vement, c’est-à dire de l’exercice du corps, du travail, & ceux du repos, relativement à la santé & aux maladies qui dépendent de la maniere reglée ou excessive en plus ou en moins avec laquelle on s’y livre, ont été suffisamment expliqués aux articles qui y ont rapport. Voyez Exercice, Mouvement, Travail, Repos, Oisiveté, Hygiene, Régime.
Il suffira de dire ici que la vraie mesure de l’exercice que l’on doit faire pour le bien de la santé, est de s’y livrer assez pour qu’il ne se fasse point d’amas dans le corps, d’humeurs crues mal travaillées ; & non pas trop, au point qu’il se fasse une dissipation de celles qui sont bien préparées à remplir leur destination dans l’économie animale.
Lorsque le corps acquiert plus de poids que de coutume, c’est une marque qu’il n’est pas assez exercé, qu’il est trop livré au repos ; lorsque le corps devient plus leger qu’à l’ordinaire, c’est une preuve qu’il se fait trop de déperdition, que l’exercice ou le travail a été trop fort, & que le repos est nécessaire. On est assuré d’avoir trouvé la proportion que l’on doit mettre entre la quantité des alimens que l’on prend & celle de l’exercice du travail, lorsque le corps conserve à-peu-près le même poids pendant plusieurs années de suite.
Ceux qui sont accoutumés dès l’enfance à des travaux rudes, comme ceux de la terre, qui les rendent exposés à toutes les injures de l’air & à toutes les vicissitudes, ont une vieillesse précoce ; ils sont dans un état de décrépitude dès l’âge de soixante ans : par la raison du contraire, les gens de lettres, & tous ceux qui menent une vie sédentaire, devroient, ce semble, avoir plus de droit à une longue vie ; mais il est cependant vrai qu’ils parviennent aussi très-rarement à un âge avancé, parce que le trop peu, comme le trop de dissipation, nuit également à l’économie animale, par la plénitude & les crudités dans le dernier cas, par l’épuisement & le desséchement dans le premier. Voyez Vieillesse.
IV. De la veille & du sommeil. Pour ce qui regarde les effets du sommeil & de la veille, en tant que l’usage reglé, l’excès ou le défaut en ce genre influe essentiellement sur la santé, pour la conserver ou pour lui nuire ; il doit en être traité suffisamment aux articles respectifs. Voyez Veille, Sommeil.
On se bornera à rappeller ici que le vrai tems où l’on doit faire cesser la veille & se livrer au sommeil, est lorsque dans l’état de santé & sans une fatigue extraordinaire, on se sent le corps engourdi, les membres pesans, la tête lourde, ce qui arrive ordinairement deux heures après le repas du soir fait, environ la fin du jour, pendant lequel on s’est suffisamment exercé. La mesure de la durée convenable du sommeil est que lorsqu’on s’éveille on se sente le corps dispos, agile, & l’esprit libre : le sommeil trop continué rend la tête pesante, cause un sentiment de malaise dans tout le corps, procure des inquiétudes par le défaut d’exercice des organes du mouvement, dont le retour devient nécessaire pour favoriser la circulation du sang, le cours des humeurs, les sécrétions & les excrétions ; ce qui rend indispensable pour le bien de la santé, la veille d’une certaine durée réglée de telle sorte, que la cessation pour le sommeil ne soit pas en général de plus de sept à huit heures pour les adultes ; les enfans en exigent davantage.
Mais la veille ne peut être que très-nuisible lorsqu’elle est employée à entretenir le corps trop longtems en action (sur-tout pendant la nuit, qui est le tems que la nature a destiné au repos du corps & de l’esprit), & qu’elle procure par-là une trop grande dissipation des esprits & des bonnes humeurs, soit pour le travail ou pour l’étude, ce qui jette dans
l’abattement & la foiblesse : à quoi on ne peut remédier que par le repos & le sommeil, qui sont toujours très-favorables à la digestion & au rétablissement des forces, lorsqu’ils sont placés convenablement, & que l’on ne s’y livre pas trop, sur-tout par l’habitude. Ensorte que pour qu’ils ne soient pas contraires à la santé, & qu’ils lui soient véritablement utiles, ils doivent être proportionnés à l’exercice & au travail de la veille qui a précédé : d’où il suit que les regles concernant le mouvement & le repos, conviennent également à ce qui regarde la veille & le sommeil.
V. De ce qui doit être retenu dans le corps, & de ce qui doit en être porté dehors. L’homme adulte en bonne santé, qui tient son corps & son esprit en action d’une maniere convenable & suffisante, prend chaque jour environ huit livres d’alimens ou de boisson, sans qu’il lui en reste aucune augmentation de poids après que la digestion est faite, & que la digestion des humeurs, les sécrétions & les excrétions sont achevées ; il s’ensuit donc qu’il se fait dans l’économie animale saine une juste proportion entre la matiere de la nourriture que l’on prend & celle des excrémens que l’on rend : ensorte que la santé se dérange inévitablement toutes les fois que la quantité des humeurs formées & retenues dans les différens vaisseaux du corps, excede celle des déperditions qui doivent se faire naturellement, ou que la dissipation qui s’en fait est plus considérable que leur entretien.
La conservation de la santé exige qu’il se fasse une séparation, une excrétion de tout ce qui est inutile & superflu dans le corps ; elles se font par la voie des selles, des urines, de la transpiration, & par l’expulsion de la mucosité des narines, de la gorge, des crachats, &c.
Une des plus importantes de ces évacuations, est celle de la partie grossiere des alimens, qui n’est pas susceptible d’être digérée, & n’est pas propre à prendre la nature des humeurs utiles à l’économie animale ; il est très-nécessaire que cette partie fécale, disposée à contracter de mauvaises qualités par son séjour dans le corps, n’y soit point retenue assez pour y donner lieu, & soit convenablement évacuée avec les parties excrémenticielles des humeurs qui s’y trouvent mêlées : c’est pourquoi il est très-avantageux, d’après l’observation faite à cet égard, que le ventre se vuide de ces matieres une fois par jour, pour éviter les mauvais effets qui s’en suivent lorsqu’elles sont retenues trop long-tems. Voyez Constipation.
Cependant le ventre paresseux, à l’égard d’une personne de bonne santé, est une marque de tempérament robuste : les personnes délicates au contraire ont naturellement le ventre libre ; les alimens humides végétaux, la boisson abondante, favorisent cette disposition, ainsi que l’usage des lavemens simples ; elle contribue beaucoup à procurer un teint frais ; mais si elle est excessive, elle affoiblit beaucoup. Il faut pour la corriger éviter l’usage des alimens stimulans, âcres, fermentescibles, & ceux qui sont huileux & trop gras. Voyez Déjection & Diarrhée.
Pour ce qui regarde les autres évacuations des matieres excrémenticielles, voyez Excrément, Secrétions, Urine, Transpiration, Morve, Mucosité, Narines, Crachats, &c.
Il y a aussi des humeurs qui, quoiqu’elles ne soient pas excrémenticielles de leur nature, ne laissent pas de devenir nuisibles lorsqu’elles sont retenues en trop grande quantité, absolue ou respective, comme le sang à l’égard des menstrues, des lochies, des hémorrhoïdes, & de toutes les hémorrhagies naturelles ou critiques, la semence & le lait, dont l’éva-