appelée crête de coq, parce qu’elle a de la ressemblance avec la crête d’un coq.

Crête de coq, se dit aussi d’une plante dont la racine est petite & blanche. C’est une espèce de pédiculaire. Pedicularis pratensis lutea, ou crista galli. Voyez Pédiculaire.

Crête de coq. Terme de Conchyliologie. Nom d’une des espèces de coquilles de mer. Crista galli, concha. Une crête de coq d’une espèce peu commune, à pointes rondes & feuillées. Gers. Un groupe de deux crêtes de coq parfaites. Id. Une crête de coq à pointes. Id.

Crête marine. Plante qui est une espèce de crithmum ou bacille. Les François & les Italiens l’appellent herbe de S. Pierre. Ses feuilles sont étroites, mais plus larges & plus courtes que celles du fenouil, charnues, subdivisées trois à trois, & d’un goût salé. Sa tige est cannelée, verte comme un porreau. Ses fleurs sont ramassées en parasol & de couleur jaune. Sa semence est semblable à celle du fenouil mais plus grande. Sa racine est grosse, longue, d’une odeur & d’un goût agréable, âcre & aromatique. Cette plante croît dans les lieux pierreux le long de la mer. On la confit dans la saumure. Elle est bonne pour l’estomac, & pour exciter l’appétit : elle fait aussi uriner, & ouvre les obstructions. Crithmum, fœniculum maritimum minus, ou crista marina. Voyez Bacille.

Crête, signifie aussi en termes d’Agriculture, la terre qui a été tirée en faisant une fosse de clôture, & élevée sur le bord du champ. C’est aussi le sommet d’une butte qu’on abat quelquefois pour jouir de la vue. Crète, croûte, crute. On appeloit ainsi en Normandie des terres inutiles autour des maisons.

Ce mot vient du mot Saxon crosta, qui est fort commun dans les anciens titres d’Angleterre. Huet.

Crêtes, on appelle ainsi en bâtiment, les cueillies, ou arrêtieres de plâtre, dont on scelle les tuiles faitieres.

Crêtes. Les Marchands de blé appellent à Paris une crête de blé, ce qu’on appeleroit ailleurs un tas de blé. Cumulus. Ainsi, mettre le blé en crête c’est, selon eux, l’élever en forme pyramidale.

☞ On dit figurément lever la crête, s’enorgueillir, baisser la crête, perdre de son orgueil, de ses forces. Rabattre la crête de quelqu’un, lui donner sur la crête, rabattre son orgueil, le mortifier. Superbiam retundere. Toutes ces expressions sont tout au plus du discours familier.

CRÊTÉ, ée. adj. Qui a une crête. Cristatus. Un coq, un dragon crêté. Il se dit particulièrement en Blason, de ce qui est sur la tête des coqs d’une autre couleur que le corps entier. On le dit pareillement des nageoires des poissons, comme de celles des dauphins.

CRÈTE. Ancien nom de l’Île qu’on nomme aujourd’hui Candie. Creta. C’est une Ile de la mer Méditerranée, située à l’entrée de l’Archipel. Elle se nomme Aërie, Aeria ; Curétide, ou Pays des Curètes, Curetis ; Hécatompole, ou l’Île à cent villes, Hecatompolis ; l’heureuse Macaros, ou l’Île heureuse, Macaronesos. Cette Île a 170. milles de long & 50. de large. La Crète a été célèbre dans l’antiquité par bien des endroits. Jupiter y régna ; &, si Ilon en croit les Poëtes, il y fut caché par Cybèle sa mère, pour empêcher que Saturne son père ne le dévorât comme ses autres enfans ; il y fut élevé par les Curètes. Avant Minos l’histoire de Crète est incertaine ou fabuleuse. Ce Prince, fils d’Europe & d’Astérius, Roi de Crète, selon Eusèbe, & selon Apollodore, de Jupiter, & frère de Rhadamante & de Sarpédon, est le premier Roi de Crète dont on sache quelque chose de plus certain. D’autres remontent jusqu’à Testamus, fils de Dorus, petit-fils d’Hellen, & arrière-petit-fils de Deucalion. Il y vint, disent-ils, avec les Eoliens & les Pelasges, & s’y fit reconnoître Roi. Il épousa la fille de Cretheus, dont peut-être, disent-ils, vient le nom de Crète, & il en eut l’Astérius dont nous avons parlé, & sous le règne duquel Jupiter enleva Europe, dont il eut Minos, Rhadamante & Sarpédon. Astérius ensuite épousa Europe, & adopta ses fils, auxquels il laissa son Royaume, parce qu’il n’en eut point d’enfans. La Crète fut encore fameuse par le sage gouvernement & les sages loix de Minos, l’enlèvement d’Europe, les amours de Pasiphaë, le tribut imposé par Minos aux Athéniens de douze jeunes hommes par an, le Minotaure, le Labyrinthe bâti par Dédale, la victoire de Thésée, &c. Après les Rois, dont les derniers qu’on connoît furent Idoménée & Merion son frere, la Crète se gouverna en République. Dans la suite la Crète, vaincue par Metellus se donna à Pompée. Dans la division de l’empire elle vint au pouvoir des Empereurs de Constantinople, & leur fut soumise jusqu’en 823. que les Sarrasins la prirent, & y bâtirent la ville de Candie, qui lui fit perdre son nom. Voyez Candie. Vigenere parle de cette île dans son César. Quand on parle de l’Antiquité il faut toujours dire la Crète, comme fait M. de Fénelon, dans le Ve. Livre de Télémaque, & jamais Candie.

CRÉTELER. v. n. C’est le terme dont on se sert pour exprimer la manière dont les poules crient quand elles ont pondu. Cette poule a pondu, car elle crételle. Lorsqu’elles veulent pondre, elles caquettent, de lorsqu’elles couvent, elles gloussent, glossent, glocissent, ou clocloquent. Crételer est sans doute un terme usité dans quelque Province.

CRÉTENET. s. m. On a appellé Créténets des Ecclésiastiques que M. Crétenet érigea en Communauté vers le milieu du dernier siècle, avec la permission de M. le Cardinal de Richelieu, Archevêque de Lyon. Ils ont été fondés par M. le Prince de Conti & M. le Marquis de Coligny. On voit fort au long leur origine & leur établissement dans la vie de M. Crétenet, imprimée à Lyon en 1680.

CRÉTENISTE. s. f. Cretenista. Sœur de la Congrégation de S. Joseph. Nom que l’on a donné en quelque lieu aux Sœurs de la Congrégation de S. Joseph, parce qu’elles ont été instituées par un Chirurgien natif du bourg de Champlite, au Comté de Bourgogne, & nommé Crétenet.

CRETINE. s. f. Alluvio. Ce mot se trouve dans une ancienne traduction des Instituts de Justinien. C’est un accroissement qui se fait peu-à-peu.

CRETOIS. s. m. & f. Qui est de Crète. Cres, Cretensis. Saint Paul rapporte, Lit. I. 12. qu’un de ceux de cette île disoit d’eux : Les Crétois sont toujours menteurs, ce sont de méchantes bêtes, qui n’aiment qu’à manger & à ne rien faire. Port-R. Les Crétois étoient bons soldats, habiles sur-tout à tirer de l’arc. A peine le vaisseau Phénicien fut arrivé, que les Crétois donnerent à Télémaque & à Mentor toutes les marques d’amitié sincere. Fénelon. On dit Crétois, en parlant des anciens Habitans de l’île de Crète ; & Candiots, en parlant des Habitans de la même île, depuis qu’elle s’appelle Candie.

Ces mots, selon quelques-uns, viennent de Cretheus, comme nous l’avons dit ; mais ce que l’on en dit n’est pas sûr. Bochard, dans son Chanaan. L. I. C. 15. prétend que c’est un nom Phénicien. Dans la Palestine, dit-il, on appeloit כרתי, Crethi ou Creti, un Archer, un homme habile à tirer de l’arc. Les Habitans de cette île étoient très-habiles dans cet art ; c’est pourquoi on leur donna ce nom. Grotius, & d’autres encore, adoptent ce sentiment, en parlant des Céréthi & Phéleri, dont l’Ecriture fait mention dans l’histoire de David. Voyez Céretien.

CRETONNE. s. f. Sorte de toile blanche, qui se fabrique en Normandie du côté de Lisieux. Ces toiles ont été ainsi appelées du nom de celui qui en a fabriqué le premier.

CRETONS. s. m. pl. Petits morceaux de graisse de porc, frits dans la poële.

CREU. Voyez CRÛ.

CREUE. Voyez CRÛE.

CREVAILLE, s. f. Repas où l’on mange par excès, & jusqu’à être prêt à crever. Immoderatum epulum. Les fréquentes crevailles ruinent la santé. Ce mot est des plus bas. Rabelais s’en est servi.

Crevaille, est aussi un terme de Poësie, selon quelques personnes, qui appellent crevaille la pièce de Saint-Amand, qui a pour titre la Débauche, ou le Cabaret. Epulæ, convivium, compotatio, helluatio, perpotatio.

CREVANT, ou CRAVANT. Petite ville de France en Bourgogne, au Diocèse d’Auxerre, proche le confluent de la Cure & de l’Ionne, fameuse par la bataille qui s’y donna entre les François & les Anglois. Crevennum. Elle est à quatre lieues d’Auxerre.

CREVASSE. s. f. Fente qui se fait à une chose qui s’entrouvre ou qui crève, rima, fissura. Il y a plusieurs crevasses dans ce mot. Les crevasses de la terre sont produites par la sécheresse. Les engelures font des crevasses sur les lèvres.

Crevasse en maréchallerie, c’est aussi une fente qui se fait aux pâturons & aux boulets d’un cheval, d’où sort une eau rousse & puante. Fissura in capronis equinæ suffaginis.

CREVASSER, v. a. Faire des fentes, des crevasses. Rimas agere. Le grand froid crevasse la peau. Le grand chaud fait que la terre se crevasse. Il se dit aussi des navires, & signifie, s’entr’ouvrir. Hiare.

Le navire comblé de morts & de mourans,
S’entrouve & se crevasse. Breb.

Crevassé, ée. Part.

CREVECHE. s. m. Ce mot s’est dit autrefois pour couvre-chef, qu’on a dit dans la suite.

CRÈVECŒUR. Nom de lieu. Crepicordium. Crèvecœur dans le Cambresis est une petite ville que la victoire que Charles Martel y remporta en 717. a rendue célèbre. Elle étoit autrefois défendue par un château nommé Vinchy, Vinciacum, & elle avoit un pont sur l’Escaut, qu’on appeloit Pons Julius, le Pont Jules ; comme s’il avoit été construit par Jules-César ; aujourd’hui ce n’est plus qu’un bourg. Crèvecœur, dans le Beauvaisis, est un bourg à quatre lieues de Beauvais, dans l’Ile de France. Crèvecœur, ou comme disent les Italiens, Crevocare, est un bourg qui a titre de Marquisat ; il est enclavé entre les Etats de Milan, & ceux de Savoie, sur la rivière de Sessera. Crèvecœur, en Hollande, étoit une forteresse sur le bord méridional de la Meuse, à l’endroit où elle reçoit la Diése. Le Roi la prit en 1672, & la fit raser en 1674.

CRÈVE-CŒUR. s. m. Dépit qu’on a d’une chose, qu’on voit, qu’on souffre à regret. Douleur mêlée de dépit. Terme familier. Dolor, mæror acerbus. C’est un grand crève-cœur à une aînée de voir marier sa cadette la première.

CREVER. v. a. Rompre, ouvrir avec effort & violence. Rumpere, dirumpere, disrumpere. La chute des glaces a crevé la chaussée de cet étang. Ces bas de soie sont si étroits, qu’on ne peut les chausser sans crever. Cet homme est si pesant, qu’il crève les sièges ou il s’assied. Ce coup de balle a crevé les filets du jeu de Paume. Crever les yeux aux criminels fut un supplice assez ordinaire sous la IIe race de nos Rois, & dont l’usage étoit venu de l’Empire d’Orient, où il étoit fort commun. P. Daniel. Alicujus oculos configere.

Ce mot vient de crepo.

Crever, v. n. signifie s’ouvrir, se rompre par un effort violent. Rumpi, dirumpi. La foudre ne tombe que quand la nuée crève. Un feu trop violent fait crever les matras & les autres vaisseaux de chimie. Son fusil creva à la chasse. On le dit de même en parlant des bombes. Dissilire. Les éclats d’une bombe qui crève sont fort dangereux.

Crever, se dit aussi par les Fleuristes des œillets, & de leur étui, lorsque la quantité des feuilles les fait ouvrir & éclater ; ce qui arrive presque toujours aux œillets dont l’étui est gros & court. Rumpi, disrumpi. Il est difficile d’avoir de beaux œillets, & de les empêcher de crever. Cult. des Fleurs.

On dit figurément, il est temps que l’apostème crève, pour dire qu’une affaire éclatte, qu’elle finisse. Tempus utres erumpat palàm. On dit aussi qu’une chose crève les yeux, tant au propre qu’au figuré, quand elle est sous les yeux, ou si évidente qu’il est impossible qu’on ne la voie. Res aperta, manifesta. Notre propre intérêt est un merveilleux instrument pour nous crever agréablement les yeux. M. Pascal.

Crever, signifie aussi souler, faire manger par excès. Ingurgitare cibis. Cet homme nous a crevés, tant il nous a fait faire bonne chose. Se crever, c’est manger & boire avec excès. Il est si soul, qu’il crève. Ce cheval est crevé d’avoine. Un écornifleur mange à crever. Dans cette acception il est bas, au moins familier.

Crever, se dit aussi en parlant des efforts extraordinaires qu’on fait ou qu’on souffre. Rumpi, dirumpi. Il crève de faim & de soif. Il crève de chaud. Il crève de rire. On dit aussi qu’un homme crève sous un fardeau qu’il porte ; & figurément, sous le faix des charges qu’on lui impose. Une double charge met un canon en danger de crever. Les flots les plus élevés viennent crever sur le rivage. La vague crève. God.

Crever, signifie aussi, être trop plein, regorger. Redundare. Ses granges, ses greniers crèvent de grains. Ce Partisan crève d’argent. Ce sac est si plein qu’il crève. Cet homme crève de graisse. Tout crève de chenilles cette année.

Un gros garçon qui crève de santé,
Mais qui de sens a bien moins qu’une buze,
De m’attaquer a la témérité,
En médisant de ma gentille muse. Mar.

Crever, signifie aussi, mourir, & sur-tout d’une mort violente. Interire, perire, occidere. On a mis le feu à une tour où les ennemis s’étoient sauvés, on les a tous fait crever. Cette médecine étoit trop forte, elle l’a fait crever. Il a eu le plaisir de voir crever tous ses envieux, tous ceux qui le chicanoient. Tout cela est banni du style noble. Crever un cheval, c’est à-dire, l’outrer à la course, le pousser jusqu’à ce qu’il en meure, ou qu’il ne puisse plus servir.

On dit, Se crever de travail, de fatigue, pour dire, travailler avec excès, s’outrer de travail. Ac. Fr.

Crever, se dit aussi figurément en choses morales, des passions violentes, qui nous touchent le cœur, qui nous piquent vivement. Rumpi, dirumpi. Cet homme crève d’orgueil. Ce rival crève d’orgueil. Cela fera crever de rage & de dépit tous ses envieux. Quand un homme charitable voit la misere des pauvres, le cœur lui crève de tendresse, de pitié. On dit d’un impatient, qu’il crève dans sa peau, dans ses panneaux quand il ne voit pas assez tôt l’effet de ce qu’il souhaite. Le secret est insupportable aux femmes ; elles crèvent, elles étouffent si elles ne parlent. Bouh. Je crèverois plutôt que d’abandonner mon opinion. Mol. M. Guéret fait dire à un célèbre Comédien, Il vaut mieux crever de rire en divertissant le Bourgeois, que crever d’une belle passion pour satisfaire les beaux esprits. Tout cela est du discours familier.

Crevé, ée. Part.

On dit d’un gros homme, d’une grosse femme, que c’est un gros crevé, une grosse crevée. Il se dit par mépris.

☞ CREVET. s. m. Sorte de lacet qui ne peut être que de tresse, ferré par un bout en forme de croix, & par l’autre à l’ordinaire, avec lequel les femmes se lacent en échelle. Encyc.

CREVETTE, s. f. Espèce d’écrevisse de mer. M. Huet soutient qu’on a dit crevette pour chevrette, parce que ce poisson ressemble à la chèvre par ses cornes. Il y a même des endroits où tout le monde dit chevrette. On dit manger de la crevette, la crevette est si délicate qu’on ne peut la transporter à Paris des côtes de la basse normandie, sans qu’elle se corrompe, à moins qu’on ne la fasse cuire à mi-chemin, en la portant par la poste. Elle est blanchâtre, & elle devient rouge sur le feu, comme l’écrevisse. Il y en a une autre espèce, qui ne rougit pas à la cuisson, qu’on appelle cardon ; l’autre s’appele la crevette franche. Lémery nomme Chevrette ce petit poisson de mer. On l’appelle encore salicot, salicoque, sallicoque & solicoque, ce dernier nom lui est donné, parce qu’on prétend qu’elle engendre les soles, ou du moins que leur frai s’y attache. En effet sous l’estomac de la crevette pêchée récemment, on remarque plusieurs petites vessies inégales collées par une liqueur gluante. Vues au microscope ce sont des embryons de soles : cela a été confirmé par