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l’embarras des viscères que l’on doit s’efforcer de dégager ; il est alors le précurseur de plusieurs maladies dangereuses.

La plupart des propriétaires d’animaux ne les jugent malades qu’au moment où ils perdent l’appétit et tombent dans l’abattement ; ils s’empressent alors de leur donner du vin, du son, et de leur prodiguer tous les alimens qu’ils croient les plus capables de ranimer leurs forces et de réveiller leur appétit. Ces soins tardifs sont souvent plus nuisibles qu’utiles ; si l’abattement provient d’alimens pris à contre-temps, ou avec excès, une nouvelle nourriture aggrave un mal pour la guérison duquel la diète est nécessaire. (Voyez Indigestion, Tranchées, Coliques.) Lorsqu’un animal en sueur est exposé à l’air froid, abreuvé ou baigné dans une eau gelée, qu’il est renfermé dans une habitation malsaine et humide, qu’il est frappé de courans d’air, après un travail forcé, sa transpiration s’arrête ; cette répercussion occasionne plusieurs maladies, dont l’abattement est le symptôme précurseur ; telles sont la péripneumonie, l’inflammation des intestins, de la vessie, etc. (Voyez ces mots.) Les alimens ne conviennent pas dans ces cas ; le vin et les remèdes aromatiques peuvent être administrés seulement avec beaucoup de circonspection dans les premiers instans ; car s’ils ne reproduisent pas la transpiration, ils augmentent l’abattement. Il faut avoir reconnu la tendance de la nature à rentrer dans ses fonctions, pour tenter de les administrer. Les soins des personnes non instruites dans la science vétérinaire doivent se borner à placer ces animaux dans un lieu dont la température soit douce, à les envelopper de couvertures, à leur donner de demi-heure en demi-heure sept à huit lavemens d’eau tiède, à leur présenter de l’eau blanche tiédie, dans un seau, ou à leur en faire avaler huit à dix litres, (10 à 12 pintes) dans chacune des premières heures ; on réitère la dose de ces derniers remèdes, s’ils ont été inefficaces. Si la transpiration se rétablit, si l’animal rend quelques excrémens, ce qui est d’un augure favorable, on le bouchonnera de nouveau, mais on ne se hâtera pas de lui présenter des alimens ; on lui en donnera d’abord en petite quantité, et quand il en manifestera seulement le désir le plus vif.

Dans la pléthore sanguine qui cause l’apoplexie, et dans la néphrésie sanguine, (Voyez ces mots) l’abattement est extrême ; le volume excessif du sang empêche la réaction des vaisseaux, les forces vitales sont opprimées et non éteintes, l’artère est distendue, et ne peut se contracter ; une saignée prompte peut seule sauver l’animal dans cette disposition, à moins que la nature ne se débarrasse d’elle-même par une hémorragie spontanée.

L’abattement est aussi le symptôme de quelques maladies malignes, de la fièvre charbonneuse, de la peste ; mais la mort suit avec une telle rapidité, qu’il nous faut renvoyer au traitement indiqué pour ces maladies, auxquelles on doit apporter les remèdes les plus prompts.

La véritable foiblesse, sur laquelle il n’y a point d’équivoque, arrive à la suite d’un part difficile, après de longues maladies, des opérations où les animaux ont perdu beaucoup de sang : alors et seulement alors, ils ont besoin de réparer leurs forces par des alimens succulens et de facile digestion, tels que le pain saupoudré de sel, ou trempé dans le vin, le cidre ou la bière ; le foin le plus fin, de l’avoine choisie, donnés souvent et en petite quantité, leur conviennent.

La foiblesse est assez constamment, dans les cochons, le résultat d’une nourriture malsaine ou insuffisante ; elle est suivie de l’évolution de vers de toute espèce