Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/360

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M. de Julienne, célèbre artiste sous Louis XV, et qui possédait un secret pour la teinture en écarlate et en bleu de roi. Ce secret, malheureusement pour la science, disparut avec M. de Julienne. On remarquait son tombeau dans l’église Saint-Hippolyte. (Voyez l’article de la rue Pascal).

Jussienne (rue de la).

Commence aux rues Pagevin, no  2, et Verdelet, no  10 ; finit à la rue Montmartre, nos 49 et 51. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 113 m. — 3e arrondissement, les numéros impairs, quartier du Mail ; les numéros pairs, quartier Saint-Eustache.

Son vrai nom est rue Sainte-Marie-l’Égyptienne, qu’elle dut à la chapelle dédiée à cette Sainte. Le nom de Jussienne n’est qu’une altération. — Une décision ministérielle du 20 fructidor an XI, signée Chaptal, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840. De 1 à 7, redress. ; 9 aligné ; 11 et 13, redress. ; 15 et 17, retranch. qui n’excède pas 45 c. ; de 19 à la fin, alignés ; 2, retranch. 1 m. 90 c. ; 4, aligné ; de 6 à la fin, retranch. 2 m. 20 c. à 2 m. 80 c. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

La chapelle Sainte-Marie-l’Égyptienne était située au coin de la rue Montmartre. Elle existait déjà du temps de saint Louis, fut reconstruite au XIVe siècle, et servait à la communauté des drapiers de Paris. En 1790 elle devint propriété nationale, fut vendue le 18 décembre 1791, et démolie au mois de juin suivant. Les maisons nos 23 et 25 ont été bâties sur son emplacement.

Jussieu (rue).

Commence à la rue Cuvier ; finit à la rue Saint-Victor. Le dernier impair est 11. Pas de numéro pair ; ce côté est bordé par la halle au vin. Sa longueur est de 171 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette rue a été ouverte en 1838, sur les terrains provenant de l’ancienne abbaye Saint-Victor. Elle a 13 m. de largeur. — Égout. — Conduite d’eau depuis la rue Guy-de-la-Brosse jusqu’à la fontaine-marchande. — Une décision royale, à la date du 8 novembre 1838, a donné à cette voie publique le nom de rue Jussieu, en l’honneur d’Antoine-Laurent de Jussieu, membre de l’Académie des Sciences, professeur de botanique au Muséum de Paris, né à Lyon en 1747, mort à Paris le 17 septembre 1836 (voyez rue Guy de la Brosse).

Justice (ministère de la).

Situé place Vendôme. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

Personnel de la magistrature et des officiers publics et ministériels. Direction des affaires civiles et du sceau, affaires criminelles, affaires ecclésiastiques : telles sont les principales attributions de ce ministère.

Justice (palais de).

Il était réservé à notre époque de continuer l’œuvre inachevée des siècles précédents, et de mettre la dernière main à des monuments vénérables sans leur ravir le cachet précieux des temps où ils ont été élevés.

L’État, le département de la Seine et la ville de Paris doivent concourir pour des parts proportionnelles à l’agrandissement et à l’isolement du Palais-de-Justice. Grâce à cet heureux accord, la capitale de la France comptera bientôt un monument complet de plus.

Nous allons jeter un regard rétrospectif sur l’origine et les phases du Palais-de-Justice. Peut-être le moment où l’édifice va changer d’aspect est-il le plus favorable pour écrire son histoire.

Le Palais-de-Justice est presqu’aussi vieux que celui des Thermes. Il était édifice public même avant l’invasion des Francs dans les Gaules. En preuve de cette assertion, nous allons rappeler une circonstance récente.

En 1784, on découvrit à une grande profondeur, dans une fouille qui fut faite sous les bâtiments qui bordent la rue de la Barillerie, en avant de la Sainte-Chapelle, un cippe quadrangulaire haut d’environ trois mètres. Ce monument ne porte aucune inscription et présente sur ses quatre faces, des figures ayant 1 m. 80 c. de hauteur. Sur l’un de ses côtés, on reconnaît facilement le dieu Mercure, qui est représenté avec tous ses attributs. Sur une autre face, on voit une image d’Apollon armé de l’arc et du carquois. Il tient d’une main un poisson, et de l’autre s’appuie sur un gouvernail. Cette réunion d’attributs dans le même personnage a fait penser avec raison que cette figure était l’emblème de la navigation sur la Seine. Le troisième côté du cippe représente une femme qui porte un caducée, attribut qui paraît s’appliquer à Maïa, mère du dieu Mercure. Enfin sur la dernière face se trouve un jeune homme couvert du paludamentum. Il a des ailes et tient de la main droite un globe. Il pose le pied sur un gradin, et semble prêt à s’élancer dans les airs. Nos historiens ont pensé que cette figure était l’emblème du soleil au printemps ; ses ailes indiquent la vélocité de sa course, et le disque la rotondité de l’univers. Ce cippe est d’une pierre commune pareille à celle des sculptures de l’autel des Nautes Parisiens, trouvé en 1711 sous le chœur de l’église Notre-Dame. M. Grivaud de la Vincelle, qui a donné la description de ce monument, en fait remonter la construction à l’époque où fut érigé l’autel des Nautes, c’est-à-dire sous le règne de Tibère. Ce cippe, transporté à la Bibliothèque royale, est placé au bas de l’escalier qui conduit aux salles de lecture.