Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/041-050

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Fascicules du tome 3
pages 31 à 40

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 41 à 50

pages 51 à 60


dehiscens. On ne peut bâtir en ce champ-là, parce que ce sont des terres croulières. On dit aussi des prés crouliers. On appeloit autrefois croulis, les fondrières, & croulières, des ornières profondes

CROUPADE. s. f. Terme de Manège. La croupade est un saut plus relevé que la courbette, & qui tient le devant & le derrière du cheval en une égale hauteur, en sorte qu’il trousse ses jambes de derrière sous le ventre, sans les alonger ni montrer ses fers. Equi saltus erectis æqualiter tam anterioribus, quàm posterioribus pedibus. Hautes croupades, ce sont des croupades plus relevées que les croupades ordinaires. Manier à croupades. Mettre un cheval à l’air des croupades. Cheval qui se présente à croupades.

CROUPE. s. f. La partie de derrière du cheval, qui comprend depuis l’endroit où la selle porte jusqu’à la queue. Tergum. Il se dit de toutes les bêtes de monture & de somme. Ce cheval porte en croupe. Le postillon met la valise sur la croupe. Les Meuniers ne montent que sur la croupe de leurs mulets. Monter en croupe derrière un autre.

☞ On appelle croupe de mulet, une croupe pointue & aiguë. Ce cheval a la croupe de mulet.

Ce mot vient de crouppa, qui se trouve dans les Gloses, & est formé de l’Allemand grub, qui signifie gros, gras, épais. Men. On trouve Cruppa equi dans le procès des miracles de S. Yves, fait l’an 1321. C. 13. Acta Sanct. Maii, T. IV, p. 567. F. Bochart croit que ce mot a été fait par retranchement de croupion. Du Cange le dérive de l’Italien groppa, qui signifie fesse.

Croupe, se dit figurément dans quelques façons de parler, comme lorsque Voiture dit que l’Hymen porte d’ordinaire en croupe le repentir & la misère, pour dire que le mariage entraîne souvent après lui la pauvreté & les chagrins.

Un fou rempli d’erreurs que le trouble accompagne,
En vain monte à cheval pour tromper son ennui ;
Le chagrin monte en croupe, & galope avec lui. Boileau.

Post equitem sedet atra cura. Horace.

Croupe, se dit aussi ironiquement & populairement du derrière d’une femme. Cette femme a une belle croupe.

On dit figurément d’un homme fort délicat, & qui se fâche aisément & sans sujet, qu’il est chatouilleux sur la croupe.

On dit aussi, Gagner la croupe du cheval de son ennemi, pour dire, l’approcher par derrière.

Croupe, se dit aussi du haut, du sommet d’une montagne. Vertex, apex, jugum. Cette maison a belle vue, elle est sur la croupe de la montagne. Ils s’étoient saisis de la croupe du mont. Vaug. Ils firent des feux sur la croupe des montagnes. Ab.

Croupe, en Architecture, signifie aussi le derrière du chevet d’une Eglise, qui est arrondi. Testudo. La croupe de l’Eglise Notre-Dame est belle à voir de dessus le Pont-Marie.

Croupe, se dit aussi de la partie d’un bâtiment, ou pavillon ordinaire, qui n’est point bâtie en pignon, mais qui est coupée obliquement & couverte en penchant comme le reste du comble, & qui est garnie d’arrêtiers qui sont d’ordinaire de sept à dix pouces de gros, compris le délardement. Tectum testudinatum. On dit aussi des entraits de croupe, des chevrons de croupe, des fermes de croupe.

Croupe au Mur. Terme de Manège, qui signifie faire aller un cheval de côté, ayant la croupe placée du côté de la muraille ou de la barrière, & la tête & les épaules vers le centre du Manège. Voy. l’Ecole de Cavalerie de M. de la Gueriniere, p. 109.

CROUPÉ, ée. adj. Cheval bien croupé qui a une belle croupe. Philargyre a une maison bien réglée, un bon carrosse uni, deux chevaux bien croupés, deux laquais vêtus d’un bon drap gris, une servante propre, un ordinaire bien juste pour lui & pour ses domestiques. Ecole du monde. L’auteur n’est pas d’un grand poids.

Croupé. Vieux mot. Epais, de l’Allemand Grub. C’est de-là qu’est venu croupe de cheval, & croupion.

CROUPETONS (à). adv. Terme populaire, relatif à la manière de se tenir, lorsque la plante des pieds touchant à terre, le derrière touche les talons. Appressis humi clunibus accubare, incubare. On dit, Etre à croupetons, pour dire, Etre assis à terre sur sa croupe. Marcher à croupetons, pour dire, Marcher en se traînant contre terre. On dit aussi qu’un lièvre en forme est à croupetons, & qu’on le prend à l’accroupie.

CROUPIADER. V. n. Terme de Marine. Il signifie mouiller en croupière. Voyez CROUPIÈRE.

CROUPIAT. s. m. Terme de Marine. C’est un nœud qu’on fait sur le cable. Nodus in fune.

CROUPIER. s. m. Celui qui est associé avec un autre qui tient le jeu ou le dé. Ludi socius. Cet homme ne pourroit pas jouer si gros jeu, s’il n’avoit des croupiers avec lui. En terme de Bassette & de Pharaon, croupier est un homme que le Banquier choisit pour l’avertir des cartes qu’il oublie, & pour lui aider à recevoir & à payer : quelquefois le croupier est intéressé à la banque.

Croupier, signifie aussi un associé secret en un traité, en une ferme, qu’il laisse mettre & régir sous le nom d’un autre, dont il partage le gain, ou la perte ; à proportion de ce qu’il y a avancé. Alicujus negotii socius.

Croupier, se dit aussi en Jurisprudence Canonique, d’un confidentiaire qui prête son nom à celui qui plaide pour un Bénéfice. Confidentiarius. C’est ainsi qu’on l’appelle dans le Droit. Quand on se défie de son droit, on fait obtenir un dévolut sur soi-même, afin de l’obtenir en tout cas sous le nom d’un croupier.

Croupier, vient sans doute de croupe ; parce que celui qui est monté en croupe derrière un autre, est censé son compagnon de fortune.

CROUPIÈRE. s. f. Longe de cuir qui passe au-dessous de la queue du cheval, ou autre bête de monture, qui s’attache à la selle pour la tenir en état. Postilena, quasi post cella, dit Papias.

On dit figurément & proverbialement, Tailler des croupières à quelqu’un, pour dire, le poursuivre vivement, le faire bien aller, & courir, lui donner bien de l’exercice. Aliquem acriter insequi, persequi.

Croupière, ou Croupias, est une corde qui tient le vaisseau arrêté par son arrière. Navis retinaculum. Ainsi on dit en termes de Marine, Mouiller en croupière, ou en croupe, pour dire, Jeter un ancre du côté de la poupe pour maintenir les ancres de l’avant, & empêcher un vaisseau de se tourmenter, ou pour lui faire présenter toujours le même côté.

CROUPION. s. m. Os pointu qui est à l’extrémité de l’épine du dos & proche du fondement. Uropygium. Il est composé de trois os, dont le plus grand touche l’os sacrum ; le second est plus petit ; & le troisième est le moindre de tous. Au bout de ce dernier est attaché un petit cartilage. Cet os est autrement appelle coccys, parce qu’il ressemble au bec du coucou. Il s’est démis le croupion.

Croupion se dit aussi particulièrement de cette partie des oiseaux, où sont attachées les plumes de leur queue. Croupion de poularde, de chapon.

Garnir un Croupion. C’est, parmi les Rôtisseurs, Mettre proprement sous la peau du croupion plusieurs petits lardons, pour faire paroître le chapon plus gras.

CROUPIR. v. n. Demeurer dans une même situation ; se corrompre faute de mouvement. Desidere, stagnare, stare. On le dit particulièrement des choses qui se corrompent faute de mouvement. L’eau qui croupit est bientôt puante. On le dit aussi des personnes qu’on n’a pas soin de changer assez souvent de linge. Un malade, un paralytique, un enfant, croupiroient dans leur ordure, si l’on n’avoit soin de les nettoyer.

Croupir, se dit figurément en choses morales, pour dire, languir honteusement dans l’oisiveté, dans la nonchalance, ou dans quelque état triste. Demeurer long-temps dans le même état. Languere in otio, languescere, inertia marcescere. Les pécheurs croupiroient toujours dans le péché, sans la grâce. Comment Dieu qui est si miséricordieux, a-t’il laissé si longtemps croupir les nations idolâtres dans l’ignorance de sa Loi de grâce. Tav.

Las de vous signaler, & de vaincre en tous lieux,
Allez, allez croupir dans un calme odieux. Breb.

Croupi, ie. part.

CROUPISSANT, ANTE. adj. Qui croupit. Stagnans, deses, piger. L’habitation dans les lieux marécageux n’est pas saine, à cause des eaux croupissantes qui y sont d’ordinaire.

☞ CROUPISSEMENT. s. m. État des différentes matières qui croupissent. Le croupissement des alimens dans les intestins.

CROUPON. s. m. Les Tanneurs, & ceux qui font commerce de gros cuirs, appellent ainsi les cuirs de bœuf & de vache tannés, lorsqu’ils n’ont ni tête ni ventre, comme qui diroit, cuir de croupe. Un croupon de bœuf.

CROUSTILLE. s. f. Petite croûte de pain. Crustula. Dans ce mot & les suivans, prononcez l’s, quoiqu’ils viennent de croûte, où l’on ne la prononce point, & mouillez les deux ll.

CROUSTILLER, v. n. C’est manger de petites croûtes en buvant, pour rester plus long-temps à table. Crustulæ frustum comedere, rodere. Ne voulez-vous pas croustiller avec nous ? Il est familier

CROUSTILLEUSEMENT. adv. D’une manière croustilleuse, boufonne, plaisante. Lepidè, facetè. Il fait, il dit toutes choses croustilleusement. Cela est populaire.

CROUSTILLEUX, euse. adj. Terme populaire & vieux, boufon, plaisant, qui fait rire. Lepidus facetus. Cet homme est croustilleux.

Croustilleux. Ce mot se prend encore pour extraordinaire, ridicule, impertinent. Ineptus, insulsus. On dit quelquefois dans le discours populaire & familier en se fâchant, ou en se mocquant d’un homme : Voilà un plaisant corps, ou croustilleux personnage.

CROÛTAC ou demi-DANTZIKHORS. s. m. Monnoie d’argent qui a cours à Dantzick, & en d’autres villes du Nord. Les croûtacs valent neuf gros, à prendre le gros pour 18 penins.

CROÛTE. s. f. Partie extérieure du pain, endurcie par la cuisson, & principalement par celle du four. On le dit aussi de plusieurs autres choses. Crusta. La croûte d’un pain, la croûte d’un pâté. La croûte fine est celle où il y a du beurre mêlé avec de la fleur de farine. La croûte bise est celle où l’on n’emploie que la grosse farine.

Croûte, se dit aussi de tout ce qui se séche, s’endurcit sur la surface de quelque chose. Il se fait sur le sel qu’on garde une croûte qui est fort dure & épaisse. La sécheresse avoit fait une croûte si dure sur la terre, qu’on avoit de la peine à la labourer.

On appelle aussi croûte en Chirurgie, cette gale qui vient sur les plaies, quand elles se cicatrisent ; & aussi ce qui vient sur les boutons, dartres & autres maladies de la peau. On dit d’un homme couvert de gale, que son corps n’est qu’une croûte.

Croûte. Terme de Conchyliologie. Voy. EPIDERME.

Croûte de sucre. Voyez Sucre.

Croûte, signifie aussi, en terme de Peinture, un tableau douteux, une copie qu’on voudroit faire passer pour original, & généralement tout tableau noir, écaillé, & donc le plus grand mérite est le plus souvent d’être fort ancien.

Croûte. On nomme cuir en croûte, le cuir de vache, de cheval & de veau, qui a été plané, coudré & tanné, & qu’on a fait secher, après l’avoir tiré de la fosse au tan.

On appelle aussi, Parchemin en croûte, ou parchemin en cosse, celui qui n’a point été raturé sur le sommier par le Parcheminier.

Croûte veloutée. Terme d’Anatomie. Willis, dans la Pharmaceutice rationalis, prétend que la croûte veloutée, qu’on prend seulement pour l’épiphyse de la tunique nerveuse, est véritablement une tunique particulière assez épaisse de sa nature & on peut l’appeler proprement une tunique glanduleuse, à cause du grand nombre de glandules dont sa superficie extérieure est couverte.

On dit d’un avare, qu’il ne mange que du pain & des croûtes, pour dire, qu’il fait très-petite chère. On dit aussi, que croûte de pâté vaut bien pain. Pour dire, qu’on portera la peine de quelque chose, on dit proverbialement qu’on en aura les croûtes à ronger.

CROÛTELETTE. s. f. Synonyme à Croustille, moins usité. Crustula.

CROÛTIER. s. m. Ce mot se dit dans le même sens que Brocanteur qui ne se charge que de mauvais tableaux, & qui voudroit vendre ses copies pour des originaux. Ce Peintre n’est qu’un vrai Croûtier.

CROÛTON. s. m. Morceau de croûte de pain. Crusta, Crustula. Manger un croûton.

CROWN, ou COURONNE. Monnoie d’argent d’Angleterre.

CROY, ou CROUY. Car c’est ainsi que l’on prononce. Bourg situé proche le Monastère de Saint-Médard dans le Soissonnois. Croviacum, Croniacum, Croiciacum. Valois. Notit. Gall. C’est de ce Bourg que la Maison de Crouy tire son nom. Henri IV. l’érigea en Duché l’an 1598, en faveur de Charles de Croy Duc d’Arschot. Voyez Imhoff, Not. Imp. L. V. C. 13. sur la Maison de Croy.

CROYABLE. adj. m. & f. Digne d’être cru, qui mérite d’être cru. Credibilis. Il se dit des personnes & des choses. C’est un Auteur grave, & qui est fort croyable quand il dit quelque chose. Cet Orateur a reçu tant d’applaudissemens, que cela n’est pas croyable. Tout cela n’est pas croyable.

Ce que je viens d’entendre, ô Ciel, est-il croyable ! Molière.

☞ Le mot de croyable s’applique aux choses qui ne sont pas évidentes par elles-mêmes, ni évidemment déduites de leur cause ou de leur effet, mais dont la vérité est établie par d’autres preuves. On ne dit pas qu’il est croyable qu’on croit que la neige est blanche, que le tout est plus grand que sa partie, mais on dit que cela est évident. On voit, on connoît que cela est ainsi.

☞ CROYANCE. s. f. Ce mot signifie proprement la persuasion où l’on est de la vérité d’une chose, d’une proposition quelconque. Le consentement que l’esprit donne à quelque chose. Considéré comme synonyme à foi, il en diffère par sa généralité. Le mot de foi pris seul, exprime la persuasion où l’on est des mystères de la religion. La croyance des vérités révélées constitue la foi. Christianæ fidei capita. Bien que croyance & créance soient deux choses différentes, on prononce toujours créance ; à la fin on n’écrira plus autrement ; c’est déjà l’opinion de plusieurs, & j’y souscris. Vau. Peu de personnes écrivent présentement croyance. La délicatesse de la prononciation a passé dans l’orthographe. Corn. Ces Auteurs ont mal vu la destinée des mots croyance & créance. On écrit croyance & créance, suivant les cas. Les prudens du siècle se font un honneur de ne rien croire, pour se distinguer du vulgaire, & ne pas hazarder leur croyance. Tall. Dans la plupart des Chrétiens l’envie de croire tient lieu de croyance : la volonté leur fait une espèce de foi par les desirs, que l’entendement leur refuse par ses lumières. S. Evr. Parmi les Novateurs, chacun s’est fait un tribunal à soi-même, & s’est rendu l’arbitre de sa croyance. Flech. La croyance des Chrétiens est contenue dans le Symbole. Les Idolâtres ont eu des croyances ridicules & extravagantes.

Croyance, signifie aussi, opinion qu’on s’est mise dans l’esprit sur des raisonnemens & des conjectures. Opinio, Sententia. La croyance d’Aristote étoit, que le monde étoit infini & éternel. Il arrive bien des choses contre la croyance générale. Il y a des hyperboles moins hardies, & qui ne vont pas au-delà des bornes bien qu’elles soient au-dessus de la croyance commune. Bouh.

Croyance, se dit encore de la confiance qu’on a en une personne à laquelle on ajoûte pleine foi. Fides, fiducia. Ce Prince a une entière croyance en ses Ministres. La vertu souple & maniable d’Atticus lui attiroit souvent une croyance & une approbation qu’il ne méritoit pas. S. Réal.

☞ Corneille dans Polyeucte a dit, donner de la croyance à quelque chose. Cette expression, dit M. de Voltaire, n’est pas d’un françois pur.

☞ En effet, la croyance est dans celui qui croit, & non pas dans la chose qu’on croit.

☞ CROYANT, ante. s. Qui signifie littéralement celui ou celle qui croit. Ce mot ne s’emploie guère parmi nous qu’en parlant de celui qui croit ce que la religion enseigne. Qui Christianæ Fidei capitibus credit, fidem habet. Les Juifs appeloient Croyans, ceux qui faisoient profession de la Religion Judaïque, par opposition aux incrédules. Abraham est appelé dans l’Ecriture, le Père des Croyans. Credentium Pater. Les Turcs se sont appropriés le titre de Musulmans, qui veut dire en leur langue Vrais Croyans.

Les Albigeois, ou du moins quelques-uns parmi ces Hérétiques, ont été appelés Croyans. Voyez Acta SS. Maii, Tom. VII. p. 181. B. Ceux des Albigeois qu’on nommoit Croyans, menoient une vie déplorable, parce que, mêlant avec les plus énormes crimes une austérité apparente, ils s’assuroient d’être sauvés par la seule foi, sans être obligés, à ce qu’ils prétendoient, ni à la confession de leurs péchés, ni à la restitution de ce qu’ils avoient pillé par les usures, les rapines, les brigandages dont ils ne se faisoient aucun scrupule, non plus que de tous les autres déréglemens de la volupté, à laquelle ils s’abandonnoient avec une liberté effrénée, ne doutant pas de leur salut, pourvu qu’avant de mourir ils pussent recevoir l’imposition des mains de quelqu’un de ceux qu’ils appeloient les Bons-hommes ou les Parfaits. P. Benoît.

CROYE. s. f. Terme de Fauconnerie, qui se dit d’une maladie des oiseaux de proie, ou espèce de gravelle qui leur cause de l’obstruction dans la vessie.

CRU.

☞ CRU. s. m. Produit d’un fonds de terre qui appartient à quelqu’un, ou plutôt un terroir où quelque chose croît. Fundus. On le dit particulièrement du blé, du vin, des fruits, & généralement de toutes sortes de denrées. Ces fruits sont de mon cru. Il ne boit que du vin de son cru, c’est-à-dire, tiré des vignes & vignobles qui lui appartiennent.

☞ Quelquefois il signifie la même chose qu’accroissement. Ces arbres ont bien poussé ; voilà le cru de cette année.

☞ Dans le style figuré, mais familier, on dit qu’une chose est du cru de quelqu’un, pour dire ; qu’elle vient de lui, que c’est lui qui l’a inventée. Toutes les circonstances du fait que vous nous contez, sont de votre cru. Cet écrivain ne nous donne rien de son cru, il ne fait que compiler.

Cru. Part. du verbe croître. Champignon cru en une nuit. Natus, ortus. Voyez Croître.

Cru. Part. du verbe croire. Voyez ce mot.

Cru, par opposition à cuit. Voyez Crud.

Cru & Crud. Terme de Fauconnerie. Le cru du buisson, c’est-à-dire, le milieu du buisson où se met la perdrix pour se garantir des chiens. On dit aussi le creux du buisson.

CRUAUTÉ. s. f. Passion féroce qui exclut tout sentiment d’humanité, & nous porte à faire du mal aux autres, sans avoir dessein de les rendre meilleurs, par pure insensibilité, ou par le plaisir de les voir souffrir. Voyez Barbarie, Inhumanité. Crudelitas, sævitia. La cruauté seroit naturelle aux hommes, si la vertu n’en étoit le correctif. Il arrêta le cours d’une cruauté si barbare & si detestable. S. Evr. L’amour que nous avons pour la vie, redouble notre aversion pour la cruauté. M. Esp. Il ne faut pas prendre une cruauté lâche & assouvie, pour la clémence. Id. Les Anglois avides de la cruauté du spectacle, veulent avoir des meurtres & des corps sanglans sur la scène. S. Evr. Dans Tacite la cruauté est prudente, & la violence avisée. Id. L’humeur chagrine du Roi dégénéra en cruauté. S. Evr.

Engraisse-toi, mon fils, du suc des malheureux,
Vas par tes cruautés mériter la fortune. Boileau.

Dans le fond de la Thrace un barbare enfanté,
Est venu dans ces lieux souffler la cruauté. Racine.

Cruauté, se dit des bêtes sanguinaires & féroces. La cruauté des tigres, des ours, des lions.

☞ On dit aussi la cruauté du sort, du destin, de la fortune & de choses semblables que l’on paroît personnifier.

Cruauté, signifie aussi l’action même qui est cruelle. Les Turcs ont fait souffrir d’étranges cruautés aux Chrétiens.

Cruauté, se dit figurément en choses morales, & sur-tout dans les expressions amoureuses, & signifie, dureté, rigueur, insensibilité. Tous les amans se plaignent des cruautés de leurs maîtresses. Vos yeux exercent une grande tyrannie sur mon cœur. Hélas ! vous appelez votre cruauté le soin de votre repos P. De Cl. Quoi ! vous voulez éprouver ma constance par un essai de toutes vos cruautés. S. Evr. La cruauté n’est point si dangereuse que des bontés prodiguées, & mal ménagées. Id.

Il ne faut point qu’une rare beauté
Ait trop d’amour, ou trop de cruauté,
L’une dégoûte, & l’autre desespère. Main.

Haï de tous les Grecs, pressé de tous côtés,
Me faudra-t-il combattre encor vos cruautés ? Racine.

Cruauté, signifie quelquefois une chose fâcheuse, odieuse, insupportable. C’est une cruauté de laisser jouer cet homme-là avec ces filoux, il perdra tout son argent. Il signifie quelquefois simplement, c’est dommage. C’est une cruauté d’abattre cette belle allée qui vient si bien, de couper ce taillis qui n’a que quatre ans, de ruiner ce pavillon qui est si bien bâti.

☞ CRUCHE, s. f. Vaisseau ordinairement de terre ou de grès large par le ventre, étroit par le cou, servant à puiser de l’eau, à mettre ou transporter des liqueurs. Il a une anse. Hydria. Remplir une cruche d’eau. Vider, casser sa cruche. Les Danaïdes sont représentées avec des cruches, & occupées à remplir leur tonneau.

Ce mot vient de l’Allemand krug, signifiant la même chose.

Cruches fécondes, qui viennent du Levant. Le Sr. Paul Lucas en a apporté en France. Les meilleures se fabriquent dans une ville de la Haute-Egypte, nommée Kana, près des mines de Dindera. Ces cruches rafraîchissent les liqueurs en très-peu de tems, & l’on y seme sur l’extérieur de la salade, qui y croît, & est bonne à manger en 4. ou 8. jours de tems. On dit que l’eau qui a été quelque tems dans ces cruches, a la vertu de guérir les dyssenteries & pertes de sang causées par quelque vaisseau rompu dans le corps. Voyage de Paul Lucas.

Cruche, signifie figurément & populairement un homme bête & stupide, qui ne sait point raisonner. Stolidus, stupidus, plumbeus.

On dit proverbialement ; tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se brise, pour dire, qu’à force de s’exposer aux dangers, on y demeure à la fin. On dit aussi à ceux qui veulent trop s’opiniâtrer, trop tourmenter un homme, vous le feriez devenir cruche.

CRUCHÉE. s. f. Plein une cruche. Ce que peut contenir une cruche. Une cruchée d’eau fraîche. Il a une cruchée d’huile pour sa provision. Les Artichaux d’un an ou de deux doivent être arrosés régulièrement deux ou trois fois la semaine à une cruchée dans chaque pied. La Quin.

CRUCHERIE. s. f. Terme du discours familier, qui ne se dit qu’en riant, & signifie, folie, bêtise, stupidité. Stultitia, insania, stoliditas. On demandoit un jour à Madame la Marquise de Sablé, pourquoi elle prenoit des précautions singulières pour sa santé, & pourquoi elle avoit tant d’appréhension de la mort, c’est là ma crucherie, répondit-elle. Danet.

CRUCHON. s. m. Petite cruche. Urnula. Dans les caves on se sert de cruches & de cruchons.

CRUCIADE. Bulle de la Cruciade. Ce mot se trouve dans l’histoire de Jérôme Acosta, touchant l’origine & le progrès des revenus Ecclésiastiques. Voici ce qu’il en dit, p. 175. Les Rois d’Espagne tirent encore aujourd’hui un très-grand revenu de la Bulle qu’on nomme la Cruciade. L’on sait que les Bulles des Papes pour avoir la permission de manger pendant le Carême, des œufs, du fromage, & quelques autres choses semblables, ont beaucoup de cours en Espagne. Celle de la Cruciade se publie solennellement, & dure trois ans, du jour qu’elle a été publiée. L’on fait trois prédications dont la première s’appelle suspension, parce qu’elle suspend toutes les autres Bulles qu’on auroit pu prêcher ; en sorte que ceux qui veulent jouir des permissions que leur donnent les autres Bulles, sont obligés de prendre celle-ci. La seconde prédication se nomme composition, parce qu’elle contient une clause qui remet l’obligation de restituer jusqu’à la somme de 15. ou 20. ducats, quand on ne se souvient pas à qui l’on doit restituer. On nomme la troisieme reprédication, parce qu’on prêche de nouveau la première & la seconde.

Outre ces prédications, on en ajoute une quatrième, & l’on publie au moins six Jubilés, qui sont taxés à huit maravedis par tête, & à quatre pour les morts. Chaque Jubilé produit au Roi d’Espagne plus de vingt-cinq mille ducats par an. Les Espagnols font monter le revenu que le Royaume tire, tant des Bulles que des Jubilés, pendant les trois ans de la Cruciade, à un million vingt-quatre mille ducats, tous frais faits, c’est-à-dire, sans compter la dépense des Prédicateurs, des Exécuteurs & des Imprimeurs des Bulles.

Les Papes ont souvent accordé aux Rois d’Espagne & de Portugal, des Bulles de la Cruciade, pour lever des décimes sur les Ecclésiastiques, sous prétexte des guerres qu’ils avoient contre les Infidèles. Nous apprenons des Historiens Portugais, que leur Roi Jean II. en ayant obtenu une d’Innocent VIII. pour le secourir dans la guerre qu’il avoit en Afrique, ce Pape la lui vendit bien cher, car il ôta au Royaume la liberté qu’il avoit de ne recevoir aucune Bulle venant de Rome, qu’elle ne fût auparavant examinée dans le Conseil du Roi de Portugal. Voyez Emanuel Telles dans la vie de Jean II. imprimée à Lisbonne en 1689.

CRUCIAL, ALE. adj. Terme de Chirurgie qui ne se dit guère que dans cette phrase. Une incision cruciale, pour dire une incision faite en forme de croix. Crucis formam referens.

CRUCIATA. s. f. Plante. Voyez Croisette. C’est la même chose.

CRUCIFÈRE. adj. m. & f. On appelle colonne crucifère toute colonne qui porte une croix, & qui est posée sur un piédestal, ou sur des degrés pour servir de monument de piété dans les cimétières, ou devant les Eglises, ou dans les places publiques. Crucifer.

Crucifère. adj. Terme de Botanique, qui s’applique aux plantes dont les fleurs sont disposées en forme de croix, comme dans le cresson, le thlaspi, le chou, &c.

CRUCIFIEMENT. s. m. Le supplice qu’on faisoit autrefois endurer sur la croix. Crucis supplicium. Le crucifiement de J. C.

Le Grand Constantin, après avoir embrassé la Foi Chrétienne défendit de faire endurer aux criminels le supplice de la Croix, par le respect qu’il avoit pour le crucifiement de J. C. Voyez au mot Croix, comment se faisoit le crucifiement chez les Anciens.

On le dit aussi des tableaux qui représentent le crucfiement de J. C. Les Peintres ont fait des crucifiemens de diverses manières. Christi In Cruce morientis in tabella adumbratio, delineatio.

Crucifiement, se dit figurément en choses morales des passions, des sentimens & des inclinations de la nature, pour marquer leur extinction. C’est alors un terme de spiritualité. Extinctio, repressio. L’oraison est le crucfiement de toutes nos passions, la mort de notre amour propre. Madame de la Vall.

CRUCIFIER, v. a. Attacher à la croix, faire mourir en croix. In Crucem tollere, agere, Cruce afficere, Cruci affigere, figere. Nos péchés ont été cause que les Juifs ont crucifié J. C. qu’ils l’ont fait mourir en croix.

Crucifier, avec le pronom personnel, se dit figurément des personnes dévotes qui ont renoncé au monde pour s’attacher à Dieu. Christi in Cruce morientis dolores æmulari ; se totum Christi in Cruce morientis obsequio, voluntati mancipare. Ils se sont crucifiés en esprit.

On dit hyperboliquement, qu’un homme se feroit crucifier pour de l’argent, pour servir ses amis, plutôt que de faire une telle chose ; pour dire qu’il seroit capable de faire tout pour ses amis, pour de l’argent, qu’il endureroit toutes sortes de tourmens plutôt que de faire une telle chose.

Crucifié, ée. Part. Saint Paul ne vouloit rien savoir ni connoître que J. C. crucifié. Crucifixus, affixus, suffixus.

CRUCIFIX. s. m. Croix où J. C. est représenté attaché. Christi in Cruce pendentis effigies, imago. On met un Crucifix dans toutes les Eglises sur l’entrée du Chœur. Il y a des Chapitres ou J. C. est le premier Chanoine, il a les fruits d’une Prébende. Il y a dans l’Eglise Paroissiale de Caudebec un Crucifix singulier, & peut-être unique dans son espèce. Ce n’est ni la Sainte Vierge, ni Saint Jean l’Évangeliste, ni la Madeleine, qui se tiennent au pied de la croix, comme dans presque toutes nos autres Eglises ; c’est notre premier père Adam qui en embrasse le pied, un genouil en terre, sans autres vêtemens qu’une ceinture de feuilles d’arbre, & tenant de la main droite un calice ou une coupe, pour recevoir le sang qui coule des plaies du Sauveur. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. T. I. p. 9.

On dit proverbialement des dévots outrés, & des hypocrites, que ce sont des mangeurs de Crucifix.

On dit, mettre les injures qu’on a reçues, mettre ses ressentimens aux pieds du Crucifix, pour dire, oublier pour l’amour de Jésus-Christ crucifié les ressentimens, les injures qu’on a reçues. Acad. Fr.

On dit populairement, faire le demi-Crucifix, pour dire, demander l’aumône, parce qu’ordinairement les gueux alongent un bras de côté pour demander la charité.

Crucifix. Confraternité, ou Archiconfraternité du Crucifix à S. Marcel à Rome, est une Société ou Confrérie qui s’exerce en différens actes de charité. On appelle ceux qui y sont associés, les Confrères du Crucifix. Voyez le P. Helyot, T. VIII. p. 363.

CRUCIFIXION. s. f. Crucifiement. L’action de crucifier, d’attacher à une croix ; l’état d’un homme attaché à la croix. Crucifixio. Le P. Joseph, Capucin, ayant établi l’Ordre de Notre-Dame du Calvaire, donna à l’un des Monastères de Paris, le nom de Crucifixion, afin d’imiter & d’honorer le Mystère de la compassion de la Sainte Vierge aux douleurs de J. C. Il ordonna qu’à cet effet il y eût jour & nuit, sans interruption, une Religieuse au pied de la croix, afin de réparer par une espèce d’amende honorable, & par des actes d’amour & de reconnoissance, les outrages que font les pécheurs à cet arbre de vie. P. Heliot, Tome V Chap. 46.

Presque tous nos Auteurs se servent de Crucifiement ; mais M. Bayle & quelques autres, & principalement les Protestans, affectent de dire toujours Crucifixion. Misson, parlant de S. Pierre qui fut crucifié la tête en bas, dit que le tableau de cette crucifixion se voit à l’Eglise de S. Paul aux trois fontaines, de la main du Guide. Lorsqu’on consacroit l’Eucharistie dans l’ancienne Eglise, on rompoit toujours le pain à l’exemple de J. C. pour représenter sa Passion & sa Crucifixion. De la Roche. Si l’on ajoûte tout ce qui se passa entre la condamnation & la Crucifixion, ainsi que S. Matthieu le raconte, il s’ensuivra qu’il étoit bien huit ou neuf heures quand le Seigneur fut attaché à la croix. Le Clerc.

☞ CRUD, ue. adj. On ne prononce pas le d. Il seroit plus simple de ne point le mettre, on est même obligé de le retrancher au féminin. Crud est l’opposé de cuit, & se dit généralement des fruits, des viandes, des alimens qui n’ont pas encore reçu par l’action du feu ou par un certain degré de chaleur, la préparation nécessaire pour pouvoir servir de nourriture à l’homme. Crudus. Les fruits cruds ne sont pas si sains que les fruits cuits. La chair crue se conserve moins que la cuite.

Crud, se dit dans les arts & métiers de plusieurs choses qui n’ont pas encore reçu la préparation, l’apprêt nécessaire pour être employées.

La colle ne vaut rien crue, il faut là cuire. Du chanvre crud, qui n’a pas encore été trempé dans l’eau. Canabis nondum macerata. De la soie crue, qui n’est ni lavée ni teinte. Bombyx nondum abluta, nondum tincta. Les petits velours à un poil, crêpes & crêpons se font de soie teinte sur le crud. Les satins, damas & vénitiennes, ne doivent point être faits de soie teinte sur le crud. Toutes ces étoffes doivent être de soie cuite en chaîne, trame, poil ou broche ou toutes de soie crue, sans aucun mêlange de crue & de cuite. Teindre sur le crud, ou teindre à demi-bain, ne se dit que de la teinture des soies. C’est mettre les soies à la teinture, sans les avoir auparavant parfaitement décreusées.

Teindre sur le Fil crud, qu’on nomme plus communément Fil écru. C’est celui qui n’a point été mis à la lessive, soit pour le blanchir, soit pour le teindre.

On le dit encore de ce qui est indigeste. Le melon est crud sur l’estomac.

En Chimie on appelle de l’antimoine crud, quand il est tel qu’il sort de la mine, sans préparation. Du mercure crud, &c.

En Médecine on dit que les humeurs sont crues, lorsque la chaleur naturelle est foible, & qu’elles n’ont pas la préparation que la digestion leur fait acquérir ordinairement. Quelques Médecins modernes entendent par des humeurs crues, des humeurs qui ne sont pas broyées comme elles le doivent être. Ce sont ceux qui veulent que dans le corps tout se fasse par trituration.

Crud, se dit aussi d’un cuir qui n’a reçu aucune préparation ni apprêt.

Crud, se dit figurément des discours désobligeans auxquels on n’apporte aucun adoucissement pour ôter ce qu’ils ont de rude ou de choquant. Durus, asper, rigidus, severus. Faire un pareil reproche à quelqu’un, cela est bien crud. Ne nous établissons point d’opinion sur l’opinion de nos maîtres, & ne recevons pas leur doctrine toute crue. S. Evr. Il lui conta cette nouvelle toute crue.

Crud, se dit aussi des ouvrages, des compositions d’esprit qui sont encore informes, qui n’ont pas la perfection requise. Impexus, impolitus, imperfectus. Cet Auteur a laissé son ouvrage imparfait, il est encore tout crud, il n’y a pas mis la dernière main.

Crud, & mieux Cru, est encore un terme de Peinture qui s’applique aux lumières, lorsque les grands clairs sont trop près des bruns, & aux couleurs, lorsqu’elles sont trop entières & trop fortes.

A Crud, se dit adverbialement. Un homme armé à crud. Cataphractus, continuo serro tectus sinè interioriveste, ocreatus sinè tibialibus ; botté à crud, c’est à-dire, sans habits, sans bas sur la peau. Monter un cheval à crud, c’est-à-dire, sans selle, ou à poil. Nudo equo insidere.

Crud. s. m. En termes de Fauconnerie. Voyez Cru.

CRUDELITÉ. s. f. Mot formé du Latin Crudelitas, qu’on employoit autrefois pour cruauté. On disoit aussi Cruex, crueux & crueusement, pour cruel & cruellement.

CRUDITÉ. s. f. Qualité des fruits & des viandes qui n’ont pas encore reçu par l’action du leu, par la cuisson proprement dite, la préparation nécessaire pour pouvoir servir de nourriture. On le dit de même de ce qui est indigeste. Cruditas. La crudité du melon, de la châtaigne, des coins, est plus dangereuse que celle des autres fruits. La bille d’acier qu’on fait bouillir dans l’eau, ôte sa crudité. L’eau pannée, où l’on a trempé du pain, perd sa crudité.

Crudité des humeurs en Médecine, c’est la mauvaise qualité des humeurs qui ne sont pas digérées. On entend proprement par crudités, les humeurs crues contenues dans les premières voies, produites par des alimens mal digérés. Saburra cruda ; & crudités d’estomac, si elles font sentir leurs mauvais effets dans l’estomac. Ces viandes engendrent des crudités. Il a des crudités dans l’estomac.

Crudité des couleurs & des lumières. V. Crud, terme de Peinture.

CRUE. s. f. Quand il vient de croître, il signifie, augmentation. Incrementum, accressio, accessio. La crue des rivières vient de la fonte des neiges. Les Anciens admiroient la crue du Nil en été, parce qu’ils n’en connoissoient point encore la source. Crue se dit particulièrement des augmentations des rivières, causées par les pluies ou par la fonte des neiges. Les crues des rivières ont causé dans toute l’Europe à la fin de 1740. des inondations affreuses, & des dommages infinis. Voilà une terrible crue. Cette crue a inondé toutes les vallées. La Loire est dangereuse dans ses grandes crues.

Crue, est encore la seconde partie de la taille. On l’imposoit ci-devant par une commission particulière sur le pied de la grande taille. Tributi accessio. On distinguoit, taille, taillon, crue, subsistance, étapes, &c. qui sont à présent confondues.

Crue, se dit aussi pour croissance, augmentation de grandeur. Cet arbre a pris toute sa crue. Par extension, il se dit aussi des hommes. Cet enfant n’a pas pris toute sa crue. Voyez Croissance.

Crue, en termes de Palais, est un parisis, ou cinquième denier qu’on ajoûte à l’estimation des meubles prisés par un huissier, & qui sert de supplément pour les remettre à leur juste valeur. Accessio. Quand les meubles d’un inventaire n’ont point été vendus à l’encan, on les estime avec la crue dans un compte, dans un partage. Les veuves ont d’ordinaire stipulé l’avantage de prendre leur préciput en meubles, suivant la prisée, & sans crue.

☞ CRUEL, elle adj. Celui qui se plaît à faire du mal aux autres par insensibilité de cœur, ou par le plaisir de les voir souffrir. Crudelis. On le dit des personnes & des actions. Les peuples sauvages sont cruels. Voilà une action cruelle & sanguinaire. Les gens cruels sont d’ordinaire des lâches, qui cherchent leur sûreté en exterminant ceux qui les pourroient blesser. Mont. La Religion nous commande des choses difficiles, mais elle n’est ni affreuse, ni cruelle. Ben.

Cruel, se dit aussi des animaux féroces. Les tigres d’Hircanie sont fort cruels.

Cruel, se dit encore des choses douloureuses. Durus, asper, acerbus, crudelis, molestus. C’est un tourment cruel que la jalousie. Un destin cruel l’a persécuté toute sa vie. C’est mourir d’une mort cruelle, que de mourir de la pierre. C’est une folle imagination de croire que la vertu adoucit la rigueur des supplices les plus cruels. M. Esp. Le Magistrat qui punit un scélérat par les plus cruels supplices, ne doit avoir pour sa personne aucun mouvement de haine.

Cruel, se dit aussi pour, dur, fâcheux, nuisible, accablant.

Que les Dieux sont cruels, quand ils sont trop faciles !
Helas ! que les refus sont quelquefois utiles ! Mol.

Les Stoïciens se piquoient d’une fermeté intrépide dans les plus cruelles disgraces. S. Evr. Il avoit toutes les apparences d’une entière liberté d’esprit dans les plus cruelles agitations. S. Real. Un spectacle si funeste & si cruel ôta l’usage des pleurs à ce pere désolé. Fel.

Le Ciel a pour nos vœux une bonté cruelle ;
Il devroit être sourd aux aveugles souhaits. La Font.

Cruel, se dit aussi des choses qui sont simplement rudes, fâcheuses. Les Amans disent que l’absence est une chose cruelle, que leur Maîtresse est cruelle, quand elle ne satisfait pas leurs desirs. On le dit même des simples paroles. Epargnez-moi de si cruelles conversations. P. de Cl. Quand on est accoutumée à être jeune & belle, c’est une cruelle chose de se voir vieille & laide. M. Scud.

Ne m’assassinez point de vos cruels adieux. Corn.

Ah ! pour jamais adieu : songez-vous en vous-même,
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime. Racine.

Cruel, se dit simplement pour mauvais. Voilà un cruel tems, pour dire, un vilain tems.

On ne voit plus qu’Alceste ou Thésee, ou Cadmus,
Quoiqu’on n’y trouve point de machines nouvelles,
Que les vers soient mauvais, que les voix soient cruelles, &c.

La Font.

On dit qu’un homme fait le cruel quand il ne répond pas bien aux cajoleries qu’on lui fait ; & au contraire, qu’une femme n’est pas cruelle, pour dire honnêtement, qu’elle est de facile composition.

Cruel, pour le masculin, & Cruelle, pour le féminin, est aussi quelquefois substantif. Néron étoit un Cruel.

Jamais Surintendant ne trouva de cruelles. Boil.

CRUÉLISER. v. a. Mot nouveau & peu en usage, pour dire, traiter avec cruauté. J’aime les belles cruelles ; mais je ne veux pas qu’elles me cruélisent longuement. Vasconia. Il est peu de femmes capables de cruéliser un amant couronné. Made Du Noyer.

CRUELLEMENT. adv. D’une manière cruelle. Crudeliter, inhumaniter, atrociter. Il l’a fait mourir cruellement. Ces Auteurs se sont déchirés cruellement dans leurs écrits. Je hais cruellement ceux qui n’ont de l’esprit que pour déplaire. Ch. de Mer. Valdè, maximè, pessimè. Ce critique s’attache cruellement sur tous les Ouvrages, & ne trouve rien de supportable dans les livres. Balz.

CRUEMENT. adj. D’une manière dure, sans qu’on se donne la peine d’adoucir ce qu’il y a de mal ou de fâcheux dans ce qu’on dit ou dans ce qu’on fait. Austerè, severè, parum comiter. Il ne faut pas dire aux gens tout cruement leurs vérités, quand on veut qu’ils en profitent. Les Grecs se pilloient tout cruement les uns les autres. Charp. Omninò, palàm, audacter.

CRUPELLAIRE. s. m. Crupellarius. Les Crupellaires étoient chez les anciens Gaulois des Soldats armés de toutes pièces, de pied en cap. Cataphracti milites.

CRUPÉZIA. Voyez Castagnettes.

CRURAL, ale. adj. Terme d’Anatomie. Est l’épithète qu’on donne à la grosse artère & à la grosse veine de la cuisse. Crurum arteriæ. L’artère crurale vient de l’iliaque, ou plutôt c’est l’artère iliaque qui change de nom, & qui s’appelle crurale, dès qu’elle est entrée dans la cuisse. Elle porte le sang dans toute cette extrémité par un grand nombre de branches. La veine crurale est formée de six autres veines, qui sont la sphène, la grande & la petite sciatique, la muscule, la poplitique, ou la jarretierre, & la surale. Elle reporte le sang de toute l’extrémité inférieure dans la veine iliaque. Il y a aussi un muscle qu’on appelle crural, qui est attaché à l’os de la cuisse, comme le branchial l’est à l’os du bras, & qui va s’insérer au haut du gros os de la jambe.

CRUSCA. Ce mot est Italien, & signifie le son, ou ce qui reste quand la farine est blutée. Il n’est en usage que dans cette phrase ; l’Académie de la Crusca. C’est une Académie établie à Florence pour la perfection de la langue Toscane. Elle a pris son nom de son emploi, & de la fin qu’elle se propose, qui est d’épurer la langue Toscane, & pour ainsi dire, d’en séparer le son. Sa devise est un bluteau, avec ce mot italien, Il più bel flor ne coglie, c’est à-dire, Il en recueille la plus belle fleur. Dans la salle où se tient cette Académie tout fait allusion à son nom & à sa devise. Les sièges ont la forme d’une hotte à porter du pain, leur dossier celle d’une pèle à remuer le blé ; les grandes chaises sont faites en façon de cuves d’osier, ou de paille, où l’on garde le blé, les coussins des chaises sont de satin gris en forme de sacs ; les étuis dans lesquels on met les flambeaux, ressemblent aussi à des sacs. C’est ce que rapporte Monconis dans son premier voyage d’Italie.

Le Dictionnaire de la Crusca, est un Dictionnaire Italien composé par cette académie.

CRUSTACÉ & mieux CRUSTACÉE. adj. Animal qui n’a point de sang, & qui est couvert d’écailles divisées par des jointures différentes. Crustâ tectus. M. Wodward dans son Histoire Naturelle, remarque que pour tous les coquillages & les nautiles, & dans toutes les couches de différentes matières que l’on tire de la terre, il ne se rencontre presqu’aucun de ces poissons Crustacées ou couverts d’une écaille, tels que les écrevisses, dont la raison est, dit cet Auteur, que ces sortes de poissons étant plus légers que les coquillages, ils ont dû au déluge rester à la surface de la terre, après l’affaissement de différentes couches, & s’y corrompre, en sorte qu’il n’en est demeuré presque aucun vestige. Journ. des Sav.

L’écrévisse est un poisson Crustacée, fait à peu près comme le scorpion. Andry.

☞ On dit substantivement, les Crustacées. Le homar est du genre des Crustacées.

CRUYS-DAELDER. s. m. Monnoie d’argent qui se fabrique à Conisberg, ville de la Prusse Ducale, & qui a cours dans les Etats du Roi de Prusse, & dans plusieurs autres. Le Cruys vaut trois florins & seize gros.

CRUZADE. s. f. Monnoie d’argent de Portugal, battue d’abord sous Alphonse V. vers 1457. dans le tems que Calliste III. y envoya la Bulle d’une croisade contre les Infidèles. Elle étoit frappée aux armes de Portugal, & portoit une croix sur le revers, ce qui la fit appeler cruzade. Une cruzade vaut quarante sous. Les peuples ont accordé un million de cruzades pour l’entretien des Ministres que l’on envoye dans les Cours étrangères, pour celui des garnisons, & pour le paiement de quelques dettes contractées durant la guerre. Le Quien de la neuf. En Portugais on dit Cruzado, de Crux, croix. Les nouvelles cruzades ne valent que trente sous de notre monnoie. Mariana dit dans son Histoire, Liv. 22. Ch. 13. que la cruzade, monnoie de Portugal a été fabriquée sur le motif de la Croisade accordée par Nicolas V. au Roi de Portugal.

CRUZE. Nom d’une Peuplade de l’Isthme de Panama, sur la rivière de Chagres, à quinze ou dix-huit lieues de ce port. Cette Peuplade est composée d’une centaine de cases. Elle devint considérable par plusieurs habitations des environs. Il y a un Alcade, nous dirions en François un Bailli, qui dépend du Président de Panama. Cruze est à sept lieues de Panama. Le chemin est affreux, ce ne sont que roches pointues, qu’il faut monter & descendre.

CRY.

CRYPTE. s. f. Lieu souterrain ménagé, pratiqué sous terre, & principalement sous une Eglise, ordinairement pour enterrer les morts. Crypta. M. Ciampini, dans son Traité de Sacris Ædificiis à Constantino M. constructis, en parlant des dehors de l’Eglise du Vatican, décrit la Crypte de S. André, celle de sainte Pétronille, celle de Sainte Marie aux Fièvres, & les Cryptes de Saint Paul dans la voie d’Ostie, & de Saint Laurent. On trouve dans l’histoire de l’Eglise de Meaux, T. I. p. 41. & suiv. la description des Cryptes, ou des catacombes de Jouarre. Les Cryptes étoient voûtées. Dans Vitruve, c’est une partie d’un bâtiment qui répond à-peu-près à ce que nous appelons cave, ou caveau. Juvenal, sat. V. v. 106. a pris ce mot pour cloaque, égoût, parce que les égoûts sont des lieux cachés sous terre, & voûtés, que l’on pratique pour conduire les ordures dans une rivière. L’Abbé de Maroles l’a traduit voûte.

Ce mot vient de κρύπτω, abscondo, je cache, d’où s’est fait κρύπτη, Crypta, une Crypte, un lieu caché sous terre.

Crypte, en termes d’Anatomie, se dit de certaines parties qui présentent un orifice en forme de petite fosse.

CRYPTOGRAPHIE. s. f. L’art d’écrire d’une manière cachée, inconnue à tout autre que celui à qui on l’adresse. L’art des chiffres, l’art d’écrire en chiffres. Cryptographia. La Cryptographie est nécessaire dans les Bureaux des Secrétaires d’Etat. Ce mot est grec, composé de κρυπτός, absconditus, occultus, de κρύπτω, abscondo, occulto, & γράφω, scribo.

CRYPTOGRAPHIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à la cryptographie. Cryptographicus, a, um. Un Mémoire cryptographique, un mémoire en chiffres ; des lettres cryptographiques.

CRYPTONYME. f & adj. C’est le nom que les Savans donnent aux Auteurs qui se sont cachés ou déguisés. Les Auteurs Cryptonymes sont de plusieurs sortes, les uns font imprimer leurs ouvrages sans y mettre leur nom, & on les appelle Anonymes, les autres y mettent un nom factice & inventé à plaisir, & on les appelle Pseudonymes : d’autres se cachent sous le nom véritable de quelque Auteur de réputation, & cherchent à leur attribuer des ouvrages qu’ils n’ont pas faits, comme a fait plusieurs fois le Dominicain Annius de Viterbe, & on les appelle Allonymes, ou imposteurs ; & d’autres ne font que transporter les lettres de leur nom, & en trouver un autre dont ils se servent, & qui est l’anagramme du véritable. Ce sont ceux là qui sont les véritables Cryptonymes, & qui ont donné ce nom à tous les autres. Adrien Baillet avoit commencé un ouvrage avec le recueil de tous les Cryptonymes ; mais il n’en a fait imprimer que la première partie, sous le titre d’Auteurs déguisés. Le mot de Cryptonyme vient du Grec κρύπτω, je cache, & ὄνομα, nom.

CRYPTO-PORTIQUE. s. m. Lieu souterrain & voûté, arc pris par sous-œuvre dans un vieux mur, & au-dessous du rez-de-chaussée. Cripto-porticus. Crypto-portique se dit aussi de la décoration de l’entrée d’une grotte. Il vient du Grec κρυπτός, caché, & du Latin porticus.

CRYSALIDE. Voyez CHRYSALIDE. C’est ainsi qu’il faut l’écrire.

CRYSTAL, CRYSTALLIN, CRYSTALLISER. C’est ainsi qu’il faudroit écrire, mais on écrit ordinairement cristal, &c.

CRYSTALIER. Voyez Cristalier.

CRYSTALLIN. Voyez Cristallin.

CRYSTALLISATION. Voyez Cristallisation.

CRYSTALLISÉ, ée. Voyez Cristallisé.

CRYSTALLOMANTIE. Voyez Cristallomantie.

CRYSTAUX de Verdet. Voyez Cristal.

☞ CRYSTINE. s. f. Monnoie d’argent qui a cours en Suéde elle vaut 14 sous 11 deniers de France.

☞ C-SOL-UT. Terme de Musique, par lequel on désigne un ton d’ut. Un air en c-sol-ut. La clef de c-sol-ut.

CTE.

CTÉSIPHON. Ville d’Asie sur le Tigre, vis-à-vis de Séleucie. Ctesiphon. On croit que Ctésiphon fut bâtie par les Parthes, pour l’opposer à Séleucie. Pline dit, L. IV. c. 26. qu’elle fut la capitale du Royaume de Babylone.

CTÉSIPHON. s. m. Fameux Architecte, qui est aussi nommé Chersiphron, donna les desseins du Temple de Diane d’Ephèse, qui furent exécutés en partie sous sa conduite, & en partie sous son fils Métagène & d’autres Architectes. Ctésiphon inventa une machine dont il se servit pour transporter les colonnes qui devoient servir d’ornement à ce Temple, les ayant fait amener depuis les carrières où on les avoit taillées, jusqu’à Ephèse. Dict. de Peint. & d’Architect.

CU.

CU. Voyez CUL.

CUA.

CUADAC. Ville & Port d’Asie, dans le Tonquin, sur la rivière de même nom.

CUATI. Voyez COATI.

CUB.

CUBA. île de l’Amérique, la plus grande des Antilles. Cuba. Christophe Colomb découvrit l’Ile de Cuba à son second voyage, l’an 1492. & la nomma Juana, en l’honneur de la Reine Jeanne, & ensuite Ferdinanda, en l’honneur de Ferdinand, Roi d’Arragon. Quelques-uns disent qu’elle fut encore appelée A & O. Elle a repris son ancien nom de Cuba, qu’elle conserve encore aujourd’hui. Sa capitale est la Havana. Elle est dans la mer du Mexique, & s’étend du couchant au levant, ayant environ 250. lieues de longueur. Dans la moindre largeur elle a douze à quinze lieues, & quarante dans la plus grande. C’est dans l’Ile de Cuba que l’on trouve le Caninga, arbre qui a le goût de la cannelle & du girofle. On trouve de l’or dans les rivières, & il y a des mines de cuivre très-abondantes. La chair de cochon y est la plus saine de routes, il y a entre la ville de Saint-Salvador & celle de Saint-Iago, une vallée toute pleine de cailloux si ronds, qu’on s’en sert pour des boulets de canon. Il y a des tortues très grandes. On en tire du gingembre, de la casse, du mastic, de l’aloës, de la salsepareille, du sucre, des peaux, du cuivre & de l’or.

CUBA, ou CUBE. s. f. Terme de Mythologie. Ancienne Déesse des Romains, ainsi nommée de Cubo, je suis couché, parce que c’étoit la Divinité qui avoit soin de ceux qui étoient au lit, qui étoient couchés. On mettoit les enfans sous la protection de la Déesse Cuba, de la Déesse Eduse & de la Déesse Potine, afin qu’ils bussent, qu’ils mangeassent & qu’ils dormissent bien.

CU-BAS. s. m. Jeu de cartes qui a quelque rapport au Commerce, excepté que dans le Commerce on cherche à amasser des cartes, & à celui-ci on cherche à s’en défaire. On joue avec le grand jeu, & l’on donne aux joueurs chacun cinq cartes, puis on en étale à découvert sur le tapis huit autres du talon. Lorsque le premier en carte apperçoit une carte dans ces huit, semblable à une des siennes, comme s’il a un valet, & qu’il en voie un dans les huit cartes, il le couple avec le sien, & les met bas devant lui, c’en est déjà une dont il est défait. Les autres en font de même à leur tour : puis il recommence. Ceux qui n’en ont aucune dans leur jeu pareille à l’une des huit, mettent bas leurs cartes à découvert, ce qu’on apelle mettre cu-bas. Cette augmentation aide encore aux autres à se défaire de leurs cartes. Celui qui s’est plutôt défait de ses cinq cartes, gagne ce que chacun a mis pour le cu-bas.

CUBATURE, ou CUBATION. s. f. Terme de géométrie, l’action de cuber, ou la méthode de cuber une quantité, de la réduire en cube. Actio vel methodus cubandi quantitatem aliquam ; Cubatura. Dans les Mémoires de l’Académie 1714, il y a un article des cubatures sphériques.

☞ La cubature consiste à mesurer la solidité des corps, comme la quadrature consiste à en mesurer la surface. Quand on a déterminé cette solidité, on trouve ensuite un cube qui soit égal au solide proposé, & c’est-là proprement ce qu’on appelle cubature.

CUBE. s. m. Corps solide régulier, qui est composé de six faces carrées, & qui a toutes ses faces égales, aussi-bien que ses angles. On l’appelle aussi hexaèdre, à cause de ses six faces. Cubus, quadratum undique solidum. Les dez sont des petits cubes.

Ce mot vient du Grec κύβος, qui signifie tessera, ou dez. La duplication du cube est un des problêmes fameux, recherché inutilement par les Géomètres. Voyez Duplication.

Le cube est le symbole de la fermeté & de la constance, & peut faire le corps d’une devise.

Un cube qui s’y voit de quatre vents battu,
De son ame immobile exprime la vertu. P. le M.

Cube, est un terme premièrement de Géométrie, 2o. d’Arithmétique, tant ordinaire que spécieuse, c’est-à-dire d’Algèbre. Cube en termes d’Arithmétique, est un nombre produit par deux multiplications. La première est la multiplication d’un nombre par lui-même, comme 4 multiplié par 4, ce qui fait 16 carré de quatre. La seconde est la multiplication de ce produit 16 par le même nombre 4, ce qui produit 64, qui est le nombre cube, ou le cube de quatre. En un mot, le cube est le produit d’un quatre multiplié par sa racine, c’est à-dire, par le nombre qui l’a produit ; 16 par 4. Le cube est la troisième puissance de l’Algebre. 64 est un nombre cube produit par la multiplication de 4, qui est sa racine cubique, par lui-même, ce qui fait 16. à son carré, & de ce carré 16 multiplié derechef par 4.

En Algebre le cube se marque en écrivant trois fois de suite la même lettre ; ddd est le cube de d, ou bien en écrivant 3 après le d, ou toute autre lettre quelconque en forme de létrine. Ainsi sont les cubes de d, de m, de y ; & ; le cube s’appelle en Algèbre la troisième puissance du nombre par lequel il est produit. La première est la racine, la seconde est le carré, & la troisième est le cube. La première est , la seconde & la troisième .

Cube cubique. s. m. Terme d’Arithmétique. C’est le cube d’un nombre cubique. C’est le produit d’un nombre cubique multiplié par lui-même, & multipliant le produit de cette première multiplication, 8 est le cube de 2. Multipliez 8 par 8, vous aurez 64 par 8, il vous donnera 512. Ce produit, ou 512, est un cube cubique. L’exposant du cube cubique est 6.

Cube, est aussi quelquefois adjectif, & signifie cubique. Undique, ex omni parte quadrutus. Un pied cube, une toise cube, sont les mesures des corps solides. Ce muid contient tant de pieds cubes d’eau. Ce rempart a tant de toises cubes de terre.

CUBÈBE s. f. Terme de Pharmacie. Fruit qu’on apporte de Java, qui est une Ile des Indes Orientales. Ce sont des grains qui ressemblent en forme & en grosseur, au poivre rond, qui croissent entassés de même que les baies de lierre, & qui ont une petite queue. Leur goût est âcre & aromatique. Les habitans de Java les font bouillir avant de les vendre, afin qu’on ne les puisse pas semer dans d’autre pays. L’arbre qui les porte est semblable au pommier, & a des feuilles qui approchent de celles du poivre. Les cubèbes fortifient tous les visceres, & sur-tout le cerveau. On en met en diverses compositions.

CUBICULAIRE. s. m. Valet de chambre. Du Latin Cubicularius. Saint Ambroise fut engagé à écrite son Traité du Mystère de l’Incarnation par deux Cubiculaires, Valets de chambre de l’Empereur Gratien, qui étoient Ariens. Fleury.

CUBIQUE, ou CUBE. adj. Qui appartient au cube, qui en a la figure. Ex omni parte quadratus. Quelques Anciens ont attribué à la terre la figure cubique. Un pied cubique. Les nombres cubiques sont ceux qui peuvent se ranger en cubes, comme 8 ou 27, dont les côtés sont 2 & 5, & les bases sont 49. Tout nombre cubique multipliant un nombre cubique, produit un autre nombre cubique. La racine cubique est un nombre lequel étant premièrement multiplié par lui-même, & multipliant ensuite son carré, produit celui dont il est la racine cubique. Par exemple, la racine cubique de 125. est 5, parce que 5. multipliant son carré 25, produit le cube 125.

☞ Extraire la racine cubique, c’est trouver un nombre, lequel étant multiplié deux fois de suite par lui-même, donne le cube proposé. Par exemple, 2 par rapport à 8 ; 2 fois 2, 2 fois 4.

En termes d’Anatomie, on ne dit point cubique pour marquer ce qui a la forme cube, mais cuboïde. Voyez ce mot.

CUBISTÉTER. s. m. Les anciens appeloient ainsi ceux qui dansoient les pieds en haut & la tête en bas. Cette espèce de danse étoit admise dans la fête appelée Consularia. Κυϐιστητηρ.

CUBIT. s. m. ou COUDÉE, s. f. C’est une des mesures applicatives, dont on se sert en Angleterre, pour mesurer les longueurs.

☞ CUBITAL, ale. adj. Cubitalis, du mot latin cubitus, qui signifie le coude, partie du corps humain, & coudée, mesure d’un pied & demi. Le mot latin cubitalis se prend dans ces deux sens ; mais le françois cubital ne se dit que de ce qui appartient au coude. En anatomie, on dit muscle, nerf cubital, artère cubitale.

On appelle cubital externe, cubital interne, deux muscles du bras, dont le dernier est le premier des fléchisseurs, qui est placé le long de l’os cubitus, & qui est en-dedans du bras ; raisons pour lesquelles on lui a donné ces deux noms. Il prend son origine du condyle inférieur & interne de l’humérus, & couché le long de la partie inférieure de l’os du coude, il passe par-dessous le ligament annulaire, & va s’insérer par un gros tendon au petit os du carpe, qui est situé sur les autres. Le cubital externe est le premier des extenseurs. Son nom lui vient de ce qu’il est placé le long de l’os cubitus, & extérieurement. Il prend son origine de la partie postérieure du coude, passe sous le ligament annulaire, & va s’insérer à la partie supérieure & externe de l’os du métacarpe qui soutient le petit doigt. L’artère cubitale s’enfonce entre l’os du coude, & les parties supérieures des muscles pronateur, rond, sublime, palmaire & radial interne. Ensuite elle quitte l’os, & se glisse tout le long, entre le muscle sublime, & le muscle cubital interne jusqu’au poignet, pour aller gagner le ligament transversal interne, ou gros ligament du carpe. Dans ce trajet elle fait plusieurs rameaux en serpentant, & donne plusieurs branches. Winslow. Le nerf cubital naît de l’union de la septième paire cervicale & de la première paire dorsale. Il communique avec la racine intérieure du nerf médian. Id.

CUBITUS. s. m. Terme d’Anatomie. Cubitus. Ce mot est Latin, mais on l’a introduit dans la Langue Françoise : les Chirurgiens s’en servent en parlant & en écrivant. L’os cubitus est cet os de l’avant bras, long, irrégulièrement triangulaire, dont l’extrémité supérieure se termine par deux apophyses, dont l’une forme le coude. Cubitus.

CUBOÏDE. s. m. Terme d’Anatomie. Os du pied qui a la forme d’un cube. Cuboïdes. Ce mot est Grec, & vient de κύϐος, cubus, cube, & εἶδος, forme. Le cuboïde est carré, & a presque la figure d’un cube. Quelques-uns le nomment Multiforme. Il est situé au devant du calcaneum, auquel il est joint par une superficie inégale ; il s’articule encore avec le septième os du tarse ; & si on l’examine seul, on y trouve six faces comme à un dé. Dionis.

CUBOCUBIQUE. Terme d’Algèbre. C’est la neuvième puissance des nombres, ou un nombre multiplié huit fois par lui-même. Ainsi le nombre de 512 est un cubocubique, dont la racine est 2 multiplié huit fois.

CUBOSAMA. s. m. Nom de dignité au Japon. Général d’armée. Dux, Imperator. C’étoit autrefois la première dignité de l’Empire Japonois. Cubo veut dire Chef de Milice, & Sama signifie Seigneur. Un Cubosama avant usurpé l’empire sur le Daïro, lui laissa son nom & tous les dehors de la royauté, & retint le titre de Cubosama avec presque toute l’autorité royale.

CUC.

CUCA. voyez Coca, c’est la même chose.

CUCCICAPIGI. s. m. Terme de Relation. Portier du Serrail. Voyez CAPIGI.

CUCCINC IMBROORBASSI. s. m. Officier de la Maison du Grand-Seigneur, premier Ecuyer de ce Prince. Primus stabuli Magister apud Turcas. Le Cuccing Imbroorbassi, en l’absence de l’Imbroorbassi, c’est-à-dire, du Grand Ecuyer, commande la petite Ecurie, tant pour les chevaux de selle que pour les mulets, chameaux, & autres bêtes de voiture qui portent l’équipage de l’Empereur quand il est en campagne, & de même dans le Serrail. Il a soin encore de faire fournir les fourrages & munitions à ceux à qui il en est dû, pour leurs chevaux ou autres voitures.

CUCERON. s. m. Petit insecte qui se met dans les lentilles, les pois, les féveroles & autres légumes, excepté la fève blanche ou haricot, qui n’est sujet à aucune vermine ni insecte, pas même aux rats ni aux souris.

CUCI. s. m. Fruit des Indes Orientales dont parle Lémeiy après Pline & Linschot. Il est rond, oblong & d’une grosseur capable de remplir la main. Il est de couleur jaunâtre, & d’un goût doux & agréable, renfermant un gros noyau très-dur. Il croît à une espèce de palmier que ceux du pays nomment cuciofera.

CUCIOFERA. s. f. Plante qui est décrite par Théophraste, & qu’il dit être semblable au palmier par le tronc & par les feuilles : elle en est différente en ce que le palmier ne fait qu’un seul tronc, au lieu que la cuciofera, étant un peu élevée de terre, en fait deux, qui en font deux autres & produisent ensuite beaucoup de petites branches. Son fruit est assez gros pour remplir la main, rond, doux & de bon goût, sans être en grappe comme celui du palmier. Il est jaunâtre comme un coin, auquel il ressemble assez, excepté qu’il n’est pas cotonné & que sa chair est nerveuse. Son noyau est gros comme une noix, de forme quadrangulaire, large dessous, pointu au bout, de même couleur que les coquilles d’aveline, & couvert d’une autre plus grande coquille, qui est dure & velue, & de couleur rousse & noirâtre. Cuciofera palmæ facie ; palma cujus fructus cuci.

CUCUBALE. s. m. Cucubalus. Plante qui pousse plusieurs tiges de la hauteur de cinq ou six pieds, grêles, flexibles, rondes, nouées & rampantes, si elles ne sont soutenues par les arbres voisins ou par des perches. C’est pour cela qu’on l’appelle aussi la Paresseuse ou la Couchée. Il sort de chaque nœud deux feuilles opposées, semblables à celles de la marjolaine, mais plus grandes, & égalant celles de la pariétaire. Ses fleurs sortent d’une enveloppe ou follicule, & sont composées de cinq ou six feuilles blanches-verdâtres, disposées en œillet. Il leur succède des baies grosses comme celles du lierre, ordinairement ovales, vertes au commencement, puis noires & molles. Elles renferment des semences le plus souvent de la figure d’un petit rein, entassées ensemble, noires & luisantes. Cette plante croît aux pays chauds, comme en Espagne, en Italie & en Languedoc, aux lieux humides & ombrageux, contre les haies, dans les buissons & proche des fontaines. Elle est humectants, rafraîchissante & propre pour les pertes de sang. Lemery.

CUCUFAT. s. m. Nom d’homme. Cucuphas. La mémoire de S. Cucufat, que le vulgaire de France appelle en quelques endroits S. Couquenfat, en d’autres, S. Cougat, & encore autrement, a été célébrée par le Poëte Prudence, Peristeph. hymn. 4. v. 33. Il souffrit le martyre l’an 304. Baillet, ou vers l’an 300. Le Martyrologe d’Esternach le nomme Loquunfas & Cucubas ; celui de S. Vandrille Loquunfas & Quuoquofas ; celui de Corbie Logunfas & Cucufas ; & celui de Corbie une fois Cuentas, selon que l’a lu Florentinius. Au Martyrologe imprimé par Plantin en 1564, il est nommé Cuxupas dans l’éloge de Ste Eulalie. Son nom n’a pas moins de diversité en françois, selon la différence des lieux où on l’honore ; Cogat, Cougat, Couquefat, Couquenfat, Quiquenfat, Quiquesal, Guiquesat, Guiguefat, Guignefat, Guignefot, Guignefort, Gunefort, Gunifort, Gounifort, & même tout court Fort. Chastelain, au 15e de Février, p. 656.

☞ CUCUJO. s. m. Espèce d’Escarbot ou de Scarabée d’Amérique. Voyez Scarabée.

CUCULE. s. m. & f. C’étoit autrefois une espèce de cappe ou chappe de Voyageur, qu’on appeloit aussi coule, ou goule, ou gule, dont le nom a passé depuis aux Moines pour signifier leur froc & leur chappe. Cucullus. Les Religieux de Ciseaux appellent encore coules leurs chappes. Ils n’imaginèrent point de moyen plus prompt que de prendre des habits de Moines, & la tête enveloppée d’une cucule, & le corps couvert du reste de l’assortiment, ils partirent à pied de Florence. Le Noble. Le mot de cucule, dans cet exemple, est féminin. Quelques-uns, comme Chorier, Hist. de Dauph. L. X. p. 662, confondent cucule & capuchon.

Ce mot vient de ce qu’on portoit autrefois des habits rebordés sur le cou & sur les manches, de peaux rouges teintes de gueules, qu’on nommoit par cette raison gules, goules, caules & cucules, du mot approchant de cusculium, qui signifie graine d’écarlate. S. Bernard condamne ces peaux de gueules sur les habits.

☞ CUCULE, dans l’Ordre des Chartreux, se dit pour ce qu’on appelle ailleurs Scapulaire.

Quelques-uns font venir ce mot de collum, parce que la Cucule couvre le cou.

CUCULLAIRE. adj. Muscle cucullaire, ou trapèze. Musculus cucullaris. Ce muscle est un grand plan charnu, large & mince, qui est situé entre l’occiput & le bas du dos, & de-là s’étend jusqu’à l’épaule, à-peu-près comme un grand carré inégal & irrégulier. C’est de cette figure que les Grecs ont tiré le mot trapèse. Il forme avec celui de l’autre côté une espèce de losange. Voy. le Dict. de James.

CUCUPHE ou CUCUFE. s. f. Cucupha, cucullus, pileolus, hyrethum & berrethus. Terme de Pharmacie. C’est une calotte odoriférante pour la tête. C’est un sachet qu’on s’applique dans les maux de tête : ce sachet est fait en bonnet de nuit, & rempli de poudres céphaliques, pour fortifier le cerveau. Voy. en la description dans le Dictionnaire de James. On s’en sert peu aujourd’hui.

CUCURBITACÉE. ad. de t. g. Cucurbitaceus. C’est le nom générique qu’on donne à toutes les plantes qui portent des fruits qui ont quelque rapport à la courge ou calebasse, qui se nomme en latin cucurbita ; en sorte que les plantes qui portent les courges, calebasses, citrouilles, melons, potirons, concombres, pommes d’amour, artichaux de Mississipi, & autres semblables fruits, sont toutes plantes cucurbitacées. Leurs fleurs sont ou stériles ou fertiles. Celles-ci nouent & donnent des fruits charnus de différente figure, & qui renferment intérieurement plusieurs semences aplaties & placées dans trois ou quatre loges, ou même dans un plus grand nombre. Ces semences ont ordinairement une amande blanche & douce, & sont la plupart du nombre de celles qu’on nomme froides majeures. La citrouille, le potiron, le melon, le concombre &c. sont toutes plantes cucurbitacées. Plantæ Cucurbitacea, à Cucurbitâ sic dictæ, parce qu’elles ont toutes un rapport considérable avec la calebasse ou la courge, qui doit être mise à la tête de cette famille. On dit Cucurbitacée, tant au masculin qu’au féminin, & jamais Cucurbitacé.

CUCURBITE. s. f. Terme de Chymie. Vaisseau de terre ou de verre, où l’on met les matières qu’on veut distiller. Cucurbita. Il y en a aussi d’étain & de cuivre étamé. Lorsqu’on veut faire quelque distillation on y adapte un chapiteau de verre qui a une embouchure proportionnée & un bec. La cucurbite sert aussi à d’autres opérations.

CUCURBITE. s. f. Echites floridus. Pierre très-pesante, quoiqu’argilleuse, dont la figure approche de celle du concombre.

CUCURBITIN. s. m. Terme de Médecine. On appelle cucurbitins ou cucurbitains certains vers qui s’engendrent dans les intestins, & qui sont de la longueur des ascarides, mais plus larges. Cucurbitini. Cucurbitins ou cucurbitaires sont des vers plats, ovales, blancs, semblables à de petits pépins de courge, d’où vient leur nom, à cucurbità, courge. Ce ne sont que des portions du tænia, ou ver solitaire, qui se sont détachées de leurs articulations. Voyez Solitaire.

CUCURMA. s. m. Plante. Voyez Curcuma. C’est ainsi qu’il faut écrire.

CUDE, s. f. On nommoit autrefois ainsi une sorte de padoue, qui se fabriquoit à Lyon. Il ne s’en fait plus.

☞ CUDRETIN. Petite Ville de Suisse, dans le canton de Berne, à une lieue de Neuf-Châtel.

CUDUPARITI. s. m. Petit arbrisseau qui croît dans le Malabar, qui s’élève à deux fois la hauteur de l’homme, & qui porte des sieurs pendant toute l’année. Ses feuilles broyées, mises dans du lait, & appliquées sur la tête en forme d’onguent, procurent le sommeil & calment les maux de tête & les vertiges. Son fruit broyé & pris dans de l’eau, arrête la dyssenterie, guérit les gerçures de la bouche. Ray, Hist. Plant.

CUC.

☞ CUEILLAGE. s. m. Terme de Verrerie. C’est la portion de matière vitrifiée qu’a tiré successivement à quatre reprises le Gentilhomme apprenti d’une verrerie, laquelle est nécessaire pour faire un Plat. V. Cueilleur & Cueillir en Verrerie.

CUEILLE. s. f. Terme de Marine. C’est un des lez, ou des bandes de toile qui composent une voile.

CUEILLERET. s. m. Terme de Pratique. État des cens & rentes dûes & reconnues par les Tenanciers d’un Seigneur.

☞ Cet Extrait du papier terrier sert au Receveur pour se faire payer des cens & rentes dues à la Seigneurie. Le mot de Cueilleret vient de Cueillette autrefois synonyme à Recette.

CUEILLETTE. s. f. Récolte des bleds, des fruits, rentes & autres droits qui composent le revenu d’une terre, d’une métairie. Messis, frugum collectio. On donne les baux à ferme pour six ou neuf ans, c’est-à-dire, pour autant de cueillettes, de dépouilles de fruits.

La Quintinie & Liger disent que cueillette signifie non pas la récolte, mais le temps de la récolte ; & Liger assure qu’on dit en ce sens, Nous approchons de la cueillette des fruits. La cueillette des fruits est venue.

Cueillette, signifie proprement les fruits qu’on retire tous les ans d’une terre, fructus annui, fruges. Au reste ce mot vieillit dans cette acception, & n’est presque plus d’usage qu’à la campagne & dans les baux.

Cueillette, se dit aussi d’une quête, de la recette d’une contribution volontaire qu’on fait pour quelque œuvre pie, pour quelque nécessité publique. Collecta. Le Marguillier de village est Celui qui fait la cueillette pour le Prédicateur, pour la réfection de l’Eglise.

Cueillette, en termes de Marine, est l’amas de différentes marchandises, qu’un Maître de navire cherche & reçoit de divers particuliers pour faire le chargement de son vaisseau, qui de cette manière est dit chargé à cueillette sur l’Océan ; on dit au quintal sur la Méditerranée.

CUEILLEUR, euse. s. m. & f. Celui, ou celle qui cueille. Qui fructus decerpit, legit ex arboribus, Legulus. On le dit en cette phrase proverbiale. Il est toujours troussé comme un cueilleur de pommes.

Cueilleur d’or de Pailloles. C’est ainsi que les ordonnances appellent ceux qui tirent de l’or des torrens & des fleuves qui en entraînent. Boizard.

Cueilleur. Terme de Verrerie. C’est celui qui prend le verre les quatre premières fois dans les pots à cueillir.

CUEILLIE. s. f. Terme de Mâçon. C’est une traînée de plâtre étendue le long d’une régle, qui sert de repère pour lambrisser, enduire de niveau, faire à plomb les piédroits des portes, des cheminées, des croisées.

CUEILLIR, v. act. Je cueille, je cueillois, je cueillis, j’ai cueilli, je cueillerai & non pas je cueillirai, comme prétend Vaugelas. Men. Bouh. Que je cueille, que je cueillisse, je cueillerois. Il signifie, Détachée avec la main des fruits, des fleurs, des herbes de