Étude sur l’histoire d’Haïti/Table

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PÉRIODE FRANÇAISE.

PREMIÈRE ÉPOQUE

LIVRE PREMIER.
Révolution en France. — Ses premiers effets à Saint-Domingue. — Députation des colons à l’assemblée nationale constituante. — Club Massiac à Paris. — Commissaires des hommes de couleur à Paris. — Assassinats commis sur ceux de la colonie. — Tentative de résistance de leur part. — Assemblée générale de Saint-Marc et ses actes. — Autres assemblées des colons et leurs actes. — Décrets de l’assemblée nationale, des 8 et 28 mars 1790. — Dissolution de l’assemblée de Saint-Marc par le gouverneur général, comte de Peinier. 
 109


Vincent Ogé et Jean-Baptiste Chavanne. — Premiers combats des hommes de couleur contre les blancs. — Emprisonnement des principaux d’entre eux. 
 133


Revue des actes de l’assemblée générale de Saint-Marc. — Fuite d’une partie de ses membres en France. — Décrets de l’assemblée nationale constituante, du 12 octobre 1790, 1er février et 15 mai 1791. — Discours de l’abbé Maury. — Résistance des colons et formation d’une nouvelle assemblée coloniale. — Conseil politique des hommes de couleur dans l’Ouest. — Préparatifs de la lutte de 1791. 
 164


Naissance de Borgella. — Examen des reproches faits aux mulâtres par les colons. — Occupations de Borgella pendant sa jeunesse. — Éducation de l’homme de couleur. — Borgella abandonne le toit maternel pour commencer sa carrière mititaire. 
 181


Organisation des hommes de couleur dans l’Ouest. Prise d’armes de Diègue, dans le canton de la Charbonnière. — Combats de Néret et de Pernier. — Concordats du 7 septembre 1791 avec la paroisse de la Croix-des-Bouquets, — du 11 septembre avec celle du Port-au-Prince, du 22 septembre à Saint-Marc, — dans d’autres localités du Sud. — Traité de paix du 23 octobre, entre 14 paroisses de la province de l’Ouest, à Damiens, dans la plaine du Cul-de-Sac. 
 192


Insurrection des nègres esclaves dans la province du Nord. — Ses diverses causes. — Désastres qu’elle occasionne. — Rapprochemens entre elle et l’insurrection des hommes de couleur dans l’Ouest. 
 216


Décret de l’assemblée nationale constituante, du 7 juillet 1791. — Réunion de la seconde assemblée coloniale. — Ses actes. — Ses dispositions à se soumettre à la Grande-Bretagne. — Décrets de l’assemblée nationale, du 29 août et du 24 septembre. 
 237


Entrée des hommes de couleur au Port-au-Prince. — Les Suisses et leur déportation. — Affaire du 21 novembre 1791. — Expulsion des hommes de couleur. — Incendie du Port-au-Prince. — Crimes commis par les blancs. 
 254


Dispositions pacifiques des insurgés du Nord. — Arrivée des commissaires civils Roume, Mirbeck et Saint-Léger. — Objet de leur mission. — Conduite de l’assemblée coloniale. — Continuation de la guerre dans le Nord, dans l’Ouest et dans le Sud. 
 285


Conduite des hommes de couleur de l’Ouest, après leur expulsion du Port-au-Prince. — Conduite de ceux du Sud. — Événemens dans les deux provinces. — Saint-Léger se transporte dans l’Ouest. — La commission civile se décide à retourner en France. — Départ de Mirbeck et de Saint-Léger. — Roume prend la résolution de rester à Saint-Domingue. — Ses motifs 
 305


Influence des Amis des noirs dans l’assemblée nationale législative. — Décrets du 7 décembre 1791 et du 4 avril 1792. — Lettre du colon Cougnac Mion. — Décret du 22 juin. — Nomination de Polvérel, Sonthonax et Ailhaud, commissaires nationaux civils. — Instructions du roi. — Décrets des 17, 22 et 25 août, 8 novembre et 10 décembre 1792. 
 328


Assemblée coloniale. — Projet de constitution pour Saint-Domingue. — Effet produit par la nouvelle arrivée au Cap du décret du 28 mars 1792, et de sa sanction par le roi. — Roume et Blanchelande le font publier. — persécutions continuées contre les hommes de couleur. — Coalition et traité de paix et d’union à Saint-Marc entre les hommes de couleur et les blancs. — Roume et Blanchelande vont dans l’Ouest. — Voyage et actes de Blanchelande dans le Sud. — Son retour au Cap. — Rigaud affranchit sept cents noirs aux Cayes. — Résumé de la première époque. 
 356

tome 2


PÉRIODE FRANÇAISE.

DEUXIÈME ÉPOQUE

LIVRE DEUXIÈME.


Polvérel, Sonthonax et Ailhaud arrivent au Cap. — Discours de Daugy président de l’assemblée coloniale, à leur installation. — Leur profession de foi et proclamation du 24 septembre 1792. — L’assembée coloniale intrigue contre Roume et dénonce Blanchelande. — Son arrestation et son renvoi en France. — Nouvelle, arrivée au Cap, de la révolution du 10 août. — Mouvemens populaires dans cette ville. — Proclamation du 12 octobre et dissolution de l’assemblée coloniale, des trois assemblées provinciales et autres corps populaires. — Création d’une commission intermédiaire. — Embarquement et renvoi en France, de Cambefort, Touzard, d’Esparbès et autres contre-révolutionnaires. — Rochambeau, gouverneur général provisoire. — Départ du général d’Hinisdal pour France. — Polvérel et Ailhaud vont dans l’Ouest. — Sonthonax reste au Cap. — Appréciation de cette résolution par Garran de Coulon 
 3


Club du Cap, ses intrigues, son influence, ses actes. — Mouvemens populaires. — Actes de la commission intermédiaire. — Actes de Sonthonax. — Rochambeau, E. Laveaux et Leborgne, favorables aux hommes de couleur, — Combat entre ces derniers et les blancs du Cap. — Les hommes de couleur se retirent au Haut-du-Cap. — Proclamation du 4 décembre 1792, où Sonthonax renouvelle sa profession de foi concernant l’esclavage. — Rentrée des hommes de couleur au Cap. — Arrestation et déportation des chefs des factieux blancs. — Départ de Rochambeau pour la Martinique. — E. Laveaux, ses campagnes et ses succès contre les nègres insurgés. — Impôt du quart de subvention. — Dissentiment qu’il occasionne entre Polvérel et Sonthonax, et ses suites. 
 27


Polvérel et Ailhaud arrivent à Saint-Marc. — Intrigues de Roi de la Grange, J.-B. Decoigne, Savary aîné, Lapointe, etc. — Tentative d’une nouvelle confédération contre-révolutionnaire. — Les deux commissaires vont au Port-au-Prince. — Tactique des colons de cette ville et des paroisses voisines. — Départ d’Ailhaud pour le Sud et son retour en France. — Esprit factieux de Jacmel, de Jérémie et d’autres communes du Sud. — Polvérel se rend aux Cayes. — Il remplace Montesquiou de Fesenzac par Harty. — Il fait attaquer les nègres insurgés campés aux Platons. — Mouvemens séditieux aux Cayes contre Polvérel. — Il retourne dans l’Ouest. 
 45


Club et municipalité du Port-au-Prince. — Auguste Borel, Hanus de Jumécourt et Bernard Borgella. — Coalition des indépendans et des contre-révolutionnaires. — Projet de destruction des hommes de couleur. — Insurrection des nègres du Cul-de-Sac. — Hanus de Jumécourt et Coustard arrêtés par Borel. — Arrestation et fuite de Lasalle. — Sonthonax et Polvérel concertent leur réunion à Saint-Marc. — Proclamation de Sonthonax, du 21 mars 1793. — Adresse aux hommes de couleur, par A. Chanlatte. — Enrôlement d’esclaves par les hommes de couleur. — Pétition des blancs de Saint-Marc à Sonthonax, et sa réponse. — Polvérel arrive à Saint-Marc. — Les deux commissaires prennent la résolution de soumettre le Port-au-Prince par la force des armes. 
 60


Blocus et canonnade du Port-au-Prince, par Polvérel et Sonthonax. — Résistance des factieux. — Borel s’enfuit à Jacmel et à la Jamaïque. — Soumission de la ville. — Réorganisation de la garde nationale et formation de la légion de l’Égaiité. — Contribution de guerre et déportation des factieux. — Soumission d’une partie de la province du Sud. — Lettres du ministre Monge aux commissaires civils. — Lettre du ministre espagnol Pedro Acuña à Don Garcia. — Décrets de la convention nationale, des 5, 6, 15 et 19 mars 1793. — Projet de décret et maximes des colons à Paris. — Proclamation des commissaires civils, du 5 mai, sur l’esclavage. — Ecrit de J. Raymond. — Arrivée au Cap du gouverneur général Galbaud. — Polvérel et Sonthonax vont à Jacmel. — Ils retournent au Port-au-Prince. — Ils envoient Pinchinat, Albert, Nicolas Delétang et Rigaud, pour forcer la Grande-Anse à la soumission. — Ils vont au Cap. 
 91


Situation des quartiers de la Grande-Anse et de Tiburon. — Faits antérieurs. — La municipalité de Jérémie s’adresse à Galbaud. — La délégation se rend dans la paroisse du Petit-Trou-des-Baradères et se porte avec une armée aux limites de son territoire. — Attaque du camp Desrivaux. — Mort de Jourdain et d’Ignace. — Défaite des républicains. 
 135


Situation de la ville du Cap. — Instructions données à Galbaud, et sa conduite à son arrivée. — Polvérel et Sonthonax entrent au Cap. — Intrigues des colons et divers écrits de Tanguy Laboissière. — Destitution et embarquement de César Galbaud. — Proclamation de don Gaspard de Cassassola, du 7 juin. — Explications du gouverneur général Galbaud avec les commissaires civils. — Leur proclamation du 13 juin qui destitue Galbaud. — Il s’embarque avec sa famille. — Rixes entre les marins de la flotte et les hommes de couleur. — Mesures prises par les commissaires civils. — Révolte de Galbaud et des marins. — Combats au Cap, les 20, 21 et 22 juin. — Pillage et incendie du Cap. — Les commissaires civils se retirent au Haut-du-Cap. — Lettre de Sonthonax à la convention nationale, du 18 février, sur la liberté des esclaves. — Proclamation des commissaires civils, du 21 juin, qui accorde la liberté aux noirs qui défendent la République française. — Leur dépêche à la convention, du 10 juillet. — Départ de la flotte pour les États-Unis. — Le général Lasalle appelé au Cap. — Proclamation des commissaires civils, du 26 juin, et mesures diverses. — Rentrée de Polvérel et Sonthonax au Cap — Réflexions de Sonthonax concernant les colons de Saint-Domingue. 
 146


Polvérel et Sonthonax essaient de gagner les chefs des nègres insurgés. — Les principaux d’entre eux refusent de se soumettre. — Trahisons de quelques officiers blancs, et leur influence sur les insurgés. — Lettre des commissaires civils à Duvigneau, sur la trahison de Brandicourt et des autres. — Proclamation du 2 juillet contre les traîtres. — Proclamation du 11 juillet qui accorde la liberté aux femmes et aux enfans des noirs émancipés, le 21 juin. — Fête de la fédération et plantation de l’arbre de la liberté au Cap, le 14 juillet. — Soumission de quelques chefs des insurgés. — Proclamation du 25 juillet qui étend la liberté à des noirs dans le Sud. — Départ de Polvérel du Cap, pour aller dans l’Ouest. — Dépêche du 30 juillet adressée par Sonthonax à la Convention nationale, où il l’engage à proclamer la liberté générale des esclaves. 
 193


Doyon est nommé commandant des troupes réunies au Petit-Trou. — Rigaud se rend aux Cayes. — Affaire de la fédération du 14 juillet. — Déportation de quelques individus par Delpech. — Il organise la légion de l’Égalité du Sud. — Prépondérance des hommes de couleur dans cette province. 
 218


Nouvelles trahisons en faveur des Espagnols, — Mesures militaires ordonnées par Polvérel. — Triumvirat royaliste de Jean François, Biassou et Jean Guyambois. — Polvérel fait arrêter Jean Guyambois, François Guyambois, Hyacinthe et autres complices, — Motifs de ses proclamations des 20, 21 et 27 août. — G. H. Vergnisud et la commune du Cap. — Sonthonax proclame la liberté générale, le 29 août. — Comparaison entre les systèmes d’affranchissement des deux commissaires civils. — Lettre de Polvérel à Sonthonax, du 3 septembre, et réponse de ce dernier. — Proclamation de Polvérel, du 4 septembre. — Sa lettre à Delpech, et réponses de Delpech, des 8 et 12 septembre. — Polvérel proclame la liberté générale, le 21 Septembre. — Nomination de six députés à la Convention nationale, pour le Nord. — Mort de Delpech aux Cayes, le 27 septembre. 
 224


Propositions des colons de Saint-Domingue au gouvernement britannique, du 25 février 1793, pour livrer la colonie. — Examen de cet acte et de la conduite de la Grande-Bretagne. — Les Anglais prennent possession de Jérémie et du Môle Saint Nicolas. — Proclamation de Sonthonax, du 19 septembre, contre les fonctionnaires du Môle. — Polvérel se rend aux Cayes. — Il y proclame la liberté générale. — Pinchinat, délégué de la commission civile dans l’Ouest. — Autorités militaires dans cette province et dans le Sud — Proclamation de Whitelocke, officier anglais. — Proclamation de Polvérel, du 31 octobre 1793, sur la police et la discipline des ateliers émancipes. 
 265


Situation du Nord. — Proclamation de Lasalle, et sa trahison. — Proclamation de Sonthonax, du 8 octobre 1793. — Il part du Cap. — Laveaux, gouverneur général par intérim au Port-de-Paix. — Péré, délégué civil au Cap. — Sonthonax arrive à Saint-Marc — Intrigues de Savary aîné et des contre-révolutionnaires contre Sonthonax. — Il part de Saint-Marc. — Acte de Résistance à l’oppression par les contre-révolutionnaires. — Sonthonax arrive au Port-au-Prince. — Mesures qu’il y prend. — Le pavillon blanc est arboré à Saint-Marc, aux Vérettes, à la Petite-Rivière et aux Gonaïves, — Les Anglais prennent possession de Saint-Marc et de l’Arcahaie. — J. B. Lapointe. — Les Anglais à Léogane. — Labuissonnière. — Toussaint Louverture prend possession des Gonaïves et d’autres communes pour l’Espagne. — Belle conduite de G. Bleck. — Lettres de Polvérel à Sonthonax, à A. Chanlatle et à Montbrun. — Parallèle de Polvérel et de Sonthonax. — Explications de la conduite des hommes de couleur, par Sonthonax. 
 292


Situation au commencement de 1794. — Tentative infructueuse de Rigaud et de Marc Borno contre Léogane. — Les Anglais devant le Port-au-Prince, et lettre de J. Ford à Sonthonax. — Réponses et mesures diverses de Sonthonax. — Conduite de Martial Besse à Jacmel. — Proclamation de Smith, du 1er février. — Les Anglais prennent Tiburon. — Bauvais à la Croix-des-Bouquets. — Guyambois relaxé par Sonthonax. — Meurtre d’Halaou et explication de ce fait. — Prise de l’Acul-de-Léogane par les Anglais. — lis reviennent devant le Port-au-Prince. — Proclamations de Sonthonax, du 27 février et du 1er mars — Intrigues et jalousie de Martial Besse et de Desfourneaux contre Montbrun. — Dissensions et affaire du 17 au 18 mars, au Port-au-Prince. — Embarquement forcé de Desfourneaux et sa lettre à Laveaux. — Jugement sur Sonthonax et les hommes de couleur. — Meurtre de Bébé Coustard par Daguin. — Polvérel revient des Cayes au Port-au-Prince. — Bruno Blanchet, délégué civil aux Cayes. — Rigaud, gouverneur général du Sud, — Montbrun, gouverneur général de l’Ouest. — Laveaux, gouverneur général de Saint-Domingue. — Conduite de Polvérel au Port-au-Prince — Défense de la mémoire de Pinchinat, contre divers auteurs. 
 341


Dispositions prises par Laveaux au Port-de-Paix. — Henri Perroud, ordonna leur des finances. — Propositions de Whitelocke et de James Grant à Laveaux. — Ses réponses. — Belle défense du Port-de-Paix par Laveaux. — Factions au Cap. — Origine des divisions entre Laveaux et Villatte. — Belle défense du Cap par Villatte. — Capitulation du Fort-Dauphin par Candy et Knappe. — Sort de Candy et de Knappe — Préventions de Laveaux contre les mulâtres. — Soumission de Delair à Jean-Rabel. — Soumission de Bombarde. — Soumission de Chevalier et de Toussaint Louverture. — Examen des causes de cette soumission. — Caractère de Toussaint Louverture. — Examen de plusieurs brochures concernant sa soumission. — Réfutations d’un propos attribué à Villatte. 
 394


Rigaud attaque Tiburon. — Violation du droit des gens par A. Williamson. — Situation des esprits au Port-au-Prince. — Intrigues des colons et des Anglais. — Ils reviennent au Port au-Prince. — Martial Besse appelé de Jacmel. — Prise du fort Bizoton. — Martial Besse remplace Montbrun. — Polvérel et Sonthonax vont au camp Néret. — Le fort Saint Joseph livré aux Anglais. — Évacuation sur Jacmel. — Les Anglais entrent au Port-au-Prince. — Propos imputé à Sonthonax. — La corvette l’Espérance arrive à Jacmel. — Polvérel et Sonthonax prisonniers. — Lettres de Polvérel à Rigaud, de Sonthonax à Laveaux. — Décret du 16 pluviôse an II sur la liberté générale. — Polvérel et Sonthonax partent de Jacmel avec Martial Besse. — Résumé de la deuxième époque. 
 445


Circonstances diverses des premières armes de J.-M. Borgella. 
 492

tome 3


PÉRIODE FRANÇAISE.




TROISIÈME ÉPOQUE.




LIVRE TROISIÈME.


Situation de Saint Domingue au départ de Polvérel et Sonthonax pour la France. — Energie et dévouement des chefs militaires. — Mesures prises par les Anglais. — Massacre des Français au Fort Dauphin. — Dissenssions entre Montbrun et Bauvais, à Jacmel. — Bauvais le remplace. — Arrestation et emprisonnement de Montbrun par Rigaud. — Il est transféré, jugé et acquitté en France. 
 3


Prise du Borgne, du Port-Margot, du camp Bertin, du Pont-de-l’Ester et de la Petite-Rivière. — Toussaint Louverture propose une entrevue au major Brisbane. — Il marche contre Saint-Marc et prend les Vérettes. — Il entre à Saint-Marc d’où il est chassé. — Il enlève Saint-Raphaël et Saint-Michel. — Rigaud prend Léogane et le fort Ça-Ira. — Labuissonnière est fusillé. — Laveaux va au Cap. — Toussaint Louverture prend Hinche. — Laveaux visite divers bourgs. — Il retourne au Cap. — Intrigues dans cette ville. — Propositions de Jean François à Villatte. — Négociations infructueuses. — Laveaux retourne au Fort-de-Paix. — Rigaud enlève Tiburon aux Anglais. 
 22


Divers combats livrés par Toussaint Louverture, aux Anglais et aux Espagnols. — Conspirations des hommes de couleur à Saint-Marc, à l’Arcahaie et au Port-au-Prince. — Mort de Blanc Cazenave. — Mort de Brisbane. — Arrivée de la corvette la Musette au Cap. — Lettre de Villatte à Laveaux. — Rigaud et Bauvais contre les Anglais, au Port-au-Prince. — Mort de Markhams. — Toussaint Louverture contre Saint-Marc. — Adresse de Jean François aux noirs, et réponse de Toussaint Louverture. — Origine de la jalousie entre Toussaint Louverture et Villatte. — Blanchet aîné, aux Cayes. — Organisation des troupes par Toussaint Louverture. — Phrises et reprises du Mirebalais, par Toussaint Louverture et les Anglais. — Dernière tentative de Jean François contre le Dondon. — Lettre de Renaud Desruisseaux à Toussaint Louverture, sur celle de Victor Hugues à Rigaud et Bauvais. 
 41


Arrivée de Polvérel et Sonthonax en France. — Décret qui suspend l’exécution de l’accusation portée contre eux et les met en liberté provisoire. — Décret sur l’élargissement des colons accusateurs. — Décret sur la formation d’une commission pour entendre les accusateurs et les accusés. — Conduite dea colons antérieurement à l’accusation et depuis. — Les colons réfugiés aux Etats-Unis approuvent la liberté générale des noirs. — Ouverture des débats. — Acte d’accusation des colons. — Mort de Polvérel. — Fin des débats. — Rapport et arrêté de la commission des colonies sur l’accusation. — Décret de la convention nationale qui décharge Sonthonax de l’accusation. — Opinion générale de la commission. 
 63


État des cultures dans les lieux soumis aux républicains. — Mesures diverses prises par les Anglais; cultures et prospérité. — Rapport du comité de salut public à la convention nationale, sur Saint-Domingue. Rigaud, T. Louverture, Bauvais et Villatte, généraux de brigade. — Rapport de Boissy-d’Anglas à la convention. — Traité de paix avec l’Espagne, et cession de la partie espagnole à la France. — Arrivée de la corvette la Vénus au Cap. — Départ de Jean François pour la Havane. — Agitation au Cap et au Port-de-Paix. — Préventions de Laveaux contre Villatte et les hommes de couleur. — Faits divers. — Pinchinat, Sala et Fontaine au Cap. — Ils retournent dans l’Ouest. 
 77


Pierre Dieudonné et Pompée, leur conduite, leur arrestation et leur mort. — Laplume les remplace. — Belle défense de Léogane contre les Anglais. — Affaire du 30 ventôse, au Cap. — Précédens de Laveaux, de Perroud, de T. Louverture, de Villatte et d’autres. — Laveaux, Perroud et d’autres fonctionnaires sont arrêtés et mis en prison. — Conduite de la municipalité et des officiers militaires. — Les détenus sont remis en liberte. — Villatte se rend à son camp. — Arrivée de Toussaint Louverture au Cap. — Laveaux le proclame lieutenant au gouvernement de Saint-Domingue. — Jugement sur Villatte, Laveaux et Toussaint Louverture. 
 115


Projet avorté de l’envoi de trois commissaires à Saint-Domingue. — Le Directoire exécutif est autorisé à y envoyer une Agence de cinq membres. — Roume, designé pour la partie espagnole, arrive à Santo-Domingo. — Députés de Laveaux et des autres généraux auprès de lui. — Il tente une réconciliation entre Villatte et ceux du Nord. — Projet affreux de la faction coloniale. — Diverses lettres de Toussaint Louverture, de Perroud, etc. — Opinions de Laveaux sur la liberté générale des noirs. — Relations de Roume avec l’archevèque Portilla et Don J. Garcia. 
 165


Instruction données à l’agence par le Directoire exécutif. — Antécédent des agens et des individus venus avec eux. — Réception qui leur est faite au Cap. — Discours de Sonthonax. — L’agence fait comparaitre Villatte. — Laveaux sabre lui-même les femmes du Cap. — Divers arrêtés relatifs à Villatte. — Accusation de l’agence contre les hommes de couleur. — Arrêté contre Pinchinat. — Vittatte est mis hors la loi et se rend à bord de la Méduse. — Sa déportation et celle de divers autres en France. — Ecrits de Perroud et de J. Raymond. — Motifs de ce dernier. — Système préconçu contre la classe des hommes de couleur. — Réflexions à ce sujet. — Diverses lettres de Rigaud et de Toussaint Louverture. 
 182


Arrestation et déportation de Rochambeau en France. — Les Anglais prennent Bombarde qu’ils abandonnent ensuite. — Exécution à mort d’Etienne Datty. — Révolte et crimes commis par des noirs du Port-de-Paix. — Nouvelle insurrection des noirs du côté du Cap. — L’agence déclare le Nord en danger. — Ses motifs et son but. — Elle proclame la constitution de l’an 3. — Elle annule les élections faites dans l’Ouest et le Sud, et convoque une assemblée électorale unique au Cap. — Ses motifs. — Election de Laveaux, de Sonthonax et de quatre autres députés au corps législatif. — Lettres de Toussaint Louverture à Laveaux. — Dissensions entre les membres de l’agence. 
 216


Objet de la mission confiée à la délégation. — Sa réception aux Cayes. — Sentiments manifestés par les délégués et les personnes de leur suite. — Pinchinat forcé de se cacher. — Arrivée de Desfourneaux, et sa lettre à Laveaux. — Plan de campagne contre la Grande-Anse. — Conduite immorale des délégués et de Desfourneaux. — Leurs actes. — Desfourneaux battu au camp Raimond. — Succès incomplet de Rigaud aux Irois. — Nouveaux ordres de rigueur de l’agence. — Arrestations. — Soulèvement. — Assassinats. — Fuite de Rey et de Desfourneaux. — Rigaud arrive aux Cayes et rétablit l’ordre. — Retour de Pinchinat. — Actes divers. Mission de Martial Besse et d’A. Chanlatte. — Les délégués retournent au Cap. — Mission de divers envoyés en France. — Ils sont capturés par les Anglais et échangés en Europe. 
 235


Toussaint Louverture est confirmé dans le grade de général de division, par le Directoire exécutif. — Il réorganise ses régimens. — Proclamation de l’agence, du 23 frimaire. — Examen de cet acte. — Le Directoire executif l’approuve. — Arrêté de l’administration municipale des Cayes, du 10 nivôse, auquel adhèrent toutes les communes du Sud. — Proclamation de Rigaud, du 26 nivôse. — Il correspond avec Toussaint Louverture. — Lettre de Sonthonax à Bauvais. — Mission de Pelletier en France. — Martial Besse renvoyé de Saint-Louis, A. Chanlatte de Jacmel. — Situation des finances dans le Nord. — L’agence puise des ressources dans l’Ouest. — Organisation de l’instruction publique et de la justice dans le Nord. 
 278


Départ et mort de Leblanc. — Ses soupçons contre Sonthonax, et procédés de ce dernier envers lui. — Mission de Martial Besse en France. — Faits relatifs aux élections des députes de Saint-Domingue. — Ils ne sont pas admis au corps légistatif. — Nouvelles élections au Cap, de 7 autres députés. — Arrivée du général anglais Simcoë, et mesures prises par lui. — Les Anglais sont chassés de divers points. — Sonthonax fait arrêter Desfourneaux. — Il élève Toussaint Louverture au rang de général en chef. — Lettre de ce dernier à Laveaux. — Rigaud échoue de nouveau contre les Irois. — Lettre de Lapointe à Rigaud, et sa réponse. — Mémoire de Rigaud en faveur des hommes de couleur. 
 304


Correspondance de Sonthonax avec les généraux et Toussaint Louverture. — Mission d’Etienne Mentor, Annecy et Gracia Lafortune dans l’Ouest. — Préoccupations de Sonthonax contre Rigaud. — Il fait arrêter le général Pierre Michel. — Projet de conspiration. — Message du Directoire exécutif au conseil des Cinq-Cents. — Insubordination des troupes de l’Artibcaite, leur dénûment, leurs plaintes. — Irritation de Toussaint Louverture. — Idlinger et les finances. — Causes du départ forcé de Sonthonax pour la France. — Toussaint Louverture au Cap. — Il se concerte avec J Raymond et Pascal. — Ses lettres à Sonthonax, ses mesures et diverses autres circonstances. — Sonthonax s’embarque et part. — Son discours du 4 février 1798. — Députation envoyée en France. — Jugement sur Toussaint Louverture, J. Raymond et Sonthonax. 
 326


Mesures d’organisation prises par Toussaint Louverture. — Système de fermage des propriétés séquestrées. — Pouvoir qu’il donne aux chefs militaires aur la population des campagnes. — Vues de Pétion à cet égard, dans le morcellement des propriétés. — Les prêtres et les colons flattent Toussaint Louverture. — Procédés des Anglais envers lui. — Ses procédés envers J. Raymond. — Organisation des troupes du Sud par Rigaud. — Le général White remplace Simcoé. — Discours de Vaublanc et de Vittaret-Joyeuse aux Cinq-Cents, de Barbé de Marbois aux Anciens. — Le parti royaliste frappé le 18 fructidor an 5. — Rapport d’Eschassériaux sur les élections de Saint-Domingue. Division de son territoire en cinq départemens. — Nouveaux rapports lur les élections. — Divers écrits de Pinchinat et sa mort. — Ecrits de Bonnet et d’autres. — Instructions données au général Hédouville qui vient remplacer Sonthonax. 
 382


Pétion enlève le fort de la Coupe aux Anglais. — Insuccès des troupes de Toussaint Louverture à l’Arcahaie. — Rigaud fait prendre le camp Thomas où meurt Doyon aîné. — Arrivée du brigadier général Maitland. — Arrivée du général Hédouville. — J. Raymond part pour la France. — Correspondance entre Maitland, Toussaint Louverture et Hédouville, pour l’évacuation des villes de l’Ouest. — Capitulation et occupation de ces villes. — Examen de la conduite de T. Louverture à cette occasion. — Il se rend au Cap auprès d’Hédouville. — Effet produit par leur entrevue. — Correspondance entre Maitland, Rigaud, Toussaint Louverture et Hédouville. — Divers faits de Dessalines, Laplume et Moïse, à l’égard de l’agent. — Toussaint Louverture mande Rigaud au Port-au-Prince et l’accompagne au Cap. — Situation de ces deux généraux devant Hédouville. — Conduite de cet agent et de ses officiers pour exciter la jalousie entre eux. — Ils retournent au Port-au-Prince. — Rigaud reçoit les ordres de Toussaint Louverture et retourne dans le Sud. 
 406


Correspondance entre Hédouville et T. Louverture. — Maitland propose l’évacuation de Jérémie et du Môle. — Conduite de T. Louverture à cette occasion. — Conventions arrêtées pour cet objet. — Maitland refuse sa ratification a l’une d’elles: ses motifs. — Hédouville autorise T. Louverture à traiter définitivement pour le Môle. — Entrevue de T. Louverture et de Maitland : honneurs militaires que ce dernier lui fait rendre, ses cadeaux. — Indignation d’Hédouville. — Evacuation de Jérémie, et conduite de Rigaud dans cette ville. — Propositions secrètes de Maitland à T. Louverture, non acceptées par lui. — Réfutation des opinions de P. de Lacroix et de Kerverseau. — Règlement de culture d’Hédouville approuvé par T. Louverture et Rigaud, et décrié ensuite par le premier. — Suite de la correspondance entre Hédouville et T. Louverture. — Ce dernier avoue sa jalousie contre Rigaud. –Réconciliation apparente entre Hédouville et T. Louverture. — Prise de possession du Môle, actes de T. Louverture et correspondance à ce sujet. 
 450


Arrêté et circulaire d’Hédouville contre les émigrés. — Opposition de Moïse à cet agent. — Affaire du Fort-Liberté. — Conduite de Toussaint Louverture et ses explications au Directoire exécutif. Hédouville est forcé de s’embarquer et part pour la France. — Toussaint Louverture entre au Cap. — Mesures d’ordre qu’il prend. — Ecrits publiés par lui. Lettre d’Hédouville à Rigaud. — Examen de la conduite de cet agent. — Objet de sa mission. — Roume le remplace. — Ses instructions. — But que se propose Toussaint Louverture. — Réfutation des opinions de quelques auteurs, fondées sur des erreurs accréditées. — Résumé de la troisième Époque. 
 499


Faits divers de la vie militaire de J.-M. Borgelia. 
 543

tome 4


PÉRIODE FRANÇAISE.




QUATRIÈME ÉPOQUE




LIVRE QUATRIÈME.


Aveu d’un écrivain français sur les causes de la guerre civile du Sud. — Correspondance entre Toussaint Louverture et Rigaud, entre ce dernier et Roume. — Roume arrive au Port-au-Prince et convoque les principaux généraux auprès de lui. — Conférences, et décision prise par Roume. — Rigaud lui demande sa démission. — Il la refuse. — Rigaud fait évacuer le Grand-Goave et le Petit-Goave par ses troupes. — Il commande le reste du Sud. — Révolte du Corail. — Neutralité de Bauvais et réflexions a ce sujet. — Toussaint Louverture lance l’anathème contre les hommes de couleur. — Arrestation et massacre de quelques-uns. — Conduite de Bauvais. — Il se retire à Jacmel. — Roume et Toussaint Louverture vont au Cap. — Intentions respectives de Toussaint Louverture et de Rigaud. — Correspondance entre eux, entre Roume et Rigaud. — Examen de la conduite de Roume. 
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Ordonnance de Toussaint Louverture sur le monopole des marchandises étrangères par l’administration publique. — Objet qu’il a en vue. — Il envoie des agens aux États-Unis. — Edouard Stevens, consul général, arrive au Cap. — Convention commerciale avec les États-Unis. — Arrêté de Roume à ce sujet. — Motifs qu’il en donne à Kerverseau et Rigaud. — Réponse de Rigaud qui l’approuve. — Arrivée du général anglais Maitland au Cap. — Conférences secrètes tenues aux Gonaïves entre lui, Toussaint Louverture et Stevens. — But de ces conférences, d’après Kerverseau. — Autres faits relatés par lui. — Libelle injurieux de Toussaint Louverture contre Rigaud. — Il concentre des troupes au Port-au-Prince. — Lettres du ministre de la marine au général en chef. — Lettre du 31 mai, de Rigaud à Roume. — Examen de la conduite respective de Toussaint Louverture, de Rigaud, et de Roume. — Toussaint Louverture provoque la guerre civile, d’accord avec Roume. — Écrit de ce dernier contre Rigaud. — Reponse et proclamation de Rigaud, du 15 juin. — Positions prises par les deux armées, du Sud et du Nord. Situation de l’esprit public. 
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Les troupes de Rigaud s’emparent du Petit-Goave. — Faits reprochés à Faubert. — Rigaud fait occuper le Grand-Goave. — Faute politique et militaire qu’il commet. — Proclamation de Toussaint Louverture contre Rigaud. — Proclamation de Roume qui ordonne la guerre. — Toussaint Lonverture à l’église du Port-au-Prince et de Léogane. — Opinions de Moïse et de Paul Louverture sur la guerre civile. — Joie des colons au passage des troupes. — Défection de Pétion. — Il conseille un mouvement de retraite à Toureaux. — Combats, et succès des troupes du Sud. – Rigaud est blessé. — Il ne profite pas de sa victoire. — Révolte en sa faveur dans la péninsule du Nord. — Sympathies manifestées pour sa cause. — Mesures énergiques et cruelles de Toussaint Louverture. — Sa lettre à Henri Christophe. — Réflexions à ce sujet. — La révolte du Môle est réprimée. — Embuscades tendues a Toussaint Louverture. — Il revient au Port-au-Prince — Quelques faits de Rigaud. – Lettres de Roume à tous les agens français dans les îles, et à d’autres autorités, demandant des secours contre Rigaud. 
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Bauvais, cerné à Jacmel, se plaint à Toussaint Louverture et à Roume. — T. Louverture fait fusiller son aide de camp. — Réponse de Roume. — Combat et prise de Tavet par Birot. — Il est blessé et blâmé par Bauvais. — Préparatifs de défense. — La réponse de Roume porte Bauvais à abandonner Jacmel. — Sa lettre d’adieux aux officiers supérieurs. — Réflexions à ce sujet. — Naufrage et mort de Bauvais. — Birot prend le commandement de Jacmel. — Écrits de T. Louverture et de Rigaud. — Prise du poste de Bellevue. — Proclamation de T. Louverture, du 11 novembre. — Dessalines marche contre Jacmel. — Investissement et siège de Jacmel. — Tentative infructueuse de Rigaud pour le dégager. — Fuite de Birot et d’autres officiers. — Capture d’une flotille de T. Louverture par les Anglais. — Pétion va prendre le commandement de Jacmel. — Continuation du siége. — Évacuation de la place. — Proclamations de Rigaud et de T. Louverture. 
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Ordonnances sur la culture et contre le Vaudoux, par Toussaint Louverture. — Arrêtés de Roume, sur l’importation des marchandises étrangères, et l’exportation de divers bois du pays. — Mésintelligence entre Roume et T. Louverture. — Kerverseau quitte Santo-Domingo où il est remplacé par A. Chhnlatte. — Refus de Roume d’autoriser T. Louverture à prendre possession de la partie espagnole. — Il refuse de venir au Port-au-Prince, et fait une adresse contre les agens anglais. — Mouvement insurrectionnel dans le Nord contre Roume. — Adresse de l’administration municipale du Cap à Roume. — Il rend un arrêté pour la prise de possession. — T. Louverture envoie le général Agé à Santo-Domingo dans ce but. — Examen des causes de cette prise de possession. — Mouvemens populaires à Santo-Domingo contre Agé. — Décret du gouverneur Don J. Garcia qui suspend la remise de la partie espagnole, en référant aux gouvernemens de France et d’Espagne. — Correspondance entre les diverses autorités. — Agé revient au Port-au-Prince. — Nouvel arrêté de Roume qui révoque celui sur la prise de possession. — Lettre de T. Louverture à Don Garcia, protestant contre les insultes faites à Agé. 
 153


Ordre de destruction donné par Rigaud. — Incendie de plusieurs bourgs. — Succès des troupes de T. Louverture. — Proclamation de Rigaud. — Derniers combats. — Divers actes administratifs de T. Louverture. — Arrivée de trois agens français. — Actes des consuls. — Politique du gouvernement consulaire. — Proclamation de T. Louverture offrant amnistie générale aux habitans du Sud. — Il envoie une députation aux Cayes. — Sauf-conduit donné par Roume. — Réception faite à la députation. — Rigaud se décide à partir pour France, et envoie une députation à T. Louverture. — Nouvelles instructions de ce dernier à sa députation. — Dessalines marche contre les Cayes. — Rigaud expédie un autre envoyé à T. Louverture. — Il quitte les Cayes avec sa famille et ses principaux officiers. — Il s’embarque à Tiburon. — Fuite générale. — Réflexions sur les actes du gouvernement consulaire, et sur ceux de Roume et de T. Louverture. — T. Louverture entre aux Cayes et accorde amnistie générale. — Sa proclamation aux habitans de Saint-Domingue. — Réflexions sur cet acte, et sur la conduite et le caractère de Rigaud et de T. Louverture. — Résumé de la quatrième Epoque. 
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Conduite de J.-M. Borgella dans la guerre civile du Sud. 
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PÉRIODE FRANÇAISE.




CINQUIÈME ÉPOQUE




LIVRE CINQUIÈME.


Le général Dessalines va à Jérémie. — Nombreux assassinats dans divers lieux du Sud. — Actes publiés par T. Louverture. — Il quitte les Cayes et se rend à Léogane. — Fête militaire dans cette ville. — Dessalines, général de division. — Assassinats de prisonniers dans plusieurs endroits. — Dessalines en épargne un certain nombre. — Noble conduite de Madame Dessalines à cette occasion. — Hypocrisie de T. Louverture. — Joie et fête des colons. — Révolte éphémère à l’Artibonite. — Inondation extraordinaire. — Règlement sur la culture et sort des cultivateurs. — Ordonnance relative aux propos qui leur sont adressés. — Autre ordonnance sur la culture. — Création de conseils de guerre pour le jugement de divers délits.— Faits relatifs à un vol commis au préjudice de T. Louverture. — Arrêté concernant les comptes à rendre par les agens des finances. — Révolte éphémère dans la plaine des Cayes. — Nouveaux assassinats. — Supputation générale du nombre des victimes par divers auteurs 
 237


Règlement sur la perception des frais par les tribunaux civils. — Création d’une garde d’honneur. — T. Louverture va au Cap où il est fêté par les colons. — Il fait arrêter Roume qui est conduit au Dondon. — Motifs de cette mesure. — Autres actes administratifs. — Création des douanes, abolition de l’impôt du quart de subvention, établissement de celui sur l’importation des marchandises et l’exportation des denrées. — Acte modifiant le précédent. — Lettre de T. Louverture à Don J. Garcia, pour la prise de possession de la partie espagnole. 
 271


Toussaint Louverture arrive à Saint-Jean. — Lettre du 4 janvier à Don Garcia. — Proclamation du même jour aux Espagnols. — Réponse de Don Garcia, du 6 janvier. — Nouvelle lettre de T. Louverture, datée d’Azua. — Combat à Nisao. — T. Louverture arrive à Bany. — Lettre à Don Garcia. — D’Hébécourt envoyé à Santo-Domingo. — Convention prise avec Don Garcia. — T. Louverture entre à Santo-Domingo, le 26 janvier. — Réfutation de faits rapportés par divers auteurs. — Lettre de T. Louverture à Don Garcia, du 28 janvier, et réflexions à ce sujet. — Dispositions diverses prises par T. Louverture. — Départ de Don Garcia de Santo-Domingo, le 22 février. 
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Règlement établissant les droits du timbre et de l’enregistrement. — Ordonnance portant la valeur de la piastre à onze escalins. — Proclamations sur la prise de possession de l’Est de l’ile, et la convocation d’une assemblée centrale au Port-au-Prince. — Arrêté sur les acquisitions de terre par les cultivateurs. — Proclamation sur des propos tenus contre les intentions de T. Louverture. — Proclamation sur les denrées à cultiver dans l’Est. — Arrêté sur l’organisation et l’entretien de la gendarmerie. — Proclamation qui réduit les droits d’importation et d’exportation dans l’Est. — Ordonnance et arrêté sur la vente des animaux, et portant impôt à ce sujet. — Deux lettres de T. Louverture au Premier Consul. — Arrêté qui défend l’exploitation et l’exportation des bois d’acajou et de gayac. — T. Louverture fait battre une monnaie à son effigie. — Réception faite à l’évêque Mauvielle qui est placé dans l’Est. — Assassinat du colonel Gautier, par ordre de T. Louverture. — Commandemens militaires conférés dans l’Est. — Retour de T. Louverture au Port-au-Prince. — Arrêté contre les pirates. — Répression des Vaudoux par Dessalines. — Irruption de Lamour Dérance à Marigot. — Il en est chassé et se réfugie au Bahoruco. 
 311


Formation, composition et réunion de l’assemblée centrale au Port-au-Prince. — Toussaint Louverture se rend au Cap. — Sa proclamation à l’armée. — Arrêté pour son habillement. — Nouveau règlement fiscal sur le commerce. —  
 499


Diverses lois organiques rendues par l’assemblée centrale. — Lettré de Toussaint Louverture à cette assemblée, et sa réponse. — Produits, état financier en 1801. — Système agricole et politique de Toussaint Louverture. — Il est désapprouvé par Dessalines et Moïse. — Opinions diverses et discussion à ce sujet. 
 385


Conduite imprudente de Moïse. — Révolte des cultivateurs dans le Nord, et ses causes. — Accusation contre Moïse. — Prompte répression de la révolte par Henri Christophe, Dessalines et T, Louverture. — Massacre des révoltés. — Arrestation et jugemens prononcés contre Moïse. — Sa mort. — Proclamation de T. Louverture, du 25 novembre, fortifiant le règne de la terreur. — Réflexions à ce sujet. — T. Louverture va dans l’Ouest. — Situation de son esprit. 
 413


Organisation et état militaire de Saint-Domingue, à la fin de 1801. — Position des troupes dans les divers départemens. — Faits antérieurs à l’arrivée du colonel Vincent en France. — L’expédition contre Saint-Domingue est résolue par le gouvernement consulaire, avant la constitution de Toussaint Louverture. — Motifs divers de cette expédition. — Son but était de rétablir l’esclavage des noirs. — Citation de divers écrits à ce sujet, et examen des opinions émises. — Préparatifs dans les ports de France. — Perplexité de Toussaint Louverture. — Sa proclamation du 18 décembre. — Il ne se prépare à aucune résistance. — Résumé de la cinquième Epoque. 
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Positions occupées par J.-M. Borgella, après la guerre civile du Sud. 
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tome 5


PÉRIODE FRANÇAISE.




SIXIÈME ÉPOQUE.




LIVRE SIXIÈME.


Expédition française contre Saint-Domingue. — Arrivée de la flotte au Cap-Français. — Le général Henri Christophe lui en refuse l’entrée. — Proclamation du Premier Consul aux habitans de la colonie. — Députation de la municipalité auprès du capitaine-général Leclerc. — Sa lettre à H. Christophe. — Réponse, et dispositions de défense. — Le général Rochambeau s’empare du Fort-Liberté. — Incendie et évacuation du Cap. — La flotte entre dans la rade. — Débarquement de Leclerc à la baie de l’Acul-du-Limbé. — Réfutation des Mémoires de Sainte-Hélène, relativement aux hommes de couleur. — Réflexions sur la conduite tenue par H. Christophe. — Toussaint Louverture arrive de Santo-Domingo. — Il est forcé de fuir devant les troupes françaises, et prend la résolution de résister à Leclerc. — Esprit général de la population. — Lettres de Toussaint Louverture à divers généraux. — Il se rend à Ennery pour rencontrer ses fils et leur précepteur. 3


Leclerc envoie à T. Louverture ses fils et M. Coisnon. — Arrivée de T. Louverture à Ennery. — Il reçoit une lettre du Premier Consul. — Examen de ce document. — T. Louverture quitte Ennery et va aux Gonaïves. — Il écrit à Leclerc. — Il va à Saint-Marc et revient aux Gonaïves. — Réponse de Leclerc. — T. Louverture persiste à le combattre. — Scène entre lui et ses enfans. — Conduite respective d’Isaac et de Placide. — Ce dernier est élevé en grade. — Allocution à la garde d’honneur. — Réplique à Leclerc. — Dernière réponse de Leclerc. — Réflexions sur la résolution prise par T. Louverture. — Arrivée de là division Boudet au Port-au-Prince. — Conduite des officiers supérieurs de cette ville. — Débarquement des Français. — Bardet livre le fort Bizoton. — Combat au Port-au-Prince. — Les troupes coloniales en sont chassées. — Conduite modérée et habile du général Boudet. — Soumission des populations dans le voisinage du Port-au-Prince. — Découverte des papiers secrets de T. Louverture. — Dessalines arrive au Cul-de-Sac et va à Léogane. — Incendie et évacuation de cette ville. — Massacre de blancs. — Dessalines va à Jacmel, retourne au Cul-de-Sac et se rend à la Petite-Rivière de l’Artibonite. — Les Français occupent la Croix-des-Bouquets et l’Arcahaie. — Conduite de Charles Bélair. — Défection de Laplume et de tout le département du Sud. — Soumission de Jacmel. — Soumission de la partie espagnole. — Incendie du Port-de-Paix et résistance de Maurepas. 44


Proclamation de Leclerc qui met T. Louverture et H. Christophe hors la loi, en entrant en campagne. — Arrivée au Cap des escadres de Toulon et de Cadix. — Combats en divers lieux. — T. Louverture bat Rochambeau à la Ravine-à-Couleuvre. — Résistance et soumission de Maurepas. — Incendie et évacuation de Saint-Marc par Dessalines. — Boudet en prend possession. — Lamour Dérance et Lafortune se soumettent. — Marche des divisions Hardy et Rochambeau aux Cahos. — Leclerc se rend au Port-au-Prince avec Rigaud, Pétion et d’autres officiers du Sud. — Pétion reçoit le commandement de la 13e demi-brigade. — La division Debelle est battue à la Crête-à-Pierrot. — Massacre de noirs par Hardy. — Rochambeau enlève le trésor placé aux Cahos. — Marche de la divison Boudet contre la Crête-à-Pierrot. — Massacre de blancs aux Verrettes, par Dessalines. — Il bat les divisions Boudet et Dugua à la Crête-à-Pierrot, et en laisse le commandement à Magny et Lamartinière. — Siège de ce fort. — Pétion y lance des bombes : réflexions à ce sujet. — Évacuation hardie du fort, par Magny et Lamartinière. — Ils rejoignent Dessalines au Calvaire. — Combats livrés par Christophe dans le Nord. — T. Louverture y enlève divers bourgs et revient dans l’Artibonite. — Il se porte aux Cahos après l’évacuation de la Crête-à-Pierrot. — Dessalines l’y rejoint. — La division Hardy retourne au Cap, celle de Rochambeau aux Gonaïves. — Les escadres de Brest, du Havre et de Flessingue arrivent au Cap. — Leclerc va à Saint-Marc. — La division Boudet retourne au Port-au-Prince. 81


Déportation d’André Rigaud. — Son sort en France. — Proclamation de Leclerc sur cette déportation. — Pensées de Pétion et de Lamour Dérance à cette occasion. — Arrêté de Leclerc sur le commerce français et étranger. — Correspondance entre les amiraux Villaret-Joyeuse et Duckworth. — Disposition de Toussaint Louverture à la soumission. — Il correspond avec Boudet. — Assassinat de Vollée. — Positions occupées par Toussaint Louverture et ses généraux. — Leclerc fait proposer à Christophe de se soumettre. — Correspondance à ce sujet. — Toussaint Louverture autorise Christophe à des entrevues avec les généraux français. — Soumission de Christophe et de ses troupes au Haut-du-Cap. — Correspondance entre Leclerc et Toussaint Louverture. — Ce dernier fait sa soumission au Cap. — Il porte Dessalines et Charles Bélair à se soumettre. — Réflexions à cette occasion. 116


Travaux de réédification au Cap. — Départ de Villaret-Joyeuse pour France. — Acte d’organisation provisoire de la colonie. — Mort de Villatte. — Dessalines et Charles Bélair entrent à Saint-Marc. — Mesures prises à l’égard des troupes coloniales. — Annullation des promotions faites par T. Louverture. — Germes d’insurrection dans le Nord, l’Ouest et le Sud. — Loi décrétée en France pour rétablir la traite des noirs et leur esclavage. — Boudet est envoyé à la Guadeloupe. — Rochambeau le remplace. — Les colons poussent aux excès. — La fièvre jaune se manifeste. — Désarmement des cultivateurs. — Résistance de Sylla à Plaisance — Il est chassé par Clauzel. — Leclerc soupçonne T. Louverture de conjurer. — Il ordonne des mesures militaires au bourg d’Ennery. — Christophe, Clervaux, Maurepas et Dessalines lui conseillent de déporter T. Louverture : leurs motifs. — Motifs particuliers de Dessalines, et réflexions à ce sujet. — Occupations de T. Louverture sur ses propriétés. — Il y est surveillé et tracassé. — Ses plaintes à Leclerc et correspondance entre eux. — Leclerc ordonne à Brunet de l’arrêter. — Brunet l’invite à se rendre auprès de lui. — Sourdes menées et lettres attribuées à T. Louverture. — Il est arrêté, garotté et conduit à bord de la frégate la Créole. — Sa famille et divers officiers sont arrêtés et embarqués sur la Guerrière. — Paroles prononcées par T. Louverture à bord du Héros. — Son arrivée à Brest. — Déportation d’autres officiers sur l’Aigle et le Muiron. 153


Jugement et exécution à mort de P. Fontaine. — T. Louverture réfute le projet qui lui fut attribué. — Proclamation du capitaine-général sur sa déportation. — Lettre au ministre de la marine. — Séquestre des biens de T. Louverture. — Il écrit de Brest au Premier Consul et au ministre de la marine. — Dégradation et déportation de Placide à Belle-Ile-en-Mer. — Sa lettre d’adieux à ses parens. — T. Louverture est débarqué du Héros et amené au fort de Joux. — Chancy à Ajaccio. — Le reste de la famille à Bayonne. — Beau trait du général français Ducos. — Mission du général Cafarelli au fort de Joux, ses entretiens avec le prisonnier, interrogations qu’il lui fait, et réponses. — Jugemens portés par T. Louverture sur ses généraux et autres officiers. — Défense pour T. Louverture contre les imputations qui lui ont été faites. — Il n’était responsable que de ses actes depuis sa soumission. — Citations de quelques passages de son Mémoire au Premier Consul. — Il lui adresse deux autres lettres. — Sa maladie, et enlèvement de Mars Plaisir du fort de Joux. — Mort de T. Louverture racontée par Antoine Métrai. — Examen de cette relation. — Jugement sur la vie politique et militaire de T. Louverture. — Sa famille est transférée à Agen. — André Rigaud s’y trouve avec elle. — Évasion de Chancy, d’Ajaccio. — Mort de Pinchinat à l’infirmerie de la Force, à Paris. 190


Invasion de la fièvre jaune et ses cruels effets. — Réunion du conseil colonial. — Sentimens libéraux du préfet colonial Benezech, sa mort. — Projets manifestés par les colons. — Conduite courageuse de H. Christophe. — Leclerc maintient en vigueur les règlemens de T. Louverture sur la culture. — La fièvre jaune dissout le conseil colonial. — Leclerc organise le gouvernement colonial. — Mesures fiscales. — Défense faite aux notaires de passer des actes de vente de moins de 50 carreaux de terre. — Mesures de police. — Pendaisons, noyades et fusillades contre la population indigène. — Règlement sur les délits et les peines. — Arrêté des Consuls défendant aux noirs et aux mulâtres d’entrer en France. — Réflexions à ce sujet. — Règlement de Leclerc sur l’ordre judiciaire et sur le culte catholique. — Arrivée de troupes de France. — Leclerc ordonne le désarmement général des cultivateurs. — Vues secrètes des chefs de l’armée coloniale en y donnant leur concours. — Mouvemens insurrectionnels qu’il occasionne. — Noble conduite du général Devaux. — Révolte de Charles Bélair. — Révolte d’autres chefs de bandes dans le Nord. — Pétion et Dessalines agissent contre eux. — Conférences entre ces deux chefs, leurs vues, leur entente. — Charles Bélair se rend après la capture de sa femme. — Dessalines les dénonce et les envoie à Leclerc. — Une commission militaire est formée pour les juger au Cap. — Arrivée de nouvelles troupes de France. 235


Leclerc se rend à D’Héricourt et envoie Pétion au Dondon. — Il y combat contre les insurgés, qui le forcent à entrer à la Petite-Anse avec Christophe. — Actions dans l’Ouest contre les insurgés. — Mort de Lamartinière. — Prise de l’Arcahaie par Larose. — Les insurgés de cette partie reconnaissent l’autorité de Lamour Dérance. — Réflexions sur les prétentions des Africains. — Crimes commis par Rochambeau. — Les insurgés du Nord sont victorieux. — Révolte de Capois au Port-de-Paix. — Il rallie les insurgés de cette partie. — Lettre de Brunet à Leclerc, sur Dessalines et Maurepas. — Supplices au Cap. — Charles Bélair et sa femme y sont fusillés. — Proclamation de Leclerc. — Le général Boudet est envoyé en France. — Christophe lui confie son fils. — Ses dispositions. — Dessalines va au Cap. — Son entretien avec Leclerc. — Clervaux et Pétion au Haut-du-Cap. — Paroles de Christophe et de Clervaux. — Leclerc fait entrer la 6e au Cap. — Défection de Pétion. — Il entraîne Clervaux et Christophe. — Belle conduite de Pétion. — Il va avec Clervaux au Morne-Rouge et à D’Héricourt. — Il y rallie Petit-Noël Prieur. — Marche contre le Haut-du-Cap. — La 6e est désarmée et embarquée. — Attaque et prise du Haut-du-Cap. — Défection de Christophe. — 1200 hommes de la 6e sont noyés. — Réflexions à ce sujet. — Geffrard s’échappe du Cap et va joindre Pétion. — Mort du général Dugua. 267


Situation de l’armée française à la mi-octobre. — Proclamation de Leclerc sur la prise d’armes du Haut-du-Cap. — Mesures ordonnées par lui. — Arrestation de Maurepas, etc., au Port-de-Paix. — Mort de Dommage au Cap. — Pamphile de Lacroix évacue le Fort-Liberté. — Conduite de Toussaint Brave en cette circonstance. — Dessalines se déclare contre les Français, et s’empare de la Crête-à-Pierrot. — Massacre d’un bataillon de la 12e coloniale à Saint-Marc. — Dessalines prend les Gonaïves. — Il attaque Saint-Marc infructueusement. — Il établit son quartier-général à l’Artibonite. — Il réorganise ses troupes. — Mort de Leclerc au Cap. — Ses dernières volontés. — Il désigne Rochambeau pour lui succéder. — Daure, préfet colonial, prend l’intérim du gouvernement colonial. — Ses actes. — Évacuation du Port-de-Paix par Brunet. — Rochambeau se fait installer au Port-au-Prince. — Combats des indigènes contre le Cap, leurs succès et leurs revers. — Ils abandonnent le Haut-du-Cap. — Modération du préfet Daure. — Arrivée de Rochambeau au Cap. — Il fait noyer Maurepas et d’autres indigènes. — Danger couru par J.-P. Boyer sur le vaisseau le Duguay-Trouin. — J. Boyé obtient qu’il soit mis en liberté. 303


Premières mesures prises par Rochambeau. — Il publie deux arrêtés consulaires, et fait reprendre le Fort-Liberté par le général Clauzel. — Il envoie le général Noailles chercher des chiens à Cuba. — Le général Desbureaux retourne en France. — Conduite de Pétion dans le Nord. — Attitude courageuse de Christophe envers Sans-Souci. — Pétion rejoint Dessalines à l’Artibonite. — Il est nommé général de brigade, ainsi que Gabart. — Faits d’armes de Capois, de Toussaint Brave, de Larose et d’autres chefs insurgés. — Cangé reconnu général de brigade par Lamour Dérance. — Crimes commis dans le Sud et tentatives infructueuses d’insurrection. — Pétion en marche dans l’Ouest. — Il prend le Mirebalais. — Combat de Pierroux, au Cul-de-Sac, où il est battu. — Il rencontre Lamour Dérance dans la plaine de Léogane. — Gérin y accourt auprès de Pétion et de Geffrard. — Siège de Léogane et combats. — Geffrard part pour le Sud avec la 13e — Pétion persuade Cangé et ses officiers en faveur de l’autorité supérieure de Dessalines. — Il retourne auprès du général en chef. — Sa conduite à l’Arcahaie envers Larose. — Il trace les fortifications de Marchand. — Position respective des Français et des indigènes insurgés, à la fin de décembre 1802. 329


Dessalines fait reconnaître son autorité dans le Nord, et y organise le pouvoir des chefs militaires. — Lutte des Congos contre Christophe. — Dessalines va rétablir l’ordre. — Assassinat de Sans-Souci. — Les Congos se soulèvent et tuent Paul Louverture. — Dessalines les écrase et retire Christophe et Clervaux du Nord. — Il se porte à l’Arcahaie d’où Larose s’enfuit. — Pétion y est placé. — Ses mesures politiques. — Armemens de barges indigènes. — Clauzel prend le Port-de-Paix. — Capois attaque cette ville et envoie une expédition contre la Tortue. — Il reprend le Port-de-Paix et la Tortue. — Romain, Clervaux et Christophe attaquent le Cap et sont repoussés. — Toussaint Brave attaque le Fort-Liberté. — Geffrard prend l’Anse-à-Veau et en est chassé ensuite. — Gilles Bénech enlève Tiburon. — Insurrection dans la plaine des Cayes. — Férou en prend la direction. — Geffrard se joint à Férou et fait reconnaître l’autorité de Dessalines. — Combats entre Sarrazin et les indigènes dans la plaine des Cayes. — Magloire Ambroise attaque et cerne Jacmel. — Adoption du drapeau indigène. — Marche de Kerverseau au Bahoruco. — Lamarre s’empare du Petit Goave et en expulse Delpech. — Rochambeau fait dévorer un noir par des chiens, au Cap. — Autres crimes. — Il transporte le siège du gouvernement au Port-au-Prince. — Il y donne un bal funèbre. — Il envoie des troupes contre Cangé, à Léogane, — contre Lamarre, au Petit-Goave. — Mort de Neterwood : les Français sont repoussés par Lamarre. — Rigueurs et projets de destruction au Port-au-Prince. — Brunet est envoyé aux Cayes. — Combats divers dans le Sud. — Geffrard fait prendre l’Anse-à-Veau. — Pétion repousse Fressinet à l’Arcahaie. — Clauzel bat Romain et Toussaint Brave à l’Acul. — Rupture de la paix d’Amiens. — Le général Boyer est fait prisonnier par les Anglais. — Pétion provoque la réunion, à l’Arcahaie, de Cangé et de ses officiers, à l’effet de leur faire reconnaître l’autorité de Dessalines. — Mesures projetées par le général en chef. 371


Cangé est battu au Cul-de-Sac par les Français. — Mort de Mimi Baude. — Dessalines enlève le Mirebalais et arrive dans cette plaine. — Il y prend deux postes et fait incendier la plaine. — Cangé et Gabart sont battus en allant contre la Croix-des-Bouquets. — Dessalines organise les 11e et 12e demi-brigades. — Rochambeau se transporte au Cap, d’après l’ordre du gouvernement consulaire. — Fressinet va à Jérémie, Sarrazin vient au Port-au-Prince. — Le préfet Daure part pour France. — Des croisières anglaises bloquent divers ports. — Mesures prises par Rochambeau. — Magnytot, nouveau préfet, arrive au Cap. — Dessalines va dans la plaine des Cayes. — Son langage à l’armée indigène. — Il fait des promotions et organise sept corps de troupes. — Il emploie Boisrond Tonnerre auprès de lui. — Il écrit au curé des Cayes et retourne dans l’Ouest. — Cangé prend Léogane. — Dessalines communique avec un vaisseau anglais dans la baie du Port-au-Prince. — Il organise des corps de troupes à Léogane, devant Jacmel et au Petit-Goave. — Il retourne au Cul-de-Sac. — Les Congos échangent des produits avec les Français près du Cap. — Romain est battu deux fois près de cette ville. — Latouche Tréville part pour France. — Fuite des colons et mesures de Rochambeau. — Clauzel et Thouvenot conspirent pour le déporter en France. — Dénoncés par Magnytot, ils sont arrêtés et déportés. — Magnytot et Claparède sont déportés peu après. — Fressinet évacue Jérémie et est fait prisonnier par les Anglais. — Férou y entre. — Geffrard consent à une suspension d’armes avec Brunet. — Il va à Jérémie où arrive Bonnet, venant de Cuba. — Bonnet est expédié à Dessalines, qui le nomme adjudant-général. — Lettre de Dessalines à Gérin sur la suspension d’armes de Geffrard. — Examen à ce sujet. — Les Français évacuent le Fort-Liberté, où entre Toussaint Brave. — Dessalines va à la Petite-Rivière. — Promotions de Gabart et de J.-P. Daut. — Les Français évacuent Saint-Marc. — Gabart livre cette ville au pillage. — Dessalines va dans le Nord et revient à Saint-Marc. — Cangé et M. Ambroise obtiennent la capitulation de Jacmel et y entrent. — Belle conduite qu’ils y tiennent. — Désunion au Port au-Prince entre les officiers français. — Sarrazin et Colbert s’enfuient. — Réfutation d’un fait attribué à Pétion et relatif à Lavalette. 406


Adresse des habitans du Port-au-Prince à Dessalines. — Il part de l’Artibonite contre cette ville. — Reddition du blockhaus de Drouillard. — Combat entre la 5e légère et les indigènes. — Reddition des blockhaus de Damiens et de Santo. — Prise de possession de la Croix-des-Bouquets. — Meurtre de 400 prisonniers français. — Cangé arrive à la Coupe. — Dessalines établit son quartier-général à Turgeau. — Cangé cerne le fort Bizoton. — Pétion place une batterie à Phelippeaux. — Canonnade respective. — Évacuation de Bizoton et du blockhaus Dessources. — Cangé place une batterie à Piémont. — Paroles de Lavalette aux indigènes de la garde nationale. — Il propose à Dessalines la capitulation du Port-au-Prince, qui est signée. — Adresse de Dessalines aux habitans. — Visite de Lux à Dessalines. — B. Inginac et Lafontant vont auprès de lui. — Évacuation du Port-au-Prince. — Dessalines en prend possession. — Contribution exigée des blancs — Conduite de Lecun. — Brunet évacue les Cayes. — Geffrard en prend possession. — Mort de Fédon au Cap. — Dessalines va à la Petite-Rivière. — Il marche contre le Cap. — Combats entre Christophe et les Français, et au Haut-du-Cap en présence de Rochambeau. — Éloges de divers généraux par Dessalines. — Bravoure remarquable de Capois. — Rochambeau le fait complimenter. — Il se retire au Cap. — L’armée indigène est victorieuse. — Rochambeau envoie un officier auprès de Dessalines : ce qu’il lui répond. — Le même officier revient. — Dessalines accorde un armistice verbal. — Négociations rompues entre Rochambeau et le commodore Loring. — Capitulation du Cap. — Échange d’otages. — Lettre de Dessalines aux habitans du Cap. — Rochambeau la fait publier. — Lettre de Dessalines à Gérin. — Lettre du commandant de Breda à Dessalines. — La garnison est conduite au Cap. — Réponse de Rochambeau relative à l’ancienne partie espagnole. — Il envoie des prisonniers indigènes à Dessalines. — Évacuation du Cap. — Dessalines en prend possession. — Capitulation entre Rochambeau et Loring. — Massacre des blessés et des malades français par ordre de Dessalines. — Noailles évacue le Môle et meurt à la Havane. — Pourcely prend possession du Môle. — Le général Ferrand va de Monte-Christ à Santo-Domingo. — Soumission des habitans du Cibao à Dessalines, qui leur fait payer une contribution. 438


Faits particuliers relatifs à J.-M. Borgella durant l’expédition française. 484

tome 6


PÉRIODE HAÏTIENNE.




PREMIÈME ÉPOQUE.




LIVRE PREMIER.


Après l’évacuation du Cap. — Dessalines se rend aux Gonaïves. — Il y convoque les généraux pour proclamer l’indépendance du pays, qui reprend son nom primitif d’Haïti. — Particularités relatives à la rédaction des actes. — Cérémonie militaire. — Proclamation du Général en chef au peuple d’Haïti : il prête, avec les officiers généraux, l’armée et le peuple, le serment de renoncer à la France. — Acte constatant la déclaration de l’Indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804. — Acte des Généraux conférant la dictature à Dessalines, sous le titre de Gouverneur général, avec le droit de choisir son successeur au pouvoir. — Réflexions à ce sujet. — L’armée et le peuple sanctionnent partout les actes précités et y applaudissent. — Conséquences de ces actes. — Examen des opinions et de la conduite de Boisrond Tonnerre, rédacteur des actes. — Dissidence manifestée parmi les officiers généraux sur le projet du massacre des Français. — Le gouverneur général décrète le costume des officiers généraux, la résiliation des baux à ferme des habitations, et favorise la rentrée dans le pays des indigènes expatriés. — Les généraux retournent à leurs commandemens. — Le régime militaire est restauré, l’administration des finances rétablie. — Le siège du gouvernement est fixé à Marchand, dans l’Artibonite. — Réflexions à ce sujet. 19


Dessalines se rend dans l’Ouest et le Sud. — Règlement du 7 février, sur le service militaire et l’administration des finances. — Trois citoyens des Cayes reçoivent l’ordre de préparer un projet de constitution et de lois organiques. — Décret du 22 février, ordonnant de livrer au glaive de la justice, les personnes convaincues ou soupçonnées d’avoir pris part aux massacres et aux assassinats ordonnés par Leclerc et Rochambeau. — Exceptions portées dans ces actes de vengeance. — Le gouverneur général en personne les fait exécuter dans le Sud, l’Ouest, l’Artibonite et le Nord, où il se rend. — Il accorde des lettres de naturalité, comme Haïtiens, aux blancs exceptés du massacre. — Acte du 1er avril relatif aux Français qui, naturalisés à l’étranger, voudraient entrer en Haïti. — Lettre du gouverneur général aux généraux, relative à une adresse des colons en faveur de Rochambeau. — Le massacre des femmes et enfans des Français est ordonné et exécuté. — Proclamation du 28 avril aux habitans d’Haïti, sur les représailles exercées contre les Français, et portant exclusion de tout blanc de la société haïtienne, les individus naturalisés exceptés. — Réflexions sur cet acte. 51


Le général Nugent, gouverneur de la Jamaïque, ouvre des négociations avec Dessalines, sur les bases des conventions prises avec Toussaint Louverture, en lui envoyant des indigènes prisonniers. — Projet de convention non accepté par Nugent : reconnaissance tacite de l’indépendance d’Haïti, par la Grande-Bretagne. — L’amiral Duckworth notifie l’intention de capturer les navires haïtiens qui seront rencontrés hors des eaux de l’île. — Dessalines n’y souscrit point et promet de respecter les possessions britanniques. — Il envoie à la Jamaïque, 160 Polonais pour être acheminés en Europe. — Nugent les renvoie à Haïti. — Régime administratif. — Quelques faits du général Ferrand. — Proclamation aux habitans de la partie espagnole. — Les Français s’emparent de Saint-Yague où se porte le général Toussaint Brave qui ne l’occupe pas. — Les Français y retournent et s’établissent dans le Cibao. — Nouvelle parvenue à Haïti, de l’élévation du Premier Consul à la dignité impériale. — Dessalines se décide aussi à prendre le titre d’Empereur d’Haïti. — Actes à ce sujet et réflexions y relatives. 78


Un envoyé des États-Unis vient offrir des approvisionnemens de guerre et assurer les relations commerciales de ce pays avec Haïti. — Lettre de l’amiral Durkworth à Dessalines. — Sa réponse et ses dispositions envers les Anglais. — Ordonnances sur la vente des marchandises importées et sur l’évasion des Haïtiens allant à l’étranger. — Ordonnance sur le recensement de la population des villes et bourgs, afin d’en expulser les cultivateurs des campagnes. — Régime établi à leur égard, et réflexions à ce sujet. — Cartes de sûreté. — Ordonnance sur l’affermage des biens domaniaux. — Convocation des généraux et des fonctionnaires publics à Marchand, pour solenniser l’anniversaire de la proclamation de l’indépendance nationale. — Ce que fait le général H. Christophe à cette occasion. — Arrêté provocateur du général Ferrand, ordonnant la capture des Haïtiens pour être faits esclaves, ou vendus et déportés du pays. — L’empereur se décide à marcher contre la partie de l’Est d’Haïti. — Mission de subversion envoyée à Haïti par le gouvernement français, dans la personne de Ducoudray et d’Étienne Mentor. — Examen de cette conduite. — Arrestation et exécution de Ducoudray. — É. Mentor arrive et dévoile sa mission à l’empereur qui le place dans son état-major. — Arrivée de plusieurs anciens officiers de Rigaud. — L’empereur se transporte dans l’Ouest. — Il veut faire fusiller David-Troy, le dégrade et le place soldat dans la 4e demi-brigade. — Le général Yayou est placé commandant de l’arrondissement de Léogane. — La campagne de l’Est est ouverte le 16 février. — L’armée haïtienne assiège Santo-Domingo. — Avis donné à l’empereur sur des escadres françaises. — Des troupes françaises débarquent à Santo-Domingo. — Le siège en est levé. — Sort fait aux habitans de l’Est faits prisonniers. — Réflexions à ce sujet. — Adresse de l’empereur au peuple, à son retour à Marchand-Laville. — Les Français réoccupent les points abandonnés par les Haïtiens. — A. Franco de Médina à Saint-Yague. 107


Constitution de l’Empire d’Haïti. — Examen des principales dispositions de cet acte. — Code pénal militaire. — Loi sur les enfans nés hors mariage. — Loi sur l’organisation des conseils spéciaux militaires. — Loi sur le divorce. — Loi sur le mode de constater l’état civil des citoyens. — Loi sur l’organisation judiciaire civile. — Décret fixant les émolumens alloués aux officiers militaires et civils et aux soldats. — Arrêté du ministre des finances sur la nouvelle vérification des titres de propriété. — Décret sur la distribution du territoire en six divisions militaires. — Décret sur la nomination du général en chef de l’armée, sur l’organisation des ministères des finances et de la guerre, et celle des divisions militaires. — Décret relatif à la consignation et au cautionnement des bâtimens de commerce étrangers arrivant dans les ports de l’empire. — Décret portant tarif des droits curiaux, des frais judiciaires et divers autres droits et frais. — Décret établissant un tour de rôle pour la consignation des bâtimens de commerce aux négocians, suivant le numéro de leurs patentes. — Fête à Dessalines, à l’occasion de la proclamation de la constitution. — Installation des tribunaux, et fête du général H. Christophe au Cap. — Fête de l’empereur dans la même ville. 144


Considérations générales sur les institutions, les actes, le régime et la situation de l’Empire. — Faits relatifs à plusieurs individus, par suite de la mission de Ducoudray et de Mentor. — Conseils donnés par ce dernier à l’Empereur. — Révocation de fonctionnaires. — Soupçons de l’Empereur contre le général Geffrard. — Mécontentement de ce dernier. — Vues et conduite du général en chef H. Christophe. — Son influence dans le Nord. — Il envoie Bruno Blanchet auprès de Geffrard et de Pétion. — Leurs dispositions envers l’Empereur. — Retour de B. Blanchet au Cap. — Mauvaises dispositions de l’Empereur envers H. Christophe. — Avis que lui donne A. Dupuy. — Promotions de Guillaume Lafleur, Vaval et Dartiguenave au grade de général de brigade. — G. Lafleur est chargé de faire des remontrances à Geffrard sur son administration. — Voyage de l’Empereur au Port-au-Prince. — Il témoigne à Pétion son désir de l’unir en mariage à sa fille Célimène. — Refus de Pétion et ses motifs. — Désappointement de l’Empereur et son irritation. — Paroles qu’il prononce au Port-au-Prince. — Il retourne à Marchand et apprend la faiblesse de sa fille envers Chancy. — Conseils que lui donnent Saget et Mentor. — Arrestation et emprisonnement de Chancy au Port-au-Prince. — Il se donne la mort. — Pétion fait procéder à ses funérailles. — Despotisme du colonel Germain Frère. — Mort du général Gabart, à Saint-Marc. 183


Actes despotiques de Germain Frère. — Sa conduite envers Pétion. — Conduite de Pétion. — Convocation des généraux à Marchand, pour la fête de l’indépendance. — Révolte de Germain Picot aux Platons et sa répression par Geffrard. — Geffrard se rend ensuite à Marchand. — Conseil secret tenu par Dessalines pour faire tuer Geffrard et Pétion. — Examen de ses motifs. — Boisrond Tonnerre. — Conseils donnés à Dessalines par H. Christophe. — Il fait avertir Geffrard et Pétion. — Ils concertent tous trois la mort de Dessalines. — Examen de cette conjuration. — Décret sur le chargement des navires en café, sucre et coton. — Réclamation de J. Lewis contre l’administration. — Belle conduite de Pétion à cette occasion. — Divers faits de Dessalines, expliquant les contrastes de son caractère. — Ses paroles à Miranda, général espagnol. — Décret sur l’organisation de la marine, etc. — Mort de J.-L. François à l’Anse-à-Veau. — Faits relatifs à Borgella. — Geffrard prépare la conspiration contre Dessalines. — Décret sur les guildives. — Mort de Geffrard aux Cayes. — Paroles et faits de Dessalines à cette occasion. 217


Meurtre de Noblet et de Pujol. — Explosion de la salle d’artifice du Port-au-Prince et ses causes. — Dessalines vient dans l’Ouest. — Plan perfide attribué à Boisrond Tonnerre, Mentor et Borno Déléard, à son égard. — Faits relatifs à T. Tuat, son assassinat et spoliation de sa fortune. — Nouvelle vérification des titres de propriété à Jacmel. — Dessalines va dans le Sud. — Il fait brûler les bois de campèche sur tout le littoral. — Il confie provisoirement l’arrondissement de Jérémie à Bazile. — Il arrive aux Cayes. — Le général Moreau lui dénonce une conspiration concertée entre Geffrard et H. Christophe. — Les papiers de Geffrard sont livrés à A. Dupuy qui n’y trouve aucune trace de ce projet. — Assertions de B. Inginac à ce sujet, réfutées. — Conduite de Dessalines aux Cayes. — Il fait démolir plusieurs guildives. — Il mande Inginac aux Cayes. — Conciliabule entre B. Tonnerre, Mentor et B. Déléard, établissant des indices de conspiration de leur part. — Inginac arrive aux Cayes. — Dessalines lui ordonne de vérifier les comptes de l’administration et les titres de propriété. — Ce qu’il fait relativement à ces deux objets. — Examen de ce qui a rapport aux titres de propriété. — Décret du 1er septembre y relatif. — Décret du 2 septembre sur les douanes, etc. — Dessalines quitte les Cayes : ordre qu’il donne en partant. — Ses paroles à Lamarre, au Petit-Goave. — Il élève Germain Frère au généralat. — Il ordonne d’incorporer les jeunes gens dans la 12e demi-brigade. — Nouvelle vérification des titres de propriété. — Il retourne à Marchand. — Meurtre de Dalégrand. — Mort de Poutu, en duel. 256


Situation des choses aux Cayes après le départ de Dessalines. — Vraie cause de l’insurrection du Port-Salut. — Arrestation du général Moreau, le 8 octobre, par les habitans sous la direction du juge de paix Messeroux. — Effet qu’elle produit aux Cayes. — L’insurrection se propage dans la campagne. — Papalier envoie le colonel Wagnac pour délivrer Moreau ; il prend parti avec les insurgés. — Perplexité et agitation des esprits aux Cayes. — Le colonel Francisque adhère à l’insurrection et décide Bourdet, Papalier et les autres officiers à s’y rallier. — Il part pour l’Anse-à-Veau. — Wagnac vient aux portes des Cayes à la tête des insurgés. — Les chefs de la ville vont s’entendre avec lui et ils y rentrent tous ensemble. — Wagnac, chef de l’insurrection, parle aux troupes et proclame H. Christophe, chef du gouvernement. — Le général G. Lafleur arrive aux Cayes et y est constitué prisonnier. — Messeroux transfère Moreau au camp Gérard. — Il est appelé aux Cayes et s’y fait emprisonner par ses extravagances. — À la nouvelle de l’insurrection, Gérin écrit à Dessalines, de l’Anse-à-Veau, qu’il va la réprimer. — Francisque y entraîne la 15e et la 16e et va auprès de Gérin. — Gérin se décide pour l’insurrection. — Examen de ses motifs. — Les chefs des Cayes lui défèrent le commandement de tout le Sud. — Son plan militaire et politique pour faire réussir l’insurrection. — Il écrit à H. Christophe. — Les chefs des Cayes lui écrivent aussi. — Gérin marche sur l’Ouest avec les troupes de l’Anse-à-Veau. — Opposition du colonel Lamarre au Petit-Goave. — Une lettre de Borgella le rallie à l’insurrection. — Entretien de Gérin avec le général Yayou. — Gérin entre au Petit-Goave. — Pétion écrit à Dessalines et part à la tête des troupes du Port-au-Prince : — À Léogane, il entraîne Magloire Ambroise à l’insurrection. — Il rencontre Yayou et l’y entraîne aussi. — Il entre au Petit-Goave et s’entend avec Gérin. — Les troupes du Sud et de l’Ouest marchent sur le Port-au-Prince, où elles arrivent le 16 octobre. — Les chefs des Cayes décident la mort de Moreau et de G. Lafleur : ils sont exécutés. — Les matelots assassinent Aoua, chef de division navale. — Réflexions sur les excès révolutionnaires. 290


Dessalines part de Marchand pour venir au Port-au-Prince. — Il informe H. Christophe de l’insurrection. — Meurtre de Delpech, près de Saint-Marc. — À l’Arcahaie, Dessalines se fait précéder par les compagnies d’élite de la 3e demi-brigade. — Défection de cette troupe au Port-au-Prince. — Une députation de cultivateurs vient demander aux généraux la mort de Dessalines et de Germain Frère. — Dessalines arrive au Pont-Rouge où il est tué. — Dévouement héroïque de Charlotin Marcadieu. — Excès blâmables commis sur le cadavre de Dessalines. — Réflexions à ce sujet. — Conduite d’Etienne Mentor, en ce moment. — Honneurs funèbres rendus à Charlotin Marcadieu. — Meurtre de Germain Frère. — Acte de Résistance à l’Oppression, où H. Christophe est proclamé chef provisoire du gouvernement. — Gérin veut marcher sur l’Artibonite et le Nord, Pétion se refuse à cette mesure et obtient l’assentiment du conseil des officiers. — Origine de la mésintelligence entre Gérin et Pétion. — Ils écrivent à H. Christophe et lui adressent les actes publiés. — Lettre de Pétion à Madame Dessalines. — H. Christophe apprend la mort de Dessalines et écrit à Pétion pour avoir des renseignemens à ce sujet. — Il mande auprès de lui les généraux Romain et Dartiguenave, et les envoie tendre une embuscade à Capois qui est mandé aussi et mis à mort. — Mesures qu’il prend dans le Nord et l’Artibonite. — Sa lettre à Madame Dessalines. — Les dépêches de Gérin et de Pétion lui parviennent. — Il mande à Milot, les fonctionnaires du Cap, représentant le Nord, qui adhèrent à la révolution et le reconnaissent pour chef du gouvernement. — Il répond à Gérin et à Pétion et leur envoie l’acte d’adhésion. — Bonnet est envoyé en députation auprès de lui. — Arrestation et meurtre d’Etienne Mentor et de B. Tonnerre. — Examen des causes de ces faits. — Meurtre de Bazile et d’autres, à Jérémie. — H. Christophe envoie Blanchet jeune porter des dépêches au Port-au-Prince, qui ordonnent le renvoi des troupes dans leurs cantonnemens, et mandent au Cap, Papalier et les aides de camp de Dessalines. — D’autres officiers y sont ensuite mandés. — Résumé de la première Epoque. 332

tome 7


PÉRIODE HAÏTIENNE.




DEUXIÈME ÉPOQUE.




LIVRE DEUXIÈME.


Situation d’Haïti après la mort de Dessalines : prétentions élevées par toutes les classes de citoyens. — Conduite des généraux H. Christophe, Gérin et Pétion, et réflexions à ce sujet. — Imputations contre Pétion et Gérin, réfutées par les faits. — Mission de Bonnet au Cap : examen de ce que lui dit Christophe. — Retour de Bonnet au Port-au-Prince. — Attitude prise par Pétion. — Proclamation de Christophe au peuple et à l’armée. — Ses insinuations à Yayou, à propos d’une cabale contre lui dans l’arrondissement de Léogane. — Punitions subies par Lamarre et Quique ; Dieudonné se suicide. — Pétion rétablit l’ordre et l’autorité de Yayou à Léogane. — Lettre de Christophe aux généraux, pour la formation de l’assemblée constituante et sa réunion au Port-au-Prince. — Christophe fait communiquer à Pétion ses vues sur l’autorité à attribuer au chef de l’Etat dans la constitution. — Réponse de Pétion. — Origine de leurs divisions. — Dissimulation de Christophe et ses projets. — Il publie un acte pour rassurer le commerce étranger dans ses relations avec Haïti. — Il invite Pétion à contraindre les soldats déserteurs à rejoindre leurs corps. — Pétion élude cet ordre. — Mécontentement de Christophe. — Il envoie Dartiguenave en mission dans le Sud pour y recevoir des plaintes et conférer des commandemens en invitant Pétion à l’aider de ses conseils. — Pétion persuade Dartiguenave de ne pas s’y rendre, et écrit ses motifs à Christophe. — Dartiguenave lui écrit aussi et attend de nouveaux ordres au Port-au-Prince. — Irritation de Christophe ; il rappelle Dartiguenave au Cap, et écrit une lettre arrogante à Pétion. — Fière réplique de Pétion expliquant ses motifs et ceux qu’il a eus pour ne pas repousser du Port-au-Prince un bataillon de la 20e qui s’y est réfugié, en lançant des menaces à Christophe. — La guerre civile devient imminente.
Tome VI. 401


Formation de l’assemblée constituante. — Pétion s’y fait élire pour instituer la République. — Aveu que lui fait Roumage aîné, député du Cap, au sujet de la constitution préparée par ordre de Christophe. — Pétion fait faire de fausses élections dans l’Ouest et le Sud, pour avoir la majorité et déjouer ce projet. — Examen de ce procédé. — Rapports confidentiels de J. Hugonin et F. Ferrier à Christophe. — Sa proclamation du 18 décembre. — Examen de cet acte par lequel il se prépare à la guerre civile. — L’assemblée constituante ouvre ses séances le 18 décembre. — Elle forme un comité de constitution présidé par Pétion. — Limitation extrême des attributions du pouvoir exécutif. — J. Hugonin en informe Christophe. — Sa proclamation du 24 décembre qui déclare Pétion et d’autres en état de révolte. — Le 27, le comité présente un rapport et un projet de constitution à l’assemblée, qui le vote à la majorité. — Examen du rapport du comité. — Analyse de la constitution. — Protestation contre elle, signée par 25 députés du Nord et de l’Artibonite. — Joie publique au Port-au-Prince. — Christophe est élu Président d’Haïti. — Élection de 24 sénateurs. — Christophe en marche contre le Port-au-Prince. — Il fait assassiner les généraux Dartiguenave et Cangé, et plusieurs autres officiers. — Le général Bazelais vient annoncer sa marche à Pétion. — Mesures que prend Pétion. — Il sort du Port-au-Prince contre l’ennemi. — La majorité des sénateurs constitue et organise le Sénat, qui se déclare en permanence et prend quelques mesures 445


Vraie cause de la guerre civile entre H. Christophe et A. Pétion, personnifiant l’un et l’autre des systèmes politiques opposés. — Bataille de Sibert où Pétion est défait : danger qu’il court. — Dévouement de Coutilien Coustard qui est cause de son salut et qui périt. — Pétion s’embarque sur un canot du littoral. — Le général Yayou rallie l’armée républicaine pour défendre le Port-au-Prince. — Fuite des familles de cette ville. — Le Sénat transporte son siège à Léogane, et donne l’ordre au général Magloire Ambroise d’évacuer la ville, dans la pensée que Pétion est mort ou prisonnier. — Magloire enjoint au colonel Lys d’exécuter cet ordre en le transmettant à Yayou. — Lys le laisse ignorer et aide Yayou à défendre la ville. — Lamarre s’échappe de la prison et va contribuer à la défense. — La 24e demi-brigade le replace à sa tête : il se réhabilite sur le champ de bataille. — Sa réconciliation avec Yayou. — Les assauts de l’ennemi sont repoussés sur tous les points. — Le chef de bataillon Frédéric se distingue au fort National. — Pétion, débarqué au Carrefour, rentre au Port-au-Prince aux acclamations des troupes et des citoyens. — Il fait recueillir les blessés de l’ennemi pour les soigner. — Arrivée des troupes de Jacmel, et de celles du Sud sous les ordres de Gérin. — Les sénateurs reviennent au Port-au-Prince. — Nouveaux assauts de l’ennemi toujours repoussés. — Le 8 janvier, Christophe retourne à l’Artibonite, après avoir fait incendier le Cul-de-Sac. — Une insurrection contre la République éclate dans la Grande-Anse. — Goman en est le chef reconnu. — Examen de la situation. — Opinion de Gérin sur les mesures à prendre. — Opinion de Pétion. — Ils ne s’accordent pas. — Réfutation des motifs personnels attribués à Pétion. — Ils vont au Boucassin avec l’armée et rentrent ensuite au Port-au-Prince.   481


Divers actes du Sénat procédant à l’organisation de l’administration publique, — appelant à la prestation de serment des sénateurs élus pour le Nord et l’Artibonite, — se justifiant à propos de la guerre civile, imputée a Christophe seul, — le mettant ensuite hors la loi, en accordant amnistie aux troupes et aux populations qu’il a égarées. — Nouvelle campagne a l’Arcahaie et retour de l’armée au Port-au-Prince. — Examen des reproches adressés à Pétion à ce sujet. — Sa lettre au Sénat, demandant le recrutement de l’armée, et arrêté pris à cet effet. — Ses vues politiques pour ne pas faire une guerre active à Christophe. — Départ du général Francisque et du colonel Borgella avec la 15e demi-brigade, pour Jérémie. — Arrêtés du Sénat sur les formalités à remplir par les propriétaires dépossédés de leurs biens sous Dessalines, — sur les administrateurs des finances, — sur le costume de ses membres, — sur les emplois à accorder aux députés du Nord et de l’Artibonite restés au Port-au-Prince. — Lettre de Pétion au Sénat, lui demandant la réforme du code pénal militaire de 1805, et arrêté sur les amendemens portés à ce code et à la loi sur les conseils spéciaux. — Communications qu’il fait au Sénat de lettres reçues du général français Ferrand et de l’étranger. — Actes de Christophe : il fait des promotions dans son armée, ordonne le meurtre du général Larose après qu’il eut ravagé l’Arcahaie par ses ordres. — Il fait faire une constitution, en date du 17 février : principales dispositions de cet acte qui crée l’État d’Haïti dans le Nord et l’Artibonite et le nomme président et généralissime des forces de terre et de mer, en instituant un conseil d’État législatif. — Loi rendue par ce corps sur la division du territoire de l’île d’Haïti. — Proclamation qui met hors la loi, Pétion, Gérin et leurs complices. 521


Le sénat remplace plusieurs de ses membres qui ont pris parti dans la rébellion de Christophe. — Il décrète une amnistie pour les fautes et délits commis antérieurement à la constitution. — Il rend une loi sur l’organisation de l’administration générale, placée sous la direction d’un seul secrétaire d’État. — Conduite de Gérin à cette occasion. — Loi sur les patentes. — Pétion est élu Président d’Haïti. — Lois abolissant le quart de subvention remplacé par l’impôt territorial, et sur le cabotage. — Pétion prête serment pardevant le sénat. — Il est seul autorisé a proposer des candidats aux emplois vacans. — Loi interprétative de celles rendues sur les propriétés confisquées des anciens colons. — Loi fixant les appointemens des fonctionnaires et employés de l’administration. — Promotions de généraux sur la proposition de Pétion. — Le sénat lui défère la faculté de désigner ceux des candidats qu’il croit propres a remplir les emplois vacans, — d’entretenir les relations extérieures, de conduire les négociations, de conclure tous traités ou conventions d’alliance, de commerce, etc., sous la réserve de sa sanction. — Motifs de ces délégations de pouvoirs : mission politique de Théodat Trichet en Angleterre. — Diverses lois sur l’enregistrement, le timbre et autres objets de finances, etc. — Amnistie accordée aux insurgés de la Grande-Anse. — Le territoire soumis à Christophe est déclaré en état de révolte. — Diverses lois sur l’organisation d’un régiment de dragons, d’un corps de gendarmerie, des demi-brigades d’infanterie, sur la police des villes, sur celle des campagnes. — Pétion propose au sénat de vendre une habitation à chaque officier de l’armée, de tous grades : le sénat n’accueille pas sa proposition. — Examen de leurs vues respectives sur le système agricole de la République, par l’analyse de la loi sur la police des campagnes. — Lois sur la discipline militaire et sur la direction des douanes. — Comparaison entre le système fiscal de l’Empire et celui de la République. — Effets produits dans les campagnes, par l’exemple que trace Pétion sur ses fermes, aux propriétaires et fermiers de l’Etat. — Lois sur le commerce, sur l’avancement dans l’armée, sur les vols de café dans les campagnes. — Mesures ordonnées par le sénat, à l’occasion de dilapidations commises dans les finances. T. VII. 3


Le conseil d’État du Cap prend diverses mesures. — Lois sur les émolumens alloués aux officiers et la solde des troupes. — sur l’administration des finances. — Christophe conçoit l’idée de vendre les biens du domaine et ajourne cette mesure : réflexions à ce sujet. — Lois sur l’organisation des tribunaux, — sur les droits des enfans naturels, — sur la tutelle et l’émancipation. — Appréciation du régime établi par Christophe. — Conduite tenue par le général Lamothe Aigron, qui est cause de son renvoi du sénat. — Insurrection de J.-L. Rebecca au Port-de-Paix, et de Massez au Gros-Morne, en faveur de la République. — Mort de Rebecca. — Répression ordonnée par Christophe. — Toussaint Boufflet. — Proclamation de Pétion, décret du sénat, sur l’insurrection du Nord. — Expédition militaire confiée au général Bazelais qui s’empare des Gonaïves. — Pétion marche contre Saint-Marc. — Lutte des insurgés sous les ordres de Nicolas Louis. — Bazelais évacue les Gonaïves. — Pétion lève le siège de Saint-Marc et retourne au Port-au-Prince. — Propos attribués au général Yayou pendant la campagne. — Nouvelle expédition militaire sous les ordres du général Lamarre qui débarque dans la péninsule du Nord. — Son début dévoile la loyauté de son caractère. — Loi du conseil d’État sur les denrées du pays. — Conduite habile de Christophe envers un corsaire français naufragé. — Il marche contre Lamarre et l’assiège au Port-de-Paix. — Lamarre évacue cette place : mort des généraux Pourcely et Raphaël. — Ajournement du sénat et ses causes. — Décret qui délègue la dictature militaire et administrative à Pétion, durant l’ajournement du sénat. — Adresse du sénat au peuple et à l’armée, pour justifier cette mesure. — Conspiration du général Yayou. — Lettre de Pétion à Lamarre sur cet événement. — Mort de Yayou. — Jugement, condamnation et exécution de ses complices, au Port-au-Prince.32


Effet produit par la conspiration de Yayou. — L’insurrection de la Grande-Anse continue et y est circonscrite. — Résultat de l’opposition du général Gérin à Pétion. — Effet produit sur son esprit par un pamphlet politique de Juste Chaniatte. — Blanchet aîné est révoqué de la charge de secrétaire d’État, et nommé secrétaire général du gouvernement : il demeure mécontent. — César Thélémaque le remplace en qualité de secrétaire d’État. — Lamarre marche contre le Port-de-Paix et provoque du président une campagne contre Saint-Marc. — Il est battu et sa troupe dispersée dans les bois. — Il envoie le général Nicolas Louis au Port-au-Prince, à cause de ses excès. — Il reprend l’offensive et bat l’ennemi. — Premières relations de commerce entre Cuba et le Môle, par des Français. — Le général Magloire Ambroise fait suspecter sa fidélité à la République et est appelé à résider au Port-au-Prince. — Divers actes du secrétaire d’État pour avoir des ressources financières. — Pétion fait payer Jacob Lewis des marchandises livrées à Dessalines. — Le général Bonnet commande en chef les troupes en campagne contre Saint-Marc. — Bataille livrée sous les murs de cette ville, où sont tués Barthélémy Mirault et J.-L. Longueval. — Retour de l’armée au Boucassin. — Bonnet va à Jacmel pour déjouer les trames de Magloire Ambroise. — Ce général s’évade du Port-au-Prince et s’y rend aussi. — Il y est arrêté en flagrant délit de rébellion, par le colonel David-Troy, et s’empoisonne. — Évasion de ses complices. — Le président envoie des troupes à Jacmel, sous les ordres du colonel Gédéon. — Examen de la conduite de Borno Déléard qui part pour l’étranger. — Arrestation et assassinat de plusieurs citoyens de Jacmel : pillage de leurs objets mobiliers. — Jugement sur la conduite de Pétion en cette circonstance. — Le camp du Boucassin est placé sous les ordres du général Gérin. — Sa sévérité outrée envers les militaires. 99


Le Sénat reprend ses séances et célèbre l’anniversaire de l’Indépendance d’Haïti. — Indice de froideur entre ce corps et Pétion ; ses causes. — Message au Président d’Haïti, et sa réponse. — Réflexions sur ces actes. — Adresse du Sénat au peuple. — Gérin renouvelle sa démission de sénateur, qui est acceptée. — Diverses lois rendues, principalement sur les finances. — Ordre du jour du Président sur l’habillement des troupes, les déserteurs, etc. — Gérin, mécontent, quitte le camp du Boucassin et va dans le Sud. — Lois accordant des pensions viagères en récompense des glorieuses actions de Coutilien Coustard et de Jean-Louis Rebecca. — Mort héroïque de Pierre Derenoncourt et de l’équipage du garde-côtes la Constitution. — Honneurs rendus a leur mémoire par une loi du Sénat. — Lamarre et son armée vengent leur mort, en battant les troupes du Nord. Insuccès de Lys et David-Troy, au Mirebalais. — Marion chasse l’ennemi des Crochus. Nouvelles lois rendues sur les hôpitaux et la marine militaires. — Sévérité du Sénat envers des comptables. — Rappel de Thimoté au Sénat, élection de Delaunay et de Lamarre comme sénateurs. — Création et formation de la garde du Président d’Haïti. — Célébration de la fête de l’Agriculture. — Départ de Pétion pour le Sud, et ses causes. — Combats entre Lamarre et les troupes du Nord qui sont vaincues. — Le Sénat décrète que l’armée expéditionnaire a bien mérité de la patrie. — Pétion arrive à Jérémie. — Conduite de Gérin à son égard. — Il lui écrit et donne sa démission de commandant du département du Sud. — Réponse de Pétion qui l’accepte. — Réflexions à ce sujet. — Formation du corps des Éclaireurs, à Jérémie. — Autres mesures prises par Pétion. — Mort du général Blanchet jeune qui reçoit les honneurs dus à son rang. — Pétion va aux Cayes : accueil qu’il reçoit dans tout le Sud. — Il fait célébrer aux Cayes un service funèbre à la mémoire des braves morts dans la première guerre civile 130


Correspondance militaire de Lamarre avec le sénat : effet qu’elle produit. — Le sénat ordonne des mesures militaires contre l’ennemi qui paraît au Boucassin, et rappelle Pétion qui est encore aux Cayes. — Le général Bazelais combat l’ennemi et le chasse. — Retour de Pétion au Port-au-Prince. — Situation des esprits. — Faits relatifs à Bergerac Trichet qui est arrêté et mis en prison par ordre de Pétion. — Mort de César Thélémaque. — Le sénat le remplace provisoirement par J.-C. Imbert. — Pourquoi il ne nomma pas Bonnet. — Pétion répond à une lettre de Th. Trichet sur sa mission en Angleterre. — Un sénateur propose de retirer les pouvoirs extraordinaires donnés à Pétion ; le sénat adopte la proposition et nomme un comité pour préparer le projet de décret. — Il se décide à aller en corps faire des Remontrances à Pétion. — Accueil qu’il en reçoit. — Impassibilité de Pétion : il demande le document pour y répondre, et n’y répond pas. — Examen des accusations contenues dans cet acte. — Le sénat se donne une garde particulière. — Il ordonne la levée générale de la garde nationale et la réunion des troupes, pour entrer en campagne. — Il ajourne le vote du décret sur les pouvoirs accordés à Pétion. — Pétion l’informe des motifs qu’il a eus pour créer provisoirement l’arrondissement de Tiburon. — Un comité est nommé pour faire un rapport à ce sujet. — Le sénat rend le décret qui rapporte celui du 1er juillet 1807 relatif aux pouvoirs extraordinaires donnés au Président d’Haïti : il décide l’impression de ses actes et procès-verbaux pour les envoyer aux autorités civiles et militaires. — Méditations et résolution de Pétion à ce sujet. — Il élève le colonel Métellus au grade de général de brigade, afin de prouver au sénat qu’il continue l’exercice de ses pouvoirs extraordinaires. — Les troupes applaudissent à cette promotion. — La question politique est résolue par cette décision militaire. — Lettre de Marion au sénat, relative à Michel. — Lettre de David-Troy a ce sujet. — Michel se rend au Môle où Lamarre l’accueille et finit par solliciter en sa faveur auprès de Pétion. — Rapport du comité sur l’arrondissement de Tiburon et vote du sénat qui le confirme. — Ce corps décide que ses membres peuvent toucher leurs indemnités directement du trésor : Pétion ordonne de les payer. — Le sénat rend la loi du 24 août, préparée par Daumec, sur l’organisation des tribunaux de la République. 163


Campagne de Lamarre dans les hauteurs du Port-de-Paix ; ses succès. — Campagne de Pétion contre Saint-Marc ; ses succès. — Situation fâcheuse des troupes de Lamarre. — Pétion lui envoie des secours, d’accord avec le sénat. — Souscription volontaire au Port-au-Prince, et contributions dans toute la République. — J.-C. Imbert résiste au sénat. — Mission à la Jamaïque, à propos de l’Anglais Goodall. — Gérin envoie des provisions au Môle. — Le sénat l’en félicite. — Combat devant Saint-Marc et entre les flottes ennemies. — Intrigues ourdies au Port-au-Prince. — Pétion se décide à lever le siège de Saint-Marc. — Le sénat prend des mesures militaires pour aller au secours de l’armée, et écrit à Gérin de venir au Port-au-Prince pour les diriger. — Gérin accepte, mais tarde à s’y rendre. — Retour de Pétion en cette ville. — Le sénat fait organiser sa garde. — Il rend les lois sur la trésorerie générale et les attributions du secrétaire d’État. — Arrière-pensée du sénat dans cette dernière loi. — Adresse de Pétion au peuple et à l’armée, où il parle des factieux qui ont tramé secrètement. — Le sénat lui écrit de les faire arrêter. — Il élit Bonnet, secrétaire d’État. — Arrêté de Pétion qui rend les commandans d’arrondissement indépendans les uns des autres, et soumis au Président d’Haïti seul. — Revers de Lamarre, détresse de ses troupes. — Il apprend le retour de l’armée au Port-au-Prince, et replie au Môle. — Sa situation et son courage. — Organisation de la secrétairie d’État par Bonnet. — La garde du sénat est formée. — Gérin arrive au Port-au-Prince. — Le sénat le complimente et écrit à Pétion de l’activer. — Dénonciation d’abus, etc., au sénat. — Ce corps rappelle Gérin aux fonctions sénatoriales. — Sa motion d’ordre et sa déclaration sur un plan d’organisation qu’il a médité. — Mode propose de traîner Pétion à la barre du sénat. — Gérin l’accuse de prolonger la guerre. — Protestation de plusieurs sénateurs. — Mesures militaires ordonnées par Pétion. — Le sénat ne se réunit plus. — Gérin retourne à l’Anse-à-Veau d’où il écrit à Pétion. — Réponse de Pétion. — Examen des causes de rivalités entre plusieurs personnages. — Deux actes législatifs de Pétion. — Ordre en conseil du Roi d’Angleterre qui autorise les relations commerciales des sujets britanniques avec Haïti202


Causes diverses de l’insurrection des Indigènes de l’Est contre les Français. — Projet de Juan Sanches de Ramirès. — Faits de don Torribio Montès, gouverneur de Porto-Rico. — Il déclare la guerre au général Ferrand : réponse de celui-ci. — Conspiration de Juan Sanches. — Convention entre les Anglais et T. Montès, pour l’expulsion des Français de l’Est. — Conspiration de Cyriaco Ramirès vers Azua, et ses relations avec Pétion : il en reçoit des armes et des munitions. — J. Sanches en reçoit de Christophe. — Le colonel Aussénac est battu par C. Ramirès, à Malpasso et Savana-la-Mula. — Il est forcé d’abandonner Azua. — J. Sanches prend les armes a Seybo. — Ferrand marche contre lui. — Combat entre eux a Palo-Hincado, où Ferrand est vaincu : il se tue. — Le général Barquier lui succède et se prépare à défendre Santo-Domingo. — Les Anglais donnent leur concours aux indigènes pour s’emparer de Samana. — Commencement du siège de Santo-Domingo. — Divisions entre C. Ramirès et J. Sanches. — Ce dernier s’adresse à T. Montès, qui le réduit à un rôle subalterne. — J. Sanches convoque une assemblée d’habitans à Bondilla. — Cette junte déclare que les indigènes ont pris les armes au nom de Ferdinand VII, leur légitime souverain, et reconnaissent J. Sanches pour capitaine-général et intendant par intérim. — Motifs de cette déclaration. — C. Ramirès se retire sur sa propriété. — Mesures que Pétion et Bonnet prennent pour secourir le Môle, assiégé par Christophe. — Les troupes du Nord y pénètrent de nuit et en sont chassées ensuite. — Plusieurs lettres de Lamarre demandant des secours. — La flotte en apporte au Môle. — Incident produit par une corvette anglaise. — Mort violente du sénateur Thimoté, et ses causes. — Sentimens exprimés au président par Lamarre, a cette occasion. — Proclamation du Président d’Haïti annonçant une nouvelle campagne contre Christophe. — Promotion de Bauvoir, Voltaire et Beauregard, au grade d’adjudant-général. — Faits passés aux Abricots, relatifs a Goman. 239


Pétion rappelle le général Gérin à l’activité militaire, en lui donnant le commandement d’une division dans la campagne qui s’ouvre. — Il nomme Bonnet et Lamarre, généraux de division. — Bonnet commande une autre division de l’armée. — Elle se porte au Mirebalais et ne peut traverser l’Artibonite, par la crue des eaux. — Le plan de la campagne ne peut s’exécuter. — Nouvelle expédition à la Sourde, sous les ordres du colonel Lys. — Désertion considérable des troupes. — Attaque infructueuse du fort de la Sourde où meurt le colonel David-Troy. — Retraite de la colonne par l’ancienne partie espagnole, et son retour au Port-au-Prince. — La désertion des troupes contraint Pétion à y retourner aussi. — Conduite du général Gérin, qui retourne à l’Anse-à-Veau. — Promotions de généraux de brigade. — Le général Lys va remplacer à Jérémie le général Francisque, qui vient occuper sa place au Port-au-Prince. — Pétion fait commencer les fortifications de cette ville. — Combats entre la flotte républicaine et celle du Nord, où la première obtient des avantages. — Le Môle est approvisionné et soutient le siège. — Mesures financières provoquées par Bonnet. — Acte concernant le commerce et la condition des étrangers dans la République. — Arrêté du Président d’Haïti qui distribue des concessions de terre à titre de don national, aux officiers et soldats invalides ou en non-activité de service. — Cette mesure est étendue aux gérans ou conducteurs des habitations rurales. — Capitulation de Santo-Domingo envers les Anglais et les Indigènes. — Portrait de Juan Sanches de Ramirès. — Pétion et Christophe lui envoient des députations qui le félicitent sur ses succès. — Rétablissement du commerce des bestiaux. — Projets de Juan Sanches pour faire scission avec l’Espagne et s’allier avec Christophe. — Conspiration du général Gérin, qui se suicide. — Jugement sur lui. — Proclamation de Pétion à ce sujet. — Bergerac Trichet et Thomas Durocher sont emprisonnés pour leur complicité. — Arrêté qui fixe la garde des généraux. — Lys revient au Port-au-Prince, et Francisque retourne à Jérémie. — Retour en Haïti de F. Garbage et Quayer Larivière. 276


Le général André Rigaud arrive de France aux Cayes. — Accueilli avec allégresse, il se rend au Port-au-Prince, sur l’invitation de Pétion. — Réception qui lui est faite par tous les citoyens, honneurs qu’il reçoit du Président d’Haïti. — Il est promu général de division. — Réflexions sur les circonstances dans lesquelles il retourne dans le pays. — Pétion supprime la charge de secrétaire d’État et la remplace par celle d’un administrateur général des finances. — Il révoque Bonnet et le remplace par J.-C. Imbert. — Examen des motifs donnés pour ces mesures et de ceux qui ont pu réellement les occasionner. — Les Anglais informent Pétion, que Rigaud est envoyé par la France dans un but politique. — Pétion lui en donne connaissance et il l’avoue, en expliquant sa conduite. — Autre renseignement sur le retour de Rigaud. — Justification des mesures politiques de Pétion. — Il charge Rigaud de pacifier la Grande-Anse, et place les forces du département du Sud sous ses ordres. — Idée que conçoivent les factieux, à cette occasion. — Situation critique de la place du Môle. — La flotte de la République ne peut rien faire pour elle, celle du Nord ayant une frégate. — Projet audacieux conçu par Lamarre, d’enlever cette frégate à l’abordage, et repoussé par Panayoty. — Lamarre est tué par un boulet. — Éveillard lui succède. — La prise des forts de la Presqu’île contraint la flotte à fuir au Port-au-Prince. — Le Derénoncourt est détruit sur la Gonave. — Christophe donne le nom de Cap-Henry à la ville du Cap. — Honneurs funèbres rendus à Lamarre, au Port-au-Prince. — Pétion expédie des barges qui apportent quelques secours au Môle. — Éveillard est tué par une balle. — Toussaint Paul le remplace. — Combats et résolution de ce chef. — Il envoie au Port-au-Prince, les insignes militaires de la garnison du Môle, et évacue les forts qui lui restent. — Tous les défenseurs du Môle sont successivement faits prisonniers. — Mort glorieuse de Toussaint Paul, à la citadelle Henry. 313


Situation des esprits après la chute du Môle : reproches faits à Pétion. — Rigaud se fait le chef de la faction du sénat et se place sous l’influence de Bruno Blanchet. — Il a une entrevue avec Goman et ne réussit pas à le porter à la soumission. — Il propose à Pétion un plan d’organisation qui n’est pas accepté. — Son amour-propre froissé le porte à des reproches injustes. — Réflexions sur ce plan et sur ses lettres à Pétion. — Le projet de la scission du Sud se concerte a Jérémie, entre Rigaud et Blanchet. — Opinion du colonel Borgella à ce sujet. — Moyens constitutionnels employés pour y parvenir. — Faits survenus aux Cayes où Bigaud et Blanchet arrivent subitement. — Des députés de communes se constituent en assemblée départementale, prononcent la séparation du Sud de l’Ouest, nomment Rigaud général en chef du département et lui adjoignent un conseil privé pour l’administrer. — Réflexions sur ces actes. — Motifs de la participation qu’y prend Borgella. — Attitude primitive des généraux qu’il entraîne par son exemple. — Les généraux Bonnet et Lys quittent le Port-au-Prince et se rendent dans le Sud. — Examen des causes probables de leur défection. — Mesures militaires que prend Pétion. — Députation qu’il envoie auprès de Rigaud. — Rigaud et son armée vont près du Pont-de-Miragoane. — Pétion s’y rend et l’invite a une entrevue. — Christophe envoie une députation au Port-au-Prince. — Rigaud et Pétion en présence au Pont-de-Miragoane : leur conduite respective. — Pétion consent a la séparation, et retourne au Port-au-Prince. — Ce que fait Rigaud dans le Sud. — Ordre du jour de Pétion contre les malveillans qui tiennent des propos. — Il fait travailler aux fortifications du Port-au-Prince.   350


Acte de l’assemblée départementale du Sud, réglant l’exercice du pouvoir conféré à Rigaud : injure qui y est faite à Pétion. — Adresse de Pétion au peuple et à l’armée. — Il invite les sénateurs présens au Port-au-Prince à rentrer en session. — Ces sénateurs appellent ceux qui sont dans le Sud. — Ceux-ci font défaut, et les autres constituent le sénat. — Le 9 mars, Pétion dépose le pouvoir présidentiel. — Le sénat le réélit pour 4 années. — Il prête serment : discours à cette occasion. — Interpellation qui lui est faite à l’église, par Saget, ancien constituant. — Modération de Pétion. — Loi sur le commerce. — Acte du conseil du Sud sur les finances. — Rigaud publie une adresse des citoyens du Sud à leurs frères de l’Ouest : accusations insérées dans cet acte contre Pétion. — Paroles qu’il prononce en le lisant. — Il fait faire aussi une adresse des citoyens de l’Ouest à leurs frères du Sud : accusations qu’elle contient contre Rigaud. — Conduite de Juan Sanches, à Santo-Domingo. — Conspiration ourdie contre lui. — La Régence d’Espagne y envoie Xavier Caro. — Députation envoyée par Christophe à Juan Sanches : concert entre eux. — Retour de Xavier Caro en Espagne. — Adresse de Juan Sanches à ses concitoyens, et sa mort. — Christophe lui fait rendre des honneurs funèbres. — Il se fait nommer Roi d’Haïti, établit la monarchie et la noblesse dans le Nord et l’Artibonite. — Ses actes sur ces institutions. — Titres fastueux qu’il adopte. — État des finances dans l’Ouest. — Soulèvement d’un bataillon de la 17e dans la Grande-Anse. — Il se porte aux Cayes. — Rigaud va à sa rencontre aux Quatre-Chemins et court des dangers. — Borgella le protège. — Les soldats mutinés l’attaquent dans sa maison en ville. — Ils sont défaits par la garde nationale, etc. — Répression sanglante de cette révolte et meurtre de quelques partisans de Pétion. — Borgella protège la vie du général Wagnac. — Proclamation de Rigaud, accordant amnistie aux soldats en fuite. — Wagnac est l’auteur de leur révolte. — S’il a agi d’après les instructions de Pétion. — Maladie de Rigaud, chagrins qu’il éprouve. — Pétion va au Pont-de-Miragoane avec des troupes, et revient au Port-au-Prince. 389


Conspiration avortée du général Delva. — Il résiste a son emprisonnement et sort du Port-au-Prince. — Émotion dans la ville. — Promotion des généraux Métellus et Boyer au grade divisionnaire : ce dernier est nommé commandant de l’arrondissement du Port-au-Prince. — Ordre du jour du Président d’Haïti sur la conspiration. — Delva vient faire sa soumission et est mis en prison. — Il est jugé et condamné à 5 années de détention. — Appréciation de sa conduite. — Pétion provoque du sénat des dons nationaux en faveur des généraux. — Loi à cet effet. — Effet moral et politique de cette mesure. — Comparaison sur la nature de ces dons et des fiefs accordés par Christophe. — Mort d’André Rigaud aux Cayes. — Appréciation de sa conduite. — Le conseil du Sud élit le général Borgella a sa place. — Proclamation pacifique du nouveau général en chef. — Il écrit à Pétion et propose des arrangemens entre le Sud et l’Ouest. — Phases de la négociation. — Esprit qui anime le conseil du Sud, ses instructions à ses commissaires. — Esprit qui anime Pétion, ses instructions à ses commissaires. — Ils se réunissent au Grand-Goave et ne s’entendent pas : rupture des conférences. — Pétion informe le sénat de ces négociations infructueuses. — Le conseil du Sud publie tous les documens y relatifs. — — Espérances qui en résultent pour la fin de la scission du Sud 428


Défection d’une partie de la flotte de Christophe en faveur de la République. — Capture, après combat, de la frégate haïtienne par une frégate anglaise qui l’amène a la Jamaïque. — Borgella se plaint de cette action aux autorités de cette île. — Sa réclamation n’est pas admise. — Naufrage de son envoyé, qui est secouru et ramené aux Cayes par une frégate anglaise. — Codification des lois du royaume de Christophe en un code unique sous le titre de Code Henry. — Examen de cette législation : sévérité barbare de la loi pénale militaire. — Proclamation de Christophe sur la défection de sa flotille, et annonçant sa campagne contre le Port-au-Prince. — Les arrondissemens de Jérémie et de Tiburon proclament l’autorité du Président d’Haïti. — Borgella marche contre Jérémie et renonce bientôt à ce dessein. — Ses dispositions, en apprenant que Pétion envoie une députation auprès de lui. — Défection des troupes qui sont avec lui : elles rentrent aux Cayes où le général Wagnac rétablit l’autorité du Président d’Haïti. — Le général Bonnet est retenu prisonnier. — Défection du général B. Leblanc et de l’arrondissement de Nippes. — Borgella se rend à Aquin où il se réunit à d’autres généraux du Sud. — La députation de Pétion l’y trouve et lui remet sa dépêche : propositions du président. — Borgella persuade les généraux réunis autour de lui, de se soumettre à l’autorité du Président d’Haïti. — Sa réponse parvient à Pétion au Petit-Goave. — Ordre du jour de Pétion en entrant dans le Sud. — Son entrevue, à Trémé, avec Borgella et les autres généraux. — Ils se rendent tous aux Cayes. — Pacification entière du Sud. — Fuite de Bruno Blanchet à l’étranger. — Le général Bonnet demande et obtient un passeport pour s’y rendre. — Pétion fait brûler les archives du conseil départemental. — Lettres blâmables du général Boyer à Pétion. — Dispositions militaires qu’il fait au Port-au-Prince, en apprenant la marche de Christophe. — Il en avertit Pétion. — — Récit de l’apparition antérieure d’une prétendue Vierge au Cul-de-Sac. — Bataille de Santo où l’ennemi est vainqueur, mais qui sauve le Port-au-Prince. — Le général Magny s’arrête à Brouillard. — Christophe fait donner des assauts qui sont repoussés au fort de Sibert, par les généraux Métellus et Bergerac Trichet 465


Pétion retourne au Port-au-Prince, en apprenant la marche de Christophe. — Le fort de Sibert est assiégé et évacué : mort du général Métellus. — Promotion du général Gédéon au grade divisionnaire. — Christophe fait brûler les blessés de Sibert. — Réorganisation de la flotte républicaine. — Abandon de la Croix-des-Bouquets. — Borgella commande la première ligne de défense du Port-au-Prince ; Gédéon, la seconde. — Les batteries ennemies ouvrent leur feu contre la place. — Lys prend le commandement du fort National. — Mort de Verger dans une mine. — Pétion quitte le palais et occupe la loge des francs-maçons. — Petit-Brueil est tué par une bombe. — Borgella est blessé à la tête. — Le général Guerrier enlève les postes de la ligne extérieure, commandés par les généraux Frédéric et Marion. — Borgella lui est opposé et arrête ses succès. — Combats entre la flotte de la République et celle du Nord : F. Bernard est blessé. — Conduite partiale des officiers de deux frégates anglaises. — Pétion ordonne la circulation d’une petite monnaie dans l’arrondissement de Nippes. — Fabrication de fausse-monnaie au Port-au-Prince. — Le général Guerrier échoue, le 31 mai, dans de nouvelles attaques contre les postes commandés par Borgella. — Embauchage des soldats ennemis par ceux de la République. — Le colonel Marc Servant, du 7e régiment de Saint-Marc, provoque la défection de son corps et de deux autres en faveur de la République. — Le général Magny y est entraîné malgré lui. — Christophe revient de Saint-Marc, en apprenant ce fait. — Il convoque ses généraux en conseil de guerre, et ordonne la levée du siège en retournant à Saint-Marc. — Son armée évacue dans la nuit du 14 au 15 juin. — Pétion ne veut pas la poursuivre : motifs qu’il en donne. — Les troupes du Sud retournent à leurs cantonnemens, sur l’ordre que Pétion leur fait donner par Borgella. — Borgella, Lys, Francisque et B. Leblanc retournent aussi dans ce département. 510

tome 8


PÉRIODE HAÏTIENNE.




TROISIÈME ÉPOQUE.




LIVRE TROISIÈME.


Situation d’Haïti après le siège du Port-au-Prince par H. Christophe. — Il commet des assassinats à son retour dans l’Artibonite et le Nord : examen de leur cause. — Défections que ces atrocités produisent en faveur de la République : beaux traits d’humanité qu’elles inspirent. — Pétion va recevoir la soumission du Mirebalais et des Grands-Bois, et en forme un arrondissement. — Il se porte dans la plaine des Verrettes. — Transfuges venus au Port-au-Prince : Pétion y retourne. — Il permet l’exportation des denrées alimentaires à la Jamaïque et aux autres îles de l’Archipel. — Il assimile les caboteurs haïtiens aux navires étrangers, à raison de ce commerce. — Affaire de J.-B. Beaugé, relative à l’assassinat de Sangosse. — Vaine démarche de l’Anglais O. Carter pour jouir de la qualité d’Haïtien. — Pétion envoie aux États-Unis un navire sous pavillon haïtien : il y est bien accueilli. — Le sénat accorde à Pétion deux sucreries, et une autre à Imbert, à titre de don national. — Loi sur l’établissement d’un hôtel des monnaies. — Le sénat invite Lys à reprendre dans son sein l’exercice de ses fonctions. — Daumec, devenu avocat, exerce une influence utile sur la magistrature. — Défense faite aux Haïtiens de servir sur les corsaires étrangers, de laisser entrer dans les ports ces corsaires et leurs prises, sous peine de confiscation. — Pétion envoie à Londres un navire sous pavillon haïtien qui y est bien accueilli. — Émission de billets de caisse pour le retrait de la petite monnaie dite d’Haïti. — Les réclamations pour anciennes créances d’Étrangers contre des Haïtiens sont ajournées à la paix intérieure. — Arrêté du Président d’Haïti relatif aux voleurs d’animaux. — Loi portant tarif des frais judiciaires et civils. — Loi sur les enfans nés hors mariage : examen des motifs et des dispositions de cette loi, comparées à d’autres antérieures. — Le sénat décharge Imbert des comptes généraux de 1810. — Loi additionnelle a celle sur les douanes. — Mort du général Wagnac, aux Cayes : il est remplacé par le général Marion. — Mission secrète de Liot, envoyé par le gouvernement français. 3


Les troupes de Christophe menacent le Mirebalais. — Pétion s’y rend et fait transférer ce bourg à Trianon. — Trait de mœurs scandaleuses : effet qu’il produit. — Arrêté qui défend les corporations de danses. — Le général Bazelais remplace Pierre Henry, mort à Jérémie. — Loi sur les registres de bord des navires haïtiens. — Mission diplomatique de Garbage à Londres, à l’occasion de la Restauration des Bourbons en France. — Dispositions de Christophe à ce sujet : lettre de Prévost à Peltier. — Dons nationaux délivrés dans la République ; mise en vente des biens du domaine. — Circulaire de Pétion pour se préparer à résister à la France. — Agents secrets envoyés à Haïti : leur mission est dévoilée. — Ils publient un écrit à la Jamaïque. — Pétion y fait faire une réponse, et prohibe l’exportation des vivres et grains du pays. — D. Lavaysse lui adresse une lettre : but de sa mission. — Pétion l’invite à venir au Port-au-Prince. — Franco de Médina va dans la colonie espagnole pour s’aboucher avec Christophe. — Dravermann retourne en France. — Lettre de D. Lavaysse à Christophe. — Christophe publie un manifeste. — Arrêté de Pétion réduisant les droits d’importation sur les marchandises anglaises. — D. Lavaysse arrive au Port-au-Prince : ses négociations avec Pétion. — Ordre du jour sur sa mission, convocation des généraux à la capitale. — Délibérations et propositions au nom d’Haïti : — de rétablir les relations commerciales avec la France, de payer une indemnité pour les colons. — Examen des motifs de ces propositions. — Christophe invite F. de Médina à venir au Cap, et le fait arrêter, incarcérer et interroger. — La saisie de ses papiers y fait découvrir ses instructions secrètes : citation de cette pièce. — Il est jugé et condamné à mort, comme espion. — Diverses publications par Christophe qui les fait jeter aux avant-postes de la République. — Indignation de Pétion, en lisant les instructions données aux agents français : il signifie à D. Lavaysse de quitter le Port-au-Prince. — Cet agent retourne à la Jamaïque. — Manifeste de Pétion. — Comparaison de sa conduite et de celle de Christophe, en cette circonstance. — Tous deux prennent des mesures pour se préparer à la guerre avec la France. 57


Pétion renouvelle le serment prêté le 1er janvier 1804, à la fête de l’Indépendance. — Christophe agit de même. — Intention criminelle qui paraît dans une de ses proclamations. — Effets produits en Europe par les publications faites à Haïti. — Louis XVIII fait désavouer les lettres écrites de la Jamaïque par D. Lavaysse. — Conventions patentes et secrètes entre la Grande-Bretagne et la France, à l’égard d’Haïti. — Examen à ce sujet. — La France prépare une expédition contre Haïti. — Le retour de Napoléon la fait avorter. — Déclaration au Congrès de Vienne relative à l’abolition de la traite des noirs. — Décret de Napoléon qui l’abolit. — Le Congrès invite Louis XVIII à l’abolir : il y souscrit. — Déclaration du Congrès pour son abolition complète et universelle. — Conclusions : 1° la France est obligée de renoncer à ses projets de conquête contre Haïti ; 2° Haïti en est redevable aux philanthrophes anglais, au gouvernement britannique et à Napoléon. — Christophe envoie des députés auprès de Pétion, pour l’inviter à se soumettre à son autorité. — Accueil qui leur est fait par la population du Port-au-Prince et le président. — Ils sont renvoyés. — Proclamation du président et publications à cette occasion. — Réélection de Pétion à la présidence pour 4 ans : discours prononcés au sénat. — Christophe fait publier des écrits contre lui. — Pétion y fait répondre une fois pour toutes. — Loi sur la piraterie. — Garbage fait des propositions à Lord Liverpool en faveur de Louis XVIII, et meurt à Londres. — Pétion désapprouve ces propositions. — Dravermann arrive au Port-au-Prince avec un navire chargé de vins, etc. — Pétion lui permet d’en opérer la vente. — D’autres navires français suivent cet exemple et sont admis sous pavillon masqué, comme le premier. — Fête civique donnée à Pétion, au Port-au-Prince. — Il fait venir de l’étranger des armes et des munitions. — Arrêté sur la perte des objets d’armement et d’équipement par les militaires. — Loi qui augmente l’impôt territorial sur diverses denrées. — Nomination des nouveaux sénateurs pour remplacer les anciens. — Pétion fait préparer la révision de la constitution de 1806. — Il fait engager les Haïtiens résidans en France à revenir dans la République, en payant leur passage. — Retour du général Bonnet au Port-au-Prince. — Assassinat du général Delva dans la prison.122


Arrêté du Président d’Haïti, doublant l’impôt des patentes pour l’année 1816. — Acte du Sénat, sur l’incompatibilité entre les fonctions de sénateur et celles de défenseur public. Plusieurs sénateurs élus le 5 décembre 1815 n’acceptent pas cette dignité. — Le général Simon Bolivar rient solliciter de Pétion, des secours pour reconquérir son pays avec ses compatriotes réfugiés aux Cayes. — Pétion lui en accord, à la condition d’y proclamer la liberté générale des esclaves. — Hospitalité exercée envers les Vénézuéliens, par ordre du président et par les citoyens des Cayes ; ils quittent cette ville après trois mois de séjour. — Installation du nouveau Sénat d’Haïti. — Son adresse au peuple, convoquant une assemblée pour reviser la constitution de 1806. — Arrêté du Président d’Haïti qui défend aux femmes des négocians consignataires de faire le commerce en détail. — Il ordonne aux tribunaux d’appliquer le Code Napoléon, en attendant la promulgation du code civil haïtien. — Il établit un impôt sur le gingembre exporté du pays. — Les navires de la République sont admis sous pavillon haïtien dans la colonie hollandaise de Curaçao. — Remarques et réflexions diverses sur quelques dispositions de la constitution de 1816 décrétée par l’assemblée de révision, et sur les nouvelles institutions qu’elle établit. 177


Publication de la constitution. — Des commissaires français arrivent au Port-au-Prince. — Ils ouvrent une correspondance avec Pétion et se rendent sur les côtes du Nord. — Christophe ne répond pas à leurs lettres. — Élection de Pétion à la présidence à vie. — Discours, prestation de serment et installation du Président d’Haïti. — Il nomme Imbert, Secrétaire d’État ; Sabourin, Grand juge ; Inginac, Secrétaire général. — S. Bolivar revient en fugitif : causes de ses revers. — Il adresse une lettre à Pétion. — De nouveaux secours lui sont accordés, et il retourne au Venezuela. — Le général Mina, allant auprès des Indépendans du Mexique, passe au Port-au-Prince où il est accueilli par Pétion. — Billaud-Varenne et d’autres étrangers se réfugient dans la République. — Les commissaires français reviennent au Port-au-Prince, et continuent leur négociation avec Pétion. — Leur mission tend à faire reconnaître la souveraineté du Roi de France. — Pétion s’y refuse. — Réflexions à ce sujet. — Les commissaires repartent pour la France. — Proclamation du Président d’Haïti et publication des pièces de la négociation. — Christophe publie une Déclaration royale et d’autres documens. — Substance du rapport des commissaires au gouvernement français. — Avis du Secrétaire général, annonçant que les ports d’Autriche sont ouverts au commerce haïtien. — Circulaire du Grand juge aux membres du corps judiciaire. — Avis du Secrétaire d’État sur le cabotage réservé aux Haïtiens. — Pétion fonde le lycée national du Port-au-Prince pour les jeunes garçons, et un pensionnat pour les jeunes filles. — Ses vues à l’égard de l’instruction publique. — Des Quakers américains viennent au Port-au-Prince où ils prêchent la doctrine évangélique. 225


Proclamation du Président d’Haïti invitant le peuple à élire les Représentans des communes et leurs suppleans. — Le 22 avril, il ouvre la session législative. — Son discours en cette occasion, et discours du Président de la Chambre des représentans. — Réflexions sur les paroles prononcées par l’un et l’autre. — Élection de six sénateurs. — Motifs du Sénat qui refuse d’admettre le sénateur Larose. — Correspondance à ce sujet, entre le Sénat et le Président d’Haïti. — Le sénateur Larose est admis. — La Chambre rend 18 lois dans cette session, qui est prolongée d’un mois par le Président d’Haïti. — Adresse de la Chambre au peuple, rendant compte de ses travaux. — Réflexions diverses sur ces actes. — Prospectus et organisation du Lycée national du Port-au-Prince. — Édit de Christophe sur la vente des biens du domaine public dans le Nord et l’Artibonite. — Réflexions à ce sujet. — La foudre fait sauter une poudrière au Port-au-Prince. — Jean Marassa fait sauter celle du fort Bizoton et meurt volontairement dans l’explosion. — Installation du Tribunal de Cassation par le Grand Juge. — Capture d’un bâtiment négrier au Cap, ayant à son bord 145 Africains qui deviennent Haïtiens. — Christophe refuse d’admettre un agent commercial des États-Unis. — Approbation de sa conduite. — Un navire haïtien est admis à la Nouvelle-Orléans. — Des navires français arrivent au Port-au-Prince, ayant des Haïtiens à leur bord. — Arrêt de la Cour royale de Bordeaux, sur une contestation entre Dravermann et Hoog, capitaine d’un navire russe venu au Port-au-Prince. 263


Situation rassurante de la République, à l’intérieur et à l’extérieur. — Embarras financiers : soucis qu’ils occasionnent à Pétion. — Paroles amères qui lui sont attribuées. — Assertion d’Inginac à ce sujet et concernant le général Boyer. — Examen des motifs qu’a eus Inginaca son égard. — Voyage du général Borgella au Port-au-Prince et son but : accueil qu’il reçoit de Pétion. — Particularités relatives au général Boyer. — Faits d’un officier du 15e régiment : indulgence de Pétion envers lui. — Examen des causes physiques et morales qui ont pu contribuer à la maladie et à la mort de Pétion. — Ce que l’on a cru généralement à cette époque. — Lettres du général Boyer au général Lys et à plusieurs autres, sur la gravité de la maladie, et les mandant au Port-au-Prince. — Pétion gracie, avant de mourir, un soldat du 14e régiment condamné à la peine de mort. — Il meurt le 29 mars. — Lamentations de la population de la capitale, sympathie des Étrangers : particularités touchantes a cette occasion. — Préparatifs ordonnés pour les funérailles du Président d’Haïti. — Cérémonies religieuses dans toute la République. — Éloges funèbres prononcés au Port-au-Prince et aux Cayes. — Parallèle de TOUSSAINT LOUVERTURE et d’ALEXANDRE PÉTION. 301


Le général Jean-Pierre Boyer est élu Président d’Haïti : particularités relatives à cette élection. — Il prête son serment par-devant le Sénat, et publie une proclamation au peuple et à l’armée. — Il ordonne l’élargissement de certains détenus et une revue de solde à l’armée entière. — Il ouvre la session législative. — Ordre du jour sur l’inspection des armes des troupes. — Missions envoyées a la Jamaïque et à Santo-Domingo. — Loi portant reconnaissance des services rendus à la patrie par Alexandre Pétion. — Lois sur divers autres objets. — La Chambre des représentans décharge le Secrétaire d’État de la gestion des finances, de 1811 a 1817. — Christophe vient à Saint-Marc et envoie des députés au Port-au-Prince. — Capture d’un navire de traite ayant à son bord 171 Africains qui sont libérés et deviennent Haïtiens. — Félix Darfour arrive au Port-au-Prince : il est accueilli généreusement par le président qui lui permet de publier un journal. — Boyer va visiter les lignes de Trianon et l’arrondissement de Jacmel. — La foudre fait sauter la salle d’artifice de la citadelle Henry. — Formation d’une commission pour préparer le Code civil haïtien. — Tournée du président dans le département du Sud : il y prend la résolution de mettre fin à l’insurrection de la Grande-Anse. — Affreux matricide commis au Port-au-Prince. — Introduction du culte Wesléyen à Haïti. — Services funèbres particuliers en mémoire de Pétion. 353


Proclamation de Boyer aux citoyens du Sud, annonçant la campagne contre les insurgés de la Grande-Anse. — Plan de cette campagne conçue par Pétion. — Les généraux Borgella, Francisque et Lys sont nommés pour l’exécuter. — Mort du grand juge Sabourin. — Ouverture de la session législative. — Instruction du président aux divers généraux employés dans la Grande-Anse. — La campagne s’ouvre le 1e février : premières opérations des troupes. — Modification ordonnée au plan de la campagne : marche générale sur le Grand-Doco de Goman, laquelle anéantit l’insurrection dès le 1e juillet. — Mort du général Vaval, à Aquin : le général Borgella est nommé pour l'y remplacer. — Le général Nicolas Louis remplace ce dernier dans la Grande-Anse. — Divers ordres du jour du Président d’Haïti, à propos de l’insurrection. — Il nomme le juge Fresnel à la charge de grand juge. — Diverses lois rendues dans la session législative. — Divers arrêtés du Président d’Haïti. — Portraits de Henri Grégoire placés aux palais du Sénat et de la présidence. — Boyer se rend dans le Sud où il est accueilli avec enthousiasme. — Proclamation qu’il publie pour annoncer la pacification de la Grande-Anse : mort présumable de Goman. — Le président retourne et est accueilli au Port-au-Prince. — Les commerçans nationaux de cette ville lui présentent un mémoire avec des considérations sur le commerce et l’agriculture. — Ce qu’il ordonne au Grand Juge. — Ses instructions aux commandans d’arrondissement et a ceux de place. — Session législative et lois rendues en 1820. — L’amiral anglais Sir Home Popham arrive au Port-au-Prince et propose a Boyer de faire la paix avec Christophe. — Le président s’y refuse. — L’amiral se rend au Cap d’où il écrit au président et lui envoie un projet de traité qui est encore repoussé. — Réflexions à ce sujet. — Prévarication de Cator, trésorier aux Cayes. — Incendie au Port-au-Prince : actes de Boyer à cette occasion. — Règlement sur les conseils d’administration dans les corps de troupes. — Ouragan au Port-au-Prince. — Le 15 août, Christophe est frappé d’apoplexie dans l’église de Limonade. 389


H. Christophe ordonne de nouveaux travaux de défense à Saint-Marc. — Au Cap, ses généraux conspirent contre lui. — Insurrection de la garnison de Saint-Marc. — Elle se soumet à la République en envoyant une députation au Port-au-Prince. — Boyer envoie des généraux et des troupes à Saint-Marc, et ordonne la réunion des autres régimens à la capitale. — Christophe envoie des forces contre Saint-Marc : cette place résiste. — Il veut envoyer les troupes du Cap contre elle. — Le général Richard les soulève : les populations du Nord participent au mouvement. — Pillage et dévastation des châteaux royaux, etc. — Christophe veut aller réprimer l’insurrection : sa paralysie l’en empêche. — Il envoie sa garde sous les ordres de Joachim Deschamps : elle fait défection en faveur des insurgés. — En apprenant cette nouvelle, Christophe se suicide. — Pillage et dévastation du palais de Sans-Souci. — Madame Christophe et ses filles, assistées de Dupuy et Prézeau, font porter le cadavre à la citadelle Henry et y vont l’enterrer. — assassinat des deux fils de Christophe et de six autres individus. — Appréciations sur son gouvernement, son administration, son caractère et sa conduite en tous les temps. 437


Mesures militaires que prend le Président d’Haïti. — Il se rend à Saint-Marc où l’armée de la République est réunie. — Sa proclamation au peuple et à l’armée de l’Artibonite et du Nord. — Son ordre du jour annonçant la mort de Henry Christophe. — Les généraux du Cap lui expédient des députés : il les renvoie avec des aides de camp porteurs d’une dépêche qui les invite à se réunir à la République. — Marche de l’armée sur le Nord. — Soumission des Gonaïves. — Boyer s’y rend avec une faible escorte et trouve les troupes mutinées : elles lui obéissent. — Il écrit au Sénat et lui rend compte de ses opérations. — Il se rend a Pongaudin pour y attendre l’armée. — Lettre qu’il y reçoit des généraux du Cap qui l’invitent à retourner au Port-au-Prince. — Sa réponse. — Ces généraux se soumettent avant de la recevoir, et proclament la Réunion du Nord à la République. — Boyer en informe le Sénat et poursuit sa marche sur le Cap. — Il y fait son entrée en l’appelant Cap-Haïtien. — Il y publie une proclamation et la constitution de la République, en ordonnant l’oubli du passé. — Il protège les familles de Christophe et de J.-J. Dessalines, et laisse en fonction l’officier qui a fait mourir son frère par ordre du premier. — Il organise l’administration militaire, judiciaire et civile, dans le Nord et l’Artibonite, et fait transporter au Port-au-Prince les fonds trouvés à la citadelle. — Mort du général Lys. — Boyer délivre les dons nationaux aux officiers de tous grades, et des concessions de terrain aux vieux soldats qu’il congédie. — Il fait donner aux cultivateurs le quart des denrées récoltées sur les habitations de Christophe, ouvre le Port-de-Paix au commerce étranger, fait planter l’arbre de la Liberté dans les communes. — L’amiral français Duperré vient avec deux frégates en vue du Cap-Haïtien, et échange des lettres avec le Président d’Haïti. — Le président fait une tournée dans tout le Nord, en informe le Sénat, quitte le Cap-Haïtien et retourne a la capitale, où il adresse au Sénat des copies de sa correspondance avec les généraux du Nord. — Résumé de la troisième Epoque. 468

tome 9


PÉRIODE HAÏTIENNE.




QUATRIÈME ÉPOQUE.




LIVRE QUATRIÈME.


Considérations sur la situation de la République, après la réunion du Nord ; effets qu’elle produit dans la partie de l’Est d’Haïti. — Diverses causes d’agitation de l’esprit public dans cette partie ; projet d’indépendance. — Temporisation politique de Boyer à son égard. — Le gouverneur Kindelan lui adresse une lettre au sujet de l’intention qu’on lui suppose. — Il répond et nie tout projet hostile. — Kindelan fait publier cette correspondance avec une proclamation aux habitans de l’Est. — Conspiration des généraux Richard et Romain, dans le Nord, et d’autres dans l’Artibonite. — Elle échoue à Saint-Marc et au Cap-Haïtien, et réussit aux Gonaïves, — Arrestation et condamnation à mort de plusieurs des conspirateurs ; rétablissement de l’ordre dans les deux départemens. — Actes du Président d’Haïti à ce sujet : prorogation de la session législative au 1er août. — M. de Glory, évêque de Macri, accompagné de plusieurs prêtres, arrive an Port-au-Prince en qualité de vicaire apostolique du Saint-Siége.— Ses antécédens. — Boyer l’admet, malgré les avis qu’il reçoit sur sa mission présumée. — Précédens entre M. de Glory et l’abbé Jérémie, curé du Port-au-Prince. — Le Président se rend à Saint-Marc, aux Gonaïves et au Cap-Haïtien. — Il exerce sa clémence envers des conspirateurs et ordonne l’envoi du général Romain à Léogane. — Révolte des 1er et 2e régimens d’infanterie ; elle est étouffée, et ces corps sont dissous. — M. Aubert Dupetit-Thouars arrive de France, porteur d’une lettre de M. Esmangart adressée à Boyer. — Dispositions pacifiques du gouvernement français à l’égard d’Haïti. — Objet de la mission de M. Dupetit-Thouars, et ses lettres à Boyer. — Le Président d’Haïti répond à celle de M. Esmangart, en renouvelant les propositions formulées par Pétion. — L’agent français retourne dans son pays. — Quelques nouveaux faits relatifs à l’Est d’Haïti. — Actes du Président : il retourne au Port-au-Prince. 3


La Veuve de H. Christophe va en Angleterre avec ses demoiselles. — Sa lettre à Boyer, au moment de son départ. — Conduite tenue par M. de Glory et l’abbé Jérémie. — Schisme qu’ils occasionnent au Port-au-Prince. — Mandement de l’évêque vicaire apostolique contre le curé de cette paroisse qu’il interdit et excommunie. — Scènes scandaleuses à l’église et au presbytère. — Réflexions à ce sujet : devoir imposé au Président d’Haïti. — Il fait signifier aux deux ecclésiastiques de se retirer du pays. — M. de Glory périt dans un naufrage. — L’abbé Jérémie revient ensuite au Cap-Haïtien ; il y est mis aux arrêts, puis renvoyé a l’étranger. — L’abbé Joseph Salgado, nommé curé du Port-au-Prince, ramène tous les fidèles à l’église. — Diverses lettres de l’évêque H. Grégoire à Boyer : ses sentimens, son don de livres fait à la République pour commencer l’établissement d’une bibliothèque. — Sa noble conduite en recevant un don que lui envoie Boyer ; sa lettre à cette occasion. — Lettre de quelques Grecs résidant à Paris, transmise par lui, faisant un appel à Boyer et aux Haïtiens, en faveur de leur pays insurgé contre la Turquie. — Ce que leur répond Boyer. — Divers actes du Président concernant l’agriculture et le commerce national. — Ouverture de la session législative. — Election des représentans de l’Artibonite et du Nord. — Vote de trois livres du code civil haïtien et diverses lois ; élection de dix sénateurs pour compléter le Sénat. — Adresse de la Chambre des représentans au peuple. — Discours prononcés dans son sein, sur le commerce national, par les représentans Pierre André et Saint-Martin. — La Chambre les prend en considération et les adresse au Président d’Haïti. — Examen des questions soulevées par ces discours. — Etablissement de cercles du commerce national au Port-au-Prince et an Cap-Haïtien : objet qu’ils ont en vue. — Agitation de l’esprit public à la capitale. — Les commerçans étrangers s’adressent au Président d’Haïti. — Ce que pense et fait Boyer en cette circonstance. — Le Sénat lui adresse un message pour avoir son opinion sur la révision anticipée de la constitution. — Il répond au Sénat et repousse cette idée. — Réflexions à ce sujet. — Réclamation d’argent faite par Jacob Lewis contre la République, appuyée par les États-Unis. — Il est soldé définitivement. 55


Projet d’indépendance dans l’Est d’Haïti. — Vues de Nunez de Cacérès à ce sujet. — Les communes de Monte-Christ et de Laxavon arborent le pavillon haïtien. — Le gouverneur Pascual Real correspond avec le Président d’Haïti : missions pacifiques de leur part. — N. de Cacérès proclame l’indépendance à Santo-Domingo ; départ de Pascual Real. — Divers actes publiés à Santo-Domingo, — La ville de Saint-Yagne proteste contre ces actes ; elle s’adresse au Président d’Haïti et entraîne tout le Nord-Est en faveur de la République. — Les communes des frontières s’y rallient également. — Message de Boyer au Sénat ; accord des deux pouvoirs pour la réunion de l’Est. — Boyer invite les citoyens à élire les représentans des communes, et ajourne l’ouverture de la session législative au 1er août. — Correspondance entre N. de Cacérès et Boyer : dépêche de ce dernier, du 11 janvier 1822. — N. de Cacérès fait arborer le pavillon haïtien à Santo-Domingo. — Deux colonnes de l’armée entrent sur le territoire de l’Est. — Le Président d’Haïti prend possession de cette partie en entrant à Santo-Domingo : actes et discours à cette occasion. — Organisation judiciaire, civile et militaire. — Décision politique prise à l’égard des blancs trouvés dans l’Est. — Des colons français établis dans la presqu’île de Samana députent auprès du comte Douzelot, gouverneur de la Martinique ; il envoie l’amiral Jacob, avec une flottille, pour les protéger et s’emparer de la presqu’île au nom de l’Espagne. — Boyer la fait occuper militairement avant son arrivée dans la baie. — Correspondance, faits respectifs des Haïtiens et des Français. — Débarquement des Français à Savana-la-Mar, d’armes et de munitions. — Boyer y envoie un régiment qui occupe ce bourg, et il ordonne un embargo général par les bâtimens et les Français dans la partie occidentale. — L’amiral Jacob part pour la France, les navires de guerre sortent de la baie de Samana et emmènent les colons français à Porto-Rico. — Boyer adresse deux messages au Sénat et fait lever l’embargo. — Impression produite en France à l’occasion de cette mesure. 101


Arrêtés du Président d’Haïti qui déterminent les décorations des grades militaires et les communes de l’Est appelées à nommer des représentans. — Il charge Bruno Blanche de lui indiquer les changemens à opérer dans la constitution de 1816 ; quelques idées émises à ce sujet par Blanchet que la mort surprend dans ce travail. — Boyer quitte Santo-Domingo et va dans le Nord-Est. — Arrêté sur le changement de numéros dans les régimens d’infanterie. — Boyer est mécontent de l’élection des représentans du Port-au-Prince. — Il se rend au Cap-Haïtien où il reçoit des honneurs et des fêtes. — Il retourne à la capitale, et n’y accepte pas ceux qui lui avaient été préparés. — Réflexions à ce sujet. — Le port de Saint-Marc est ouvert au commerce étranger. — Circulaire aux commandant d’arrondissement en faveur du commerce national. — Proclamation aux citoyens de l’Est pour les engager à cultiver les terres : résultats successivement obtenus dans cette partie de la République. — Le Président ouvre la session législative par un discours où il cherche à prémunir les représentans contre des innovations dangereuses. — Quelques actes préparatoires de la Chambre : discours de son président où l’on trouve une préoccupation sur des mesures à prendre. — La Chambre demande au Président d’Haïti les comptes généraux, afin de statuer sur les impôts. — Conspiration du général Paul Romain. Sa mort violente à Léogane, son complice est fusillé au Port-au-Prince. — Proclamation du Président sur cet événement, signalant des propos séditieux. — Quelques particularités et réflexions à ce sujet. — Dispositions dans la Chambre des représentans envers le Président d’Haiti. — Félix Darfour adresse à ce corps une pétition séditieuse contre le Président : elle est lue en séance publique. — Effet qu’elle produit dans la Chambre et au Port-au-Prince. — Arrestation de Félix Darfour, de quatre représentans et d’autres personnes, et leur emprisonnement. — Appréciation des causes réelles de ces arrestations. — La Chambre dénonce tardivement Félix Darfour au Président. — Il ordonne de le juger militairement : sa condamnation à mort et son exécution. — La Chambre exclut de son sein les quatre représentans arrêtés, et fait une adresse au peuple. — Adresse du Sénat au peuple sur ces événemens. — Proclamation du Président d’Haïti au peuple et à l’armée. — Le sénateur Panayoty donne sa démission. — Les personnes arrêtées le 30 août sont bannies à l’intérieur. — Divers actes et lois rendues dans la session. — Opinion d’une commission sur les mesures à prendre par rapport aux propriétés dans l’Est ; elle est adoptée parle Sénat, par la Chambre des représentans et par le Président d’Haïti. 148


Le général J. Boyé vient de Saint-Pétersbourg à Haïti. — Le ministère français y expédie M. Liot, pour provoquer l’envoi de plénipotentiaires en France. — Le Président d’Haïti charge J. Boyé de cette mission. — Conférences à Bruxelles, entre lui et M. Esmangart, nommé à cet effet par le gouvernement français. — Ils ne peuvent s’entendre sur la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti : rupture des conférences. — M. Esmangart écrit au Président et l’engage à envoyer un autre plénipotentiaire. — Formation d’une commission à Santo-Domingo, pour l’examen des titres de propriétés dans l’Est. — Proclamation accordant un nouveau délai de quatre mois aux propriétaires absens pour rentrer en Haïti et jouir de leurs biens. — Fondation de l’Académie d’Haïti, qui est remplacée par l’École de médecine, au Port-au-Prince. — Proclamation interdisant toutes relations entre Haïti et les îles des Antilles, et toutes expéditions des navires haïtiens dans les autres pays étrangers. — Discours du Président à l’ouverture de la session législative. — Circulaire du grand-juge aux tribunaux, lois rendues dans la session. — Le Sénat accorde à Boyer deux habitations : sa lettre à ce corps, motivant son refus d’accepter ce don. — 1821. Discours qu’il prononce le 1er janvier à la fête de l’indépendance ; sa proclamation du 6 janvier invitant les Haïtiens à se préparer contre la guerre étrangère. — M. Laujon arrive au Port-au-Prince, porteur de lettres de M. Esmangart pour le Président ; réponse qu’il y fait. — Les citoyens Larose et Rouanez sont envoyés en France. — Discours de Boyer à l’ouverture de la session législative. — Son arrêté ordonnant le renvoi dans les campagnes, des individus qui sont sans moyen d’existence dans les villes et bourgs : réflexions à ce sujet. — Proclamation défendant toute correspondance entre les autorités et les citoyens d’Haïti, avec les gouvernemens et leurs agents. — Le Président d’Haïti envoie un agent à Santa-Fé de Bogota, pour proposer une alliance seulement défensive entre la République et celle de Colombie, et, en cas de refus, pour demander la restitution de la valeur des objets fournis à Bolivar, en 1816 : la somme est payée ; réflexions à ce sujet. — Loi du 8 juillet sur les différentes propriétés dans l’Est d’Haïti : effet qu’elle y produit ; le Président en suspend l’exécution pour certaines propriétés rurales. — Rapports entre le gouvernement de la République et la cour de Rome, concernant l’archevêque de Santo-Domingo : le pape Léon XII autorise l’archevêque à étendre sa juridiction sur toute l’île d’Haïti. — Vote des dernières lois du code civil par le corps législatif ; adresse de la Chambre des représentans du peuple haïtien. 212


La mission haïtienne est attendue en France avec une vive impatience. — MM. Larose et Rouanez y arrivent à la mi-juin : ils sont conduits à Saint-Germain-en-Laye, puis à Strasbourg et enfin à Paris. — Leurs pleins-pouvoirs et leurs instructions délivrées par le Président d’Haïti : réflexions sur ces dernières. — M. Esmangart est chargé de traiter avec eux. — Phases de la négociation. — Le gouvernement français ne veut stipuler que pour l’ancienne partie française de Saint-Domingue et prétend se réserver l’exercice de la souveraineté extérieure sur Haïti. — Les envoyés haïtiens refusent d’adhérer à ces deux clauses. — Rupture de la négociation et retour des envoyés à Haïti. — Circulaire du Président d’Haïti aux généraux commandans d’arrondissement sur cette infructueuse mission, et leur recommandant de nouvelles mesures pour la défense du pays. — Conférences verbales de Boyer avec les sénateurs : son message au Sénat qui lui demande des avis sur les mesures politiques à prendre. — Le Sénat lui répond de prendre celles qu’il jugera les plus convenables dans la situation des choses. — Le Président d’Haïti proclame une déclaration, qui est suivie de la publication de toutes les pièces relatives aux négociations préparées ou entamées, de 1821 à 1824, — Il convoque le corps législatif pour entrer en session, en janvier 1825. — Il convoque les généraux de l’armée à la capitale afin de conférer avec eux, et les renvoie pour célébrer la fête de l’indépendance nationale. — Essai d’émigration en Haïti, des hommes libres de la race noire habitant les États-Unis ; origine de cette mesure conçue depuis 1820 et ses phases : elle ne réussit qu’imparfaitement. — 1825. Ouverture de la session législative ; discours prononcé à cette occasion ; justes éloges donnés par la Chambre des représentans, au gouvernement et à l’administration de Boyer. — Élections de plusieurs sénateurs ; diverses lois rendues : celle sur les douanes supprime le privilège accordé depuis 1814 à l’importation des produits britanniques. — Le code civil d’Haïti est soumis de nouveau à l’examen et au vote du corps législatif. — Ce code est rendu exécutoire au 1er mai 1826, et le code de procédure civile, également voté dans la session, au 1er septembre de la même année. — Quelques réflexions sur certaines dispositions du code civil. 267


Motifs divers qui ont pu porter la France à terminer les négociations avec Haïti. — Charles X signe une ordonnance qui concède son indépendance. — M. de Mackau en est porteur pour la faire accepter purement et simplement. — Il est suivi d’une flotte destinée à user de moyens coercitifs en cas de refus. — Il arrive au Port-au-Prince sans cet appareil de forces, et notifie au président Boyer l’objet de sa mission. — Il est accueilli et il entre en conférence avec des commissaires nommés par le Président. — Texte de l’ordonnance royale qu’il leur présente : des bjections sont produites, par rapport à ses dispositions ambigües, par les commissaires qui, après deux conférences, rejettent cet acte. — M. de Mackau sollicite une audience du Président qui la lui accorde ; il entend les motifs du refus que fait Boyer d’accepter l’ordonnance, et offre de donner des explications écrites sur le sens de ses dispositions : dans un second entretien, il offre de rester en otage à Haïti, comme garant de la sincérité de cet acte. — Le Président promet d’accepter l’ordonnance, si les explications écrites lui paraissent suffisantes. — Il appelle des fonctionnaires en conseil privé pour avoir leur avis à ce sujet. — Texte de cet avis motivé qui est favorable à l’acceptation de l’ordonnance. — Texte des explications écrites fournies par M. de Mackau. — Boyer lui adresse une lettre par laquelle il accepte l’ordonnance et promet de la faire entériner par le Sénat. — M. de Mackau expédie ce document en France et appelle la flotte dans la rade du Port-au-Prince. — Message du Président d’Haïti au Sénat, déclarant qu’il a accepté l’ordonnance de Charles X, et invitant le Sénat à y adhérer et a l’entériner. — Discours, cérémonie et fêtes à cette occasion. — Proclamation du Président au peuple et à l’armée. — Note officielle du secrétaire général, en réponse à celle de M. de Mackau, sur quelques objets secondaires. — Réflexions à propos de l’ordonnance royale. 333


tome 10


PÉRIODE HAÏTIENNE.




CINQUIÈME ÉPOQUE.




LIVRE CINQUIÈME.


1825. Impressions produites dans toute la République par la publication de l’ordonnance de Charles X. — Boyer se porte vivement au Cap-Haïtien : il y prend des mesures pour assurer la tranquillité publique. — Il est rappelé à la capitale par la maladie de Célie Pétion qui y succombe. — Arrivée de M. le baron Maler, consul général, et de consuls envoyés par le gouvernement français. — Proclamation du Président qui convoque le corps législatif pour le 10 janvier 1826. — Réclamation du consul général de France, à propos d’un article publié dans le Télégraphe. — 1826. Discours de Boyer à la fête de l’Indépendance et à l’ouverture de la session législative. — La Chambre des communes déclare dette nationale l’indemnité consentie envers la France, et vote différens codes et d’autres lois. — Examen des dispositions du code rural : effets qu’il produit dans les campagnes. — Exécution difficile de diverses lois successives établissant une contribution extraordinaire sur l’universalité des citoyens pour payer la dette nationale. — MM. Rouanez et Frémont retournent à Haïti, après avoir contracté un emprunt pour payer le premier terme de l’indemnité, et signé une convention de commerce et de navigation. — Message de Royer au Sénat : accord des deux pouvoirs pour refuser la ratification de cette convention. — Boyer fait écrire an gouvernement français pour en déduire les motifs. — Il publie une déclaration qui fait savoir dans quel sens il a accepté l’ordonnance de Charles X, et envoie en France un million de piastres qui ne suffit pas pour acquitter le premier terme de l’indemnité. — Sur la réponse du ministère français, il adresse un nouveau message au Sénat qui s’accorde avec lui pour faire cesser le demi-droit en faveur du commerce français. — Cette disposition empêche la conclusion d’une nouvelle convention au Port-au-Prince : on en réfère au gouvernement français. — La Grande-Bretagne envoie M. Charles Mackensie en qualité de consul général et des consuls particuliers : d’autres puissances également. — Proclamation qui permet la navigation haïtienne sous certaines restrictions. — Célébration de la fête de l’Agriculture. — Recrutement des troupes. — Création du papier-monnaie. — Convocation des électeurs pour la formation d’une nouvelle législature. — Convocation des généraux à la capitale. — Le secrétaire d’État envoie une obligation de 30 millions de francs pour le deuxième terme de l’indemnité. — Agent haïtien au Havre chargé de recevoir et de vendre des denrées pour le compte de la République. — Examen du système financier. 3


1827. Discours de Boyer à l’installation de la 3e législature. — Lois votées pour obvier au déficit occasionné dans les revenus publics par l’ordonnance de Charles X, et conséquence de ces mesures. — Diverses autres lois sur les finances. — Le général Voltaire est nommé grand juge de la République. — Origine probable d’un complot formé contre le pouvoir et la vie de Boyer : dénonciation, arrestation de quelques militaires qui sont jugés, condamnés à mort et exécutés. — Le général B. Noël est suspecté d’en être le chef et perd le commandement de l’arrondissement du Mirebalais. — Proclamation du Président d’Haïti relative au complot. — Explosion à l’arsenal du Port-au-Prince, incendie et pertes qu’elle occasionne. — Boyer échappe au danger d’y périr et à une grave maladie ensuite. — Ouragan dans le département du Sud-Est. — 1828. Retrait de la circulation, des billets de caisse de 5 gourdes et de la monnaie à serpent. — Session législative et lois rendues. — 1829. Négociations suivies en France et en Haïti pour des projets de convention financière et de traité de commerce et de navigation entre les deux pays : ils sont signés et envoyés en France. — Intention supposée au gouvernement d’Espagne, de faire une tentative contre l’Est d’Haïti, et mesures militaires. — Session législative, lois votées et mesures administratives. — 1830. Ferdinand VII envoie un plénipotentiaire chargé de réclamer l’ancienne colonie de l’Espagne : refus motivé du gouvernement. — Proclamation du Président d’Haïti à ce sujet, et publication de documens. — La Grande-Bretagne ouvre les ports des îles Bahama au commerce haïtien. — Le gouvernement français ne ratifie pas les projets signés à Haïti, et y envoie un agent pour négocier de nouveau. — Autres projets non terminés et retour de l’agent en France. — Boyer y envoie M. Saint-Macary pour suivre la négociation. — Elle est interrompue par la Révolution de juillet. — Message de Boyer au Sénat, à l’occasion de cet événement : il prend une attitude expectante. — Sentimens éprouvés en Haïti, à la nouvelle reçue de la révolution. — Session législative, discours de Boyer et du président de la Chambre des communes. — Lois votées et mesures administratives. — Circulaire du secrétaire d’Etat aux administrateurs, pour faire cesser au 1er janvier 1831, le demi-droit accordé aux navires et au commerce français. 58


1831. Agitation des esprits au Port-au-Prince, et ses diverses causes. — Publications qui l’entretiennent. — Prorogation de la session législative par Boyer qui veut aller dans le Sud : ses motifs. — Duel à la capitale et ce qui a lieu à cette occasion. — Le ministère public poursuit quelques individus ; ils sont acquittés par le tribunal correctionnel. — Proclamation du Président sur cette agitation. — Article officiel du Télégraphe sur la caducité des pouvoirs donnés à M. Saint-Macary, et blâmant son séjour prolongé en France. — Retour de cet agent au Port-au-Prince. — Instructions qu’il avait reçues de Boyer. — Traités qu’il signe à Paris : leur examen. — Louis-Philippe les ratifie. — Boyer refuse sa ratification. — Notes échangées entre M. Molien, consul général de France et le secrétaire général Inginae. — Rupture des relations diplomatiques. — Conduite du consul général en cette circonstance. — Proclamation du Président d’Haïti sur son refus de ratification des traités : effet qu’elle produit à la capitale et dans toute la République. — Départ de M. Molien pour la France. — Article semi-officiel du Télégraphe sur les traités. — Dépêche du gouvernement haïtien au gouvernement français, expliquant les motifs du refus de ratification des traités. — Réponse à cette dépêche par une Note verbale. — Examen des motifs du gouvernement français. — Mes sage de Boyer et communication au Sénat par les grands fonctionnaires. — Message du Sénat en réponse. — Boyer répond au gouvernement français par une Note verbale : la rupture est complète.— Tournée qu’il fait dans le Sud ; ouragan furieux dans ce département. — Mort du général Marion aux Cayes. — Retour du Président à la capitale. Ouverture de la session législative, lois rendues. — Le général Inginac est envoyé à Saint-Marc, par rapport à des propos tenus dans l’Artibonite, qui n’ont pas de suite. 106


1832. Proclamation du Président d’Haïti, invitant le peuple à former la quatrième législature. — Proclamation prescrivant à tout Haïtien de prendre un passeport pour aller à l’étranger. — Élection des représentans. — Le général Borgella est nommé commandant de l’arrondissement des Cayes. — Ouverture de la session législative. — Discours et adresse de la Chambre des communes au Président d’Haïti, réclamant des améliorations sur divers objets. — Érection de tribunes à la Chambre et au Sénat. — Boyer propose des projets de loi qu’il retire ensuite, à cause de l’opposition violente manifestée dans la Chambre. — Rivalité d’influence entre certains représentans. — Trois lois seulement sont votées pendant la session. — La Chambre propose au Sénat de voter le budget des dépenses publiques comme en 1817. — Le Sénat répond qu’il a seul le droit de le voter et qu’il le fera à l’avenir. — Grand incendie au Port-au-Prince. — Miss Frances Wright amène à Haïti 32 noirs des États-Unis qu’elle rend à la liberté. — Circulaire du grand juge décidant qu’il y a incompatibilité entre les fonctions de représentant et celles des officiers ministériels. — M. J. Courtois est condamné à trois années d’emprisonnement par le tribunal correctionnel. — M. Granville est révoqué de nouveau de la charge de directeur du lycée national. — 1833. Le Président d’Haïti proroge la session législative et fait une tournée dans l’Artibonite et le Nord. — Intrigues de prêtres an Cap-Haïtien et au Port-au-Prince. — Mort de l’archevêque Pedro Valéra à la Havane. — La Cour de Rome nomme un légat pour venir à Haïti. — Discours du ministre des affaires étrangères de France, et nouvelles propositions faites par Boyer pour l’indemnité. — Il fait rembourser a M. Laffitte mille actions de l’emprunt de 1822. — Ouverture de la session législative. — Attitude du Président d’Haïti envers la Chambre des communes : il lui adresse deux projets de loi qui sont votés d’urgence. — Il la pose des candidats pour l’élection de six sénateurs : ils sont nommés. — Débats dans Chambre, dissidence profonde entre des représentans. — Discours menaçant de la R.-S. Rodriguez. — La Chambre appelle le secrétaire d’État en comité général : il y comparait et donne les explications qui lui sont demandées sur les finances. — Hérard Dumesle prononce un discours sur la circulaire du grand juge et propose de l’appeler en comité général. — Milscent réfute ce discours et cette proposition.— Lettre de M. Courtois à la Chambre. — Elle refuse de mander le grand juge et passe à l’ordre du jour sur cette lettre. — Discours offensant de Milscent contre H. Dumesle et David Saint-Preux. — Milscent est élu président de la Chambre. — Le 13 août, sur la proposition de Latortue, elle prononce l’exclusion de Hérard Dumesle et de David Saint-Preux. — Adresse au peuple, messages au Président d’Haïti et au Sénat à ce sujet. — Protestation remarquable des représentans exclus : ils demandent au Sénat la convocation de la haute cour de justice pour les juger. — Le Sénat refuse. — Réflexions sur ces actes. — Le Sénat fait une remarque relative aux lois d’impôt, qui obtient l’assentiment du Président d’Haïti et de la Chambre. — Le Président lui demande s’il peut continuer à exercer le droit de grâce. — Le Sénat répond affirmativement. 60


1834. — Le pape Grégoire XVI envoie un légat auprès du Président d’Haïti. — Un concordat désiré par le Président n’est pas agréé par le Saint-Père. — Particularités et réflexions à ce sujet. — Session législative ; diverses lois sont votées. — Affaire criminelle du représentant J. Roche de Jérémie ; il s’enfuit à l’étranger. — La Chambre des communes déclare sa déchéance. — Elle fait poursuivre M. J. Courtois, déjà emprisonné, pour un article de son journal ; le tribunal correctionnel le condamne pour outrages envers les représentans. — Diverses mesures administratives. — Proclamation du Président d’Haïti au sujet des biens de la partie de l’Est. — 1835. L’administration des finances offre à l’entreprise l’exploitation des bois d’acajou dans les îles de la Gonave et de la Tortue. — Arrêté du Président d’Haïti fixant les jours de fêtes légales par rapport aux bureaux publics. — Le gouvernement français envoie M. le capitaine de vaisseau Dupetit-Thouars, pour réclamer les avances faites pour le service de l’emprunt d’Haïti et prendre des renseignemens sur la situation financière. — Des conférences ont lieu entre cet officier et des fonctionnaires. — Mesures prises pour payer ces avances. — Messages entre le Président d’Haïti et le Sénat ; accord entre eux sur la manière de résoudre les questions entre la France et Haïti. — M. Dupetit-Thouars repart satisfait ; son rapport loyal prépare une solution. — Session législative, discours du Président d’Haïti, adresse de la Chambre des communes. — Réflexions à ce sujet. — Lois votées dans la session.220


1836. — Prorogation de la session législative au 8 août. — Circulaires du Président d’Haïti aux tribunaux civils, expliquant les modifications apportées aux codes votés dans la session de 1835. — Ouverture de la session législative. — Le secrétaire d’État est déchargé de sa gestion financière en 1835. — Plusieurs lois sont votées et promulguées. Arrêté du Président contre les pirates. — 1837. Proclamation invitant les électeurs à nommer les représentans de la 5e législature. — Conspiration ourdie au Cap-Haïtien. — Faits relatifs au chef de bataillon Bélonie Narcisse. — Le général Guerrier dénonce au Président, Gervais Henri comme un des complices de la conspiration ; il est mandé à la capitale. — Révolte d’Isidor Gabriel, colonel des carabiniers de la garde : elle est étouffée et il est tué. — Proclamation du Président et ordre du jour qui licencie le corps des carabiniers. — Réflexions au sujet de cette révolte. — Mort du général Léo qui est remplacé par le général Bottex. — Discours du Président à l’ouverture de la session législative. — Règlement pour la police intérieure de la Chambre des communes. — Elle décharge le secrétaire d’État de sa gestion en 1836, et vote les lois d’impôts directs en y confondant ce qui était de son initiative et ce qui était de celle du Président d’Haïti. — Elle repousse une plainte formée contre l’un de ses membres. — Proposition de Couret, pour demander au Président l’abrogation de la loi sur le payement des droits d’importation en monnaies étrangères, discussion qu’elle occasionne à la Chambre. — La Chambre adresse au Président un message qui lui demande la suspension de cette loi : une députation l’apporte à Boyer qui lui répond qu’il avisera. — La Chambre lui adresse un autre message à l’occasion de la Saint-Pierre, sa fête patronale : il y répond. — Discours de H. Dumesle, président de la Chambre, à la séance de clôture de la session. — Proclamation du Président sur la causes de la situation commerciale du pays. — Réflexions à ce sujet. — Avis officiel annonçant que le Sénat a rejeté les lois d’impôts votées par la Chambre. — Le Président ordonne au secrétaire d’État de faire percevoir ces impôts, en vertu des lois précédentes non abrogées. — Circulaire du secrétaire d’État aux conseils de notables à ce sujet. — Arrêté du Président ordonnant une grande plantation de vivres. — Réorganisation du lycée national du Port-au-Prince. — Messages entre le Président et le Sénat, sur les questions à résoudre entre la France et la République. — Proclamation annonçant qu’un agent français vient à Haïti. 271


Le gouvernement français envoie à Haïti, MM. de Las Cases et Baudin chargés de négocier avec le gouvernement de la République, d’après les propositions faites par Boyer en 1833. — Ils entrent aussitôt en conférences avec les plénipotentiaires nommés par le Président. — Phases diverses de la négociation. — Un traité politique et un traité financier sont conclus et signés : le premier, reconnaissant la République d’Haïti comme Etat libre, indépendant et souverain ; le second, fixant le solde de l’indemnité due à la France, à 60 millions de francs payables en 30 ans, etc. — Boyer ratifie les traités, le Sénat les sanctionne. — Les sommes nécessaires au payement de l’annuité de 1838 et celles qui sont destinées à l’emprunt sont embarquées. — MM. de Las Cases et Baudin retournent en France. — MM. B. Ardouin et S. Villevaleix aîné sont envoyés avec eux et chargés de l’échange des ratifications des traités, etc. — S. M. le Roi des Français les ratifie. — Retour des envoyés d’Haïti au Port-au-Prince. — Message du Président d’Haïti au Sénat et publication officielle des traités du 12 février. 312

tome 11


PÉRIODE HAÏTIENNE.




SIXIÈME ÉPOQUE.




LIVRE SIXIÈME.


1838. — La session législative est ouverte. — La Chambre des communes déclare au Président d’Haïti qu’elle répondra à son discours par une adresse. — Élection d’un sénateur, quoique le Sénat n’ait pas avisé la Chambre de cette vacance dans son sein. — H. Dumesle prononce un discours pour préparer la Chambre au vote de son adresse. — La Chambre ajourne l’élection d’un nouveau sénateur, parce que le Sénat ne lui a pas donné avis de cette vacance. — Le 27 avril, elle vote son adresse et la fait porter au Président d’Haïti par une députation ; Boyer promet d’y répondre. — Examen de cet acte, — Pétition adressée à la Chambre par trois jeunes Haïtiens qui, de Paris, demandent l’érection d’une statue à Pétion. — La Chambre la prend en considération et charge son président d’en entretenir Boyer ; il promet de donner suite à ce projet. — Complot formé pour assassiner Boyer a la fête de l’agriculture ; le 2 mai, le général Inginac est assassiné. — Révolte dans la commune de Léogane ; elle est étouffée. — Les assassins sont arrêtés et jugés ; six d’entre eux subissent la peine de mort, et les autres sont condamnés a la réclusion. — La Chambre des communes envoie a Boyer une députation à cette occasion ; cette députation se rencontre au palais avec une autre envoyée par le Sénat. — Discussion entre leurs membres : Boyer la fait cesser, les invite à se modérer et à garder le silence sur cet incident. — H. Dumesle en rend compte à la Chambre qui fait publier son rapport. — Irritation de Boyer à ce sujet. — Projet d’expulsion de quelques représentans, déjoué par Boyer. — La Chambre s’ajourne pendant huit jours. — La députation du Sénat lui rend compte de la discussion survenue au palais ; le Sénat fait publier son rapport. — Le général Inginac tente vainement de rétablir l’harmonie entre le Sénat et la Chambre. — Lettres anonymes adressées au consul français et à la Chambre contre Boyer. — Il soupçonne le sénateur Pierre André d’en être l’auteur, et le dénonce publiquement. — Le Sénat prononce son expulsion et informe Boyer et la Chambre de cet acte afin qu’il soit remplacé. — Boyer s’abstient de proposer des candidats, et arrête une poursuite judiciaire dirigée contre Pierre André ; il lui paye ses appointemens de sénateur. — Proposition et discours de D. Saint-Preux à la Chambre, pour l’envoi d’une députation auprès de Boyer. — Le Président propose un projet de loi sur les douanes ; la Chambre vote la loi comme si elle émanait de son initiative. — Le Sénat décrète la loi, en rétablissant le fait par la formule d’usage : la rupture est complète entre les deux corps. — Diverses circulaires adressées aux autorités, et arrêté du Président d’Haïti. 3


1839. — Prorogation de la session législative au 12 août. — Refus d’impôts à Jérémie. — Négociations pour un traité de commerce et de navigation entre la Grande-Bretagne et Haïti. — La République prend des arrangemens avec les porteurs de titres de son emprunt de 1825. — Ouverture de la session législative. — H. Dumesle et David Saint-Preux font deux motions qui sont adoptées et insérées dans l’adresse de la Chambre. — Boyer lui propose des candidats au sénatoriat. — Son message au Sénat sur le système monétaire du pays. — Le Sénat réintègre le sénateur Pierre André dans ses fonctions. — Discussion de l’adresse de la Chambre ; elle l’envoie au Président d’Haïti. — Compte-rendu de la députation sur l’accueil qu’elle a reçu. — La Chambre élit un sénateur pour cause de décès. — H. Dumesle fait publier un article sur la question de la loi des douanes. — Boyer fait rectifier le compte-rendu de la députation de la Chambre. — Il lui propose trois nouveaux candidats au sénatoriat. — Elle refuse l’élection et demande une liste générale des candidats pour cinq sénateurs à élire. — Boyer soumet la question au Sénat. — Son message et celui du Sénat à ce sujet. — Message de la Chambre concernant des bruits sinistres et insistant pour avoir la liste générale. — Boyer lui demande des explications sur ces bruits ; ensuite il lui répond sur la question de la liste générale, en lui envoyant copie du message du Sénat à ce sujet. — Publication de toute cette correspondance. — Le 4 octobre, la Chambre discute de nouveau la question des listes de candidature ; discours véhément de D. Saint-Preux à cette occasion. — La Chambre décide de protester préalablement à l’élection des sénateurs. — 31 de ses membres font scission et protestent contre cette décision ; ils adressent leur protestation à Boyer et en demandent la publication. — Séance orageuse du 6 octobre au palais de la présidence, allocution de Boyer aux officiers militaires, destitutions prononcées. — 37 représentans reconstituent le bureau de la Chambre, et élisent un sénateur sur une liste de trois candidats. — Une députation va annoncer ce résultat à Boyer ; elle se rencontre au palais avec une députation du Sénat ; accord et félicitations entre les deux députations qui rétablissent ainsi l’harmonie entre le Sénat et la Chambre. — La Chambre somme six représentans opposans de se rétracter, sinon ils seront éliminés de son sein. Ils persévèrent dans leurs opinions et envoient leur déclaration motivée. — Le 9 octobre, la Chambre déclare qu’ils sont éliminés. — Elle informe le Président d’Haïti et le Sénat de cette résolution. — Destitutions de fonctionnaires publics au Port-au-Prince et à Jérémie, dans ce dernier lieu à cause d’une médaille en or décernée à H. Dumesle. — Boyer rétablit dans leurs emplois ceux qui font leur soumission. — H. Dumesle et D. Saint-Preux sont arrêtés et emprisonnés au Petit-Goave ; Boyer les fait relaxer. — Sa proclamation du 10 octobre. — Adresse à Boyer par les officiers supérieurs du Port-au Prince, suivie de beaucoup d’autres dans toute la République. — Réflexions sur tous les faits précédens. — La Chambre rend diverses lois. — Message du Sénat au Président d’Haïti sur le système monétaire, et mesures qu’il propose pour l’améliorer. — Mission envoyée à Jérémie ; le colonel Frémont en devient commandant. 55


1840. — Mesures administratives en faveur de l’agriculture et du commerce national. — Session législative : loi sur l’érection d’une chapelle destinée à recevoir les restes d’A. Pétion ; loi portant modifications au code civil. — Message du Président d’Haïti exposant les motifs de ces modifications : leur examen. — Le Sénat reçoit communication des traités conclus avec la Grande-Bretagne et la France, pour faciliter la répression de la traite. — 1841. — Affaire de T. B. Smith, anglais qui prétend être citoyen d’Haïti : rapport d’une commission à ce sujet. — Le Sénat sanctionne les traités ci-dessus qui sont publiés. — Projet de traité entre Haïti et la Belgique ; pourquoi il n’aboutit pas. — Session législative ; diverses lois rendues sur différentes matières ; sur les délits commis par la voie de la presse, sur la police urbaine, etc., — Publication du journal le Manifeste et d’autres. — M. Granier de Cassagnac arrive au Port-au-Prince ; ce qui s’ensuit. — Affaire du faux monnayeur Charles Touzalin. — Conduite de M. Levasseur, consul général de France, à cette occasion. — Le Manifeste publie contre lui un article outrageant ; condamnation prononcée contre M. Dumai Lespinasse, rédacteur du journal et auteur de l’article. — Ce qu’exigeait M. Levasseur. — Il rompt toutes relations officielles avec le gouvernement et se retire à bord de la corvette le Berceau. — Il requiert que l’amiral commandant la station des colonies françaises vienne au Port-au-Prince avec des forces maritimes. 111


1842. — Proclamation du Président d’Haïti qui convoque les électeurs pour le renouvellement de la Chambre des communes. — Publications à ce sujet par le Manifeste. — Lettres de M. Lartigue au secrétaire d’État Imbert, et réponses. — Arrivée de plusieurs navires de guerre et de l’amiral Arnous-Dessaussays, appelé par M. Levasseur. — Entrevue de cet amiral avec Boyer. — Il désapprouve la conduite du consul général et sollicite du Président la reprise de ses fonctions. — Boyer y consent, sous la promesse que lui fait l’amiral de conseiller son rappel au gouvernement français. — Elections générales : un grand nombre d’opposans sont élus représentans. — Dispositions où se trouve Boyer ; conseils qui lui sont donnés. — Publication des journaux le Temps et le Patriote. — Arrivée d’un légat du Pape ; il arrête un projet de concordat pour régler les affaires religieuses, et se rend à Rome : ce qui en empêche la conclusion. — M. Imbert est révoqué de la charge de secrétaire d’État et remplacé par M. Pilié. — Promotions de généraux ; réflexions à ce sujet. — Convocation extraordinaire du Sénat. — Message du Président d’Haïti à ce corps, à propos de la réélection des représentans éliminés de la Chambre en 1839. — Réflexions à ce sujet. — Réponse du Sénat, suivie de considérations sur la situation politique. — Projet du retrait intégral des billets de caisse, combattu en conseil ; Boyer y renonce. — Condamnations judiciaires contre MM. Devimeux Rinchère et David Saint-Preux. 160


Agitation au Port-au-Prince. — Ordonnances de police y relatives. — Réunion des représentans. — Protestation de 20 d’entre eux contre l’admission des éliminés de 1839. La Chambre, en majorité, les admet dans la vérification des pouvoirs, et élit président M. Landun. — Le 12 avril, une nouvelle majorité annule cette élection et nomme président M. J.-B. Tassy. — Tous les opposans se retirent de l’assemblée. — La Chambre prononce l’exclusion des éliminés de 1839 et de six autres représentans et de leurs suppléans. — Le Président d’Haïti ouvre les travaux de la session. — La Chambre accorde un délai de vingt jours aux opposans pour revenir dans son sein, sinon ils seront considérés comme démissionnaires ; ils n’optempèrent pas. — Elle appelle leurs suppléans ; ceux-ci refusent de siéger. — Elle fait poursuivre M, Dumai Lespinasse, qui est condamné à une année d’emprisonnement et qui part pour la Jamaïque. — Réflexions au sujet de ces actes. — Projet de loi sur l’instruction publique, retiré bientôt par Boyer ; pourquoi ? — Deux lois sont rendues et sept sénateurs élus par la Chambre ; fin de la session. — Tremblement de terre du 7 mai ; son effet dans l’Artibonite, le Nord et le Nord-Est. — Reproches faits à Boyer en cette occasion. — Capture illégale de deux bâtimens espagnols, et ce qui s’ensuit. — Manœuvres de l’Opposition sur divers points de la République. — Mesure intempestive ordonnée par Boyer. — Décès de plusieurs généraux. 207


1843. — Article officiel du Télégraphe concernant les patentes des étrangers. — Décès du général Bonnet à Saint-Marc. — Incendie au Port-au-Prince. — À cette occasion, les opposans de cette ville provoquent une insurrection aux Cayes. — Manifeste révolutionnaire de la « Société des droits de l’homme et du citoyen. » — Elle nomme Charles Hérard ainé (Rivière), « chef d’exécution des volontés du peuple souverain et de ses résolutions, » en lui confiant la dictature. — Le général Borgella veut en vain prévenir, par ses conseils, un attentat contre le gouvernement. — Le 27 janvier, les opposans des Cayes se réunissent en armes sur l’habitation Praslin. — R. Hérard écrit à Borgella à ce sujet ; celui-ci en informe le Président d’Haïti et prend des mesures militaires contre les insurgés. — Proclamation du Président qui investit Borgella du commandement du Sud ; paroles qu’il prononce. — Réflexions à ce sujet. — Ordres du jour de Borgella. — Les insurgés en fuite, se rendent dans la Grande-Anse. — Insurrection dans cette partie. — Suite des événemens.— Influence de Fabre Geffrard sur les succès de l’insurrection. — L’armée révolutionnaire, grossie par la défection des troupes, marche contre la ville des Cayes. — Propositions faites pour sa soumission et conditions posées par Borgella ; elles ne sont pas acceptées. — La défection de deux régimens facilite l’entrée de l’armée révolutionnaire. — Conduite de R. Hérard : actes qu’il proclame. — Le colonel Toureaux fait sauter l’arsenal. — Appréciation de la défection de Fabre Geffrard en faveur de l’insurrection. 239


Sentimens éprouvés par le président Boyer, en apprenant l’insurrection de Praslin ; son dégoût du pouvoir. — Cette disposition intime influe sur les mesures qu’il ordonne — Promotions dans les rangs militaires. — La défection des troupes à l’Anse-à-Veau occasionne l’alarme au Port-au-Prince. — La garnison de cette ville sort et marche sur Léogane. — Elle revient à Gressier et marche de nouveau pour attaquer Léogane. — Défection de l’arrondissement de Jacmel. — Disposition de Boyer à abdiquer le pouvoir et à se retirer à l’étranger ; offres que lui fait à cet effet le Consul de S. M. B. — Combat à Léogane ; défection des troupes, excepté la garde du Président. — Acte d’abdication remis au président du comité permanent du Sénat. — Boyer s’embarque sur la corvette Scylla. — Le comité permanent du Sénat dresse procès-verbal de la réception de l’acte susdit et l’envoie au secrétaire d’État Pilié. — Ce grand fonctionnaire le fait publier avec une adresse aux Haïtiens. — Deux actes révolutionnaires rendus après le départ de Boyer. — Jugement sur ce chef. — Résumé de la sixième Epoque. 304