Cours d’agriculture (Rozier)/MELON

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 472-489).


MELON. Tournefort le place dans la septième section de la première classe des fleurs d’une seule pièce en cloche, dont le calice devient un fruit charnu, & il l’appelle melo vulgaris. Von Linné le réunit au genre des concombres ; il le nomme cucumis melo, & le classe dans la monoécie singénésie.

Fleur. Jaune, en forme de cloche évasée, découpée en cinq parties terminées en pointe ; les fleurs mâles & femelles séparées, mais sur le même pied. Un simple coup-d’œil sur l’intérieur de l’une ou de l’autre les fera distinguer ; la forme des fleurs femelles est plus en soucoupe, & celle des mâles plus en entonnoir. Les pistils des premières débordent & surmontent la base de la soucoupe ; les étamines des secondes, nichées dans le fond de leur entonnoir. Au-dessous de la base de la soucoupe, on voit un renflement qui est le fruit, & tient lieu de calice : au contraire, l’extrémité inférieure de l’entonnoir porte un calice d’une seule pièce, & ordinairement à cinq dentelures aiguës. À ces signes, il est impossible de se tromper.

Fruit. Renflé, à surface ou unie, ou raboteuse, ou à côtes, suivant les espèces jardinières, (voyez ce mot) de couleur blanche, verte ou jaune, divisé en trois loges, renfermant des semences presque ovales & aplaties, disposées dans la pulpe du fruit sur un double rang.

Feuilles. Anguleuses, arrondies, douces au toucher, plus petites que celles des concombres, & beaucoup plus que celles des courges.

Racine. Branchue, fibreuse.

Port. Tiges longues, rampantes, sarmenteuses, dures au toucher. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles : les premières qui paroissent sont des fleurs mâles, & en quantité. La nature produiroit en vain des fleurs femelles les premières, puisqu’il n’y auroit point de fleurs mâles pour les féconder, & la nature ménage les secours qu’elle donne.

Lieu. Nos jardins. On ignore son pays natal ; mais il est constant qu’il doit venir des pays chauds, puisque la moindre gelée le fait périr ; & son fruit exige beaucoup de chaleur pour acquérir une bonne maturité.

Propriétés. La chair est aqueuse, mucilagineuse, d’une saveur agréable, sucrée, quelquefois musquée ; la semence douce, huileuse, savonneuse ; l’une des quatre semences froides majeures. Le fruit nourrit peu, se digère lentement, donne quelquefois des coliques.

Usage. La semence est employée comme celle des courges, & dans les mêmes cas.


Section Première.

Des espèces jardinières de Melons.


Je suis très-persuadé que nous ne connoissons plus l’espèce première, le type unique de toutes les espèces jardinières que nous cultivons. Le changement de climat, la culture, & sur-tout des espèces jardinières plantées les unes près des autres, ou confondues ensemble, multiplient les variétés à l’infini. Les fleurs mâles sont, comme nous l’avons dit, séparées des fleurs femelles, quoique sur le même pied. La poussière fécond ante des étamines, (Voyez ce mot) doit donc, par le mouvement élastique qui fait ouvrir les capsules qui la renferment, être portée sur le pistil de la fleur femelle, & la féconder. Mais si cette poussière est portée sur une fleur femelle d’une espèce de melon différente, qui se trouve dans le voisinage, il est donc clair qu’il y aura une fécondation hybride, (voyez ce mot) de laquelle il résultera un fruit qui participera des qualités du père & de la mère. On en sèmera la graine sans s’être douté de cette alliance, & on sera bien étonné ensuite de recueillir un fruit différent de celui sur lequel on avoit récolté la graine. Que d’exemples sans nombre il seroit facile de citer en ce genre ! & combien de fois les abeilles, qui vont butinant d’une fleur à l’autre, n’ont-elles pas porté très-loin les étamines attachées à leurs pattes ! De-là cette fécondité hybride, & qui étonne toujours, lorsque l’on ne remonte pas à son origine. Il est donc probable, & plus que probable, en admettant cent espèces de melons cultivées en France, que le nombre sera doublé, si on le veut, & en moins de dix ans. Il suffira de mélanger les pieds, ou de procurer des hybridicités par la méthode indiquée au mot Abricotier… Si, dans le voisinage d’une melonnière, des concombres, des courges végètent, on trouvera souvent sur le même pied un melon excellent & naturel, & un autre melon, dont la saveur participera, ou du concombre, ou de la courge. D’où peut donc provenir cette singulière différence dans la saveur ? Le sol, l’exposition, la culture sont les mêmes : il y a donc une cause étrangère, c’est l’hybridicité : c’est un point de fait que j’ai observé cent & cent fois. Il faut donc conclure, 1°. que tout pied de melon doit être éloigné des concombres & des courges ; 2°. que chaque espèce doit être placée dans un endroit séparé, si on veut la conserver franche. La culture des melons dans les pays froids, où l’on se sert de couches, de cloches, &c., rend ces conclusions un peu moins précises ; mais elles sont de rigueur pour les climats où on les cultive en pleine terre, sans autre secours que ceux de la nature.

La nomenclature des melons varie non-seulement d’une province à l’autre, mais encore de deux en deux lieues, & souvent on ne les connoît que par le nom du lieu d’où on a tiré de la graine. Il n’est donc pas possible de dire rien de positif à ce sujet. Dans les environs de Paris, au contraire, la nomenclature est réglée jusqu’à un certain point ; c’est pourquoi il convient de la suivre. Si les amateurs, dans les provinces, y trouvent des dénominations qui leur soient inconnues, il leur est possible de se procurer chez le grainetier, à Paris, les espèces qu’ils désirent. Il ne faut pas croire être bien riche en melons, parce qu’on en a un grand nombre d’espèces ; il vaut beaucoup mieux choisir dans le nombre celles qui réussissent le mieux dans le pays, & dans le terrein qu’on cultive. On observe en effet que plusieurs réussissent mieux dans tel canton que dans tel autre ; cependant, plus on approche du midi, soit par sa position géographique, ou par sa position locale, qui dépend des abris, (voyez le mot Agriculture, Chap. 2 & 3) & plus on peut espérer être dans le cas de cultiver un grand nombre de bonnes espèces. Les meilleurs melons de France ne sont pas à comparer aux melons, même médiocres en qualité, de l’Amérique, d’où l’on doic conclure qu’on ne sauroit trop chercher à leur procurer une chaleur forte & soutenue. Je parle de celle du soleil, & non de celle des serres chaudes, qui est humide & mal-saine, & d’ailleurs pas assez renouvelée par l’air extérieur.

Outre les causes dont on vient de parler, qui produisent les espèces hybrides, il en est encore d’autres qui agissent sur les formes. Par exemple, la graine d’un melon de forme ronde cette année, semée de nouveau donnera un fruit qui s’alongera : c’est que cette espèce n’étoit pas vraiment une espèce jardinière, mais une simple variété d’une espèce jardinière. Il n’est pas plus surprenant de voir la forme changer, que de voir un oignon de tulipe, &c. donner une fleur d’une seule couleur, & le même oignon produire une fleur panachée l’année d’après. Quant aux melons de formes défectueuses ou contrefaites, cela tient à des accidens particuliers ; comme à des meurtrissures, des piqûres faites par les insectes, &c. On doit rigoureusement enlever ces melons de la melonnière, parce qu’il est infiniment rare qu’ils aient de la qualité ; & dans les pays où les cloches sont en usage, ils occuperoient inutilement un espace précieux.

On divise, en général, les melons en deux classes. La première est destinée aux melons qu’on appelle françois, & la seconde aux melons étrangers, quoiqu’ils soient tous étrangers à la France ; mais on les appelle françois, parce qu’ils sont naturalisés au pays, & qu’ils y réussissent mieux que les autres, c’est-à-dire, aux environs de Paris. On sent combien cette définition est vague.


§. I. Des Melons françois.


1. Melon commun ou Melon maraîcher[1]. Ce melon est le plus généralement recherché par le peuple de Paris. Il n’a point de côte sensible ; elle est très-brodée ; sa chair est épaisse, aqueuse & rouge. Sa broderie ressemble à un réseau, à un filet dont les mailles sont un peu confuses. J’ai observé, pendant que je demeurois à Paris, que lorsque, sous la grosse broderie, on en voyoit une autre plus fine, & pas aussi caractérisée, ce qui sembloit former deux réseaux l’un sous l’autre, la qualité du melon étoit bonne. Sur plus de cent, je ne me suis pas trompé deux fois. Il en est à-peu-près ainsi de tous les melons brodés, soit à côtes, soit sans côtes : cependant je donne cette observation sans la garantir. Ce melon varie beaucoup dans sa forme : il y en a de plus ou moins brodés, de plus ou moins ronds ou alongés, de plus ou moins gros ; ce qui tient beaucoup, quant à la grosseur, aux fréquens arrosemens qui augmentent leur volume aux dépens de leur qualité ; mais elle importe peu au maraîcher qui vend son melon en raison de sa grosseur. Il varie encore par ses feuilles plus ou moins découpées, & par sa maturité plus hâtive ou plus tardive. Ainsi la forme des feuilles, celle du fruit, sa broderie, & l’époque de sa maturité, ne constituent pas des espèces jardinières proprement dites, (voyez ce mot) mais de simples variétés d’une espèce jardinière.

2. Melon morin ou gros maraîcher. Sa grosseur est plus considérable que celle du précédent : il est plus hâtif, son écorce plus brodée, & l’endroit où la fleur étoit attachée, est marqué par une espèce d’étoile. L’écorce au-dessus de la broderie est d’une couleur verte, tirant sur le noir ; sa chair est rouge & ferme ; son goût est sucré & vineux. C’est un bon melon.

3. Melon des carmes. Il y en a de deux espèces ; le long & le rond : on pourroit ajouter encore de blancs à l’extérieur. Il est originaire de Saumur, dit M. Descombes ; il fut apporté au potager du Roi, d’où il passa chez les carmes, qui le cultivèrent avec soin, le firent connoître plus qu’il ne l’étoit, & il a conservé leur nom. De moyenne grosseur, de forme ovale ; sans côtes, ou à côtes très-peu sensibles ; son écorce légèrement brodée ; jaunit lorsque le fruit approche de sa maturité ; sa chair plus ou moins rouge, pleine, quelquefois blonde, fort sucrée, d’un goût relevé ; mais il faut le prendre à temps, sans quoi la chair devient pâteuse, pour peu qu’il soit trop mûr. Il est hâtif.

Le melon des carmes, rond, ne diffère de l’autre que par sa forme.

Le melon des carmes, blanc, de forme plus alongée ; écorce sans broderie, unie & blanchâtre, d’un goût plus fin & plus délicat que les deux précédens.

Le melon Romain, ordinairement bon & hâtif, & de forme très-ronde, ne seroit-il pas encore une variété du melon des carmes ?

4. Melon à graine blanche. Forme ovale ; peau verte & sans broderie ; chair sucrée, aqueuse, peu aromatisée ; graines blanches ; fort hâtif. On peut le rapporter à l’espèce de melon des carmes ; il est délicat pour la culture : en tout il leur est inférieur pour la qualité.

5. Melon de St.-Nicolas-de-la-Grave. Nom du lieu, diocèse de Lombez, d’où ce melon a été apporté ; qualité supérieure à tous les précédens ; de grosseur moyenne ; forme alongée ; à côtes régulières ; écorce verdâtre & mince ; chair ferme, rouge, pleine d’eau, sucrée, vineuse. On connoît une variété sans côte, à écorce finement brodée, de forme plus alongée. Il est très-bon. Celui-ci est encore connu sous le nom de melon d’Avignon.

si. Melon Langeai. Long-temps inconnu par-tout ailleurs que dans ce village près de Tours, d’où il a été transporté dans les environs de Paris. Forme alongée, à côtes ; de couleur d’un verd foncé après que la fleur est nouée, & d’un jaune doré à mesure qu’il approche de sa maturité. Elle est quelquefois avec ou sans broderie ; chair ferme, rouge, d’un goût sucré, vineux, il donne beaucoup d’eau.

7. Melon-sucrin. On le divise en trois espèces ; la grosse, la petite & l’alongée.

Gros sucrin de Tours. Son écorce est ordinairement plus brodée que celle de toute autre espèce de melons ; jaunit en mûrissant ; forme inégalement ronde ; côtes très-peu sensibles ; chair ferme, rouge, pleine d’eau, d’un goût sucré & aromatisé. Il mûrie tard en comparaison des deux variétés suivantes.

Petit sucrin de Tours. Très-petit, comme une grosse orange, rond, applati par les extrémités ; écorce verte, change peu en mûrissant, quelquefois lisse, quelquefois brodée ; chair remplissant presque toute la capacité, très-agréable, aromatisée & très sucrée.

Sucrin de Tours long. Égal en qualité au précédent : il n’en diffère que par sa forme.


§. II. Des Melons étrangers.


1. Melon de Malthe. On en compte plusieurs espèces celui à chair blanche, celui à chair rouge, & le melon d’hiver.

Melon de Malthe à chair blanche. Il est très-hâtif dans nos provinces du midi : quelquefois avec une broderie très-fine, & quelquefois sans broderie ; assez gros, de forme alongée par les deux bouts ; chair fondante & sucrée.

Melon de Malthe à chair rouge. Forme alongée par les deux bouts, quelquefois ronde ; écorce bien brodée, saveur sucrée & aromatisée ; plus hâtif que le premier.

Melon de Malthe d’hiver, qu’on nomme encore melon de Morée, de Candie, &c. Il est plus connu sous la première dénomination. Il réussit assez mal dans nos provinces du nord, & fait les délices de celles du midi. Il varie dans sa forme, tantôt ronde, ou alongée par un bout, ou par tous les deux. Il n’a rien de réglé pour son volume ; il pèse quelquefois huit à dix livres, quelquefois une ou deux seulement ; ce qui dépend beaucoup de l’année & de sa culture. D’après cet exposé, il est aisé de concilier les assertions des écrivains du nord ou du midi : les uns & les autres ne voyoient que le climat qu’ils habitoient, & jugeoient par lui du reste du royaume. L’écorce de ce melon est lisse, sans côtes, mais dure au toucher, raboteuse. Sa chair est verte, moins foncée que son écorce, fondante, sucrée & parfumée. Ce melon en Italie, à Malthe, &c., est aussi supérieur à celui cultivé en Provence, en Languedoc, que ce dernier l’est sur ceux de Paris. On l’a appellé melon d’hiver, parce qu’on le récolte avant les gelées, ou en octobre, & qu’on le transporte sur la paille dans un fruitier, comme on y conserve une pomme de reinette. Quelques-uns le suspendent au plancher, dans un lieu sec & aéré. Il est très-aqueux, fondant, très-sucré, plus ou moins aromatisé, suivant le degré & l’intensité de la chaleur qui l’a fait végéter. On connoît le point de sa maturité, lorsqu’une ou quelques petites taches blanches paroissent sur son écorce. C’est une moisissure qui gagneroit tout l’intérieur, si on attendoit plus long-temps. Les mois de janvier & de février sont l’époque ordinaire où on le sert sur la table. Je cultive cette espèce, &, par une singularité remarquable, je cueille ce melon à-peu-près à la même époque que celle des autres espèces de melons, & sur le même pied il s’en trouve qui ne sont mangeables qu’en hiver.

À ces espèces de melons de Malthe, on peut en réunir une très-petite, à chair verte & à côtes, sucrée & pleine de suc. Elle est fort hâtive.

2. Melon Cantaloup. Ainsi nommé, parce qu’il a d’abord été cultivé au village de Cantalupi, près de Rome : on le croit originaire d’Arménie. Leur nombre est considérable, & augmentera vraisemblablement de jour en jour, & en multipliera les variétés. De tous les melons en général, les cantaloups sont ceux qui se digèrent le plus facilement ; ils nouent avec facilité, mûrissent promptement, & même ceux de l’arrière-saison ne sont pas sans qualité. Leur volume est peu considérable dans les provinces du nord ; ils sont, au contraire, d’une belle taille dans celles du midi : on y en voit qui pèsent jusqu’à dix livres.

Cantaloup ananas. Plus long que rond, à côtes très-saillantes, terminées vers l’extrémité supérieure, & réunies par une espèce de calotte ou couronne qui déborde de huit à dix-huit lignes. Cette proéminence est formée en partie par l’écorce & par la chair du fruit ; elle est pleine & sans graine. L’écorce de ce melon est très-épaisse pour l’ordinaire, chargée de verrues ou tubercules ; quelquefois elle en est privée ; la chair rouge, ferme, sucrée, très-parfumée. On en voit par-fois sans couronne.

Cantaloup noir. Moins gros que le précédent, de forme ronde, applatie par une extrémité, quelquefois par toutes deux ; avec ou sans calotte, & à la place on remarque une espèce d’étoile ; l’écorce chargée de verrues ; la chair comme celle du précédent : ce sont deux excellentes espèces de melons, elles sont hâtives.

Ces deux espèces ont beaucoup varié, & ont fourni le cantaloup à écorce argentée, à verrues argentées ou noires ; le cantaloup doré, à écorce dorée avec ou sans verrues ; le cantaloup à forme plus ou moins alongée, avec ou sans verrues.

Cantaloup à chair verte, fondante, sucrée, vineuse ; cantaloup plat, à chair rouge. À ces melons étrangers, il seroit possible d’ajouter un grand nombre de variétés : telles sont celles des melons de Castelnaudari, de Perpignan, de Quercy, de Côte-Rôtie, sur la droite du Rhône, près de Vienne, de Pezenas, &c. ; mais il est une espèce qui mérite d’être connue : c’est le melon à écorce lisse, couleur paille dans sa maturité, à côtes ; alongé, & d’une belle grosseur ; à chair d’un rouge vif & foncé ; plein d’une eau sucrée, vineuse, & très-parfumée. Il mûrit un peu tard dans le climat que j’habite : c’est un excellent melon que l’on nommera comme on voudra.

J’ai également des graines sous la dénomination de melon monstrueux de Portugal. Il mérite le nom de monstrueux, par sa grosseur : sa forme est ronde, & a près d’un pied de diamètre. Son écorce est entièrement & finement brodée ; sa chair est peu rouge, courte : il y a beaucoup de vide dans l’intérieur. Ce melon promettoit beaucoup à la vue ; mais sa qualité n’a pas répondu à mon attente. Est-ce le défaut de l’espèce, est-ce la faute de la saison ; ou bien demande-t-il une culture différente de celle des autres melons ? C’est ce que je vérifierai.

Les Auteurs qui ont écrit sur le jardinage placent ordinairement les pastèques avec les melons. La forme de leurs graines & de leur pistil m’a déterminé à les placer après les courges. (Voyez le mot Citrouille) Il y en a deux espèces ; la citrouille ou pastèque à confiture, le pastèque proprement dit, appellé melon d’eau par les auteurs, rempli d’eau peu sucrée, sans parfum, même dans nos provinces du midi, où il est un peu plus passable que dans celles du nord. Il est inutile de répéter ici ce qui a déjà été dit à ce sujet.


Section II.

De la culture des Melons.


À Paris, on mange ce fruit beaucoup plutôt que dans les provinces du midi. Deux motifs y concourent ; l’art, & le choix des espèces hâtives : il y a donc deux cultures différentes, nécessitées par la différence des climats ; l’une, naturelle & c’est celle de l’intérieur du royaume & des provinces du midi l’autre, artificielle, & c’est celle des environs de Paris & des provinces du nord du royaume.


§. I. De la culture naturelle.


Dans les provinces, dans les cantons où la chaleur du climat est assez forte & assez soutenue, on donne peu de soins à cette culture. L’année de repos des champs à blé est destinée à l’établissement des melonnières. Après avoir donné aux époques ordinaires les labours, on ouvre, entre quinze à vingt pieds de distance de l’une à l’autre, de petites fosses d’un pied en quarré sur autant de profondeur, & la terre est rangée circulairement tout autour. La fosse est remplie avec de nouvelle terre franche, mêlée par moitié avec du terreau ou vieux fumier bien consommé. Pour l’ordinaire, cette terre est le résidu du balayage des cours, ou de la terre qui se trouve au fond des fosses à fumier, lorsqu’il a été enlevé. Dès qu’on ne craint plus les gelées tardives, on sème la graine dans les petites fosses, & dans chacune cinq ou six grains. Lorsqu’ils ont germé, qu’ils ont quatre feuilles, sans parler des cotyledons ou feuilles séminales, (Voyez ce mot) on en détruit deux ou trois, afin que les autres aient plus de force. La graine est enterrée environ à un pouce de profondeur. S’il ne tombe pas de pluie de longtemps, on arrose chaque fosse ; mais, comme souvent l’eau n’est pas à la portée du champ, le cultivateur recouvre, avec la baie du blé, de l’orge, de l’avoine, ou avec de la paille coupée menue, ou enfin avec des herbes, la superficie de la fosse, à l’exception de la place où sont les semences. Par ces petits soins, il conserve la fraîcheur de la terre, & empêche l’évaporation. La terre première, tirée de la fosse, abrite les jeunes pieds contre les vents.

Avant de confier à la terre la graine de melons, on la jette dans un vase plein d’eau. La mauvaise surnage, la médiocre descend lentement ; mais la bonne se précipite tout d’un coup, & c’est la seule qu’on sème. Ainsi on n’attend pas que la médiocre ait gagné le fond, pour vider l’eau du vase ; & en s’écoulant, elle entraîne la médiocre & la mauvaise graine. Le cultivateur sait encore qu’au besoin il peut semer la graine cueillie & conservée avec soin depuis trois ans, mais il préfère celle de la dernière récolte, parce qu’elle germe plus vite. S’il a plusieurs beaux fruits dans sa melonnière, il les respecte, ne les vend point, & les laisse pourrir sur pied, patce qu’il est bien convaincu que la chair du fruit est destinée à perfectionner la graine, & que la graine du melon que l’on mange à son point, produit un fruit dont la chair n’a pas alors autant de finesse. Enfin, lorsque le fruit est pourri, il sépare la graine des parenchymes par des lavages réitérés : mais si la saison est assez chaude pour dessécher sur pied le melon, il laisse la graine se conserver dans la chair desséchée, & il ne l’en sépare par des lavages, ou autrement, qu’au moment de la mettre en terre. Pendant le cours de l’année, la graine est tenue dans un lieu sec & à l’abri de la voracité des rats, souris & mulots qui en sont très-friands.

Ce simple cultivateur ignore qu’il existe un art de pincer les tiges, lorsque le fruit est noué ; & lorsqu’on lui en parle, il répond : Mes courges, mes concombres viennent à bien sans tant de précautions, & la nature n’a pas donné aux melons de longues tiges pour les détruire, ni pour déranger leur végétation. Avez-vous peur, ajoute-t-il, que cette végétation soit foible & languissante ? Voyez mes courges, dont les tiges s’étendent à plus de trente pieds ; celles des melons, au moins à dix & à quinze. Pourquoi donc voulez-vous que chaque plant ne s’étende pas à plus de deux pieds, & qu’il ne porte qu’un seul ou deux melons ? Gardez votre science & ses raffinemens : je me trouve fort bien de ma méthode ; j’ai un plus grand nombre de melons que vous ; ils sont aussi bons que les vôtres lorsque la saison les favorise, & leur culture exige peu de soins & peu de peines. Le raisonnement de ce simple laboureur ou cultivateur en vaut bien un autre.

Lorsque les bras de la plante ont à-peu-près deux à trois pieds de longueur, & lorsqu’il y a des fruits noués, il les dispose de manière que, lorsqu’ils s’étendront, ils ne se mêleront pas, & couvriront tout l’espace qu’on leur a laissé sur le champ. Après les avoir ainsi disposés, il ouvre, vers leur extrémité, une petite fosse de trois à quatre pouces de profondeur, il y range la partie du bras qui y correspond, & la charge d’environ trois à quatre pouces de terre sur l’espace de six à douze pouces, lorsque la longueur du bras & l’écartement des feuilles le permettent. La tige qui vient d’être enterrée, acquiert de nouvelles forces ; elle se hâte de prolonger son bras ; & lorsqu’elle est parvenue à peu-près à trois ou quatre pieds, le cultivateur recommence la même opération, & ainsi de suite. Voilà en quoi consiste toute sa méthode. Quelques-uns attendent que les bras aient six pieds de longueur, & plus, pour les enterrer.

Il faut avoir été témoin de cette culture, pour juger de la quantité de melons qui couvrent la terre. Il est bien clair que ceux dont la fleur noue, lorsque la saison est un peu avancée, n’auront aucune qualité, & même qu’un très-grand nombre ne mûrira pas. On demandera à quoi bon travailler à se procurer cette surabondance qui doit préjudicier aux premiers melons formés, puisque ces dernières tiges, ces derniers fruits appauvrissent les premiers d’une très-grande partie de la sève ? 1°. On ne doit pas perdre de vue que les plantes se nourrissent plus par leurs feuilles que par leurs racines : en effet, que l’on considère la racine d’un pied de courge, de citrouille, &c., & on verra qu’elle est peu étendue, & qu’il ne se trouve aucune proportion entr’elle & ses tiges de vingt à trente pieds de longueur ; enfin, qu’il est impossible que la racine seule puisse nourrir sur son seul pied huit à dix courges, citrouilles, dont quelques unes pèseront jusqu’à soixante ou quatre-vingt livres. Il en est ainsi pour le melon. 2°. Il faut compter pour beaucoup ces petits monticules de terre, placés de distances en distances sur les bras, & qui en font comme autant de nouvelles tiges. Enfin, tous les raisonnemens ne sauroient contredire une expérience fondée sur une coutume établie de temps immémorial, & couronnée par un succès habituel.

Les plus beaux melons sont choisis dans la melonnière, & portés au marché des villes voisines ; les tardifs, ou les mauvais & contrefaits des premiers, servent à la nourriture des bœufs & des vaches, & durent ordinairement jusqu’à ce que les courges aient acquis leur grosseur sur pied. Dans les pays où les fourrages sont chers, les melons sont une ressource précieuse.

Depuis le milieu de septembre, jusqu’au milieu d’octobre, on laisse les melons tardifs sur pied, afin qu’ils parviennent à la grosseur & à la maturité qu’ils sont susceptibles d’acquérir. On les récolte alors, on arrache leur fanne, & on laboure aussitôt pour semer les blés hivernaux.

Lorsque l’hiver est tardif, lorsqu’on prévoit que la végétation languira, ou aura de la peine a s’émouvoir au printemps, le cultivateur prépare une surface playte de terre sur le fumier ordinairement placé devant sa maison ou dans une basse-cour, il la couvre de quatre à six pouces de fumier, & il sème sur cette couche de dans cette terre les graines de melon. Il recouvre le tout avec des épines, afin que les poules & autres oiseaux de basse cour ne viennent pas gratter ou détruire les jeunes plants. L’embarras ensuite est de les transporter sur le champ : lorsque l’eau, pour les arroser, n’est pas dans le voisinage, il choisit un jour & un temps pluvieux qui assure sa reprise.

Quoique je préfère les méthodes les plus simples à toutes les autres, je conviens cependant qu’il y a un grand avantage à hâter le plant sur la couche, & à le transporter au champ du moment qu’on ne craint plus l’effet des gelées tardives. Le melon est originaire des pays très-chauds ; il n’est donc pas surprenant qu’il soit détruit par le froid, & sur-tout dans sa jeunesse, où la plante est si herbacée & si aqueuse. L’avancement de la plante pour le printemps, assure une plus prompte maturité de ses fruits pendant l’été, d’où dépend leur qualité, & plus de grosseur & plus de maturité dans les melons tardifs. Le grand point est que la terre qui entoure les racines, ne s’en détache pas lors du transport & de la transplantation. Au moment qu’on lève les pieds sur la couche, on doit les envelopper, avec la terre de leurs racines, dans une feuille de chou ou de toute autre plante, & ranger le tout au fond d’une corbeille : ces petites précautions ne sont point à négliger. On fera très-bien encore de semer autour des pieds que l’on met en terre, quelques graines de melons. Si les pieds transplantés périssent par une cause quelconque, on aura la ressource des plants venus de graine : & s’ils réussissent, on arrache ces derniers.

Une méthode moins simple que celle dont on vient de parler, est celle des jardiniers ordinaires. Ils sèment sur couche (voyez ce mot) ou contre de bons abris, leur graine environ vers la fin de février, ou même en janvier, si le climat est peu exposé aux grandes gelées, ou s’ils ont les facilites pour les en garantir ; ils lèvent les pieds en mars, & les plantent à demeure. J’ai très-souvent observé que, lorsque la fin de l’hiver & le commencement du printemps sont froids, les melons mis en place languissent, sont très-long-temps à se remettre, & qu’ils ne donnent pas des fruits plus précoces que ceux dont on a semé tout simplement la graine lorsque la saison a été décidée ; cependant souvent l’on gagne beaucoup à avoir de bonne heure des pieds sur couche.

Dans les jardins sujets aux courtilières ou taupes-grillons, (Voyez ce mot) la chaleur du fumier attire ces animaux, qui y pratiquent leurs galeries & viennent ensuite couper, entre deux terres, les jeunes pieds les uns après les autres. Combien de semis détruits complètement de cette manière ! Dès que l’on parle de la culture d’un jardin, on suppose déjà des moyens que n’ont pas ceux qui cultivent en pleine terre ; dès-lors on peut mettre un peu plus de recherche dans la méthode. Je propose, pour éviter le dégât presque inévitable, causé par les taupes-grillons, de faire carreler le fond du lieu destiné aux couches ; d’établir de longues caisses de grandeur, & en nombre proportionné au besoin. Ces caisses seront faites avec des planches d’un pouce d’épaisseur, taillées & assemblées en moryoise par les bouts ; enfin, pour prévenir leur déjettement, leurs angles seront maintenus par des équerres en fer. On pose ces caisses sur la partie carrelée, & on enduit leur séparation avec les carreaux, par du mortier à chaux & à sable, ou avec du plâtre ; on les remplit & on forme des couches, ainsi qu’il a été dit. (Voyez ce mot.)

Afin de prévenir la séparation de la terre d’avec la racine, lors de la transplantation, soit encore pour laisser fortifier le pied sur la couche, il convient d’avoir un nombre suffisant de petits vases sans pied, percés au fond par de très petits trous, larges de cinq pouces par le bas, & de six par le haut, & leur hauteur également de six pouces. Les pots ronds, placés les uns à côté des autres, laissent inutilement un espace vide : il vaut donc mieux qu’ils soient quarrés par le haut ; alors nulle place n’est perdue. On place ces pots sur la couche de fumier, & on garnit exactement avec de la terre les vides qui se trouvent entre chaque pot, & ainsi de suite rang par rang, jusqu’au bout de la caisse, qui, sur quatre rangs, peut aisément contenir cent pots au moins, suivant le besoin. On remplit ces vases avec de la terre bien préparée, & on seme quatre à six graines en différens endroits du vase. On est sûr que les taupes-grillons n’y pénétreront pas, & qu’on pourra transporter les plantes avec le vase, sans les déranger, jusqu’aux lieux où elles doivent être mises à demeure. L’évasement d’un pouce de la superficie du vase, sur les cinq qui sont à sa base, facilite le dépotement, & les petites racines chevelues, qui tapissent alors la terre, servent à la retenir, sur-tout si on a eu soin d’arroser les plantes un ou deux jours auparavant. Le trou en terre, préparé d’avance, & garni de terreau, s’ouvre pour recevoir la nouvelle plante à demeure. On passe les doigts de la main gauche, & étendus entre les tiges ; on renverse le pot sur la main gauche, & avec la droite on l’enlève : alors, retournant la gauche sur la droite, on place ensuite la plante de la manière convenable, & elle ne s’aperçoit pas avoir changé d’habitation, ni elle ne souffre en aucun point de la transplantation. Un petit arrosement qu’on donne ensuite réunit les terres.

La coutume des jardiniers est de pincer les bras au-dessus de l’endroit où la fleur femelle a noué. Ce travail est-il donc si nécessaire ? J’ai la preuve du contraire, outre celle en grand, dont on a parlé plus haut. J’ai laissé, livré à lui-même, un cantaloup ; il a poussé des bras autant & comme il a voulu, & je puis assurer que j’ai eu de très-bons, de très-beaux melons, & en abondance. Doit-on également admettre cette méthode dans nos provinces du nord ? Je n’ose prononcer, parce que je n’en ai pas fait l’expérience ; mais elle est aisée à répéter dans celles où l’intensité de chaleur dispense du service des cloches. Il convient encore d’essayer si on réussira mieux en enterrant, ou en n’enterrant pas les bras.

Tous les auteurs s’accordent à dire qu’on doit rarement arroser les melons. Cette assertion est vraie jusqu’à un certain point, & sa confirmation tient beaucoup au climat. Par exemple, à Pezenas, où les melons sont si renommés, on arrose souvent les cantaloups à couronne, ou à verrues sans couronne, & ils sont délicieux. J’en ai élevé presque sans les arroser, & ils ont été moins agréables & moins gros. J’ai également fait arroser, suivant la coutume de ce pays, les melons maraîchers, les sucrins, & ils ont été détestables… De ces variétés, on doit nécessairement conclure qu’il n’y a point de règle généralement bonne sur la culture des melons, qu’elle doit varier suivant les espèces, & sur-tout suivant les climats ; enfin, que chacun doit étudier, par des expériences de comparaison, ce qui convient le mieux à son pays, & quelles sont les espèces dont le succès & la qualité sont les moins casuels.

Dans plusieurs jardins, les limaces & les escargots font de grands dégâts. Le parti le plus sûr est d’aller les chercher dans leurs retraites qu’elles indiquent par la bave qu’elles laissent par-tout où elles passent. Malgré cela il n’est pas toujours aisé de les détruire. On peut, tout autour des pots, couvrir la terre avec de la cendre, & la renouveller autant de fois qu’elle sera tapée & agglutinée, soit par les pluies, soit par les arrosemens. On fait que les escargots coupent les tiges par le pied.

Les mulots sont encore de grands destructeurs des couches de melons, de concombres & de courges ; ils déterrent les graines & les mangent. On prend, pour les détruire, des graines de courge que l’on fend dans leur longueur, on garnit l’entre-deux avec de la noix vomique, réduite en poudre & passée au tamis de soie, on réunit les deux parties de la graine : mais cette méthode ne remplie pas les vues qu’on s’étoit proposées, parce que la noix vomique étant un peu amère, les mulots abandonnent cette graine, & aiment mieux fouiller la terre, & manger celle que l’on a semée. Le tartre-émétique, employé de la même manière, réussit mieux. L’arsenic, également incorporé dans la graine de courge, dont les rats, les souris & les mulots sont très-friands, les détruit sûrement & promptement ; mais il est dangereux de mettre un poison aussi actif entre les mains d’un jardinier, ou de tel autre homme de cette classe. Le propriétaire devroit lui-même, se charger de ce soin, compter le nombre de graines préparées, & deux ou trois jours après, enlever & brûler celles qui n’auront pas été mangées par ces animaux. On aura alors la preuve qu’ils ont tous été crever dans leurs coins. Voilà pour les couches.

Les pieds transplantés, ou venus de graine sur le lieu, craignent également les taupes-grillons, les limaçons & limaces. La cendre, souvent renouvelée, interdit l’approche à ces derniers ; mais les taupes-grillons, les vers blancs, ou turcs, ou larves du hanneton, (Voyez ce mot,) comment s’en défendre ? Je n’ai trouvé qu’un seul expédient. Il consiste à avoir, en quantité suffisante, des morceaux ou broches de bois quelconque, de six à huit pouces de longueur de les enfoncer en terre, les uns après les autres, & si près que ces insectes ne puissent passer entre deux ; de manière que tous ensemble, plantés circulairement autour de la plante, formeront une espèce de tour intérieure de huit à dix pouces de largeur, qui défendra l’approche de la plante. Cette opération est l’ouvrage des enfans ou des femmes ; & lorsque la plante est forte, on peut enlever ces morceaux de bois.

Je crois même avoir observé, que s’ils s’élèvent de quelques pouces au-dessus de la superficie du sol, les limaces & limaçons ne les franchissent pas, lorsque leur sommet est taillé en pointe fine, parce qu’alors ces animaux ne peuvent se tenir dessus. Ces détails paroîtront minutieux à beaucoup de jardiniers. Quant à moi, qui ai été forcé de les mettre en pratique, je m’en trouve bien, & ceux qui sont dans le même cas que moi, ne seront pas fâches de les connoître & de les employer.


Section III.

De la culture artificielle.


Elle est en général très-compliquée ; mais elle est indispensable lorsque le peu de chaleur du climat exige que l’art vienne au secours de la nature, & on diroit que l’on met une espèce de gloire & d’amour propre à surmonter les difficultés, & même à avoir des melons dans une saison tout-à fait opposée. L’art fait donc beaucoup, il donne la forme au fruit ; mais lui donne-t-il son eau sucrée, sa saveur vineuse, son parfum ? Non sans doute. La perfection tient à la nature, elle seule colore les fruits, leur donne l’odeur & la saveur qui leur conviennent ; mais l’art se traînant sur ses pas, n’offre que le simulacre de cette perfection. Cependant, dans les provinces du nord on s’extasie devant ces fruits, ils sont réputés délicieux ; mais la véritable raison de cet enthousiasme, est qu’on n’en connoît pas de meilleurs, & qu’on n’est pas à même de faire la comparaison.

J’appelle culture artificielle celle qui nécessite à employer les couches & les cloches, ou les châssis, ou les serres chaudes.

La méthode la moins compliquée est celle pratiquée à Honfleur en Normandie. On choisit, dans un jardin, l’exposition la plus méridionale, la mieux abritée des vents, & qui reçoit le mieux les rayons du soleil depuis son lever jusqu’à son coucher. Si l’abri n’est pas assez considérable, ou le renforce avec des paillassons, &c. Soit pour la totalité du sol destiné à la melonnière, soit pour chaque fosse à melon, la terre forte, neuve & bonne, est préférable à toute autre.

Lorsque les fortes gelées ne sont plus à redouter, c’est-à-dire vers le commencement de mars, on creuse, à six pieds de distance l’une de l’autre, des fosses de deux à deux pieds & demi de profondeur, largeur, longueur & hauteur. Elles sont remplies de fumier de litière, depuis le commencement jusqu’au 15 d’avril, & à coups de massue, ou par un très-sort piétinement, le fumier est foulé couche par couche jusqu’à ce qu’il remplisse la fosse au niveau du sol. La fosse est recouverte par un pied environ de bonne terre mêlée avec du terreau, & le tout est recouvert avec des cloches, dont les verres sont réunis par des plombs, & qui ont presque le même diamètre que la fosse. Cinq ou six jours après, lorsque la chaleur s’est établie dans le centre, & s’est communiquée à la couche supérieure de terre, au point de ne pouvoir y tenir le doigt en l’y enfonçant, on seme la graine, & on l’enterre à la profondeur de quinze à dix-huit lignes, & chaque graine est séparée de sa voisine par trois ou quatre pouces de distance. On met deux graines à la fois dans chaque trou.

Les melons, parvenus à avoir cinq feuilles, en y comprenant les deux cotylédons, ou feuilles séminales, on examine quels sont les plants les plus vigoureux, on en choisit deux pour chaque fosse, & tous les autres sont coupés entre deux terres, &c non arrachés ; alors on retranche la partie supérieure de la tige, avec la feuille qui l’accompagne, en coupant sur le nœud.

Lorsque les plantes auront fait des pousses de huit à dix pouces de long, on les pincera par le bout, pour donner lieu à la production d’autres pousses latérales, que l’on pincera comme les précédentes. Il faut avoir l’attention de couvrir les cloches dans la nuit, avec des paillassons, jusqu’aux premiers jours chauds, dont on profitera pour donner aux plantes un peu d’air.

Lorsque les pousses ne peuvent plus tenir sous les cloches, on les élève de quatre à cinq pouces, & ensuite davantage ; on fouit alors la terre intermédiaire entre les cloches, pour la rendre presque de niveau à la couche du melon.

Lorsque les plantes commencent à donner du fruit, il faut couper une partie de ces fruits pour faire assurer l’autre, & n’en laisser que trois ou quatre sur chaque pied. Lorsqu’ils sont gros comme de petits œufs de poule, il faut arrêter les branches d’où ils partent, & avoir grande attention de couper de temps en temps les petites branches foibles, qui diminuoient la force de la plante. Lorsque les fruits ont à-peu-près vingt jours, on met sous chacun une tuile ou un carreau de terre cuite ; on a soin de retourner doucement les melons tous les quatre jours.

Quand la queue commence à se détacher, & que le melon jaunit au-dessous, & qu’il a peu d’odeur, on peut le couper & le garder deux ou trois jours avant de le manger[2]. Il faut au moins deux mois à un très-beau melon de quinze à vingt livres, du jour qu’il est assuré, pour qu’il parvienne à une parfaite maturité.

Entre la méthode de Honfleur, & celle que l’on suit à Paris, ou dans les provinces du nord, il y a beaucoup de petites modifications, trop longues à détailler ici, & que le lecteur sentira en comparant les deux méthodes.


Méthode des environs de Paris.


I. De la position de la melonnière. Elle doit avoir le soleil du levant & du midi, & même, s’il est possible, celui du midi jusqu’à trois heures. Celle qui est environnée de murs est la meilleure ; c’est-à-dire, que plus le mur du midi sera élevé, & plus il réverbérera de chaleur, & plus il mettra la melonnière à l’abri des vents du nord. Les murs latéraux, depuis leur réunion à celui du midi, doivent venir en diminuant de hauteur jusqu’à leur autre extrémité. S’ils étoient aussi élevés que celui du midi, la melonnière ne recevroit que le soleil de cette heure, ou tout au plus depuis onze jusqu’à une heure, suivant leur distance & leur hauteur, tandis que l’on doit, au contraire, lui procurer les rayons du soleil le plus longtemps qu’il est possible : la pente du sol sera dirigée sur le devant de la melonnière, afin que les eaux s’écoulent facilement. Plus la terre sera durcie, & meilleur sera le sol ; mais si l’on craint les taupes-grillons, il vaut mieux le faire carreler, ainsi qu’il a été dit. Dans les environs, ou près de la melonnière, il convient d’établir un dépôt destiné aux cloches, aux pailles de litière, à la terre franche, préparée avec le terreau ; enfin, à tout ce qui est nécessaire à la culture & à l’entretien des melons. Un point essentiel est d’établir un réservoir pour y puiser l’eau destinée à arroser, & qui sera par conséquent à la température de l’atmosphère. (Voyez le mot Arrosement, il est essentiel à lire.)

II. De la couche destinée au semis. On commence à la préparer, dans les premiers jours de janvier, avec du fumier à grandes pailles & de la litière. Une couche de neuf à douze pieds de longueur, sur trente à trente-six pouces de largeur, & sur une hauteur de trois pieds, après que le fumier aura été bien foulé couche par couche. Sur la longueur de neuf pieds on peut placer vingt cloches, & ainsi en proportion sur celle de douze.

Quelques maraîchers attendent que cette couche ait jeté son feu, pour établir tout autour un réchaud d’un pied d’épaisseur. (Voyez les mors Couche & Réchaud) D’autres, plus instruits, le font en même temps que la couche, & ce réchaud, après qu’il a été battu, la déborde en hauteur de six pouces. La couche ainsi préparée, il ne reste plus qu’à la garnir ;

Chacun prépare à sa manière le terreau qui doit la couvrir : les uns emploient celui des vieilles couches de deux ans, qui n’a servi à aucun autre usage ; les autres le composent moitié de terre franche, un quart de terreau de couche, & un quart de colombine ou de crotin de mulet, de mouton, &c., réduits en poudre depuis un an. Quelques-uns ne se servent que des balayures des grandes villes, des débris des végétaux bien consommés ; & quelques autres, de la poudrette ou excrémens humains qui sont réduits en terreau par une atténuation de plusieurs années, ou par les débris des voieries réduits au même état. Ce terreau est également répandu sur toute la couche. Les praticiens ne sont pas tous d’accord sur l’épaisseur que doit avoir la couche du terreau : quelques-uns ne lui donnent que trois pouces, & d’autres en donnent six. Ces derniers ont raison, parce que les racines trouvent plus à s’étendre & à s’enfoncer. Plusieurs, enfin, fixent la profondeur à neuf pouces. Plusieurs cultivateurs préfèrent les petits pots de basilics enfoncés dans la couche jusqu’au haut, & les interstices garnis de terreau, afin de laisser moins d’issue à la chaleur ; mais il y a de la place perdue, & elle est précieuse sur une couche.

Lorsque la couche a jeté son plus grand feu, c’est-à-dire, lorsque l’on peut encore à peine y tenir la main plongée sans souffrir, on profite de ce moment pour semer, & aussitôt on place les cloches, ou on ferme les chassis. (Voyez ce mot) Pour semer, on fait avec le doigt des trous dans le terreau, & dans chaque trou on place deux graines que l’on recouvre de terre fort légèrement. Chaque trou est séparé de son voisin de deux à trois pouces.

La chaleur de cette couche suffit ordinairement pour faire germer & lever cette graine ; mais dès qu’on s’aperçoit que cette chaleur diminue, on la renouvelle en détruisant le réchaud, & en le suppléant par un nouveau. On doit, autant qu’il sera possible dans cette saison, donner de l’air aux jeunes plantes, dont le grand défaut est de fondre, lorsqu’elles sont trop long-temps privées de la lumière du jour ; mais si la saison est froide, si les gelées deviennent fortes, on couvrira les cloches, en raison de l’intensité du froid, avec des paillassons, ou avec de la paille longue.

Si, malgré les réchauds, les paillassons, &c. la chaleur de la couche diminue trop sensiblement, on se hâtera d’en préparer une seconde comme la première, sur laquelle on transportera promptement les pots de la première ; ce qui prouve l’avantage de semer dans des pots plutôt qu’en pleine couche ; car la transplantation dans ce dernier cas, est beaucoup plus longue à faire, & moins sûre pour la reprise de ces mêmes plants. Les cloches ou les chassis ne doivent rester entièrement fermés que pendant les grands froids, les pluies, la neige ou les brouillards, & il est important de les ouvrir un peu au premier instant doux, au premier rayon du soleil. Il faut essuyer les cloches & les chassis, afin de dissiper leur humidité intérieure.

III. Des couches de transplantation. La seconde, dont on vient de parler, est une couche de précaution, à raison des grands froids ; & encore il vaudroit beaucoup mieux s’en servir pour de nouveaux semis, dans le cas que la rigueur de la saison ou la trop longue soustraction de l’air & de la lumière fissent périr les premiers. Ce n’est que par un art soutenu qu’il est possible, dans cette saison rigoureuse, de conserver & d’avancer les plants. Dès que les réchauds ne maintiennent plus une chaleur convenable à la première couche, on en dresse une seconde à l’instar de la première, sur laquelle on transporte les vases ou les plants semés dans la terre. Si les froids sont prolongés, si cette seconde ne suffit pas, on travaille à une troisième, & à une quatrième au besoin, comme pour les deux premières. Enfin, il faut que ces couches conduisent les plantes jusqu’au milieu de mars environ. Si on a employé à la forme des premières couches, le tan, les feuilles de bruyères, ainsi qu’il a été dit aux mots Couches & Chassis, il est rare qu’on soit obligé de recourir à une troisième, parce que ces substances ne commencent à acquérir la chaleur, que lorsque le fumier de litière perd la sienne : ainsi ce mélange la soutient bien plus long-temps.

IV. De la dernière couche ou à demeure. Elle sera, comme les premières, haute seulement de deux pieds après le fumier battu, & couverte de dix à douze pouces de terreau bien substanciel. Si on croit avoir encore besoin des réchauds, ils doivent être faits en même temps, & renouvellés au besoin. Lorsque le grand feu sera passé, & que la couche n’aura plus que la chaleur convenable, sur une telle couche de douze pieds de longueur on établit quatre pieds de melons, nombre très-suffisant pour garnir dans la suite toute la superficie ; en les plaçant en échiquier, il en entrera un bien plus grand nombre, quoique tous également à trois pieds de distance ; mais il y aura confusion dans les branches. Les plants dans des vases sont renversés sur la main, sans déranger en aucune sorte les racines. Plusieurs cultivateurs détruisent les petits chevelus blancs qui ont circulé autour du vase entre la terre & lui, & ils ont le plus grand tort : ces petits chevelus, bien ménagés, deviendront de belles racines qui aideront beaucoup à la végétation du pied. Il convient donc de l’étendre doucement dans la petite fosse ouverte & destinée à recevoir la morte, & elle sera un peu plus enterrée dans la couche qu’elle ne l’étoit dans le vase, c’est-à-dire, de neuf à douze lignes, suivant la force du pied. Après l’opération, on régale la terre, & l’on donne un léger arrosement, afin d’unir la terre de la couche avec celle de la motte, en prenant soin de ne pas mouiller les feuilles, crainte de rouille. La surface de la couche doit être inclinée au midi, afin qu’elle reçoive mieux les rayons du soleil. On place ensuite les cloches, que l’on tient plus ou moins ouvertes, suivant l’état de la saison. Lorsqu’elle sera trop chaude, on les couvrira avec de la paille & des paillassons pendant les heures les plus chaudes de la journée ; le plant seroit brûlé sans cette précaution.

V. De la conduite des jeunes planes. Ils ne tardent pas à pousser des bras, & ces bras se chargent de fleurs mâles que l’on nomme communément fausses fleurs, & que beaucoup de jardiniers détruisent impitoyablement Pourquoi ne détruisent-ils pas également celles de leurs courges, de leurs citrouilles, de leurs potirons ? Ils n’en savent rien ; mais ils l’ont vu pratiquer à leurs pères, & ils n’examinent pas si la nature a jamais rien produit en vain. Ne séparez aucune fleur mâle, quand elle aura rempli l’objet pour lequel elle est destinée elle se flétrira & tombera d’elle-même ; mais auparavant il s’en trouvera dans le nombre qui auront servi à féconder les fleurs femelles, & dont le fruit nouera certainement & viendra à bien, tandis que plus des trois quarts des fleurs femelles, non fécondées, se fondent & avortent.

Aussitôt après la transplantation, ou peu de jours après ; enfin, lorsque le plant a quatre ou cinq feuilles, outre les deux cotylédons que les jardiniers appellent preilles, on rabat au-dessus des feuilles les plus près des oreilles. De l’aisselle de chaque feuille qu’on a laissée, part une nouvelle tige ou bras qu’on laisse s’étendre & se charger des fleurs dont on vient de parler, & de ces bras il en sort ensuite plusieurs autres connus sous le nom de coureurs. On leur laisse le temps d’acquérir de la force. Après cela, on supprime les plus foibles, pour ne conserver que deux ou trois des plus vigoureux. Ces nouveaux bras, lorsqu’ils ont cinq feuilles, sont encore arrêtés, & ainsi de suite mais s’il en survient du pied, on les supprime, parce qu’ils deviennent pour la plante ce que les gourmands sont aux arbres, c’est-à-dire que leur prospérité affame tous les bras supérieurs. Le nombre des melons à conserver sur un pied, est depuis deux jusqu’à cinq, suivant la force de végétation ; mais avant de détruire les fruits surnuméraires, il convient de choisir ceux qui promettent le plus, soit par leur grosseur, soit par leur belle forme. Il est rare, ainsi qu’on l’a déjà dit, qu’un melon mal conformé soit bon… Après le choix, si la tige est foible, on taille à un œil au dessus du fruit ; si elle est vigoureuse, à deux ou à trois. Il convient de ne supprimer les cloches que lorsque la saison est assurée, & après que le fruit a acquis la grosseur d’un œuf de pigeon. Si, après de beaux jours, l’air redevient froid, on remettra les cloches, & on les laissera autant de temps que le froid durera.

Les melons ainsi élevés craignent les pluies ou les arrosemens qui baignent les feuilles, les bras & les fruits. Afin de prévenir cet inconvénient, on couvre avec des cloches, & l’eau des pluies arrose la terre de la circonférence ; comme l’humidité gagne de proche en proche, elle pénétre jusqu’aux racines, & elle suffit à la plante. Les chassis ont l’avantage de garantir des pluies, & on les couvre facilement avec des paillassons, faits exprès, lorsque l’on veut garantir la plante de la grande ardeur du soleil. Les fréquens arrosemens sont les vrais destructeurs de la qualité du fruit, quoiqu’ils en augmentent le volume : il vaut mieux que le pied souffre un peu de sécheresse, que d’être trop arrosé.

Depuis l’époque de la fixation du nombre de fruit sur chaque pied jusqu’à sa maturité, il pousse une infinité de petits bras foibles, qui épuisent les deux à quatre principaux qu’on a conservés ; s’ils sont foibles, cette multiplicité de surnuméraires aura bientôt diminué leur subsistance : il est donc nécessaire de visiter tous les huit jours sa melonnière, & d’en supprimer le nombre en raison de la vigueur des premiers ; si on en retranche trop, il monte dans le fruit une sève mal élaborée : le trop & le trop peu sont nuisibles à sa perfection.

Afin de donner de la qualité & une qualité égale à toutes les parties du melon, les uns placent au-dessous de chaque melon une tuile, ou une brique, ou une ardoise, &c., & une feuille entre le fruit & la brique, & tous les huit jours ils retournent le fruit à tiers ou à quart, afin que successivement chaque partie soit frappée des rayons du soleil. On compte pour l’ordinaire quarante jours depuis celui où le fruit a noué jusqu’à celui de sa maturité. La thuile, &c. empêche que l’humidité de la couche ou de la terre ne se communique au fruit, qui absorbe cette humidité autant que les feuilles absorbent celle de l’atmosphère. Si le fruit est couvert par des feuilles, on ne doit pas les supprimer, mais les tirer de côté, afin que rien n’empêche l’action directe du soleil sur le melon.

Les maraîchers, pour éviter les embarras & les soins continuels à donner aux couches pendant les mois de janvier & de février, ne commencent à semer leurs melons qu’à la fin de février ou de mars ; la récolte en est retardée de trois semaines ou d’un mois tout au plus.

La conduite d’une melonnière exige donc beaucoup de soins, une vigilance continuelle, &c. ; mais je demande si le fumier de litière étoit, à Paris & dans ses environs, aussi rare & aussi cher que dans nos provinces éloignées, que deviendroient la théorie & la pratique de cette culture, qui ont pour bâse la multiplicité des fumiers, tandis que dans les provinces, sortant de dessous les pieds des chevaux, il coûte jusqu’à trois liv. le tombereau ? la même quantité d’engrais, répandue sur un champ à bled, ne rendroit-elle pas au propriétaire du champ beaucoup plus numériquement en bled qu’en melons ? Il n’y a pas le plus petit doute à ce sujet cependant je ne désapprouve point la destination de cet engrais dans les environs de la capitale & des grandes villes des provinces du nord, puisque la vente des melons prouve annuellement que le cultivateur y trouve un bénéfice réel ; je dirois même plus, il prouve que si, généralement parlant, les melons des environs de Paris ne sont pas tous excellens, ils sont au moins à-peu près presque tous passables ; au lieu que dans les provinces où la culture est simple, si la saison est pluvieuse, si l’intensité de chaleur n’est pas soutenue, les melons sont en général tous mauvais. Il est donc naturel que chaque pays cultive suivant une méthode proportionnée à ses facultés & à ses ressources, & l’on ne doit point blâmer la culture de ses voisins, ou celle des provinces éloignées.


Melon d’eau ou Pastèque. Pastèque à confire. (Voyez le mot Citrouille) Dans cet article ces deux plantes sont décrites, ainsi que la manière de les cultiver.


  1. On appelle les jardins potagers des environs de Paris marais, sans doute parce que le sol en étoit originairement marécageux ; on appelle maraîcher, marèché, marayer les personnes qui les cultivent ; je crois la première dénomination préférable aux suivantes, d’ailleurs cite elle consacrée par l’habitude.
  2. Note de l’Éditeur. Il vaut beaucoup mieux couper sur pied le melon que l’on estime mûr, & le manger quelques heures après, lorsqu’il est rafraîchi.