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Première année. — No1.
Avril 1901.
BULLETIN DU COMITÉ
DE
L’ASIE FRANÇAISE
PUBLIÉ MENSUELLEMENT
AVEC LA COLLABORATION DE
Adresser toutes les communications relatives à la rédaction au Bulletin du Comité de l’Asie Française,
Paris — 19, rue Cassette, 19 — Paris

SOMMAIRE


Le programme du Bulletin 
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CARTES ET ILLUSTRATIONS


L’ŒUVRE DU COMITÉ


L’heure est venue pour la France d’avoir une politique asiatique certaine, consciente d’elle-même. La crise chinoise, qui ne fait que s’ouvrir, ne manquera pas de modifier profondément, en bien ou en mal, la situation des peuples ayant des intérêts en Asie. Elle peut aboutir à un partage plus ou moins net de la Chine en sphères d’influence, et dans ce cas il importe à la puissance maîtresse de l’Indo-Chine de savoir clairement et d’avance ce dont elle doit s’assurer pour garantir les approches de sa colonie. Elle peut au contraire laisser le grand corps chinois intact, mais travaillé par un mouvement de transformation que les influences étrangères essaieront d’orienter à leur profit. Cette évolution redoutable fera peut-être de la Chine un admirable marché pacifique, mais il n’est pas non plus impossible qu’elle fasse de la masse chinoise transformée l’instrument irrésistible de la ruine de notre empire indo-chinois. On voit combien il importe que nous discernions, que nous utilisions, dans la mesure du possible, les forces intérieures et étrangères capables d’influer sur l’évolution de la Chine de manière à la rendre sans danger et même profitable à nos intérêts.

Dans l’Indo-Chine même nous avons à rendre inébranlable notre domination en assurant la prospérité économique du pays, et surtout la collaboration consentie, bienveillante, des indigènes avec leurs maîtres politiques français. En un mot, dans le vaste problème asiatique, nous avons plus spécialement à résoudre la question de faire de notre Indo-Chine un organisme animé d’une vie propre, pouvant au besoin survivre par lui-même, sans avoir à recourir à la métropole d’une manière épuisante pour cette dernière, et sans doute inefficace au moment décisif. L’Indo-Chine française ne saurait durer si elle ne devient une force vi-