Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/29

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heures qui sont toujours les mêmes. On dit encore un geste réglé, &c.

Régulier, outre qu’il se dit au propre, les clercs réguliers, la discipline réguliere, il se dit au figuré d’un ami qui s’acquitte exactement de tous les devoirs de l’amitié ; c’est un ami régulier.

Nous disons une femme réguliere, pour dire une honnête femme qui garde toutes les bienséances ; mais il faut remarquer qu’une femme réguliere n’est pas une femme dévote : réguliere dit moins que dévote ; & la plûpart des femmes qu’on appelle régulieres, ne sont que de vertueuses payennes : elles ont beaucoup de modestie, & très-peu de dévotion.

On dit régulier des choses qui sont faites dans les formes, ou selon les regles de l’art ; une procédure réguliere, un bâtiment régulier, un discours régulier, une construction réguliere. Nous disons des traits réguliers, une beauté réguliere, un mouvement régulier, pour un mouvement égal & uniforme. Tous ces exemples font voir que réglé & régulier ne se disent point indifféremment. On dit néanmoins dans le même sens écrire réglément, ou écrire régulierement toutes les semaines. (D. J.)

Reglé, adj. (Architect.) On dit qu’une piece de trait est réglée quand elle est droite par son profil, comme sont quelquefois les larmiers, arriere-voussures, trompes, &c. (D. J.)

REGLEMENT, s. m. (Jurisprud.) On comprend sous ce terme tout ce qui est ordonné pour maintenir l’ordre & la regle ; tels sont les ordonnances, édits & déclarations, & les arrêts rendus en forme de réglement ; tels sont aussi les statuts particuliers des corps & communautés laïques ou ecclésiastiques. Voyez les mots Arrêt, Déclaration, Edit, Enregistrement, Lettres patentes, Loi, Ordonnance.

On entend aussi quelquefois par le terme de réglement, un appointement ou jugement préparatoire qui regle les parties pour la maniere dont elles doivent procéder, notamment les appointemens en droit au conseil, ou de conclusion. (A)

REGLER, v. act. c’est conformer à la regle. Voyez l’article Regle. On regle du papier, on regle sa conduite, on regle les fonctions d’un préposé, le prix des denrées, une affaire.

Regler, faire des reglemens. Voyez Reglement. Ce terme se prend aussi pour servir de regle, comme quand on dit que les statuts d’une communauté reglent les visites des maîtres, jurés & gardes à quatre par an.

On dit que des marchands se font régler, quand ils prennent des amis communs pour décider de leurs différends, & qu’ils seront réglés en justice quand ils portent leurs affaires devant les juges ; enfin qu’ils seront réglés par arbitrage, quand ils conviennent d’arbitres. Voyez Arbitres.

Regler, en fait de société, signifie liquider les affaires d’une société, compter ensemble, faire le partage des dettes actives & passives, voir ce que chacun doit porter de la perte, ou avoir du gain à-proportion de ce que chaque associé doit fournir à la caisse, & de l’intérêt qu’il a pris au fonds de la société. Voyez Société.

Régler un compte, c’est l’examiner, l’arrêter, en faire le bilan ou balance. Voyez Bilan & Compte. Dictionn. de Comm.

Regler le coup, (Imprimerie.) c’est marquer avec de la craie sur le tympan l’endroit où doit poser la platine, afin de donner à-propos le coup de barreau. (D. J.)

Regler est en Horlogerie ce que mesurer est en Géométrie. Le mouvement se regle, l’étendue se mesure ; mais dans l’un & l’autre cas il faut un objet de comparaison qui serve de point fixe, auquel

on rapporte l’objet qu’on veut régler ou mesurer. Ainsi le mouvement du soleil ou d’un astre quelconque dont le mouvement est connu, sera la mesure naturelle pour régler les montres & les pendules. Comme le soleil est l’astre le plus commode à observer, l’on le préférera, son mouvement étant très-sensible sur les cadrans solaires, ainsi que le point lumineux sur les méridiens ; il sera très-facile d’y rapporter le mouvement des montres & des pendules. Il y a eu un tems où il n’auroit pas fallu soupçonner la plus petite erreur dans le mouvement du soleil ; mais depuis qu’on s’est familiarisé avec l’Astronomie, on ne doute plus de ces irrégularités : l’on sait que dans ses révolutions il avance ou retarde de quelques secondes par jour, dont il faut tenir compte ; mais quand ces erreurs sont connues, appréciées, & qu’on en a formé des tables exactement calculées, alors c’est comme si elles n’existoient plus. On peut consulter là-dessus l’ouvrage que l’académie royale des Sciences publie toutes les années sous le titre de connoissance des mouvemens célestes. L’habile académicien qui les calcule, n’épargne aucun soin pour rendre cette matiere non seulement utile aux Astronomes, mais encore très intéressante à ceux qui cultivent les Mathématiques & la Physique générale. L’on trouve dans cet ouvrage des tables exactes de tous les mouvemens célestes, tant réguliers qu’irréguliers, & toutes les années on y fait entrer des objets toujours plus intéressans : ce qui rendra un jour la collection de cet ouvrage un bon fonds de sciences physiques & mathématiques.

Puisqu’on a des tables exactes des variations du soleil, l’on s’en servira donc pour régler les montres & les pendules, pourvu qu’on ait le soin d’ajouter ou retrancher les erreurs du soleil exprimées dans la table appellée d’équations, voyez Equations.

L’on dit quelquefois régler sa montre ou sa pendule, ce qui signifie tout simplement les mettre à l’heure du soleil ; mais regler une montre ou pendule en terme d’horloger proprement dit, c’est faire suivre le moyen mouvement du soleil, ensorte qu’elle n’avance ni retarde en plus grande quantité que les erreurs ou différences exprimées dans la table d’équation ; mais cela est-il bien possible ? & jusqu’où cela peut-il être ? Nous ne compterons pas ce que quelques particuliers nous rapportent de la justesse de leurs montres ou pendules ; la plûpart ignorent ce que c’est que d’être juste, & ne savent pas même ce que l’on doit entendre par bien aller. Ce n’est donc qu’à un horloger qu’on peut faire cette question, savoir jusqu’où l’on peut approcher de régler une bonne montre ou pendule ; question même très-embarrassante : car pour dire qu’une montre va bien, il faut déterminer le mot bien aller ce n’est pas d’être juste, il n’y en a que par hasard, & conséquemment pendant un tems assez court, mais ce sera celle dont on aura su prendre le terme moyen de ces variations, & pour le prendre il faut le connoître, ce qui ne peut être qu’après une suite de préparations & d’observations.

1°. Il faut démonter, visiter, examiner scrupuleusement toutes les parties du mouvement ; voir si elles sont dans le cas de bien faire toutes leurs opérations aussi constamment qu’on a droit de l’exiger dans une montre bien faite. En général une montre n’est bien disposée que lorsque la force motrice se transmet d’un mobile sur un autre avec toute son énergie, sans rencontrer sur son passage aucun obstacle qui l’interrompe, l’altere ou la suspende ; de telle sorte qu’on puisse considérer cette force motrice, ou le grand ressort développé, comme un bras de levier qui agit immédiatement sur le régulateur, comme s’il n’y avoit point d’intermédiaire, & que ce régulateur ou le balancier & son spiral soit pris pour l’autre bras de levier qui lui fait faire équilibre : ensorte que les vibrations de celui-ci soient telles, qu’elles ne soient point