Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/A
Abattoir (rue de l’).
Une ordonnance royale du 31 janvier 1827 autorisa MM. André et Cottier à ouvrir, sur leurs terrains, treize rues indiquées au plan par des numéros. Cette autorisation fut accordée aux conditions suivantes : — d’abandonner gratuitement le sol des nouvelles rues ; de supporter les premiers frais de pavage et d’éclairage, ainsi que ceux des travaux à faire pour l’écoulement souterrain ou à ciel ouvert des eaux pluviales et ménagères ; d’établir, de chaque côté, des trottoirs en pierre dure dont les dimensions seront indiquées par l’administration ; de tenir fermées de portes, de grilles, ou de toute autre manière, les portions de rues qui ne pourraient quant à présent avoir de débouché, et ce jusqu’à ce que les propriétaires sur les terrains desquels lesdites rues devraient se continuer, eussent librement consenti à livrer passage à ces rues suivant les directions arrêtées par le plan ; enfin de se conformer aux lois et règlements sur la voirie de Paris.
Ces divers percements furent immédiatement tracés ; et pour les distinguer, MM. André et Cottier leur assignèrent provisoirement les dénominations suivantes : rues de l’Abattoir, du Delta La Fayette, de la Barrière-Saint-Denis, du Chevet-de-l’Église, du Gazomètre, des Petits-Hôtels, des Jardins, des Magasins, du Nord. La rue en prolongement de celle de la Butte-Chaumont en a retenu le nom. Les deux rues latérales à la nouvelle église Saint-Vincent-de-Paul n’ont pas encore de dénomination. Leur largeur, fixée originairement à 14 m., a été portée à 19 m. 20 c., en vertu d’une ordonnance royale du 2 février 1839. Enfin, la voie publique tracée dans la direction de la rue d’Hauteville, et destinée à communiquer entre les rues du Chevet-de-l’Église et de l’Abattoir, n’est pas dénommée.
L’emplacement sur lequel ces rues ont été ouvertes provenait de l’ancien clos Saint-Lazare, vendu par le domaine de l’État.
À l’égard de celle qui fait l’objet du présent article, elle n’est point encore entièrement bordée de constructions. Elle porte le nom de rue de l’Abattoir, parce qu’elle se dirige vers l’abattoir Montmartre. Sa largeur est de 12 m. Cette voie publique se prolonge comme impasse entre les rues de La Fayette et du Faubourg-Saint-Martin, dans une longueur de 219 m.
Abattoirs.
La création des abattoirs, comme tout ce qui émanait de la toute-puissance impériale, est empreinte d’un caractère grandiose qui décèle la hardiesse du génie.
Si l’on interroge le passé, les tueries, placées dans l’intérieur de la ville, étaient de véritables cloaques qui changeaient en poison l’élément nécessaire à la vie de l’homme.
Mercier, dans son Tableau de Paris, édition de 1783, parle ainsi des boucheries : « Le sang ruisselle dans les rues, il se caille sous vos pieds, et vos souliers en sont rougis. En passant, vous êtes tout-à-coup frappé de mugissements plaintifs. Un jeune bœuf est terrassé, et la tête armée est liée avec des cordes contre la terre ; une lourde massue lui brise le crâne ; un large couteau lui fait au gosier une plaie profonde ; son sang qui fume coule à gros bouillons avec sa vie. Mais ses douloureux gémissements, ses muscles qui tremblent et s’agitent par de terribles convulsions, ses abois, les derniers efforts qu’il fait pour s’arracher à une mort inévitable ; tout annonce la violence de ses angoisses et les souffrances de son agonie, etc…
Quelquefois le bœuf, étourdi du coup et non terrassé, brise ses liens, et, furieux, s’échappe de l’antre du trépas ; il fuit ses bourreaux, et frappe tous ceux qu’il rencontre, comme les ministres ou les complices de sa mort ; il répand la terreur et l’on fuit devant l’animal qui, la veille, était venu à la boucherie d’un pas docile et lent.
Des femmes, des enfants qui se trouvent sur son passage, sont blessés ; et les bouchers qui courent après la victime échappée, sont aussi dangereux dans leur course brutale que l’animal que guident la douleur et la rage. »
À différentes époques, surtout sous le règne de Louis XV, des tentatives avaient été faites par la prévôté des marchands, à l’effet de transporter aux extrémités de la ville les boucheries qui, placées dans l’intérieur, compromettaient la santé publique. L’esprit de routine, la pénurie d’argent, firent ajourner tous les projets. La question du déplacement des tueries fut enfin soumise à l’empereur, qui faucha l’ancien abus, et dicta ces décrets qui n’admettaient pas de réplique.
9 février 1810. — « Napoléon, etc. — Article ler. Il sera fondé à Paris cinq tueries ; trois sur la rive droite de la Seine, deux sur la rive gauche. — Art. 2. Les trois tueries sur la rive droite seront, deux de vingt-quatre échaudoirs et une de douze. — Art. 3. La première pierre des quatre tueries qui sont à construire, sera posée le 25 mars par notre ministre de l’intérieur, qui ordonnera les dispositions nécessaires. — Art. 4. La corporation des bouchers de Paris sera maitresse de faire construire les cinq tueries à ses frais, et elle en aura le privilège exclusif ; sinon, les travaux seront faits sur les fonds de notre domaine extraordinaire et à son profit. »
Décret du 19 juillet 1810. — « Article ler. Le plan de l’emplacement des quatre abattoirs, dont nous avons ordonné la construction dans notre bonne ville de Paris, est approuvé tel qu’il est annexé au présent décret. — Art. 2. Notre ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent décret, etc. »
Décret du 24 février 1811, §4. Des abattoirs. — « Art. 39. L’accroissement de 1,500,000 francs de revenus, qui résulte pour la ville de Paris du rétablissement de la caisse de Poissy, sera d’abord employé à terminer les abattoirs. La construction du cinquième abattoir sera commencée cette année ; celle des quatre autres sera continuée avec toute l’activité possible, et de manière qu’ils soient terminés en 1812. Après l’achèvement des abattoirs, les produits de la caisse de Poissy augmenteront, dans la caisse de la ville, les fonds destinés à de nouveaux travaux. »
Cinq architectes furent chargés de l’exécution des abattoirs. Nous croyons devoir extraire de l’ouvrage que M. le chevalier Bruyère a publié sous le titre d’Études relatives à l’art des constructions, 1823, deux volumes in-folio, les passages suivants, concernant ces vastes établissements d’utilité publique. « Les architectes, d’après les ordres du ministre, se réunirent en commission, à la tête de laquelle était le vice-président du conseil des bâtiments civils, et dont le secrétaire du même conseil et le sieur Combault, maitre boucher, firent partie. La première chose dont la commission devait s’occuper était d’arrêter un programme, ce qu’elle fit dans sa séance du 14 octobre 1810.
Ce programme était l’ouvrage du sieur Combault, dont la longue expérience dans la pratique de l’art du boucher pouvait inspirer toute confiance. M. Gauché, l’un des architectes nommés par le ministre, fut chargé d’indiquer les premières dispositions, ainsi que de rédiger les plans généraux, qui devaient être conformes au programme et l’accompagner.
Il s’en acquitta avec le talent qu’on lui connaît. Ces plans comprenaient tous les édifices qui doivent composer un abattoir général. Leur disposition, dont on s’est peu écarté dans l’exécution, était largement tracée. Tous les édifices étaient isolés et entourés de rues ou de places spacieuses ; et l’on peut dire que sous ce rapport ces établissements ne laissaient rien à désirer. Sous d’autres rapports, il semble que le programme, quoique rédigé par un homme du métier, porte l’empreinte d’une opinion particulière. On pouvait croire qu’il existait une arrière-pensée, et que l’on regardait comme possible qu’une compagnie fut chargée de l’exploitation générale des abattoirs. Cette pensée, si elle a existé, était contraire à la promesse faite aux bouchers de les laisser jouir dans les abattoirs généraux de la même liberté que dans leurs ateliers, et elle a pu influer sur quelques dispositions. D’un autre côté, les bouchers, dont les nouveaux établissements contrariaient les habitudes, parurent éviter de prendre aucune part aux projets qu’on allait arrêter, espérant que leur exécution, qui exigeait de grandes dépenses, ne serait jamais terminée. Les emplacements furent cependant fixés et les terrains acquis. L’un des abattoirs, celui de Montmartre, était même déjà commencé, lorsqu’en janvier 1811 je fus chargé de la direction des travaux de Paris. Il m’était difficile dans les premiers moments où les affaires exigeaient la plus grande partie de mon temps, et où j’avais à m’occuper à la fois d’un grand nombre d’édifices, de me pénétrer profondément des conditions auxquelles il me fallait satisfaire dans la construction de toutes les parties d’un abattoir général. Ce ne fut qu’après avoir visité les anciens établissements conféré avec plusieurs maîtres bouchers, que je crus reconnaître quelques vices de dispositions, notamment dans ce qu’on appelle assez improprement les échaudoirs (lieu où l’on abat). Il était bien tard, car les constructions étaient déjà avancées, principalement à l’abattoir de Ménilmontant ; mais les observations qui m’avaient été faites me parurent importantes, et le succès des abattoirs tellement compromis, surtout avec l’opposition connue des bouchers, que je regardai comme indispensable de changer le premier projet adopté pour les échaudoirs. Suivant ce projet, chaque corps de bâtiment ne contenait que six cases dont une partie était mal éclairée. Trois ou quatre bouchers devaient abattre dans la même case, et les bœufs abattus auraient été suspendus aux mêmes pentes, ce qui aurait donné lieu à des débats multiplies, à cause du mélange des viandes, des langes, des instruments et de l’affluence des garçons bouchers dans un même passage. Dans la nouvelle disposition, seize échaudoirs, ou cases plus petites que celles du projet précédent, sont placés sur une vaste cour de travail, et l’on trouve à l’étage au-dessus des serres fermées par des grillages en fer, dans lesquelles chaque boucher peut déposer son suif en branches et tout ce qu’il juge convenable.
L’étendue des abattoirs a été proportionnée aux quartiers qu’ils étaient destinés à desservir. Ceux du Roule et de Villejuif, qui sont à peu près semblables, contiennent chacun trente-deux échaudoirs, celui de Grenelle quarante-huit, et ceux de Ménilmontant et de Montmartre, chacun soixante-quatre ; au total, deux cent quarante échaudoirs. Ce nombre est encore inférieur à celui des bouchers ; mais plusieurs font tuer par leurs confrères et il y a quelques échaudoirs communs à deux bouchers. Les bouveries et bergeries ont la même étendue que les corps d’échaudoirs. On trouve en outre dans chacun des cinq abattoirs, des fondoirs pour le suif, des réservoirs et des conduites en plomb qui fournissent l’eau dans toutes les parties des édifices, des voiries ou cours de vidange, des écuries et remises pour le service particulier des bouchers, des lieux d’aisances publics, des parcs aux bœufs, des logements pour les agents ; enfin, un aqueduc voûté conduit toutes les eaux de pluie et de lavage dans les égouts de Paris. On y a ajouté depuis quelque temps des triperies qu’on avait cru dans l’origine devoir en exclure. »
Après quelques autres détails sur la disposition générale des abattoirs, M, Bruyère continue ainsi :
« On peut seulement regretter que la commission ait été privée des renseignements qu’auraient pu donner les bouchers eux-mêmes, si l’esprit qui les animait leur eut permis d’avoir une opinion unanime sur les perfectionnements dont chaque partie de ces établissements était susceptible. La commission avait éprouvé, et j’ai éprouvé avec elle, combien il est difficile de combattre l’esprit de routine et les intérêts particuliers. »
Les architectes qui on fait exécuter ces abattoirs sont : MM. Petit-Radel, Leloir, Gisors, Happe et Poidevin. Ils ont eu pour collaborateurs, MM. les inspecteurs Malary, Colson, Menager, Turmeau, Coussin, Altiret, Clochard et Guénepin.
Au mot Abattoir, on trouve dans le Dictionnaire de l’Industrie, ouvrage in-octavo, dont le premier volume a été publié en 1833, deux articles très curieux concernant ces établissements en général. Le premier, qui a rapport à l’hygiène, est rédigé par M. Parent-Duchâtelet ; le second, qui traite de la construction, est de M. Gourlier, architecte. Nous croyons devoir rapporter ici le paragraphe suivant, qui termine l’article de M. Gourlier.
« La totalité des acquisitions de terrains faites pour l’établissement des abattoirs, a coûté environ 900 000 et la totalité des constructions, environ 17 000 000. Ensemble 17 900 000, qu’il convient de porter, y compris les intérêts depuis le commencement des travaux jusqu’en 1818, époque de l’entrée en jouissance, à 2 000 000.
La surface totale renfermée dans l’enceinte des cinq abattoirs est d’environ 156 500 mètres carrés.
Chaque mètre carré de cette surface revient donc moyennement à 128 francs, dont on peut compter pour la valeur du terrain 6, pour la valeur des constructions 109 et pour les intérêts pendant l’exécution 13. Somme égale à 128.
La surface totale des constructions est d’environ 43 100 mètres carrés.
Chaque mètre carré de ces constructions revient donc pour construction seulement à 395 fr.
Les cinq abattoirs rapportent année commune, pour droits sur les bestiaux, issues et suif, environ 900 000 sur quoi il faut déduire, d’abord pour frais d’entretien et réparation des bâtiments, machines, etc., environ 30 000 et pour frais d’exploitation tant en personnel qu’en matériel, environ 140 000. Ensemble 170 000, ce qui réduit le revenu à 730 000.
Comparativement à la somme totale des dépenses, ce revenu représente un intérêt annuel d’environ trois et deux tiers pour cent, taux qui serait sans doute très faible comme résultat d’une opération purement fiscale, mais qui ne laisse pas d’être satisfaisant, ajouté aux autres avantages que la capitale a recueillis de cette belle création. »
Les cinq abattoirs ont été terminés en 1818 ; une ordonnance de police du 11 septembre de cette année fixa au 15 de ce mois l’époque où ils seraient livrés aux bouchers de Paris, et ordonna qu’à partir de ce même jour les bestiaux ne pourraient plus être conduits dans l’intérieur de cette ville aux étables et abattoirs particuliers.
En 1839, les cinq abattoirs ont rapporté à la ville de Paris un bénéfice de 1 074 475 fr. 50 c. (voir les articles particuliers pour chaque abattoir).
Abbaye (passage de l’).
Il a été formé en 1841 sur la propriété de M. Mathias, et doit son nom à la prison de l’Abbaye, dont il est voisin.
Abbaye (prison de l’).
Le pilori de l’ancienne Abbaye Saint-Germain-des-Prés existait encore en cet endroit au XVIe siècle.
Il fut remplacé par une prison destinée aux militaires. Le bâtiment, de forme carrée, a trois étages.
Au commencement de la révolution, l’Abbaye devint le théâtre de scènes affreuses et sanglantes. En septembre 1792, un grand nombre de détenus, parmi lesquels on comptait quelques ecclésiastiques, y furent massacrés. Parmi les victimes, se trouvaient le comte de Montmorin de Saint-Hérem, ministre des affaires étrangères sous Louis XVI, et l’abbé l’Enfant, prédicateur de Joseph II.
Mesdemoiselles de Sombreuil et Cazotte, qui nous ont laissé de touchants exemples de piété filiale, furent également enfermées à l’Abbaye.
Le 10 novembre 1794, madame Roland sortit de celle prison pour monter sur l’échafaud.
Abbaye (rue de l’).
L’Abbaye Saint-Germain-des-Prés, supprimée en 1790, devint propriété nationale. Pour faciliter l’aliénation de ce vaste domaine, les administrateurs des biens nationaux firent dresser un plan sur lequel on traça deux rues.
La 1re, partant de la place Saint-Germain-des-Prés, devait se terminer à la rue des Petits-Augustins ;
La 2me, prenant naissance à la rue de l’Échaudé, devait aboutir à la rue Saint-Benoît, en coupant, pour atteindre cette dernière voie publique, une partie des propriétés portant aujourd’hui les nos 9 et 11.
Presque tous les actes de vente renfermèrent l’obligation de livrer sans indemnité le terrain nécessaire aux rues projetées.
La 1re reçut son exécution et fut ouverte telle qu’on l’avait tracée sur les plans annexés aux ventes (c’est aujourd’hui la rue Saint-Germain-des-Prés) ;
La 2me, celle qui nous occupe, ne fut percée que jusqu’à sa rencontre avec la rue Saint-Germain-des-Prés.
On lui donna d’abord le nom de rue de la Paix, puis celui de rue de l’Abbaye.
Une décision ministérielle du 9 floréal an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 9 m. 74 c. Cette largeur a été maintenue par une ordonnance royale du 29 avril 1839, qui autorise le prolongement de la rue de l’Abbaye jusqu’à la rue Saint-Benoit. Toutefois, cette disposition ne peut être exécutée qu’après que la ville de Paris aura été autorisée à acquérir les immeubles ou portions d’immeubles qui ne sont pas grevés de la servitude de livrer sans indemnité le terrain nécessaire à ce prolongement.
Les constructions de la rue de l’Abbaye sont toutes à l’alignement. Il existe sous cette voie publique une conduite des eaux de l’Ourcq (voir Germain-des-Prés, église Saint).
Acacias (petite rue des).
Ouverte en 1790, elle porta d’abord le nom d’avenue Montmorin. M. le comte de Montmorin de Saint-Hérem, ministre des affaires étrangères sous Louis XVI, était propriétaire de terrains situés près de cette communication.
Elle prit ensuite le nom de Petite-rue-des-Acacias (voyez l’article suivant).
La largeur de cette voie publique est de 17 m. 55 c. Quelques portions de terrain sont sujettes à retranchement. Il existe sous cette rue une conduite des eaux de l’Ourcq (partie comprise entre le boulevart des Invalides et la rue Masseran.)
Acacias (rue des).
En vertu des lettres-patentes du 13 septembre 1782, registrées au Parlement le 20 du même mois, les administrateurs de l’Hôtel-Royal des Invalides furent autorisés à aliéner, soit à vie, soit à bail emphythéolique, des terrains situés entre cet hôtel, l’École-Militaire et le Gros-Caillou.
Par suite de ces lettres-patentes, un plan fut dressé. Il contenait l’indication de plusieurs percements.
Le sieur Alexandre-Théodose Brongniart, architecte du roi et propriétaire de terrains voisins de ceux qu’on avait aliénés, voulut de son côté coopérer à l’exécution du plan. À cet effet, il demanda une autorisation qui lui fut accordée par arrêt du conseil du 30 juin 1790.
En vertu de cet arrêt, le sieur Brongniart fit ouvrir quatre communications, dont trois furent plantées d’arbres. Ce propriétaire était tenu d’établir à ses frais le premier pavage des nouvelles voies publiques.
La rue qui fait l’objet du présent article, et dont la largeur était fixée à 17 m. 55 c., fut appelée rue des Acacias, en raison de la nature des arbres qui bordaient ses deux côtés. Les trois autres voies publiques sont ainsi désignées : Petite-rue-des-Acacias, rues Masseran et Neuve-Plumet.
Une décision ministérielle du 12 décembre 1822 prescrivit la réduction de la largeur de la rue des Acacias à 12 m. En vertu d’une ordonnance royale du 20 septembre 1842, la largeur de cette voie publique est définitivement fixée à 17 m. 50 c.
Les propriétés riveraines sont alignées, à l’exception de celles qui sont situées sur le côté gauche, entre la Petite-rue-des-Acacias et la rue Neuve-Plumet. — Conduite d’eau dans la partie qui s’étend de la Petite-rue-des-Acacias à la rue de Sèvres.
Accouchement (hospice de l’).
Cet hospice occupe les bâtiments de l’ancienne abbaye de Port-Royal. Fondéé en 1204, par Mathieu de Montmorenci, seigneur de Marly, et par Mathilde Garlande, sa femme, dans le fief de Porrois ou Port-Royal, près de Chevreuse, cette abbaye fut transférée à Paris en 1625, dans la maison de Clagny, située à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques. L’église, commencée en 1648, fut terminée la même année. Le pape permit qu’on établit dans ce monastère l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. On conservait dans l’église une épine de la sainte-couronne. L’abbaye de Port-Royal fut supprimée en 1790.
Pendant le régime de la terreur, cette maison reçut le nom de Port-Libre, et fut convertie en prison. Il est assez difficile de comprendre l’espèce de liberté dont jouissaient les prisonniers dans cet établissement. Peu de temps après, on y enferma les militaires.
Arrêté du comité du salut public. — 13 brumaire an IV (Convention Nationale).
« Le comité du salut public voulant prévenir l’exécution du décret du 10 de ce mois, arrête :
» Article 1er. La commission des secours publics fera transférer dans le plus court délai, dans la maison de Port-Libre, rue de la Bourbe, les nourrices et les enfants actuellement placés dans celle dite du Val-de-Grâce ; en conséquence, les prisonniers qui se trouvent dans ladite maison seront évacués.
» Art. 2. Elle fera également les dispositions nécessaires pour rétablir les femmes en couche dans la maison du ci-devant institut de l’Oratoire. L’autorise à cet effet à donner congé aux locataires qui l’occupent ; à traiter de gré à gré ou à dire d’experts, des indemnités qui pourraient leur être dues, et à leur en payer le montant sur les fonds mis à sa disposition.
» Art. 3. Les ouvrages qu’exigera la nouvelle destination des maisons ci-dessus, seront exécutés par la commission des travaux publics, sur les plans et devis qui leur en seront remis par celle des secours.
» Art. 4. Charge ces deux commissions et celle de police, chacune en ce qui la concerne, de l’exécution du présent arrêté. » (Extrait du Moniteur, 13 brumaire an IV.)
Cet établissement porta plus tard, avec la maison de l’Allaitement ; le nom d’Hospice de la Maternité.
Dans la maison de la Maternité, rue d’Enfer, étaient les élèves de l’école d’accouchement, et dans celle de la Maternité, rue de la Bourbe, logeaient les femmes dont l’accouchement était prochain, ainsi que les enfants nouveau-nés. On y plaça dans la suite des enfants trouvés. Depuis 1814, cet état de choses a été modifié. Les deux établissements sont distincts et indépendants l’un de l’autre : les femmes enceintes, les femmes en couche et les élèves sages-femmes sont réunies dans l’ancienne maison de Port-Royal, et les enfants nouveau-nés ont été transférés dans la maison de l’Oratoire, rue d’Enfer, no 74. Les pauvres femmes accouchaient autrefois à l’Hôtel-Dieu. Il n’y avait pour elles que 106 lits. Les plus grands contenaient souvent quatre femmes en couche.
Occupées à des travaux en rapport avec leur position, ces femmes en reçoivent un salaire. On leur fournit du linge et même des vêtements. Elles doivent sortir de l’hospice huit jours après leur délivrance, à moins d’ordre contraire du médecin.
Cet hospice compte 450 lits environ, et occupe 60 employés.
L’école d’accouchement est comprise dans cet établissement. Les préfets doivent y envoyer chaque année une ou plusieurs élèves, selon les fonds dont ils peuvent disposer. Pour être admises, ces femmes doivent être âgées de 18 à 35 ans au plus. Outre la pension de 600 fr., chaque élève reçoit en arrivant une somme suffisante pour acheter des livres. Elles sont nourries, logées, éclairées et fournies de linge. À la fin de l’année, les élèves subissent un examen devant un jury compose de médecins et de chirurgiens, qui décerne des prix aux plus habiles.
Affaires Étrangères (ministère des).
Ce ministère comprend les quatre directions suivantes : politique, commerciale, archives et chancelleries, comptabilité.
Le bureau de la chancellerie est le seul ouvert au public. Il est chargé, sous les ordres du directeur des archives, de la correspondance concernant les réclamations particulières des sujets français contre les étrangers, ainsi que des travaux relatifs aux passeports et légalisations, à l’état civil, aux commissions rogatoires, à la transmission des actes judiciaires, aux significations à l’étranger, etc.
Ce ministère est établi dans l’ancien hôtel Bertin. Connue sous le nom d’hôtel de la Colonnade, cette propriété, construite par un duc et pair, embellie par M. de Reuilly, fermier général, fut quelque temps habitée sous la Convention par le jeune général qui venait de la sauver dans la journée du 13 vendémiaire.
Dans cet hôtel furent déposées les armes enlevées aux sections.
Quelques jours après, un enfant de dix à douze ans se présente à l’hôtel de la Colonnade. Il demande à parler au général Bonaparte.
La douceur de son visage, la distinction de sa personne excitent l’intérêt et la sympathie.
Un aide-de-camp le conduit dans le cabinet de Napoléon.
Le général en chef de l’armée de l’intérieur était entouré d’officiers qui commençaient à adorer cette étoile naissante.
L’enfant, troublé un instant, se recueille et s’avance vers Bonaparte
« Citoyen général, dit-il, je m’appelle Eugène Beauharnais ; mon père était, comme vous, un digne défenseur de la république. Dénoncé au comité du salut public, il est mort sur l’échafaud ! Il est mort, ne laissant pour tout patrimoine à son fils que son épée. Citoyen général, on nous a enlevé cette épée, et je viens, au nom de votre gloire vous la redemander. »
Ces paroles, pleines de noblesse et de fierté, devaient plaire à Napoléon. Sa physionomie, si calme d’ordinaire, respirait un air de satisfaction.
« C’est bien jeune homme, c’est très bien ce courage et cette tendresse filiale vous honorent. L’épée de votre père vous sera rendue. »
Puis, faisant signe à un aide-de-camp, il lui dit quelques mots à voix basse. L’officier sort et reparait bientôt avec une épée que Bonaparte remet lui-même au jeune Beauharnais. Eugène la saisit avidement, la serre contre son cœur, puis la baise avec respect.
Napoléon, visiblement ému, encourage le jeune Beauharnais à suivre le noble exemple de son père, puis il le congédie en l’invitant à venir le voir.
Ce fut à ce même hôtel de la Colonnade que s’accomplit le mariage de la mère d’Eugène avec Bonaparte, le 9 mars 1796. Le jour même, les nouveaux époux allèrent habiter la petite maison de la rue Chantereine, dont Napoléon avait déjà fait l’acquisition.
Aguesseau (d’), voyez Daguesseau.
Aiguillerie (rue de l’).
On la nommait en 1220 rue Alain de Dampierre ; en 1449, cloître Sainte-Opportune. En 1650, elle portait le nom de l’Esguillerie, en raison, dit Sauval, des marchands d’esguilles (aiguilles) qui y demeuraient.
Une décision ministérielle du 21 prairial an X, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 7 m.
Une ordonnance royale du 16 août 1836 a porté cette largeur à 14 m., en prescrivant l’élargissement immédiat de la rue de l’Aiguillerie, au moyen de l’acquisition, pour cause d’utilité publique, des immeubles situés sur le côté gauche. Cette amélioration a été exécutée. Les constructions du côté des numéros impairs ne sont pas soumises à retranchement. La propriété no 3 devra même, pour exécuter l’alignement, avancer sur ses vestiges actuels de 1 m. 60 c. à 3 m. 50 c. ; sur le côté opposé, la maison no 10 est alignée. Les autres constructions de ce côté sont assujetties à un retranchement qui varie de 2 m. 90 c. à 3 m. 65 c. — Éclairage au gaz (compe Anglaise). — La rue de l’Aiguillerie, avant le percement de la rue Sainte-Opportune, débouchait par un retour d’équerre sur la place du même nom. Ce débouché est confondu aujourd’hui dans la rue Sainte-Opportune.
Air (avenue du Bel).
Cette avenue, tracée sur le plan de Jaillot, n’avait point alors de dénomination. Sa position un peu élevée et découverte lui a fait donner le nom qu’elle porte. Une décision ministérielle à la date du 23 ventôse an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de celle voie publique à 39 m. Les constructions riveraines ne sont soumises qu’à un léger redressement.
Air (cour du Bel).
Son nom lui vient de l’hôtel du Bel-Air.
Albouy (rue).
Une ordonnance royale du 31 mars 1824, a autorisé le sieur Albouy à ouvrir sur les terrains dont il était propriétaire, une rue de 10 m. de largeur.
Cette autorisation a été accordée à la charge par l’impétrant de supporter les frais du premier pavage et du premier établissement de l’éclairage de la nouvelle rue, et en outre de se soumettre aux lois et règlements sur la voirie de Paris. Ce percement a été immédiatement exécuté. — Les constructions riveraines sont alignées. — Éclairage au gaz (compe de Belleville).
Alger (rue d’).
Les sieurs Périer frères et Chéronnet, propriétaires de l’ancien hôtel de Noailles et de ses dépendances, obtinrent à la date du 20 septembre 1830, une ordonnance royale portant autorisation d’ouvrir sur cet emplacement une rue de 10 m. de largeur. Suivant cette ordonnance, les constructions en bordure ne devaient pas excéder 15 m. de hauteur, sauf les maisons aux encoignures des rues de Rivoli et Saint-Honoré, qui pourraient avoir 18 m. d’élévation dans une profondeur de 15 m.
Ce percement fut immédiatement exécuté ; il porta jusqu’en 1832 le nom de rue Louis-Philippe 1er. À cette époque la rue Lappe, située dans le faubourg Saint-Antoine, ayant pris par une circonstance toute particulière le nom du roi, on donna à la voie publique, faisant l’objet du présent article, la dénomination de rue d’Alger, en mémoire de la prise de cette ville par l’armée française, le 5 juillet 1830. Une ordonnance royale du 16 novembre 1834 porte que la hauteur des maisons riveraines de la rue d’Alger pourra être élevée à 16 m. Toutes les constructions bordant cette voie publique sont à l’alignement. — Éclairage au gaz (compe Anglaise). — Égout et conduite d’eau.
Alibert (rue).
En 1740, c’était la ruelle Dagouri, peu de temps après la rue Notre-Dame, puis la ruelle des Postes, et enfin l’impasse Saint-Louis, en raison de sa proximité de l’hôpital de ce nom. Le 28 vendémiaire an XI, une décision ministérielle, signée Chaptal, avait fixé à 10 m. la largeur de cette impasse qui devait être prolongée jusqu’à la rue Saint-Maur.
Une ordonnance royale, à la date du 6 décembre 1827, confirma cette dernière disposition qui n’est pas encore exécutée, et porta la largeur de cette voie publique à 13 m. La rue Bichat, dont l’ouverture eut lieu en 1824, convertit en rue l’impasse Saint-Louis. En vertu d’une décision du roi, du 19 janvier 1840, cette voie publique reçut la dénomination d’Alibert. J.-L. Alibert, célèbre médecin, auteur du Traité des Fièvres intermittentes pernicieuses, fit pendant longtemps à l’hôpital Saint-Louis une excellente clinique sur les maladies cutanées. Il naquit le 12 mai 1766, et mourut le 5 novembre 1837 d’une affection cancéreuse à l’estomac. — Les constructions riveraines sont alignées, à l’exception d’une maison située sur le côté droit près de la rue Bichat.
Aligre (passage de l’hôtel d’).
Ainsi nommé parce qu’il traverse l’ancien hôtel d’Aligre.
Le grand conseil a tenu longtemps ses séances dans cet hôtel.
Aligre (rue d’).
Cette rue, ouverte en décembre 1778, sur les dépendances de l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs, avait été autorisée par des lettres-patentes du 17 février 1777, enregistrées au parlement le 24 août de la même année.
Fixée à 42 pieds de largeur, elle ne fut cependant exécutée qu’à 13 m. 50 c. Cette dimension a été maintenue par une décision ministérielle du 17 brumaire an XII, signée Chaptal. La dénomination affectée à cette voie publique rappelle Étienne-François d’Aligre, né en 1726, et qui fut président à mortier en 1768, et premier président au parlement de Paris. D’Aligre mourut à Brunswick en 1798 (voyez Beauveau, marché).
Les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau.
Allée (passage de la Longue).
Son premier nom fut celui de passage de l’Égout. Il a été construit sur les dépendances du couvent des dames Saint-Chaumont.
Alouette (rue du Champ-de-l’).
Elle doit son nom à un champ très vaste sur lequel elle fut ouverte. Elle porta d’abord le nom de rue Saint-Louis. Une décision ministérielle à la date du 23 ventôse an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Quelques constructions sont alignées.
Conduite d’eau depuis la rue de Lourcine jusqu’à la rue du Petit-Champ.
Amandiers (barrière des).
Cette barrière, qui doit son nom à la rue des Amandiers, n’a qu’un bâtiment rectangulaire surmonté d’un couronnement (voir l’article Barrières).
Amandiers (chemin de ronde de la barrière des).
L’alignement de ce chemin de ronde est exécuté dans les deux tiers de son étendue (voyez l’article Chemins de ronde).
Amandiers-Popincourt (rue des).
Ce n’était encore qu’un chemin sous le règne de Louis XIII. Il a pris son nom de la quantité d’amandiers qu’on voyait dans le terrain sur lequel elle fut ouverte. Une décision ministérielle du 23 messidor an IX, signée Chaptal, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 6 mai 1827, cette dimension est maintenue pour la partie comprise entre les rues Popincourt et Saint-Maur ; le surplus a été porté à 13 m. de largeur. Les maisons portant les numéros ci-après sont alignées 1, 5, 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 31, 33, 35 et 37 ; et le terrain à l’encoignure du chemin de ronde, 2, 8, 10, 30, 32, 34, 36, 40 et 42. — Égout depuis la rue Popincourt jusqu’à l’avenue Parmentier, et conduite d’eau depuis cette avenue jusqu’à la rue Folie-Regnault.
Amandiers-Sainte-Geneviève (rue des).
On l’appelait en 1300, rue de l’Allemandier ; en 1334, des Amandiers ; en 1386, rue des Allemandiers ; en 1392 et depuis, la rue des Amandiers. Une décision ministérielle du 8 brumaire an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. La maison no 2 est alignée. Celles nos 16 et 18 ne sont soumises qu’à un très faible retranchement. — Éclairage au gaz (compe Parisienne). — Le collége des Grassins était situé dans cette rue, au no 14. Il fut fondé en 1569, par Pierre Grassin, conseiller au parlement. Ses descendants augmentèrent cet établissement. Devenu propriété nationale, il a été vendu en trois lots le 8 octobre 1833.
Ambigu-Comique (théâtre de l’).
Le sieur Audinot, acteur de la comédie italienne, est le fondateur de l’Ambigu-Comique. Il ouvrit, au mois de février 1759, un théâtre à la foire Saint-Germain ; puis, sur le boulevart, un spectacle de marionnettes auxquelles il substitua des enfants. Grâce à la gentillesse et à l’intelligence précoce des jeunes artistes, ce spectacle fit fureur. Audinot donna à son théâtre cette devise, dans laquelle se trouvait son nom Sicut infantes audi nos. Un poète, l’abbé Delille, a peint l’empressement du public dans ce joli vers
« Chez Audinot, l’enfance attire la vieillesse. »
Tout Paris courut à ce théâtre ; l’Opéra resta désert. Les administrateurs du Grand-Théâtre, jaloux des succès d’Audinot, obtinrent à la fin de l’année 1771, un arrêt du conseil qui réduisit l’Ambigu-Comique à l’état de spectacle de dernière classe. On lui ordonna de supprimer les danses ainsi qu’une grande partie de son orchestre. Cette mesure, regardée comme une injustice, causa alors une grande rumeur. Peu de temps après, le théâtre d’Audinot parvint à recouvrer son ancienne liberté, moyennant une contribution annuelle de 12 000 livres qu’il dut payer à l’Opéra. La comtesse Du Barry, pour égayer le roi Louis XV, fit venir, au mois d’avril 1772, la troupe d’Audinot à Choisy. Un incendie, qui éclata en 1827, dévora complètement les bâtiments de ce théâtre ; sa reconstruction ne put avoir lieu sur le boulevart du Temple ; l’isolement qui était imposé aurait trop restreint les proportions des bâtiments : on fut donc forcé de rebâtir l’Ambigu-Comique dans un autre endroit ; on fit choix de l’emplacement actuel, qui offre toute la sécurité désirable. Les divers planchers de ce théâtre sont construits en fer et maçonnés en poteries ; les combles sont également en fer et couverts en ardoises ; le mur au droit de l’avant-scène, et séparant le théâtre de la salle, s’élève en gradins au-dessus des combles de ces deux parties ; enfin un rideau mobile en treillis de fer a été disposé en cet endroit. L’emplacement occupé par l’Ambigu a été acheté 385 515 fr. ; la démolition des anciennes constructions et l’exécution de la totalité des travaux ont eu lieu en moins de dix mois, et ont coûté 1 347 944 fr. ; les machines figurent pour 69 000 fr., et la peinture de décor a coûté 17 000 fr. Cette salle, construite de 1827 à 1828, par MM. Hittorf et Lecointe, architectes, peut contenir 2 000 personnes ; elle a été livrée au public le 8 juin 1828. Prix des places en 1843 : avant-scène des 1res, 5 fr. ; id. des 2es, 2 fr. 50 c. ; balcon des 1res 2 fr. ; stalle de balcon, 2 fr. ; stalles d’orchestre et de 1re galerie, 2 fr. 50 c. ; 1re loge de face, 3 fr. 50 c. ; 1re de côté et 2e de face, 2 fr. 50 c. ; baignoire de face, 2 fr. 50 c. ; baignoire de côté, orchestre et 1re galerie, 2 fr. ; 2e galerie, 1 fr. 50 c.; parterre, 1 fr. 25 c.
Amboise (impasse d’).
Elle a pris son nom de l’hôtel d’Amboise qui y était situé au XIVe siècle.
Une décision ministérielle du 6 vendémiaire an XIV, signée Champagny, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. les constructions riveraines sont soumises à un retranchement qui varie de 1 m. 40 c. à 1 m. 80 c. — Le collége grec ou de Constantinople était anciennement dans cette impasse ; il fut fondé en 1206, et réuni, en 1420, au collége de la Marche, dont nous parlerons à l’article Geneviève (rue de la Montagne Sainte-).
Amboise (rue d’).
Des lettres-patentes, à la date du 14 octobre 1780, autorisèrent le percement de cette rue sur les terrains appartenant à M. Étienne-François de Choiseul, duc de Choiseul-Amboise, pair de France, marquis de Stainville et de la Bourdaisières, et ministre d’état. Ces lettres-patentes portent que la rue nouvelle sera nommée rue d’Amboise ; ce percement, dont la largeur était fixée à 25 pieds, a été exécuté en 1781 sur une dimension de 8 m., qui a été maintenue par une décision ministérielle du 3 frimaire an X, signée Chaptal. Toutes les constructions riveraines sont alignées. — Éclairage au gaz (compe Anglaise). (Voyez Opéra-Comique, théâtre de l’).
Ambroise (église Saint-).
Cette église, bâtie en 1659, servait autrefois de chapelle aux religieuses Annonciades du Saint-Esprit. L’ordre des Annonciades fut fondé par Jeanne de France, fille de Louis XI et première femme de Louis XII. Établies d’abord à Bourges, ces religieuses quittèrent cette ville pour venir à Paris, rue de Sèvres, occuper une maison qu’elles cédèrent peu de temps après à l’Abbaye-aux-Bois. Le 12 août 1636, elles s’installèrent à Popincourt, où elles demeurèrent jusqu’en 1780, époque de la suppression de leur communauté. En 1781, deux rues furent tracées sur l’emplacement de cette maison. — La première a pris le nom de rue Saint-Ambroise (voir cet article) ; la deuxième, appelée de Beauharnais, a été supprimée par décision ministérielle du 9 octobre 1818. La chapelle, qui était propriété nationale, fut vendue le 2 prairial an V, et devint en 1802 la seconde succursale de la paroisse Sainte-Marguerite.
L’église Saint-Ambroise a été rachetée par la ville de Paris, le 31 août 1811, moyennant 67 500 fr.
Elle a été restaurée et considérablement agrandie par M. Godde, architecte ; elle a été bénite le 15 novembre 1818.
Ambroise (impasse Saint-).
Cette impasse, qui est une propriété particulière, a été formée il y a une vingtaine d’années.
Ambroise (rue Saint-).
Elle a été percée, vers 1783, sur l’emplacement du couvent des religieuses Annonciades du Saint-Esprit ; sa largeur fut alors fixée à 9 m. 74 c. En 1802, elle reçut la dénomination de rue Saint-Ambroise, en raison de sa proximité de l’église des Annonciades, dédiée à saint Ambroise. Une décision ministérielle du 6 pluviôse an IX, signée Chaptal, a maintenu la largeur de 9 m. 74 c. Les constructions ne sont pas soumises à retranchement. — Conduite d’eau. Éclairage au gaz (compe de Belleville). (Voir Ambroise, Église Saint-).
Amélie (rue).
Les sieurs Wauthy et Fabus de Maisoncelle, propriétaires de terrains situés entre les rues Saint-Dominique et de Grenelle, au Gros-Caillou, obtinrent, le 6 septembre 1772, des lettres-patentes qui autorisaient le percement d’une rue de 24 pieds de largeur. Ces deux propriétaires devaient concéder gratuitement, et chacun par moitié, l’emplacement nécessaire à l’exécution du percement. Ces lettres-patentes furent enregistrées au parlement, le 23 août 1774. Un seul propriétaire exécuta cette condition ; il en résulta que la rue ne fut ouverte que sur la moitié de la largeur fixée par les lettres patentes. Cet état de choses durait encore en 1823 ; à cette époque, M. Pihan de Laforest, propriétaire riverain, et un grand nombre d’habitants, s’adressèrent à l’autorité supérieure, et demandèrent l’exécution complète des lettres-patentes de 1772. Cette demande fut accueillie favorablement, et le ministre de l’intérieur décida, le 12 juin 1824, que la rue, qui jusqu’alors n’était connue sur les plans que sous le nom de rue projetée, s’appellerait désormais rue Amélie : c’était le nom de baptême de la fille de M. Pihan de Laforest. Enlevée à l’âge de quinze ans, cette jeune personne réunissait toutes les vertus chrétiennes. Mais les clauses insérées dans les lettres-patentes ne furent point exécutées ; des contestations s’élevèrent entre la ville de Paris et les propriétaires du terrain qui devait être livré pour l’exécution complète du percement. Un jugement du tribunal de première instance débouta, en 1826, la ville de ses prétentions, et en 1832, un arrêté du préfet de la Seine a prescrit la clôture à ses deux extrémités de la rue Amélie.
Amelot (rue).
Au mois de mai 1777, le roi ordonna, par lettres-patentes, que les fossés de la ville en toute leur étendue, depuis le pont Saint-Antoine jusqu’au grand égout, seraient remplis au moyen des gravois et des décharges publiques, jusqu’à la hauteur du chemin de la Contrescarpe ; et à six pieds ou environ plus bas que le sol du rempart. Par ces mêmes lettres-patentes, il fut arrêté que les terrains des fossés seraient divisés en plusieurs rues, dont l’une aurait son ouverture dans la demi-lune à l’entrée du faubourg Saint-Antoine et aboutirait à la rue Saint-Sébastien, serait appelée rue Amelot, et aurait 36 pieds de largeur. M. Amelot était en 1777 ministre secrétaire d’état au département de Paris. Ce percement fut effectué en 1781. Une décision ministérielle du 25 messidor an X signée Chaptal, a maintenu sa largeur primitive. Lors de l’exécution du canal Saint-Martin, la partie de la rue Amelot débouchant sur la place de la Bastille a été supprimée. Toutes les constructions riveraines sont alignées. — Égout depuis la rue du Chemin-Vert jusqu’à la rue Saint-Sébastien. Éclairage au gaz (compe Lacarrière).
Amsterdam (rue d’).
En vertu d’une ordonnance royale du 2 février 1826, MM. Jonas Hagerman et Sylvain Mignon furent autorisés à former sur leurs terrains les rues, portions de rues, de boulevart et place ci-après indiquées : Amsterdam (rue d’), Berlin (rue de), Bruxelles (rue de), Constantinople (rue de), Europe (place d’), Florence (rue de), Fontaine (rue), Gênes (rue de), Hambourg (rue de), Lisbonne (rue de), Londres (rue de), Madrid (rue de), Malesherbes (prolongement du boulevart), Messine (rue de), Miroménil (prolongement de la rue de), Munich (rue de), Naples (rue de), Pétersbourg (rue de Saint-), Plaisance (rue de), Rocher (prolongement de la rue du), Rome (rue de), Tivoli (rue de), Turin (rue de), Vienne (rue de). Ces dénominations furent approuvées par une décision ministérielle du 5 août 1826. L’ordonnance précitée imposa aux impétrants, entre autres conditions, celles de faire établir à leurs frais, de chaque côté des nouvelles voies, des trottoirs en pierre dure, d’une largeur de 2 m. dans les rues de 15 m., et de 1 m. 60 c. dans celles de 12 m. ; de supporter les frais d’établissement de pavage et d’éclairage ; de fermer par des grilles en fer ou par des portes l’entrée des rues qui ne pourraient, quant à présent, avoir de débouchés ; de se conformer aux lois et règlements sur la voirie de Paris. La rue d’Amsterdam, telle qu’elle avait été autorisée sur les terrains de MM. Hagerman et Mignon, formait deux impasses séparées par le carrefour où viennent aboutir les rues de Londres, de Stockolm et de Tivoli. L’impasse qui prenait naissance à la rue de Tivoli, et dont la longueur était de 141 m., a été prolongée récemment sur les terrains appartenant à divers particuliers, jusqu’à la rue Neuve-de-Clichy. L’autre impasse, qui avait son entrée entre les rues de Londres et de Stockolm, vient d’être continuée jusqu’à la rue Saint-Lazare, en vertu d’une ordonnance royale du 17 juillet 1843, qui a déclaré d’utilité publique l’exécution immédiate de ce percement.
La rue d’Amsterdam doit sa dénomination à la capitale de la Hollande. Sa largeur est fixée à 12 m. Les constructions riveraines sont alignées. La rue de Munich n’a pas été ouverte ; celles de Florence, de Gênes, de Naples et de Turin avaient été tracées seulement sur le terrain. Leur emplacement est occupè aujourd’hui par une partie du chemin de fer de Paris à Saint-Germain.
Anastase (rue Neuve-Sainte-).
Le titre le plus ancien qui constate l’existence de cette rue est un censier de Saint-Éloy, de 1367, qui l’indique sous le nom de ruelle Saint-Paul.
Nous la croyons pourtant construite bien avant cette époque ; elle doit son nom actuel à une statue de Sainte-Anastase ; la qualification de Neuve ne saurait lui convenir aujourd’hui, attendu qu’elle est beaucoup plus ancienne que la rue Sainte-Anastase, au Marais.
Une décision ministérielle du 8 prairial an VII, signée François de Neufchâteau, fixa la largeur de cette voie publique à 4 m. En vertu d’une ordonnance royale du 4 août 1838, l’îlot des maisons qui sépare la rue Neuve-Sainte-Anastase de celle des Prêtres-Saint-Paul, doit être démoli pour former sur ce point une petite place. Les constructions, du côté droit de cette voie publique ne sont pas soumises à retranchement. — Conduite d’eau depuis la rue des Prêtres-Saint-Paul jusqu’à la borne-fontaine.
Anastase (rue Sainte-).
Ce nom lui vient des religieuses hospitalières de Sainte-Anastase, dites depuis de Saint-Gervais. Un procès-verbal d’alignement constate qu’en 1620, des constructions commencèrent à s’élever sur la culture Saint-Gervais.
Dans cette pièce, qui est datée du 4 juillet de la même année, il est dit « qu’on a jugé nécessaire d’ouvrir sur les terrains de cette culture une rue de vingt pieds de large, qu’on appellera rue Sainte-Anastase. »
Une décision ministérielle du 13 fructidor an VII, signée Quinette, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 31 mars 1835, cette largeur est portée à 10 m.
Les maisons du côté des numéros pairs ne sont soumises qu’à un léger redressement ; celles du côté des numéros impairs devront reculer de 2 m. 10 c. à 2 m. 30 c.
Ancre (passage de l’).
Il doit son nom à une enseigne. De 1792 à 1805, on l’appela passage de l’Ancre Nationale.
André-des-Arts (place Saint-).
La nouvelle enceinte de Paris, dont Philippe-Auguste avait ordonné la construction, morcelait les propriétés et les terres seigneuriales. Des contestations s’élevèrent entre l’évêque de Paris et l’abbé de Saint-Germain-des-Prés. Ces différends furent terminés par une sentence arbitrale, rendue au mois de janvier de l’an 1210, par laquelle il fut dit que la juridiction spirituelle appartiendrait à l’évêque de Paris dans l’étendue du territoire qui venait d’être renfermé dans la nouvelle enceinte, mais que l’abbé de Saint-Germain, par compensation, y pourrait faire bâtir deux églises ; l’une fut celle de Saint-André-des-Arts, et l’autre de Saint-Côme et de Saint-Damien. On choisit, pour élever cette première église, un emplacement où, depuis le VIe siècle, existait un oratoire sous l’invocation de Saint-Andéol, dont on fit Saint-Andeu, Saint-Andri, enfin Saint-André. Cette chapelle se trouvait sur le territoire de Laas ou de Lias, dont le nom par corruption devint Ars, Arcs et en dernier lieu Arts. Au XVIe siècle, une grande partie de cette église et la nef entière furent reconstruites ; la façade principale était un ouvrage du XVIIe siècle. Devenue propriété nationale, cette église fût vendue le 4 fructidor an V (21 août 1797), et abattue quelques années après. Par décision du 15 prairial an XIII, le ministre Champagny prescrivit la formation d’une place. Un arrêté préfectoral du 24 mars 1809 porte ce qui suit : « Le terrain de l’ancienne église Saint-André-des-Arts, appartenant à M. Parrein, général de brigade, et aux héritiers Bouret, est acquis par la ville de Paris pour être réuni à la voie publique et former la place Saint-André-des-Arts. Signé Frochot. » Une ordonnance royale du 22 août 1840 a déterminé les alignements de cette voie publique.
Les maisons nos 1, 3, 5 et 7 sont alignées. Les autres constructions ne sont soumises qu’à un faible retranchement. — Égout et conduite d’eau. Éclairage au gaz (compe Parisienne).
André-des-Arts (rue du cimetière Saint-).
Elle fut ouverte en 1179, sur le territoire de Laas. En 1255 on la nommait rue aux Sachettes, en raison de certaines religieuses revêtues de robes en forme de sacs, et qui vers cette époque, avaient établi un couvent en cet endroit. Tous les matins, ces sœurs, ainsi que nous le voyons dans les Crieries de Paris, parcouraient les rues de cette ville, quêtaient leur nourriture en chantant :
« Ça du pain por Dieu aux sachesses,
Par ces rues sont granz les presses. »
Cette congrégation, n’étant pas légalement autorisée, fut supprimée vers 1350. La rue changea alors sa dénomination, et prit celle de rue des Deux-Portes, jusqu’en 1356, époque de la formation du cimetière de la paroisse Saint-André-des-Arts. Une décision ministérielle en date du 15 floréal an V, signée Benezech, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur est portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840. Les maisons nos 11 et 13 ne sont soumises qu’à un très faible retranchement. — Au no 3, était situé le collége de Boissi. Il fut fondé en 1358 par Étienne Vidé, natif de Boissi-le-Sec, chanoine de l’église de Chartres et clerc du roi. Ce collége a été réuni en 1764 à l’Université.
André-des-Arts (rue Saint-).
Le territoire de Laas, couvert de vignes, fut aliéné en 1179, par Hugues, abbé de Saint-Germain-des-Prés, à la charge d’y construire des maisons. Plusieurs rues furent promptement ouvertes. L’une d’elles, qui touchait à l’oratoire de Saint-Andéol prit le nom de Saint-Andéol-de-Laas, dont on fit bientôt Saint-André-de-Laas. — En 1332, cette voie publique s’appelait rue Saint-Germain-des-Prés. Depuis, on la nomma rue Saint-André-des-Arts.
La partie de cette voie publique comprise entre les rues de la Vieille-Bouclerie et Mâcon fut appelée, au XVe siècle, rue de la Clef, en raison, dit Sauval, de Perrinet-le-Clerc, qui jeta les clefs de la ville par dessus la porte Buci, pour favoriser l’entrée des Bourguignons dans Paris. — Une décision ministérielle du 19 pluviôse an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — Cette largeur est portée à 12 m. en vertu d’une ordonnance royale du 6 mai 1836. — Une autre ordonnance royale du 21 novembre 1837, a déclaré d’utilité publique l’exécution immédiate de l’alignement de la partie de cette rue comprise entre la place Saint-André-des-Arts et celle du pont Saint-Michel ; en conséquence, la ville de Paris a été autorisée à acquérir à l’amiable ou par voie d’expropriation, les maisons du côté gauche de ladite rue, portant les nos 5, 7, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25 et 27. Cette amélioration a été complètement exécutée en 1841. Outre ces propriétés, celles qui portent les numéros ci-après sont alignées : 71, 73, 75 ; 2, 18, 20, 22, 24 et 30. — Égout depuis la place du pont Saint-Michel jusqu’à la rue Git-le-Cœur. — Conduite d’eau depuis la place du pont Saint-Michel jusqu’à la rue de l’Éperon. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).
La porte Buci était située dans la rue Saint-André-des-Arts, près celle Contrescarpe. Sa construction, commencée en 1209, n’était pas encore terminée lorsque Philippe-Auguste la donna à l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, en dédommagement des terrains qu’il avait fallu prendre à ces religieux pour la construction de la nouvelle enceinte de Paris. Elle fut appelée porte Saint-Germain jusqu’en 1352. À cette époque, Jean, abbé de Saint-Germain-des-Prés, la vendit à Simon de Buci, premier président au Parlement. Elle acquit, au commencement du XVe siècle, une triste célébrité par la trahison de Perrinet-le-Clerc. Quelques Parisiens, excités par la faction de Bourgogne, allèrent secrètement, au nombre de sept ou huit, trouver à Pontoise le seigneur de l’Isle-Adam, gouverneur de cette ville pour le duc de Bourgogne et convinrent avec lui du jour, de l’heure et du lieu où ce commandant se présenterait sous les murs de Paris, avec toutes les troupes qu’il pourrait réunir. Dans la nuit du 28 au 29 mai 1418, l’Isle-Adam, suivi de huit cents soldats, arrive sans être aperçu jusqu’à la porte Buci. Perrinet-le-Clerc, qui a dérobé à son père la clef de cette porte, introduit les Bourguignons. Ces derniers, que l’obscurité favoris, s’avancent en silence jusqu’au Châtelet. Là, douze cents Parisiens les rejoignent ; alors de concert, ils s’écrient : Nostre-Dame-la-Paix !… Vive le Roi !… Vive le Dauphin ! Les séditieux, dont le nombre s’accroît à chaque instant, se portent en fureur à l’hôtel Saint-Paul, en brisent les portes, pénètrent jusqu’au roi. Ce malheureux prince, dont les chagrins avaient augmenté la folie, les regarde d’un air insouciant, et ne sait pas répondre aux questions qui lui sont adressées. Ne pouvant rien en tirer, les conjurés le jettent sur un cheval et vont le montrer au peuple.
À la nouvelle de ce malheur, le connétable d’Armagnac se réfugie rue des Bons-Enfants, chez un maçon qui eut la lâcheté de le livrer. — Tanneguy-Duchâtel, prévôt de Paris, parvient à sauver le Dauphin, le transporte à la bastille Saint-Antoine, puis le conduit à Melun, où il fut en sûreté. Le 12 juin 1418, le connétable d’Armagnac, le chancelier de Marie, l’évêque de Coutances son fils, furent massacrés à la Conciergerie, et leurs corps dépouillés restèrent exposés plusieurs jours aux outrages d’une troupe furieuse. Le nombre des prisonniers qui, par suite de ces événements, perdirent la vie par l’eau, par le fer et par le feu, se monta à quinze cent dix-huit. La porte Buci fut fermée quelque temps après cette catastrophe. François 1er la fit rouvrir ; on l’abattit en 1672, en vertu d’un arrêt du 19 août de cette année. — Au no 30 était situé le collége d’Autun. Il fut fondé, en 1341, par le cardinal Bertrand, évêque d’Autun. En 1764, il fut réuni au collége Louis-le-Grand. Ses bâtiments, devenus propriété de l’État, ont été vendus le 28 mars 1807.
Andrelas (impasse).
Cette impasse, qui n’a jamais été alignée, doit probablement sa dénomination à un propriétaire riverain. Sa largeur actuelle est de 2 m. 50 c.
Angiviller (rue d’).
« Louis, etc…, voulons et nous plaît ce qui suit : Il sera ouvert, aux frais des sieurs Navau et compagnie, une rue de 24 pieds de largeur, dont l’alignement sera droit et les deux côtés parallèles, sur le terrain qui leur appartient, entre la rue des Poulies et celle de l’Oratoire, laquelle sera nommée rue d’Angiviller, et aura son entrée d’un bout au coin de ladite rue des Poulies et de la place de la Colonnade-du-Louvre, et de l’autre dans la rue de l’Oratoire, le plus près possible de celle Saint-Honoré, etc. Donné à Versailles le 12e jour du mois de mai de l’an de grâce 1780 et de notre règne le septième. Signé Louis. » (Extrait des lettres-patentes.) Procès-verbal d’alignement de cette rue fut dressé par le bureau de la ville, le 29 septembre suivant. Une décision ministérielle du 17 brumaire an XI, signée Chaptal, maintint la largeur primitive, qui a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 23 juillet 1828. Toutes les constructions du côté des numéros pairs sont alignées. Celles du côté opposé devront reculer de 2 m. 40 c.
Le comte de la Billardrie d’Angiviller était directeur et ordonnateur général des bâtiments du roi Louis XVI.
Conduite d’eau depuis la rue des Poulies jusqu’à la borne-fontaine. Éclairage au gaz (compe Anglaise).
Anglade (rue de l’).
Sa dénomination lui vient d’un propriétaire, fabricant de cartes, qui acheta, en 1639, un terrain situé rue des Moulins, sur lequel on forma depuis cette rue. En 1645 on l’appelait rue du Chemin-Gilbert. Un censier de l’archevêché la désigne, en 1663, sous le nom de rue d’Anglas. Depuis, c’est toujours rue de l’Anglade qu’on la nomme. Une décision ministérielle du 3 nivôse an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. Cette largeur est portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826. Les maisons du côté des numéros impairs sont alignées. Celles du côté opposé sont soumises à un retranchement de 3 m. 10 c. — Égout et borne-fontaine. Éclairage au gaz (compe Anglaise).
Anglais (impasse des).
En 1260 on l’appelait le cul-de-sac Sans-Tête ; en 1370, petit-cul-de-sac près la poterne, et petit-cul-de-sac près la fausse poterne, Nicolas Hydron ou Huidelon ; en 1550, c’était le cul-de-sac du Tripot-de-Bertaut, parce qu’un nommé Bertaut y avait établi un jeu de paume ; enfin cul-de-sac des Anglais, à cause de sa proximité de la cour du More, dite aussi cour des Anglais. Une décision ministérielle du 18 octobre 1808, signée Cretet, a fixé sa largeur à 7 m. Les constructions riveraines devront reculer de 2 m. 20 c.
Anglais (rue des).
Son nom lui vient des écoliers anglais que la célébrité de l’Université de Paris attirait dans cette ville. La rue des Anglais était en partie construite sous Philippe-Auguste. Une décision ministérielle du 8 brumaire an X, signée Chaptal, a fixé sa largeur à 6 m. Les maisons nos 7, 2, 4 et 8 sont alignées.
Anglaises (rue des).
Elle tire son nom du couvent des Filles-Anglaises. Une décision ministérielle du 23 ventôse an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. La maison formant l’encoignure gauche de la rue Dervillé, celle qui est située à l’angle de la rue du Petit-Champ et les propriétés nos 2 et 4 ne sont pas soumises à retranchement. — Conduite d’eau depuis la rue du Petit-Champ jusqu’à la borne-fontaine.
Au no 20 était située la maison des Filles-Anglaises. Les lettres-patentes pour la confirmation de leur établissement sont du mois de décembre 1677. Connues sous le nom de Religieuses-Bénédictines-Anglaises, elles dépendaient de l’archevêque de Paris. Par un des articles de leurs statuts, elles devaient prier pour le rétablissement de la religion catholique en Angleterre. Leur couvent, qui contenait en superficie 8 790 m., était circonscrit par les rues des Anglaises, du Petit-Champ et de la Glacière. Supprimé en 1790, il devint propriété nationale et fut vendu le 1er brumaire an VIII.
Angoulême (place d’).
Des lettres-patentes, à la date du 13 octobre 1781, avaient autorisé la formation d’une place à la rencontre des rues d’Angoulême, de Malte et du Grand-Prieuré. Cette place fut tracée en 1782, mais non construite. Peu de temps après on vendit le terrain sur lequel on devait la former, et le ministre Chaptal sanctionna cette suppression. Suivant ces lettres-patentes, qui avaient autorisé l’ouverture de la rue d’Angoulême, il devait être établi, aux encoignures de cette rue et de celle des Fossés-du-Temple, des tours creuses de 9 toises (17 m. 54 c.) de rayon et dont le centre serait placé à l’intersection des axes de ces deux rues. Cette disposition fut exécutée en 1783, et le 1er brumaire an XII, elle fut maintenue par le ministre Chaptal. Quelques années après, cette place reçut le nom d’Angoulême, qu’elle conserve encore aujourd’hui. Les constructions de cette voie publique sont alignées. Voyez Angoulême-du-Temple (rue d’). — Conduite d’eau. Éclairage au gaz (compe Lacarrière).
Angoulême (rue Neuve d’).
Ouverte sans autorisation en 1826, sur les terrains appartenant à M. Martin, elle était connue alors sous le nom de passage du Bon Charles X. En 1830, elle prit la dénomination de La Fayette, et peu de temps après, celle de rue Neuve-d’Angoulême. Un arrêté préfectoral du 7 décembre 1840 a prescrit l’établissement de clôtures aux deux extrémités de cette rue, qui n’est point considérée comme voie publique par l’administration.
Angoulême-du-Temple (rue d’).
« Louis, etc., à nos amés, et féaux conseillers, les gens tenant notre cour de parlement à Paris, salut. Notre cher et bien amé Alexandre-Emmanuel, chevalier de Crussol, brigadier de nos armées, chevalier non profès de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, capitaine des gardes de notre très cher et très amé frère le comte d’Artois, et administrateur général du grands prieuré de France pour notre très cher et très amé neveu le duc d’Angoulême, grand-prieur de France, nous a fait exposer que, depuis que nous ayons bien voulu lui confier l’administration du grand-prieuré de France, par nos lettre-patentes du 13 mars 1777, il s’est occupé des différents moyens d’en améliorer les revenus et qu’il a particulièrement porté ses vues sur les marais du Temple, qui lui ont paru susceptibles d’une amélioration considérable : que ces marais, qui contiennent en superficie plus de vingt-quatre mille toises, sont dans la position la plus avantageuse pour être bâtis ; qu’ils sont situés au bas du boulevart du Temple, dans la partie la plus fréquentée, bordés, d’un côté, par la rue des Fossés-du-Temple, qui est aujourd’hui prolongée jusqu’à la porte Saint-Antoine par la rue Amelot, et de l’autre par la rue Folie-Moricourt qui, par de nouveaux percements, peut faire la communication la plus facile et la plus commode des faubourgs Saint-Martin et du Temple avec celui de Saint-Antoine ; que d’un bout ils donnent sur la rue du Chemin-de-Ménilmontant, dont la partie opposée aux marais est déjà bâtie, et qu’enfin l’autre bout tient aux terres de différents particuliers ; qu’il a obtenu du grand-maitre de l’ordre de Malthe et de son conseil un bref d’autorisation pour donner les terrains dont il s’agit à bail emphytéotique, à la charge d’y bâtir ; et que pour parvenir à une bâtisse régulière et qui puisse en même temps contribuer à l’embellissement de la ville, il a fait dresser, par le sieur Perard de Montreuil, architecte du grand-prieuré, un plan de tous les terrains des marais du Temple, sur lequel sont tracées différentes places et rues qu’il se propose, sous notre bon plaisir, de faire ouvrir, etc., autorisons, voulons et nous plaît ce qui suit : — Article 1er. Il sera pratiqué et ouvert, aux frais du grand-prieuré, sur les terrains et marais appartenant audit grand-prieuré, appelés les Marais-du-Temple : 1o une place qui sera nommée place d’Angoulême, dont la dimension sera de trente-cinq toises sur vingt-cinq ; 2o trois rues qui traverseront lesd. marais dans leur largeur depuis la rue des Fossés-du-Temple jusqu’à celle de la Folie-Moricourt ; la première de ces rues sera nommée rue de Latour ; celle du milieu, allant à la place, rue d’Angoulême, et la troisième, proche l’ancien réservoir de la ville, rue de Crussol ; 3o deux autres rues transversales qui prendront de la rue du Chemin-de-Ménilmontant jusqu’au terrain des particuliers, et même pourront être prolongées au travers des terrains desd. particuliers jusqu’à la rue du Faubourg-du-Temple, lesquelles deux rues porteront la dénomination, savoir : la première, au-dessus du réservoir, de rue de Malthe, et la deuxième, celle de rue du Grand-Prieuré ; le tout ainsi qu’il est tracé au plan ci-dessus énoncé. Lesd. cinq rues auront chacune, conformément à notre déclaration du 16 mai 1765, cinq toises de large, à l’exception de la rue d’Angoulême, qui en aura six, comme étant la principale. — Art. 2. Pour faciliter d’autant les issues et débouchés de ces différentes rues, permettons aud. sieur chevalier de Crussol d’ouvrir une autre rue ou allée également aux frais du grand-prieuré, laquelle descendra du boulevart sur la rue des Fossés-du-Temple, vis-à-vis et dans l’alignement de la nouvelle rue d’Angoulême ; l’autorisons à cet effet à traiter à l’amiable avec les propriétaires du terrain sur lequel cette dernière rue ou allée sera ouverte pour les dédommagements et indemnités qui leur sont dus. — Art. 3. Voulons et entendons que tous les maisons et bâtiments à construire sur led. terrain des marais du Temple soient exempts du logement des gardes françaises et suisses, et autres gens de guerre, jusqu’à la première vente, comme aussi que les acquéreurs des terrains soient dispensés de tous les droits de police et de grande et de petite voiries pour les premières constructions qu’ils feront, et ce, pendant l’espace de six années seulement, à compter du 1er janvier prochain. — Art. 4. Le premier pavé tant de la place que des différentes rues à ouvrir sur ledit terrain des marais du Temple sera fait aux dépens dudit grand prieuré, conformément aux clauses du bail du pavé de Paris, et ledit pavé sera ensuite employé dans les états d’entretien et renouvellement à notre charge, etc. Donné à Versailles, le 13e jour d’octobre, l’an de grâce 1781 et de notre règne le 8e. Signé Louis, et plus bas, par le Roy, Amelot, et scellé. — À côté est écrit : Registrées, ce consentant le procureur-général du Roy, pour jouir par l’impétrant de leur effet et contenu, et être exécutées selon leur forme et teneur aux charges et conditions y portées suivant l’arrêt de ce jour. À Paris, en parlement, le 26 février 1782, signé Isabeau. »
Procès-verbal d’alignement des rues nouvelles fut dressé par le bureau de la ville, le 28 février 1783. — Une décision ministérielle du 1er brumaire an XII, signée Chaptal, a maintenu la largeur primitive de la rue d’Angoulême. La partie comprise entre le boulevart et la rue des Fossés-du-Temple n’a été percée qu’en 1790, ainsi que le constate un procès-verbal émané du département des travaux publics, à la date du 9 septembre de la même année. Depuis 1825, on a prolongé la rue d’Angoulême à partir de la rue Folie-Méricourt. Ce prolongement, dirigé vers la barrière des Trois-Couronnes, ne forme encore aujourd’hui qu’une impasse dont la longueur est de 251 m. environ. — Les constructions riveraines sont alignées, à l’exception des bâtiments situés sur le côté gauche, entre le quai de Jemmapes et la rue Folie-Méricourt et de ceux qui portent le no 2 ; ces derniers sont soumis à un retranchement de 1 m. 10 c. à 1 m. 60 c. — Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême, est né à Versailles le 6 août 1775. Ce prince est en exil depuis 1830. — Conduite d’eau. Éclairage au gaz (compe Lacarrière).
Angoulême-Saint-Honoré (rue d’).
« Louis, etc. ; notre très cher et très amé frère Charles Philippe, fils de France, comte d’Artois, nous a fait exposer que, devenu propriétaire du terrain connu sous le nom de l’Ancienne Pépinière, situé à Paris, faubourg Saint-Honoré, il se proposait d’ouvrir une rue au lieu appelé l’ancien chemin du Roule, laquelle rue porterait à l’avenir le nom d’Angoulême, aurait 30 pieds de large, et serait d’une ligne droite etc. ; permettons notre dit frère le comte d’Artois de percer et ouvrir une rue au lieu connu sous le nom de l’ancien chemin du Roule, laquelle rue portera à l’avenir le nom d’Angoulême et sera sur une ligne droite de 30 pieds de largeur, etc. 29 novembre 1777, signé Louis. » — Ces lettres-patentes furent renouvelées le 4 avril 1778 (voyez Berri, rue Neuve-de-) ; et procès-verbal d’alignement fut dressé par le bureau de la ville, le 24 novembre suivant. — Une décision ministérielle, du 6 nivôse an XII, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. — Sous la république et l’empire, elle a porté le nom de rue de l’Union. — En 1815, elle reprit sa dénomination primitive. Après la révolution de 1830 on l’a appelée pendant quelque temps rue de la Charte. Enfin on lui a rendu le nom d’Angoulême.
Les constructions riveraines sont alignées, à l’exception de celles qui sont situées sur le côté gauche et dans une étendue de 75 m., à partir de l’encoignure de la rue du Faubourg-du-Roule (voyez pour l’étymologie, l’article précédent). — Conduite d’eau. Éclairage au gaz (compe de l’Ouest).
Anjou (quai d’).
Ce quai fut commencé, en 1614, par Christophe Marie, entrepreneur général des ponts de France, continué, en 1623, par Lagrange, repris par Marie et ses associés en 1627, il fut enfin achevé en 1647, par Hébert et autres propriétaires de l’île ; on donna alors à sa partie orientale le nom d’Anjou, à sa partie occidentale le nom d’Alençon ; en 1780, la seule dénomination d’Anjou prévalut en 1792, il prit le nom de quai de l’Union, qu’il changea, en 1805, pour reprendre la dénomination de quai d’Anjou qu’il conserve encore aujourd’hui. — Deux décisions ministérielles, l’une du 24 frimaire an XIII signée Champagny, l’autre du 9 mai 1818, ainsi qu’une ordonnance royale du 9 décembre 1838, ont fixé la moindre largeur de cette voie publique à 7 m. — D’après les alignements arrêtés, les maisons no 19 bis, 19 ter et 21, sont seules soumises à un faible retranchement.
Anjou au Marais (rue d’).
Henri IV avait conçu le projet d’ouvrir au Marais une place d’une vaste étendue, qui aurait été appelée place de France ; l’an 1608, ce prince en fit tracer le plan en sa présence. Huit rues larges de 10 toises devaient y aboutir ces voies publiques, bordées de bâtiments uniformes, devaient porter les noms de nos grandes provinces ; la mort funeste de ce monarque empêcha l’exécution de cet utile projet. — Louis XIII permit plus tard de bâtir sur l’emplacement qui avait été réservé. On changea alors les alignements en conservant néanmoins aux rues qu’on bâtit en 1626, et depuis, les noms d’Anjou, de Bretagne, de Normandie, etc., indiqués sur le travail approuvé par Henri IV. — Une décision ministérielle du 13 fructidor an VII, signée Quinette, fixa la largeur de la rue d’Anjou à 10 m. Cette largeur a été portée à 12 m. en vertu d’une ordonnance royale du 31 mars 1835. Les constructions de 1 à 19 devront reculer de 1 m. 20 c. à 1 m. 30 c. ; de 21 à la fin, de 1 m. 20 c. à 2 m. 20 c. ; les propriétés du côté des numéros pairs sont soumises à un retranchement de 3 m. 20 c. environ. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).
Anjou-Dauphine (rue d’).
L’hôtel ou collége Saint-Denis, qui fut bâti par Mathieu de Vendôme, près de la porte Buci, sur des terres amorties qu’il prit à cens et à rentes en 1263 et 1268, fut vendu par arrêt du parlement du 9 avril 1595 et démoli aussitôt ; sur son emplacement on construisit en 1607 plusieurs rues. L’une d’elles reçut le nom d’Anjou, en l’honneur de Gaston (Jean-Baptiste), duc d’Anjou, second fils d’Henri IV. — Une décision ministérielle du 14 thermidor an VIII, signée L. Bonaparte, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. — La maison no 7 est alignée. Les autres constructions riveraines devront reculer de 1 m. 20 c. environ. — Conduite d’eau. Éclairage au gaz (compe Française).
Anjou-Saint-Honoré (rue d’).
Cette voie publique, dans la partie comprise entre la rue du Faubourg-Saint-Honoré et celle de la Ville-l’Évêque, était connue dès la fin du XVIe siècle, sous le nom de rue d’Anjou ; elle portait aussi la dénomination de rue des Morfondus. — Un arrêt du conseil, à la date du 4 décembre 1720, ordonna le prolongement de cette rue jusqu’au canal du grand égout ; cette disposition, confirmée par un autre arrêt du 22 juillet 1721, qui fixait la largeur de ce prolongement à 4 toises, ne tarda pas à être exécutée. — En 1778, sur la demande de plusieurs propriétaires, le roi prescrivit la continuation de la rue d’Anjou, depuis le grand égout jusqu’à la rue de la Hoche (aujourd’hui rue du Rocher). Il fut décidé que ce percement aurait 30 pieds de largeur et recevrait la dénomination de rue Quatremère, en l’honneur de François Bernard Quatremère de l’Épine, qui avait rempli les fonctions d’échevin de la Ville de Paris de 1772 à 1774. — Ce percement ne fut exécuté que jusqu’à la rue de la Pépinière. — En 1796, la rue qui nous occupe portait dans toute son étendue le nom de rue d’Anjou. — Une décision ministérielle à la date du 22 prairial an V, signée Benezech, fixa, ainsi qu’il suit, la largeur de cette voie publique : pour la partie comprise entre les rues du Faubourg-Saint-Honoré et de la Ville-l’Évêque, à 8 m. moindre largeur ; depuis la rue de la Ville-l’Évêque jusqu’à celle de la Pépinière, à 8 m. 44 c. — Conformément à une ordonnance royale du 23 septembre 1825, la rue d’Anjou doit être alignée d’après une largeur uniforme de 10 m. Les constructions ci-après sont alignées : 7, 9, 41 bis ; 44, 46, 48, 54, 56, 58, 60 et 64, et les deux maisons aux encoignures de la rue Lavoisier. — Égout et conduite d’eau dans une partie de la rue. — Éclairage au gaz (compe Anglaise). — Dans l’hôtel portant le no 6, le général La Fayette est mort le 20 mai 1834, à l’âge de 77 ans.
Anne en la Cité (rue Sainte-).
Juin 1630, lettres-patentes. « Louis, etc… ayant par brevet du 25 juin 1624, permis à nostre amé et féal conseiller en nos conseils, et président en nostre parlement de Paris, le sieur Lejay, de faire pour la commodité publique, desmolir et abbattre en l’enclos de nostre palais deux maisons prosche la fontaine d’icelluy, occupées par Mes Antoine Mareschal et Nicolas Formé, chanoines de la Sainte-Chapelle, et faire ouverture d’une grande porte et un passage de rue pour servir d’entrée et sortie au dit palais, en faisant par lui toutes les dépenses à ce nécessaires, à l’exécution duquel lesdits Mareschal s’estant opposés en nostre chambre des comptes, par arrest du 24 octobre 1628 ; nostre chambre auroit ordonné que les parties se trouveroient par devers nous pour leur estre pourveu. Sur quoy nous estant fait représenter les dites causes et moyens d’oppositions, etc… avons dit, déclaré… voulons et nous plaît qu’ouverture soit faite en la cour et murs de nostre dit palais pour un passage dans la rue Neuve-Saint-Louis, qui sera de la largeur de 3 toises, et que pour cet effect les deux maisons affectées aux prébendes dont jouissent les dits sieurs Mareschal et Formé, seront desmolies et abattues et qu’au lieu d’icelles sera basty un grand pavillon en forme de corps de logis sur la largeur des dites deux maisons du costé de la cour du palais, au milieu du quel il y aura une voulte et arcade pour servir de passage et closture au dit palais, de la hauteur et largeur spécifiées par les dessins et devis faits pour la construction d’icelluy, etc…
Données à Lyon au mois de juin, l’an de grâce 1630 et de nostre règne le vingtième signé : Louis.
Registré en parlement le cinquième septembre 1630, signé : Dutillet. »
Cette rue porte le nom de Sainte-Anne, pour faire honneur, dit Sauval, à la reine Anne d’Autriche.
Une décision ministérielle du 31 août 1819 a fixé la largeur de la rue Sainte-Anne à 8 mètres.
Une partie de cette voie publique a été supprimée pour faciliter les abords du Palais-de-Justice.
La maison no 11 et celles qui forment les encoignures de la rue nouvelle, sont alignées.
Anne-Saint-Honoré (rue Sainte-).
Cette voie publique, dans la partie comprise entre les rues de l’Anglade et du Clos-Georgeau, fut percée en 1633, et reçut le nom de Sainte-Anne en l’honneur d’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII. Elle porta aussi la dénomination de rue des Moulins, en raison de deux moulins qui étaient situés dans la rue du Clos-Georgeau. La partie qui s’étend de la rue Neuve-des-Petits-Champs à la rue Neuve-Saint-Augustin, s’appelait rue de Lionne. Elle devait cette dénomination à sa proximité de l’hôtel de M. de Lionne, secrétaire d’état.
Séance du 20 septembre 1792. « Le conseil général, le procureur de la commune entendu, arrête : que la rue Sainte-Anne, dans laquelle est né le philosophe Helvétius, portera dorénavant le nom d’Helvétius » — Claude-Adrien Helvétius, auteur du livre intitulé de l’Esprit, était né en 1715 ; il mourut le 26 décembre 1771. — Une décision ministérielle à la date du 18 pluviôse an X, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 8 m. — Le 27 avril 1814, un arrêté préfectoral rendit à cette rue la dénomination de Sainte-Anne. — En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, la moindre largeur de cette rue est fixée à 10 m. Les maisons nos 49, 49 bis, 51, 51 bis ; 2, 20, 22, 24, 26, 28, 30, 32, 34, 36, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 54, 56, 58, 60, 62, 64, 66 et 68, sont alignées. Celle no 1 est soumise à un retranchement qui varie de 1 m. 30 c. à 3 m. 80 c. ; de 3 à 19, retranchement 1 m. 20 c. à 1 m. 60 c. ; de 21 à 25, retranchement 1 m. 50 c. à 2 m. 20 c. ; de 27 à 47, retranchement 2 m. 20 c. à 2 m. 40 c. ; de 53 à 79, retranchement 2 m. 10 c. à 2 m. 46 c. Les maisons de 4 à 18 sont assujetties à un redressement qui n’excède pas 30 c. — Égout depuis la rue Neuve-Saint-Augustin jusqu’à la rue Grétry.
Conduite d’eau : 1o depuis la rue de l’Anglade jusqu’à la borne-fontaine placée au-delà de la rue des Orties ; 2o depuis la rue Thérèse jusqu’à la rue Chabannais. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).
La communauté des Nouvelles Catholique était située dans cette rue. Elle fut établie pour la propagation de la religion catholique, par le père Hyacinthe, franciscain, la sœur Garnier et la demoiselle Gaspi. Autorisée en 1634 par l’archevêque de Paris, cette communauté fut placée rue des Fossoyeurs (aujourd’hui rue Servandoni). En 1647, cet établissement était situé dans la rue Pavée, au Marais. Peu de temps après il fut transféré dans la rue Sainte-Avoie. En 1651, il se trouvait dans la rue Neuve-Saint-Eustache. Ces religieuses achetèrent en 1672 un terrain dans la rue Sainte-Anne, où elles firent construire une maison et une chapelle sous le vocable de l’Exaltation de la Sainte-Croix et de sainte Clotilde. Cette communauté jouissait du privilège accordé aux maisons de fondations royales. Supprimée en 1790, elle devint propriété nationale et fut vendue le 28 floréal an V. Elle occupait une superficie de 510 m. 68 c. — C’est aujourd’hui une maison particulière portant le no 63.
Antin (allée d’).
Elle a été plantée en 1723, par les ordres du duc d’Antin, surintendant des bâtiments du roi. L’alignement arrêté en vertu d’une décision ministérielle du 14 vendémiaire an XI, signée Chaptal, passe sur le nu des constructions actuelles. — Égout depuis le Cours-la-Reine jusqu’à la rue Jean-Goujon.
Antin (cité d’).
Elle a été bâtie de 1829 à 1830.
Antin (impasse d’).
Cette impasse qui n’est pas reconnue voie publique, a été formée au commencement de ce siècle.
Antin (rue d’).
Première partie, comprise entre les rues Neuve-des-Petits-Champs et Neuve-Saint-Augustin. — « Le Roi s’étant fait représenter en son conseil le plan du quartier de Gaillon, que les Prévôt des Marchands et Échevins de Paris en ont fait lever de nouveau en conséquence des ordres de Sa Majesté ; ouï le rapport du sieur Desmarets, conseiller ordinaire au Conseil royal ; Sa Majesté étant en son conseil, a ordonné et ordonne que le nouveau plan du quartier de Gaillon, attaché à la minute du présent arrêt, sera exécuté, et que, suivant icelui, la rue Saint-Augustin sera continuée de ligne droite de 5 toises de large parallèle depuis le carrefour Gaillon, à prendre de l’encoignure de la basse-cour de l’ancien hôtel de Gaillon à celle de face du portail du dit hôtel, et en retour de pareille largeur, jusqu’à la rencontre de la rue Louis-le-Grand, et d’une autre rue qui sera formée aussi en ligne droite de 5 toises de large en face du portail du d. hôtel jusqu’à la rue Neuve-des-Petits-Champs, dont le point milieu sera à 15 pieds du devant du mur, etc. Fait au conseil d’État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles, le 14 mars 1713. »
Ce percement fut immédiatement exécuté. — Une décision ministérielle du 28 ventôse an IX, signée Chaptal, ainsi qu’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, ont maintenu la largeur primitive de cette partie. — Le surplus de cette voie publique a été ouvert, en 1840, sur les terrains appartenant à M. Crapez, et provenant de l’ancien hôtel de Richelieu. L’ordonnance royale qui autorisa ce percement d’après une largeur de 12 m., est à la date du 8 septembre 1839.
Aucune construction riveraine n’est soumise à retranchement. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).
Antin (rue de la Chaussée d’).
Cette rue, aujourd’hui l’une des plus belles de la capitale, n’était encore, à la fin du XVIIe siècle, qu’un chemin tortueux qui commençait à la porte Gaillon et conduisait aux Percherons. On l’appelait alors chemin de l’Égout-de-Gaillon, des Porcherons, de la Chaussée-de-Gaillon.
Le Pré-des-Porcherons était pour les roués de la régence ce que le Pré-aux-Clercs avait été pour les raffinés de la ligue, un rendez-vous de débauches et de duels.
Au commencement du XVIIe siècle, le quartier Gaillon cherchait à s’étendre et brisait la digue que lui opposait le rempart. Un arrêt du conseil, du 31 juillet 1720, ordonna de redresser le chemin de Gaillon jusqu’à la barrière des Porcherons (située rue Saint-Lazare), dans la largeur de 10 toises, et de planter ledit chemin d’un rang d’arbres de chaque côté. Mais le bureau de la ville ayant représenté qu’il serait plus convenable et plus utile de faire une rue droite de 8 toises de large, et de redresser l’égout jusqu’à la barrière, une ordonnance du 4 décembre de la même année autorisa ce changement : l’égout fut revêtu de murs et voûté, et la rue percée et alignée d’après le plan présenté.
On la nomma rue de l’Hôtel-Dieu, parce qu’elle conduisait à une ferme appartenant à cet hôpital, puis rue de la Chaussée-d’Antin, parce qu’elle commençait au rempart en face duquel avait été bâti l’hôtel d’Antin, depuis de Richelieu. Mais cette voie publique n’était pas au bout de ses métamorphoses patronymiques.
Paris, le 5 avril 1791 : « Messieurs, l’Assemblée nationale et la ville de Paris ont rendu à M. Mirabeau les honneurs funèbres. Sa cendre sera déposée dans la basilique destinée aux grands hommes, et elle y sera placée la première. Cette reconnaissance publique est un devoir de la patrie ; elle est en même temps la politique d’un pays où l’on veut former les hommes. Une des destinations durables et publiques que l’on peut rendre à l’homme qui a si bien servi la constitution française serait de donner son nom à la rue où il a habité et où nous l’avons perdu. On se rappellera toujours qu’il y a vécu. La tradition y conservera son nom. Il me parait honorable pour la municipalité de l’y fixer. J’ai en conséquence l’honneur de proposer au conseil-général d’arrêter que la rue de la Chaussée-d’Antin sera désormais appelée la rue de Mirabeau et qu’une inscription conforme y sera sur-le-champ apposée.
Je suis avec respect, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur, Bailly. » Et plus bas, MM. du conseil-général de la commune.
« Le conseil-général délibérant sur la proposition de M. le maire, y a généralement applaudi, et d’une voix unanime a arrêté que la rue de la Chaussée-d’Antin sera désormais appelée la rue de Mirabeau, et qu’il y sera sur-le-champ apposé une inscription conforme. Charge le corps municipal de tenir la main à l’exécution du présent arrêté, qui sera imprimé, affiché et envoyé aux quarante-huit comités des sections. Approuvé, Oudet-Dejoly, secrétaire-greffier. » Peu de temps après, au-dessus de la porte de cet hôtel, qui porte aujourd’hui le no 42, fut scellée une table de marbre noir sur laquelle on grava en lettres d’or ces deux vers de Chénier :
L’âme de Mirabeau s’exhala dans ces lieux !
Hommes libres, pleurez ! Tyrans, baissa les yeux !
Cette inscription fut enlevée en 1793, et la rue porta le nom du Mont-Blanc, en mémoire de la réunion de ce département à la France, par décret du 27 novembre 1792.
En 1816, la municipalité parisienne passa l’éponge sur l’inscription révolutionnaire, et cette voie publique reprit sa monarchique appellation.
Une décision ministérielle, du 28 février 1807, signée Champagny, a fixé la moindre largeur de la rue de la Chaussée-d’Antin à 13 m. 61 c. La maison no 66 est seule soumise à un faible retranchement. — Égout ; conduite-maîtresse d’eau ; éclairage au gaz (compe Anglaise).
La grande figure de Mirabeau n’est pas la seule illustration que rappelle à notre souvenir la rue de la Chaussée-d’Antin.
Un ministre financier, une danseuse célèbre, un prélat, cardinal par la grâce de son neveu, une séduisante et douce créole, depuis impératrice, un valeureux soldat de l’empire, qui devint sous la restauration l’orateur le plus brillant et le plus populaire, ont successivement habité cette rue.
Le financier s’appelait Necker ; son hôtel porte aujourd’hui le no 7. Ce fut ensuite l’hôtel Récamier.
L’hôtel du no 9, le palais de la danseuse, était plus somptueux que celui de l’ancien contrôleur général des finances. Mlle Guymard sut gagner, à la pointe de ses pirouettes, sa réputation, sa fortune et le cœur de cet excellent prince de Soubise, qui était plus à son aise aux pieds d’une danseuse, qu’à la bataille de Rosbach, en face du grand Frédéric. Un jour la jeune et belle damnée, en s’éveillant, se dégoûta de sa maison de Pantin qui sentait la roture ; elle voulut un hôtel dans cette rue que hantait le beau monde. Ledoux se mit à l’œuvre et bientôt une fête merveilleuse inaugura le temple de la déesse. Cet hôtel contenait un théâtre assez vaste pour loger cinq cents personnes.
Après le ballet, Mlle Guymard se donnait le délassement de la comédie jouée par l’élite des pensionnaires du roi.
La maison no 62 a été construite en 1826 sur l’emplacement d’un petit hôtel habité par Joséphine avant son mariage avec Bonaparte.
Dans ce même hôtel mourut, le 26 novembre 1825, l’illustre général Foy, à l’âge de cinquante ans.
Quatre mots suffisent pour rappeler cette noble existence courage, talent, franchise et loyauté !
Cette rue, qui commençait à l’hôtel de Montmorency et finissait à celui du cardinal Fesch, compte aujourd’hui soixante-sept propriétés qui rapportent plus au fisc que quatre cent cinquante maisons du quartier Saint-Marcel.
Antoine (hôpital Saint-).
Cet hôpital occupe une partie de l’emplacement de l’ancienne abbaye Saint-Antoine-des-Champs, dont nous traçons ici l’origine.
Un pauvre curé de Neuilly-sur-Marne, nommé Foulques, vint à Paris vers 1198. L’éloquence de ses prédications apostoliques étonna tous les habitants. Il prêchait avec tant de véhémence contre les usuriers et les femmes adonnées à la débauche, qu’il fit bientôt de nombreuses conversions. Les filles de mauvaise vie profitaient surtout de ses pieuses instructions ; plusieurs abjurèrent la débauche et se coupèrent les cheveux en signe de pénitence. Foulques de Neuilly pourvut à l’entretien de celles qui voulaient se séparer entièrement de la vie mondaine. Pour ces dernières fut construite l’abbaye Saint-Antoine. La première chapelle de ce monastère fut bâtie par Robert de Mauvoisin. La grande église était due à la pieuse munificence de saint Louis. Ce fut vers les fossés de cette abbaye que Louis XI conclut en 1465 une trêve avec les princes qui s’étaient armés contre lui pendant la guerre dite du bien public. Le roi prétendit que la trêve avait été violée, et, pour perpétuer le souvenir de cette félonie, fit élever en ce lieu une croix en pierre. En fouillant le sol, on trouva en 1562 cette inscription « L’an MCCCCLXV fut ici tenu le landit des trahisons et fut par unes trosves qui furent données, maudit soit qui en fut cause. » Ce monument ne fut construit qu’en 1479, comme le prouve le compte du domaine de cette année. On y lit « À Jean Chevrin, maçon, pour avoir assis par ordonnance du roi une croix et épitaphe dans un lieu appelé le Fossé des Trahisons, derrière Saint-Antoine-des-Champs. » Les bâtiments du monastère et le sanctuaire de son église furent reconstruits vers 1770, sur les dessins de l’architecte Lenoir, surnommé le Romain. L’église était richement décorée ; on y voyait plusieurs tombeaux, entre autres ceux de Jeanne et de Bonne de France, filles de Charles V. La chapelle Saint-Pierre, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue le 3 vendémiaire an V. Elle a été démolie. Son emplacement forme aujourd’hui la petite place où se trouve l’entrée de l’hôpital. Tout le vaste terrain connu autrefois sous le nom de Clos-de-l’Abbaye fut aliéné en cinq lots, le 29 messidor an VI.
Un décret de la Convention, du 17 juin 1795, convertit les bâtiments de l’abbaye en hôpital assimilé à celui de l’Hôtel-Dieu. Cet établissement contient deux cent soixante-deux lits. Il est desservi par les sœurs de Sainte-Marthe.
Antoine (passage du Petit-Saint-).
Ce passage a été formé vers 1806, sur l’emplacement du couvent du Petit-Saint-Antoine, dont nous rappelons ici la fondation. Les hospitaliers de Saint-Antoine, dont la maison principale était à Vienne en Dauphiné, vers la fin du règne du roi Jean, vinrent fonder un petit hospice à Paris. Charles V, alors régent du royaume, favorisa cet établissement, en lui donnant un manoir nommé la Saussaie. Cette propriété, située dans les rues Saint-Antoine et du Roi-de-Sicile avait été confisquée par le roi sur Drogon-Garrel et sur Jean Devaux, partisans de Charles-le-Mauvais, roi de Navarre. Cet établissement fut érigé en commanderie en 1365. On y fit entrer quelques religieux qui exercèrent l’hospitalité envers les pauvres attaqués de la maladie appelée feu sacré ou feu Saint-Antoine. Le roi Charles V fit bâtir l’église qui fut achevée en 1368. En 1615, le titre de la commanderie de Paris fut supprimé, et l’on convertit cette maison en un collége pour l’instruction des jeunes religieux de l’ordre. Dans la suite les biens de la commanderie Saint-Antoine furent réunis à l’ordre de Malte qui accorda des pensions aux religieux Antonins et leur donna le droit de porter la croix de Malte. Cette maison religieuse, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue en deux lots le 7 messidor an VI.
Antoine (place de l’Hôpital-Saint-).
Nous avons parlé à l’article de l’hôpital Saint-Antoine de l’ancienne chapelle Saint-Pierre supprimée vers 1790 ; elle devint propriété nationale et fut vendue le 3 vendémiaire an V. L’acquéreur était obligé par son contrat de livrer sans indemnité un passage de 48 pieds de large sur toute la profondeur de son terrain. Cette clause fut exécutée peu de temps après. La grande place devant l’abbaye sert aujourd’hui de jardin à l’hôpital et est fermée par une grille. Le passage de 48 pieds de largeur prit le nom de place de l’Hôpital-Saint-Antoine.
Une ordonnance royale, en date du 30 avril 1838, a fixé la largeur de cette place à 16 m. 32 c. Le surplus de l’emplacement de la chapelle Saint-Pierre est occupé aujourd’hui par une maison qui porte le no 208 sur la rue du Faubourg-Saint-Antoine.
Antoine (rue du Faubourg-Saint-).
Cette voie publique doit son nom à l’abbaye Saint-Antoine. En 1633 elle portait encore le nom de Chaussée-Saint-Antoine jusqu’à l’abbaye, et de chemin de Vincennes jusqu’à l’endroit où se trouve aujourd’hui la place du Trône. En 1635 on y avait construit 150 maisons. Elle était presqu’achevée en 1637. Une ordonnance royale du 30 avril 1838 a fixé sa moindre largeur à 17 m. Les constructions ci-après sont alignées : de 1 à 35 inclusivement, de 39 à 65 inclusivement, de 181 à 195 inclusivement, 203, 233, 267, 269, 289, 325, 327 ; de 2 à 80 inclusivement, de 86 à 118 inclusivement, de 136 à 152 inclusivement, 162, 164, 204, 206 ; de 212 à 222 inclusivement, 278, 280 et 282.
Les propriétés de 271 à 289, 82, 84, 166, 168, et de 248 à 276, devront, pour exécuter l’alignement, avancer sur la voie publique.
La partie de la rue du Faubourg-Saint-Antoine comprise entre la rue de Picpus et la place du Trône, a été plantée d’arbres en 1841.
Égout depuis la rue de Charonne jusqu’à celle de Reuilly ; conduite d’eau depuis la rue de la Roquette jusqu’à celle de Picpus ; éclairage au gaz depuis la rue de la Roquette jusqu’à celle de Reuilly (compe Parisienne).
Le 2 juillet 1652, le vicomte de Turenne, commandant les troupes royales, livra dans ce faubourg un combat sanglant qui faillit anéantir l’armée des princes. Condé s’était emparé de Charenton, de Neuilly et de Saint-Cloud. Après la retraite du duc de Lorraine, Condé avait rassemblé toutes ses forces dans ce dernier village développant sa position jusqu’à Surènes. Le vicomte de Turenne, renforcé d’un corps de troupes que lui avait amené le maréchal de la Ferté, occupait Chevrette, à une lieue de Saint-Denis. La rivière séparait les deux armées. Toute l’attention de Turenne se portait à placer son adversaire entre l’armée royale et les murs de Paris. Condé comprit tout le péril de sa position, leva son camp et chercha à gagner Charenton, pour se poster sur le terrain près duquel s’opère la jonction de la Seine à la Marne. Turenne, instruit de la marche du prince, avait détaché quelques escadrons pour le harceler dans sa retraite. L’arrière-garde de l’armée de Condé, plusieurs fois chargée et rompue, se rallia avec peine et gagna le faubourg Saint-Antoine.
Le prince, alors convaincu de l’impossibilité de continuer cette retraite, fait replier son avant-garde et son corps de bataille, s’empare de quelques retranchements que les habitants avaient élevés pour se garantir des insultes des troupes lorraines, place son canon et ses soldats à l’entrée des rues du Faubourg-Saint-Antoine, de Charonne et de Charenton, et attend de pied ferme l’armée royale. Turenne arrive jusqu’à l’abbaye Saint-Antoine, fait pointer son canon contre les barricades ; les boulets sillonnent une partie de la rue, écrasent les soldats de Condé. Le prince, foudroyé de tous côtés, conserve son sang-froid, fait percer plusieurs maisons, met son avant-garde à l’abri, et l’artillerie du vicomte est inutile. Un instant de répit succède au carnage. Turenne donne l’ordre d’avancer et de franchir les anciennes barricades ; alors recommence un combat plus furieux et plus sanglant encore, dans lequel ces deux capitaines épuisent à l’envi toute la science de l’attaque et tout l’art de la défense. Aux soldats de Condé une mauvaise barrière improvisée, des pans de muraille, suffisent pour faire tête aux bataillons ennemis. On perce les maisons on s’y bat à travers les brèches faites aux cloisons. Le prince est partout ; son courage le multiplie ; quand ses soldats accablés cèdent le pas, sa voix, son exemple, les rappellent. Il se met à leur tête et d’assiégés ils deviennent assaillants. Malgré ses efforts, Condé voit tomber à ses côtés ses meilleurs officiers. Le vicomte de Turenne s’apprête à porter un coup décisif. Déjà les royalistes défilent à droite et à gauche, par Conflans et Popincourt ; en se rapprochant, ils doivent envelopper le faubourg Saint-Antoine. Cette manœuvre est exécutée, les soldats de Condé vont être écrasés. En ce moment on entend le canon de la Bastille, Mademoiselle fait ouvrir la porte Saint-Antoine aux troupes du Prince. « Il y entra des derniers, dit un acteur de cette terrible scène, comme un dieu Mars, monté sur un cheval tout couvert d’écume. Fier encore de l’action qu’il venait de faire, le grand capitaine portait la tête haute et élevée ; il tenait son épée toute ensanglantée à la main, traversant ainsi les rues de Paris au milieu des acclamations et des louanges qu’on ne pouvait se dispenser de donner à sa brillante valeur. » Des mousquetaires placés sur les remparts arrêtèrent les royalistes qui poursuivaient l’arrière-garde du prince, et le canon de la Bastille tonna contre les troupes de Turenne. Au commencement du combat, le cardinal Mazarin était placé avec le roi sur les hauteurs de Ménilmontant. Les regards du ministre embrassaient les mouvements des deux armées. Vers la fin de l’action, un courrier apporta une dépêche du vicomte de Turenne. Le cardinal en prit lecture. Un dernier coup de canon se fit entendre, puis le ministre, se tournant vers un groupe d’officiers généraux, dit en souriant, de ce sourire qui annonçait une vengeance : « Mademoiselle a eu la prétention d’épouser le roi, ce boulet de canon vient de tuer son mari. » — Une autre scène également déplorable eut lieu au faubourg Saint-Antoine le 27 avril 1789. Un riche fabricant de papiers peints, Réveillon, qui, par son habileté commerciale, fournissait du travail à plus de trois cents ouvriers, fut accusé d’avoir cherché à réduire les salaires à moitié prix. La populace se porta avec fureur à sa maison et la détruisit de fond en comble.
La rue du Faubourg-Saint-Antoine fut longtemps le forum où grondait la colère du peuple.
La maison no 232 appartenait en 1791 au fameux Santerre, qui s’élança d’une brasserie pour diriger les masses qui attaquèrent, au 10 août, le palais des Tuileries.
Santerre, général, se distingua dans la guerre de la Vendée. Son ancienne profession lui valut cette épitaphe grotesque que l’histoire effacera peut-être :
« Ci-git le général Santerre
Qui n’eut de Mars que la bierre. »
Au no 333, à l’angle de la rue des Boulets, on voit une maison d’assez belle apparence, mais dont les fenêtres sont garnies de barreaux de fer.
Une inscription est placée au-dessus de la porte d’entrée ; on y lit ces trois mots : maison de santé. En effet, depuis longtemps cette propriété est affectée au traitement des aliénés.
Il y trente et un ans environ, un général compromis dans un complot républicain avait été enfermé la Force ; sur sa demande, il fut transféré en 1812 dans la maison de santé du faubourg Saint-Antoine.
Là, sans argent, privé de sa liberté, seul il conçut le projet de renverser le gouvernement impérial.
Ce conspirateur, ce général était Malet.
Il s’ouvrit à un certain abbé Lafon.
Malet était républicain et le prêtre royaliste, mais tous deux abhorraient Napoléon.
Voici quel était le plan du général.
Il supposait l’empereur mort le 8 octobre sous les murs de Moscou ; le sénat devait être investi du pouvoir suprême. Ce fut donc par l’organe du sénat qu’il résolut de parler à la nation. Il rédigea pour l’armée une proclamation dans laquelle, tout en déplorant la perte du chef de l’État, il annonçait l’abolition du régime impérial et le rétablissement de la république. Cette proclamation était signée par tous les sénateurs. Un décret nommait le général Malet gouverneur de Paris et commandant de la 1re division militaire. D’autres décrets donnaient des grades de nouveaux commandements à tous ceux que Malet comptait faire servir à l’exécution de ses desseins.
Les bases ainsi fixées, Malet n’attendit plus qu’une circonstance favorable pour agir.
Le dernier bulletin de l’armée, daté du 27 septembre, avait annoncé en même temps que l’entrée des Français à Moscou, le terrible incendie qui avait détruit cet unique refuge de nos soldats.
Ce triste événement avait produit une profonde sensation dans la capitale.
On était au 15 octobre, et depuis trois semaines le gouvernement n’avait publié aucune nouvelle.
Les fonctionnaires ne cachaient point leurs vives appréhensions.
Tout paraissait favoriser l’exécution du plan de Malet. Le soir du 22 octobre ses dispositions sont arrêtées. Vers minuit, à un signal convenu, le jardinier applique une échelle sur le mur de clôture bordant la rue des Boulets.
Malet descend le premier dans la rue, l’abbé Lafon le suit ; et tous deux se dirigent vers la place de la Bastille. Ils arrivent bientôt dans la rue Neuve-Saint-Gilles, chez un prêtre nommé Caamagno, où se trouvent le caporal Rateau et le répétiteur Boutreux, fidèles au rendez-vous que le général leur avait assigné la veille.
Rateau livre à Malet les mots d’ordre et de ralliement. Le général annonce la mort de Napoléon et les conséquences qu’elle doit produire. Il nomme Rateau son aide-de-camp et Boutreux commissaire de police. Après avoir endossé les uniformes qui ont été préparés, tous se rendent à la caserne Popincourt, occupée par la 10me cohorte de la garde nationale. Il était deux heures du matin.
Malet se présente au nom du commandant de Paris. Il est introduit sans difficulté. Soulié, le chef de cette cohorte, était retenu au lit par une fièvre ardente ; Malet lui apprend la mort de l’empereur et lui ordonne de faire prendre les armes à ses soldats. Soulié obéit, et Malet, suivi d’une partie de la 10me cohorte, arrive à la Force et oblige le directeur à délivrer les généraux de brigade Lahorie et Guidal.
Le premier est nommé ministre de la police ; le second est appelé au commandement de la nouvelle garde du sénat ; Boccheampe, autre prisonnier, est désigné pour remplir la fonction de préfet de la Seine. Boutreux doit remplacer le préfet de police Pasquier.
Les rôles ainsi distribués, Lahorie et Guidal, avec un bataillon de la 10me cohorte, marchent sur l’hôtel du ministère de la police, situé quai Malaquais.
De son côté, Boutreux s’empare de la préfecture de police. M. Pasquier est conduit à la Force.
Au ministère de la police même succès. Savary est enfermé avec M. Pasquier. Ainsi l’autorité qui répondait de la tranquillité de Paris était anéantie, et pour obtenir cet important résultat quelques heures avaient suffi et pas une goutte de sang n’avait été versée.
Il fallait ensuite s’emparer de l’autorité militaire. Malet s’était réservé cette opération difficile.
Il se dirige vers la place Vendôme où se trouve l’état-major de la 1re division militaire. Le général Hulin remplaçait alors Junot. Malet, s’adressant au général qui était encore au lit, lui annonce sa destitution et lui demande son épée et le cachet de la 1re division. Hulin, un instant troublé, demande à voir les ordres du gouvernement ; alors Malet lui tire à bout portant un coup de pistolet. Au bruit de la détonation, l’épouse du général Hulin jette des cris affreux. Malet l’enferme avec son mari, et se rend aussitôt chez l’adjudant-général Doucet. Cet officier, qui reposait encore, reçoit l’ordre de mettre aux arrêts l’adjudant Laborde, dont l’activité pouvait être nuisible au complot. Ce dernier résiste, une discussion s’engage, il se retire enfin. Au bas de l’escalier, il aperçoit l’inspecteur-général de police Pasques, auquel on refusait l’entrée de l’état-major. Laborde le fait entrer, lui raconte ce qui se passe et le conduit jusqu’à la chambre de Doucet. À peine l’agent Pasques est-il entré, que Malet se trouble. Cependant il saisit son second pistolet, mais Laborde s’élance sur lui et le fait arrêter ainsi que Rateau. Ils sont conduits sous bonne escorte au ministère de la police. Laborde se dirige immédiatement vers l’Hôtel-de-Ville occupé déjà par Boccheampe, que Malet avait nommé Préfet de la Seine, en remplacement du comte Frochot. Boccheampe est arrêté. On s’empare également de Guidal et de Lahorie. À onze heures du matin les fils de la conspiration étaient rompus. À midi tout rentrait dans l’ordre.
Les prisonniers furent transférés le lendemain à l’Abbaye. Le 28 octobre, les accusés, au nombre de vingt-quatre, comparaissaient devant une commission militaire présidée par le général Dejean, sénateur grand-officier de l’empire et premier inspecteur du génie. Malet est interrogé. À cette question : « Quels étaient vos complices ? » Il répond : « La France entière et vous-même tout le premier, monsieur le comte, si j’avais réussi. » Les autres accusés sont entendus, presque tous n’ont point de défendeurs.
Le 29, à huit heures du matin, la commission se retire pour délibérer. À quatre heures elle rentre en séance, et le président prononce le jugement qui condamne quatorze accusés à la peine de mort ; les dix autres sont acquittés à l’unanimité.
Le même jour, à quatre heures de l’après-midi, de forts détachements de la garnison de Paris sont réunis à la plaine de Grenelle. Au milieu du carré formé par ces troupes, on voit deux pelotons. Le premier est composé de cent vingt hommes, et le second de trente seulement. Ils ont été désignés pour exécuter le jugement.
Les condamnés arrivent ; tous, la tête découverte, marchent d’un pas ferme. Ils s’arrêtent ! on les place sur un seul rang, adossés au mur d’enceinte qui séparé le boulevart extérieur du chemin de ronde de la barrière de l’École-Militaire.
Malet s’avance et demande à commander le feu : « Peloton, attention, » s’écrie-t-il d’une voix pleine et sonore, « portez armes !… apprêtez… armes !… Cela ne vaut rien nous allons recommencer. L’arme au bras, tout le monde. » Plusieurs vétérans sont troublés, quelques armes vacillent. « Attention, cette fois, » reprend Malet : « Portez armes !… apprêtez armes !… À la bonne heure, c’est bien. Joue… feu ! » Cent vingt balles criblent à l’instant ces malheureux. Malet seul est resté debout, il n’est que blessé. « Et moi donc, mes amis, » dit-il aux vétérans, « vous m’avez oublié ; à moi le peloton de réserve ! » Les soldats s’avancent. À cette seconde décharge, Malet tombe la face contre terre ; il respire encore ! on l’achève à bout portant.
Quelques moments après cette horrible exécution, trois charrettes suivaient lentement le chemin qui conduit au cimetière de Clamart !
On a dit que la conspiration Malet ne fut qu’une échauffourée. Napoléon en jugea autrement. Il sentit que le trône impérial avait tremblé sur sa base.
Antoine (rue Saint-).
Elle doit son nom à l’abbaye Saint-Antoine, à laquelle elle conduisait. Aux XIIIe et XIVe siècles, la partie qui s’étend de la rue des Barres à celle Culture-Sainte-Catherine se nommait rue de la Porte-Baudel parce qu’elle conduisait à cette porte d’enceinte, située en face de la rue Culture-Sainte-Catherine. On l’appelait aussi de l’Aigle, d’une maison située au coin de la rue de Jouy. Au milieu du XIVe siècle, de la porte Baudet à la porte Saint-Antoine, on la désignait sous le nom de rue du Pont-Perrin, dénomination qu’elle tirait d’un hôtel.
Une ordonnance royale du 4 août 1838 a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 12 m. 50 c. Les maisons ci-après sont alignées : 51, 69, 85, 109, 113, 115, 133, 135, de 173 à 183 inclusivement, 203, 205, 209, 219 ; 22, 42, 56, 58, 132, 134, 136, 138, 170, 172 ; et de 180 à 208 inclusivement. — Égout depuis la place Baudoyer jusqu’à la rue Tiron, et depuis la rue Fourcy jusqu’à la place de la Bastille. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).
Dans cette rue, près la première porte ou bastille Saint-Antoine, fut massacrés le fameux Étienne Marcel, prévôt des marchands. Le peuple, dont il avait été l’idole, finit par le détester, lorsque ce prévôt donna au roi de Navarre, Charles-le-Mauvais, le titre de gouverneur de Paris. Le Dauphin, depuis Charles V, sut profiter habilement de l’animosité des Parisiens, en leur faisant promettre une amnistie, s’ils lui livraient Marcel et douze de ses complices. Le prévôt, pénétrant ce dessein, se décide à livrer la ville au roi de Navarre et lui promet, en outre, de le faire couronner roi de France, s’il veut le protéger contre les fureurs de ce peuple détrompé. Il prend toutes les mesures nécessaires pour parvenir à son but, et fait avertir Charles-le-Mauvais, qui s’approcha secrètement de Paris, suivi d’un corps de ses meilleures troupes. Dans l’après-midi du dernier jour de juillet 1358, Marcel veut s’assurer des portes de Paris pour en confier la garde à des hommes dévoués. Il se dirige vers la porte ou bastille Saint-Denis, ordonne à ceux qui la gardent d’en remettre les clefs à Joceran de Mascon, trésorier du roi de Navarre. On refuse de lui obéir, une altercation s’élève, le bruit attire le commandant du quartier, c’était Jean Maillard. « Estienne, lui dit-il, que faites-vous ici à cette heure ? — Jean, répondit le prévôt, à vous qu’importe de le savoir ; je suis ici pour prendre garde à la ville dont j’ai le commandement. — Pardieu, reprit Maillard, il n’en va mie ainsi, ains n’êtes ici à cette heure pour nul bien et je vous montrerai, continua-t-il en s’adressant à ceux qui l’entouraient, comme il tient les clefs en ses mains pour trahir la ville. — Jean, vous mentés, s’écria le prévôt. — Mais vous, Estienne, mentés, s’écria Maillard. » Aussitôt ce dernier monte à cheval, fait flotter la bannière de France, et suivi des siens, parcourt les rues en s’écriant : « Montjoie ; Saint-Denis au Roi et au Duc !… » Il annonce sur son chemin que Marcel veut ouvrir les portes aux troupes anglaises et navarraises, et arrivé ainsi aux halles où un attroupement se forme. Cependant le prévôt des marchands n’ayant pu obtenir les clefs de la porte Saint-Denis, s’adresse aux autres gardes, il essuie partout les mêmes refus. Sans se décourager, il se rend alors à la porte Saint-Antoine pour renouveler ses instances. Dans le même moment, quelques partisans du Dauphin, profitant de cet événement, avaient pris les armes et marchaient vers l’hôtel de Joceran de Mascon, situé près de Saint-Eustache, dans le dessein de se défaire de ce trésorier ; ne l’y trouvant pas ils vont à l’hôtel Saint-Paul, prennent une bannière de France, et se dirigent ainsi vers la porte Saint-Antoine. Deux gentilhommes étaient à leur tête, Pépin des Essarts et Jean de Charny. Arrivés à cette bastille, ils y trouvent Maillard disposé à leur prêter main-forte. Marcel, tenant en main les clefs de cette porte et monté sur l’escalier, oppose quelque résistance. Bientôt on entend ces cris : « À mort ! à mort ! Tuez le prévôt des marchands et ses complices ! » Marcel effrayé veut fuir ; alors Jean de Charny s’avance lui porte un coup de hache d’armes, et le peuple l’achève ! Les compagnons du prévôt, tels que Philippe Guiffard, Jean de Lille, Jean Poiret, Simon le Péronier, éprouvent le même sort. Tous ceux qui, au nombre de cinquante-quatre, accompagnaient Marcel sont massacrés. Leurs corps furent trainés honteusement devant l’église Sainte-Catherine du Val-des-Écoliers et exposés aux mêmes insultes que Marcel et ses complices avaient prodiguées aux cadavres du comte de Clermont et de Jean de Conflans.
Ce fut encore dans la rue Saint-Antoine que le roi Henri II fut blessé à mort par le comte de Montgommery, dans un tournoi dont le spectacle fut offert aux Parisiens le 29 juin 1559. Ce monarque, porté sans connaissance au palais des Tournelles, vécut encore quelques jours, mais dans une léthargie complète ; il mourut enfin le 10 juillet 1559, et laissa son royaume livré à toutes les horreurs de la guerre civile.
Appoline (rue Sainte-).
On la trouve indiquée sous le nom de rue Sainte-Appoline ou de Bourbon, dans le plan de la Caille. Une décision ministérielle, à la date du 23 brumaire an VIII, signée Quinette, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 21 juin 1826, cette largeur est portée à 11 m. 40 c. Les maisons nos 5, 11, 17, 19, 21 23, 25, 27, 29 et 31 sont alignées. Celles nos 1 et 3 devront reculer de 2 m. 34 c. à 2 m. 80 c. ; nos 7 et 9, de 1 m. 91 c. à 2 m. 37 c. ; nos 13 et 15, de 1 m. 40 c. à 1 m. 83 c. ; no 33, redressement ; no 2, retranchement, réduit 1 m. ; de 4 à 10, retranchement de 1 m. 20 c. à 1 m. 90 c. ; de 12 à 16 inclusivement, retranchement 1 m. 90 c. à 2 m. 50 c. ; de 18 à 24, retranchement 2 m. 50 c. à 3 m. 50 c. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Martin jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Française).
Aqueduc (rue de l’).
Cette rue a été ouverte en 1841 sur les terrains appartenants à MM. Riant et Mignon. L’ordonnance royale qui autorisa ce percement est à la date du 22 janvier 1841, et imposa aux impétrants les conditions suivantes : de supporter les premiers frais de nivellement, ceux de pavage en chaussée bombée en pavé neuf d’échantillon dur et de relevée à bout, ainsi que ceux des trottoirs en granit ; les premiers frais d’établissement d’éclairage ; de se soumettre, pour les constructions, aux règlements de voirie, et d’acquitter les droits auxquels ces règlements donneront lieu ; jusqu’à réception définitive de la rue par l’administration, de la tenir fermée à ses extrémités, par des clôtures à demeure. La dénomination provisoire donnée par les propriétaires, indique la position de cette rue sur l’aqueduc de ceinture.
Arbalète (rue de l’).
On la nommait, au XIVe siècle, rue des Sept-Voies. Au milieu du XVIe siècle, c’était la rue de l’Arbalète, dénomination qu’elle tirait d’une enseigne. Une décision ministérielle du 28 pluviôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Les constructions nos 1 et de 13 à la fin ne sont pas soumises à retranchement. — Égout depuis la rue Mouffetard jusqu’à celle des Postes. — Au no 13 est l’école de Pharmacie. — Aux nos 24 et 26 était situé le couvent des Filles-de-la-Providence. Sa fondation est due à Marie Lumagne, veuve de François de Pollalion, gentilhomme ordinaire du roi et conseiller d’état. Les lettres-patentes autorisant cet établissement sont du mois de janvier 1643. Cette maison avait été créée dans le but de retirer du libertinage les jeunes filles qui n’avaient pu résister à la séduction ou à la misère. Cette communauté religieuse, supprimée en 1790, devint propriété nationale, et fut vendue le 1er prairial an V.
Arbre-Sec (rue de l’).
Elle doit son nom à une enseigne qu’on voyait encore en 1660 sur une vieille maison près de Saint-Germain-l’Auxerrois. Cette rue était en partie construite vers la fin du XIIIe siècle. Une décision ministérielle du 13 floréal an IX, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 11 m. Une ordonnance royale du 23 juillet 1828 a porté cette moindre largeur à 12 m. Les maisons nos 29, 49, 51, 52, 54, 56 et 62 sont alignées. Les propriétés nos 25, 48 et 50 devront, pour exécuter l’alignement, avancer sur leurs vestiges actuels. — Égout depuis la rue des Prêtres jusqu’à celle des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois. — Conduite d’eau dans toute l’étendue de la rue. Éclairage au gaz (compe Anglaise).
À l’extrémité de la rue de l’Arbre-Sec, à l’angle de la rue Saint-Honoré, on remarque une belle fontaine. Elle se trouvait autrefois au milieu de la rue : François Myron la fit transporter, en 1606, à l’endroit où nous la voyons aujourd’hui. — La Croix du Trahoir, érigée sur la même place, a quelque célébrité dans les annales des exécutions judiciaires : c’est là qu’étaient mis à mort les condamnés de la juridiction de Saint-Germain-l’Auxerrois. — Dans le commencement de la guerre civile de la Fronde, la rue de l’Arbre-Sec fut le théâtre d’une émeute. Deux conseillers au parlement s’étaient fait remarquer par leur courage à défendre les lois, en résistant aux empiétements du cardinal Mazarin : l’un était René Potier de Blancménil ; l’autre, Pierre Broussel, qu’on nomma le père du peuple. Irritée de l’opposition de ces magistrats, dont l’influence entraînait la majorité de leur compagnie, Anne d’Autriche, par les conseils de son ministre, eut l’imprudence de les faire arrêter, le 26 août 1648. Dès que le peuple connut l’emprisonnement des deux conseillers, des attroupements se formèrent. La sévérité dont on usa pour les dissiper, le sang qui fut versé, augmentèrent à tel point l’animosité, qu’on vit alors presque tous les habitants de Paris s’armer pour en tirer vengeance. Dans toutes les rues, des chaînes sont tendues ; plus de deux cents barricades, ornées de drapeaux, sont fortifiées aux cris de vive le Roi ! point de Mazarin ! Le parlement vint en corps au Palais-Royal demander la liberté des prisonniers. Le premier président Mathieu Molé porta la parole. Il représenta à la régente que cette concession était le seul moyen de calmer le mécontentement général, en dissipant à l’instant le feu de la rébellion. Anne d’Autriche refusa avec beaucoup d’aigreur, en disant : « Que les membres du parlement étaient les vrais auteurs de la sédition par leur désobéissance aux ordres de la cour. » Une seconde tentative de la part du premier président n’eut pas un meilleur résultat. Les membres du parlement, ainsi congédiés, s’en retournent à pied à leur palais. Ils parviennent sans peine jusqu’à la troisième barricade qui se trouvait à la Croix du Trahoir ; là cette compagnie est arrêtée. Un marchand de fer, nommé Raguenet, capitaine de ce quartier, saisit le premier président par le bras ; et appuyant un pistolet sur le visage de Mathieu Molé : « Tourne, traître, lui dit-il, si tu ne veux être massacré toi et les tiens ; ramène-nous Broussel, ou le Mazarin et le chancelier en otages !… » Molé, sans se déconcerter, écarte le pistolet, et, conservant toute la dignité de la magistrature, rallie les membres effrayés de sa compagnie, et retourne au Palais-Royal à petits pas au milieu des injures et des blasphèmes de ce peuple en courroux. Pour la troisième fois, il expose à la régente l’irritation des esprits et la résistance que sa compagnie vient d’épouser dans la rue de l’Arbre-Sec. La reine fait encore des difficultés. Le parlement, pour délibérer sur ce nouveau refus, tint séance dans la galerie du Palais-Royal. Le duc d’Orléans, le cardinal Mazarin assistèrent à cette conférence. Il fut décidé que les conseillers arrêtés seraient rendus à la liberté. La régente y consentit enfin. L’ordre en est expédié sur-le-champ. Cette décision fut aussitôt signifiée au peuple ; mais les Parisiens, peu confiants en la sincérité de la cour, déclarèrent qu’ils resteraient armés jusqu’à ce qu’ils vissent Broussel en liberté. Ce conseiller parut le lendemain matin : alors, des salves d’artillerie se firent entendre ; la joie publique se manifesta par de bruyantes acclamations. Le peuple porta ce magistrat en triomphe jusqu’à sa maison. Ainsi se termina la fameuse journée du 27 août de l’année 1648, connue dans l’Histoire sous le nom de journée des Barricades.
Arcade (rue de l’).
Cette rue doit sa dénomination à une arcade ou voûte qui servait de communication aux jardins des religieuses de la Ville-l’Évêque. Jaillot l’indique ainsi : rue de l’Arcade ou de la Pologne. Une décision ministérielle du 21 prairial an X, signée Chaptal, ainsi qu’une ordonnance royale du 25 novembre 1836, ont fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Cette ordonnance approuva le prolongement de cette rue jusqu’au boulevart Malesherbes. Une seconde ordonnance, à la date du 11 février 1840, prescrivit la suppression de la partie de la rue de l’Arcade formant retour sur la rue de la Madeleine. Cette disposition, ainsi que celle ayant rapport au prolongement jusqu’au boulevart Malesherbes, ont été exécutées en 1811.
Le numérotage de cette voie publique étant très irrégulier, nous ne pouvons indiquer d’une manière précise les propriétés qui sont à l’alignement. — Égout depuis la rue Neuve-des-Mathurins jusqu’à celle de la Pépinière. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Nicolas jusqu’à celle de la Pépinière. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).
Arche-Marion (rue de l’).
En 1300, elle portait le nom de rue de l’Abreuvoir Thibault-aux-Dés. En 1442, c’était la rue des Jardins. À la fin du XVe siècle, elle fut appelée ruelle qui fut Jean de la Poterne, du nom d’un particulier qui avait établi des bains. En 1530, on l’appelait ruelle des Étuves. Enfin, on la trouve nommée, dans un titre de 1565, rue de l’Arche-Marion et de l’Abreuvoir-Marion, parce qu’une femme ainsi appelée y tenait alors ces étuves. Une décision ministérielle du 24 frimaire an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. La plus grande partie du côté droit est à l’alignement. Les autres constructions devront reculer de 70 c. à 1 m. — Égout. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).
Arche-Pépin (rue de l’).
C’est par altération qu’on l’appelle rue de l’Arche-Pépin. Tous les anciens titres la nomment rue de l’Abreuvoir ou de l’Arche-Popin. Celle dénomination lui vient de la famille des Popin, très connue au XIIIe siècle. Jehan Popin fut prévôt des marchands sous Philippe-le-Bel. Une décision ministérielle du 24 frimaire an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 16 août 1836, cette largeur est portée à 12 m. Cette ordonnance a autorisé l’acquisition de la maison bâtie sur l’Arche-Pépin et dont la démolition était nécessaire pour procurer à la rue qui nous occupe un débouché sur le quai de la Mégisserie. Cette amélioration a été exécutée. Les constructions du côté des numéros impairs sont soumises à un retranchement considérable ; celles du côté opposé ne devront reculer que de 20 à 30 c. — Égout. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).
Archevêché (pont de l’).
Une ordonnance royale du 6 décembre 1827 a autorisé la construction de ce pont qui est soumis au péage. Commencé en 1828, il a été livré à la circulation le 4 novembre de la même année. M. Desjardins en a été déclaré concessionaire pour 45 années qui ont commencé le 1er janvier 1831, et doivent expirer le 1er janvier 1876. Ce pont, construit en maçonnerie, est composé de trois arches en arc de cercle, ayant celle du milieu 17 m. et les deux autres 15 m. d’ouverture. Il doit sa dénomination au quai où il prend naissance. On peut traverser les deux ponts de l’Archevêché et Louis-Philippe en ne donnant qu’une rétribution de 5 c.
Archevêché (quai de l’).
Une partie de ce quai à la pointe de l’Ile se nommait en 1258 la Motte aux Papelards. Un siècle après, ce quai était réuni à l’emplacement dit le Terrain et en portait le nom. Il fut dans la suite enfermé dans le jardin des chanoines de Notre-Dame. Il a été nommé en l’an XII quai Catinat. — Nicolas Catinat naquit à Paris en 1637 ; fut fait lieutenant-général en 1688 et maréchal de France en 1693. Le héros de Stafarde et de la Marsaille mourut à sa terre de Saint-Gratien, en 1712. — Ce quai prit quelque temps après le nom de l’Archevêché. — « Au palais des Tuileries, le 29 mars 1809. — Napoléon, empereur des Français, etc. ; sur le rapport de notre ministre de l’intérieur, nous avons décrété et décrétons : — Article 1er. Les alignements du quai de l’Archevêché et de l’Hôtel-Dieu, entre le pont de la Cité et le Petit-Pont, seront exécutés tels qu’ils sont tracés sur le plan proposé par l’ingénieur en chef du département de la Seine, le 21 septembre 1808, approuvé le 19 janvier 1809 par le directeur-général des ponts-et-chaussées. — Art. 2. Notre ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent arrêté : Signé Napoléon. » (Extrait du décret). Cette amélioration était exécutée à la fin de 1813.
Nous allons tracer ici l’historique de l’ancien palais de l’Archevêché. — Dans l’origine la maison de l’évêque était située près de l’église de Saint Étienne, première cathédrale, sur une partie de l’emplacement occupé par la seconde cour de l’archevêché. Le nom de Port-l’Évêque que portait cet endroit peut servir à confirmer cette opinion. Nos premiers rois ne faisant que de rares séjours dans la ville de Paris, leur absence fût cause que son siège épiscopal parut trop peu important pour qu’on l’érigeât en métropole. Il resta donc soumis à l’archevêché de Sens. — Paris ne se développa que sous les rois de la troisième race lorsque cette ville devint la capitale du royaume, son siège épiscopal acquit bientôt une grande importance, plutôt par son heureuse situation que par l’étendue, la quantité des domaines de l’évêque. Dans un diplôme de Louis VI de l’an 1110, les seigneuries de l’évêque, sans compter son droit de censive dans la Cité, étaient celles de Saint-Germain, de Saint-Éloy, de Saint-Marcel, Saint-Cloud et Saint-Martin. Vers l’an 1161, Maurice de Sully, évêque de Paris, fit bâtir sur une ligne parallèle à la cathédrale, le palais épiscopal et deux chapelles. Dans la chapelle basse étaient des chapelains établis par les évêques. Le Jeudi-Saint on y lavait les pieds des enfants de chœur, et tous les dimanches on célébrait une messe pour les prisonniers de l’évêché. La chapelle supérieure servait aux ordinations, au sacre des évêques et à d’autres assemblées solennelles. Dans ces anciens bâtiments étaient les salles des officialités métropolitaine et diocésaine du baillage de la duché-pairie de l’archevêque et la bibliothèque des avocats. Dans la première cour du palais de l’évêque, au lieu où se trouvait autrefois le siège de l’officialité, se faisaient au moyen-âge les monomachies ou duels judiciaires. — Les droits de l’évêque étaient devenus si grands à la fin du XIe siècle, que la ville de Paris était pour ainsi dire partagée en deux parties, dont l’une était sous la domination du roi et l’autre sous celle du prélat. Cette juridiction temporelle reçut bientôt de graves atteintes par suite des transactions qui eurent lieu entre nos rois et nos évêques.
Ainsi le territoire de Saint-Germain-l’Auxerrois qui était dans la censive de l’évêque, devint si considérable par son commerce, que l’évêque Étienne crut devoir, pour en maintenir la prospérité, associer le roi Louis-le-Gros aux deux tiers du profit dans tout le clos fermé de fossés qu’on appelait Champeaux. Ce traité, fait du consentement du chapitre, est de l’année 1136. Guillaume de Seignelay, évêque en 1222, conclut un accord avec Philippe-Auguste. Par ce traité, ce prince fut reconnu avoir la justice de rapt et de meurtre dans le bourg Saint-Germain et dans la Culture-l’Évêque. Il pouvait également lever des impôts sur les habitants pour dépenses de guerre et chevauchées, et avait droit de justice sur tout ce qui était relatif aux marchandises. Cette juridiction temporelle fut peu à peu enlevée aux évêques par nos rois, lorsqu’ils la trouvèrent moins nécessaire dans les mains des prélats au maintien de l’ordre et à l’existence de la société. Pierre de Gondy, évêque de Paris en 1558, se trouvant trop mesquinement logé, ajouta à son palais une maison canoniale, située près du jardin des chanoines, et l’augmenta d’un corps de logis qui aboutissait l’église de Saint-Denis-du-Pas. En 1622, cet évêché soumis à la métropole de Sens, en fut séparé par Grégoire XV et érigé en archevêché. Cette érection fut faite en faveur de Jean-François de Gondy. Il fut peu après homme commandeur des ordres du roi. Louis XIV accorda une distinction encore plus flatteuse à M. de Harlay de Chanvalon, en érigeant pour lui et les archevêques de Paris, la terre de Saint-Cloud en duché-pairie. Le cardinal de Noailles fit abattre en 1697 les différents bâtiments de l’archevêché, construits par ses prédécesseurs, depuis le chevet de la chapelle, et les remplaça par le palais qu’on voyait encore il y a quelques années. M. de Beaumont, qui occupa le siège de Paris depuis 1746 jusqu’en 1781, voulant que le palais archiépiscopal fut en état de recevoir le roi et les seigneurs de la cour dans les grandes solennités, fit bâtir sur les dessins de Pierre Desmaisons, architecte du roi, le grand escalier à deux rampes qui devint l’objet de l’admiration des connaisseurs. Ce prélat rendit également plus commode la distribution des appartements qui furent décorés et meublés avec magnificence. L’archevêché de Paris se divisait en trois archidiaconés, Paris, Josas et Brie. Ces archidiaconés se divisaient eux-mêmes en sept doyennés : Chelles, Corbeil, Champeaux, Châteaufort, Lagny et Montlhéry, sans y comprendre la ville et la banlieue de Paris. L’archevêque jouissait avant 1789 de 200 000 livres de revenu, et le chapitre, de 180 000 livres, outre les maisons canoniales.
Durant la révolution, le palais archiépiscopal servit aux séances de l’Assemblée Constituante, puis d’habitation au chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu ; la chapelle fut convertie en un amphithéâtre d’anatomie jusqu’en 1802. À cette époque, M. de Belloy, prélat presque centenaire, vint en prendre possession. Vers 1809 des travaux considérables de restauration et d’embellissement y furent faits sous la conduite du sieur Poyet, architecte. Il fallut encore en 1818 étayer et reprendre plusieurs parties du bâtiment qui fléchissaient. Ce palais, dont l’architecture n’offrait rien de remarquable, était accompagné d’un beau jardin dessiné et planté par Gabriel Thouiri. — Le 14 février 1831, le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois célébra un service funèbre en commémoration de la mort du duc de Berri. Le buste de ce prince fut promené dans l’église. Cette manifestation, aussi imprudente que coupable, servit de prétexte à quelques agitateurs pour se livrer aux excès les plus révoltants. La croix qui surmontait l’édifice est renversée, l’église dévastée de fond en comble ; quand l’émeute n’a plus de belles sculptures à mutiler, de tableaux à déchirer, elle se porte en foule au palais archiépiscopal, en hurlant : « Mort à l’archevêque ! » Elle recommence alors les mêmes profanations : les statues, les meubles, les livres sont jetés dans le fleuve. Les appartements dépouillés, elle s’en prend aux pierres ; la démolition commence avec un ensemble, un sang-froid extraordinaires. M. de Quélen fut sauvé par un savant illustre.
Une année après cet odieux attentat, un fléau épouvantable, le choléra, décimait la population parisienne. Aussitôt l’archevêque reparaît, non pour demander justice des hommes qui ont dévasté, pillé, détruit son palais ; il ne vient pas se venger de ceux qui ont voulu l’assassiner, il vient pour soulager et bénir. C’est à l’Hôtel-Dieu qu’on voit M. de Quélen au milieu des morts et des mourants entassés par la contagion. Il n’est pas encore satisfait des secours abondants que la charité chrétienne lui donne à distribuer, il abandonne son traitement ; il veut que sa maison de Conflans devienne une maison de convalescents, et que le séminaire de Saint-Sulpice soit transformé en infirmerie. On le voit transporter des cholériques dans ses bras ! L’un d’eux qu’il bénissait lui dit : « Éloignez-vous de moi, je suis un des pillards de l’archevêché. — Mon frère, répond l’archevêque, c’est une raison de plus de me réconcilier avec vous et de vous réconcilier avec Dieu !… » — L’emplacement occupé par l’ancien manoir des archevêques de Paris, a été cédé gratuitement par l’État à la ville de Paris par la loi du 8 juin 1837, à la charge par ladite ville d’y établir une promenade. Cet embellissement est en voie d’exécution.
Archives du royaume.
1re Partie. — Hôtel de Soubise. — L’emplacement occupé aujourd’hui par les Archives du royaume, réunissait dans son enceinte plusieurs hôtels, souvent mentionnés dans l’histoire de Paris. Au coin de la rue des Quatre-Fils et de celle du Chaume, se trouvait une vaste propriété appelée le grand chantier du Temple. — Le connétable de Clisson fit construire sur cet emplacement un hôtel qui, après sa mort, fut possédé par le comte de Penthièvre. Ce gentilhomme étant demeuré fidèle à Charles VII, les Anglais, devenus maîtres de Paris, confisquèrent tous ses biens, et louèrent l’hôtel de la rue des Quatre-Fils dix livres parisis. À partir de l’époque de cette confiscation, l’histoire se tait pendant plus d’un siècle. Cette propriété appartenait en 1552 au sieur Rabon de la Bourdaisière qui, par contrat du 15 juin 1553, la vendit moyennant 16 000 livres, à Anne d’Est, épouse de François de Lorraine, duc de Guise, qui la donna le 27 octobre 1556 au cardinal de Lorraine. Celui-ci la céda le 4 novembre suivant à Henri de Lorraine, prince de Joinville, son neveu.
L’ambitieuse maison de Guise ne pouvait se contenter du modeste manoir de Clisson.
Du côté de la rue de Paradis s’élevait l’hôtel des rois de Navarre de la maison d’Évreux. Il devint la propriété du duc de Nemours comte d’Armagnac. Convaincu du crime de haute trahison, ce seigneur eut la tête tranchée, et l’on confisqua tous ses biens. Cet hôtel passa alors au comte de Laval, qui le vendit en 1545 au sieur Brinon, conseiller au parlement de Paris. Il fut ensuite acquis par Charles de Lorraine. Ce cardinal en fit cession le 11 juin 1556 à François, son frère. En 1557, le même cardinal acquit de Louis Doulcet la moitié d’une maison aboutissant à la rue des Quatre-Fils, et côtoyant l’ancien hôtel de Clisson. En 1561, il fit l’acquisition dé l’autre moitié. François de Lorraine avait acheté, le 15 juin 1560, l’hôtel de la Roche-Guyon, qui appartenait alors, à Louis de Rohan, comte de Montbazon. Cette propriété se trouvait dans la rue Vieille-du-Temple, en face de celle Barbette ; elle communiquait à la maison de Guise. Les princes lorrains ayant réuni tous ces bâtiments à la propriété de Louis Doulcet, composèrent une vaste habitation d’où le chef de cette orgueilleuse famille dictait ses volontés au faible Henri III. — Le fameux duc de Guise était là pendant les barricades. — Le principal corps de logis qui s’étend depuis la rue du Chaume jusqu’à l’endroit où commençait l’ancien jardin, et dont la façade régnait le long du passage qui conduisait à la rue Vieille-du-Temple, avait été construit par Henri, duc de Guise sur les dessins de Lemaire, célèbre architecte du temps. Nicolo décora la chapelle des peintures à fresque qu’on y voyait encore avant la révolution. Les Guise firent aussi construire la rampe en fer et l’escalier par lequel on montait dans les appartements donnant sur la rue du Chaume ; les croix de Lorraine qui en forment un des ornements, ne laissent aucun doute à cet égard. Les bâtiments qui sont à l’angle de la rue du Chaume et de celle des Quatre-Fils, ont été construits aussi par les princes de cette maison. En 1697, François de Rohan, prince de Soubise, acheta cette propriété des héritiers de la duchesse de Guise. Il prit dès lors le nom d’hôtel de Soubise qu’il conserva jusqu’à nos jours. Le prince chercha à donner un ensemble régulier aux divers bâtiments de son hôtel. Les travaux commencèrent en 1706. La principale porte qui se présentait en pan coupé sur l’angle de la rue du Chaume et du passage, et qui était flanquée de deux tourelles qui subsistent encore, fut fermée pour en ouvrir une nouvelle dans l’alignement de la rue du Chaume, faisant face à la rue de Braque, et destinée à desservir le passage. La porte principale fut pratiquée dans la rue de Paradis. On la décora de colonnes accouplées, d’ordre composite à l’intérieur et corinthien à l’extérieur, avec couronnement en ressaut, formant sur chaque face un avant-corps dont l’attique était peint aux armes du prince. Les statues d’Hercule et de Pallas, sculptées par Coustou jeune et par Bourdy, figuraient sur l’avant-corps. La façade de l’ancien bâtiment fut décorée au rez-de-chaussée de seize colonnes d’ordre composite, accouplées, dont huit présentent au milieu un avant-corps surmonté d’un second ordre de colonnes corinthiennes que couronne un fronton. Les huit colonnes du rez-de-chaussée supportent quatre statues qui représentent les quatre saisons. Deux autres statues allégoriques dominent le fronton. L’intérieur de l’hôtel fut magnifiquement décoré. La chapelle et ses peintures à fresque furent conservées. Plusieurs artistes célèbres contribuèrent à la décoration et à l’embellissement des appartements. Natoire, Bouchet, Trémollière, Carle-Vanloo, Bertout, etc., en firent un séjour d’une magnificence presque royale. Tel on voyait encore l’hôtel, ou plutôt le palais de Soubise, au moment où la révolution en fit une propriété nationale.
2e Partie. — Archives du royaume. — Les renseignements qui suivent ont été extraits en partie d’une brochure publiée par M. Dessalles, employé distingué des archives. — Dans la solitude des cloitres qui furent longtemps les seuls foyers de lumières, les moines élaborèrent quelques vastes compositions historiques pour lesquelles l’existence humaine était souvent insuffisante. — Il était difficile, presque impossible aux hommes de lettres, de rassembler les matériaux nécessaires à composer notre histoire nationale ou administrative.
Cette admirable et précieuse collection de titres et de documents généraux que nous devons à la révolution était autrefois disséminée dans un grand nombre d’établissements religieux, et enfouie dans plusieurs édifices de nos grandes villes. — Les archives ne furent d’abord que le dépôt des papiers de l’Assemblée Constituante. Par un article de son règlement du 29 juillet 1789, cette assemblée, en créant cet établissement, ordonna qu’on y conserverait les pièces originales qui lui seraient adressées, et l’une des deux minutes du procès-verbal de ses séances. Ce dépôt fut définitivement constitué sous le nom d’Archives nationales, par décret du 7 septembre 1789, sanctionné par le roi le 12 du même mois. Tant que la représentation nationale résida à Versailles, les archives furent placées dans une salle voisine de la sienne. Lorsque cette assemblée vint à Paris, les archives furent immédiatement transportées dans la bibliothèque des Feuillants, puis aux Capucins de la rue Saint-Honoré. Le 1er juin 1790, la Constituante ordonna qu’on y déposerait les formes, planches, et tout ce qui avait servi à la confection des assignats de la première émission ; enfin, le 27 février 1791, on y transporta les caractères de l’imprimerie du Louvre, les machines de l’Académie des Sciences, et les minutes des greffes des commissions extraordinaires du conseil d’État. Les archives reçurent encore de nouvelles richesses par les offrandes de livres, de médailles, d’estampes et de bustes qui furent faites à l’assemblée. — Ce ne fut qu’à partir de l’année 1793 qu’on songea à faire des archives le centre de tous les dépôts appartenant à l’État.
Le décret dont nous transcrivons les principales dispositions, organisa les archives sur des bases toutes nouvelles.
« 7 messidor an II. La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport fait au nom de la commission des archives et des cinq comités du salut public, des domaines et aliénations, de législation, d’instruction publique et des finances, décrète :
Art. 1er. Les archives établies auprès de la représentation nationale, sont un dépôt central pour toute la république.
Art. 2. Ce dépôt renferme : 1o la collection des travaux préliminaires aux états-généraux de 1789, depuis leur convocation jusqu’à leur ouverture. Le commissaire des administrations civiles de police et des tribunaux, fera établir aux archives tout ce que le département de la justice avait retenu ou distrait de cette collection ; 2o les travaux des assemblées nationales et de leurs divers comités ; 3o les procès-verbaux des corps électoraux ; 4o les sceaux de la république ; 5o les types des monnaies ; 6o les étalons des poids et mesures ; on y déposera 7o les procès-verbaux des assemblées chargées d’élire les membres des corps législatifs et ceux du conseil exécutif ; 8o les traités avec les autres nations ; 9o le titre général tant de la fortune que de la dette publique. » (Extrait des procès-verbaux de la Convention).
Un des articles de ce décret ordonnait aussi que les couvents seraient ouverts à une commission créée sous le nom d’Agence temporaire du triage des titres. Les archives, ainsi que nous l’avons dit plus haut, suivirent la Constituante lorsque cette assemblée se rendit à Paris ; elles furent toujours placées dans les mêmes bâtiments que ceux des grands pouvoirs qui dirigeaient la république. On transporta les archives, après le 10 août, dans une salle des Tuileries lorsque l’Assemblée Nationale se fut établie dans l’ancienne demeure de nos rois. Le premier consul et son collègue Lebrun étant venus habiter ce palais, la représentation nationale occupa le palais Bourbon, qui reçut le nom de palais du Corps-Législatif. Les archives y furent encore réunies. — « Napoléon, etc. Art. 3. L’hôtel Soubise et le palais Cardinal seront achetés par notre ministre des finances et réunis au domaine, moyennant le paiement d’une somme de 690 000 francs, etc. Art. 5. Toutes les archives existant à Paris, sous quelque dénomination que ce puisse être, seront placées dans celui de ces palais qui ne sera pas occupé par l’imprimerie royale, etc. Signé Napoléon. » (Extrait du décret du 6 mars 1808).
Les archives furent considérablement augmentées pendant les années 1810, 1811 et 1812. On transporta à l’hôtel de Soubise 102 435 liasses, registres ou volumes d’archives pontificales, 12 049 liasses des archives du Piémont, 35 239 d’archives germaniques, une portion des archives espagnoles et 5 000 cartons du ministère de l’intérieur. Pour classer tant de richesses, il fallut songer à l’agrandissement de l’hôtel de Soubise. On commença d’abord par garnir de rayons les péristyles de la cour. On fut ensuite obligé de construire au milieu de cette cour deux pavillons provisoires. Ces augmentations furent encore insuffisantes. On créa une succursale de l’hôtel de Soubise dans les bâtiments des Minimes de la place Royale, et l’on fut obligé de louer deux maisons dans la rue des Quatre-Fils où l’on plaça quelques bureaux. Toutes ces demi-mesures ne pouvaient convenir à l’empereur dont tous les actes étaient empreints d’un caractère grandiose et surtout unitaire ; il rendit le décret suivant :
« Au palais de l’Élysée (le 21 mars 1812), Napoléon, empereur des Français etc. nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Titre 1er. Archives impériales.
Art. 1er. Il sera construit entre le pont d’Iéna et le pont de la Concorde, sur le quai de la rive gauche de la Seine, un édifice destiné à recevoir toutes les archives de l’empire, et devant contenir un emplacement de 100 000 m. cubes.
Art. 2. Les plans seront conçus de manière que le quart de cet établissement puisse être utilisé dès que la construction en sera achevée et que l’on puisse successivement procéder ainsi à la construction des autres quarts. Des espaces seront même réservés en forme de jardins, afin que par la suite des temps on puisse doubler l’établissement si cela devient nécessaire.
Art. 3. Ces bâtiments seront construits tout en pierre et en fer, sans qu’il entre aucun bois dans la construction.
Art. 4. Les plans nous seront soumis avant le 1er mai prochain, et le fonds de 200 000 fr. que nous avons accordé par notre décret du 6 de ce mois sur les fonds spéciaux de Paris sera affecté aux premiers travaux de cette construction etc. Signé Napoléon. »
La chute de l’empire fit abandonner l’exécution de ce projet, et les archives restèrent dans l’ancien hôtel de Soubise. Les principales richesses déposées dans cet établissement furent enlevées. Les ennemis de la France ne furent pas les seuls à exiger des restitutions. Tous les accroissements de cette admirable collection péniblement amassée, se fondirent par suite de réclamations toujours écoutées. Les établissements publics eux-mêmes n’eurent pas l’honneur de rester étrangers à ce pillage.
L’Université en 1820 se fit livrer une partie des documents précieux qui composaient une collection ayant pour titre Instruction publique. Ce fut également vers cette époque que l’établissement dont nous nous occupons prit le nom d’Archives du royaume.
Organisation actuelle des archives du royaume.
L’organisation actuelle des archives du royaume est due aux lumières d’un savant dont on déplore la perte. À M. Daunou appartient seul l’idée d’une classification exacte et commode. Les archives sont divisées en six sections, savoir : 1o la section législative ; 2o la section administrative ; 3o la section historique ; 4o la section topographique ; 5o la section domaniale ; 6o la section judiciaire. Ces six sections furent en outre subdivisées en vingt-quatre séries désignées par les vingt-quatre lettres de l’alphabet.
Section législative. — Elle se divise en quatre séries représentées par les lettres A B C et D. Le nombre des cartons, registres et volumes s’élève à près de 7 000, contenant huit collections différentes de lois, cinq collections des procès-verbaux des assemblées nationales, des papiers des comités et des députés en mission, ceux de la chambre des députés et de celle des pairs, et le Bulletin des lois.
Section administrative. — Elle est divisée en quatre séries sous les lettres E F G H : La première E, administration générale, gouvernement et maison royale ; la deuxième F, s’intitule ministères ; la troisième G, a trait aux administrations spéciales, et la quatrième, sous la lettre H, réunit les papiers concernant les administrations locales. Parmi les collections précieuses, il faut distinguer celle des arrêts du conseil depuis 1593 jusqu’en 1791. Cette section renferme 40 000 cartons, registres ou portefeuilles.
Section historique. — Elle se compose également de quatre séries sous les lettres J K L M. Elle forme un total de 1 053 cartons renfermant le Trésor des Chartes et son supplément, 300 registres provenant de la chancellerie du royaume depuis le XIIe siècle jusqu’à Charles IX, 1 555 cartons, registres ou liasses contenant les monuments historiques, les actes des rois de France depuis les Mérovingiens jusqu’à Louis XIV. Le plus ancien de ces actes est à la date de 620 ; 1 700 autres cartons, registres ou liasses concernant les monuments ecclésiastiques, les mélanges, l’instruction publique, les ordres militaires et religieux et la généalogie, comportent 1 128 cartons et registres. Indépendamment de ces précieuses collections, la section historique posséde la fameuse armoire de fer, construite en vertu du décret du 30 novembre 1790, et dans laquelle sont renfermés les sceaux et les bulles d’or, une grande partie des clefs de la Bastille, les clefs en argent remises à Louis XIV lors de la prise de Namur, les fameux livres rouges trouvés à Versailles, les testaments de Louis XVI et de Marie-Antoinette, le journal de Louis XVI écrit de sa main, les traités avec des boites en argent renfermant des sceaux, les médailles concernant la première campagne d’Italie, déposées en vertu d’un décret de l’an VI, la matrice de la médaille du serment du jeu de paume, les étalons du mètre, du gramme et du décagramme en platine, des monnaies d’or et d’argent, et une foule d’autres objets précieux. Une collection de portraits de personnages célèbres orne cette importante et magnifique section.
Section topographique. — Elle est divisée en deux séries sous les lettres N O. La première se compose des cartes géographiques, hydrographiques, astronomiques et historiques ; et la seconde, de plans et cartes qui ont rapport à la description de la France et des mémoires de statistique, le tout pouvant représenter 4 616 articles. Cette section a en dépôt un exemplaire de la carte de France exécutée sous les ordres du ministre de la guerre.
Section domaniale. — Les lettres P Q R S T représentent les cinq séries dont elle se compose, réunissant 26 000 cartons, liasses ou registres qui sont : la chambre des comptes, les titres domaniaux distribués par département, les titres spéciaux des domaines des princes, ceux des biens des communautés religieuses, et les papiers du séquestre, confiscations et ventes.
Section judiciaire. — Cette section, dont une partie au Palais-de-Justice, se divise en cinq séries sous les lettres ci-après, savoir : la lettre V contient la grande chancellerie et conseils ; la lettre X, parlement de Paris ; Y, châtelet ; Z, cours et juridictions diverses ; E T C, tribunaux criminels extraordinaires. Elle représente un total de plus de 63 000 cartons, liasses et registres. À ce monument prodigieux d’assemblage est jointe une bibliothèque de 13 à 14 000 volumes ayant trait en partie à l’histoire nationale. — Constructions nouvelles. Architectes, MM. Charles Lelong et Adolphe Gréterin. Les travaux d’agrandissement et d’appropriation spéciale en dépôts d’archives, ont été commencés au mois de septembre 1838. Le million voté pour l’édification de ces bâtiments a été dépensé pendant les exercices 1838, 1839, 1840 et 1841. Un crédit de 800 000 fr. est nécessaire, tant pour parachever les constructions nouvelles et pour l’établissement des casiers, que pour la restauration des anciens bâtiments (hôtel de Soubise), et pour réquisition d’une maison contiguë à la cour de cet hôtel, sise rue de Paradis. Cette maison est destinée à recevoir les bureaux des diverses sections, et à loger le garde général des archives. Les nouvelles constructions exécutées occupent une superficie de 1 000 m. carrés. Tous les murs sont en pierre de taille. Des voûtes en poterie et fer portent les planchers. Les combles sont en fer. La couverture est en zinc. Tous les travaux seront terminés en 1845.
Arcis (rue des).
Cette rue existait déjà en 1130. Son étymologie a soulevé de longues discussions. Nous ne citerons ici que l’opinion de M. Johanneau, censeur royal. Le mot Arcis, selon ce célèbre antiquaire, signifie arc, arcade, d’où viennent arcueil, les grottes d’arcis, l’archet Saint-Merri, etc…
Cette étymologie nous paraît assez vraisemblable. On sait que l’archet Saint-Merri, où se trouvait une porte de Paris, sous les rois de la première race, formait une des arcades qui ont pu donner leur nom à cette voie publique. — Un arrêt du conseil, du 31 décembre 1670, prescrivit l’élargissement de cette rue ; cette amélioration ne fut exécutée qu’en 1673. Une décision ministérielle du 28 messidor an V, signée Benezech, fixa la moindre largeur de cette rue à 12 m. Cette largeur a été portée à 14 m., par une ordonnance royale du 22 mai 1837. — Les constructions dépendant du marché Saint-Jacques-la-Boucherie et celles de 11 à 17 inclus sont alignées. Les propriétés de 1 à 7 devront reculer de 2 m. 15 c. à 2 m. 40 c. ; de 19 à 29, retranchement 1 m. 60 c. à 2 m. 25 c. ; de 31 à 39, retranchement 1 m. 60 c. à 3 m. ; les maisons du côté des numéros pairs sont soumises à un retranchement qui varie de 4 m. à 6 m. 30 c. environ. — Conduite d’eau depuis la rue de la Vannerie jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Française).
Arcole (pont d’).
Une ordonnance royale en date du 6 décembre 1827 a autorisé la construction de ce pont. — Commencé en 1828 il a été livré à la circulation le 21 décembre de la même année. M. Desjardins en a obtenu la concession pour 45 années à partir du 1er janvier 1831 jusqu’au 2 janvier 1876. — Ce pont, qui ne sert qu’aux piétons, est suspendu en chaines de fer et composé de deux demi-travées de 40 m. 17 c. et de 39 m. 75 d’ouverture. Sa largeur entre les garde-corps est de 3 m. 50 c. — Il prit d’abord le nom de pont de la Grève ; le 28 juillet 1830, un jeune homme nommé d’Arcole, s’élançant sur ce pont à la tête de plusieurs combattants qui se dirigeaient sur l’Hôtel-de-Ville, tomba mort percé d’une balle. Pour perpétuer ce souvenir, on donna à ce pont le nom d’Arcole.
Arcole (rue d’).
Une ordonnance royale du 4 mars 1834 fixa les alignements des rues du Chevet-Saint-Landry et Saint-Pierre-aux-Bœufs, à 12 m. de largeur ; d’après cette disposition les deux rues étaient tracées sur une seule ligne droite. — En vertu d’une autre ordonnance royale du 13 mai 1836, l’exécution de ces alignements fut déclarée d’utilité publique. — Le ministre de l’intérieur (Gasparin) décida, le 13 février 1837, que les rues du Chevet-Saint-Landry et Saint-Pierre-aux-Bœufs prendraient la seule dénomination de rue d’Arcole (voyez l’article qui précède).
Les travaux autorisés par l’ordonnance royale de 1837 furent conduits avec la plus grande activité ; bientôt une voie publique propre, large et bordée de constructions modernes, remplaça deux ruelles étroites où la circulation était difficile et dangereuse. — La rue du Chevet-Saint-Landry portait déjà ce nom au XIIIe siècle, parce que le fond ou le chevet de l’église Saint-Landry se trouvait dans cette rue.
Dans un bail fait en 1451 par l’abbé de Saint-Victor, elle est appelée rue de la Couronne. — La rue Saint-Pierre-aux-Bœufs est connue sous ce nom dès 1206 ; Guillot l’appelle rue Saint-Pierre à Beus. — Les prisons du chapitre de Notre-Dame étaient situées dans cette rue. — L’église qui a donné son nom à la rue Saint-Pierre-aux-Bœufs était un de ces édifices religieux dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Plusieurs auteurs (Sainte-Foix entre autres) ont pensé qu’elle avait été autrefois la paroisse des bouchers de la Cité, parce que deux têtes de bœufs étaient sculptées sur son portail. D’autres ont prétendu qu’on y marquait les bœufs avec une clef ardente pour les préserver de certaines maladies. Quelques-uns se sont imaginé qu’elle devait son nom à l’ancienne famille des Lebœuf. — Quoi qu’il en soit, une bulle d’Innocent II, de l’an 1136, l’appelle Capella Sancti Petri de Bovibus. Peu de temps après elle fut érigée en paroisse. L’évêque de Paris avait droit de nommer à sa cure. — Cette église fut supprimée en 1790. Devenue propriété nationale, elle fut vendue le 8 fructidor an IV. Aucune clause n’imposa à l’acquéreur l’obligation de conserver le portail de cette église, chef-d’œuvre de goût et d’élégance. — L’administration municipale, jalouse de réparer cette omission, l’acheta en 1837, et le fit transporter à l’église Saint-Séverin, dont il est aujourd’hui un des plus beaux ornements. La maison no 15 remplace aujourd’hui l’ancienne église Saint-Pierre-aux-Bœufs. — Les propriétés portant les nos 6, 10 et 12 sont seules soumises à retranchement. — Conduite d’eau depuis l’impasse Sainte-Marine jusqu’à la rue du Cloître-Notre-Dame. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).
Arcueil (barrière d’).
Elle tire son nom du beau village d’Arcueil si renommé par la bonté de ses eaux et le grandiose de son aqueduc. Cette barrière consiste en un bâtiment à huit arcades et à deux frontons (voyez l’article Barrières.)
Argenson (impasse d’).
Elle doit sa dénomination à M. d’Argenson qui était garde-des-sceaux en 1722. — Cette impasse conduisait à l’hôtel de ce magistrat. Elle n’a jamais été alignée. — Sa largeur actuelle est de 3 m. 20 c.
Argenteuil (impasse d’).
Elle est indiquée sur le plan de Jaillot, qui ne donne point de dénomination à cette voie publique. En raison de sa situation dans la rue Saint-Lazare, qui portait autrefois le nom de rue d’Argenteuil, cette impasse prit la dénomination d’Argenteuil. — Une décision ministérielle du 2 thermidor an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les constructions du côté droit sont presque toutes à l’alignement.
Argenteuil (rue d’).
Bâtie sur une partie de l’ancien chemin qui conduisait à Argenteuil, elle en retint la dénomination. Ce chemin se trouvait à droite en sortant de l’ancienne porte Saint-Honoré, qui existait encore vers l’année 1500. — Entre cette voie publique et celles des Moineaux et des Orties, était placé au XVIIe siècle le marché aux chevaux, qui resta en cet endroit jusqu’en 1667. — Un acte du 12 mars 1564 désigne cet emplacement sous le nom de haute voirie Saincte-Honoré. — Une décision ministérielle à la date du 3 nivôse an X, signée Chaptal, ainsi qu’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, ont fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — La maison no 45, et celles depuis 2 jusqu’à 28 inclusivement, sont alignées. — Conduite d’eau depuis la rue des Orties jusqu’à la rue Neuve-Saint-Roch. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).
On a découvert il y a quelques années la maison où mourut le grand Corneille. Elle porte aujourd’hui le no 18. Le propriétaire a fait placer au fond de la cour de cette maison une inscription gravée sur une table de marbre noir. Elle indique que Pierre Corneille y est mort le 1er octobre 1684, et qu’elle a été érigée en 1826. Un buste du célèbre poète est placé au-dessus de l’inscription de la cour, et sur une couronne de lauriers posée un peu plus haut que ce buste, on lit ces mots « Le Cid. — 1636. » Ce prodigieux génie, qui avait relevé si haut la majesté du cothurne quelques jours avant sa mort, descendait lentement cette rue et s’arrêtait devant l’échoppe d’un savetier pour faire raccommoder sa chaussure !… — Un courtisan, nommé Dangeau, qui s’était enrichi en fréquentant les brelans, ayant appris la mort de Corneille, tira négligemment son calepin de sa poche, crayonna quelques mots, puis bégaya ainsi l’oraison funèbre du grand poète : « Le bonhomme Corneille est mort hier ; il était un des plus habiles de notre temps à faire des comédies. »
Arras (rue d’).
Un des côtés de cette voie publique bordait les murs de l’enceinte de Philippe-Auguste ; elle porta, en raison de cette situation, le nom de rue des Murs. Le collége d’Arras s’y étant établi en 1332, cette voie publique prit le nom de ce collége. — En 1515, on l’appelait indifféremment rue d’Arras, du Puits et du Champ-Gaillard ; ce dernier nom lui avait été donné parce qu’elle servait de réunion aux femmes débauchées. — Un acte du parlement, du 4 décembre 1555, parle de cette voie publique comme d’une rue affectée à la prostitution. — Une décision ministérielle en date du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Les maisons portant les nos 6 et 8, ainsi que les constructions dépendant de l’École-Polytechnique, ne sont pas soumises à retranchement. Les autres propriétés de ce côté devront reculer de 80 c. au plus. Les maisons du côté des numéros impairs sont assujetties à un retranchement qui n’excède pas 40 c. — Au no 4 était situé le collége d’Arras, fondé en 1330 par Nicolas le Cauderlier, abbé de Saint-Vaast d’Arras, pour quelques pauvres écoliers de cette ville. — Il fut d’abord établi dans la rue Chartière, puis transféré rue d’Arras en 1332. — On le réunit au collége Louis-le-Grand en 1763. — Les bâtiments du collége d’Arras devinrent, en 1790, propriétés nationales, et furent vendus les 9 et 29 germinal an II.
Arsenal (bibliothèque de l’).
Avant de parler de cette collection intéressante en documents historiques et en littérature étrangère, il n’est pas inutile de tracer ici quelques lignes sur l’ancien Arsenal. — La ville de Paris possédait autrefois un arsenal particulier. On comptait anciennement, outre son hôtel, plusieurs emplacements qui servaient de dépôts d’armes et de munitions de guerre. — Son établissement le plus vaste était situé derrière le couvent des Célestins, dans une partie de terrain connu anciennement sous le nom de Champ-au-Plâtre. Le surplus de cet emplacement fut possédé par la ville jusqu’en 1533. À cette époque, François Ier ayant résolu de faire fondre des canons, emprunta une des granges qu’on y avait élevées. — Le roi demanda quelque temps après une seconde grange. — La ville ne la céda cette fois qu’avec répugnance. En effet, François Ier n’accorda aucun dédommagement. — Henri II construisit sur ce terrain plusieurs logements pour les officiers de l’artillerie, sept moulins à poudre, deux grandes halles et plusieurs autres bâtiments. Toutes ces constructions furent ruinées le 28 janvier 1562, par l’explosion de vingt milliers de poudre. — Henri IV ayant fait l’acquisition d’un vaste terrain appartenant aux Célestins, augmenta l’étendue de l’Arsenal, l’embellit d’un jardin, et fit planter le long de la rivière un mail qui fut détruit vers le milieu du siècle dernier.
Louis XIII et Louis XIV ajoutèrent quelques embellissements à l’Arsenal.
En 1713 on détruisit une grande partie des anciens bâtiments. En 1718 on éleva de nouvelles constructions sous la direction de l’architecte Germain Boffrand. — Édit portant suppression de l’Arsenal, de son gouvernement et de sa juridiction. — « Louis par la grâce de Dieu, etc… Le dessein de procurer du soulagement à nos peuples en appliquant aux dépenses de l’État les revenus ou le produit d’anciens établissements devenus inutiles, nous a déterminé à supprimer l’Arsenal de Paris près de notre château de la Bastille, ainsi que les offices militaires et de justice qui y sont attachés. Cet établissement, essentiel dans son origine, a cessé d’être nécessaire au moyen des fonderies, des forges et des manufactures d’armes et de poudre établies dans différentes provinces de notre royaume. — Par la réunion à notre personne de la charge de grand-maître et capitaine général de l’artillerie, les fonctions des officiers militaires et de justice sont restées sans objet ou ne sont plus relatives à l’institution des offices, etc. — À ces causes etc. — Art. 1er. Nous avons supprimé et supprimons dès maintenant et à toujours le gouverneur et grand-maître de l’Arsenal, le gouvernement, la garde ordinaire, etc… — Art. 5. Il sera incessamment et sans délai à la diligence du procureur du roi et de la ville de Paris, fait un état des terrains bâtiments et logements qui sont renfermés dans l’enclos dudit Arsenal, et tous les terrains et bâtiments et celui des fossés qui le bordent, seront divisés par plusieurs rues de largeur suffisante, formées dans la direction la plus utile et la plus convenable, conformément aux plans qui nous seront présentés et qui seront par nous agréés. Donné à Versailles, l’an de grâce 1788, et de notre règne le 14e, signé Louis. » (Voir les articles Greniers de réserve, rue de Sully, etc.)
Bibliothèque de l’Arsenal. — Le marquis de Paulmy d’Argenson, riche et aimant les livres, forma cette bibliothèque. Pendant ses diverses ambassades il recueillit tout ce qu’il trouva d’intéressant, soit en monuments historiques, soit en littérature étrangère. Le comte d’Artois en fit l’acquisition en 1785 et en réserva l’usufruit au marquis de Paulmy, qui mourut peu de temps après. Cette bibliothèque fut alors déposée dans les bâtiments du grand Arsenal, et prit le nom de bibliothèque de Monsieur. En 1787 on joignit à cette collection la seconde partie de la bibliothèque du duc de La Vallière. Après la bibliothèque Royale, celle de l’Arsenal est la plus complète. Elle renferme 200 000 volumes et 10 000 manuscrits.
Ordonnance royale du 23 novembre 1830.
« Louis-Philippe, etc. Sur le compte qui nous a été rendu par notre ministre secrétaire d’État de l’intérieur ;
Voulant favoriser les recherches scientifiques dans les quatre bibliothèques de Paris ;
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
La bibliothèque du Roi, la bibliothèque Mazarine, celles de l’Arsenal et de Sainte-Geneviève, seront ouvertes tous les jours au public (les fêtes exceptées), depuis dix heures jusqu’à trois.
Arts (école des Beaux-).
Le couvent des Petits-Augustins, sur l’emplacement duquel a été établie l’École des Beaux-Arts, fut fondé par Marguerite de Valois, première femme du roi Henri IV. Cette princesse, menacée de mort dans son château d’Usson en Auvergne, fit vœu, si Dieu la délivrait de ce péril, de fonder un monastère. Elle réalisa cette promesse et jeta les yeux sur les Augustins déchaussés, dont la réforme commençait à s’établir en France. Marguerite fit venir les pères François Amet et Mathieu de Sainte-Françoise, et les logea dans son hôtel de la rue de Seine. Dès l’année 1606, elle avait acheté la maison et les jardins qu’occupaient les frères de la Charité, et ce fut sur une partie de cet emplacement qu’elle fit construire la chapelle des Augustins. Mais bientôt la capricieuse Marguerite révoqua la donation qu’elle avait stipulée en faveur de ces pères, auxquels elle substitua, par contrat du 12 avril 1613, les Augustins réformés de la province de Bourges. Anne d’Autriche posa la première pierre de leur église le 15 mai 1617. Peu de temps après elle fut bénite sous le nom de Saint-Nicolas-de-Tolentin. Le 27 juin 1619, Henri d’Amboise, marquis de Bissy, posa la première pierre du cloître et des autres bâtiments de cette communauté. Ce couvent fut supprimé en 1790. On s’occupa quelque temps après de la conservation des monuments dont on avait dépouillé les édifices religieux. Une commission, composée de savants et d’artistes, fut spécialement chargée de ce soin. On choisit les bâtiments des Petits-Augustins pour recevoir les tableaux et les monuments de sculpture. Le 4 janvier 1791, Alexandre Lenoir en fut nommé conservateur. Ce savant, cet homme de bien s’exprime ainsi dans l’avant-propos de la description qu’il fit de ces monuments (7e édition, 1803): « L’on parvint, dit-il, à arrêter le bras de la sottise qui abattait les statues, déchirait les tableaux les plus précieux, et fondait les plus beaux bronzes de l’abbaye de Saint-Denis, que le feu semble avoir incendiée du sommet des voûtes jusqu’au fond des tombeaux. J’ai retiré les magnifiques mausolées de Louis XII, de François Ier, de Henri II, de Turenne, etc. O malheur ! ces chefs d’œuvre de l’art avaient déjà éprouvé la fureur des barbares. Une grande partie de ces monuments qui attestaient la gloire de la nation mutilés et leurs ruines éparses dans un cimetière, étaient cachés sous l’herbe et recouverts de mousse.
Ainsi, par un système désorganisateur, on voyait le chardon prendre la place du laurier et couronner Charlemagne et Duguesclin. J’en ai recueilli les restes précieux que je puis restaurer. Déjà les tombeaux de François Ier et de Louis XII sont rendus à leur splendeur première, heureux si je puis faire oublier à la postérité ces destructions de l’ignorance !… Enfin à force de soins et de sollicitude, je suis parvenu à recueillir plus de quatre cents monuments de la monarchie française.
Une masse aussi imposante de monuments de tous les siècles, me fit naître l’idée d’en former un musée particulier, etc. » — Le Musée des Monuments français fut ouvert au public pour la première fois le 15 fructidor an III (1er septembre 1795).
Quelle reconnaissance ne devons-nous pas au zèle éclairé d’un administrateur qui a préservé de la destruction tant de chefs-d’œuvre destinés à guider encore le génie de nos artistes ! — Il faut espérer que l’on pressera les rangs des statues qui doivent orner les quatres côtés de l’Hôtel-de-Ville de Paris, et que parmi ces bienheureux on réservera une place à l’architecte Alexandre Lenoir. — Par suite du concordat du 9 avril 1802, qui donna une nouvelle organisation au culte catholique, plusieurs monuments de sculpture furent rendus aux églises.
En 1815, la suppression de ce musée fut décidée. Une grande partie de ses richesses fut dispersée ; toutes celles qui ornaient autrefois les sépultures des princes et princesses furent transférées, au nombre de cent cinquante, dans l’église de l’abbaye royale de Saint-Denis. — Un décret du 24 février 1811 porte ce qui suit : « On s’occupera cette année de la construction d’une École des Beaux-Arts. Cet édifice devra contenir, d’abord les salles communes destinées aux leçons des professeurs et aux concours de l’école, et ensuite les beaux ateliers que nous nous réservons de distribuer, comme récompenses aux principaux artistes, peintres et statuaires. »
Une ordonnance royale du 24 avril 1816 porte : qu’il sera établi dans l’emplacement du musée des Augustins une École royale des Beaux-Arts ; qu’au 15 octobre cette école occupera la totalité des bâtiments du musée ; et qu’il sera construit sur la place du jardin un édifice destiné à cette école. — Le 3 mai 1820, le ministre de l’intérieur vint poser en grande pompe la première pierre de ce bâtiment, qui fut construit sur les dessins de M. Debret, architecte.
La disposition de cet édifice fut établie sur un plan beaucoup plus restreint que celui d’après lequel il a été continué depuis sous l’habile et savante direction de M. Duban : — L’École des Beaux-Arts occupe tout l’emplacement de l’ancien couvent des Petits-Augustins. Elle contient une superficie de 14 300 m. Quelques parties de l’ancienne communauté religieuse ont été conservées, notamment l’église, au fond de laquelle on a placé la copie faite par Sigalon, du jugement dernier de Michel-Ange. — La première cour a 35 m. de largeur et 50 m. de profondeur. — Elle est séparée de la seconde ou plutôt de l’enceinte, contenant l’édifice principal, par la façade de l’ancien château de Gaillon.
Cet édifice est rectangulaire. Il a 73 m. de face et 47 de profondeur. Il se compose de quatre corps de bâtiments contigus renfermant une cour pavée en marbre de 42 m. sur 19 m. — Le bâtiment du devant contient un grand vestibule auquel sont adossés les deux principaux escaliers ayant, chacun, deux rampes directes arrivant aux galeries donnant entrée aux pièces du premier étage. — Les bâtiments latéraux contiennent des salles d’exposition, et celui du fond un vaste amphithéâtre précédé de deux grandes pièces. — À gauche de cet édifice est un bâtiment élevé de plusieurs étages, affecté spécialement aux élèves et contenant les loges des peintres, des sculpteurs et des architectes. Ce bâtiment, derrière lequel sont quelques cours de service, a 60 m. de longueur de face et 8 de profondeur.
Arts (passages des Beaux-).
En 1825, M. Detroyes, propriétaire de l’ancien hôtel de Larochefoucauld, conçut le projet d’ouvrir sur cet emplacement une rue de 10 m. de largeur. Ce propriétaire, sans une autorisation préalable de l’administration, exécuta immédiatement son projet, et la rue nouvelle reçut le nom de rue des Beaux-Arts, en raison de son débouché en face de l’entrée de l’École des Beaux-Arts. Mais l’autorité supérieure ne voulut point recevoir cette nouvelle communication au nombre des voies publiques de la ville de Paris, attendu que M. Detroyes ne consentait pas à se soumettre aux conditions imposées en pareil cas. En conséquence, une décision ministérielle, à la date de 1826, prescrivit la conversion de cette rue en un passage fermé par des grilles. — Cette prescription fut en partie éludée ; des clôtures en planches furent posées, mais presque aussitôt enlevées. — En 1832 intervint une nouvelle décision ministérielle qui a été exécutée en 1839. — Éclairage au gaz (compe Française).
Arts (pont des).
Ce pont, qui a droit de péage, a été construit en vertu d’une loi du 15 mars 1801, par une compagnie anonyme dont la concession ne doit expirer qu’au 30 juin 1897. — Commencé en 1802, il a été terminé en 1803, sous la direction de l’ingénieur Demoutier. Sa largeur est de 10 m. et sa longueur de 130 m. — Ce pont, qui ne sert qu’aux piétons, a neuf arches de fer fondu de 16 m. 80 c. d’ouverture. — Son nom lui vient du Louvre, qui portait le titre de Palais des Arts avant qu’on l’eût donné à l’édifice des Quatre-Nations.
Arts (rue des).
C’était en 1790 la rue Saint-Michel ; depuis 1793 on la nomme rue des Arts (voir l’article Trinité, passage de la).
Arts-et-Métiers (conservatoire des).
Le Conservatoire des Arts-et-Métiers occupant aujourd’hui une partie des bâtiments de Saint-Martin-des-Champs, nous tracerons ici l’origine de ce prieuré célèbre. Le culte de saint Martin fut en honneur dès les premiers temps de la monarchie. On portait sa chape à la tête des armées, et nos rois la regardaient comme l’étendard de la victoire. Ce saint personnage, vers 385, guérit, suivant la tradition, un lépreux dans la campagne près de la ville. Un oratoire construit avec quelques branches d’arbres consacra le souvenir de ce miracle. Cet oratoire, dont parle Grégoire de Tours en racontant l’incendie qui désola Paris en 586, a été sans doute l’origine du monastère de Saint-Martin-des-Champs. Dagobert, dans un diplôme de l’an 629, accorde une foire à l’abbaye de Saint-Denis, et en fixe le champ dans un lieu nommé le pas ou le pont Saint-Martin. Dans un autre diplôme de Childebert III, on lit : que ce champ de foire se trouvait entre les basiliques de Saint-Martin et de Saint-Laurent. Cette basilique qui avait succédé à l’oratoire primitif dont nous venons de parler, fut détruite par les Normands, ainsi que le prouve un diplôme de 1060, dans lequel Henri Ier, attestant sa ruine, promet de la réédifier. Ce prince plaça des chanoines séculiers à Saint-Martin-des-Champs. La construction de l’église fut terminée en 1067 ; cette année fut aussi l’époque de sa dédicace, son nom de Saint-Martin-des-Champs indiquait sa situation hors de la ville. Les maisons des vassaux du monastère peu à peu formèrent un village autour de l’église et de la demeure des chanoines.
Philippe Ier, en 1079, substitua aux chanoines les religieux de Cluny. Ce changement fit perdre à cette communauté son titre d’abbaye. Ce ne fut plus alors qu’un prieuré qui resta le second de cet ordre. L’acte de 1079, relatif ce changement, fut ratifié en 1097 par une bulle du pape Urbain II. Ces religieux étaient seigneurs dans leur enclos ; ils y avaient un bailliage et une geôle ou prison. Ce bailliage connaissait de toutes les causes civiles ou criminelles dans l’étendue de son ressort ; les appels se relevaient au parlement. Le prieur et les moines de Saint-Martin avaient aussi leur champ-clos situé dans remplacement où fut depuis le premier marché Saint-Martin.
La fureur des duels judiciaires devint si grande, que Louis-le-Jeune se vit forcé de prohiber le combat dans les contestations au-dessous de cinq sous. Cette défense n’eut pourtant aucun résultat. Plus tard Saint-Louis essaya de détruire cet usage barbare, en ordonnant que la preuve par témoins serait substituée aux combats judiciaires. Son ordonnance ne fut observée que dans les domaines royaux mais les seigneurs l’éludèrent dans leurs seigneuries parce qu’elle les privait des bénéfices qu’ils tiraient de ces luttes. Nous voyons dans Sauval que lorsqu’il y avait gages de bataille, l’amende à payer par le vaincu roturier était de 60 sous, celle du vaincu gentilhomme de 60 livres. Cette coutume a sans doute donné naissance au proverbe les vaincus paient l’amende.
Le cloître du prieuré Saint-Martin-des-Champs, commencé en 1702, fut achevé en 1720. Le marché, dont nous avons parlé, qui servit longtemps de champ-clos et qu’on voyait sur la rue Saint-Martin, fut remplacé en 1765 par un autre qui formait une place où aboutissaient plusieurs rues. Ce prieuré fut supprimé en 1790. Devenu propriété nationale, une partie des bâtiments et des terrains qui le composaient fut vendue les 3, 15 février 1791, 19 août 1796 et 14 mai 1798. Les parties conservées furent plus tard affectées aux bureaux de la mairie du 6e arrondissement, maintenant rue de Vendôme. L’église servit de conservatoire des arts et métiers. En parlant de ce dernier établissement qui occupe aujourd’hui la plus grande partie des bâtiments conservés, nous terminons l’historique du prieuré de Saint-Martin-des-Champs : Grégoire, ancien évêque de Blois, provoqua le premier, au comité d’instruction publique de la Convention Nationale, la formation d’un conservatoire des arts et métiers. Il fit à cette occasion un rapport d’après lequel ce grand pouvoir consentit à cet établissement le 19 vendémiaire an III (10 octobre 1794).
« Conseil des Cinq-Cents, séance du 26 germinal an VI. — Article Ier. Les parties de bâtiments de la ci-devant abbaye Saint-Martin-des-Champs et de terrains, indiquées par une teinte rouge-pâle dans le plan annexé à la présente résolution, sont mises à la disposition du Directoire exécutif pour placer le Conservatoire des Arts-et-Métiers etc. »
Ordonnance royale : — « Louis, etc… Le Conservatoire des Arts-et-Métiers a rendu depuis son institution d’importants services, mais pour atteindre complètement le but de sa fondation, il y a manqué jusqu’ici une haute école d’application des connaissances scientifiques au commerce et à l’industrie ;
Voulant pourvoir à ces besoins, remplir le vœu des hommes éclairés et contribuer de tout notre pouvoir aux moyens d’accroître l’industrie nationale ;
Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État de l’intérieur :
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Il sera établi au Conservatoire des Arts-et-Métiers un enseignement public et gratuit pour l’application des sciences aux arts industriels.
Cet enseignement se composera de trois cours savoir : un cours de mécanique, un cours de chimie, appliquées aux arts et un cours d’économie industrielle.
Donné à Paris, au château des Tuileries le 25 novembre 1819, et de notre règne le 25me. Signé Louis ; par le roi le ministre secrétaire d’État de l’intérieur, signé, Decazes. »
Ordonnance royale : — « Louis-Philippe, etc… Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État du département du commerce et des travaux publics ;
Vu les ordonnances des 25 novembre 1819, 31 août 1828 et 9 novembre 1831, etc. — Article 1er. Il sera établi au Conservatoire des Arts-et-Métiers un enseignement public et gratuit pour l’agriculture etc.
Fait à Neuilly, le 25 août 1836.
Asile (passage de l’).
Il a été percé en 1834 sur les terrains appartenant à M. Mouffle, ancien maire du 8e arrondissement. Ce passage, qui n’est pas reconnu voie publique par l’administration, doit son nom une salle d’asile pour les pauvres.
Assas (rue d’).
Les couvents des Carmes et du Cherche-Midi, supprimés en 1790, devinrent propriétés nationales, et furent vendus les 15 brumaire et 21 thermidor an V. Les contrats de vente imposèrent aux acquéreurs l’obligation de livrer gratuitement le terrain nécessaire à deux rues projetées. Une seule fut ouverte en 1806, et reçut la dénomination de rue d’Assas, en mémoire de Nicolas, chevalier d’Assas, né au Vigan, capitaine dans le régiment d’Auvergne mort à Closter-Camp, le 16 octobre 1760, où il commandait une compagnie d’avant-garde. Étant allé au point du jour reconnaître les postes, ce capitaine tomba dans une colonne ennemie qui s’avançait en silence pour surprendre l’armée française. Aussitôt des grenadiers le saisissent et le menacent de l’égorger s’il dit un seul mot. Il y allait du salut de l’armée française ; d’Assas se recueille un instant, et s’écrie : « À moi, Auvergne ! faites feu, ce sont les ennemis ! » Il tombe aussitôt percé de coups. Ce trait de courage héroïque, longtemps oublié, dut à Voltaire la popularité dont il jouit dans l’histoire moderne. — La largeur de la rue d’Assas est de 12 m. Quelques constructions devront subir un faible retranchement. — Éclairage au gaz (compe Parisienne). (Voir pour le couvent des Carmes la rue de Vaugirard, et pour celui du Cherche-Midi, la rue qui rappelle sa dénomination.)
Assomption (église de l’).
C’était autrefois l’église d’une communauté religieuse établie, en 1632, par le cardinal François de Larochefoucauld. Les religieuses n’eurent d’abord qu’une petite chapelle ; mais bientôt elles achetèrent un hôtel voisin, sur l’emplacement duquel elles firent construire l’église que nous voyons aujourd’hui. L’architecte Charles Érard, directeur de l’Académie Française à Rome, fournit les dessins. Cet édifice fut achevé en 1676. Le 14 août de cette année, la veille de l’Assomption, l’église fut bénite par l’archevêque de Bourges qui, le lendemain, y officia pontificalement. Supprimée en 1790, cette maison religieuse devint propriété nationale. — Un arrêté des consuls, du 1er floréal an X de la république, cité à l’article de la rue de Rivoli, prescrivit la vente de ce domaine, sur l’emplacement duquel une partie des rues Neuve-Luxembourg, du Mont-Thabor et toute la rue de Mondovi furent ouvertes. L’église, conservée, servit pendant la révolution de magasin de décors. Napoléon, qui avait placé son patron à la date du 15 août, jour de la fête de l’Assomption, décida que cette église serait, à l’avenir, la paroisse du 1er arrondissement, et qu’elle remplacerait l’église de la Madeleine de la Ville-l’Évêque, dont elle reçut officiellement la dénomination. L’usage a fait prévaloir le nom de l’Assomption.
À côté du maître-autel, sur une table de marbre noir, est gravée l’inscription suivante : « Ici est déposé le cœur de monseigneur Jean-François Hyacinthe Feutrier, évêque de Beauvais, pair de France, ministre des affaires ecclésiastiques, ancien curé de la Madeleine, décédé à Paris, le 26 juin 1830, à l’âge de 45 ans ; sa mémoire sera toujours en bénédiction. » — Sur une portion de terrain, faisant autrefois partie de la maison de l’Assomption, on construisit une caserne qu’on affecta, sous la restauration, à la garde à pied. Elle est occupée aujourd’hui par un bataillon de la ligne. Depuis l’achèvement de la Madeleine, le culte a été transféré dans cette église. L’Assomption est aujourd’hui fermée.
Astorg (rue d’).
Première partie, comprise entre les rues de la Ville-l’Évêque et de Roquepine. — « Louis, etc… Par arrêt rendu en notre conseil d’État aujourd’hui, nous y étant, sur la requête de nos chers et bien-amés Louis d’Astorg d’Aubarède, marquis de Roquepine, lieutenant général de nos armées, comme ayant des droits considérables de propriété sur un grand terrain contigu aux rues Verte et de la Ville-l’Évêque, appartenant, pour la majeure partie, aux héritiers Belloy, et se portant fort pour eux, Louis-Charles Froment et Marie-Anne-Élisabeth Louvet, sa femme, Charles Lemaître, Jean Toray, François Drouet et Marie-Marthe Louvet, sa femme, et autres copropriétaires de différents terrains contigus auxdites rues, et ayant consenti d’abandonner gratuitement les portions nécessaires à la formation d’icelles, même de contribuer à la dépense du premier pavé et des terrasses, par acte passé devant notaire, à Paris, le 4 novembre 1773, etc ;… ordonnons que la rue Verte sera prolongée (voyez rue Roquepine). Comme aussi, ordonnons qu’il sera ouvert, sur le terrain de la succession de Belloy, une nouvelle rue sous le nom d’Astorg, qui commencera par embranchement à la rue de la Ville-l’Évêque, et qui finira à la continuation de la rue Verte ; voulons que la largeur de ladite rue d’Astorg soit fixée à 30 pieds, etc… Donné à Versailles, le 4 mars 1774. » (Extrait des lettres-patentes.) — Elles furent registrées en cour de parlement le 6 septembre 1775, et la rue fut ouverte en mai 1776.
Deuxième partie, comprise entre les rues de Roquepine et de la Pépinière. — « Louis, etc…, Nous étant fait représenter les plans du faubourg Saint-Honoré et des nouvelle rue d’Astorg et prolongation de la rue Verte, formées en conséquence des lettres-patentes du 4 mars 1774, nous aurions reconnu que, pour rendre ce quartier plus commode, donner les accès et débouchés qui y sont nécessaires, faciliter à nos gardes françaises, qui sont casernées rue Neuve-Saint-Charles (aujourd’hui de la Pépinière) et rue Verte, les moyens de se rendre aux exercices qui se font dans les Champs-Élysées et aux lieux où leur service peut les appeler, en évitant aux soldats l’occasion de passer et traverser les marais où, malgré toutes leurs précautions, ils ne peuvent s’empêcher d’occasionner beaucoup de dégâts ; il serait également utile, et dans l’intention desdites lettres-patentes, que ces deux rues fussent prolongées, la première pour avoir son ouverture dans la rue Neuve-Saint-Charles, près de ladite caserne, et la deuxième (voir rue de Roquepine), etc. ; ordonnons que la rue d’Astorg sera prolongée et ouverte à travers les terrains appartenant aux sieurs Louvet et Moreau, et sur celui appartenant à la compagnie des monnayeurs et ajusteurs de la Monnaie de Paris, etc… Donné à Versailles, le 24 juillet 1778. » (Extrait des lettres-patentes.)
Ces lettres-patentes, soumises aux trésoriers de France, donnèrent lieu à plusieurs observations consignées dans un rapport du 30 janvier 1779 et qui ne furent point accueillies. — Cette seconde partie de la rue d’Astorg fut pavée en vertu d’un arrêt du conseil d’État du 28 mars 1780. — Une décision ministérielle du 3 thermidor an IX, signée Chaptal, et une ordonnance royale à la date du 27 septembre 1836, ont fixé à 10 m. la largeur des deux parties dont il vient d’être parlé. — Aucune construction riveraine n’est soumise à retranchement ; celle no 2 est seule sujette à un léger redressement.
Troisième partie entre la rue de la Pépinière et celle Delaborde. Elle a été ouverte quelques années après la seconde partie ; elle reçut le nom de rue Maison-Neuve. — Une décision ministérielle du 3 thermidor an IX, signée Chaptal, a fixé sa largeur à 10 m. — En 1840, elle a pris le nom de rue d’Astorg. Les maisons nos 37 et 48 comprises dans cette partie de rue sont à l’alignement. — Égout et conduite d’eau depuis la rue de Roquepine jusqu’à celle Delaborde. — Éclairage au gaz depuis la rue de la Ville-l’Évêque jusqu’à celle de la Pépinière (compe Anglaise).
Athènes (passage d’).
Bâti en 1793, ce passage a pris sa dénomination actuelle de l’hôtel d’Athènes.
Aubert (passage).
C’était anciennement le passage Sainte-Marguerite. — Il fut reconstruit vers 1813 par M. Aubert qui lui donna son nom.
Aubry-le-Boucher (rue).
Dans un acte passé en 1273 entre Philippe-le-Hardi et le chapitre Saint-Merri, elle est appelée Vicus Alberici carnificis. — 4 juin 1679. Arrêt du Conseil. — « Sa Majesté estant en son conseil a ordonné et ordonne que la rue Aubry-Boucher sera incessamment eslargie, etc. Signé Le Tellier et Colbert. » — Une décision ministérielle en date du 28 brumaire an VI, signée Letourneux, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 19 juillet 1840, cette largeur est portée à 12 m. — Les maisons nos 3, 5, 7, 9, 11, 27, 29, 31, 33, 35, 37, 39, 41, 43, 45, 47, 49, 51, 53, 55 et 57 sont alignées. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française). — À l’angle des rues Aubry-le-Boucher et Quincampoix était située l’église Saint-Josse. Chapelle au Xe siècle, elle devint église paroissiale en 1260, fut reconstruite en 1679, supprimée en 1790, et vendue comme propriété nationale le 18 octobre 1791.
Augustin (rue Neuve Saint-).
Première partie comprise entre la rue de Richelieu et celle Gaillon. Elle fut percée vers 1650 et reçut la dénomination de rue Neuve-Saint-Augustin, parce qu’elle avoisinait le couvent des religieux Augustins dits Petits-Pères. — Une décision ministérielle du 21 prairial an X, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette partie de rue à 8 m. — En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, cette largeur est portée à 10 m. — Deuxième partie comprise entre les rues Gaillon et Louis-le-Grand. L’ouverture en fut prescrite par un arrêt du conseil, du 22 mars 1701, qui ordonnait aussi le percement de la rue Louis-le-Grand. Cet arrêt fut renouvelé par d’autres arrêts des 3 juillet 1703, 4 octobre 1704, 19 avril 1707, 29 avril 1710 et 14 mars 1713. Cette partie de rue fut complètement ouverte en 1714 sur une largeur de 9 m. 74 c. — Troisième partie comprise entre la rue Louis-le-Grand et le boulevart des Capucines. Un décret impérial du 19 février 1806 contient la disposition suivante « Il sera ouvert de la rue Louis-le-Grand au boulevart du Nord, une rue transversale coupant à angle droit la nouvelle rue à ouvrir de la rue Neuve-des-Capucines au boulevart, sur l’emplacement de l’ancien couvent des Capucines ; en conséquence, la maison située rue Louis-le-Grand et indiquée au plan général no 1 annexé au présent décret, sera achetée au compte du gouvernement, et payée sur le produit de la vente des terrains et bâtiments des Capucines. » (Voir l’article rue de la Paix, où nous donnons l’historique de cet établissement religieux). — Une décision ministérielle du 30 juin suivant a fixé à 10 m. la largeur de cette partie de rue dont l’exécution a été commencée en 1807. — Les maisons portant les numéros ci-après sont à l’alignement : partie des nos 3, 5, 7 et de 17 à la fin ; 6, la maison à l’encoignure gauche de la rue Grammont, 18, et de 22 à la fin ; les propriétés nos 8, 10, 12, et 20 ne sont soumises qu’à un faible redressement. — Égout entre les rues de Richelieu et Monsigny. — Conduite d’eau depuis la rue Gaillon jusqu’à celle de la Paix. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).
Augustins (quai des Grands-).
Ce quai doit soit nom aux religieux Augustins, qui vinrent s’y établir. Nous parlerons de cette communauté à l’article du Marché à la Volaille. Avant le règne de Philippe-le-Bel, ce n’était qu’un terrain planté de saules et qui servait de promenade aux habitants du voisinage. Les inondations en rendaient l’accès difficile et ruinaient les maisons riveraines. Ces inconvénients devinrent si grands que Philippe-le-Bel ordonna par lettres du 9 juin 1231, au prévôt des marchands, d’y faire construire un quai. On voit également par d’autres lettres du 20 mai de l’année suivante que ce monarque reproche au magistrat sa lenteur à exécuter les ordres qu’il lui avait donnés. Ce quai ne fut achevé que vers l’année 1389 ; on le nomma alors rue de Seine par où l’on va aux Augustins ; ensuite, rue du Pont-Neuf qui va aux Augustins (le pont Saint-Michel se nommait alors le Pont-Neuf). La rue du Hurepoix s’étendait autrefois du pont Saint-Michel à la rue Git-le-Cœur. Le côté droit de cette rue ayant été démoli en 1806, alors le quai commença au pont Saint-Michel. — Une décision ministérielle du 29 nivôse an VIII, signée L. Bonaparte, a fixé la moindre largeur de ce quai à 9 m. 40 c. ; et sa plus grande à 26 m. Les propriétés nos 1, 3, 7, le marché à la volaille et la maison no 55, ne sont pas soumises à retranchement. — Égout et conduite d’eau sous une partie de ce quai. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).
Augustins (rue des Grands-).
On nommait cette voie publique en 1269, rue à l’Abbé de Saint-Denis, des Écoles et des Écoliers-Saint-Denis, parce que le collége de ces religieux était en partie situé dans cette rue. Au commencement du XIVe siècle, elle prit du couvent des Grands-Augustins la dénomination qu’elle conserve encore aujourd’hui. — Une décision ministérielle du 13 fructidor an VII, signée Quinette, avait fixé à 8 m. la moindre largeur de la rue des Grands-Augustins. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840. Les constructions du marché à la volaille sont alignées. — Conduite d’eau depuis le quai jusqu’à la borne-fontaine placée en face de la rue Christine.
Augustins (rue des Petits-).
Cette rue fût ouverte au commencement du XVIIe siècle, sur le Petit-Pré-aux-Clercs. Ce pré avait été donné en 1368 à l’Université en échange du terrain que les religieux de Saint-Germain-des-Prés avaient été obligés d’acheter pour faire creuser des fossés autour de leur abbaye. Il était séparé du Grand-Pré-aux-Clercs par un canal de 27 m. de largeur qui aboutissait aux fossés. Ce canal s’appelait la Petite-Seine, et traversait le terrain qui servit depuis de cloître aux Petits-Augustins. Ce nom de Petite-Seine fut d’abord donné à la rue dont nous parlons lorsqu’on bâtit sur le Petit-Pré, après avoir comblé le canal. À partir de l’année 1664, cette voie publique fut appelée communément rue des Petits-Augustins, en raison du couvent qui y était situé et dont nous avons parlé à l’article École des Beaux-Arts. Une décision ministérielle en date du 2 thermidor an V, signée Benezech, fixa la largeur de cette voie publique à 16 m. Cette largeur est portées à 11 m. en vertu d’une ordonnance royale du 29 avril 1839. Une partie de la maison no 7, les propriétés nos 13 et 17, et le mur de clôture de l’école des Beaux-Arts, ne sont pas soumis à retranchement. — Conduite d’eau depuis la rue Jacob jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Française).
Augustins (rue des Vieux-).
Quelques moines Augustins vinrent d’Italie en France, attirés dans ce pays par la protection que le roi saint Louis accordait à tous les religieux. Ils s’établirent d’abord à Paris au-delà de la porte Saint-Eustache, dans un lieu environné de bois où se trouvait une chapelle dédiée à Sainte-Marie Égyptienne. Joinville parle ainsi de cet établissement : « Le roi pourvut les frères Augustins et leur acheta la granche à un bourjois de Paris et toutes les appartenances et leur fit faire un moustièr dehors la porte Montmartre. »
Vers l’année 1285 ces religieux quittèrent cet endroit pour aller s’établir dans le clos du Chardonnet. Peu de temps après le départ de ces religieux, une rue fut ouverte à côté de leur ancienne demeure. On donna à cette voie publique deux dénominations : celle des Augustins à la partie comprise entre les rues Montmartre et Pagevin, et au surplus, jusqu’à la rue Coquillière, le nom de Pagevin. Ce ne fut qu’au XVIIIe siècle que la communication dont il s’agit s’appela dans toute son étendue rue des Vieux-Augustins. — Une décision ministérielle du 3 thermidor an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 9 m. En vertu d’une ordonnance royale du 23 juillet 1828 cette largeur a été portée à 10 m. Les maisons nos 7, 71, et 22 sont alignées ; les constructions du côté des nos impairs, depuis la rue du Petit-Reposoir jusqu’à la maison no 71, ne sont soumises qu’à un retranchement moyen de 25 c. ; celles de 2 à 20 devront reculer de 1 m. 20 c. à 1 m. 70 c. ; de 24 à la fin, de 1 m. 70 c. à 2 m. 70 c. — Égout et conduite d’eau sous une partie de cette rue. — Éclairage au gaz depuis la rue Coquillière jusqu’à celle du Petit-Reposoir (compe Anglaise) ; pour le surplus (compe Française).
Aunay (barrière d’).
On la nomma en 1790, barrière Folie-Regnault. Elle porta ensuite le nom de Saint-André. — Sa dénomination actuelle lui vient de la ferme d’Aunay, située à un quart de lieue de Paris. — Cette barrière, qui est fermée, se compose d’un bâtiment avec deux péristyles (voyez l’article Barrières).
Aunay (chemin de ronde de la barrière d’).
Les constructions riveraines sont alignées (voir l’article Chemins de ronde).
Austerlitz (grande rue d’).
L’espace compris aujourd’hui entre l’hôpital de la Salpêtrière, le mur d’enceinte et le boulevart de l’Hôpital, dépendait d’un petit village nommé Austerlitz, qui se composait de plusieurs guinguettes. Vers l’année 1818, ce village fut enfermé dans Paris ; le mur d’enceinte qui se trouvait alors sur le boulevart de l’Hôpital, fut reporté beaucoup plus loin. Le village d’Austerlitz ne comptait que trois rues. La principale se nommait grande rue d’Austerlitz ; les deux autres étaient appelées rue du Chemin-des-Étroites-Ruelles (voyez l’article qui suit) et rue des Deux-Moulins. Deux chemins dépendaient également de ce village. Ils ont été convertis en rues sous les noms de Bellièvre et Bruant. — Une décision ministérielle, en date du 3 février 1821, a fixé la largeur de la grande rue d’Austerlitz à 10 m. Le numérotage de cette voie publique a été fait pour la première fois en 1825. Il a été rectifié en 1837, par suite des nouvelles constructions qui ont été élevées dans cette rue. Les propriétés nos 13, 15, 20 et 22, sont seules soumises à retranchement — Sur l’emplacement du village d’Austerlitz, on a formé les chemins de ronde des barrières de la Gare et d’Ivry, la place de la Barrière-d’Ivry, les rues de la Barrière-des-Gobelins, de l’Hôpital-Général et de Villejuif ; on a construit la barrière d’Ivry et l’abattoir de Villejuif.
Austerlitz (petite rue d’).
C’était une des rues du village d’Austerlitz (voyez l’article qui précède). Elle portait le nom de rue du Chemin-des-Étroites-Ruelles. Les plaques l’indiquent encore sous cette dénomination ridicule. Cependant plusieurs pièces authentiques lui donnent le nom de petite-rue d’Austerlitz que nous avons dû conserver. — Une décision ministérielle, du 3 février 1821, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. — Toutes les propriétés sont à l’alignement.
Austerlitz (pont d’).
« Au nom du peuple français, Bonaparte, premier consul, proclame loi de la république le décret suivant, rendu par le Corps-Législatif, le 24 ventôse an IX, conformément à la proposition faite par le gouvernement le 18 dudit mois, communiquée au Tribunat le lendemain. — Article 1er. Il sera établi trois ponts à Paris, sur la Seine : le premier, entre le Jardin des Plantes et l’Arsenal ; le second, entre les îles de la Cité et de la Fraternité ; le troisième, pour un passage à pied entre le Louvre et le quai des Quatre-Nations, etc… » — Commencé en 1802, celui qui nous occupe fut, le 1er juin 1806, ouvert aux piétons, et le 5 mars 1807, les voitures purent le traverser. On lui donna alors la dénomination d’Austerlitz, en mémoire de la célèbre bataille gagnée le 2 décembre 1805, par les Français sur les Russes et les Autrichiens. Son nom fut changé en 1815 : on l’appela pont du Jardin-du-Roi. En 1830, il reprit le nom d’Austerlitz. — Il a été construit sous la direction de M. Lamandé, ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, d’après les dessins de M. Becquey-Beaupré, aux frais d’une société anonyme, qui en a obtenu la concession jusqu’au 30 juin 1897. — Ce pont, où l’on perçoit un péage, a cinq arches en fer fondu, de 32 m. 36 c. d’ouverture. Sa largeur est de 13 m., et sa longueur totale entre les culées est de 130 m.
Austerlitz (quai d’).
Ce quai portait originairement le nom de quai de l’Hôpital, en raison de sa proximité de l’hôpital dit la Salpêtrière. Après l’achèvement du pont d’Austerlitz, il en prit la dénomination (voir l’article qui précède). En 1815, on lui rendit son premier nom. L’alignement de ce quai a été fixé par une décision ministérielle du 30 avril 1819. Les propriétés nos 13, 23, 25, 27 et 31, devront seules subir un retranchement. Il a repris la dénomination de quai d’Austerlitz en vertu d’une autorisation du ministre du commerce et des travaux publics, à la date du 6 avril 1832.
Austerlitz (rue d’).
Elle est indiquée sur le plan de Verniquet, mais sans dénomination. En 1806, elle reçut le nom de rue d’Austerlitz (voyez l’article Austerlitz, pont d’). L’alignement, approuvé par le ministre de l’intérieur Cretet, à la date du 19 septembre 1807, passe sur le nu des constructions actuelles. — Égout — Éclairage au gaz (compe Française).
Aval (rue d’), voyez Daval.
Ave-Maria (caserne de l’).
C’était autrefois un couvent de Béguines, fondé par saint Louis vers l’année 1264. Ce prince acheta d’Étienne, abbé de Tiron, une propriété pour les y établir. Dans la vie de ce monarque, par le confesseur de la reine Marguerite, on lit : « De rechief il fonda la méson des Béguines de Paris delez la porte Barbeel. » — Ce couvent comptait dans l’origine quatre cents religieuses. Leur nombre diminua bientôt ; il ne restait plus que trois personnes dans cette maison, lorsque Louis XI, en 1471, jugea à propos de la donner aux religieuses de la Tierce-Ordre pénitente et observance de Saint-François. Il ordonna, en outre, qu’on appelât ce couvent, monastère de l’Ave-Maria. On sait que Louis XI institua, le 1er mai 1472, au son de la grosse cloche de la cathédrale, les trois récitations de l’Ave-Maria. Mathieu Molé, garde-des-sceaux si distingué par sa fermeté pendant les troubles de la Fronde, fut enterré dans le chapitre de ce couvent, en vertu d’un privilège accordé par le pape. Cette communauté religieuse a été supprimée en 1790. Ses bâtiments ont été affectés peu de temps après à une caserne d’infanterie.
Aveugles (institution des Jeunes).
Cet établissement occupe aujourd’hui une partie des bâtiments de l’ancien collége des Bons-Enfants, depuis séminaire de la Mission ou de Saint-Firmin.
Ce collége était regardé comme l’un des plus anciens de Paris, mais l’absence de documents ne permet pas d’assigner à son origine une époque antérieure au XIIIe siècle.
Dans une bulle d’Innocent IV, donnée à Lyon, le 24 novembre 1248, le souverain pontife permet à Gautier, administrateur de la maison des Bons-Enfants, de construire une chapelle.
Ce collége était presque abandonné, lorsque Vincent-de-Paul en fut nommé principal et chapelain, le 1er mars 1624. C’est là que ce prêtre vénérable jeta les premiers fondements de la Mission à laquelle ce collége fut réuni par décret du 8 juin 1627. Dès lors cette maison fut considérée comme un véritable séminaire. On y formait de jeunes ecclésiastiques qui allaient porter dans les campagnes la parole de Dieu.
Ce changement de collége des Bons-Enfants en séminaire Saint-Firmin, ne fut légalement autorisé qu’en 1707.
Les lettres-patentes du 21 novembre 1763, qui réunissaient à l’Université tous les colléges sans exercice n’avaient pas fait d’exception pour la maison des Bons-Enfants : mais le roi, par de nouvelles lettres du 22 avril 1773, ordonna que la principauté, la chapellenie et les terrains et bâtiments de ce collége resteraient attachés à la congrégation de la Mission, en réunissant néanmoins les autres biens et les bourses du collége à celui de Louis-le-Grand, conformément aux lettres-patentes du 21 novembre 1763, et à l’arrêt du parlement du 8 mai 1769.
Le célèbre réformateur Jean Calvin habita quelque temps ce séminaire, dont la chapelle était dédiée à saint Firmin.
Le séminaire de la Mission fut supprimé en 1790. Il servit de prison pendant la terreur. Des prêtres y furent massacrés dans les journées de septembre.
Nougaret, un des écrivains de l’époque, nous raconte ainsi ces horribles scènes :
« Au séminaire de Saint-Firmin, les bourreaux, las de massacrer leurs victimes, se précipitèrent dans l’intérieur de la maison, qui bientôt ne fut plus qu’une vaste boucherie.
Le sang ruisselait à grands flots sur les lits, dans les chambres, dans les escaliers… Ici, des hommes vivants étaient jetés pêle-mêle avec des hommes morts ou mourants par les fenêtres, et tombaient sur des piques, des baïonnettes, des faulx ou des hallebardes. Des prêtres furent massacrés sur l’autel qui leur servait d’asyle au moment où, à genoux, les mains placées sur la poitrine, les yeux dirigés vers le ciel, ils recevaient la bénédiction du plus ancien d’entre eux et demandaient au Dieu de la nature de pardonner à leurs assassins…
Dans le nombre des quatre-vingt-onze prêtres égorgés à Saint-Firmin, un des plus remarquables est Joseph-Marie Gros, curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, député à l’Assemblée Constituante, pasteur qui avait pour ses paroissiens la tendresse d’un père pour ses enfants. Parmi ses bourreaux, il reconnut un de ses paroissiens, et lui dit : « Mon ami, je te reconnais. — Eh oui ! lui répondit l’anthropophage, et moi aussi, je vous reconnais : je sais que dans plusieurs occasions vous m’avez rendu service. — Comme tu m’en paies ! répliqua le bon curé. — Je ne saurais qu’y faire, reprit le bourreau : ce n’est point ma faute ; la nation le veut ainsi, et la nation me paie. » Ayant achevé ces mots, le cannibale fit signe à ses camarades ; tous ensemble saisirent ce vénérable prêtre et le jetèrent par la fenêtre ; sa cervelle se répandit sur le pavé, ses membres palpitèrent pendant plusieurs minutes. Depuis sa mort on a ouvert son testament, on a trouvé qu’il léguait tous ses biens aux pauvres de sa paroisse. »
La pièce suivante mérite d’être reproduite.
- « Commune de Paris…
« M. le trésorier de la commune payera à M. Gilbert Petit 48 livres pour prix du temps qu’ils ont mis, lui et trois de ses camarades, à l’expédition des prêtres de Saint-Firmin pendant deux jours. À la maison commune, ce 4 septembre l’an IV de la liberté et Ier de l’égalité, suivant la réquisition qui nous est faite par la section des sans-culottes qui les a mis en ouvrage. Signé Nicout, Jérôme Lamark, commissaires de la commune. » (Suit la légalisation des signatures). Au dos est écrit « Reçu la somme de 48 livres ; et au-dessous Gilbert Petit a fait sa croix. »
Les bâtiments de Saint-Firmin ont été vendus par le domaine de l’État ainsi qu’il suit : Le premier contrat, à la date du 17 thermidor an IV, porte dans sa désignation église et bâtiments du collége Saint-Firmin ; le second indique ainsi les portions aliénées : maisons dite le collége des Bons-Enfans, jardin et dépendances. La vente est du 29 avril 1808. Les maisons portant les nos 70, 72 et 74 représentent aujourd’hui les immeubles aliénés en l’an IV ; et les nos 66 et 68 ceux qui ont été vendus en 1808. Dans ces derniers bâtiments a été placée l’institution des Jeunes-Aveugles dont nous rappelons ici l’origine.
Le fils d’un pauvre paysan de la Picardie, Valentin Haüy, rendit aux aveugles par d’ingénieux procédés les mêmes services que l’abbé de l’Épée avait rendus aux Sourds-Muets.
Ainsi que ce bienfaiteur de l’humanité nous l’apprend lui-même, un hasard assez singulier amena la fondation de l’établissement des Jeunes-Aveugles.
En 1783, Mlle Paradis, aveugle, célèbre pianiste de Vienne, vint donner des concerts à Paris. Avec des épingles placées en forme de lettres sur de grandes pelotes, elle lisait rapidement, de même qu’elle expliquait la géographie par le moyen de cartes en relief, dont l’invention appartient à un aveugle, Weissembourg de Manheim. Ayant eu l’occasion d’entendre plusieurs fois Mlle Paradis, Valentin Haüy comprit tout le parti que l’on pouvait tirer de cette ingénieuse méthode pour l’enseignement des infortunés qui sont privés de la vue. Pénétré de la sainte mission qu’il avait à remplir, il y consacra tous ses instants. En 1786 Haüy publia une brochure sur les moyens d’instruire les aveugles. Un jour, à la porte de l’église Saint-Germain-des-Prés, il rencontra un enfant, un pauvre aveugle qui demandait l’aumône pour sa vieille mère infirme ; Haüy donna du pain à la femme et emmena le fils dans sa maison. Là, tout entier à son œuvre, il s’appliqua à réveiller tous les instincts, toutes les sensations si vives dans une nature incomplète ; il chercha les moyens d’éclairer cette jeune intelligence, il y parvint !… Fier de son élève, Haüy le présenta bientôt à la société philanthropique qui, satisfaite de ce premier essai, donna des fonds à l’instituteur et une maison située dans la rue Notre-Dame-des-Victoires, où furent admis douze élèves.
Le succès dépassa toutes les espérances. Haüy et ses écoliers furent présentés au roi et à la cour. Les résultats vraiment étonnants de leurs exercices excitèrent un intérêt général. Haüy reçut de nouveaux encouragements qui lui permirent d’augmenter le nombre de ses élèves.
L’institution des Jeunes-Aveugles fut soutenue par l’Assemblée Constituante qui la réunit à l’établissement des Sourds-Muets. Placés aux Célestins, les Jeunes-Aveugles furent ensuite transférés à l’hôpital Sainte-Catherine, situé au coin des rues Saint-Denis et des Lombards. Un arrêté des Consuls, du 26 pluviôse an IX, prescrivit leur réunion à l’hospice des Quinze-Vingts.
Une ordonnance royale du 24 décembre 1817 autorisa l’administration de l’Institut royal des Jeunes-Aveugles, à aliéner aux enchères publiques, sur la mise à prix de 220 000 francs, l’ancien hôpital Sainte-Catherine. La même ordonnance permettait d’affecter le produit de cette vente à l’acquisition des bâtiments de l’ancien collége Saint-Firmin. Une seconde ordonnance du 20 mai 1818 modifia celle qui précède, seulement en ce qui concernait l’obligation de vendre aux enchères publiques l’ancienne maison Sainte-Catherine.
En vertu d’une ordonnance royale du 11 août 1838, l’État s’est rendu acquéreur le 25 septembre suivant d’un terrain situé rue Masseran, et qui contient en superficie 11 805 m. Des constructions ont été élevées, et bientôt l’institution des Jeunes-Aveugles y sera transférée. Les bâtiments ont été exécutés sous la direction et d’après les dessins de M. Philippon, architecte. La façade principale donne sur le boulevart des Invalides, celle qui lui est opposée regarde la rue Masseran, et les deux côtés sont sur la rue de Sèvres et la Petite-rue-des-Acacias. Le développement des bâtiments est de 460 m. Le fronton de l’édifice est dû au ciseau de M. Jouffroy, sculpteur. Le sujet choisi par l’artiste est en parfaite harmonie avec l’établissement : d’un côté, on voit Valentin Haüy qui instruit ses élèves ; de l’autre, une femme donne des leçons aux jeunes filles aveugles. Au milieu apparaît la religion qui les encourage et les protège.
Avignon (rue d’).
Vers l’an 1300, une partie de cette voie publique se nommait rue Jean-le-Comte et Philippe-le-Comte ; une autre partie était indiquée sous la dénomination de la Bazenherie. Elle faisait autrefois dans la rue de la Heaumerie un retour d’équerre qui subsiste aujourd’hui sous le nom de rue Trognon. — Une décision ministérielle, du 28 brumaire an VI, signée Letourneux, fixa la largeur de la rue d’Avignon à 6 m. Cette largeur été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 19 juillet 1840. Les constructions riveraines sont soumises à un retranchement considérable. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).
Avoie (passage Sainte-).
Il a été formé en 1828, sur l’emplacement des hôtels de Mesmes et Augran-Dalleray, vendus par le domaine de l’État, le 7 mars 1826. L’hôtel de Mesmes avait originairement servi de demeure au connétable de Montmorency. Henri II y venait assez souvent et l’habita même quelque temps ; ce qui lui fit donner le nom de logis du Roi. Le connétable de Montmorency mourut dans cet hôtel, avec toute la dignité d’un héros chrétien, le 12 novembre 1567, des blessures qu’il avait reçues, deux jours avant, à la bataille de Saint-Denis. Ce vieillard, couvert de sang, ayant son épée brisée, en donna un si furieux coup de pommeau dans le visage de Robert-Stuart, qui lui disait de se rendre, qu’il lui cassa deux dents et le renversa de cheval. Au même instant, un des soldats de Stuart lui tira dans les reins un coup de pistolet chargé de trois balles. — Anne de Montmorency avait servi sous cinq rois, s’était trouvé à près de deux cents combats, à huit batailles rangées et avait été employé à dix traités de paix.
Avoie (rue Sainte-).
On ne la connaissait anciennement que sous le nom de la grande rue du Temple. En 1515, on l’appelait indifféremment rue du Temple et rue Sainte-Avoie. Ce dernier nom lui avait été donné lors de la fondation d’un établissement religieux, dont la chapelle était sous l’invocation de la bienheureuse Avoie ou sainte Hedwige, qui vivait en 1198, et qui fut canonisée en 1266 (voir l’article de la rue de Rambuteau, où nous tracerons l’origine de ce couvent). — Une décision ministérielle du 15 floréal an V, signée Benezech, fixa la moindre largeur de la rue Sainte-Avoie à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 28 juin 1826, cette largeur est portée à 12 m. Les maisons nos 2, 22, 40, 41 et 42 sont alignées. — Égout et conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).
Avoine (impasse Longue-).
Jusqu’en 1795, c’était une ruelle qui débouchait dans la rue de l’Observatoire (cette dernière voie publique a été supprimée).
Des accidents graves étant arrivés dans la ruelle Longue-Avoine, la commission des travaux publics arrêta qu’elle serait murée du côté de la rue de l’Observatoire. Cet arrêté fut confirmé par un jugement du tribunal de police correctionnelle du 16 germinal an III, et la ruelle fut réduite à l’état d’impasse.
Par une décision du 8 août 1807, le ministre de l’intérieur Champagny fixa la largeur de cette voie publique à 9 m., et arrêta en principe qu’elle serait prolongée jusqu’à la rue d’Enfer.
En vertu d’une autre décision du 4 octobre 1817, la moindre largeur de l’impasse Longue-Avoine est réduite à 6 m. 66 c. Les constructions riveraines sont alignées, à l’exception de celles qui sont situées à l’extrémité du côté gauche.