Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/J

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J.

Jaback (passage).

Commence à la rue Neuve-Saint-Merri, no 46 ; finit à la rue Saint-Martin, no 36. — 7e arrondissement, quartier Sainte-Avoie.

Il a été formé en 1824 par MM. Rougevin, Mélier et Néron, sur l’emplacement de l’ancien hôtel Jaback.

Jacinthe (rue).

Commence à la rue des Trois-Portes, nos 9 et 11 ; finit à la rue Galande, nos 18 et 20. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 23 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Cette rue a été tracée en 1202 sur le clos Mauvoisin qui faisait partie de la seigneurie de Garlande (voir l’article de la rue du Fouarre). — Une décision ministérielle du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Les constructions du côté gauche sont soumises à un retranchement qui varie de 1 m. 20 c. à 1 m. 60 c. Celles du côté opposé devront reculer de 1 m. 60 c. à 2 m. 20 c.

Jacob (rue).

Commence à la rue de Seine, nos 44 et 46 ; finit à la rue des Saints-Pères, nos 27 et 29. Le dernier impair est 51 ; le dernier pair, 60. Sa longueur est de 418 m. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

D’après la demande de plusieurs propriétaires riverains, une décision ministérielle du 14 juillet 1836 ayant autorisé la réunion de la rue du Colombier à la rue Jacob, sous la seule dénomination de cette dernière rue, on procéda à la régularisation du numérotage en vertu d’un arrêté préfectoral du 26 août suivant. Une ordonnance royale du 29 avril 1839 a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. 70 c. Propriété no 1, alignée 3 et 5, retranch. réduit, 1 m. 80 c. ; de 7 à 17 inclus, ret. 2 m. à 2 m. 40 c. ; de 21 à 27 inclus, alignées ; 29, ret. 3 m. 20 c. ; de 31 à la fin, alignées. La propriété no 2 doit être supprimée ; de 4 à 32 inclus, ret. 80 c. à 1 m. ; de 34 à la fin, alignées. — Égout entre les rues Saint-Germain-des-Prés et des Saints-Pères. — Conduite d’eau dans une partie. — Éclairage au gaz (compe Française).

Dans cette rue, entre le no 43 et l’hôpital de la Charité, était située la rue des Deux-Anges qui se terminait par un retour d’équerre à la rue Saint-Benoit, nos 4 et 6. Cette voie publique devait sa dénomination à deux statues d’anges, placées aux encoignures de la rue Jacob. Elle a été supprimée en vertu d’une ordonnance royale du 5 août 1839, qui a autorisé la ville de Paris à céder le sol de cette rue tant aux propriétaires riverains qu’aux hospices civils.

Nous allons maintenant rappeler l’origine des rues du Colombier et Jacob. — Jaillot prétend avoir vu plusieurs titres qui indiquaient une maison dite le Colombier, près les murs de l’abbaye. Sauvai affirme, suivant un registre du Trésor des Chartes, qu’il est fait mention à l’année 1317 d’une maison et dépendances sises à Saint-Germain-des-Prés, au lieu nommé le Colombier. Telle est sans doute l’origine de la dénomination affectée à la voie publique qui nous occupe. Cette rue, ou plutôt ce chemin, était, avant cette époque, plus reculé du côté de la rivière. Charles V avait ordonné de creuser des fossés autour de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés ; ces fossés devenus plus tard inutiles, les religieux les firent combler, excepté dans une longueur de cent toises qu’ils réservèrent pour faire un vivier. Sur l’emplacement autrefois occupé par ce vivier, le bailli de Saint-Germain fit tracer, en 1585, l’alignement d’un nouveau chemin auquel on donna le nom de Pré-aux-Clercs. Plus tard et à différentes époques, les religieux permirent à des particuliers d’y bâtir ; mais les habitants furent souvent troublés par les écoliers de l’Université. Nous voyons qu’en 1641 le parlement rendit un arrêt qui obligeait les propriétaires à terminer les maisons déjà commencées. Une décision ministérielle du 15 floréal an V, signée Benezech, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 mètres.

La rue Jacob doit son nom à l’autel de Jacob que la reine Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, avait fait vœu de bâtir. Cette reine accomplit son vœu par la construction du couvent et de l’église des Petits-Augustins. Ce ne fut qu’en 1640 que cette rue fut bâtie. Une décision ministérielle du 15 floréal an V, signée Benezech, avait fixé à 10 m. la moindre largeur de cette voie publique.

Jacques (boulevart Saint-).

Commence à la rue de la Glacière et à la barrière de Lourcine ; finit aux rue et barrière d’Enfer. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par le mur d’enceinte. Le dernier pair est 16. Sa longueur est de 905 m. — 12e arrondissement. Les nos 2 et 4 sont du quartier Saint-Marcel. Le surplus dépend du quartier de l’Observatoire.

Il a été formé en vertu des lettres-patentes données à Versailles le 9 août 1760 (voyez Enfer, boulevart d’). Une ordonnance royale en date du 9 décembre 1838 a déterminé l’alignement de ce boulevart. La propriété à l’encoignure de la rue de la Glacière devra reculer de 7 m. 60. Les bâtiments à la suite, la propriété à l’encoignure gauche de la rue de la Santé, la propriété qui est située entre les nos 6 bis et 8, les constructions à l’encoignure droite de la rue Leclerc et la maison no  14, sont à l’alignement. Les autres immeubles ne sont assujettis qu’à un retranchement de 1 m. au plus.

Jacques (place Saint-).

Située à l’extrémité de la rue du Faubourg-Saint-Jacques. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Elle est indiquée sur le plan de Verniquet. Sa forme est demi-circulaire. — Une ordonnance royale en date du 9 décembre 1838 a déterminé l’alignement de cette voie publique. Les constructions du côté droit, en entrant par la rue du Faubourg-Saint-Jacques, et celles qui sont situées sur le côté gauche, à l’encoignure de ce faubourg, sont alignées. La propriété à l’angle du boulevart Saint-Jacques est soumise à un retranch. de 1 m. 50 c.

Un arrêté préfectoral du 20 janvier 1832, approuvé par décision ministérielle du 23 du même mois, ordonna que l’exécution des condamnés à la peine capitale aurait lieu sur cette place.

Jacques (rue des Fossés-Saint-).

Commence à la rue Saint-Jacques, nos 161 et 163 ; finit aux rues de la Vieille-Estrapade et des Postes, no  2. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 34. Sa longueur est de 183 m. — 12e arrondissement. Les numéros impairs sont du quartier Saint-Jacques, et les pairs du quartier de l’Observatoire.

Cette rue prend naissance à l’endroit où se trouvait l’ancienne porte Saint-Jacques, qui séparait la ville du faubourg. Cette voie publique fut construite sur les fossés qui entouraient les murs de l’enceinte de Philippe-Auguste. — Une décision ministérielle du 25 messidor an X, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 8 m. Les propriétés nos 1, 11, 11 bis, 13, les deux encoignures de la rue Clotaire, 17, 19 et 20 sont alignées. Les autres constructions ne sont assujetties qu’à un faible retranchement.

Jacques (rue du Faubourg-Saint-).

Commence aux rues des Capucins et de la Bourbe, no  1 ; finit à la place Saint-Jacques. Le dernier impair est 59 ; le dernier pair, 38. Sa longueur est de 602 m. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Cette voie publique prenait autrefois naissance à la rue Saint-Hyacinthe, où était située la porte Saint-Jacques. Elle n’est plus désignée, depuis 1806, sous le nom de rue du Faubourg-Saint-Jacques, qu’à partir de la rue de la Bourbe et de celle des Capucins (voir l’article suivant). — Une décision ministérielle du 5 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 9 décembre 1838, cette moindre largeur est portée à 12 m. Les constructions ci-après ne sont pas soumises à retranch. : nos 19, 21, 35, 45, 49, 51, 57 et 59 ; 12, 30 et 38. Les propriétés nos 37, 39, 41, 43, 55 et 36 ne devront subir qu’un faible reculement.

Jacques (rue Saint-).

Commence aux rues Galande, no  79, et Saint-Severin, no  3 ; finit aux rues des Capucins et de la Bourbe, no  2. Le dernier impair est 309 ; le dernier pair, 358. Sa longueur est de 1562 m. — De 1 à 161, 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques ; de 163 à la fin, 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire ; de 2 à 202, 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne ; de 204 à la fin, 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Au XIIe siècle c’était la Grand’rue du Petit-Pont. Elle prit au XIIIe siècle en ses diverses parties les noms de Grand’rue Saint-Jacques-des-Prêcheurs, Grand’rue Saint-Étienne-des-Grés, Grand’rue près Saint-Benoît-le-Beslournet, Grand’rue près du chevet de l’église Saint-Severin, Grand’rue outre Petit-Pont, Grand’rue vers Saint-Mathelin, Grand’rue Saint-Benoît, enfin Grand’rue Saint-Jacques, en raison de la chapelle Saint-Jacques, où les religieux Dominicains, frères Prêcheurs, dits depuis Jacobins, s’établirent en 1218. Depuis 1806, le nom de rue Saint-Jacques lui a été donné jusqu’à la rue de la Bourbe ; avant cette époque cette voie publique ne portait cette dénomination que jusqu’aux rues Saint-Hyacinthe et des Fossés-Saint-Jacques, où l’on voyait anciennement une porte de l’enceinte construite par Philippe-Auguste. Nous en parlerons dans le cours de cet article. — Une décision ministérielle du 5 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Cette moindre largeur est portée à 12 m., en vertu d’une ordonnance royale du 3 février 1836. Les constructions ci-après ne sont pas soumises à retranchement : encoignure gauche de la rue des Noyers, les dépendances du collége de France, 113, encoignure gauche de la rue Soufflet, 193, 243, le mur de clôture du Val-de-Grâce ; 136, 156, 158, 160, 170, 172, 174, 176, 178 ; 180, 182, 184, 218, 232, dépendances de l’institution des Sourds-Muets, 286, et 318. Les propriétés nos 161, 208, 210, 212, 214, et 316 ne devront subir qu’un faible redressement. — Égout : 1o depuis la rue Galande jusqu’à celle des Grés ; 2o au-devant du Val-de-Grâce. — Conduite d’eau entre les rues de la Parcheminerie et du Foin. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

À l’encoignure gauche de la rue des Noyers était située la chapelle Saint-Yves. Elle fut fondée et bâtie en 1348, un an après la canonisation de Saint-Yves, par Clément VI. Des écoliers Bretons, qui étudiaient à Paris, firent les frais de cette fondation. Saint-Yves, dont le nom de famille était Hélor, naquit auprès de Tréguier ; son père était seigneur de Kermartin. Saint-Yves vint à Paris à l’âge de 14 ans, pour apprendre la philosophie, la théologie et le droit canon ; à vingt-quatre ans il alla étudier le droit civil à Orléans ; et fut ensuite official de l’évêque de Rennes, puis de celui de Tréguier, et enfin curé de Lohance. Il mourut le 19 mai 1303. Les infortunés ne réclamèrent jamais en vain les conseils et la bienfaisance de Saint-Yves, qui mérita le beau nom d’Avocat des Pauvres. Les procureurs et les avocats l’adoptèrent pour patron, mais l’imitèrent rarement. Ils établirent une confrérie dans cette chapelle qui était d’une construction élégante ; sur le portail on voyait les statues de Jean VI, duc de Bourgogne, et de Jeanne de France sa femme. En 1790, cette chapelle, fut supprimée. Devenue propriété nationale, elle fut vendue le 6 mai 1793, et démolie en 1796 ; la maison qui porte sur la rue des Noyers le no  56 a été bâtie sur son emplacement.

La porte Saint-Jacques était située vers le milieu de l’espace qui se trouve entre la rue Soufflot et celle des Fossés-Saint-Jacques ; on l’appela aussi porte de Notre-Dame-des-Champs, parce qu’on y passait pour aller au faubourg et au monastère de ce nom. Elle faisait partie de l’enceinte de Philippe-Auguste. Ce fut par la porte Saint-Jacques que les troupes de Charles VII entrèrent dans Paris, le vendredi 13 avril 1436 ; cette porte fut abattue en 1684.

Au no  193 était situé le couvent des religieuses de la Visitation Sainte-Marie. À l’article du temple Sainte-Marie, nous parlerons de l’établissement de ces religieuses à Paris, vers 1619. Le nombre s’étant considérablement augmenté, l’archevêque de Paris leur accorda la permission, en 1623, d’établir un nouveau monastère. Elles achetèrent dans la rue Saint-Jacques la maison dite de Saint-André, dans laquelle elles entrèrent le 13 août 1626. Cet établissement fut confirmé en 1660, par lettres-patentes ; leur communauté fut supprimée en 1790, et vendue le 4 prairial an V. D’après l’acte d’aliénation, l’acquéreur était tenu de livrer sans indemnité le terrain nécessaire pour les nouveaux percements de rues. — « Au camp impérial de Varsovie, le 25 janvier 1807. Napoléon, etc…. Nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Article 1er. La rue, qui aux termes du contrat primitif de vente, doit être formée à travers les bâtiments et terrains de l’ancien couvent de Sainte-Marie, dit les Visitandines, à l’entrée du faubourg Saint-Jacques, n’aura son exécution qu’autant que les dames du refuge, dites de Saint-Michel, qui y ont établi depuis peu leur institution, cesseront d’être propriétaires de cet ancien couvent, etc… » — Ces dames se consacrent à l’éducation de la jeunesse ; leur couvent sert aussi de maison de correction pour les jeunes filles repenties, et pour celles qui sont détenues par mesure de police ou par inconduite, à la demande de leurs parents.

Au no  269 était situé le couvent des Bénédictins anglais. Par suite de la persécution que le roi Henri VIII exerça contre les catholiques, les bénédictins anglais, ainsi que tous les autres religieux du culte romain, se virent forcés de se cacher ou d’aller chercher un asile hors de l’Angleterre. Marie de Lorraine, abbesse de Chelles, en fit venir six à Paris, qu’elle établit, en 1615, au collége de Montaigu, puis elle les en tira pour les installer dans une maison du faubourg Saint-Jacques ; mais le refus qu’ils firent, en 1618, de se prêter à une nouvelle translation, les brouilla avec leur bienfaitrice et tarit la source de ses libéralités. Dans l’indigence où cet abandon les laissa réduits, ces religieux furent secourus par le père Gabriel Gifford, alors chef de trois congrégations italienne, espagnole et anglaise, qu’on avait réunies, en 1617, sous le nom de Congrégation Bénédictine anglaise. Il les logea d’abord dans une maison rue de Vaugirard, puis les transféra rue d’Enfer ; ils habitèrent ensuite une propriété que les Feuillantines avaient occupée ; enfin le père Gifford, devenu archevêque de Reims, leur acheta, en 1640, trois maisons rue du Faubourg Saint-Jacques où ils purent se fixer définitivement. Ces religieux obtinrent, en 1642, de l’archevêque de Paris, la permission de célébrer l’office divin dans leur chapelle, ce qui leur fut confirmé par des lettres-patentes de Louis XIV. En 1674, ils démolirent l’ancienne maison et la salle qui servait de chapelle ; puis construisirent de nouveaux bâtiments et commencèrent l’église. La première pierre en fut posée par mademoiselle Louise d’Orléans, depuis reine d’Espagne, et le roi contribua à la dépense pour une somme de sept mille livres. Cette église fut achevée et bénite le 28 février 1677, sous le titre de Saint-Edmond. Elle contenait le corps du malheureux Jacques II, roi de la Grande-Bretagne, mort à Saint-Germain-en-Laye le 6 septembre 1701. Son tombeau ne portait que cette inscription : Ci-gist Jacques II, roi de la Grande-Bretagne. — Le couvent des Bénédictins, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 13 fructidor an VII. — Un arrêté des Consuls, du 3 pluviôse an X, prononça la déchéance de l’acquéreur et les bénédictins anglais rentrèrent en possession de leur ancien établissement en vertu d’un autre arrêté des Consuls du 3 messidor an XI.

Jacques-du-Haut-Pas (église Saint-).

Située dans la rue Saint-Jacques, entre les nos 252 et 254. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Cette église doit son nom à la chapelle Saint-Jacques-du-Haut-Pas dont nous parlerons à l’article de l’institution des Sourds-Muets. — Vers le milieu du XVe siècle, les habitants des faubourgs Saint-Jacques et Saint-Michel, trop éloignés des églises Saint-Médard, Saint-Hippolyte et Saint-Benoit, sollicitèrent l’érection de cette chapelle en succursale. Cette demande leur fut accordée en 1566. La sentence de l’official de Paris est ainsi conçue : « Avons permis et permettons aux manants et habitants des dits faubourgs de la porte Saint-Jacques et de Notre-Dame-des-Champs, avoir à leurs dépens autres personnes, qui dient, chantent et célèbrent à haute voix et avec chants, les dits offices divins. » — Dès l’époque de l’établissement de cette succursale, le prêtre qui la desservait avait pris le titre de curé. Cette cure était alors à la nomination du trésorier de la Sainte-Chapelle. La population s’étant considérablement augmentée dans le faubourg Saint-Jacques, on résolut, en 1603, de bâtir une église plus vaste. La première pierre ne fut pourtant posée que le 2 septembre 1630, par Monsieur, frère du roi Louis XIII. Ce fut seulement alors que les habitants obtinrent l’érection de leur église en paroisse. Les travaux, commencés d’abord avec beaucoup d’ardeur, furent longtemps suspendus faute de secours. On les reprit en 1675. Le chœur était seulement construit à cette époque. On doit la continuation de cette église à madame Anne-Geneviève de Bourbon, princesse du sang, duchesse douairière de Longueville, qui vint plusieurs fois au secours de la fabrique. Mais la plus grande partie de la dépense fut faite par les paroissiens. Il est peu d’exemples dans notre histoire d’un zèle de piété plus unanime et plus touchant. Les carriers, qui étaient en grand nombre dans ce quartier, fournirent gratuitement toute la pierre dont cet édifice est pavé ; et les ouvriers employés à sa construction travaillèrent chacun un jour par semaine, sans vouloir en recevoir le salaire. Le portail, décoré de quatre colonnes doriques, et la tour, d’une forme carrée, furent construits sur les dessins de l’architecte Guittard, membre de l’Académie. On commença en 1688 la chapelle de la Vierge, située dans le fond du chœur. L’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas est aujourd’hui la seconde succursale de la paroisse Saint-Étienne-du-Mont.

Jacques-la-Boucherie (marché Saint-).

Situé dans la rue des Arcis. — 6e arrondissement, quartier des Lombards.

Ce marché a été construit sur l’emplacement occupé par l’ancienne église Saint-Jacques-la-Boucherie. Les écrivains qui ont fait de l’histoire de Paris une étude spéciale n’ont pu préciser l’époque de la fondation de cette église. On croit généralement qu’à l’endroit où elle fut construite se trouvait une chapelle qu’on y voyait vers 954, sous le règne de Lothaire Ier. — Dans une bulle du pape Callixte II, en 1119, il est fait mention pour la première fois de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie. Ce nom de la Boucherie lui vient de son voisinage de l’Apport-Paris, où se trouvait la plus ancienne et la plus considérable des boucheries de la ville. Cette église fut érigée en paroisse sous Philippe-Auguste, vers l’an 1200. Ses bâtiments avaient alors peu d’étendue, ils furent agrandis successivement aux XIVe et XVe siècles. Nicolas Flamel fit construire à ses frais le petit portail qu’on voyait dans la rue des Écrivains. L’histoire de cet homme est singulière. Il était né sans biens, de parents obscurs, et sa profession d’écrivain n’avait pu lui donner les moyens d’acquérir de grandes richesses. Cependant on le vit tout-à-coup, par ses libéralités, déceler une fortune immense. On crut à cette époque, en le voyant si riche, qu’il avait découvert la pierre philosophale. Flamel employa d’une manière honorable les biens qu’il possédait : une honnête famille tombée dans la misère, une jeune fille que l’indigence allait peut-être entraîner dans les désordres, le marchand et l’ouvrier chargés d’enfants, la veuve et l’orphelin, voilà sur qui tombèrent les bienfaits de Nicolas Flamel. Il fut enterré le 24 mars 1417, dans l’église Saint-Jacques-la-Boucherie qu’il avait embellie. Cet édifice avait droit d’asile ; en 1405 on y fit même construire une chambre qu’on réserva à ceux qui venaient s’y mettre en franchise. La justice ne respecta pas toujours cet asile. — Voici deux faits historiques qui le prouvent : — Le 14 janvier 1358, Jean Baillet, trésorier général des finances, passant dans la rue Saint-Merri, fut assassiné par un changeur nommé Perrin Macé. Le meurtrier se sauva dans l’église Saint-Jacques-la-Boucherie. Le Dauphin, depuis Charles VI, irrité de cet attentat, envoya Robert de Clermont, maréchal de France, Jean de Châlons et Guillaume Staise, prévôt de Paris, avec l’ordre de s’emparer du coupable. Il fallut l’arracher de l’église ; le lendemain on lui fit couper le poing à l’endroit où il avait commis le crime, puis on le conduisit au gibet où il fut étranglé. Dès que Meulan, évêque de Paris, connut cette violation des privilèges ecclésiastiques, il fit détacher du gibet le corps du supplicié, et ordonna qu’il fut inhumé avec pompe dans l’église Saint-Jacques-la-Boucherie. Le prévôt des marchands et ceux de sa faction assistèrent à cette cérémonie dans le même temps que le dauphin honorait de sa présence les funérailles de Jean Baillet. — En 1406, un autre criminel fut également arraché de cette église ; l’évêque d’Orgemont fit suspendre aussitôt le service divin ; il fallut avant de continuer les cérémonies religieuses, que le parlement condamnât cette violation. — Ce droit d’asile fut introduit en France à cette époque de la conquête où les vaincus n’avaient pas d’autre refuge contre les violences de leurs vainqueurs ; la religion alors pouvait couvrir les malheureux de sa puissante égide. Le mal n’existant plus, le droit d’asile devrait s’éteindre également et cesser d’offrir aux scélérats cette chance d’impunité. Un des caveaux de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie renfermait les dépouilles mortelles de l’illustre Jean Fernel, médecin de Henri II et accoucheur de la reine Catherine de Médicis. Cette princesse était si contente de son habileté, qu’elle lui donnait à chaque couche la somme très forte alors, de douze mille écus d’or. — L’église Saint-Jacques-la-Boucherie qui n’avait été achevée que sous le règne de François Ier, fut supprimée en 1790. Devenue propriété nationale, elle fut vendue le 11 floréal an V, et démolie peu de temps après. Sur son emplacement un particulier fit construire, d’après les plans de M. Lelong, architecte, un marché dont l’inauguration eut lieu le 13 octobre 1824. Dans cet établissement, qui occupe une superficie de 1,400 m., l’on vend du linge et des habits.

Jacques-la-Boucherie (place Saint-).

Située à l’angle des rues des Écrivains et du Petit-Crucifix. Les numéros continuent la série de la rue du Petit-Crucifix. — 6e arrondissement, quartier des Lombards.

Cette petite place a été formée en 1497, par suite de la démolition de deux propriétés formant alors le coin des rues des Écrivains et du Petit-Crucifix (voir pour l’étymologie, l’article précédent). — Une décision ministérielle du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, a fixé la largeur de cette voie publique à 18 m. La propriété à l’angle de la rue du Petit-Crucifix est soumise à un faible retranchement ; celle qui fait l’encoignure de la rue des Écrivains, est alignée. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Jacques-la-Boucherie (rue Saint-).

Commence aux rues de la Planche-Mibray, no  21, et des Arcis, no  1 ; finit à la rue Saint-Denis, no  6. Le dernier impair est 33 ; le dernier pair, 52. Sa longueur est de 153 m. — De 1 à 27, 7e arrondissement, quartier des Arcis ; de 29 à la fin, 4e arrondissement, quartier du Louvre. Tous les numéros pairs, 6e arrondissement, quartier des Lombards.

Des l’année 1300, Guillot en parle ainsi :

En la rue Saint-Jaque et ou Porce
M’en ving, n’avoie sac ne poce.

À la fin de ce siècle on la trouve nommée de la Vannerie ; on ne la distinguait point alors de cette voie publique dont elle fait la continuation. Elle tire son nom actuel de la grande boucherie qui y était située, et de sa proximité de l’église Saint-Jacques. Une décision ministérielle du 11 octobre 1806, signée Champagny, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 9 décembre 1838, cette moindre largeur est portée à 10 m. Les maisons nos 29, 31, 33 ; 4 et 14 ne sont pas soumises à retranch. ; celles nos 2, 6, 8, 10, 12, 16, 18 et 22 ne devront subir qu’un faible redressement. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Jacques-la-Boucherie (tour Saint-).

Ayant son entrée par la rue du Petit-Crucifix. — 6e arrondissement, quartier des Lombards.

Cette tour, l’une des plus hautes de Paris, rivalise avec celles de l’église de Notre-Dame. Sa construction commencée en 1508, fut achevée en 1522 ; sa hauteur depuis le sol de la rue jusqu’à la balustrade est de 52 m. Elle est carrée et chacun de ses côtés a hors-d’œuvre 10 m. 40 c. À son sommet on voyait la statue de Saint-Jacques, dessinée par un nommé Raoult, sculpteur d’images. L’église Saint-Jacques-la-Boucherie, ainsi que nous l’avons dit plus haut, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue le 11 floréal an V. La tour avait été comprise dans cette vente, aucune clause n’imposait à l’acquéreur l’obligation de la conserver. La ville de Paris, jalouse de réparer cette omission, l’acheta des héritiers Dubois, le 27 août 1836, moyennant 250,100 fr.

Jacques-l’Hôpital (rue Saint-).

Commence à la rue de la Grande-Truanderie, nos 16 et 22 ; finit à la rue Mauconseil, nos 1 bis et 3. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair 12. Sa longueur est de 98 m. — 5e arrondissement, quartier Montorgueil.

Cette rue a été percée sur l’emplacement du cloître Saint-Jacques-l’Hôpital, en vertu d’une décision ministérielle du 15 octobre 1814, signée Montesquiou. La largeur assignée à ce percement est de 10 m. Sa dénomination qui rappelle l’établissement religieux sur lequel elle fut ouverte, a été proposée par le conseil des bâtiments civils, dans sa séance du 23 décembre 1813. Une ordonnance royale du 29 avril 1839 a maintenu la largeur de 10 m. Les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau entre la rue de la Grande-Truanderie et les deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Française).

Dès le IXe siècle, les pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle devinrent très fréquents. Des bourgeois de Paris se réunirent en confrérie, et achetèrent, en 1319, un emplacement dans la rue Saint-Denis, près de la Porte-aux-Peintres ; l’église fut dédiée en 1327, par Jean de Marigny, évêque de Beauvais. La reine Jeanne de Bourgogne fut une des bienfaitrices de cet établissement, et lui donna deux reliques qui furent conservées précieusement. En 1383, les rentes de cet hôpital, s’élevaient à la somme de 474 livres. On y comptait 40 lits ; chaque nuit 60 à 80 pauvres y étaient admis, et recevaient le matin en sortant le quart d’un pain, d’un denier, et le tiers d’une chopine de vin. Le défaut de surveillance fit perdre dans la suite à cet établissement, son caractère de maison d’asile pour les voyageurs. La confrérie de Saint-Jacques-l’Hôpital fut supprimée en 1790 ; le cloître et ses dépendances ont été aliénés par l’administration des hospices de 1812 à 1817. Sur leur emplacement ont été formées les rues Saint-Jacques-l’Hôpital et des Pèlerins ; on a exécuté aussi le prolongement de la rue Mondétour, depuis la rue du Cygne jusqu’à celle Mauconseil.

Jardinet (rue du).

Commence à la rue Mignon, nos 7 et 2 ; finit à l’impasse de la cour de Rouen, et à la rue de l’Éperon, no  11. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 12. Sa longueur est de 97 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Cette rue se prolongeait autrefois jusqu’à la rue Hautefeuille ; ce prolongement portait le nom de rue des Petits-Champs. Depuis on l’appela rue de l’Escureul et des Escureux ; enfin rue du Jardinet, en raison, dit Jaillot, du jardin de l’hôtel et collége de Vendôme, situé entre cette rue et celle du Battoir. Ce collége fut démoli en 1441, aucun titre ne mentionnait l’époque de sa fondation. — Une décision ministérielle du 28 prairial an IX, signée Chaptal, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 7 m. Une ordonnance royale du 22 août 1840 a porté sa largeur à 10 m. Les maisons nos 9, 11 et 13, sont alignées ; celles de 1 à 7 sont soumises à un retranchement qui varie de 1 m. 70 c. à 2 m. 40 c. ; les constructions du côté droit devront reculer de 2 m. 20 c. à 3 m. 40 c. — Conduite d’eau entre les rues Mignon et du Paon.

Jardiniers (impasse des).

Située dans la rue de Charenton, entre les nos 172 et 174. Le dernier numéro est 15. — 8e arrondissement, quartier des Quinze-Vingts.

Cette impasse existait dès 1760. Elle doit vraisemblablement son nom à des jardiniers qui vinrent l’habiter. Elle n’est point reconnue voie publique.

Jardins-Poissonnière (rue des).

Commence à la rue du Gazomètre, nos 4 et 9 ; finit à la rue de l’Abattoir. Le dernier impair est 21 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 238 m. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

Cette rue a été ouverte en 1827, sur les terrains appartenant à MM. André et Cottier. L’ordonnance royale d’autorisation est à la date du 31 janvier 1827 ; cependant on n’a commencé à bâtir dans cette rue qu’en 1838. Le nom qui a été donné à cette voie publique rappelle l’emplacement sur lequel elle a été percée. Elle a 12 m. de largeur. (Voyez rue de l’Abattoir.)

Jardins-Saint-Paul (rue des).

Commence à la rue des Barrés, nos 16 et 18 ; finit à la rue des Prêtres-Saint-Paul, nos 9 et 11. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair 22. Sa longueur est de 135 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Elle doit son nom à des jardins qui touchaient aux murs d’enceinte de Philippe-Auguste, sur une partie desquels elle fut construite. Deux contrats de vente de 1277 et 1298, lui donnent déjà cette dénomination, Le bon curé de Meudon, l’illustre Rabelais, a demeuré dans cette rue. Il y mourut le 9 avril 1553. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, signée François de Neufchâteau, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 4 août 1838. De 1 à 5, retranch. 2 m. à 2 m. 80 c. ; 7 et 9, ret. 1 m. 50 c. ; 11 et 13, ret. 2 m. 70 c. à 3 m. 40 ; de 15 à la fin, ret. 1 m. 90 c. à 2 m. 70. Les constructions du côté des numéros pairs devront reculer de 1 m. 80 à 3 m. 20.

Jarente (rue).

Commence à la rue du Val-Sainte-Catherine, nos 9 et 11 ; finit à la rue Culture-Sainte-Catherine, nos 12 et 16. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair 12. Sa longueur est de 98 m. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

L’abbé de Jarente proposa l’ouverture de cette rue, qui fut autorisée par lettres-patentes du 6 janvier 1781. Elle fut formée en 1784, sur l’emplacement du prieuré royal de la Couture-Sainte-Catherine. On lui donna le nom de Jarente, en l’honneur de Louis-François-Alexandre de Jarente, Senas d’Orgeval, évêque d’Olba, coadjuteur de l’évêché d’Orléans et prieur commendataire du prieuré royal de la couture Sainte-Catherine. Le percement qui nous occupe ne fut point effectué sur une largeur uniforme ; il ne débouchait même, dans la rue Culture-Sainte-Catherine, que sous la voûte d’une maison de cette dernière voie publique. On n’obtint la régularisation de ce débouché qu’en 1840, au moyen de la démolition de la maison dont il s’agit. Une décision ministérielle du 22 juillet 1823 a fixé la largeur de la rue Jarente à 10 m. (voyez Catherine, marché Sainte-). Les constructions du côté des numéros impairs ne sont pas soumises à retranchement. Celles de 2 à 8 devront reculer de 3 m. 20 c. environ. La maison no  10 est alignée. La propriété à l’angle de la rue Culture-Sainte-Catherine n’est assujettie qu’à un faible retranchement. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne)

Jean (place du Marché-Saint-).

Située entre les rues Renaud-le-Fèvre et celles de la Verrerie et de Bercy. Le dernier impair est 39 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 72 m. — 7e arrondissement, quartier du Marché-Saint-Jean.

Sous Philippe-le-Hardi près de la rue Renaud-le-Fèvre, se trouvait une petite place qui bordait un cimetière ; des constructions en diminuaient chaque année l’étendue. En 1280 et 1300 on l’appelait place du Vieux-Cimetière. En 1313 elle servait à un marché que le rôle de taxe de cette année appelle le Marciai Saint Jean. Les biens de Pierre de Craon, assassin du connétable de Clisson, ayant été confisqués, son hôtel, situé au coin de la rue de la Verrerie, fut abattu en 1392. L’église Saint-Jean parvint à obtenir de Charles VI l’emplacement que la démolition de cet hôtel laissa vide. Dans les lettres d’amortissement qui furent données à ce sujet le 16 mai 1393, il est dit « que le roi a ordonné que cet hôtel fût démoli et que l’emplacement en fût donné (excepté les vergers et jardins) aux marguilliers de Saint-Jean, pour y faire un cimetière qui serait appelé le cimetière neuf de Saint-Jean ». Ces lettres furent enregistrées à la chambre des comptes, le 21 octobre 1393, et depuis ce temps cet emplacement qui était de 815 mètres, réuni à l’ancien marché, fut destiné à un cimetière que les titres et les plans appelaient le cimetière Vert. En 1772, il fut converti en un marché public. — « Séance du primidi, 21 brumaire an II : La société populaire de la section des droits de l’homme, chargée par cette section, vient annoncer au conseil que, suivant le grand exemple donné par les autorités constituées de Paris, elle ne reconnaît plus d’autre culte que celui de la liberté et de la raison. Le conseil reçoit avec plaisir cette déclaration, et en arrête mention civique et insertion aux affiches, et sur l’observation de cette section que le marché Saint-Jean devrait s’appeler place des Droits de l’Homme ; le Conseil arrête que le marché Saint-Jean se nommera désormais place des Droits de l’Homme. » (Registre de la commune, page 13304, t. 22.) — Une décision ministérielle à la date du 13 ventôse an VII, signée François de Neufchâteau, et une ordonnance royale du 12 juillet 1837, ont déterminé les alignements de la place du marché Saint-Jean. D’après les dispositions arrêtées, la moindre largeur de cette voie publique est fixée à 44 m. Les maisons nos 1, 3, 5, 7, 9, 37 et 39 sont alignées ; les autres constructions de ce côté sont soumises à un retranchement qui n’excède pas 70 c. Les maisons du côté des numéros pairs devront subir un fort retranchement. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Par décret du 30 janvier 1811, Napoléon avait ordonné la construction de bâtiments destinés à servir à la vente qui se faisait dans cette voie publique. Ce projet fut abandonné en vertu d’un autre décret du 21 mars 1813, qui prescrivit l’établissement du marché des Blancs-Manteaux (voir cet article). Le marché Saint-Jean a été supprimé en 1818.

Jean (rue Neuve-Saint-).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Martin, nos 63 et 65 ; finit à la rue du Faubourg-Saint-Denis, nos 70 et 74. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 217 m. — 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

Elle a été percée, vers 1780, sur une partie du grand égout, et doit sans doute sa dénomination à une enseigne. — Une décision ministérielle du 25 messidor an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette rue à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 6 mars 1828, cette dimension est portée à 12 m. À cette époque, la largeur de la rue Neuve-Saint-Jean variait de 2 m. 30 c. à 4 m. 50 c. seulement. — Une ordonnance royale du 29 novembre 1840 a déclaré d’utilité publique l’élargissement de cette rue au droit des maisons nos 2, 4 et 6 et de la propriété no  65, sur la rue du Faubourg-Saint-Martin. Cette importante amélioration a été complétement exécutée en 1843. La maison située sur le côté des numéros impairs à l’encoignure de la rue du Faubourg-Saint-Martin, devra reculer de 2 m. 40 c. à 2 m. 60 c. Les maisons nos 3 bis, 5, 7 et 9 sont soumises à un retranchement qui varie de 3 m. à 4 m. Toutes les autres propriétés sont alignées. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe de Belleville).

Jean (rue Saint-).

Commence au quai d’Orsay ; finit à la rue Saint-Dominique, nos 170 et 172. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 12. Sa longueur est de 297 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Partie comprise entre les rues de l’Université et Saint-Dominique. Elle se nommait anciennement rue des Cygnes, en raison de sa proximité de l’île des Cygnes. Sa dénomination actuelle lui a été donnée en 1738. On voit encore une statue de saint Jean à l’angle de la rue Saint-Dominique. — Une décision ministérielle en date du 8 brumaire an X, signée Chaptal, a maintenu la largeur de cette partie de rue, qui est de 11 m. 62 c.

Partie comprise entre le quai d’Orsay et la rue de l’Université. — Un décret impérial du 10 février 1812 porte, entr’autres dispositions : que la rue de la Pompe sera supprimée, et son emplacement réuni à la Manufacture des Tabacs ; qu’une voie de 10 m. de largeur sera ouverte en prolongement de la rue Saint-Jean jusqu’au quai d’Orsay. Ce décret ne fut point exécuté. — Une ordonnance royale du 26 juillet 1826 renouvela les dispositions précitées en assignant toutefois une largeur de 13 m. au prolongement de la rue Saint-Jean. Ce percement fut immédiatement effectué. Les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau entre la rue Saint-Dominique et celle de la Triperie.

Jean-Baptiste (rue Saint-).

Commence à la rue de la Pépinière, nos 38 et 40 ; finit à la rue Saint-Michel, nos 6 et 11. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 90 m. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Cette rue, ouverte en 1788, doit son nom à une enseigne. — Une décision ministérielle du 3 thermidor an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Toutes les constructions du côté des numéros impairs et celles nos 2 et 4 sont alignées. Le surplus n’est soumis qu’à un faible redressement. — Bassin d’égout.

Jeannisson (rue).

Commence à la rue Saint-Honoré, nos 234 et 236 ; finit à la rue de Richelieu, nos 13 et 13 bis. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 12. Sa longueur est de 97 m. — 2e arrondissement, quartier du Palais-Royal.


En 1638, elle portait le nom de rue des Boucheries, et les registres des ensaisinements de l’archevêché l’indiquent comme étant nouvellement construite. Cette dénomination lui avait été donnée parce qu’elle aboutissait en face des boucheries des Quinze-Vingts, situées dans la rue Saint-Honoré. — Une décision ministérielle du 3 frimaire an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, cette largeur est portée à 10 m. Conformément à une décision rendue par le ministre de l’intérieur le 12 février 1831, la rue qui nous occupe a pris le nom de Jeannisson, en mémoire de l’un des combattants de Juillet 1830. Après avoir lutté bravement contre les troupes royales, Jeannisson, propriétaire dans le passage Saint-Guillaume, fut blessé mortellement dans la rue de Richelieu, au coin de celle des Boucheries.

La maison no  5 est alignée. Les autres constructions de ce côté sont soumises à un retranchement qui varie de 1 m. 70 c. à 3 m. ; les maisons du côté des numéros pairs devront reculer de 1 m. 70 c. à 2 m. 80 c. — Conduite d’eau depuis la rue de Richelieu jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Jemmapes (quai de).

Commence à la place de la Bastille ; finit à la barrière de Pantin. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par le canal Saint-Martin ; le dernier pair est 254. Sa longueur est de 3,454 m. — De 2 à 84, 8e arrondissement, quartier Popincourt ; de 86 à 142, 6e arrondissement, quartier du Temple ; de 144 à la fin, 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

Il a été formé vers 1822, lors de la construction du canal Saint-Martin. — Une lettre ministérielle du 31 décembre 1824 porte ce qui suit : « Le Roi a daigné consentir à ce que la grande rue ouverte sur les terrains des sieurs André et Cottier, pour communiquer du faubourg Saint-Martin au faubourg Poissonnière, reçut le nom de rue Charles X ; que le même nom fût donné au quai de l’est du canal Saint-Martin, et enfin que le quai de l’ouest du même canal fût nommé quai Louis XVIII. » En 1830, le quai Louis XVIII prit la dénomination de quai de Jemmapes, en mémoire de la bataille de Jemmapes, gagnée le 6 novembre 1792, par les Français sur les Autrichiens. — L’alignement du quai de Jemmapes est déterminé ainsi qu’il suit, savoir : de la place de la Bastille à la rue de la Butte-Chaumont, par une parallèle à l’axe du canal, et à 30 m. de distance ; de la rue de la Butte-Chaumont à la fin, par une parallèle audit axe et à 56 m. 15 c. Les propriétés ci-après ne sont pas soumises à retranchement : de 2 à 28 inclusivement, 34, de 38 à 56 inclus., de 62 à 72 inclus., 84, de 88 à 126 inclus., de 130 à 160 inclus., de 168 à 228 inclus., et de 232 à la fin (voyez l’article du Canal Saint-Martin) — Égout et conduite d’eau depuis la place de la Bastille jusqu’à la rue des Récollets.

Jérôme (rue Saint-).

Commence au quai de Gesvres, nos 24 et 26 ; finit à la rue de la Vieille-Lanterne. Un seul impair qui est 1 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 22 m. — 7e arrondissement, quartier des Arcis.

Nous avons dit à l’article du quai de Gesvres que toute cette partie de terrain portait le nom de l’Écorcherie, et que M. de Gesvres obtint la permission d’y bâtir. Une de ces voies publiques fut désignée sous le nom de rue ou ruelle de Gesvres. La malpropreté qui régnait la fit appeler par le peuple rue Merderet. Plus tard une statue de Saint-Jérôme, placée à un des angles de l’ancienne rue de Gesvres, lui fit donner le nom qu’elle porte aujourd’hui. — Une décision ministérielle du 11 octobre 1806, signé Champagny, et une ordonnance royale du 9 décembre 1838, ont fixé la largeur de la rue Saint-Jérôme à 6 m. Les maisons riveraines sont bâties d’après cette dimension.

Jérusalem (rue de).

Commence au quai des Orfèvres, nos 24 et 26 ; finit à la rue de Nazareth. Le dernier impair est 7 ; pas de numéro pair. Sa longueur est de 58 m. — 11e arrondissement, quartier du Palais-de-Justice.

Elle tire sa dénomination des pèlerins qui, à leur retour de Jérusalem étaient logés dans cette rue. — « Séance du 22 mai 1793. — Sur le rapport des administrateurs des travaux publics et vu le plan de l’intérieur du Palais-de-Justice, le bureau national arrête que la rue de Jérusalem ne sera dorénavant considérée que comme un passage public et non comme une rue, et que les propriétaires riverains de cette rue pourront y disposer de leurs terrains comme bon leur semblera, pourvu qu’ils n’anticipent pas sur le terrain dudit passage et se conforment aux lois des bâtiments. » (Registre du bureau municipal, tome 51, page 76.) — Une décision ministérielle du 31 août 1819 fixa la largeur de cette rue à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 26 mai 1840, elle doit être supprimée pour faciliter l’agrandissement du Palais-de-Justice et de ses abords. — Égout. — Éclairage au gaz (compe Française).

Jeûneurs (rue des).

Commence aux rues du Gros-Chenet, no  23, et du Sentier, no  1 ; finit à la rue Montmartre, nos 158 et 160. Le dernier impair est 21 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 227 m. — 3e arrondissement, quartier Montmartre.

Son véritable nom est celui de rue des Jeux-Neufs, qu’elle porta dès 1643. Elle fut construite sur l’emplacement de deux jeux de boules. C’est par altération qu’on dit aujourd’hui rue des Jeûneurs. Par décision ministérielle du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, la moindre largeur de cette voie publique fut fixée à 8 m. Cette moindre largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 4 mai 1826. Les propriétés nos 1, 1 bis, 3, 7, 9, 9 bis, 13, 15 ; 4, 6, 14 et 16 ne sont pas soumises à retranchement. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Joaillerie (rue de la).

Commence à la place du Châtelet et à la rue de la Vieille-Place-aux-Veaux, no  1 ; finit à la rue Saint-Jacques-la-Boucherie, no  27. Pas de numéro. Sa longueur est de 15 m. — Le côté gauche est du 4e arrondissement, quartier du Louvre ; le côté opposé est du 7e arrondissement, quartier des Arcis.

Selon Sauval, c’était en 1300 la rue du Chevet-Saint-Leufroi, parce qu’elle passait près du chevet de la chapelle de ce nom. En 1313, elle ne s’étendait pas encore jusqu’à la rue Saint-Jacques-la-Boucherie. Le terrain sur lequel on l’a prolongée de ce côté était occupé par un four, indiqué par nos historiens sous les noms de four d’Enfer et de four du Métier. Il fut détruit sous le règne de Charles V, par Hugues Aubriot, prévôt de Paris. Cette démolition procurant un passage direct au Pont-au-Change, on nomma cette voie publique rue du Pont-au-Change. Elle a pris son dernier nom des orfèvres et joailliers qui vinrent s’y établir après l’incendie du Pont-au-Change en 1621. Lors de la démolition du grand Châtelet, la plus grande partie de la rue de la Joaillerie fut supprimée. — Une décision ministérielle du 11 octobre 1806, signée Champagny, et une ordonnance royale du 29 avril 1839, ont maintenu cette voie publique suivant sa largeur actuelle qui est de 13 m. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Joinville (passage de).

Commence à la rue du Faubourg-du-Temple, nos 49 et 53 ; finit à la rue Corbeau, no  10. Le dernier impair est 3 bis. Pas de numéro pair ; ce côté est bordé par une clôture en planches. — 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

Il a été formé en 1843, sur les terrains appartenant à M. Chaulot. Ce passage qui est éclairé au gaz (compe de Belleville), doit son nom à François-Ferdinand-Philippe-Louis-Marie d’Orléans, prince de Joinville, né à Neuilly le 14 octobre 1818.

Joquelet (rue).

Commence à la rue Montmartre, nos 123 et 125 ; finit à la rue Notre-Dame-des-Victoires, nos 28 et 30. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 14. Sa longueur est de 100 m. — 3e arrondissement, quartier du Mail.

Cette rue doit son nom à un propriétaire qui y fit bâtir plusieurs maisons, au commencement du XVIIe siècle. — Une décision ministérielle du 23 pluviôse an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. En 1817, on commença à l’élargir ; elle n’avait à cette époque que 3 m. environ. En vertu d’une ordonnance royale du 4 mai 1826, sa largeur fut portée à 10 m. Une autre ordonnance du 21 novembre 1837 a déclaré d’utilité publique l’exécution immédiate de l’alignement de la rue Joquelet. Cette importante amélioration a été complètement réalisée en 1841. Aujourd’hui toutes les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Joseph (cour Saint-).

Située dans la rue de Charonne, no  7. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Elle doit son nom à une enseigne représentant saint Joseph. — Un plan de 1790 l’indique sous la dénomination de cul-de-sac Saint-Joseph.

Joseph (marché Saint-).

Situé dans la rue Montmartre, no  144. — 3e arrondissement, quartier Montmartre.

Ce marché a été construit vers 1806, sur l’emplacement de la chapelle Saint-Joseph dont nous traçons ici l’origine. Le cimetière de la paroisse Saint-Eustache se trouvait, en 1625, dans la rue du Bouloi, derrière l’hôtel du chancelier Séguier. Ce terrain, qui contenait environ 600 m. de superficie, était nécessaire à l’agrandissement de la maison de ce magistrat. Le chancelier fit en conséquence un traité avec les marguilliers de Saint-Eustache, par lequel ils lui cédèrent l’emplacement de leur cimetière, à la charge par lui d’en donner un autre dans le faubourg Montmartre et d’y faire construire une chapelle sous l’invocation de Saint-Joseph ; cette convention, quoique ratifiée le 24 août 1625, par l’archevêque de Paris, ne fut exécutée que le 14 juillet 1640. Le chancelier Séguier posa alors la première pierre de la chapelle, qui fut bénite par le curé de Saint-Eustache. Le cimetière de la rue du Bouloi fut en même temps transféré à côté de cette chapelle. Les tombeaux de deux hommes illustres lui donnèrent une grande célébrité. C’est là que furent enterrés Molière et Lafontaine : le premier en 1673, le second en 1695. — « La veuve de Molière (rapporte Titon du Tillet) fit porter une grande tombe de pierre qu’on plaça au milieu du cimetière de Saint-Joseph, où on la voit encore (en 1732). Cette pierre est fendue par le milieu ; ce qui fut occasionné par une action très belle et très remarquable de cette dame. Deux ou trois ans après la mort de Molière, il y eut un hiver très froid ; elle fit voiturer cent voies de bois dans le dit cimetière, lequel bois fut brûlé sur la tombe de son mari, pour chauffer tous les pauvres du quartier. La grande chaleur ouvrit cette tombe en deux ; voilà ce que j’ai appris, il y a environ vingt ans, d’un ancien desservant de la dite chapelle, qui me dit avoir assisté à l’enterrement de Molière, et qu’il n’était pas inhumé sous cette tombe, mais dans un endroit plus éloigné attenant à la maison du chapelain.» — L’enterrement avait eu lieu le 21 février 1673 à 7 heures du soir. — La chapelle Saint-Joseph, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue le 18 floréal an V, ainsi que le cimetière et la petite maison du chapelain, près de laquelle Molière avait été enterré. Cet emplacement contenait en superficie 950 m. ; les tombeaux de La Fontaine et de Molière ont été transférés au musée des monuments Français, puis, en 1818, au cimetière du Père-Lachaise.

« Ordonnance de police du 13 frimaire an XIV. — Le Préfet de police. Vu les articles 32 et 33 de l’arrêté du gouvernement du 12 messidor an VIII, ordonne ce qui suit : Article 1er. Il sera établi un Marché pour la vente en détail des beurres, œufs, fromages, fruits, légumes, poissons et autres comestibles, sur l’emplacement de la cidevant église Saint-Joseph, et des terrains et bâtiments en dépendant, situés rue Montmartre, entre celles de Saint-Joseph et du Croissant. — Art. 2e. Il sera ouvert à compter du 1er nivôse prochain. — Art. 3e. À compter du dit jour, il ne pourra être fait sur la voie publique, dans les rues Montmartre, faubourg Montmartre et autres adjacentes, aucun étalage de comestibles de telle espèce que ce soit. — Art. 4e. Le marché Saint-Joseph est assujetti aux dispositions des règlements relatifs aux autres marchés, etc. » Cet établissement a été restauré à la fin de l’année 1843.

Joseph (rue Saint-).

Commence à la rue du Gros-Chenet, nos 7 et 9 ; finit à la rue Montmartre, nos 142 et 144. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 26. Sa longueur est de 161 m. — 3e arrondissement, quartier Montmartre.

Un acte de l’évêché du 15 juin 1595, indique que cette voie publique était presque entièrement bordée de constructions, et qu’elle se nommait rue du Temps-Perdu. Un autre contrat du 13 juillet 1646 lui donne le nom de rue Saint-Joseph, qu’elle doit à la chapelle de ce nom (voir l’article qui précède). — Une décision ministérielle du 28 brumaire an VI, signée Letourneux, avait fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 6 septembre 1826. De 1 à 9, retranch. 4. m. 80 c. ; 11, aligné ; de 13 à la fin, ret. 4 m. 95 à 5 m. 50 c. ; de 2 à 8, ret. 45 c. à 80 c. ; 10 et 12 alignés ; de 14 à la fin, redressement. — Portion d’égout du côté de la rue Montmartre. — Éclairage au gaz (compe Française)

Madame de Montespan a demeuré dans cette rue ; elle y mourut en 1709.

Josset (passage).

Commence aux passages Saint-Antoine et de la Bonne-Graine ; finit à la rue de Charonne, entre les nos 38 et 40. Pas de numéro. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Il a été formé en 1835, sur les terrains appartenant M. Josset, marchand de bois.

Joubert (rue).

Commence à la rue de la Chaussée-d’Antin, nos 39 et 41, finit à la rue Sainte-Croix, nos 8 et 10. Le dernier impair est 47 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 288 m. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

« Louis, etc… Nous ayant été représenté que par les arrêts de notre conseil des 6 août 1779 et 18 février 1780, nous aurions commis les sieurs Joly de Fleury et Taboureau, conseillers d’état, et le sieur Lenoir, aussi conseiller d’état, lieutenant général de police de la ville de Paris, pour acquérir en notre nom dans le nouveau quartier étant au-delà du rempart de la Chaussée-d’Antin, des terrains suffisants à l’effet d’y construire une église et un bâtiment pour y transférer et loger commodément le même nombre de religieux capucins qui se trouvent aujourd’hui dans le couvent de la rue Saint-Jacques, etc… Par ces présentes, signées de notre main, ordonnons : Article 1er. Qu’il sera ouvert sur la direction de la rue Thiroux, une nouvelle rue de 5 toises de large, qui règnera le long de la face de l’église et bâtiments des capucins, et arrivera à la rue Saint-Lazare, à travers les terrains du d. sieur de Sainte-Croix, laquelle sera nommée Sainte-Croix, comme aussi une autre rue en face des d. bâtimens et perpendiculaire sur celle de Sainte-Croix, aussi de 5 toises de large, qui sortira sur la Chaussée-d’Antin, etc., laquelle sera nommée rue Neuve-des-Capucins, pareillement ouverte sur les terrains du d. sieur de Sainte-Croix et de l’Hôtel-Dieu, et ce conformément au plan que nous avons vu et signé, lequel demeurera annexé à nos présentes lettres. En conséquence, autorisons les administrateurs de l’Hôtel-Dieu, à vendre et aliéner au d. sieur de Sainte-Croix, sur l’estimation qui en sera faite par l’inspecteur des bâtiments du d. Hôtel-Dieu, les terrains par eux loués, etc. — Art. 2e. Que pour indemniser les propriétaires de la valeur des terrains des deux nouvelles rues à ouvrir, dont ils consentent l’abandon gratuitement, faisant en superficie 1,350 toises, toutes les premières maisons à y construire seront jusqu’à la première vente qui en sera faite, exemptes du logement des Gardes Françaises, Suisses et autres gens de guerre. — Art. 3e. Que la dépense du premier pavé des rues Sainte-Croix et Neuve-des-Capucins sera payée des fonds que nous destinerons à cet effet, et que les d. rues seront, pour leur entretien, employées sur les états des ponts et chaussées de la ville. — Art. 4e. Que pour procurer aux propriétaires des maisons et terrains des d. rues, la faculté de faire des bâtiments d’une construction agréable, les d. propriétaires seront dispensés du paiement de tous droits de police et de grande et petite voiries pour les premières constructions et pendant le cours de six années à compter du 1er janvier prochain, etc… Donné à Versailles le 9e jour de juin l’an de grâce 1780, et de notre règne le 7e. Signé Louis. » — Les deux rues dont il s’agit furent immédiatement exécutées. — Une décision ministérielle du 22 prairial an V, signée Benezech, fixa la largeur de la rue Neuve-des-Capucins à 10 m. « Paris 26 brumaire an VIII. — La rue Neuve-des-Capucins où demeurent la veuve et la famille Joubert, a pris le nom de ce général. » {Moniteur du 27 brumaire.) — Conduite d’eau depuis la rue Sainte-Croix jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Barthélemi-Catherine Joubert, naquit à Pont-de-Vaux en 1769 ; il s’enrôla comme volontaire en 1791. Il était lieutenant-général en 1795. Successivement général de division, général en chef des armées de Hollande, de Mayence et d’Italie, Joubert fut blessé mortellement à la bataille de Novi. Il n’avait que 30 ans.

Jour (rue du).

Commence aux rues Coquillière, no  2, et Traînée ; finit à la rue Montmartre, nos 9 et 11. Le dernier impair est 31 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 127 m. — 3e arrondissement, quartier Saint-Eustache.

Cette rue touchait à l’enceinte de Philippe-Auguste. On la nommait en 1250 et 1260 rue Raoul-Roissolle, en raison d’un particulier ainsi appelé qui y possédait plusieurs maisons. Le poète Guillot en parle ainsi vers l’année 1300 :

Par la rue de la Croix-Neuve
Ving en la rue Raoul-Roissolle.

En 1370, Charles V y fit construire, de la rue Montmartre à celle Coquillière, un manège, des écuries et autres bâtiments appelés le séjour du roi ; elle prit à cette occasion le nom de rue du Séjour, que le peuple changea plus tard en celui du Jour qui lui est resté. — Une décision ministérielle du 6 fructidor an XIII, signée Champagny, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 9 m. Suivant cet alignement, les propriétés de 1 à 15 seraient supprimées afin de former une place devant l’Église Saint-Eustache ; de 17 à la fin, retranch. 2 m. 10 c. à 2 m. 70 ; 2, 4 et 6, redres. ; 8, alignée ; 10, retranch. 70 c. — Portion d’égout du côté de la rue Montmartre. — Conduite d’eau dans toute l’étendue. — Éclairage au gaz (compe anglaise).

Jouy (rue de).

Commence aux rues des Nonnains-d’Hyères, no  37, et Fourcy, no  1 ; finit à la rue Saint-Antoine, no  48 et 50. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair 18. Sa longueur est de 131 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Hôtel-de-Ville.

Elle doit son nom à l’hôtel que l’abbé de Jouy possédait dans cette rue, au XIIIe siècle. Cet hôtel fut aliéné en 1658 par Pierre de Bellièvre, abbé commendataire. La rue de Jouy se prolongeait anciennement jusqu’aux murs de l’enceinte de Philippe-Auguste. En 1366, elle avait deux noms ; depuis la rue Saint-Antoine, jusqu’au couvent des Béguines (aujourd’hui caserne de l’Ave-Maria), elle était désignée sous le nom de rue de Jouy, à l’abbé de Jouy. La seconde partie, jusqu’à la rue Saint-Paul, était appelée rue de la Fausse-Poterne-St-Paul, en raison d’une petite porte de ville construite en cet endroit pour la commodité du quartier. — Une décision ministérielle du 8 prairial an VII, signée François de Neufchâteau, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 9 m. Cette moindre largeur a été portée à 11 m. en vertu d’une ordonnance royale du 12 juillet 1837. Les maisons de 1 à 7 inclus, 11 et 16 sont alignées. — Bassin et portion d’égout. — Conduite d’eau dans toute l’étendue. — Éclairage au gaz (compe parisienne).

Juifs (rue des).

Commence à la rue du Roi-de-Sicile, nos 26 et 26 bis ; finit à la rue des Rosiers, no  1, et à l’impasse Coquerelle. Le dernier impair est 21 ; le dernier pair, 26. Sa longueur est de 112 m. — 7e arrondissement, quartier du Marché-Saint-Jean.

Cette rue, qui était presque entièrement bâtie en 1230, était alors confondue avec la rue des Rosiers. Sous le règne de Louis XII on l’appela rue des Juifs, en raison des Juifs qui vinrent l’habiter. — Une décision ministérielle du 13 ventôse an VII, signée François de Neufchâteau, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 8 m. Cette moindre largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 12 juillet 1837. — Propriété no  1, redressement ; 3, alignée ; 5 et 7, retranch. 30 c. à 58 c. ; 9 et 11, alignées ; de 13 à 17, ret. 49 c. à 80 c. ; 19, ret. moyen 50 c ; 21, alignée encoignure de la rue des Rosiers, red. ; de 2 à 20 ret. 2 m. 10 c. ; de 22 à la fin, ret. 2 m. 10 c. à 4 m. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Juillet (rue du 29).

Commence à la rue de Rivoli, nos 28 et 28 bis ; finit à la rue Saint-Honoré, nos 327 et 331. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 116 m. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

Conformément à un arrêté des Consuls du 1er floréal an X, la communication à former sur l’emplacement du couvent des Jacobins, devait être prolongée jusqu’à la rue de Rivoli. Ce projet n’eut point alors de suite, et fut même abandonné par une ordonnance royale du 16 octobre 1822. Repris en 1826, il donna lieu à une ordonnance du 14 mai qui est ainsi conçue : « Il sera ouvert dans notre bonne ville de Paris une nouvelle rue qui formera le prolongement de la rue du Marché-Saint-Honoré jusques à la rue de Rivoli, et qui prendra le nom de rue du Duc de Bordeaux. Est approuvée la délibération du conseil municipal, qui destine une somme de 300,000 fr. à l’exécution de ce projet. Le surplus des dépenses de toute nature auxquelles il pourra donner lieu, sera supporté par notre liste civile. » Ce percement fut immédiatement effectué sur une largeur de 10 m. En vertu d’une décision ministérielle du 19 août 1830, signée Guizot, cette voie publique prit le nom de rue du 29 Juillet, pour rappeler une des journées de la révolution de 1830. Les constructions riveraines sont alignées. — Égout dans toute l’étendue. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Honoré jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Juiverie (cour de la).

Située dans la rue de la Contrescarpe, entre les nos 70 et 72. — 8e arrondissement, quartier des Quinze-Vingts.

Construite vers 1632, cette cour doit son nom aux juifs qui vinrent l’habiter.

Jules (rue Saint-).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Antoine, nos 235 et 237 ; finit à la rue de Montreuil, no  2. Pas de numéro. Sa longueur est de 10 m. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Cette rue, qui doit son nom à une enseigne, est formée d’un côté par les bâtiments de l’ancienne boucherie Saint-Antoine, et de l’autre par le pan coupé à l’encoignure des rues du Faubourg-Saint-Antoine et de Montreuil. Sa largeur varie de 11 m. 40 c. à 13 m. 10 c. Les constructions riveraines ne sont pas soumises à retranchement. — Conduite d’eau.

Julien (rue Saint-).

Commence à la rue de la Bûcherie, no  37 ; finit à la rue Galande, nos 54 et 56. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 67 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Elle doit son nom au prieuré Saint-Julien-le-Pauvre dont nous parlerons à l’article suivant. — Une décision ministérielle du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. « Paris, le 6e juillet 1824. Monsieur le préfet, je ne vois point d’inconvénient à ce que, conformément à la proposition contenue dans votre lettre du 1er mai, la rue Saint-Julien-le-Pauvre soit nommée simplement rue Saint-Julien. Je vous autorise en conséquence à faire opérer ce changement. Le ministre, secrétaire d’état au département de l’intérieur, signé Corbière. » Les constructions nos 3 et 2 sont alignées. Toutes les autres devront subir un retranchement moyen de 2 m. 20 c. — Conduite d’eau depuis la rue Galande jusqu’à la borne-fontaine.

Julien-le-Pauvre (église Saint-).

Située dans la rue Saint-Julien, au fond de la cour de la maison no  11. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

L’église Saint-Julien-le-Pauvre est encore un monument apporté en dot, par la religion, à notre vieux Paris, et comme partout ce monument est une œuvre de charité ; c’est ainsi que le christianisme s’est annoncé au monde ! Grégoire de Tours est le premier historien qui parle de cette église ou basilique. Il nous apprend qu’il logeait, lorsqu’il venait à Paris, dans les bâtiments qui en dépendaient et qu’on affectait au soulagement des pauvres pèlerins. Nous avons plusieurs exemples d’hospices et d’hôtelleries construits à côté des églises dédiées à saint Julien, dont le nom était invoqué par les voyageurs pour obtenir bon gîte. Plusieurs circonstances du récit de l’historien tendent à prouver que cette église existait avant l’année 580. Les Normands ruinèrent les bâtiments de la basilique de Saint-Julien. Ses biens, qui étaient pourtant le patrimoine des pauvres, furent à la fin de la première race, usurpés par les seigneurs laïques. Par une charte de 1031 ou 1032, Henri Ier fit don de cette église à l’évêque de Paris, à condition qu’un clerc nommé Girauld aurait pendant toute sa vie la jouissance de son revenu. Dans le commencement du XIIe siècle, les biens de l’église Saint-Julien étaient possédés par Étienne de Vitry et Hugues de Munteler, qui les cédèrent à l’abbaye de Longpont ; cette église rebâtie alors parait avoir été érigée à cette époque en prieuré. L’Université, dans le siècle suivant, y tint ses séances qu’elle transféra aux Mathurins, puis au collége Louis-le-Grand. En 1655 le prieuré fut réuni à l’Hôtel-Dieu en vertu d’un traité passé entre les administrateurs de cette maison et les religieux de Longpont. Le roi n’accorda néanmoins ses lettres-patentes qu’en 1697. L’église ne fut alors desservie que par un chapelain que la paroisse Saint-Severin avait seule le droit de nommer. À côté de Saint-Julien-le-Pauvre était située la chapelle de Saint-Blaise et de Saint-Louis qui en dépendait. Les maçons et les charpentiers y établirent leur confrérie en 1476. Rebâtie en 1684, elle fut démolie à la fin du siècle dernier, et le service en fut transféré dans la chapelle Saint-Yves. L’église Saint-Julien était aussi le lieu de rassemblement des confréries de Notre-Dame-des-Vertus, des couvreurs, des marchands papetiers et des fondeurs ; l’on y faisait les catéchisme et retraite des savoyards, en exécution d’une fondation faite par l’abbé de Pontbriand. La partie du portail de Saint-Julien-le-Pauvre qui existe encore aujourd’hui, paraît se rapporter par les caractères de son architecture, à la fin du XIIIe siècle. Cette petite église, du style le plus gracieux et le plus élégant, sert aujourd’hui de chapelle à l’Hôtel-Dieu.

Julienne (rue).

Commence à la rue Pascal ; finit à la rue de Lourcine, no  93. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par les bâtiments de l’hôpital de Lourcine ; le dernier pair est 6. Sa longueur est de 112 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Elle a été ouverte sur l’emplacement du couvent des Cordelières, en vertu d’une décision ministérielle du 6 pluviôse an XIII, signée Champagny, qui a fixé sa largeur à 10 m. Les constructions du côté gauche et une partie du côté opposé près de la rue de Lourcine, sont alignées ; le surplus devra reculer de 3 m. 60 c. à 6 m. 30 c. Cette voie publique doit sa dénomination M. de Julienne, célèbre artiste sous Louis XV, et qui possédait un secret pour la teinture en écarlate et en bleu de roi. Ce secret, malheureusement pour la science, disparut avec M. de Julienne. On remarquait son tombeau dans l’église Saint-Hippolyte. (Voyez l’article de la rue Pascal).

Jussienne (rue de la).

Commence aux rues Pagevin, no  2, et Verdelet, no  10 ; finit à la rue Montmartre, nos 49 et 51. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 113 m. — 3e arrondissement, les numéros impairs, quartier du Mail ; les numéros pairs, quartier Saint-Eustache.

Son vrai nom est rue Sainte-Marie-l’Égyptienne, qu’elle dut à la chapelle dédiée à cette Sainte. Le nom de Jussienne n’est qu’une altération. — Une décision ministérielle du 20 fructidor an XI, signée Chaptal, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840. De 1 à 7, redress. ; 9 aligné ; 11 et 13, redress. ; 15 et 17, retranch. qui n’excède pas 45 c. ; de 19 à la fin, alignés ; 2, retranch. 1 m. 90 c. ; 4, aligné ; de 6 à la fin, retranch. 2 m. 20 c. à 2 m. 80 c. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

La chapelle Sainte-Marie-l’Égyptienne était située au coin de la rue Montmartre. Elle existait déjà du temps de saint Louis, fut reconstruite au XIVe siècle, et servait à la communauté des drapiers de Paris. En 1790 elle devint propriété nationale, fut vendue le 18 décembre 1791, et démolie au mois de juin suivant. Les maisons nos 23 et 25 ont été bâties sur son emplacement.

Jussieu (rue).

Commence à la rue Cuvier ; finit à la rue Saint-Victor. Le dernier impair est 11. Pas de numéro pair ; ce côté est bordé par la halle au vin. Sa longueur est de 171 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette rue a été ouverte en 1838, sur les terrains provenant de l’ancienne abbaye Saint-Victor. Elle a 13 m. de largeur. — Égout. — Conduite d’eau depuis la rue Guy-de-la-Brosse jusqu’à la fontaine-marchande. — Une décision royale, à la date du 8 novembre 1838, a donné à cette voie publique le nom de rue Jussieu, en l’honneur d’Antoine-Laurent de Jussieu, membre de l’Académie des Sciences, professeur de botanique au Muséum de Paris, né à Lyon en 1747, mort à Paris le 17 septembre 1836 (voyez rue Guy de la Brosse).

Justice (ministère de la).

Situé place Vendôme. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

Personnel de la magistrature et des officiers publics et ministériels. Direction des affaires civiles et du sceau, affaires criminelles, affaires ecclésiastiques : telles sont les principales attributions de ce ministère.

Justice (palais de).

Il était réservé à notre époque de continuer l’œuvre inachevée des siècles précédents, et de mettre la dernière main à des monuments vénérables sans leur ravir le cachet précieux des temps où ils ont été élevés.

L’État, le département de la Seine et la ville de Paris doivent concourir pour des parts proportionnelles à l’agrandissement et à l’isolement du Palais-de-Justice. Grâce à cet heureux accord, la capitale de la France comptera bientôt un monument complet de plus.

Nous allons jeter un regard rétrospectif sur l’origine et les phases du Palais-de-Justice. Peut-être le moment où l’édifice va changer d’aspect est-il le plus favorable pour écrire son histoire.

Le Palais-de-Justice est presqu’aussi vieux que celui des Thermes. Il était édifice public même avant l’invasion des Francs dans les Gaules. En preuve de cette assertion, nous allons rappeler une circonstance récente.

En 1784, on découvrit à une grande profondeur, dans une fouille qui fut faite sous les bâtiments qui bordent la rue de la Barillerie, en avant de la Sainte-Chapelle, un cippe quadrangulaire haut d’environ trois mètres. Ce monument ne porte aucune inscription et présente sur ses quatre faces, des figures ayant 1 m. 80 c. de hauteur. Sur l’un de ses côtés, on reconnaît facilement le dieu Mercure, qui est représenté avec tous ses attributs. Sur une autre face, on voit une image d’Apollon armé de l’arc et du carquois. Il tient d’une main un poisson, et de l’autre s’appuie sur un gouvernail. Cette réunion d’attributs dans le même personnage a fait penser avec raison que cette figure était l’emblème de la navigation sur la Seine. Le troisième côté du cippe représente une femme qui porte un caducée, attribut qui paraît s’appliquer à Maïa, mère du dieu Mercure. Enfin sur la dernière face se trouve un jeune homme couvert du paludamentum. Il a des ailes et tient de la main droite un globe. Il pose le pied sur un gradin, et semble prêt à s’élancer dans les airs. Nos historiens ont pensé que cette figure était l’emblème du soleil au printemps ; ses ailes indiquent la vélocité de sa course, et le disque la rotondité de l’univers. Ce cippe est d’une pierre commune pareille à celle des sculptures de l’autel des Nautes Parisiens, trouvé en 1711 sous le chœur de l’église Notre-Dame. M. Grivaud de la Vincelle, qui a donné la description de ce monument, en fait remonter la construction à l’époque où fut érigé l’autel des Nautes, c’est-à-dire sous le règne de Tibère. Ce cippe, transporté à la Bibliothèque royale, est placé au bas de l’escalier qui conduit aux salles de lecture.

Ce curieux débris nous démontre, outre l’ancienneté du palais, que l’importance de Lutèce était tout entière dans son commerce par eau. En effet, sa situation excellente pour le commerce fluvial n’offrait pas, surtout au premier âge de la ville, les mêmes avantages au transport des marchandises par terre ; la Cité, qui se trouvait dans un fond marécageux, était environnée de bois très épais et de montagnes très fatigantes à gravir. Arrêtés par ces obstacles, les Parisiens durent préférer le commerce par eau qui, n’offrant aucune difficulté, se faisait avec plus de promptitude. Il paraît certain que, sous la domination romaine, le palais fut habité par des officiers municipaux connus sous le nom de défenseurs de la Cité. Ces magistrats populaires, dont les fonctions étaient mixtes, tenaient lieu de juges ordinaires et de police, et d’officiers de finance sous l’autorité de l’unique magistrat de province, c’est-à-dire du Proconsul romain. Ils étaient toujours nommés de droit par le peuple, et cette élection n’était regardée comme valable que lorsqu’elle était consentie par tous les citoyens. Leurs attributions embrassaient la justice sommaire sur toute espèce de contestations entre les habitants, la justice commerciale, les fonctions municipales et le recouvrement des impôts. Les défenseurs de la Cité étaient élus ordinairement parmi les Nautes Parisiens, qui devaient compter dans leur corporation les citoyens les plus notables.

Le palais de la Cité fut réparé, agrandi ou rebâti par les maires qui s’emparèrent du pouvoir sous les rois de la première race. Après son avènement au trône, Hugues Capet abandonna le palais des Thermes pour habiter celui de la Cité.

À dater du règne de Robert-le-Pieux, l’histoire du Palais marche avec plus de sécurité. Ce prince fit construire la chambre de la Conciergerie, qui fut depuis la chambre nuptiale de saint Louis ; ensuite la chapelle de la Conciergerie et celle de la Chancellerie. Robert fonda également une autre chapelle dédiée à saint Nicolas. Sur son emplacement, autrefois béni, fut bâtie la salle des Pas-Perdus. La chicane et la controverse aiguisent aujourd’hui leurs armes les plus acérées à l’endroit où jadis on prêchait la paix évangélique et l’oubli des injures.

En 1137, Louis-le-Gros mourut dans le Palais. L’histoire a conservé de lui de nobles paroles prononcées au dernier moment. « Souvenez-vous, disait-il à son fils, et ayez toujours devant les yeux que la royauté n’est qu’une fonction publique dont vous rendrez compte à Dieu. »

Le roi Louis-le-Jeune n’oublia pas les conseils paternels : le choix qu’il fit de l’abbé Suger pour ministre prouve qu’il avait à cœur la félicité de ses peuples. Le fils de Louis-le-Gros mourut au palais en 1180.

Après lui régna Philippe-Auguste, le bienfaiteur de Paris. C’est au palais qu’il épousa en secondes noces Ingelburghe, sœur de Canut, roi de Danemarck.

Mais nous avons hâte d’arriver à Louis IX, à ce roi qui fut la fois un saint, un législateur, un héros. Pour recevoir dignement les précieuses reliques apportées d’Orient, la Sainte-Chapelle s’éleva, chef d’œuvre admirable, où se sont rencontrés fondus d’un seul jet, le génie d’un grand artiste et la piété d’un grand roi. Ce gracieux monument passe pour le type le plus pur de cette architecture dont Philippe-Auguste et saint Louis surprirent le secret chez les Sarrazins. Aux grosses colonnes à chapiteaux, à la colonnette écourtée et sans grâce, avaient succédé les minces et longues colonnes en faisceaux ramifiées à leurs sommets, s’épanouissant en fusées, projetant dans les airs leurs délicates nervures. Au plein-cintre des arches, aux voussures en anse de panier, on substitua les ogives, arceaux en forme d’arête, dont l’origine est peut-être persane, et le patron la feuille du mûrier indien. Le cercle, figure géométrique rigoureuse, ne laissait rien au caprice ; le cercle fut remplacé par l’ellipse, courbe flexible qui s’enfle ou se redresse sous la main de l’artiste, faculté qui laisse un jeu immense et permet au génie de rayonner partout. En imitant les constructions sarrasines, les architectes chrétiens les exhaussèrent et les dilatèrent. Ils plantèrent mosquées sur mosquées, colonnes sur colonnes, galeries sur galeries ; ils attachèrent des ailes aux deux côtés du chœur, et des chapelles aux ailes. Partout la ligne spirale remplaça la ligne droite ; au lieu du toit plat, se creusa une voûte fermée en cercueil ou en carène de vaisseau.

L’art architectonique avait, au moyen-âge, une grande puissance. Le génie se développait sans entrave, aussi pas un seul monument ne ressemblait à l’autre, et dans chaque monument aucun détail n’était exactement symétrique. À ces édifices, qui encadraient si bien notre religion et nos mœurs, nous avons substitué, par un déplorable amour de l’architecture bâtarde romaine, des monuments qui ne sont ni en harmonie avec notre ciel, ni appropriés à nos besoins ; froide et servile copie, laquelle a porté le mensonge dans nos arts, comme le calque de la littérature latine a fait disparaître l’originalité du génie Franck.

Les artistes du moyen-âge admiraient aussi les Grecs et les Romains ; ils étudiaient leurs ouvrages, mais au lieu de s’en laisser dominer, ils les maîtrisaient, les façonnaient à leur guise, les rendaient Français en augmentant leur beauté par une métamorphose pleine de création et d’indépendance.

Si l’on daigne regarder un instant une de nos églises modernes, on demande d’abord si le monument qu’on a devant les yeux est un théâtre, une bourse ou une salle de concert, et par curiosité si l’on pénètre dans le sanctuaire, il faut trouver la croix, car si elle ne brillait pas, l’on serait tenté de croire que nous avons renié le Dieu de nos pères. Qu’un homme, étranger à nos habitudes parisiennes, soit placé tout-à-coup devant la Sainte-Chapelle, puis en présence d’une de nos églises modernes si étrangement façonnées, il dira en contemplant la première : ici l’on doit implorer la divinité ; en regardant la seconde, ses premières paroles seront : on danse là dedans.

L’architecte de la Sainte-Chapelle n’a pas demandé seulement à la peinture ses vives couleurs, à l’or ses effets étincelants, parures d’emprunt qui couvrent aujourd’hui l’indigence de nos architectes. Des blocs de pierre ont suffi à Pierre de Montreuil, et son génie a déployé librement ses ailes. Tantôt la pierre se dresse en faisceaux de colonnettes sveltes et minces, puis se projette par une courbe flexible en arceaux à vive-arête ; tantôt elle se divise, se réunit, s’intersecte avec une grâce infinie ; plus loin, on la voit s’épanouir en rosaces brillantes, se posant, se prolongeant, se découpant en élégante balustrade, se transformant en bouquets de sculpture, limite indécise entre l’art du statuaire et celui de l’architecte ; quelquefois elle serpente en festons, s’agence en guirlandes, en couronnes, se couvre comme une étoffe légère, de mille dessins à souhait pour le plaisir des yeux, s’assouplit, s’anime pour reproduire les fantaisies d’une imagination libre et inépuisable.

La première flèche de la Sainte-Chapelle était un modèle de grâce aérienne ; on eût dit de la dentelle de pierre. Sauval l’appelait une des merveilles du monde ; elle fut détruite par le feu en 1630.

Dans les jours de grandes solennités religieuses, un ange se détachait de la voûte et faisait tomber de l’eau d’un vase d’or sur les mains du pontife qui officiait dans la haute chapelle.

Le clergé de la Sainte-Chapelle jouissait de nombreuses prérogatives. L’archi-chapelain marchait l’égal des évêques. — Mais bientôt la pensée nous conduit au lutrin chanté par Boileau. La mort eut bien vite fait raison aux chantres et aux chanoines de celui qui avait tant égayé le public à leurs dépens. En 1711, une dépouille mortelle arrivait à leur porte : c’était celle de Boileau. Ils lui donnèrent sous une de leurs dalles l’hospitalité glacée du tombeau.

Après la construction de la Sainte-Chapelle, saint Louis ajouta au palais la salle, la chambre, les cuisines qui portent son nom, et la grand’chambre du parlement, plus tard restaurée par Louis XII, et où siège en ce moment la chambre criminelle de la cour de cassation. Derrière le palais se trouvait le jardin des rois, séparé par un ruisseau de deux petites îles qui cherchaient à se confondre. Dans ce jardin saint Louis reçut l’hommage de son grand vassal Henri III d’Angleterre. — « Le bon roi Loys avoit coutume (dit Joinville dans ses mémoires), de nous envoyer les sieurs de Soissons, de Nesle et moy, ouïr les plaids de la porte, et puis il nous envoyoit quérir, et nous demandoit comme tout se portoit, et s’il y avoit aucune affaire qu’on ne pût dépêcher sans luy, et plusieurs fois, selon notre rapport, il envoyoit quérir les plaidoyans, les contentoit, et les mettoit en raison et droiture. »

Si l’espace nous le permettait, nous pourrions exhumer maint fait vieux, attrayant, et qu’on aimerait à son parfum historique ; mais il nous faut arriver bien vite au règne de Philippe-le-Bel. Enguerrand de Marigny, comte de Longueville, chambellan de France, surintendant des finances et bâtiments du roi, fit en 1298 d’immenses réparations au palais de la Cité. Il ordonna la destruction de presque tous les vieux bâtiments et fit disparaître aussi les tours et tourelles qui flanquaient cette antique demeure de nos rois, des maires du palais et des comtes de Paris. Le logis du roi, situé au fond de la cour, était parallèle à la rue de la Barillerie, appelée alors dans cette partie rue Saint-Barthélemi. Cette habitation d’un aspect sombre et sévère, était remarquable par ses portes d’airain, ses cinquante-quatre fenêtres sur trois rangs en ogives. Il fallait monter quarante-huit degrés de pierre avant de pénétrer dans cette demeure. À droite s’élevaient, du côté de la Sainte-Chapelle, de vastes constructions qui servaient aux officiers subalternes, aux cuisines et aux écuries.

Le côté gauche du palais était réservé exclusivement à la justice et aux plaideurs. Là se trouvaient réunies les salles de plaidoiries, de committimus, d’attendamus, la grand’chambre d’une richesse si imposante, la grand’salle si vénérable et si sombre ; puis en cet endroit prenaient naissance tous ces escaliers noirs, tortueux qui semblaient faits exprès pour le temple de la chicane.

Par les soins d’Enguerrand de Marigny, la grand’salle fut ornée des statues des rois depuis Pharamond jusqu’à Philippe-le-Bel.

En 1320, Robert, comte de Flandres, vint au palais faire hommage à Philippe-le-Long, et maria son petit fils, Louis de Crécy, à Marguerite, fille du roi.

En 1375, pendant la captivité du roi Jean, le Dauphin Charles, son fils, demeurait au palais, qu’il quitta pour venir habiter son hôtel de Saint-Paul. Lorsque l’empereur Charles IV vint à Paris avec son fils Venceslas, le roi Charles V déploya pour recevoir dignement ses hôtes un luxe inaccoutumé. Dans la salle où se trouvent aujourd’hui les 2e et 3e chambres, on voyait une immense table de marbre. Au milieu du repas, glissa tout-à-coup sur la table un vaisseau mû par des ressorts secrets ; bientôt apparut la cité de Jérusalem avec ses tours chargées de Sarrasins. Godefroy de Bouillon descendit du navire à la tête de ses guerriers, des échelles furent appuyées aux murailles, puis un combat furieux s’engagea ; mais bientôt les infidèles renversés et vaincus abandonnèrent les lieux saints aux chevaliers. Le soir, de nouveaux plaisirs se préparaient ; mais l’empereur fatigué sans doute de tant d’honneurs demanda à rentrer dans son appartement.

Quand la haute politique faisait trêve de solennités, quand les rois descendaient de la table de marbre, la basoche y montait. Les clercs commencèrent à donner des représentations publiques sous le règne de Louis XI. Les clercs du parlement jouaient sur la célèbre table de marbre, et ceux du Châtelet élevaient un théâtre devant la porte de ce tribunal. Les pièces représentées étaient à peu près improvisées ; les jeunes comédiens stigmatisaient tous les abus, raillaient tous les ridicules de l’époque avec l’audace et la franchise de leur âge. On lit dans les registres du parlement à la date du 15 mai 1476 : « La cour, par certaines considérations à ce mouvans, a deffendu et deffend à tous les clercs et serviteurs tant du palais que du chastelet de Paris, de quelque estat qu’ils soient, que doresnavant ils ne jouent publiquement au dict palais et chastelet, ne ailleurs, ne en lieux publiqs, farces, soties, moralisez, ne aultre jeux à convocation de peuple, sur peine de bannissement de ce royaume et de confiscation de tous leurs biens, et qu’ils ne demandent congié de ce faire à la dicte cour ne à autre, sur peine d’estre privez à tous jours tant du dict palais que du dict Chastelet. »

Ils tentèrent encore sous Charles VIII de donner quelques représentations publiques ; mais leur critique s’étant exercée sur les actes du gouvernement, le roi, par lettres-patentes du 8 mai 1486, fit enfermer dans les prisons du Châtelet et du Palais, cinq acteurs nommés Baude, Regnaux, Savin, Duluc et Dupuis.

Les théâtres de la basoche jouirent d’une entière liberté sous le règne de Louis XII. Les clercs tournèrent en ridicule les vues d’économie du roi. « J’aime beaucoup mieux, disait Louis XII, faire rire ces enfants de mon avarice, que faire pleurer le peuple de mes profusions. »

Sous François Ier, la cour prit des mesures sévères contre les clercs de la basoche. On lit dans les registres du parlement, à la date du 23 janvier 1538 : « Ce jour après avoir veu par la cour le cry ou jeu présenté à icelle par les receveurs de la basoche pour jouer jeudy prochain ; la dicte cour a permis auxdits receveurs iceluy cry ou jeu faire jouer à la table de marbre, en la manière accoutumée, ainsi qu’il est à présent, hormis les choses rayées ; leur a faict deffenses sous peine de prison et de punition corporelle de faire jouer autre chose que ce qui est, hormis les dictes choses rayées. »

Il fallait voir au printemps, les enfants de la basoche, revêtus de leur costume éclatant, et leur roi en tête, partir à cheval pour la forêt de Bondy. Ils y coupaient trois grands arbres, en vendaient deux pour faire face aux dépenses de la compagnie. Quelques vieillards se souviennent avoir vu, en face du siège actuel de la police municipale, le dernier de ces arbres, entre deux cartouches représentant les armes de la basoche qui étaient d’azur, à trois écritoires d’or avec deux anges pour supports.

Parmi les rois curieux d’embellir et d’honorer le palais, Louis XII doit être mis au premier rang. Sa prédilection pour cet édifice et pour l’auguste sénat qui y siégeait allait même si loin, qu’il se faisait un devoir de venir passer des heures entières dans une tribune qu’il avait fait construire au milieu de la grand’chambre. Quand des rois et des princes étrangers le venaient visiter, il les menait d’abord à la salle des plaids, et avait coutume de leur dire, émerveillés qu’il les voyait de la noble attitude des magistrats et de l’éloquence du barreau : « n’est-ce pas, mes frères, qu’on est heureux et fier d’être roi de France !… »

Cet amour pour le palais alla si loin, que ce roi, dont les courtisans raillaient l’économie, sema avec profusion la richesse dans le sanctuaire de la justice. Louis XII fit peindre en or et en azur la grand’chambre.

Le splendide hôtel de la Cour-des-Comptes fut aussi construit par les ordres de ce prince. Rien ne fut épargné pour donner au bâtiment la majesté et la grandeur que réclamaient son importance et son utilité. De vastes salles, de somptueux appartements ornés de tout ce que le luxe du XVIe siècle pouvait imaginer de plus élégant, témoignaient encore dans ces derniers temps, de la sollicitude du fondateur de la Cour-des-Comptes.

Au dehors, une façade sévère rehaussée par des bas-reliefs et des sculptures d’un grand mérite, arrêtait l’œil du curieux.

Du côté faisant face à la cour, on remarque cinq statues : la première représente la Tempérance, qui tient une horloge et des lunettes. Au-dessus est écrit :

Temperantia
Mihi spreta voluptia.

La Prudence, qui est la seconde figure, tient en ses mains un miroir et un crible, avec cette légende au dessous :

Prudentia
Consiliis verum speculor.

La Justice est représentée par la troisième figure avec une balance et une épée :

Justitia
Sum cuique ministro.

La quatrième figure est la Force, qui tient une tour d’une main, et de l’autre étouffe un serpent :

Fortitudo
Me dolor atque metus me fugiunt.

La cinquième statue, posée au milieu, représentait Louis XII, le père du peuple, vêtu d’un manteau dont le fond était d’argent avec des fleurs de lys d’or. Il tenait son sceptre et la main de justice avec cette inscription au bas :

Ludovicus
hujus nominis duodecimus, anno ætatis 46.

Un peu plus bas étaient gravés ces deux vers :

Quatuor has comites foveo, celestia dona :
Innocuæ pacis prospera sceptra gerens.

Au-dessus de la première porte de la chambre de Comptes, au haut du grand degré, on voyait un porc-épic qui portait les armes de France, entourées de cerfs-volants. Au bas ces deux vers :

Regia Francorum probitas, Ludovicus honesti
Cultor, et ætheræ religionis apex.

L’hôtel du premier président du parlement touchait

presque à celui de la Cour-des-Comptes. C’était, dans l’origine, un manoir enfumé qui servait de résidence au baillif du palais, sous les rois de la seconde race. Cet emplacement fut choisi par Achille de Harlay, qui fit élever les bâtiments destinés à la présidence du parlement. Ils sont occupés aujourd’hui par la Préfecture de police, à laquelle nous consacrerons un article particulier.

Telles étaient encore les principales constructions du Palais-de-Justice au commencement du XVIIe siècle.

Le 7 mars 1618, elles furent en partie détruites par un incendie. « Le feu, dit Félibien, prit d’abord à la charpente de la grand’salle ; et comme il faisoit beaucoup de vent, tout le lambris qui étoit d’un bois sec et vernissé, s’embrasa en peu de temps. Les solives et les poutres qui soustenoient le comble tombèrent par grosses pièces sur les boutiques des marchands, sur les bancs des procureurs et sur la chapelle remplie alors de cierges et de torches qui s’enflammèrent à l’instant et augmentèrent l’incendie.

Les marchands, accourus au bruit du feu, ne purent presque rien sauver de leurs marchandises. On sauva seulement les registres de quelques greffes qui n’estoient pas dans la grande salle. L’embrasement augmentant par un vent du midi fort violent, consuma en moins d’une demi-heure les requestes de l’hostel, le greffe du trésor, la première chambre des enquêtes et le parquet des huissiers. Le feu prit incontinent à une tourelle près de la Conciergerie et en des greffes dont les papiers furent brûlés. Alors s’éleva une clameur des prisonniers qui crièrent que la fumée les étouffoit. Plusieurs se sauvèrent malgré le geôlier, mais le procureur-général fit conduire les principaux au Chastelet et dans les autres prisons de Paris. Le vent devint si violent, qu’il porta des ardoises jusques vers Saint-Eustache. Lorsque le reste du comble de la grand’chambre vint à tomber, un brandon enflammé, emporté par le vent, alla mettre le feu à un nid d’oiseau au haut de la tour de l’Horloge, qui eust couru grand risque si on n’eust descouvert la tour pour couper le cours du feu. »

Le greffier Voisin sauva les registres du parlement. On n’a jamais pu connaître la cause de ce sinistre. Les uns disent que ce fut par la faute d’une servante, les autres l’attribuent à l’imprudence d’un marchand qui avait laissé du feu dans sa boutique ; enfin le bruit courut que les complices de l’assassinat de Henri IV avaient voulu anéantir le greffe et les pièces du procès de Ravaillac, en mettant le feu au palais. Un joyeux compère, Théophile, qui ne s’occupait pas de politique et aimait à passer gaîment sa vie, improvisa le quatrain suivant :

Certes, ce fut un triste jeu,
Quand, à Paris, dame Justice,
Pour avoir trop mangé d’épice
Se mit le Palais tout en feu.

Jacques de Brosse, architecte du palais du Luxembourg, fut chargé de la reconstruction de la grand’salle, qui fut achevée en 1622. Elle se compose de deux grandes nefs séparées par un rang d’arcades appuyées sur des piliers.

En 1683 on fit encore d’autres réparations à cette salle. Outre les six ouvertures qui furent pratiquées à la voûte, on éleva une riche chapelle de menuiserie avec des balustrades de fer doré. Au milieu on voyait un écusson aux armes de M. de Novion, premier président. Une horloge pour régler l’heure des audiences était placée au-dessus de la chapelle. Autour du cadran fut gravé ce vers élégant que Montmort, un des fondateurs de l’Académie, avait composé exprès :

Sacra Themis mores, ut pendula horas.

La chambre des enquêtes, celle des requêtes de l’hôtel, et le parquet des huissiers furent aussi réparés et rebâtis plus magnifiques qu’auparavant.

Nous allons maintenant donner quelques détails sur les rues comprises dans l’enceinte du palais, et parler ensuite des constructions qui furent ajoutées à l’édifice. — La rue Harlay avait été bâtie en vertu des lettres patentes du 28 mai 1607. Vers 1631 on ouvrit la rue Sainte-Anne, dont la formation avait été ordonnée par lettres-patentes de juin 1630.

La partie occidentale du palais, c’est-à-dire le portail et l’arcade de la rue Harlay, la cour du même nom, la rue de Basville, la cour Lamoignon et les galeries supérieures furent établies sur l’emplacement du jardin de l’ancien hôtel du baillage ; voici dans quelles circonstances et à quelle époque :

En l’année 1671, M. de Lamoignon, alors premier président, conçut un projet d’agrandissement du palais ; il proposa ses vues, fit dresser un plan pour leur exécution, et le présenta à Louis XIV qui l’agréa.

En conséquence, des commissaires nommés par le roi, et parmi eux Colbert, furent chargés de céder et transporter à titre de cens et aliénation à perpétuité à M. de Lamoignon, ses hoirs ou ayans cause, 1549 toises 1/2, 15 p. 1/4 en superficie à prendre dans le contour de l’ancien jardin de l’hôtel du bailliage du palais pour jouir de la d. superficie, ensemble des bâtiments qui seroient construits sur icelle, en toute propriété.

Le contrat de cession fut réalisé le 23 février 1671 devant Gallois et son confrère, notaires au Châtelet, et confirmé par lettres-patentes du même mois.

Le préambule de ces lettres-patentes est trop remarquable, il porte à un trop haut point le cachet de grandeur qui marquait tous les actes publics de ce siècle, pour ne pas être cité.

« Louis, etc…, comme rien n’est si digne des grands roys et si avantageux pour les peuples qui jouissent d’une profonde paix que les ouvrages des bâtiments publics, nous croions aussi qu’il est de notre gloire et de la grandeur de notre royaume, d’orner les principales villes, de nouveaux édifices et particulièrement notre bonne ville de Paris, afin de témoigner l’affection que nous avons pour elle, et d’y laisser des monuments éternels de la félicité de notre règne, et pour exciter nos sujets à nous servir dans ce dessein, nous avons toujours traité favorablement ceux qui nous ont proposé les moyens d’augmenter la décoration et la commodité publiques. Pour cet effet, nous étant fait représenter les diverses propositions qu’on nous a fait depuis quelques années, de dégager les avenues du palais qui est aujourd’hui le centre de la ville et le lieu du plus grand concours de ses habitants, en y faisant de nouvelles entrées, l’une au bout de la place Dauphine et l’autre sur l’un des quays et par l’ancien jardin de notre hôtel du bailliage, affecté au logement des premiers présidents de notre parlement, etc. »

Le contrat imposait au concessionnaire diverses obligations, entre autres celles : 1o de payer à la recette du domaine du roi douze deniers de cens pour chacune toise qui serait bâtie ; 2o de faire pratiquer une ouverture avec grande arcade et portail dans la rue Harlay vis-à-vis de la place Dauphine ; 3o de faire construire autour d’une nouvelle place (c’est la cour Harlay qui fut d’abord appelée cour Neuve), des bâtiments et boutiques pour des marchands.

Les autres clauses prescrivaient l’établissement de la cour Lamoignon ainsi que des galeries supérieures, la construction d’escaliers pour monter à ces galeries et pénétrer au palais ; enfin l’ouverture d’un passage sur le quai de l’Horloge, et d’un aqueduc souterrain pour l’écoulement des eaux dans la rivière.

Toutes ces conditions furent exécutées, ainsi que le constate le procès-verbal de réception des travaux du 17 juin 1682, et il en résulte l’état présent des choses dans cette partie du palais. — L’histoire de cet édifice n’offre aucun fait digne d’être rapporté jusqu’à 1776.

Dans la nuit du 10 au 11 janvier de cette année, le feu prit une seconde fois au Palais-de-Justice. Malgré la promptitude des secours, l’incendie consuma toutes les constructions qui s’étendaient depuis la galerie dite des prisonniers, jusqu’à la Sainte-Chapelle. Les bâtiments incendiés durent être reconstruits sur un nouveau plan. Quatre membres de l’académie d’architecture : Moreau, Desmaisons, Couture et Antoine furent chargés de la direction des travaux.

La nouvelle façade du Palais présente un avant-corps orné de quatre colonnes doriques. Au-dessus de l’entablement règne une balustrade, et quatre piédestaux supportent les statues allégoriques de la Force, de l’Abondance, de la Justice et de la Prudence, qui se dessinent sur un fond lisse de maçonnerie supportant un dôme quadrangulaire.

Avant de parler des constructions qui doivent être ajoutées au Palais-de-Justie, nous dirons quelques mots sur la Conciergerie.

Cette prison, ainsi que nous l’indique sa dénomination, servait dans l’origine de logement au concierge du palais. Les cuisines se trouvaient également en cet endroit. L’antique demeure de nos rois ayant été abandonnée au tribunal souverain de la justice, la Conciergerie devint une prison. Il en est fait mention pour la première fois dans les registres de la Tournelle, au 23 décembre 1392, à l’occasion de plusieurs habitants de Nevers et de ses environs, qui y furent enfermés pour cause de rébellion envers l’évêque, le doyen et le chapitre de Nevers. Plusieurs actes constatent l’insalubrité de cette prison. Au mois d’août 1548, une contagion décima les prisonniers ; le parlement fut alors obligé d’employer son autorité pour faire assainir les cachots.

Sous Charles VI, la Conciergerie fut envahie par la populace ameutée ; la trahison de Perrinet-le-Clerc, qui livra aux Anglais et aux Bourguignons la clef de la porte de Buci, anéantit le parti des Armagnacs. Le connétable de ce nom, qu’on avait vainement cherché dans sa demeure, fut livré par un traître et conduit prisonnier à la Conciergerie. Le 12 juin 1418, l’horrible milice des bouchers, bannie de la ville par les Armagnacs, rentra triomphante dans Paris. Ces assassins répandent aussitôt des bruits sinistres qui se grossissent en volant de bouche en bouche ; la multitude est bientôt persuadée que son salut dépend de l’entière extermination des Armagnacs. Le peuple se porte en fureur à la Conciergerie, enfonce les portes ! Armagnacs, Bourguignons, criminels, débiteurs, femmes, enfants, tous sont égorgés sans distinction. Le connétable d’Armagnac, le chancelier de Marle, l’évêque de Coutances, six évêques, plusieurs membres du parlement expirent, percés de mille coups ; les cadavres des victimes sont traînés dans les rues fangeuses de Paris. La populace, après avoir joué pendant trois jours avec ces débris humains, alla les jeter à la voirie.

Le sol de la Conciergerie est plus bas que celui de la rivière, cependant les caves et souterrains en pierre pratiqués au-dessous interceptent un peu l’humidité ; les autres cachots construits au pied des tours et au niveau du fleuve étaient très malsains ; ils sont aujourd’hui presque tous hors d’usage. À l’orient de cette prison et au sud d’une cour, sont des cellules pour les femmes qui sont ainsi séparées des hommes. — Sous la porte même de l’entrée de cette prison, à quinze mètres au-dessous du sol, se trouvaient les fameuses oubliettes du Palais. Sur le bord de la rivière, on voit encore la grille par laquelle on emportait les corps, soit pour les noyer, soit pour les inhumer. M. Peyre, architecte, a transformé ces oubliettes en un aqueduc.

La Tour de César est à droite en entrant dans la cour ; on la nommait autrefois tour de Montgommeri parce que Gabriel de Lorges, comte de Montgommeri, le même qui avait blessé mortellement le roi Henri II, dans un tournoi, y fut enfermé en 1574, après avoir été défait en Normandie. — Cartouche et Damiens furent conduits dans cette tour. En 1794, les cent trente-deux Nantais amenés à Paris y furent enfermés ; le célèbre Ouvrard y fut incarcéré pour dettes. À droite en entrant se trouve le guichet extérieur de la prison ; un espace d’un mètre environ le sépare d’une grille qui donne accès sur un petit escalier aboutissant à une grande salle noire enfumée, qu’on appelle l’avant-greffe, ou le parloir libre. À l’angle nord-ouest du préau, on voit la tour de Bombée ; elle servit de cachot à Ravaillac, alors le jour n’y pénétrait pas. — Louvel y a été enfermé tout le temps qui précéda son jugement. Le rez-de-chaussée du bâtiment au sud se compose de plusieurs cellules à l’est ; puis sont deux chambres de surveillants à l’ouest. Au fond d’un corridor où le jour pénètre à peine, de l’autre côté des cellules, se trouve le cachot où fut enfermée Marie Antoinette. Dans la chambre à l’est de ce cachot, se tenaient les soldats chargés de la garde de la reine ; enfin se trouve à côté l’affreux réduit où fut enfermée madame Élisabeth.

Pendant la révolution, la Conciergerie a reçu moins de coupables que d’illustres victimes. Bailly, Malesherbes, Mme Roland, Camille Desmoulins, Danton, André Chénier, Fabre d’Églantine ont été enfermés dans cette prison. Les malheureux Girondins, tirés du Luxembourg, avaient été également transférés à la Conciergerie ; leur amitié adoucit les approches de la mort ; ils se familiarisèrent avec ces idées lugubres, et improvisèrent alors des drames singuliers, terribles, dont leur commune destinée et la révolution formaient les tristes sujets. Chaque prisonnier avait son rôle à remplir et concourait à l’ensemble de cette tragédie ; ils représentaient tour à tour les juges et les jurés du sanglant tribunal révolutionnaire, et l’accusateur public lui-même. Deux acteurs entraient en scène, l’un représentait l’accusé, l’autre le défenseur. L’accusé pouvait à peine murmurer quelques paroles ; à chaque instant le défenseur était interrompu, et le tribunal se disant suffisamment éclairé, concluait toujours à la peine de mort. Étendu sur une planche de lit qu’on renversait pour cet usage, le patient semblait supporter le supplice dans ses plus petits détails. Venait ensuite le tour de l’accusateur qui subissait lui-même le châtiment réservé à son iniquité puis au milieu de cris lamentables, on l’entraînait dans l’abîme. Les Girondins étaient au nombre de vingt-et-un, voici leurs noms : Brissot, Boileau, Boyer-Fonfrède, Antiboul, Gardien, Lasource, Vergniaud, Gensonné, Lehardy, Mainvielle, Ducos, Duchastel, Duperré, Carra, Valazé, Lacase, Duprat, Sillery, Fauchet, Lesterpt, Beauvais et Vigée. Ils furent exécutés sur la place de la Révolution, le 31 octobre 1793. — Georges Cadoudal, Bories et les trois autres sergents de la Rochelle, plus récemment Fieschi, Alibaud, Meunier, ont été enfermés dans la Conciergerie.

Agrandissement du Palais-de-Justice.

Depuis longtemps cet édifice ne pouvait contenir tous les nombreux services judiciaires. M. Huyot, architecte, fut chargé, en 1835, d’étudier un projet de construction nouvelle. Le plan qu’il présenta fut adopté par le conseil municipal, et sanctionné par une ordonnance royale que nous rapportons.

« Louis-Philippe, roi des Français, etc… — Article 1er. Le périmètre des constructions, tant anciennes que nouvelles, affectées au Palais-de-Justice de Paris, y compris la préfecture de police et la maison de justice et d’arrêt dite la Conciergerie, est arrêté suivant les lignes A B C D tracées au plan ci-annexé.

« Art. 2. Il sera formé : 1o le long de la façade latérale de l’édifice du midi, une rue d’isolement de 15 m. de largeur ; 2o une autre rue également de 15 m. de largeur longeant la façade principale vers l’ouest ; 3o une place entre cette nouvelle rue et celle du Harlay, et dont les côtés nord et sud se termineront par deux larges pans coupés vers la première ; le tout dans les directions et suivant les alignements indiqués par le plan. — Art. 3. L’exécution de ce projet est déclarée d’utilité publique ; en conséquence, le préfet de la Seine est autorisé à acquérir au nom du département, soit à l’amiable, soit par voie d’expropriation forcée, les immeubles ou portions d’immeubles sur lesquels doivent s’étendre les nouvelles constructions, ou qui sont nécessaires à la formation des voies publiques projetées. Le prix de ces acquisitions sera payé au moyen des ressources indiquées dans la délibération du conseil général du département de la Seine, en date du 28 octobre 1838. — Art. 4. La ville de Paris est autorisée à concourir à la dépense : 1o pour un contingent de 100,000 fr. applicables au tribunal de police municipale ; 2o pour moitié dans le prix d’acquisition des propriétés particulières sur lesquelles seront ouvertes les deux rues, ainsi qu’il est réglé par les délibérations des 22 février et 26 avril 1839, dont les dispositions sont approuvées, etc. — Neuilly, le 26 mai 1840. Signé Louis-Philippe. »

Après la mort de M. Huyot, la direction des travaux pour l’agrandissement du Palais-de-Justice a été confiée à MM. Duc et Dommey. Les dépenses sont évaluées à 14 millions, savoir : 10 millions pour les constructions et 4 millions pour achat de diverses propriétés. Les bâtiments réservés sont : la cour de cassation, la cour royale et les constructions occupées aujourd’hui par le tribunal de première instance, les bâtiments sur la rue de la Barillerie, la Sainte-Chapelle et une grande partie de la Cour-des-Comptes. Tous les anciens bâtiments respectés se trouveront presque renfermés dans un triangle, formé d’un côté par le quai de l’Horloge, de l’autre par la rue de la Barillerie et fermé par une diagonale partant de l’angle de la nouvelle rue, et aboutissant sur le quai des Orfèvres, près de l’arcade Lamoignon.

Les nouveaux bâtiments consisteront : en deux façades neuves, l’une sur la rue qui vient d’être ouverte au sud du palais, l’autre au couchant, sur les rue et place Harlay. Des restaurations importantes seront faites aux façades du quai de l’Horloge et de la rue de la Barillerie. Le Palais-de-Justice se trouvera complètement isolé. Il renfermera au nord, sur le quai de l’Horloge, la cour de cassation ; au couchant, attenant et sur la nouvelle place Harlay, se trouveront les deux salles d’assises et la cour royale. Au midi, sur le quai des Orfèvres, la préfecture de police ; à la suite, sur la rue nouvelle, les chambres de police correctionnelle ; au levant, rue de la Barillerie, le procureur du roi et les juges d’instruction ; enfin, attenant à la tour de l’Horloge, le tribunal de première instance. De vastes galeries bien éclairées donneront accès à toutes ces divisions, et aboutiront à la grande salle des Pas-Perdus. Deux façades monumentales seront construites, l’une sur le quai des Orfèvres et sur la rue nouvelle, l’autre sur la place Harlay. On regrette que des motifs d’économie aient empêché les architectes de disposer de tout le terrain compris entre la Sainte-Chapelle et le quai des Orfèvres : il serait résulté de cette disposition du plan assez d’avantages pour compenser ce surcroit de dépense. — La superficie totale du Palais-de-Justice sera de 30 000 m. environ.


Justice (place du Palais-de-).

Située en face du Palais-de-Justice. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 6. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Elle a été formée en vertu des arrêts du conseil en date des 3 juin 1787, 20 février 1788 et 23 janvier 1791, qui imposèrent aux propriétaires l’obligation de construire des façades symétriques. Cette place est demi-circulaire. — Une décision ministérielle du 13 brumaire an X, signée Chaptal, a maintenu les dispositions prescrites par les arrêts précités. (Voyez rue de Constantine.) — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Avril 1844.
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