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pois, &c. les poudres, par la quantité qu’il en peut tenir sur la queue d’une cuiller ou sur une piece de monnoie, &c. Voyez Dose.

Les anciens médecins grecs, latins & arabes font mention d’un grand nombre de mesures qui ne sont plus usitées aujourd’hui en Médecine, & dont l’immensité ne permet pas même d’en exposer ici la nomenclature. On évalue suffisamment dans le plus grand nombre de passages des anciens, les doses indiquées par ces diverses mesures, d’après la connoissance de l’activité du remede dont ils parlent. Que s’il y a quelquefois lieu de douter-à cet égard en matiere grave, on peut consulter les traités exprès qu’en ont donnés plusieurs auteurs, entre lesquels celui de Dominique Massarius, imprimé tout au long dans la Bibliotheque pharmaceutique de Manget, où il occupe vingt-cinq pages in fol. peut être regardé comme suffisant pour le moins. Au reste, ce traité comprend aussi tout ce qui concerne les poids des anciens. (b)

Mesure, (Comm.) Ce mot, en fait de trafic, désigne une certaine quantité ou proportion de quelque chose vendue, achetée, évaluée, échangée. Ainsi les mesures sont différentes selon les choses ; c’est pourquoi on a formé des mesures d’intervalle pour les longueurs, des mesures quarrées pour les surfaces, & des mesures solides ou cubiques pour les capacités des choses seches ou liquides. Mais comme ces mesures sont très-différentes selon les pays, nous tâcherons de mettre de l’ordre dans ce vaste sujet, en traitant séparément des mesures longues, des mesures quartées, des mesures des liquides, & des mesures rondes pour les choses seches. En même tems, sous chacune de ces classes, nous parlerons des mesures anciennes qui nous intéressent beaucoup, & de leur réduction à celle d’Angleterre. (D. J.)

Mesure, (Comm.) se dit en général de tout ce qui peut servir de regle pour connoître & pour déterminer la grandeur, l’étendue ou la quantité de quelque corps.

Les mesures se divisent en mesures de longueur & mesures de continence ; & de celles-ci, les unes sont pour les choses seches, & les autres pour les liquides. Nous donnerons ici les noms des principales mesures tant de longueur que de continence, sans expliquer leurs différences, leurs proportions ou leurs évaluations, suivant les différens lieux & pays où elles sont en usage avec celles de Paris ; parce que dans le cours de cet Ouvrage, ces réductions & comparaisons se trouvent faites sous les noms de chaque mesure en particulier.

Les principales mesures des longueurs sont la ligne ou grain d’orge, le pouce, le pié, la toise, qui multipliés, composent chacun selon leur valeur, les pas géométriques & communs, & les perches ; & ceux-ci pareillement multipliés, font les arpens, les milles, les lieues, &c.

On met aussi au nombre des mesures des longueurs, celles dont on se sert à mesurer les étoffes, toiles, rubans & autres semblables marchandises.

A Paris, & dans la pluspart des provinces de France, on se sert de l’aune. Elle est aussi en usage à Amsterdam & dans toute la Hollande, en Flandre, en Brabant & dans une partie de l’Allemagne, à Stokolm & dans les autres villes de Suede, en quelques autres villes anséatiques, comme Dantzic & Hambourg ; à Breslau, Saint Gal, Geneve & Francfort ; mais toutes ces aunes n’ont pas la même proportion & longueur. Voyez Aune.

La canne est la mesure la plus connue dans le haut & bas Languedoc, particulierement à Montpellier & à Toulouse : on s’en sert également en Provence, en Guienne, à Avignon, à Naples & en Sicile. Voyez Canne.

La brasse est en usage presque par toute l’Italie, à Bologne, Modene, Venise, Florence, Luques, Milan, Bergame & Mantoue. Voyez Brasse.

A Turin, c’est le raz ; en Angleterre & dans une partie de l’Espagne, la verge ; le cavedos & le veras en Portugal ; la batre en Arragon, Castille & Valence ; le pan ou empan qu’on nomme aussi palme à Genes & en quelques lieux du Languedoc ; le picq à Constantinople, le Caire, Bosette, Seyde, Alexandrette, Alep, Alexandrie, l’île de Chypre & dans toutes les échelles du Levant. Voyez Ras, Verge, Cavedos, Veras, Barre, Pan, Palme, Picq.

Les Moscovites ont deux mesures des longueurs ; l’arcin & la coudée : il faut trois coudées pour deux arcins. Voyez Arcins & Coudée.

Enfin, le cobre est la mesure des étoffes à la Chine ; la gneze celle de Perse & de quelques états des Indes ; la vare celle de Goa & d’Ormus ; le cando ou candi celle d’une partie des Indes, sur-tout du royaume de Pégu : on s’en sert aussi à Goa pour les toiles. Le miou, le keub, le sok, le ken, le voua, le sen, le jod & le roeneug, sont les mesures de Siam ; le coïang de Camboye ; l’ikiens du Japon ; le pan sur quelques côtes de Guinée, particulierement à Loango. Voyez tous ces articles sous leurs titres.

Les mesures de continence pour les liquides, sont celles avec lesquelles on mesure les liqueurs : comme les vins, les eaux-de-vie, le vinaigre, le verjus, la biere : on y mesure aussi d’autres corps fluides, particulierement toutes sortes d’huiles.

A Paris, & dans une partie de la France, ces mesures, à commencer par la plus petite, sont le poisson ou posson, le demi-septier, la chopine, la pinte, la quarte ou le pot, dont en les multipliant, on compose les quartaux, demi-muids, queues, tonneaux, &c. Voyez Poisson, Demi-Setier, Chopine, Pinte, &c.

A Orléans, Blois, Nuis, Dijon, Mâcon, on mesure par queues ; en Champagne par demi-queues ; en Anjou par pipes ou bussars ; en Provence par millerolles ; à Bordeaux & dans le reste de la Guienne par tonneaux & barriques ; à Nantes par poinçons. Voyez Queue, Demi-Queue, Pipe, &c.

A Amsterdam, les mesures des liquides sont, à commencer par les diminutions, les mingles, les viertels ou verges, les stekans ou stekamens, les aukers & l’aem ; & pour les huiles la tonne. Voyez Mingle, Viertel, Stékan, &c.

En Angleterre, on se sert de tonneaux, de barriques, de gallons, de firkins, de kilderkins & de hogsheads. Voyez tous ces noms.

L’Espagne mesure par bottes, robes, sommiers, quartaux.

En Portugal, on parle par bottes, almudes, cavadas, quatas ; & pour l’huile par alguiers, autrement cantars. Voyez Almude, Alguier, &c.

En Italie, Rome mesure ses liqueurs à la brante, aux rubes & aux bocals ; Florence au star, au barril & aux fiasques ; Vérone à la brante & aux basrées ; Venise à l’amphora, à la botte, au bigot, à la quarte & au tischauferra ; Ferrare au mastilly & au sechys ; l’Estrie aussi au sechys & à l’urna : enfin la Calabre & la Pouille au pignatolis, au star & à la salme.

A Tripoli, les mesures liquides sont les rotolis & le matli ; à Tunis le matara & les rotolis. Les autres places de la côte de Barbarie se servent à peu-près de la même mesure.

Le feoder est la mesure dont on se sert presque par toute l’Allemagne ; mais il n’a pas dans toutes les diverses contrées de cette vaste partie de l’Europe les mêmes diminutions ou augmentations par-tout. En quelques lieux, le reoder est au-dessus du feoder,