Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/634

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M. Chancey a observé qu’un pied avoit donné quatorze livres, poids de marc, de tubercules, dans un endroit où une pomme de terre n’en a rendu que trois livres. Mustel dit même en avoir vu réussir dans un sol où les pommes de terre qu’il avoit plantées périrent toutes. Dans l’étendue de cinquante pieds de terrain formé de débris de carrière, situé à Conflans, près Paris, M. Quesnay de Beauvois assure avoir retiré trois boisseaux de ces racines, indépendamment des tiges qu’on pourroit, dans les pays privés de bois, employer avec profit au chauffage des fours pour lesquels on consomme tant de paille, cet engrais si nécessaire à l’agriculture. Les plus belles tiges pourroient servir aussi d’échalas dans les pays vignobles, et dans les jardins, à ramer les pois et haricots. Si l’on en croit quelques auteurs, il seroit possible que les vers à soie trouvassent une nourriture dans les feuilles du topinambour ; que son écorce, préparée comme celle du chanvre, pût remplir les mêmes usages, et sa moelle, celle du sureau : mais ces propriétés n’ont pas encore été bien justifiées par un assez grand nombre de faits, pour les invoquer en faveur du topinambour.

Dans les taillis qu’on vient de couper, et où il se trouve nécessairement beaucoup de terre végétale, le topinambour y réussiroit à merveille. À mesure que le taillis grandiroit, la plante végéteroit mal ; mais il resteroit toujours assez de tubercules pour servir de nourriture aux cochons qu’on y enverroit pâturer. Encore une fois, ne proscrivons aucune plante dont la racine est alimentaire, puisque, suivant le proverbe, ce qui ne vaut rien là, est bon ici. Nous avons en France une si grande quantité de terrains et d’aspects, que le topinambour, pour ne pas convenir à tous les sols, peut trouver des endroits où sa culture seroit exclusivement avantageuse. Un pays n’est riche que par la multiplicité de ses productions. Nous invitons donc M. Quesnay de Beauvois, qui l’a déjà introduite dans le Nivernois, de la répandre autant qu’il le pourra, sans cependant négliger les autres racines potagères, également utiles dans une grande exploitation. (Parm.)


TRAÎNEAU, (Chasse.) Voyez les articles Alouette, Bécassine et Perdrix. (S.)


TRAMAIL, (Chasse et Pêche.) Ce nom paroît comprendre génériquement diverses sortes de filets, dont le caractère commun est d’être composés de trois nappes posées et appliquées l’une sur l’autre, mais qui diffèrent plus ou moins dans leurs formes et dimensions, ainsi que par les usages auxquels on les destine. J’ai déjà eu occasion de dire que, de ces trois nappes, celle qui tient le milieu s’appelle ordinairement toile, et que celles qui l’enveloppoient ou recouvroient en dessus et en dessous, portoient le nom d’aumez ou aumées. (Voyez l’art. Filet.)

Les principales espèces de tramaux ou filets contre-maillés, que j’ai eu occasion de décrire, sont les pantières ou pantaines, pour les Bécasses ; les halliers, pour les Cailles ; les rafles et araignes, pour les Merles et les Grive. (Voyez ces articles.) On se sert aussi, pour pêcher, du tramail proprement dit, filet semblable au hallier, excepté qu’il est plus haut, ayant communément environ quatre pieds sur une longueur indéterminée, et qui, de plus, est garni par sa tête de flottes de liège, et par ses pieds de balles de plomb.

Enfin les filets contre-maillés s’emploient encore, selon les vieux auteurs, pour faire des pans ou panneaux, ou toiles à prendre un grand nombre de bêtes à quatre pieds.

Ces pans ou panneaux sont très-usités pour la chasse du Lapin et du Lièvre. (Voyez ces deux mots.) Ils servent aussi pour le loup, le renard, le blaireau, etc. Ces différens usages rendent la description de ce filet assez intéressante pour qu’on ait jugé convenable de la placer ici, et de réparer par là une erreur de distribution qui a eu lieu dans le classement de l’article relatif au panneau.

Le pan ou panneau contre-maillé, bien que décrit par les anciens auteurs d’ouvrages sur la chasse, paroît aujourd’hui à peu près abandonné pour le panneau simple, grand ou petit, qui est plus commode à tendre, moins lourd à porter, et qui rend le même service.