Les Petites Religions de Paris
On a trop dédaigné jusqu’ici les petites sectes au culte étrange dont Paris fourmille, nouvelle Bysance. D’ordinaire on les exécute avec des documents fantaisistes ou une critique sommaire. Certaines restent profondément ignorées. Mais une foi a beau paraître dérisoire, quand elle est sincère il ne faut la railler qu’avec ménagement. Toutes ces sectes, même irraisonnables, touchent à ces problèmes troublants de notre destinée en l’au-delà et de nos rapports avec l’Invisible. La femme y est célébrée avec un grand respect et une charmante douceur ; le culte, rendu aux ancêtres, aux morts et à ceux que nous ne voyons pas, y est fervent jusqu’à la superstition ; et le miracle affecte une fréquence exagérée, mais consolante. La plupart sont touchantes, quelques-unes ont un ragoût de terreur, toutes sont pittoresques. Etudions-les comme des bibelots de sanctuaire, des monstres inoffensifs, vieillots ou encore trop enfantins, et réjouissons-nous de ce qu’elles apportent dans notre société vraiment trop sceptique un regain de mysticisme ou du moins un motif un peu noble de distraction.
À ces études sur les petites religions de Paris, le Figaro accorda une hospitalité qui me valut un nombre considérable de lettres ; elles m’ont décidé à pousser plus loin mon enquête, dont voici le résultat.TABLE DES MATIÈRES