Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui naîtroient avant Décembre, on ne laisse approcher le bélier des brebis, que vers la fin de Juillet ou au mois d’Août.

Ne laissez le bélier avec vos brebis que le tems qu’il faut pour qu’elles conçoivent. Vos agneaux vous viendront au tems où vous les attendrez, & vous ménagerez votre bélier. Nourrissez bien votre bélier pendant qu’il travaille, & faites prendre de l’eau salée à la brebis.

Il faut veiller sur les brebis, quand le tems de l’agnation approche. L’agneau & la mere périront souvent si on ne les aide. Voyez l’article Agneau. Vous enfermerez les brebis qui auront agnelé pendant quatre jours, avec du bon foin, du son mêlé d’un peu de sel, & de l’eau tiede, blanchie avec un peu de farine de millet ou de froment. Donnez-leur aussi de la feuille d’orme ou de frêne, amassée dans la saison. Le cinquieme jour, elles pourront aller aux champs, mais non loin, de peur que leur lait ne s’échauffe. Si l’on veut tirer partie du lait de la brebis, il ne faut pas que l’agneau la tete.

Maladies des brebis. Comme les brebis sont fort délicates, elles sont, comme nous l’avons dit plus haut, sujettes à plusieurs maladies. Il faut soigneusement séparer les malades des autres. On s’en appercevra à plusieurs signes ; elles auront alors la tête lourde & les yeux troubles ; elles négligeront les pâturages ; elles ne bondiront point ; elles marcheront lentement ; elles se tiendront à l’écart ; elles chercheront l’ombre & la solitude ; elles chanceleront en marchant ; elles se coucheront souvent ; elles se traineront après les brebis saines : le berger ne sauroit y regarder de trop près.

Voici un remede qui soulage assez généralement les bestiaux.

Prenez du foie d’antimoine, enveloppez-le dans un linge, mettez-le tremper dans une pinte de vin blanc ; ajoûtez huit dragmes de sené, du sucre, de la noix muscade, & autres épices ; laissez infuser le tout 24 heures, & donnez un demi-septier de cette infusion à chaque brebis : cependant tenez la brebis ainsi médicamentée dans un lieu chaud, & ne la faites manger que le soir.

Les brebis sont principalement sujettes à la galle, voyez Galle : à la fievre, voyez Fièvre : aux poux, voyez Poux : à la clavelée ou claveau, voyez Clavelée : à la toux, à l’enflure, à la difficulté de respirer ; ce qui marque abondance de sang, ou obstruction dans les visceres de la respiration. On les soulagera en leur fendant les naseaux, ou en leur coupant les oreilles : à la morve, voyez Morve : à l’avertin, vertige, étourdissement, sang, folie ou tournant, voyez Avertin. Elles deviennent boiteuses ou de lassitude, ou parce que leurs ongles sont amollis, ou parce qu’elles ont resté long-tems dans leur fiente. Si c’est lassitude, laissez-les reposer dans la bergerie ; si c’est ongles amollis, coupez-leur l’extrémité de l’ongle gâté, mettez-y de la chaux vive, onveloppée d’un linge pendant un jour ; le lendemain substituez le verd-de-gris, & ainsi alternativement, chaux & verd-de-gris, jusqu’à ce que l’ongle soit guéri. Il y en a qui préferent à ce remede, de la vieille huile de noix ou d’olive, mise en onguent par l’ébullition, avec de l’alun pulverisé. Elles sont encore sujettes aux abcès, qu’il faut ouvrir quelque part qu’ils paroissent : quand l’abcès sera ouvert & vuidé, on distillera dedans de la poix fondue avec du sel brûlé & mis en poudre, & l’on fera boire à la brebis de la thériaque délayée dans de l’eau. A la peste, qui les attaque en été & en hyver ; elles en meurent quand elles en sont malades : mais on préviendra cet accident, si on leur fait prendre pendant une quinzaine, au commencement du printems & de l’automne, tous les matins avant qu’elles aillent aux champs, de l’eau où l’on aura fait

infuser la sauge & le marrube. Si une brebis se rompt la jambe, on la lui frottera avec de l’huile & du vin mêlés ; on l’entortillera avec des linges, & on la soûtiendra avec des éclisses : on la fera reposer trois ou quatre jours dans la bergerie ; le cinquieme elle pourra suivre les autres aux champs.

Usage. La brebis fournit dans le commerce les mêmes marchandises que le bélier & le mouton ; entre autres de la laine, qui sert dans les manufactures d’étoffes ; & sa peau, qu’on vend aux Tanneurs & aux Mégissiers.

BRECHE, s. f. terme de Bâtiment : il se dit en général d’une ouverture causée à un mur de clôture par mal-façon, caducité, ou faite exprès pour faire passer des voitures ou équipages de maçonnerie. Ce mot vient de l’Allemand brechen, qui signifie rompre.

Breche, sorte de marbre. Voyez Marbre. (P)

Breche, dans l’attaque des places, se dit du trou ou de l’ouverture qu’on fait à quelque partie des murailles d’un ville, par mine, sappe, ou coups de canon, pour ensuite monter à l’assaut, ou emporter la place de force. Voyez Siége, Assaut, &c.

On dit réparer la breche, fortifier la breche, se loger sur la breche, &c. Nettoyer la breche, c’est en ôter les ruines pour pouvoir mieux la défendre.

Une breche praticable est celle où des hommes peuvent monter & s’y loger. La breche doit être large de 15 à 20 toises. Les assiégeans y montent en se couvrant avec des gabions, des sacs de terre, &c.

Battre en breche ; voyez Battre & Batterie.

Monter la breche ; voyez Monter. (Q)

Breche, (la) Géog. riviere de France qui a son cours dans le Beauvoisis, & se jette dans l’Oise.

BRECHET, & par corruption BRICHET, s. m. (Anat.) la partie de la poitrine où les côtes aboutissent antérieurement, & que les Anatomistes appellent le sternum. Voyez Sternum. (L)

BRECHYN, (Géog.) petite ville de l’Ecosse septentrionale, dans la province d’Angus. Longit. 15. 20. lat. 36. 47.

BRECHKNOCK, (Géog.) ville d’Angleterre au midi de la province de Galles, dans un petit pays appellé Brecknockshire. Long. 14. 12. lat. 52. 8.

BREDA, (Géog.) ville forte avec titre de baronie, située dans le Brabant Hollandois, dans un lieu fort marécageux, sur la Merck. Long. 22. 20. lat. 51. 35.

BREDENARDE, (Géog.) petite contrée de France en Artois.

BREDINDIN, s. m. (Marine.) c’est une manœuvre ou petit palan qui passe dans une poulie simple, amarrée au grand étai sous la hune, & par le moyen de laquelle on enleve de médiocres fardeaux, pour les mettre dans le navire. (Z)

* BREDOUILLE, s. f. terme de Trictrac : on appelle ainsi le jetton qui sert à marquer que les points qu’on a, on les a pris sans interruption : ainsi, je gagne quatre points, je marque ces quatre points avec un jetton accompagné de celui de la bredouille : j’en gagne encore deux, qui avec quatre que j’avois font six, je marque ces six points avec un jetton, toûjours accompagné de celui de la bredouille. Mon adversaire joüe, il gagne deux points ; alors je perds la bredouille, & c’est lui qui la gagne, & qui la conservera jusqu’à ce que je la lui ôte en gagnant quelques points avant qu’il en ait pris douze : alors nous ne l’aurons ni l’un ni l’autre ; car nous nous serons interrompus tous les deux en prenant alternativement des points. Si l’on gagne douze points sans interruption, ou, comme on dit au jeu, douze points bredouille, on marque deux trous ; s’ils ne sont pas bredouille, on ne marque qu’un trou.

S’il y a des trous bredouille, il y a aussi des parties bredouille. La partie du trictrac est de douze trous ;