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géométrie des infiniment petits à des notions claires. Voyez Limite, &c.

Au reste, il n’est question jusqu’ici que du point d’attouchement simple ; car il y a des points d’attouchement qui équivalent à trois points d’intersection, comme dans l’attouchement au point d’inflexion ; d’autres équivalent à quatre points d’intersection, comme dans l’attouchement au point de serpentement infiniment petit ; & ainsi à l’infini ; voyez Inflexion, Serpentement : ce qui, en réduisant la chose à des notions claires, signifie simplement que la valeur de la secante devenue touchante, a dans ce cas trois ou quatre, &c. racines égales dans l’équation de la courbe ; je dis, de la sécante devenue touchante, car il y a des cas où une sécante a plusieurs racines égales, sans être touchante, comme dans les points doubles, & dans les points conjugués. Ce qui distingue ces points des points d’attouchement, c’est que si vous donnez une autre direction à la ligne qui étoit tangente, en la faisant toûjours passer par le point d’attouchement, alors elle ne coupe plus la courbe qu’en un point, & l’équation qui représente son intersection cesse d’avoir des racines égales ; au lieu que dans les points multiples & conjugués, la sécante a toûjours plusieurs racines égales, quelque position qu’on lui donne, pourvû qu’elle passe toûjours par le point multiple ou conjugué. Voyez Racine, Intersection, Point multiple, Point conjugué, &c.

ATTRACTIF, adj. m. se dit de ce qui a le pouvoir ou la propriété d’attirer. V. Attraction, &c.

Ainsi on dit force attractive, vis attractiva, &c.

La vertu attractive de l’aimant se communique au fer, en faisant toucher le fer à l’aimant. Voyez Aimant. (O)

Attractifs, adj. (Medecine.) remedes appliqués extérieurement, qui par leur activité pénetrent les pores, se mêlent avec les matieres qui causent l’obstruction, les raréfient, les disposent à s’évacuer plus facilement, en tenant la partie ouverte par la brûlure ou par l’incision, &c.

Les attractifs ne different point des remedes qui font mûrir & digérer. Voyez Mûrir, Digestion.

Les principaux simples de cette nature sont les différentes matieres grasses, la fiente de pigeon & celle des vaches, le son, le levain, le hareng, l’encens, la poix, la résine, l’huile, &c.

La matiere étant raréfiée par les remedes, & par conséquent devenue plus coulante, le sang qui circule sans cesse peut aisément l’entraîner dans son cours, la mêler ainsi avec la masse commune, & causer de grands desordres.

La raréfaction lui faisant occuper un espace plus considérable, il en résulte une extension des parties qui la contiennent ; & le sentiment en est douloureux. Un plus grand concours des fluides, & par conséquent une augmentation de la tumeur, en sont d’autres fâcheux effets. Il faut donc administrer ce genre de médicamens avec une extrème circonspection. (N)

ATTRACTION, s. f. attractio ou tractio, composé de ad, & de traho, je tire ; signifie, en Méchanique, l’action d’une force motrice, par laquelle un mobile est tiré ou rapproché de la puissance qui le meut. V. Puissance & Mouvement.

Comme la réaction est toûjours égale & contraire à l’action, il s’ensuit que dans toute attraction le moteur est attiré vers le mobile autant que le mobile vers le moteur. Voyez Action & Réaction.

Dans l’usage ordinaire on dit qu’un corps A est attiré vers un autre corps B, lorsque A est lié ou attaché avec B par le moyen d’une corde, d’une courroie, ou d’un bâton ; c’est de cette maniere qu’un cheval tire un charriot ou une barque : & en général on

dit qu’un corps en attire un autre, lorsqu’il communique du mouvement à cet autre par le moyen de quelque corps placé entre eux, & que le corps moteur précede celui qui est mû.

De plus, lorsqu’on voit deux corps libres éloignés l’un de l’autre s’approcher mutuellement sans que l’on apperçoive de cause, on donne encore à ce phénomene le nom d’attraction ; & c’est principalement dans ce dernier sens qu’il a été employé par les philosophes anciens & modernes. L’attraction prise dans le premier sens, se nomme plus communément traction. Voyez Traction.

Attraction ou force attractive, dans l’ancienne Physique, signifie une force naturelle qu’on suppose inhérente à certains corps, & en vertu de laquelle ils agissent sur d’autres corps éloignés, & les tirent à eux. Voyez Force.

Le mouvement que ces prétendues forces produisent, est appellé par les Péripatéticiens mouvement d’attraction, & en plusieurs occasions, suction ; & ils rapportent différens exemples où, selon eux, ce mouvement se remarque : ainsi nous respirons l’air, disent-ils, par attraction ou suction ; de même nous suçons par attraction une pipe de tabac : c’est encore par attraction qu’un enfant tete : c’est par attraction que le sang monte dans les ventouses, que l’eau s’éleve dans les pompes, & la fumée dans les cheminées ; les vapeurs & les exhalaisons sont attirées par le soleil, le fer par l’aimant, les pailles & la poussiere par l’ambre & les autres corps électriques. Voyez Suction.

Si ces philosophes avoient fait un plus grand nombre d’expériences, ils auroient bientôt reconnu que ces différens phénomenes venoient de l’impulsion d’un fluide invisible. Aussi la plûpart des effets que les anciens attribuoient à l’attraction, sont aujourd’hui attribués à des causes plus naturelles & plus sensibles, principalement à la pression de l’air. Voyez Air & Pression.

C’est la pression de l’air, par exemple, qui produit les phénomenes de l’inspiration des ventouses, de la suction des pompes, des vapeurs, des exhalaisons, &c. Voyez Respiration, Suction, Pompe, Ventouse, Vapeur, Fumée, Exhalaison, &c.

Sur les phénomenes de l’attraction électrique & magnétique, voyez Aimant, Magnétisme & Electricité.

La puissance opposée à l’attraction est appellée répulsion ; & on observe que la répulsion a lieu dans quelques effets naturels. Voyez Repulsion.

Attraction ou puissance attractive, se dit plus particulierement, dans la philosophie Newtonienne, d’une puissance ou principe, en vertu duquel toutes les parties, soit d’un même corps, soit de corps différens, tendent les unes vers les autres ; ou pour parler plus exactement, l’attraction est l’effet d’une puissance, par laquelle chaque particule de matiere tend vers une autre particule. Voyez Matiere & Particule. Les lois & les phénomenes de l’attraction sont un des points principaux de la philosophie Newtonienne. Voyez Philosophie Newtonienne.

Quoique ce grand philosophe se serve du mot d’attraction, comme les philosophes de l’école, cependant, selon la plûpart de ses disciples, il y attache une idée bien différente. Nous disons selon la plûpart de ses disciples, car nous ne faisons que détailler ici ce qui a été dit sur l’attraction, nous réservant à exposer à la fin de cet article notre sentiment particulier.

L’attraction dans la Philosophie ancienne étoit, selon eux, une espece de qualité inhérente à certains corps, & qui résultoit de leurs formes particulieres & spécifiques ; & l’idée que les anciens philosophes attachoient à ce mot de forme, étoit fort obscure. Voyez Qualité & Forme.