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parce qu’il n’y a que le sujet qui prononce le discours, ou à qui l’on adresse, ou dont on énonce l’attribut sans qu’il parle ni qu’il soit apostrophé. Or le nominatif est le cas qui désigne le nom comme sujet de la troisieme personne, c’est-à-dire comme le sujet dont on parle, Dominus probavit me : le vocatif est le cas qui désigne le nom comme sujet de la seconde personne, c’est-à-dire comme le sujet à qui on parle, Domine probasti me : c’est la seule différence qu’il y ait entre ces deux cas ; & parce que la terminaison personnelle du verbe est toujours suffisante pour désigner sans équivoque cette idée accessoire de la signification du nom qui est sujet, c’est pour cela que le vocatif est semblable au nominatif dans la plûpart des noms latins au singulier, & que ces deux cas, en latin & en grec, sont toujours semblables au pluriel. Voyez Vocatif.

Les modes personnels des verbes sont ceux où les verbes reçoivent des terminaisons personnelles, au moyen desquelles ils se mettent en concordance de personne avec le nom ou le pronom qui en exprime le sujet. Ces modes sont directs ou obliques ; les directs sont l’indicatif, l’impératif & le suppositif, dont le premier est pur & les deux autres mixtes ; les obliques qui sont aussi mixtes, sont le subjonctif & l’optatif. Voyez Mode, & chacun de ces modes en particulier.

Enfin les Grammairiens ont encore distingué des verbes personnels & des verbes impersonnels ; mais cette distinction est fausse en soi, & suppose un principe également faux, comme je l’ai fait voir ailleurs. Voyez Impersonnel. (B. E. R. M.)

Personnel, (Belles-Lettres.) ce qui concerne ou regarde particulierement les personnes. Voyez Personne.

Dans les disputes littéraires il n’entre que trop souvent du personnel ; aussi distingue-t-on les critiques en critiques réelles & critiques personnelles. Les critiques réelles sont celles où l’on ne s’attache qu’à relever les défauts des ouvrages. Les critiques personnelles sont celles où l’on s’attaque à l’auteur dont on censure la vie, les mœurs, le caractere, &c. Celles-ci ne se renferment pas toujours dans les bornes d’un badinage léger & permis, elles ne dégénerent que trop souvent en fiel & en aigreur, à la honte des lettres, ou, pour mieux dire, de ceux qui les cultivent. Voyez Anti.

C’est une maxime en morale que toutes fautes sont personnelles, c’est-à-dire qu’elles ne doivent point nuire aux parens ou aux descendans du coupable. Cette maxime n’avoit pas lieu chez les Macédoniens pour le crime de lése-majesté ; quiconque en étoit convaincu, étoit lapidé, & sa famille étoit enveloppée dans la même condamnation.

Personnel, (Jurisprud.) c’est ce qui est attaché à la personne, ou destiné à son usage, ou qui s’exerce sur la personne comme un droit personnel, une servitude personnelle, une obligation personnelle, une action personnelle, une charge personnelle. Le personnel est ordinairement opposé au réel qui suit le fond. Voyez Action, Bail à rente, Charge, Obligation, Rente, Servitude. (A)

PERSONNIER, s. m. (Jurisprud.) se dit en certaines coûtumes pour exprimer celui qui tient quelque chose en commun avec un autre, comme un cohéritier, un copropriétaire, un compossesseur, qui est sujet à même droit de taille ou deniers de servitude, ou mortaille, ou qui tient en commun & par indivis un héritage avec d’autres personnes, ou qui est compagnon de quelque trafic & négociation ; on appelle aussi personnier celui qui est complice d’un crime. Voyez les assises de Jérusalem, & les coûtumes de Normandie, Lille, Bourbonnois, la Marche, Angoumois,

S. Jean d’Angely, Poitou, Nivernois, Anjou, Maine, Bayonne. (A)

PERSONNIFIER, v. act. (Littérat.) action, ou, pour mieux dire, licence poétique, par laquelle on prête un corps, une ame, un visage, un esprit à des êtres purement intellectuels ou moraux, auxquels on attribue aussi un langage, un caractere, des sentimens & des actions.

Ainsi les poëtes personnifient les passions ou d’autres étres métaphysiques dont ils ont fait des divinités, & que les païens adoroient ou craignoient, telles que l’envie, la discorde, la faim, la fortune, la victoire, la déesse de la persuasion, le dieu du sommeil. A leur imitation, les modernes ont aussi personnifié des êtres semblables, telle est la mollesse dans le Lutrin de Boileau ; le fanatisme, la discorde, la politique, l’amour dans la Henriade de Voltaire. Voyez Machine, Merveilleux. On peut voir sous ces mots quelles précautions un auteur doit observer en personnifiant certains êtres, & dans quelles bornes ils sont maintenant resserrés à cet égard.

Quelques auteurs prétendent que les êtres personnifiés sont essentiels au poëme épique, & d’autres réduisent à ces sortes de fictions toutes les libertés que peuvent maintenant prendre les auteur ; qui travailleroient en ce genre. Voyez Merveilleux.

PERSPECTIF, adj. un plan perspectif, en Architecture, est un plan où les différentes parties d’un bâtiment sont représentées selon les dégradations ou les diminutions conformes aux lois de la Perspective. Voyez Perspective.

Pour rendre les plans intelligibles, on a coutume de distinguer les parties massives & solides par le moyen d’un lavis noir. Les saillies du rez-de-chaussée se marquent en lignes pleines, & celles que l’on suppose au-dessus, se distinguent par des lignes ponctuées, les augmentations & les changemens que l’on doit faire sont marquées par une couleur différente de celle qui représente ce qui est déja bâti, & les teintes de chaque plan deviennent plus claires ou plus légeres, à-proportion que les étages sont plus élevés ; dans les grands bâtimens, on fait ordinairement trois différens plans pour les trois premiers étages. On dit aussi représentation perspective, élévation perspective, &c. pour dire représentation d’un objet, suivant les regles de la Perspective, élévation d’un objet représenté en perspective. Voyez Perspective. (E)

PERSPECTIVE, s. f. (Ordre Encycl. Entend. Raison, Philos. ou Science, Science de la nature, Mathématiques, Mathématiques mixtes, Optique, Perspective.) c’est l’art de représenter sur une surface plane les objets visibles tels qu’ils paroissent à une distance ou à une hauteur donnée à-travers un plan transparent, placé perpendiculairement à l’horison entre l’œil & l’objet. La Perspective est ou spéculative ou pratique.

La spéculative est la théorie des différentes apparences ou représentations de certains objets, suivant les différentes positions de l’œil qui le regarde.

La pratique est la méthode de représenter ce qui paroît à nos yeux ou ce que notre imagination conçoit, & de le représenter sous une forme semblable aux objets que nous voyons.

La Perspective, soit spéculative, soit pratique a deux parties, l’Ichnographie, qui est la représentation des surfaces, & la Scénographie qui est celle des solides. Voyez Ichnographie & Scénographie.

Nous trouvons dans quelques ouvrages des anciens, & principalement dans Vitruve, des traces des connoissances qu’ils avoient de la Perspective, mais il ne nous est resté d’eux aucun écrit en forme sur ce sujet. Ainsi si cette science a été, pour ainsi dire, recréée par les modernes, Albert Durer & Pietro del Borgo en ont les premiers donné les regles ;