Traité des sièges et de l’attaque des places/53

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POUR RÉGLER LA SOLDE DE CETTE COMPAGNIE.

au capitaine, à raison de 10 liv. par jour, fait par mois
300 liv.
Parce que ce sont des ingénieurs choisis et entretenus sur le même pied dans les places
aux 4 lieutenans, à raison de 5 liv. par jour chacun, fait par mois600
Deux ingénieurs aux mêmes appointemens ou approchant
aux 4 sous-lieutenans, à raison de 3 liv. 6 s. 8 den. par jour chacun400
Aussi un ingénieur
à l’enseigne, à raison de 2 liv. 10 s.175
Ceux-ci doivent être choisis entre les plus honnêtes et plus intelligens : il en faut tout au moins ce nombre pour pouvoir relever les sapeurs et avoir quelques jours de repos.
à 12 sergens, à raison de 15 s. par jour chacun, fait par mois pour les 12270
À trois escouades par brigade, il y faut douze caporaux
aux 12 caporaux, à raison de 10 s. par jour, faisant par mois pour chacun 15 liv., et pour tous180
Nota. Que je n’en mets qu’un à chaque escouade pour servir de lieutenans aux capo­raux en considé­ration des hautes-paies ci-dessous
à 12 appointés, à raison de 9 s. par jour, faisant par chacun d’eux 13 liv. 10 s, et pour tous162
Chefs de sapeurs de la première classe
à 59 hautes-paies à 8 s. par jour, faisant par mois pour chacun d’eux 12 liv., et pour tous708
Deuxième classe
à 58 moyennes paies à 7 liv. par jour, faisant par mois pour chacun d’eux 10 liv. 10 s., et pour tous609
Troisième classe
à 58 basses paies à 6 s. par jour, et 9 liv. par mois, faisant pour tous522
Ci-contre
3,826 liv.
Pour subvenir aux frais de la compagnie, ha­bits des tambours, liard pour livre, dra­peaux, etc.
12 places de gratification à 7 s. par jour, faisant par mois1,126
Pour les avoir bons
4 tambours à 12 liv. chacun par mois, pour les 41,148
C’est parce qu’il faudra du moins un cheval
pour une place de major à faire exercer par le premier sergent1,150
Ce n’est qu’un pour cent hommes
pour 2 chirurgiens à 20 liv. chacun1,140
Pour porter les outils particuliers de la com­pagnie comme lou­chets, haches, ser­pes, scies de char­pentiers, tarières, ciseaux, mar­teaux, etc.
pour l’entretien d’une charrette
1,176 l. 13 s. 4 d.

Total par mois
4,166 l. 13 s. 4 d.

et par an
50,000 liv.

Dont il faut ôter 12,900 pour les appointemens de neuf officiers employés pour pareille somme dans la fortification, restera 37,100 liv. de dépense nouvelle, pour laquelle sauver au Roi, en sorte que cette compagnie ne lui coûte rien ; il n’y a qu’à supprimer la plus mauvaise compagnie suisse du royaume, dont la plus basse paie monte à 41,238 l., moyennant quoi restera 4,138 l. de revenant-bon, sur lequel on demande au Roi qu’il lui plaise d’accorder l’entretien de quatre hauts-bois pour réjouir la tranchée, montant à 1500 l. En ce cas, le reste dudit revenant-bon, réduit à 3,638 liv., tournera au profit du Roi, pour être appliqué à ce qu’il lui plaira.

Si cette compagnie ne devait produire au Roi que cette épargne, la chose d’elle-même ne mériterait pas qu’on en fit grand cas ; mais il est très-certain qu’elle en fera de très-considérables dans les siéges, tant pour les ouvrages inutiles qu’on évitera par son moyen, que par les sapes, logemens et passages de fossés qu’elle fera à beaucoup meilleur marché qu’ils ne se font présentement, et parce qu’il ne sera pas nécessaire d’y employer, à beaucoup près, tant d’ingénieurs, vu que tous ses officiers le seront, et que, dans fort peu de temps, les sergens se rendront capables de conduire ; elle épargnera encore très-considérablement dans tous les ouvrages de fortification où elle sera employée, par son adresse au remuement et transport des terres, coupe de gazons, gazonnage, épuisement d’eau, et sur une infinité d’autres ouvrages qui demandent des ouvriers adroits qui aient de l’expérience, et pour instruire en très-peu de temps les autres troupes qui ne sont pas accoutumées aux travaux, et je ne fais nul doute qu’elle n’épargne annuellement au Roi bien au-delà de sa solde, et si pour le combat on peut s’assurer qu’elle vaudra quatre compagnies suisses comme celle dont on demande la suppression. J’avance tout cela hardiment comme d’une chose dont je me tiens aussi assuré que si je l’avais vue, et je puis, avec la même assurance, ajouter que cette petite troupe, en diligentant la tranchée, sauvera une infinité de bons ingénieurs, officiers et braves soldats qui périssent dans les siéges, et par la dure nécessité où l’on est réduit de poser les travailleurs presque toujours à découvert, et de les soutenir de même, ce qui n’arrive que par le manquement d’avoir ensemble, et sous la main, une suffisante quantité de cette sorte d’ouvriers bien instruits et employés à propos.

Or, on espère pouvoir y satisfaire pleinement, si Sa Majesté a pour agréable de faire son affaire de l’établissement de cette compagnie, qui a de meilleures et plus fortes raisons pour justifier le besoin qu’on en a, et l’utilité dont elle sera à son service, qu’aucunes autres troupes du royaume, quelles qu’elles puissent être, les gardes de sa propre personne exceptés.

Au surplus, on la demande de 200 hommes, parce qu’il peut arriver deux ou trois siéges dans une année qui en consommeraient le tiers ou la moitié ; l’exemple de ceux de Cambrai et de Valenciennes, où il y en eut 57 tués ou blessés de la compagnie seule de Maran, sans compter ceux du régiment Dauphin, où il y en eut pour lors une brigade, suffit pour prouver la nécessité de l’avoir à 200 hommes, sans compter sergens ni tambours.

J’ai tellement ressenti la nécessité des sapeurs dans tous les siéges où je me suis trouvé, que j’ai toujours eu lieu de me repentir de n’avoir pas plus vivement sollicité la création de cette compagnie ; et comme, selon toute apparence, il ne se fera guère de siége considérable pendant un fort long temps, où monseigneur le duc de Bourgogne ne commande en personne, cela me donne lieu de le supplier d’en vouloir faire son affaire ; il y a des moyens de la mettre sur pied promptement 1704. plus faciles que du passé, parce qu’il y a deux compagnies de mineurs modernes qui ne sont pas de l’ancien état ; savoir, celle de Mesgrigni et celle de Vallière. La première est sur le pied de cent hommes, et la deuxième sur celui de soixante à soixante-dix ; il n’y a qu’à les joindre ensemble et suppléer au surplus des hommes qui pourraient y manquer, par en prendre dans les troupes à choisir, en donnant quatre pistoles au capitaine à qui on en prendra un. Il ne manquera pas de s’en trouver de bons qui y entreront volontairement, à cause de la plus-value de la paie et du gain qu’ils y feront. Et parce qu’il n’est pas impossible qu’on fasse deux siéges à la fois, soit dans les armées d’Allemagne, de Flandre ou d’Italie, on en pourrait faire une deuxième de la vieille compagnie des mineurs ; le métier des mineurs et sapeurs est à peu près la même chose, et il y a si peu de chose à faire dans les siéges en qualité de mineurs seuls, qu’on fera très-bien de remplir les vides de ces compagnies des autres ouvrages de la tranchée qui ne demandent pas moins d’adresse que la sape, très-utiles aux uns et aux autres, en les instruisant bien, chose à quoi je m’offre volontiers, et même de trouver le moyen de les rendre utiles, paix et guerre, tous les jours de l’année.

TABLE

des chapitres contenus en ce traité

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3e 
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4e 
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5e 
 213
6e 
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7e 
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8e 
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