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Livre:Pierre de Coubertin - Universités transatlantiques, 1890.djvu

-(BnF Gallica Universités transatlantiques/ par Pierre de Coubertin Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
-(BnF Gallica I Coubertin, Pierre de (1863-1937). Universités transatlantiques/ par Pierre de Coubertin. 1890. 1 / Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d’oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s’inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l’objet d’une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQU ER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2 / Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l’article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s’agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d’auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l’autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L’utilisateur est invité à s’informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4 / Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5 / Les présentes conditions d’utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L’utilisateur s’engage à respecter les présentes conditions d’utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d’une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisationcommerciale@bnf.fr.
-Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
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+UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES PAR
-COUBERTIN t . PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C i8 » ’ 19 , BOULEVARD SAINT-GERMALN, ?A 1890 F
+COUBERTIN PARIS {{c|{{t|LIBRAIRIE HACHETTE ET {{Cie}}|120}}}} 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 {{-}} 1890
+UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES
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-AUTEUR * PUBLIÉS
+AUTEUR PUBLIÉS
-VARIÉE * I PAR LA
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-collèges el universités, i vol. 1S88. L’ Éducation anglaise
+collèges et universités. 1 vol. 1888. {{AlinéaNégatif|L’Éducation anglaise
-préface tic M.
+préface de M.
-de rAcadémie française.
+de l’Académie française.
-vol. 1889. ’ r : i i 1 Oo:ilo:nmk‘rs. —
+vol. 1889.}} Coulommiers. —
-P. Proliant et Oullui»
+P. Brodard et Gallois
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+UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES PAR PIERRE
-PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C !<1 79 , BOULEVARD
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-79 1890 Drc-îl* <!« tràrlutlîon «1 dt iT|>i<HÎiicttcn î ^ ** -
+79 {{-}} 1890 Droits de traduction et de reproduction réservés.
+en mer
-de Vil lier s du Terrage . Les
+de Villiers du Terrage. {{interligne}} Les
-au bateau; c’est tin hommage
+au bateau ; c’est un hommage
-quelque k preuve
+quelque preuve
-formidable puissance, Je
+formidable puissance. Je
-en tète de
+en tête de
-nous emporta; c’est votre pays; la
+nous emporta ; c’est votre pays ; la
-nous rapporta; c’est
+nous rapporta ; c’est
-mieux choisir! H * En
+mieux choisir ! En
-* I 4 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. fûmes
+4 {{sc universités transatlantiques. fûmes
-du vent; vous
+du vent ; vous
-du navire? Un
+du navire ? Un
-de la’ lugubre
+de la lugubre
-le brouillard? ou
+le brouillard ? ou
-appelait h<. des
+appelait à des
-de Gargantua? Entendezvous, dans
+de Gargantua ? Entendez-vous, dans
-déçues, hélas! Nous
+déçues, hélas ! Nous
-nous + it rêvions
+nous rêvions
-le polit, avec
+le pont, avec
-rythme ■- ■* des
+rythme des
-de nier et
+de mer et
-EN MER. 5 plaids, scs édredons,
+{{sc en mer. plaids, ses édredons,
-matières pl fielleuses et
+matières plucheuses et
-« Gàâçon, oune cotteleltc; gààçon, du poulette froide! »
+« Gââçon, oune cottelette ; gââçon, du poulette froide ! »
-leur sort! Commandant,
+leur sort ! « Commandant,
-fera-t-il demain? Commandant,
+fera-t-il demain ? Commandant,
-nous pousse-t-il?... » Cette * chanson-là
+nous pousse-t-il ?... » Cette chanson-là
-à diiier dans
+à dîner dans
-dorures, scs colonnes,
+dorures, ses colonnes,
-lampes électriques; là-haut,
+lampes électriques ; là-haut,
-accords. Àh !
+accords. Ah !
-à l’horizon! Un iceberg! Combien
+à l’horizon ! Un iceberg ! Combien
-de long? à
+de long ? à
-se Irouve-t-il?... Le
+se trouve-t-il ?... Le
-après lé commandant , l’homme
+après le commandant, l’homme
-6 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. renseigné du bord!... Peut-être même Pest-il davantage,
+6 {{sc universités transatlantiques. renseigné du bord !... Peut-être même l’est-il davantage,
-de FOcéan. De
+de l’Océan. De
-arrivée. Arriver! ils
+arrivée. Arriver ! ils
-qu’à cela! môme ceux
+qu’à cela ! même ceux
-poings fermés,* hument Pair salé
+poings fermés, hument l’air salé
-leur constitua iional walk.
+leur constitutional walk.
-qu’à i * tribord
+qu’à tribord
-feu dit ’Bengale aux
+feu du Bengale aux
-qu’elle » attend.
+qu’elle attend.
-pilote apparaît; à
+pilote apparaît ; à
-goélette nui l’a
+goélette qui l’a
-les bastingages , les passagers f egard ont avidement
+les bastingages, les passagers regardent avidement
-leur navire; le long do l’échelle
+leur navire ; le long de l’échelle
-les jotirnaux !
+les journaux !
-T EN MER. Vieux
+{{sc en mer. Vieux
-ou ennuyeux , qu’importé! Ils
+ou ennuyeux, qu’importe ! Ils
-des boninies, écrits
+des hommes, écrits
-des hommes; toute l’humanité, tient
+des hommes ; toute l’humanité tient
-de papier! Et
+de papier ! Et
-du commandant . La
+du commandant. La
-à scs prisonniers cl toute
+à ses prisonniers et toute
-Au dessort, on passe îles pétards
+Au dessert, on passe des pétards
-en papier; philosophiquement,
+en papier ; philosophiquement,
-très hôte, tous c.cs gens
+très bête, tous ces gens
-de colon et bavardant Comme des
+de coton et bavardant comme des
-tout près; la
+tout près ; la
-la côte; le
+la côte ; le
-le "cherchent aperçoivent
+le cherchent aperçoivent
-est saisissante; le
+est saisissante ; le
-S UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. i • + < éclairer
+8 {{sc universités transatlantiques. éclairer
-pas , mais,
+pas si cela représente la Liberté, mais,
-coup sur, cela représente Ile génie enthousiaste, ; ardent,
+coup sûr, cela représente le génie enthousiaste, ardent,
-adorée. r *■ r si cela représente la Liberté i t 3 S 1
+adorée.
--nJ
+autour de new york
-I La carte, fl ’abonl! Étalons
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} La carte, d’abord ! Étalons
-de PUnion. Partons
+de l’Union. Partons
-n’est meme pas
+n’est même pas
-restreint, * elle
+restreint, elle
-guerre * fratricide
+guerre fratricide
-jamais 1 œuvre de
+jamais l’œuvre de
-centre catholique; New
+centre catholique ; New
-centre commercial; Boston,
+centre commercial ; Boston,
-centre littéraire; c’est la qu’est
+centre littéraire ; c’est là qu’est
-12 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES encore
+12 {{sc universités transatlantiques. encore
-et pcut-ôlro i # 9 9 ■ sur
+et peut-être sur
-courageusement el refait
+courageusement et refait
-débordant do vie, do force et d’onlôtement; non
+débordant de vie, de force et d’entêtement ; non
-les cow boys de
+les cow-boys de
-de Granccy, mais
+de Grancey, mais
-dans l’ensemble; d’un bout h l’autre, il ■ k est plat; vous
+dans l’ensemble ; d’un bout à l’autre, il est plat ; vous
-lieues ch chemin
+lieues en chemin
-impression d’im . mensité. Tant
+impression d’immensité. Tant
-parlé * , de
+parlé de
-peu considérables; il
+peu considérables ; il
-des Améri * ’ cains qui,
+des Américains qui,
-arriver dans" le
+arriver dans le
-de Lilliput; ont éprouvé * f l’impression
+de Lilliput, ont éprouvé l’impression
-moins grantliose et
+moins grandiose et
-saisissant qué vous
+saisissant que vous
-y quel
+y attendez, quel
-AUTÛUll DE NEW YOnK. 13 une
+{{sc autour de new york. une
-semblable étal; elles
+semblable état ; elles
-Il ci» est
+Il en est
-de meme dans
+de même dans
-: ça et
+: çà et
-de combler; on
+de combler ; on
-tard. Àjoutez-y le
+tard. Ajoutez-y le
-très friand; et
+très friand ; et
-des livrés avec
+des livres avec
-sa mouluré ardente
+sa monture ardente
-merveilleux équilibre; ils
+merveilleux équilibre ; ils
-de ’Féqüilatioiu...’ ■ * I > * en
+de l’équitation,... en
-trompés. ,
+trompés.
-Ce malin, nous
+{{t3|{{rom-maj|II|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} Ce matin, nous
-Il ÿ en
+Il y en
-au whiskev! Il
+au whiskey ! Il
-au gin! Il
+au gin ! Il
-au vcrmoul! Puis
+au vermout ! Puis
-des huîfres arrachées
+des huîtres arrachées
-des salsifis; du
+des salsifis ; du
-de Cali v forme sentant le musc; de Y oalmeal, sorte
+de Californie sentant le musc ; de l’oatmeal, sorte
-ciré vds chaussures
+ciré vos chaussures
-les loco-/ motives de YElevated ’-vous ont
+les locomotives de l’Elevated vous ont
-dans _ New
+dans New
-pour < * passer
+pour passer
-dans l’Etat de New Jersev*
+dans l’État de New Jersey.
-AUTOUR DE NEW YORK. 15 L’ Hudson no so laisse
+{{sc autour de new york. L’Hudson ne se laisse
-en roule doucement
+en route doucement
-les signalent; un
+les signalent ; un
-palissades élastiques; un
+palissades élastiques ; un
-est jeté; les
+est jeté ; les
-leur marche;, ceux-ci
+leur marche ; ceux-ci
-les ])arlors , la
+les parlors, la
-les sleepers , où,
+les sleepers, où,
-jouit f d’un
+jouit d’un
-et d’un* voisinage
+et d’un voisinage
-* III t * t Des
+{{t3|{{rom-maj|III|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} Des
-ça cl là,
+ça et là,
-ruines n J ont rien de pit w torpsque, elles
+ruines n’ont rien de pittoresque, elles
-des choses; maisons
+des choses ; maisons
-jardins naissants; et, aumilicu .de tout cela, dés fils
+jardins naissants ; et, au milieu de tout cela, des fils
-de luné sur celte campagne
+de lune sur cette campagne
-chargement ■ y , colossal
+chargement colossal
-à _ • s’installer.
+à s’installer.
-semble provisoire; p t
+semble provisoire ;
-AUTOUR DE NEW YORK. 17 il
+{{sc autour de new york. il
-a quo la
+a que la
-se mon Ire dans
+se montre dans
-regardant parles fenêtres,
+regardant par les fenêtres,
-professeur Sloano et
+professeur Sloane et
-pluie cl du
+pluie et du
-commence par* une
+commence par une
-lecture »; le
+lecture » ; le
-phases ? de
+phases de
-des Etats; une
+des États ; une
-d’étudiants l’écoulent avec attention; sur
+d’étudiants l’écoutent avec attention ; sur
-des roules. La
+des routes. La
-pas marquée; elle
+pas marquée ; elle
-blondes, 1 - ’ " - ’ - _ , s une
+blondes, une
-là, Y origine britannique,
+là, l’origine britannique,
-de cês
+de ces
-18 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. jeunes
+18 {{sc universités transatlantiques. jeunes
-trace do nationalité.
+trace de nationalité.
-d’eux, h un
+d’eux, un
-espèce ■ i de
+espèce de
-déshabillé sans.gènc. C’est le foot i hall cap tain et
+déshabillé sans gêne. C’est le foot-ball captain et
-une voilure américaine,
+une voiture américaine,
-troisième cicerono en j. descend. " Autour
+troisième cicerone en descend. Autour
-beau jardin; tranchant
+beau jardin ; tranchant
-mouvements "de terrain,
+mouvements de terrain,
-luxueux , ’ _ - - y * -, bâtimenté en
+luxueux bâtiments en
-ou grises; ils , ^ j ri , sont
+ou grises ; ils sont
-et db clochetons,
+et de clochetons,
-de cré . ; - ^ " , ■ ’ ^ y , - , ■ - neauxv L’ensemble
+de créneaux. L’ensemble
-la v * ^ - ’ fortune et rayenir et
+la fortune et l’avenir et
-AUTOUR DE NEW YORK. J9 noter
+{{sc autour de new york. noter
-de marbré avec
+de marbre avec
-qui là distinguera
+qui la distinguera
-la façade; distincts
+la façade ; distincts
-ne for m * ment plus
+ne forment plus
-d’ombre * et
+d’ombre et
-verdure. ■ i- % à là chapelle
+verdure. Visite à la chapelle
-et dé marbre
+et de marbre
-, 20 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. ’ lité
+20 {{sc universités transatlantiques. lité
-renvoient dos rayons
+renvoient des rayons
-Point d’autel; quelques
+Point d’autel ; quelques
-simple v inscription
+simple inscription
-professeur do l’Université,
+professeur de l’Université,
-nous accompagtient ;
+nous accompagnent ;
-mes regards; lui, n’dn avait
+mes regards ; lui, n’en avait
-ce spcc ’ É. tacle :
+ce spectacle :
-du mil j» * t lionnaire écrit
+du millionnaire écrit
-la ligure du . professeur
+la figure du professeur
-la pénombre, . . . F k. et
+la pénombre,... et
-ce genre-là! ! Oh me
+ce genre-là ! On me
-« Briç-à-Brac »,
+« Bric-à-Brac »,
-trois " * numéros
+trois numéros
-un ; ’ - ’ - *’ -■ speech que/ lç président
+un speech que le président
-la ■% dernière rentrée; deux
+la dernière rentrée ; deux
-« À - ’ ■ 1 - - - _ - ’ -4 ‘ telle
+« A telle
-tel usage* ferait
+tel usage ferait
-AUT0U11 DE NEW YOllK. 21 Mme
+{{sc autour de new york. Mme
-empressée île satisfaire
+empressée de satisfaire
-donnant 75 000 dollars
+donnant 75000 dollars
-le btUiment. V t Le
+le bâtiment. Le
-dit io président,
+dit le président,
-vous ôtes ».
+vous êtes ».
-au Bric-àBrac, il
+au Bric-à-Brac, il
-de portraits; l’imagination semble 4 parfois
+de portraits ; l’imagination semble parfois
-fin. ’ * Princeton
+fin. Princeton
-nombre dé 77
+nombre de 77
-42 professcurs. Le
+42 professeurs. Le
-installé eh 1747
+installé en 1747
-de 1756; les
+de 1756 ; les
-recrutent eux-mômes et w sont
+recrutent eux-mêmes et sont
-de l’Etat de
+de l’État de
-dans 1’Université ;
+dans l’Université ;
-derniers venus; les
+derniers venus ; les
-deuxième année; Jçs juniors , à
+deuxième année ; les juniors, à
-22 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. sième; les
+22 {{sc universités transatlantiques. sième ; les
-secrétaire, etç. On
+secrétaire, etc. On
-désigne par’ le
+désigne par le
-de sortie; ainsi
+de sortie ; ainsi
-Herald il con i tient des
+Herald ; il contient des
-cœur joie; les
+cœur joie ; les
-; * mais
+; mais
-bêtise hôte, souvent
+bêtise bête, souvent
-se # i f ’ termine
+se termine
-heureux mor1 tels ayant
+heureux mortels ayant
-leur ôge, leur
+leur âge, leur
-même tait mention
+même fait mention
-des moustaches; une
+des moustaches ; une
-chapeaux ■F et
+chapeaux et
-A * côté
+A côté
-nombre " : " - r . ■ . ’ . * . " 1. Le
+nombre Le
-de Nassau» en
+de Nassau, en
-roi Guillaume’ III. , ’ " 1
+roi Guillaume {{rom-maj|iii|3}}.
-AUTOUR DE NEW YORK. 23 ri total
+{{sc autour de new york. total
-de ISO; 132 sont entres au début; 8
+de 150 ; 132 sont entrés au début ; 8
-seconde année; 6, la troisième; 4
+seconde année ; 6, la troisième ; 4
-qu’un an; 76
+qu’un an ; 76
-à Princeton; ici,
+à Princeton ; ici,
-: 3; 12 autres fêtaient probablement,
+: 3 ; 12 autres l’étaient probablement,
-15 adeptes; l’orgue, 5; le violon, 8; la flûte, 6; 26
+15 adeptes ; l’orgue, 5 ; le violon, 8 ; la flûte, 6 ; 26
-goûts spor ¥ tifs font
+goûts sportifs font
-de base-bail, 24
+de base-ball, 24
-la crosse; le
+la crosse ; le
-était m le
+était le
-105 cenlimètres, et
+105 centimètres, et
-théologie (presbytérienne); 18, la médecine; 19, le droit; 8, la pédagogie; 6
+théologie (presbytérienne) ; 18, la médecine ; 19, le droit ; 8, la pédagogie ; 6
-être ingénieurs; 3, journalistes; 8
+être ingénieurs ; 3, journalistes ; 8
-les affairés et
+les affaires et
-! , Reprenons
+! Reprenons
-se pro- -■ * * cure pour
+se procure pour
-U UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. sommeil, peut-être! Au
+24 {{sc universités transatlantiques. sommeil, peut-être ! Au
-à l*air honnête .surveille les
+à l’air honnête surveille les
-comptes interminables; beaucoup do revues
+comptes interminables ; beaucoup de revues
-étrangères. ■ Sur
+étrangères. Sur
-concert donne par
+concert donné par
-Banjo Club] il
+Banjo Club ; il
-; . . . 1 d’autres avis,
+; ...d’autres avis,
-tous ? côtés.
+tous côtés.
-et viennent; à
+et viennent ; à
-très complets; leurs
+très complets ; leurs
-leurs costumes; il
+leurs costumes ; il
-qu’il faut; seulement * ils
+qu’il faut ; seulement ils
-malhonnêtes. Êt soudain
+malhonnêtes. Et soudain
-la - ■ sève
+la sève
-descend salis t cesse,
+descend sans cesse,
-à dés conduits
+à des conduits
-où 1 * Ton se
+où l’on se
-on m’à A ’ ** h * - — __ " _____ , , , ’ | " 1 | dit
+on m’a dit
-de Princeton; on
+de Princeton ; on
-brutal, rough , que
+brutal, rough, que
-AUTOUR DE NEW YORK. 25 miers, des. campagnards
+{{sc autour de new york. miers, des campagnards
-le Ion; plus lard encore,
+le ton ; plus tard encore,
-moment do quitter l’Amériquo, j’y
+moment de quitter l’Amérique, j’y
-d’autres yeux; mon
+d’autres yeux ; mon
-de l’avenir; qu’en
+de l’avenir ; qu’en
-vigueur morale; que
+vigueur morale ; que
-présent sc reliait
+présent se reliait
-continuait. p Princeton
+continuait. Princeton
-petite ville; le
+petite ville ; le
-est riant; de
+est riant ; de
-leurs cham * bres (deux
+leurs chambres (deux
-les dormitories *, vastes
+les dormitories, vastes
-proprement dite; autour
+proprement dite ; autour
-les dormitories; ils
+les dormitories ; ils
-les ealing clubs,
+les eating clubs,
-de pen f. Mol à mol ; dortoirs.
+de pen- Mot à mot : dortoirs.
-26 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. sions
+26 {{sc universités transatlantiques. sions
-se ■ partageant
+se partageant
-élevée. îi Un étudiant) paraît-il,
+élevée. Un étudiant, paraît-il,
-vivre confortable ment, sans
+vivre confortablement, sans
-priver, * H pour
+priver, pour
-par an; c’est
+par an ; c’est
-... À présent,
+... A présent,
-la nuit; la campagne ï s’endort,
+la nuit ; la campagne s’endort,
-la lune; làbas, sur
+la lune ; là-bas, sur
-ce t malin, s’étendent
+ce matin, s’étendent
-grandes ombres; de rares p lumières
+grandes ombres ; de rares lumières
-tranquille, silencieux; demain,
+tranquille, silencieux ; demain,
-ordonnée continuera; de
+ordonnée continuera ; de
-de Démosthèno et
+de Démosthène et
-fait étrange; cela no répond
+fait étrange ; cela ne répond
-l’idée qu’incousciemment je
+l’idée qu’inconsciemment je
-de l’Amérique; il
+de l’Amérique ; il
-on réfléchit? 11 y
+on réfléchit ? Il y
-le dollar?»..
+le dollar ?...
-* IV Les
+{{t3|{{rom-maj|IV|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} Les
-« caling clubs
+« eating clubs
-« dormit orics »,
+« dormitories »,
-jeunes gens , voilà
+jeunes gens, voilà
-frappe dés l’abord; et
+frappe dès l’abord ; et
-peu prés partout
+peu près partout
-de schools . Quant
+de schools. Quant
-public schools , nom
+public schools, nom
-est connu; on
+est connu ; on
-dernières années; ici,
+dernières années ; ici,
-t . 28 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. M.
+28 {{sc universités transatlantiques. M.
-m’avait F+ B r, confiée
+m’avait confiée
-qu’à renseignement secondaire
+qu’à l’enseignement secondaire
-peut-être î plus digne dé l’élrc. Il
+peut-être plus digne de l’être. Il
-les universités; ce
+les universités ; ce
-à parler; on
+à parler ; on
-gymnases allemands; en
+gymnases allemands ; en
-les Etats-Unis soient
+les États-Unis soient
-de collèges; Les
+de collèges. Les
-des t universités; cela
+des universités ; cela
-point * do vue
+point de vue
-existent pourtant; d’autres h se
+existent pourtant ; d’autres se
-AUTOUR DE NEW YORK. Î9 quoique chose,
+{{sc autour de new york. quelque chose,
-de Séccs f sion, les Etals-Unis, sortis
+de Sécession, les États-Unis, sortis
-en eux-mômes; ils
+en eux-mêmes ; ils
-peu disparu» Alors le football, le
+peu disparu. Alors le foot-ball, le
-dans c . * f le
+dans le
-la GrandeBretagne pour
+la Grande-Bretagne pour
-principes do réorganisation,
+principes de réorganisation,
-aux prises; cela,
+aux prises ; cela,
-dans T Union un
+dans l’Union un
-germaniques. t
+germaniques.
-30 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Ges quelques
+30 {{sc universités transatlantiques. Ces quelques
-échappent j ■ à l’influence ; allemande,
+échappent à l’influence allemande,
-de Lawrcnceville (Lawrenceville school ), qui
+de Lawrenceville (Lawrenceville school), qui
-énorme supériprilé sur
+énorme supériorité sur
-V a La roule que
+{{t3|{{rom-maj|V|5}}}} {{interligne}} {{interligne}} La route que
-ça cl là,
+ça et là,
-troncs * * noueux,
+troncs noueux,
-healing ils elTects ».
+healing its effects ».
-de bois , à véranda , apparaissent
+de bois, à véranda, apparaissent
-mes oreilles; je
+mes oreilles ; je
-s’agissait do la
+s’agissait de la
-les ► détails
+les détails
-plus importants? Jamais
+plus importants ? Jamais
-autant frappé; j’imagine
+autant frappé ; j’imagine
-Lincoln cl Jefferson, Washing *
+Lincoln et Jefferson, Washing-
-32 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. ton
+32 {{sc universités transatlantiques. ton
-et Gengis ’ ^ khan ! ■i Soudain ^ Lawrenceville
+et Gengis-khan ! Soudain Lawrenceville
-la c plaine; ori embrasse
+la plaine ; on embrasse
-boarding bouses , où
+boarding houses, où
-répartis i autour d’un professeur; le memorial hall , qui
+répartis autour d’un professeur ; le memorial hall, qui
-de travail; les
+de travail ; les
-de dépen * t dances. Les
+de dépendances. Les
-au foot-baîl; des
+au foot-ball ; des
-les L | parterres; quelques
+les parterres ; quelques
-head master^ qui
+head master qui
-l’origine seulement; l’Amérique,
+l’origine seulement ; l’Amérique,
-a botter En gland . Lawrenceville
+a better England. Lawrenceville
-point d’hier; bien
+point d’hier ; bien
-ancienne, H’ mais,
+ancienne, mais,
-élève, SL John * ^ C.
+élève, M. John C.
-son té.
+son
-AUTOUR DE NEW YORK. 33 testament et Lawrencovillo s’est
+{{sc autour de new york. testament et Lawrenceville s’est
-de dollars; situation
+de dollars ; situation
-coup sur, mais
+coup sûr, mais
-ne §o sont
+ne se sont
-en Amérique; ils
+en Amérique ; ils
-armée d’élèves; ils
+armée d’élèves ; ils
-rarement J avant; ils
+rarement avant ; ils
-géographie, l’arithmétique; autant
+géographie, l’arithmétique ; autant
-peu do latin.
+peu de latin.
-d’un maître; au
+d’un maître ; au
-classe (Jirst form ), les
+classe (first form), les
-1 34 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. î ^ musique.
+34 {{sc universités transatlantiques. musique.
-seconde classç commence la bifurcation; la, section
+seconde classe commence la bifurcation ; la section
-le » grec; les
+le grec ; les
-autres, l’allemand; toutes
+autres, l’allemand ; toutes
-la seconde,: enfin,
+la seconde : enfin,
-et grecques; le Jatin, au
+et grecques ; le latin, au
-le français; on
+le français ; on
-la chimie; le
+la chimie ; le
-de l’Àmé * rique et
+de l’Amérique et
-au xix c siècle. L’hisf toire de
+au {{rom|XIX}}e siècle. L’histoire de
-en môme temps
+en même temps
-quatre années; la
+quatre années ; la
-est rempli; pour
+est rempli ; pour
-longtemps h Lawrcnceville ;
+longtemps à Lawrenceville ;
-AUTOUR DE NEW YORK. 35 k L’aimable
+{{sc autour de new york. L’aimable
-la maind’œuvre est
+la main-d’œuvre est
-machines nouvelles; celte blanchisserie est extraordinaire; imaginez
+machines nouvelles ; cette blanchisserie est extraordinaire ; imaginez
-trousseaux parfumés!... Les
+trousseaux parfumés !... Les
-à 2 1\ élèves chacune; les
+à 24 élèves chacune ; les
-sa famille; mais
+sa famille ; mais
-de celui-ci . Ils
+de celui-ci. Ils
-sont deux; chaque
+sont deux ; chaque
-deux chambres; ce
+deux chambres ; ce
-d’une foute de
+d’une foule de
-très anglais; en
+très anglais ; en
-sage. L’intl nonce de
+sage. L’influence de
-vie do famille
+vie de famille
-la /Vim?7?<ir//dncpcul exister. 11 y
+la familiarité ne peut exister. Il y
-■t ‘ • 36 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. K ! temps,
+36 {{sc universités transatlantiques. temps,
-le base-bail, le
+le base-ball, le
-pour patinetf en
+pour patiner en
-aux Etats-Unis; beaucoup h de
+aux États-Unis ; beaucoup de
-les matins; dans
+les matins ; dans
-rien nè saurait
+rien ne saurait
-le malin.) Lawrenceville
+le matin.) Lawrenceville
-et soir; rinstruction religieuse : comprend l’étude do la
+et soir ; l’instruction religieuse comprend l’étude de la
-Testament. ’ La
+Testament. La
-dollars (2 500 francs) a * ^ * par an; on
+dollars (2500 francs) par an ; on
-des demibourses en
+des demi-bourses en
-nombre, d’abord-à ceux
+nombre, d’abord à ceux
-aux * bons
+aux bons
-Job n’csl pas
+Job n’est pas
-du * trône de Gould* * v
+du trône de Gould.
-‘ .-l 1 VI t: >■ 1 ’i : > X V ■ ... llicn d’étrange comme Pcndroit où
+{{t3|{{rom-maj|VI|6}}}} {{interligne}} {{interligne}} ... Rien d’étrange comme l’endroit où
-près f * de
+près de
-Central Parle »
+Central Park »
-nom (|ue Pavenir va
+nom que l’avenir va
-la ville; à
+la ville ; à
-maisons l’onlourcnt :
+maisons l’entourent :
-l’herbe croit encore.
+l’herbe croît encore.
-est vierge; des roches "*■ ■ grises cl des
+est vierge ; des roches grises et des
-les constructions; de
+les constructions ; de
-déraisonnable. .. -l
+déraisonnable.
-ir f * t i t La
+{{t3|{{rom-maj|VII|7}}}} {{interligne}} {{interligne}} La
-de YElevated occupe
+de l’Elevated occupe
-des rues; parfois
+des rues ; parfois
-se * dédouble
+se dédouble
-trains * * v descendants.
+trains descendants.
-de Y Express Company , qui
+de l’Express Company, qui
-des policemon à cassc-téle, rares
+des policemen à casse-tête, rares
-trains sè succèdent
+trains se succèdent
-établies aiix carrefours
+établies aux carrefours
-les V rues
+les rues
-leurs bureaux,’ leurs
+leurs bureaux, leurs
-font, do loin, reflet de
+font, de loin, l’effet de
-AUTOUR DE NEW YORK. 39 ques.
+{{sc autour de new york. ques.
-sardines. À mesure
+sardines. A mesure
-descend clown town , vers
+descend down town, vers
-figures agitées; le
+figures agitées ; le
-t * I \ VIII Par
+{{t3|{{rom-maj|VIII|8}}}} {{interligne}} {{interligne}} Par
-mai 1883; les
+mai 1883 ; les
-John À. Roebling,
+John A. Roebling,
-fils, * qui
+fils, qui
-le granit; il
+le granit ; il
-de * dollars.
+de dollars.
-de là- haut, comme
+de là-haut, comme
-tennis r géant,
+tennis géant,
-est , visible...
+est visible...
-ses bras, ’ "N . I
+ses bras.
-Ifc #■ Lunchcon à
+{{t3|{{rom-maj|IX|9}}}} {{interligne}} {{interligne}} Luncheon à
-League, clulj républicain
+League, club républicain
-abord, celte façon de sou L tenir un
+abord, cette façon de soutenir un
-fauteuils cl tout
+fauteuils et tout
-confort imaginable; mais
+confort imaginable ; mais
-engendre l’union’ — cl l’union
+engendre l’union ― et l’union
-si belo apres tout.
+si bête après tout.
-s •i t i t Nous
+{{t3|{{rom-maj|X|10}}}} {{interligne}} {{interligne}} Nous
-le Manhattan , quartier
+le Manhattan, quartier
-parti démocrate,- le Calumet , ri club
+parti démocrate, le Calumet, club
-le Centunj , où
+le Century, où
-les journa ■ t r listes et,’ ; d’une
+les journalistes et, d’une
-hommes * les
+hommes les
-New York; mais Y U niversity Club
+New York ; mais l’University Club
-les in r j ^ -vf ^ nombrables Revues d’Ecoliers et d Etudiants * publiées
+les innombrables Revues d’Écoliers et d’Étudiants publiées
-de 1* Union ; cai; les
+de l’Union ; car les
-leur manquer; mais
+leur manquer ; mais
-se coin-
+se com-
-AUTOUR DK NEW YORK. (3 pose
+{{sc autour de new york. pose
-du fondaleur et
+du fondateur et
-impressions lointaines; j’entendais,
+impressions lointaines ; j’entendais,
-billes sc choquer
+billes se choquer
-brouhaha do la
+brouhaha de la
-là encore , le
+là encore, le
-travail désintéresse, la
+travail désintéressé, la
-Quant au JVeio York Alhlelic Club , c’est
+{{t3|{{rom-maj|XI|11}}}} {{interligne}} {{interligne}} Quant au New York Athletic Club, c’est
-une piscine; au
+une piscine ; au
-à manger; au
+à manger ; au
-salle d’escrime; dans
+salle d’escrime ; dans
-bowling allegs *; au
+bowling alleys ; au
-au % parquet
+au parquet
-une demi-dou # z ai ne de
+une demi-douzaine de
-des Dns de
+des fins de
-fait cOnfor i ■ ^ tables A îni-hauteur, une
+fait confortables. A mi-hauteur, une
-élastique ■i ■ légèrement
+élastique légèrement
-et pormcl 1. Le
+et permet- Le
-de houles est
+de boules est
-AUTOUR DE NEW YORK. 45 tant
+{{sc autour de new york. tant
-des coureurs; çà
+des coureurs ; çà
-des rowtiig machines
+des rowing machines
-vous permet lent de
+vous permettent de
-a etc fondé
+a été fondé
-; ié nombre
+; le nombre
-à 2 000 et
+à 2000 et
-la fdc pour
+la file pour
-Travers lslarid, qui
+Travers lsland, qui
-the Sound . De
+the Sound. De
-un gyand pavillon
+un grand pavillon
-la colline; à
+la colline ; à
-bar, dessalons, t des
+bar, des salons, des
-mots charniants ; When friends meet , hearls tvarm ,
+mots charmants : When friends meet, hearts warm,
-4G UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. V Quand
+46 {{sc universités transatlantiques. « Quand
-s’échauffent >>. Un
+s’échauffent ». Un
-bien remar i* quer que lc.whiskoy échauffe
+bien remarquer que le whiskey échauffe
-que l’amitié; mais
+que l’amitié ; mais
-du whiskoy en
+du whiskey en
-à l’amitié; en
+à l’amitié ; en
-! , * Huit
+! Huit
-plus lard, je
+plus tard, je
-rouge .indiquant que
+rouge indiquant que
-du club; il
+du club ; il
-au Fait meeting , c’est-à-dire
+au Fall meeting, c’est-à-dire
-fait superbe; de
+fait superbe ; de
-à la-grille d’en j trée, la
+à la grille d’entrée, la
-cavaliers, d f e bicycles
+cavaliers, de bicycles
-de File est
+de l’île est
-plus gais; les
+plus gais ; les
-mail-coach H hardiment
+mail-coach hardiment
-maison, V,_:\ ■ _ 7 d’où s’échappent; les accords d’ui\ orchestre
+maison, d’où s’échappent les accords d’un orchestre
-près tziganpi De
+près tzigane. De
-AUTOUR DE NEW YORK. 4 ? voit l’ensemble (le la propriété ; la
+{{sc autour de new york. voit l’ensemble de la propriété : la
-une tente,’ cl une
+une tente, et une
-bâton levé!... Des
+bâton levé !... Des
-semée (Viles verdoyantes.
+semée d’îles verdoyantes.
-est choisie; il
+est choisie ; il
-des invités; pourtant
+des invités ; pourtant
-que * i cela
+que cela
-sans-gêne yankcc. Les
+sans-gêne yankee. Les
-bien sou F tenues; celle do 3
+bien soutenues ; celle de 3
-très remarquables; une
+très remarquables ; une
-succès do gaieté; après
+succès de gaieté ; après
-sautée, etc.; et,
+sautée, etc. ; et,
-is bvoken , c’est-à-dire
+is broken, c’est-à-dire
-temps an té-’
+temps anté-
-r 48 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. ’■ •’ ’ f * rieurcment atteints
+48 {{sc universités transatlantiques. rieurement atteints
-un , ■ - . *, tonnerre
+un tonnerre
-nouveau * \ eliampion. f ! , i Pendant im entr’actc j’ai
+nouveau champion. Pendant un entr’acte j’ai
-jerseys scellent encore
+jerseys sèchent encore
-la plu J part des
+la plupart des
-sommeil hivernal, Les
+sommeil hivernal. Les
-rouge S d’Amérique
+rouge d’Amérique
-donne M au
+donne au
-de mascarade;... un ■■ i des
+de mascarade ;... un des
-de - ■ L . ^ ‘ j. „ v-.. ; petits
+de petits
-les plan- . ÿÿ. ches du
+les planches du
-des sou h- "* - i -. 1 £ i ( -■ ■■ t ; h- ■- - " _ "■ ^ ? bresauts de désespoir.... _\r * ’ ■ , . ’ ’■ ^ ’ î- ■ ‘ h 1 , 1 " 1 " . ■ -| L - L ". ■■ ^ , J * i J r ‘ j , ■ i
+des soubresauts de désespoir....
-XII Columbia
+{{t3|{{rom-maj|XII|12}}}} {{interligne}} {{interligne}} Columbia
-à 1 100 000 francs; les
+à 1100000 francs ; les
-de 3 838500 francs.
+de 3838500 francs.
-et remploierais à
+et l’emploierais à
-sur lés rives dcTIIudsoii ou
+sur les rives de l’Hudson ou
-Quelque plaidantes que
+Quelque plaisantes que
-mon affai re et
+mon affaire et
-mes étudiants.Telle _ r ’ ’ " " 1 , qu’elle
+mes étudiants. Telle qu’elle
-actuellement, l’ université se trouve - 4
+actuellement, l’université se trouve
-k 50 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES» i dans
+50 {{sc universités transatlantiques. dans
-pas seule * ment des
+pas seulement des
-d’une parties * jeunes
+d’une part les jeunes
-les bourgades,; mais
+les bourgades ; mais
-ces étu H * diants disséminés
+ces étudiants disséminés
-assurerait. ; T. ■■ ^ Columbia
+assurerait. Columbia
-des mines» une H * f école
+des mines, une école
-une T ■ * t * h 1 ’ - - ^ faculté
+une faculté
-des p ■■ -p sciences politiques. Diverses* associations
+des sciences politiques. Diverses associations
-du privi ■ ’ m } 4 ! -J ’ un
+du privilège d’y faire entrer gratuitement un
-de jeunes, gens. Il yf a,
+de jeunes gens. Il y a,
-fellowships. ■■ 1 ri ■ - , _ ^ * 1 " ’ ’ ’ , ’ ’ ■■ ■ ’ ’ ’ i, m ■ ■ ... ^ ’ hl - ’ ‘ H | fc- +r L _ ■ ’ " - % j , - . , 1 ■ -J -r -\
+fellowships.
-I I » Le
+{{t3|{{rom-maj|XIII|13}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le
-en parchemin; avec
+en parchemin avec
-lettres dorées; cela
+lettres dorées ; cela
-très Lien à
+très bien à
-que celuici. Il
+que celui-ci. Il
-John AVbitc, ôtait un gradué d’Harvard; F ’ il
+John White, était un gradué d’Harvard ; il
-établissements d’instruction; les
+établissements d’instruction ; les
-nourrissait mis longtemps.
+nourrissait depuis longtemps.
-jugea telle* Au
+jugea telle. Au
-eut r ^ m h 6 enfants; quelques
+eut 6 enfants ; quelques
-étaient 60; t
+étaient 60 ;
-U N l V E H SITE S T IUN S ATL A N Ti QU K S . 4 s au
+52 {{sc universités transatlantiques. au
-en H i m comptait ISO; et
+en comptait 150 ; et
-soin do faire
+soin de faire
-à l’avance; les’ places
+à l’avance ; les places
-de bravos .millionnaires pour
+de braves millionnaires pour
-la quarantequatrième rue,
+la quarante-quatrième rue,
-ses Voi, . sincs. Façade
+ses voisines. Façade
-porte basse; dix autres • ; • ’ J façades
+porte basse ; dix autres façades
-celle-ci. . i New
+celle-ci. New
-même ■F- n 4 ■ . ’ ’ * .. _ * ’ motif
+même motif
-demeures uniforùics, toutes
+demeures uniformes, toutes
-fois. Â Tintérieur de celle-ci, ou trouve
+fois. A l’intérieur de celle-ci, on trouve
-des p al ic r s a* c s serrés , des chambres démcublécs ■ ^ - ■ £ ’ pour
+des paliers resserrés, des chambres démeublées pour
-« récitation »,
+« recitation »,
-que no ùs nous
+que nous nous
-école - que
+école que
-demeure ••• ’ .confondu. 250
+demeure confondu. 250
-dans ~~ ■ - ... . ’ \ - r - ■’ " ■ « : ■ n .’ ■ 4 _ r ’ ■ . ’ î
+dans
-AUTOUR DE NEW YORK, 53 ce pctil liôlol? C’osi invraisemblable! lo latin no prend
+{{sc autour de new york. ce petit hôtel ? C’est invraisemblable ! le latin ne prend
-papier i\ fleurs,
+papier à fleurs,
-plafonds a rosaces! Ils
+plafonds à rosaces ! Ils
-le D* Wbite siège
+le Dr White siège
-Louis XVI? ...
+Louis {{rom-maj|xvi|16}} ? ...
-pourquoi pas? après tout! Et fautil que
+pourquoi pas ? après tout ! Et faut-il que
-Vous nie direz
+Vous me direz
-pas l’éléganco, mais f ( i là petitesse
+pas l’élégance, mais la petitesse
-bien h leur aisé! Cela
+bien à leur aise ! Cela
-élèves scu soht internes; tous
+élèves seulement sont internes ; tous
-arrivent ù neuf
+arrivent à neuf
-une dêniibcure à
+une demi-heure à
-cessent ù 2
+cessent à 2
-du tout; chaque
+du tout ; chaque
-faire 5 eux.
+faire chez eux.
-de 5 000
+de 5000
-54 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. [à 6000
+54 {{sc universités transatlantiques. à 6000
-le D r Whilp s’adresse
+le Dr White s’adresse
-il r est aisé j d’ailleurs,
+il est aisé, d’ailleurs,
-rétablir lé niveau démocratique;... et
+rétablir le niveau démocratique ;... et
-jouissent * de
+jouissent de
-un Àthletic Club
+un Athletic Club
-le D r Whito» Il
+le Dr White. Il
-rendait t compte
+rendait compte
-d’un bout house
+d’un boat house
-qu’à do certaines
+qu’à de certaines
-à ( ses
+à ses
-est t occupé
+est occupé
-bowling allegs sont
+bowling alleys sont
-la jeunesse;... puis,
+la jeunesse ;... puis,
-les membrès U viennent
+les membres viennent
-de l’école.».. C’est très malin! Le plus cüricux c’c 4 st que
+de l’école.... C’est très malin ! Le plus curieux c’est que
-AUTOUR DE NEW YORK. 55 un
+{{sc autour de new york. un
-les femmes; c’est
+les femmes ; c’est
-revenu. s \ Le
+revenu. Le
-de l’ilarlem River,
+de l’Harlem River,
-New York; il
+New York ; il
-Le D r Whito est
+Le Dr White est
-secours d’.un o société
+secours d’une société
-d’une eo ? tisation modérée.
+d’une cotisation modérée.
-nom do Berkeley O val ».
+nom de « Berkeley Oval ».
-pelouse do grandes
+pelouse de grandes
-en inivabole^ ce
+en parabole, ce
-56 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. . « * y . une
+56 {{sc universités transatlantiques. une
-s’élèvent j . r sur un côté; ailleurs,
+s’élèvent sur un côté ; ailleurs,
-s’inonde aisé’ ment pour être; transforme en patinoire; plus
+s’inonde aisément pour être transformé en patinoire ; plus
-enfants ont’, en
+enfants ont, en
-dans l’âprbs. midi. * , * Les
+dans l’après-midi. Les
-militaire ubligaloire pour
+militaire obligatoire pour
-jours-là, -les élèves
+jours-là, les élèves
-uniforme do drap
+uniforme de drap
-absolument indé M pendant. Il
+absolument indépendant. Il
-colonel, < un
+colonel, un
-Le D r Wliitc, qui
+Le Dr White, qui
-AUTOUR DE NEW YORK. 57 môme, avec
+{{sc autour de new york. même, avec
-soin cl le
+soin et le
-six ans; assurément,
+six ans ; assurément,
-à gauche; mais,
+à gauche ; mais,
-avant meme 4 de
+avant même de
-le college, beaucoup
+le collège, beaucoup
-L’idée t de
+L’idée de
-le college un
+le collège un
-sont eux-mèmes des
+sont eux-mêmes des
-davantage. Gela tourne
+davantage. Cela tourne
-58 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. berceau
+58 {{sc universités transatlantiques. berceau
-côté tic cette
+côté de cette
-militarisme r 2 vulgaire s’est* répandu
+militarisme vulgaire s’est répandu
-faut . ’ ^ en chert icr la
+faut en chercher la
-prodiges d’énergie , de dévoue ment et
+prodiges d’énergie, de dévouement et
-par l’émi N gration sont
+par l’émigration sont
-rivalités mercantiles;... mais
+rivalités mercantiles ;... mais
-leur compatriote; ils
+leur compatriote ; ils
-fois i ses afiaii •es terminées, scs opérations
+fois ses affaires terminées, ses opérations
-Cela ta les
+Cela les
-leurs r vêtements,
+leurs vêtements,
-d’obéir il quelqu’un....
+d’obéir à quelqu’un....
-la militaire
+la discipline militaire
-instrument d’éducation; et
+instrument d’éducation ; et
-ÀUTOUn DE NEW YORK. 59 font
+{{sc autour de new york. font
-instincts * d’Ànglo-Saxons. Mais
+instincts d’Anglo-Saxons. Mais
-du collège; or,
+du collège ; or,
-susceptible d’èlre taxé
+susceptible d’être taxé
-la douane; ensuite,
+la douane ; ensuite,
-de môme ici
+de même ici
-leur parole? Quand
+leur parole ? Quand
-le D r Wliito, il
+le Dr White, il
-lut l’éveque de
+lut l’évêque de
-l’idée * de
+l’idée de
-être ■J
+être
-i 60 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. dites ii celte occasion
+60 {{sc universités transatlantiques. dites à cette occasion
-de H i * ^ la recherche d’ùne beauté
+de la recherche d’une beauté
-les speeches , gais
+les speeches, gais
-insignifiantes aux j quelles les
+insignifiantes auxquelles les
-ce don-là?... ce n’est sûre ment pas
+ce don-là ?... ce n’est sûrement pas
-Le pre i micr orateur
+Le premier orateur
-jeune tils, élève
+jeune fils, élève
-le collège.»*» et de t épate à
+le collège..., et de l’épate à
-du D* AVhitc,*., cl..., et dis-lcur que
+du Dr White,... et..., et dis-leur que
-être |iin grand -progrès pour
+être un grand progrès pour
-pays w . t . t %
+pays ».
-XIV Sur le picr, nous
+{{t3|{{rom-maj|XIV|14}}}} {{interligne}} {{interligne}} Sur le pier, nous
-bateau d’Àlbany qui
+bateau d’Albany qui
-les brunies ondoyantes
+les brumes ondoyantes
-sur PHudson, et
+sur l’Hudson, et
-du Départ, Les
+du Départ. Les
-à manger; des
+à manger ; des
-photographies cl de
+photographies et de
-les rock in g chairs , regardent
+les rocking chairs, regardent
-du lleuve.
+du fleuve.
-62 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. L’IIudson, par
+62 {{sc universités transatlantiques. L’Hudson, par
-comme celuici, constitue
+comme celui-ci, constitue
-devant r i lesquels
+devant lesquels
-le Missis&ipi doit s’incliner; partout
+le Mississipi doit s’incliner ; partout
-contemple. À la
+contemple. A la
-des forets sombres,
+des forêts sombres,
-de riludson, la
+de l’Hudson, la
-de Was j hinglon et
+de Washington et
-silhouette fautas i tique surmontée
+silhouette fantastique surmontée
-treillis do métal; le mouvement’ diminue; plus de ferries , plus
+treillis de métal ; le mouvement diminue ; plus de ferries, plus
-barques. L’IIudson, puissant
+barques. L’Hudson, puissant
-de villas; à
+de villas ; à
-fameuses Palissades,, longue
+fameuses Palissades, longue
-T AUTO (JH DE NEW YORK. 63 qui
+{{sc autour de new york. qui
-excentricités naturelles; elles
+excentricités naturelles ; elles
-viennent, Tune derrière
+viennent, l’une derrière
-des * lieues.
+des lieues.
-complète s * à
+complète à
-en uiie expédition
+en une expédition
-sur line roule enchantée.. Ensuite
+sur une route enchantée.... Ensuite
-modifie rapidement; nous
+modifie rapidement ; nous
-« llighlands ». La, tout
+« Highlands ». Là, tout
-rappelle l’Ecosse; voici
+rappelle l’Écosse ; voici
-bateau s*arrèlc et, sur l’cstacadc, nous
+bateau s’arrête et, sur l’estacade, nous
-aiguillettes resplendissantes» des
+aiguillettes resplendissantes, des
-64 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. encablures
+64 {{sc universités transatlantiques. encablures
-mâts, f, toute
+mâts, toute
-on » -k appelle
+on appelle
-à .Washington l’autre jour; après
+à Washington l’autre jour ; après
-M. Blaino et
+M. Blaine et
-de l’Etat, les
+de l’État, les
-la uc ont
+la République ont
-six semaines; un
+six semaines ; un
-les Etats-Unis; on leur i* montrera
+les États-Unis ; on leur montrera
-Niagara cl les
+Niagara et les
-Point cl Ànnapolis *, Boston
+Point et Annapolis, Boston
-San Francisco;... c’est
+San Francisco ;... c’est
-colonel Miclne nous attend; il
+colonel Michie nous attend ; il
-pas injs d’aiguillettes
+pas mis d’aiguillettes
-manège I. ïîeolc navale ’tics Élnls*Unis. à.
+manège École navale des États-Unis.
-AUTOUR DE NEW YORK. 65 et
+{{sc autour de new york. et
-les écuries; de
+les écuries ; de
-et ■k. l’administration.
+et l’administration.
-fenêtre ou il
+fenêtre où il
-sapins î et
+sapins et
-vue • \ * au
+vue au
-fédérale * apparaît
+fédérale apparaît
-salut do 21
+salut de 21
-de Biaine qui
+de Blaine qui
-nouveau inonde, auxquelles il adonné une
+nouveau monde, auxquelles il a donné une
-une légende! Le Mess liait est
+une légende ! Le Mess Hall est
-menu parait bon.
+menu paraît bon
-66 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. et substantiel; à
+66 {{sc universités transatlantiques. et substantiel ; à
-officiers célibataires; les
+officiers célibataires ; les
-Napoléon I e * et
+Napoléon {{rom-maj|i|1}}er et
-que le. régime
+que le régime
-vue matériel , les saint -cyriens gagneraient
+vue matériel, les saint-cyriens gagneraient
-de Woolwieli et
+de Woolwich et
-est , - 1 - _ L, réglementé; les
+est réglementé ; les
-la journée; ils
+la journée ; ils
-la -pronie i nade; le
+la promenade ; le
-AUTOUR DE NEW YORK. 67 simplicité Spartiate; mais,
+{{sc autour de new york. simplicité spartiate ; mais,
-la chambrée» Les
+la chambrée. Les
-fifre el tambour
+fifre et tambour
-très martiale; ils
+très martiale ; ils
-gris F bordés
+gris bordés
-des Etats-Unis, qui
+des États-Unis, qui
-droit r d’en
+droit d’en
-désignation d’Etat et 0 ensuite
+désignation d’État et ensuite
-chaque Etat ou
+chaque État ou
-le ■ député de l’Etat qui
+le député de l’État qui
-singulière, .ce système
+singulière, ce système
-bons résul 9 tats. Pourtant, différents Etats ont
+bons résultats. Pourtant, différents États ont
-examen d’cntvéc :
+examen d’entrée :
-assez sévère; examen
+assez sévère ; examen
-grammaire, l’arithmétique , l’histoire
+grammaire, l’arithmétique, l’histoire
-des p Etats-Unis; il
+des États-Unis ; il
-I 68 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. j Chaque
+68 {{sc universités transatlantiques. Chaque
-d’inspecter l’Àcadémie (c est ainsi
+d’inspecter l’Académie (c’est ainsi
-appelle 1 école), et
+appelle l’école), et
-est révélé; ils exami i lient les
+est révélé ; ils examinent les
-l’enseignement à et
+l’enseignement et
-au î reste
+au reste
-venue r ne parait pas
+venue ne paraît pas
-jalousies. f À un
+jalousies. A un
-certaines critiques; on
+certaines critiques ; on
-danger f pour
+danger pour
-commission d’enquête , par
+commission d’enquête, par
-qu’elle publia , fit
+qu’elle publia, fit
-fondées. * Les
+fondées. Les
-de 2 700 francs par an; ils
+de 2700 francs par an ; ils
-second lieutenant; mais
+second lieutenant ; mais
-% , -■ ■ - , f L -T ’ „ ^ % f AUTOUR DE NEW YORK. m t est
+{{sc autour de new york. est
-le w corps
+le corps
-des Etats-Unis est
+des États-Unis est
-corps d’élite; les
+corps d’élite ; les
-commandés. H Les
+commandés. Les
-de 775 975 francs; les
+de 775975 francs ; les
-régiment d’infan (cric coule à
+régiment d’infanterie coûte à
-que l’Etal de Pcnsylvanio dépense
+que l’État de Pensylvanie dépense
-garde nationale \ La
+garde nationale. La
-langues vivantes; il
+langues vivantes ; il
-de Woolwicl» et
+de Woolwich et
-environ I 280 900 francs. i
+environ 1280900 francs.
+la nouvelle-angleterre
-t r V Avez-vous,
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} Avez-vous,
-parfois, clans nos die > mins de
+parfois, dans nos chemins de
-aimables cl sémillantes
+aimables et sémillantes
-la vôtre? D’un
+la vôtre ? D’un
-très il Taise et n’ont’pas besoin
+très à l’aise et n’ont pas besoin
-des châles; celui
+des châles ; celui
-sourire. ri-’
+sourire.
-1 ’ 74 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Telle
+74 {{sc universités transatlantiques. Telle
-il v a
+il y a
-colline qu’onviron» naient line large rivière cl des
+colline qu’environnaient une large rivière et des
-pousser scs pointes
+pousser ses pointes
-semée d’ilots. Du
+semée d’îlots. Du
-aux alentours; la
+aux alentours ; la
-sa Siale House
+sa State House
-des -i * arbres
+des arbres
-avec dès aspects
+avec des aspects
-très tiers de
+très fiers de
-coupole dorée; la
+coupole dorée ; la
-beaux ! édifices
+beaux édifices
-où réléinent liquide
+où l’élément liquide
-et ccth humidité
+et cette humidité
-ne parait nullement fié r* L # vreuse -■ ¥
+ne paraît nullement fiévreuse.
-"th" 1 - r - 1 * . , " ’ r r * T ■ t ’ r ’’ " V J , ^ -1 - 1 j 1 ’ ’ ■ - ‘ " “ . ’ ■ ’ - ’ ’ H t ’ ’ l ’ . ^ i - " ‘ " - V . . LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 75 ► Comme
+{{sc la nouvelle-angleterre. Comme
-plus F sûrement
+plus sûrement
-New Yorkais; ils
+New Yorkais ; ils
-des cocktails; d’autre
+des cocktails ; d’autre
-les satisfaire; les
+les satisfaire ; les
-à rtlnion Club.
+à l’Union Club.
-là qu’aprçs avoir
+là qu’après avoir
-a rencontrés; Berlin,
+a rencontrés ; Berlin,
-Buenos Àyres et
+Buenos Ayres et
-le lard, il
+le tard, il
-Caire I v \
+Caire !
-76 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Un
+76 {{sc universités transatlantiques. Un
-favori.... t Un
+favori.... Un
-il tien! * à
+il tient à
-le t vieux
+le vieux
-plus exact; on
+plus exact ; on
-hauteur cl ses
+hauteur et ses
-choses r charmantes
+choses charmantes
-l’on e narrait du
+l’on enterrait du
-M. Georgq III. Cela r . c’est
+M. Georges {{rom-maj|iii|3}}. Cela c’est
-de maisons; on
+de maisons ; on
-mis partout; les
+mis partout ; les
-sont bordées; on
+sont bordées ; on
-en Kuropc. La
+en Europe. La
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 77 fédérale,
+{{sc la nouvelle-angleterre. fédérale,
-Sécession, w vient
+Sécession, vient
-de l’Etat regorgent
+de l’État regorgent
-sait coin i ment employer,
+sait comment employer,
-qu’une Hotte formidable
+qu’une flotte formidable
-Chicago cl ses
+Chicago et ses
-eaux. *
+eaux.
-+ 11 I Cambridge
+{{t3|{{rom-maj|II|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} Cambridge
-à * Windsor
+à Windsor
-de Tune à
+de l’une à
-interminable chaussée; la
+interminable chaussée ; la
-Charles, i t peu
+Charles, peu
-qui » se
+qui se
-lourds pilolis, d’aspect
+lourds pilotis, d’aspect
-follet inces *■ saut suit
+follet incessant suit
-un lit tendu
+un fil tendu
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 79 Le
+{{sc la nouvelle-angleterre. Le
-de l’extreme beauté
+de l’extrême beauté
-Memorial Hall , cet
+Memorial Hall, cet
-Il n’v a
+Il n’y a
-les niurs ne
+les murs ne
-essence (Sûmes qui
+essence d’âmes qui
-là (rois fois
+là trois fois
-groupés volontairement; ils s’administrent eux-mômes, choisissent
+groupés volontairement ; ils s’administrent eux-mêmes, choisissent
-pas l’ancieiineté qui fait défaut; tout
+pas l’ancienneté qui fait défaut ; tout
-80 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Memorial
+80 {{sc universités transatlantiques. Memorial
-de runiversilé, a sa statue; il
+de l’université, a sa statue ; il
-été retrouvé: On
+été retrouvé. On
-émigra il Char t lestown et
+émigra à Charlestown et
-somme d’environ,. 20 000 francs
+somme d’environ 20000 francs
-Le college prit
+Le collège prit
-fondateur cl délivra en * 1642 scs premiers
+fondateur et délivra en 1642 ses premiers
-en lit une
+en fit une
-nouveau inonde, sur
+nouveau monde, sur
-continent t immense.
+continent immense.
-sa fondation? Put-il
+sa fondation ? Put-il
-la j ^ “ plaine
+la plaine
-de 1 800 étudiants? Devina-l-il le
+de 1800 étudiants ? Devina-t-il le
-république émancipée? L’université
+république émancipée ? L’université
-sur r * l’État
+sur l’État
-moralement cl financièrement,
+moralement et financièrement,
-LA NOUVELLE- ANGLETERRE. SI t cl il
+{{sc la nouvelle-angleterre. et il
-définitivement * brisé
+définitivement brisé
-les 300 000 francs
+les 300000 francs
-par * _ _ » Abbott
+par Abbott
-a unp étrange
+a une étrange
-a dù, de
+a dû, de
-la construction, d’une
+la construction d’une
-monumentale. + L’administration
+monumentale. L’administration
-du board . Ce
+du board. Ce
-de l’universilé cinq
+de l’université depuis cinq
-diplômes. 6 depuis
+diplômes.
-S2 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Le
+82 {{sc universités transatlantiques. Le
-résultat d’ww examen,
+résultat d’un examen,
-cours. ( Oxford
+cours. Oxford
-dépasse môme les
+dépasse même les
-offre dos bouquets,
+offre des bouquets,
-désigne J par
+désigne par
-a Tun des
+a l’un des
-actuel r de l’Etat. Le
+actuel de l’État. Le
-au contraire* la
+au contraire, la
-si changeante; on
+si changeante ; on
-sur ■+ ► Je lendemain
+sur le lendemain
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 84 no vous
+{{sc la nouvelle-angleterre. ne vous
-ft i I III C’est lui-mêjne qui
+{{t3|{{rom-maj|III|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} C’est lui-même qui
-sa tôtc et
+sa tête et
-l’arbre .fameux au
+l’arbre fameux au
-en 1775 , le
+en 1775, le
-de l’armée! Ce
+de l’armée ! Ce
-au foot-baU y au
+au foot-ball, au
-aussi dés carcasses
+aussi des carcasses
-LA NOUVELLfc-ANGLËTËIUlË. $5 sc mollira sous
+{{sc la nouvelle-angleterre. se montra sous
-son Age, avec
+son âge, avec
-nomme llemenway Gymnastum , du
+nomme Hemenway Gymnasium, du
-contorsions inexplicables; en
+contorsions inexplicables ; en
-grincements de* poulies,
+grincements de poulies,
-de roués insuffisamment
+de roues insuffisamment
-les autres? impossible
+les autres ? impossible
-Ils liraient avec
+Ils tiraient avec
-tout *■ ’ t _ ce
+tout ce
-vous voudrez; des
+vous voudrez ; des
-813 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES gradués
+86 {{sc universités transatlantiques. gradués
-locale. À l’un
+locale. A l’un
-hanche gaucho, l’autre
+hanche gauche, l’autre
-son avant-hras; alors
+son avant-bras ; alors
-sa t hanche,
+sa hanche,
-son avant-bras! Tout
+son avant-bras ! Tout
-quel but?... Pour
+quel but ?... Pour
-à Y homme normal . Je
+à l’homme normal. Je
-voir y l’homme
+voir l’homme
-du D r Sargent.
+du Dr Sargent.
-de revi ’ r i sion. Un
+de revision. Un
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 87 c liaient, les liras croisés,
+{{sc la nouvelle-angleterre. daient, les bras croisés,
-Le D r Sargcnl se leva «le son bureau cl nous
+Le Dr Sargent se leva de son bureau et nous
-un examen; il
+un examen ; il
-lui fil tout recommencer, a lin de
+lui fit tout recommencer, afin de
-tuyau do caoutchouc
+tuyau de caoutchouc
-l’oreille dit docteur.
+l’oreille du docteur.
-la tète, et
+la tête, et
-voix cl répétés
+voix et répétés
-— privent place
+— prirent place
-inscrivit ■c- ^ sur
+inscrivit sur
-88 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. son
+88 {{sc universités transatlantiques. son
-la duree de
+la durée de
-de ,1’an 2000
+de l’an 2000
-ces bouquins; quant
+ces bouquins ; quant
-mon arrière-grand-oncle , dira-t- 011 .... Voyez 1 * comme
+mon arrière-grand-oncle, dira-t-on.... Voyez comme
-était puissant! » Le D r Sar gent a reconstitué Y homme normal , un
+était puissant ! » Le Dr Sargent a reconstitué l’homme normal, un
-au ■* hasard
+au hasard
-par rap port à
+par rapport à
-courbes célèbres! celles de Henlaiij le
+courbes célèbres ! celles de Hanlan, le
-». * V
+».
-LA NOÜVELLE-ANGLETEHliË, 89 Àpi’ès une
+{{sc la nouvelle-angleterre. Après une
-leurs victoires! Mais
+leurs victoires ! Mais
-tout cela! ces
+tout cela ! ces
-organisent despotiquement;.... on
+organisent despotiquement ;.... on
-de t course; il
+de course ; il
-belles hôtes à
+belles bêtes à
-faille accepter; tout
+faille accepter ; tout
-de d’entraînement de
+de l’entraînement de
-York, Albauy, Boston,
+York, Albany, Boston,
-sommes fabuleuses; les
+sommes fabuleuses ; les
-mis dehors; on
+mis dehors ; on
-00 UNIVERSITÉS TR ANS ATLAN TI QUE S , foot-baU , on
+90 {{sc universités transatlantiques. foot-ball, on
-boat-house ; ils
+boat-house : ils
-manière de’ compensation
+manière de compensation
-tournois athlétiques; et
+tournois athlétiques ; et
-obligatoires ici; ils
+obligatoires ici ; ils
-d’autres univer sités. En
+d’autres universités. En
-Hemenway Gymnasium , mes
+Hemenway Gymnasium, mes
-confuses. .Pavais vu,
+confuses. J’avais vu,
-et inté w ressanles; j’en
+et intéressantes ; j’en
-je 110 l’obtenais pas. À présent,
+je ne l’obtenais pas. A présent,
-Tout cela* ce 11’est pas
+Tout cela, ce n’est pas
-de l’élevage!
+de l’élevage !
-f Le
+{{t3|{{rom-maj|IV|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le
-Boston, csl silencieux
+Boston, est silencieux
-sont ■ \ i simplifiés,
+sont simplifiés,
-chevaux restenl à
+chevaux restent à
-bars s’ouvreni aussi par derrière; néanmoins on 11 e s’ennuie
+bars s’ouvrent aussi par derrière ; néanmoins on ne s’ennuie
-le S 1 Botoîph qui
+le {{St}} Botolph qui
-est immense; au
+est immense ; au
-dresse rayonnant; les
+dresse rayonnant ; les
-de rousrc J 7 u et de rose; des
+de rouge et de rose ; des
-fresques indistinctes; trois
+fresques indistinctes ; trois
-sommeillent doucement; un vieux mon * * ► sieur ricane
+sommeillent doucement ; un vieux monsieur ricane
-I UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. 03 U V en
+92 {{sc universités transatlantiques. en
-expression d’angoisse; on
+expression d’angoisse ; on
-là * i avec un pou d’anxiété
+là avec un peu d’anxiété
-une romance; puis
+une romance ; puis
-de ni ban rouge,
+de ruban rouge,
-à parler; elle
+à parler ; elle
-rien d’en volant.... Par
+rien d’envolant.... Par
-voit YAthletic Club
+voit l’Athletic Club
-les corps; à gaucho, on
+les corps ; à gauche, on
-Cet Athletiv Club
+{{t3|{{rom-maj|V|5}}}} {{interligne}} {{interligne}} Cet Athletic Club
-et véritable’ nient l’architecte
+et véritablement l’architecte
-paume * sont
+paume sont
-la piscine? Par
+la piscine ? Par
-très particulière; des
+très particulière ; des
-pétille, cl sur
+pétille, et sur
-a VI i i Quand
+{{t3|{{rom-maj|VI|6}}}} {{interligne}} {{interligne}} Quand
-Cambridge cl je
+Cambridge et je
-quinze cl même
+quinze et même
-: regardezles jouer,
+: regardez-les jouer,
-; cç triple
+; ce triple
-je connaisse; il
+je connaisse ; il
-les K t
+les
-LA NOUVELLE-ANfiLETERRE. !»:• dormitorics »
+{{sc la nouvelle-angleterre. « dormitories »
-s’échappent tics plaintes
+s’échappent des plaintes
-» (l’Oxford et
+» d’Oxford et
-s’inquiète d’eux? On
+s’inquiète d’eux ? On
-connaît guère; à
+connaît guère ; à
-dans uù eating cluù; lès convives,
+dans un eating club ; les convives,
-ressemblaient pas; il
+ressemblaient pas ; il
-des débraillés; l’un
+des débraillés ; l’un
-autrement dit , le
+autrement dit, le
-mes ami , sorti d’Ilarvaril depuis
+mes ami, sorti d’Harvard depuis
-a dépensées; il
+a dépensées ; il
-I. J < _ - f I 9G UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. \ î pas
+96 {{sc universités transatlantiques. pas
-prétentions ^ Tr nobiliaires
+prétentions nobiliaires
-un exclusivismo féroce; si voué ne
+un exclusivisme féroce ; si vous ne
-à _ ^ . ’’ r quelque pair d Angleterre, et
+à quelque pair d’Angleterre, et
-vos ’ b voitures
+vos voitures
-bout d’écussoh, jetez
+bout d’écusson, jetez
-moins t Targent par les fenêtres; ne
+moins l’argent par les fenêtres ; ne
-sans j’ H cela
+sans cela
-y accom } plit mille
+y accomplit mille
-sottises ■F " pour
+sottises pour
-un * * * , peuple
+un peuple
-la ! signification
+la signification
-A Boston , cela I prend
+A Boston, cela prend
-un peu; mais
+un peu ; mais
-de * céder
+de céder
-imitation i • confuse
+imitation confuse
-universités anglaises; ce
+universités anglaises ; ce
-ni d’almosphfere ni de tendances; il
+ni d’atmosphère ni de tendances ; il
-cette niasse tournoyante
+cette masse tournoyante
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 97 début
+{{sc la nouvelle-angleterre. début
-Louis XVI. C’est
+Louis {{rom-maj|xvi|16}}. C’est
-en Amérique; ce
+en Amérique ; ce
-des transitions; mais
+des transitions ; mais
-les r Etats-Unis dans
+les États-Unis dans
-rien compris!,.. Après
+rien compris !... Après
-du Ilasly Pudding
+du Hasty Pudding
-; celle société
+; cette société
-quelques secondes; on
+quelques secondes ; on
-professeur Colin, qui
+professeur Cohn, qui
-avec niic complaisance extrême; il
+avec une complaisance extrême ; il
-les éludes américaines; on
+les études américaines ; on
-pas inhumanités pour
+pas d’humanités pour
-et - de i l ems sar , 1 . ^ M ’ -’i : s i V ?. ’■ \ i t 9 » f
+et de leurs sar-
--H H--L I 93 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. casmes devraient Venir ici
+98 {{sc universités transatlantiques. casmes devraient venir ici
-elles.... i , L * Les
+elles.... Les
-de i Lawrenceyilld porteront
+de Lawrenceville porteront
-choses. f * 4 * ’ + ■ > i î j . i
+choses.
-* vii i * * Match
+{{t3|{{rom-maj|VII|7}}}} {{interligne}} {{interligne}} Match
-Harvard cl Darlmouth , line petite
+Harvard et Dartmouth, une petite
-à Y Algonquin Club , de
+à l’Algonquin Club, de
-de r’ ce
+de ce
-encore vu; la salie à
+encore vu ; la salle à
-et liante, avec
+et haute, avec
-doubles chcnôls en
+doubles chenêts en
-œuvre exquise; le
+œuvre exquise ; le
-moyen Age; une
+moyen âge ; une
-vont dîner!.. Yoilîi donc
+vont dîner !... Voilà donc
-qui resle.de celle puissante
+qui reste de cette puissante
-! ■V
+!
-& 1 t 1 -h N t n h t ► l t VIII ■ t * L ■I 4 Sous
+{{t3|{{rom-maj|VIII|8}}}} {{interligne}} {{interligne}} Sous
-là qiie sont
+là que sont
-les dra ii peaux déchirés
+les drapeaux déchirés
-les ’r’ régiments
+les régiments
-république 1 impériale» Quand
+république impériale. Quand
-vinrent prendre* celle place
+vinrent prendre cette place
-la t pensée
+la pensée
-méconnus ilu carac-
+méconnus du carac-
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 101 1ère américain.
+{{sc la nouvelle-angleterre. tère américain.
-guerre civile!... Les
+guerre civile !... Les
-la CommonweaUh 1 les
+la Commonwealth les
-bataille, » tristes souvenirs d’unc lutte
+bataille, tristes souvenirs d’une lutte
-frères cl de
+frères et de
-plis ènflammés, —
+plis enflammés, —
-souvenirs triom* pliais de
+souvenirs triomphals de
-de l’ Union et
+de l’Union et
-n’obtint jamais: la
+n’obtint jamais : la
-de l’humanité 2 , —
+de l’humanité, —
-d’honneur cl de
+d’honneur et de
-» 1. Le litre de Commonwcutlli appartient oflieiellement à
+» Le titre de Commonwealth appartient officiellement à
-des Étals de l’Union. 2. Allusion
+des États de l’Union. Allusion
-de Pesi’lavagc.
+de l’esclavage.
-ï i i Ce malin j’ai
+{{t3|{{rom-maj|IX|9}}}} {{interligne}} {{interligne}} Ce matin j’ai
-nombre a 300; vieille
+nombre à 500 ; vieille
-dénigrent nullement; il
+dénigrent nullement ; il
-un i ’ tennis
+un tennis
-de l’aprèsmidi; ils
+de l’après-midi ; ils
-à faire; au
+à faire ; au
-une marchande!... elle
+une marchande !... elle
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 103 pain,
+{{sc la nouvelle-angleterre. pain,
-« lligh Schools »; celui-ci
+« High Schools » ; celui-ci
-considérables ci il
+considérables et il
-latin Scliool »
+latin School »
-travail, csjt un
+travail, est un
-Grammar School *. Harvard
+Grammar School. Harvard
-grâce 1635; Ferdinand II régnait
+grâce 1635 ; Ferdinand {{rom-maj|ii|2}} régnait
-en Allemagne , l’infortuné Charles I er régnait
+en Allemagne, l’infortuné Charles {{rom-maj|i|1}}er régnait
-écoliers rccon 1. Écoles
+écoliers recon- Écoles
-les lligli Schools; ce
+les High Schools ; ce
-J , r ’ k H 104 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. naîtront
+104 {{sc universités transatlantiques. naîtront
-à lin changement dcpériode dans
+à un changement de période dans
-de * Trente ans; ce. n’est
+de Trente ans ; ce n’est
-se deman * der s’ils
+se demander s’ils
-de l’Ecole latine
+de l’École latine
-Boston. Des sa
+Boston. Dès sa
-fut gratuite; la
+fut gratuite ; la
-dirigeait r l’Ecole, monta
+dirigeait l’École, monta
-simples paroles: «
+simples paroles : «
-est commencée; je
+est commencée ; je
-« Deponîte libros ». Apres quoi,
+« Deponite libros ». Après quoi,
-son tils, qui
+son fils, qui
-tendances li révolutionnaires
+tendances révolutionnaires
-mois * s’écoulèrent; un
+mois s’écoulèrent ; un
-lors l’Ecole a
+lors l’École a
-régulièrement b et
+régulièrement et
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 105 du
+{{sc la nouvelle-angleterre. du
-dernières seulement; on
+dernières seulement ; on
-littérature , anglaise
+littérature anglaise
-physiques. w Adossée à l’Ecole latine
+physiques. Adossée à l’École latine
-la English Higli Scliool ».
+la « English High School ».
-prépare directe t ment à
+prépare directement à
-et à^dilTérenles institutions
+et à différentes institutions
-genre. Les^sciences et
+genre. Les sciences et
-années el le
+années et le
-gestes el leur
+gestes et leur
-en public; les
+en public ; les
-h 106 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. ! n’oflïe aucune
+106 {{sc universités transatlantiques. n’offre aucune
-d’être signa t 1 lée; elle
+d’être signalée ; elle
-fois dé plus
+fois de plus
-conviction que, pour
+conviction que pour
-l’exercice mili : 4 taire est
+l’exercice militaire est
-mouvements, r s’ils
+mouvements, s’ils
-temps perdu; si
+temps perdu ; si
-pour r les
+pour les
-intellectuel. / t i
+intellectuel.
-4 X Dans
+{{t3|{{rom-maj|X|10}}}} {{interligne}} {{interligne}} Dans
-cerclé do verdure
+cerclé de verdure
-de Wcl \ ! lèsley; et
+de Wellesley ; et
-Boston (Wcllesley en
+Boston (Wellesley en
-et scs clochers
+et ses clochers
-bel après-njidi d’octobre
+bel après-midi d’octobre
-croisions k chaque
+croisions à chaque
-10 $ UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. * un
+108 {{sc universités transatlantiques. un
-de doctoresses; impossible
+de doctoresses ; impossible
-Miss Sliafer, la
+Miss Shafer, la
-Un monde! ce
+Un monde ! ce
-lecture apparaissent; de K beaux
+lecture apparaissent ; de beaux
-filles > jettent
+filles jettent
-Dans l’asceiiseur nous
+Dans l’ascenseur nous
-! r ’ j. 11 y
+! Il y
-bérets crêncs et
+bérets crânes et
-mantilles langoureuses; l’une parait insouciante
+mantilles langoureuses ; l’une paraît insouciante
-l’autre altéi ’ée de savoir; celle-ci semble ’ chercher
+l’autre altérée de savoir ; celle-ci semble chercher
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 109 une
+{{sc la nouvelle-angleterre. une
-une équation!... La
+une équation !... La
-qu’elles s’enlr’aidaicnt loyalement
+qu’elles s’entr’aidaient loyalement
-propre tâche; elle
+propre tâche ; elle
-leur religion;... et
+leur religion ;... et
-est umectariany c’est-à-dire
+est unsectarian, c’est-à-dire
-le môme phénomène
+le même phénomène
-religion elle-memc, est
+religion elle-même, est
-l’éducation. NVellcslcy fut
+l’éducation. Wellesley fut
-en 1875; la
+en 1875 ; la
-près I 750 francs.
+près 1750 francs.
-contiennent 138, soit
+contiennent 438, soit
-leur apprend?... à
+leur apprend ?... à
-ma foi! que
+ma foi ! que
-former îles intelligences féminines; mais
+former des intelligences féminines ; mais
-X HO UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. 1 * vio commune,
+110 {{sc universites transatlantiques. vie commune,
-ce self government n’enlèvenl-ils pas
+ce self-government n’enlèvent-ils pas
-femme j quelque
+femme quelque
-la vie?... cl si
+la vie ?... et si
-lui mel de
+lui met de
-la tèle , ne
+la tête, ne
-en môme temps? adhnc suit jadice Us est 9 et
+en même temps ? adhuc sub judice lis est, et
-à Wclleslcy et
+à Wellesley et
-du D r Sargent....
+du Dr Sargent....
-sais, naturellement! Mais
+sais, naturellement ! Mais
-féminin, ‘ Y élevage systématique
+féminin, l’élevage systématique
-odieux cl ■ plus
+odieux et plus
-jamais ’ces lignes
+jamais ces lignes
-leurs yeux,* les aima ’ . - - 3- " ’ blés Françaises
+leurs yeux, les aimables Françaises
-ce jourlà? N’aurai-je
+ce jour-là ? N’aurai-je
-beau collège? En
+beau collège ? En
-wagon, je- parcours - r - - •- ’ quelques
+wagon, je parcours quelques
-hebdomadaire - publié
+hebdomadaire publié
-ces demoiselles; à la quatrièrîic page,, t’
+ces demoiselles ; à la quatrième page,
-f,A NOUVELLE-ANGLETERRE. 111 j’y
+{{sc la nouvelle-angleterre. j’y
-l’annonce ilu mariage
+l’annonce du mariage
-88 »; et m’étanl endormi,
+88 » ; et m’étant endormi,
-en duel!
+en duel !
-î i XI Les
+{{t3|{{rom-maj|XI|11}}}} {{interligne}} {{interligne}} Les
-étonnante prospérité; il
+étonnante prospérité ; il
-partout. * * 31. Jlac-Lane, ministre des Etats-Unis h Paris, a évaluait Tan dernier à 175 000 le
+partout. M. Mac-Lane, ministre des États-Unis à Paris, évaluait l’an dernier à 175000 le
-les 1 240 bâtiments * „ . qu’elles
+les 1240 bâtiments qu’elles
-de francs; celui
+de francs ; celui
-coûté 915 000 francs.
+coûté 915000 francs.
-de * ■ ’ , ‘ jeunes gens; mais
+de jeunes gens ; mais
-la conversation* par
+la conversation, par
-M. G. A.
+M. C. A.
-pas \ # . ‘ ’ "• . ’ ’ .. ’ ’ , r . : ; ’ - - ’ . bien
+pas bien
-Boston fuit fondée
+Boston fut fondée
-l’ai visit’ée à
+l’ai visitée à
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. 113 r% j heures
+{{sc la nouvelle-angleterre. heures
-un * cours d’allemand cl un cours, de
+un cours d’allemand et un cours de
-le hall; tout
+le hall ; tout
-an. Ajoulez-y des
+an. Ajoutez-y des
-délicatement ingénieuses; bien
+délicatement ingénieuses ; bien
-aussi utile? L’argent vient do partout
+aussi utile ? L’argent vient de partout
-zèle cl d’action.
+zèle et d’action.
-ces •i i secrétaires
+ces secrétaires
-à Spingfîeld; c’est
+à Spingfîeld ; c’est
-beaux gymnases.,.. Il
+beaux gymnases.... Il
-mais x— ’ ‘ ’ ■ s
+mais
-114 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. ouverte
+114 {{sc universités transatlantiques. ouverte
-n’exigeant (le scs membres
+n’exigeant de ses membres
-de conversions; cl on
+de conversions ; et on
-éternelle reconnaissance; et
+éternelle reconnaissance ; et
-générosités. A i 3 — . ^ ,v? « i . - .. J ». . - : _ ■H . , b
+générosités.
-* i Il
+{{t3|{{rom-maj|XII|12}}}} {{interligne}} {{interligne}} Il
-un gym j nase populaire entoure d’une grille; les
+un gymnase populaire entouré d’une grille ; les
-l’entrée csl gratuite,
+l’entrée est gratuite,
-manière % de
+manière de
-dans renccinte, vous vous exei’cez ’à votre
+dans l’enceinte, vous vous exercez à votre
-uns (jui se
+uns qui se
-E 4 J ’ Q ( f ) F XIII Je
+{{t3|{{rom-maj|XIII|13}}}} {{interligne}} {{interligne}} Je
-heures h Lenox, L localité
+heures à Lenox, localité
-de Boston; il
+de Boston ; il
-ont dos villas.
+ont des villas.
-s’y installer; il faut se. faire admettre . Les
+s’y installer ; il faut se faire admettre. Les
-Américains s*y donnent Je petit
+Américains s’y donnent le petit
-faire joujOu avec
+faire joujou avec
-coutumes • . i —v’- ; aristocratiques; ils
+coutumes aristocratiques ; ils
-leurs ■ 1 ï patentés*, et
+leurs parentés, et
-décider s’il* convient
+décider s’il convient
-les recevoir; ces prétentions déton " / ■ • ’ ’ . ’ ’• ■ * ’ ■ - y - e - ■ ; lient si
+les recevoir ; ces prétentions détonnent si
-Amérique .qu’on ne
+Amérique qu’on ne
-vous trou ■■ ■ _ ■ ; - . - _ ‘ _ 1 . vez dans
+vous trouvez dans
-ignorance * ’ r i ■ , ’■b#
+ignorance
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE, 117 presque
+{{sc la nouvelle-angleterre. presque
-à l’origine; on
+à l’origine ; on
-nuée. N’cmpôche que
+nuée. N’empêche que
-au sérieux; que
+au sérieux ; que
-l’Amérique d’apres Lenox
+l’Amérique d’après Lenox
-des pairs! De
+des pairs ! De
-ville d’Amhersl, où
+ville d’Amherst, où
-vénérable D r Hitchcock.
+vénérable Dr Hitchcock.
-des cours; ils
+des cours ; ils
-conseil d’administra ■’ * lion comprend JO laïques cl 7 ecclésiastiques; le
+conseil d’administration comprend 10 laïques et 7 ecclésiastiques ; le
-système américain; pour
+système américain ; pour
-et défendues; la
+et défendues ; la
-installer, Témulàlion est entretenue.. Enfin
+installer, l’émulation est entretenue. Enfin
-social qüc ne
+social que ne
-les mein-
+les mem-
-Jf H 8 UNIVERSITÉS TR/ *SATLANTIQUES. bres
+118 {{sc universités transatlantiques. bres
-les autres? Anihorst a
+les autres ? Amherst a
-dans colle voie,
+dans cette voie,
-associant | au gouvcrnehicnt les
+associant au gouvernement les
-La j Faculté
+La Faculté
-Sénat com- | r ’ r posé de 4 seniors , 3 juniors , 2 sopliomores et J 1 freshman , délégués
+Sénat composé de 4 seniors, 3 juniors, 2 sophomores et 1 freshman, délégués
-promotions res- J pcctives. C’est
+promotions respectives. C’est
-sénateurs | qu’est
+sénateurs qu’est
-le h bon
+le bon
-tranchent h I leur
+tranchent à leur
-depuis y qu’il
+depuis qu’il
-satisfait scs [/ • I ’ inventeurs. i Les
+satisfait ses inventeurs. Les
-tous > 9 _ ■ ^ au
+tous au
-aux Etals voisins; quel- ü ques-uns viennent
+aux États voisins ; quelques-uns viennent
-sont étrangers; f i le
+sont étrangers ; le
-deux Yirginiens. * # = l J’apprends
+deux Virginiens. J’apprends
-une p A T oiture imperceptible
+une voiture imperceptible
-chemin I casse-coii qui
+chemin casse-cou qui
-car Amherst.est situé
+car Amherst est situé
-on saute* on ■ - - -- - * gagne des prix; c’est le FaU. Meeting , la réu r
+on saute, on gagne des prix ; c’est le Fall Meeting, la réu-
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. H 9 ion d’automne.
+{{sc la nouvelle-angleterre. nion d’automne.
-bon D T Hitchcock,
+bon Dr Hitchcock,
-ces sporls-là que
+ces sports-là que
-professeurs do gymnastique, aux Etats-Unis, croient
+professeurs de gymnastique, aux États-Unis, croient
-final, * le flac do tous
+final, le flac de tous
-Le D* Hitchcock
+Le Dr Hitchcock
-bonne santé; sa
+bonne santé ; sa
-un vieillard; il
+un vieillard ; il
-à scs fins
+à ses fins
-connaître soi-mème ».
+connaître soi-même ».
-le méconnaisse; il
+le méconnaisse ; il
-120 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. matérialiste
+120 {{sc universités transatlantiques. matérialiste
-qu’il m a remises
+qu’il m’a remises
-nom do Dieu vicrit-il s’y » r promener
+nom de Dieu vient-il s’y promener
-sans motifs; l’impression qui ; s’en
+sans motifs ; l’impression qui s’en
-matérialisme j * inconscient,
+matérialisme inconscient,
-complet. L* Le
+complet. Le
-les ! lettres,
+les lettres,
-les doux, , de
+les deux, de
-chiffreurs rie prennent
+chiffreurs ne prennent
-travaux publics; ces
+travaux publics ; ces
-assez /complets, bien
+assez complets, bien
-paraissent dè bons
+paraissent de bons
-de distractions; la
+de distractions ; la
-et scs rués à
+et ses rues à
-campagne. = * A
+campagne. A
-ces * femmes
+ces femmes
-», * avec celte diffé _ t reftee qu’il
+», avec cette différence qu’il
-parfaitement insupportables . Leu r brusquerie * leur air dégoûté , leurs
+parfaitement insupportables. Leur brusquerie, leur air dégoûté, leurs
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. m insolents
+{{sc la nouvelle-angleterre. insolents
-de celle-ci; il
+de celle-ci ; il
-alors do tous scs vœux
+alors de tous ses vœux
-XIV 1 Nous
+{{t3|{{rom-maj|XIV|14}}}} {{interligne}} {{interligne}} Nous
-le D r Ilit % clicock est
+le Dr Hitchcock est
-cantique. J*ai dû
+cantique. J’ai dû
-de Oakdalo qui
+de Oakdale qui
-me fàllut en
+me fallut en
-de repartir- pour
+de repartir pour
-de Grolon, le D r Peabody " 11 w , i _ H- r nous emiiiena et
+de Groton, le Dr Peabody nous emmena et
-école. b Elle
+école. Elle
-assise dané> Vherbe, sur
+assise dans l’herbe, sur
-l’air so promène libre L % ment. Le
+l’air se promène librement. Le
-couvert do
+couvert de
-LA NOUVELLE-ANGLETERRE. m plantes
+{{sc la nouvelle-angleterre. plantes
-quelques années , d’autres
+quelques années, d’autres
-200 élèves; aujourd’hui,
+200 élèves ; aujourd’hui,
-frères aînés; ils
+frères aînés ; ils
-la trentaine; c’est un cîergyman et
+la trentaine ; c’est un clergyman et
-grand Arnold; on
+grand Arnold ; on
-l’instinct dé l’éducateur,
+l’instinct de l’éducateur,
-à cotte netteté
+à cette netteté
-124 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. nisation.
+124 {{sc universités transatlantiques. nisation.
-écoles pri T * maires et les, universités,
+écoles primaires et les universités,
-« iiigh Schools
+« High Schools
-externats ou se
+externats où se
-il no lambina
+il ne lambina
-l’œuvre aus J sitôt. 11 est
+l’œuvre aussitôt. Il est
-Le D r Pcabody écrivit
+Le Dr Peabody écrivit
-offrir Foccasion de
+offrir l’occasion de
-il * avait déjà 7b 000 francs recueillis Ips trois
+il avait déjà 75000 francs recueillis les trois
-Boston. Tu
+Boston. « Tu
-école, disait-ilaux amis
+école, disait-il aux amis
-donne G, 8, 10 000 dollars
+donne 6, 8, 10000 dollars
-le D r Pcabody devait
+le Dr Peabody devait
-constructions s’élevèrent» »
+constructions s’élevèrent.
-LA NOUVELLE-ANGLETEïlllE. 125 Quant
+{{sc la nouvelle-angleterre. Quant
-de nouveau; il
+de nouveau ; il
-par o 000 dollars
+par 5000 dollars
-de quatorze; il
+de quatorze ; il
-examen d’en trée et scs parents versent 3 000 francs
+examen d’entrée et ses parents versent 3000 francs
-vue reli gieux, l’école est épiseopalicnne, c’est-à-dire
+vue religieux, l’école est épiscopalienne, c’est-à-dire
-les enveloppe. d’un
+les enveloppe d’un
-les unis sent :1a paix
+les unissent : la paix
-fabrique-là. * ■m
+fabrique-là.
-Il est midi; les
+{{t3|{{rom-maj|XV|15}}}} {{interligne}} {{interligne}} Il est midi ; les
-les pelou + ses; nous
+les pelouses ; nous
-« canoës »
+« canoes »
-met j à
+met à
-Arbres
+{{t3|{{rom-maj|XVI|16}}}} {{interligne}} {{interligne}} Arbres
-veines, ou la
+veines, où la
-les Heurs elles-mêmes
+les fleurs elles-mêmes
-les veux, où
+les yeux, où
-les lils blancs
+les fils blancs
-chaque jour; la
+chaque jour ; la
-1?S UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. jour
+128 {{sc universités transatlantiques. jour
-où Thivcr s’appesantil en k maître sur lçs plaines
+où l’hiver s’appesantit en maître sur les plaines
-royauté. I %
+royauté.
-CANADA BRITANNIQUE ET * A; * CANADA FRANÇAIS o
+canada britannique et canada français
-I t Montréal
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} Montréal
-imprimé k la
+imprimé à la
-cachet dis 9 tinctif et
+cachet distinctif et
-des Etats-Unis lui
+des États-Unis lui
-s’étend k nos
+s’étend à nos
-fil tendu; au
+fil tendu ; au
-est assise; des
+est assise ; des
-/ i f { 132 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. des
+132 {{sc universités transatlantiques. des
-Les L Canadiens-Français
+Les Canadiens-Français
-esclaves * * F de
+esclaves de
-vers * l’activité
+vers l’activité
-l’on rôve d’en
+l’on rêve d’en
-l’on 11’y parvient guère; c’est
+l’on n’y parvient guère ; c’est
-presse esl incolore; mais
+presse est incolore ; mais
-i Leur
+{{t3|{{rom-maj|II|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} Leur
-sens cl leur
+sens et leur
-qualités niailrcsscs chez
+qualités maîtresses chez
-de ia cession
+de la cession
-qu’ils curent h subir,
+qu’ils eurent à subir,
-patience cl d’entètement. Ils
+patience et d’entêtement. Ils
-131 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. les
+134 {{sc universités transatlantiques. les
-les émanciper; et
+les émanciper ; et
-repousser * cette
+repousser cette
-dangereuse * autant
+dangereuse autant
-entière liberté; le
+entière liberté ; le
-fédéral, inlinhnent mieux compris cl mieux
+fédéral, infiniment mieux compris et mieux
-aux Etats-Unis, répand
+aux États-Unis, répand
-la fécon i dité extrême
+la fécondité extrême
-fameux curéLabellc, ils
+fameux curé Labelle, — ils
-leurs mains; un
+leurs mains ; un
-semble réservé; tout
+semble réservé ; tout
-trouvaient pasjans un
+trouvaient pas dans un
-l’instruction fiU négligée
+l’instruction fût négligée
-les écoles; les
+les écoles ; les
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 135 +■ enfants
+{{sc canada britannique et canada français. enfants
-habitue ] ’intelligence à
+habitue l’intelligence à
-d’original. El puis,
+d’original. Et puis,
-qui manque; les
+qui manque ; les
-tout ^cela pour
+tout cela pour
-dominent cl qu’ils
+dominent et qu’ils
-Montréal môme, ce
+Montréal même, ce
-de celle race
+de cette race
-136 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. possède
+136 {{sc universités transatlantiques. possède
-au dol ; lar à
+au dollar à
-ainsi tjue je
+ainsi que je
-premiers. t i l
+premiers.
-* l Au
+{{t3|{{rom-maj|III|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} Au
-Mont llo y al, qui
+Mont Royal, qui
-trouve rUniversilé Mac
+trouve l’Université Mac
-jeu oit les
+jeu où les
-de l’UnivcrsUé pratiquent
+de l’Université pratiquent
-des bàtimenls d’archiicclurc très
+des bâtiments d’architecture très
-sans h ornements
+sans ornements
-élancés. r L’ Université Mac
+élancés. L’Université Mac
-fondation privée; elle
+fondation privée ; elle
-138 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. 9 fondateur,
+138 {{sc universités transatlantiques. fondateur,
-brave Ecossais, né
+brave Écossais, né
-les EtatsUnis en
+les États-Unis en
-mourut Tannée suivante,
+mourut l’année suivante,
-de 30 000 livres (750 000 francs)
+de 30000 livres (750000 francs)
-de TUniversité provinciale. , Ce
+de l’Université provinciale. Ce
-dix ans; il
+dix ans ; il
-ceux-ci » *’ demeuraient
+ceux-ci demeuraient
-qu’en 18131e mouvement
+qu’en 1813 le mouvement
-port «se bornait à t’entrée de
+port se bornait à l’entrée de
-peine 1 600 tonnes de’ marchandises. Mais VL Mac
+peine 1600 tonnes de marchandises. Mais M. Mac
-l’instruction publique^ allait
+l’instruction publique allait
-dans Ip xix* siècle
+dans le xixe siècle
-au t 1 " ^ Canada.
+au Canada.
-à T énergie du
+à l’énergie du
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 139 pas
+{{sc canada britannique et canada français. pas
-un collège; d’autres
+un collège ; d’autres
-élevés peu’ à peu cl T Université de
+élevés peu à peu et l’Université de
-un fover de science cl do travail,
+un foyer de science et de travail,
-sans l’Université; une
+sans l’Université ; une
-groupe K * d’hommes
+groupe d’hommes
-des Directeurs , lesquels
+des Directeurs, lesquels
-recrutent eux-mômes, compose
+recrutent eux-mêmes, compose
-les felloios et
+les fellows et
-la corporation , qui
+la corporation, qui
-les présidents’ de
+les présidents de
-les côurs< % Il
+les cours. Il
-les or /s, les
+les arts, les
-t * i î IV » Hier,
+{{t3|{{rom-maj|IV|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} Hier,
-Mac Gill; au i jourd’hui, il
+Mac Gill ; aujourd’hui, il
-mais » t les
+mais les
-ont cessé; l’intérêt so reporte
+ont cessé ; l’intérêt se reporte
-Snow Shoés Clubs,
+Snow Shoes Clubs,
-sur Jcs pentes
+sur les pentes
-les pieds* armés
+les pieds armés
-la neige; les
+la neige ; les
-innombrables. 1 s ■ ■ „ Puis
+innombrables. Puis
-succèdent saris inter-
+succèdent sans inter-
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 141 ruplion. Un
+{{sc canada britannique et canada français. ruption. Un
-ils Taiment, leur hiver! C’est
+ils l’aiment, leur hiver ! C’est
-qu’un pisaller. La
+qu’un pis-aller. La
-au , j contact
+au contact
-Les snoio shoes,
+Les snow shoes,
-de locomotion; le
+de locomotion ; le
-sont constituées; leurs
+sont constituées ; leurs
-et invariable _ i nient une
+et invariablement une
-de tètes d’animaux : là danse
+de têtes d’animaux : la danse
-sports. J 1 . ■ ^ 1 f „ ” . ■ 1 . î H - ‘ 1 - ‘ ’ _ ’ - ■ ; , ■ . ■ - . ■ - " - ■ . -■ * \ . . ■* - -
+sports.
-142 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. I Le Huniing Club , qui
+142 {{sc universités transatlantiques. Le Hunting Club, qui
-la villo et * ï 1 sert
+la ville et sert
-bien rompli, des \ i F * écuries,
+bien rempli, des écuries,
-maison ( de
+maison de
-ô raffinement! —
+ô raffinement ! —
-Dans toutos ces
+Dans toutes ces
-quelques ^Canadiens-Français qui
+quelques Canadiens-Français qui
-parle +■ qu’anglais
+parle qu’anglais
-domine. t fj i H J P 7 -
+domine.
-% En
+{{t3|{{rom-maj|V|5}}}} {{interligne}} {{interligne}} En
-lac Chamblv. La
+lac Chambly. La
-la riappe bien
+la nappe bien
-mais * ’ la
+mais la
-: bog % fondrière,
+: bog, fondrière,
-et board , planche.
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-lointain if f 1 avant-goût’ Dire
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+potiron comme ceux
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+pommes à un
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+nous, enchâssé
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+parc. Le propriétaire
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+élégances campagnardes ; mais,
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+a lui-même perdu le goût ; ses corbeilles
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+sont envahies par les ronces ; ses
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+et irrégulières ; et l’eau de
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+gouttelettes s’en vont
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+enfin approcher :
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+la plaine ; ses
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+bois étale ses fenêtres closes, ses promenoirs
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+déserts. C’est Iroquois House, caravansérail
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+où l’on vient de Montréal
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+danse, on rit, on flirte....
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+mais seulement
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+taxe scolaire. Les
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+la propriété,
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+« cotiseurs », l’un catholique
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+distinctes selon qu’elles
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+de commerce ; enfin
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+les propriétés exemples
-148 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. remise
+148 {{sc universités transatlantiques. remise
-la laxe n°
+la taxe n°
-commissaires d’écoles* protestantes; la luxe n°
+commissaires d’écoles protestantes ; la taxe n°
-divisée entro oiix proportionnellement
+divisée entre eux proportionnellement
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+protestants indiqués dans
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+fédéralisé, où les
-gros contingents; * certains
+gros contingents ; certains
-des Etats-Unis désirent
+des États-Unis désirent
-« un* sectarian »
+« unsectarian »
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+résultats aux États-Unis comme
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+rendre l’air piteux
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+incomplet que leur
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+ce costume ; on
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+est absente ; dans
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+cette boîte et
-» ► 150 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Sulpiciens
+150 {{sc universités transatlantiques. Sulpiciens
-si riche! Ne
+si riche ! Ne
-ses élèves? et que devien lient les revenus do la
+ses élèves ? et que deviennent les revenus de la
-à paver?... Quelle
+à payer ?... Quelle
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+préparer là-bas ! J’ai
-high schools , l’Ecole polytechnique, i’Àcadémic: commerciale,
+high schools, l’École polytechnique, l’Académie commerciale,
-le môme contraste. • i m % Ici,
+le même contraste. Ici,
-de 1 activité, de
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-bien francs; là,
+bien francs ; là,
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+ne germe
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+le créer de toutes pièces ? Nous
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+tous anglais !
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+{{t3|{{rom-maj|VIII|8}}}} {{interligne}} {{interligne}} En notre honneur,
-drapeau Incolore flotte
+drapeau tricolore flotte
-nouvelle i * * création
+nouvelle création
-hippique ‘d’exportation. Les
+hippique d’exportation. Les
-grande royleuso. Il
+grande rouleuse. Il
-des Etats-Unis, aux
+des États-Unis, aux
-t Dans le splccping qui nous ‘traîne vers l < Québec, je rêve que la neige tombe et, quand je me réveille, elle est là, en effet, couvrant la terre, cl les grands sapins du Nord, cl les pauvres cabanes misérables, mais elle fond bientôt et, pour notre arrivée, il n’y a plus que du vent et une pluie pénétrante. À première vue, cela no séduit pas; le fleuve est plus étroit qu’on ne se l’imagine, la montagne moins haute, la citadelle moins crâne. Au débarcadère, les fameuses calèches sollicitent l’attention : sortes de conques marines posées sur des courroies, bien haut, et dodelinant d’une façon tout à fait comique sur les pavés. On est tout surpris de ne pas voir là dedans un dieu de l’Olympe en-
+152 {{sc universités transatlantiques. verte du gant de velours. Dans la sellerie, A*** nous fait voir tout son équipement de cowboy : le pantalon de cuir, la selle mexicaine, le chapeau à larges bords, le lasso et les cordons en crin de cheval dont on s’entoure quand on dort dans la prairie, car MM. les serpents ne les franchiraient pour rien au monde, même pas pour dévorer un directeur de société hippique. Il nous raconte la vie du ranch, les ivresses et les dangers de leur existence, leurs plaisirs exotiques, les grandes chasses et les grands froids,... et puis, quand il a bien causé de tout cela, d’un mot il revient à sa chère France, dans laquelle il sait bien qu’il serait un peu à l’étroit, mais qu’il ne quitte jamais par la pensée.... C’est comme cela qu’il nous en faut, des Français !
-* J 451 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. veloppé dans un nuage et tenant des guirlandes i * de roses. Au contraire, ce ne sont, à l’entour, 1 - ’ i que vieilles [masures, escaliers humides, pi ( gnons pointus, puis un éboulis gigantesque, des pans de murs et des toitures en morceaux : i c’est la catastrophe du mois dernier; la montagne s’est effondrée au-dessous de la terrasse Du florin. t Un chef-d’œuvre, cette terrasse parquetée comme un skating et ornée de kiosques où » des orchestres viennent se faire entendre les soirs d’été; le Saint-Laurent vu de là-haut est vraiment grandiose ; la vieille ville est à vos pieds, la citadelle vous domine encore; vous apercevez la colonne très simple qui porte ces mots de granit : mortem vïrtus communem — PAMAM, IIISTOR1A — MONUMENTUM P0STER1TAS DEDIT. Leur courage les lit égaux dans la mort, l’histoire les unit dans la gloire, la postérité accole sur ce monument leurs deux noms » : ï Wolfe ét Montcahn. Sans doute, ce serait plus beau si nous n’avions pas perdu la NouvelleFrance, si Napoléon n’avait pas sacrifié la Louisiane cl dédaigné la Plata, si l’Inde nous était restée. Mais faut-il compter pour rien
+{{t3|{{rom-maj|IX|9}}}} {{interligne}} {{interligne}} Dans le sleeping qui nous traîne vers Québec, je rêve que la neige tombe et, quand je me réveille, elle est là, en effet, couvrant la terre, et les grands sapins du Nord, et les pauvres cabanes misérables, mais elle fond bientôt et, pour notre arrivée, il n’y a plus que du vent et une pluie pénétrante. A première vue, cela ne séduit pas ; le fleuve est plus étroit qu’on ne se l’imagine, la montagne moins haute, la citadelle moins crâne. Au débarcadère, les fameuses calèches sollicitent l’attention : sortes de conques marines posées sur des courroies, bien haut, et dodelinant d’une façon tout à fait comique sur les pavés. On est tout surpris de ne pas voir là dedans un dieu de l’Olympe en-
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 155 tous ccs noms français que gardent les lointains rivages , toutes ces luttes françaises dont parlent les annales do tous les peuples, tou le cette gloire française qui flotte dans le monde ?
+154 {{sc universités transatlantiques. veloppé dans un nuage et tenant des guirlandes de roses. Au contraire, ce ne sont, à l’entour, que vieilles masures, escaliers humides, pignons pointus, puis un éboulis gigantesque, des pans de murs et des toitures en morceaux : c’est la catastrophe du mois dernier ; la montagne s’est effondrée au-dessous de la terrasse Dufferin. Un chef-d’œuvre, cette terrasse parquetée comme un skating et ornée de kiosques où des orchestres viennent se faire entendre les soirs d’été ; le Saint-Laurent vu de là-haut est vraiment grandiose ; la vieille ville est à vos pieds, la citadelle vous domine encore ; vous apercevez la colonne très simple qui porte ces mots de granit : mortem virtus communem — famam, historia — monumentum posteras dedit. « Leur courage les fit égaux dans la mort, l’histoire les unit dans la gloire, la postérité accole sur ce monument leurs deux noms » : Wolfe et Montcalm. Sans doute, ce serait plus beau si nous n’avions pas perdu la Nouvelle-France, si Napoléon n’avait pas sacrifié la Louisiane et dédaigné la Plata, si l’Inde nous était restée. Mais faut-il compter pour rien
-! i i ■l \ Mon cocher m’a exhorté à prendre lin train L qui « ronne » plus vite qu’un autre. C’est un Canadien-Français qui sourit jovialement en parlant du « vieux pays ». 11 me fait voir sur la route les jolies « places » et s’arrête à un croisement à niveau pour laisser passer les chars ». Il est inquiet do savoir si je préfère la « Puissance » aux « Etats »; en politique, il partage la manière de voir de SI. un tel, j écuyer », et il est l’ennemi de SI. un tel, égaleincnt « écuyer ». Ces * mots anglais : vun, place y Cars y Dominion, States , esquive , qui n’ont pas d’équivalents en français et que les Canadiens y transplantent bon gré mal gré, produisent reflet le plus saugrenu. \ De Québec à Slontmorency, où nous allons,
+{{sc canada britannique et canada français. tous ces noms français que gardent les lointains rivages, toutes ces luttes françaises dont parlent les annales de tous les peuples, toute cette gloire française qui flotte dans le monde ?
-t i * - ■ J CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 157 ce n’est, le long du Saint-Laurent, qu’un village ininterrompu. Une basilique de bois dresse sur la droite ses deux clochers pointus. Tout est en bois, tout sent lîhiver qui vient; on répare les traîneaux, on répare les fourrures, on amasse du combustible, on repose les doubles fenêtres; dans la coulisse, le froid s’apprête à entrer en scène au premier coup d’archet du grand chef d’orchestre. - \
+{{t3|{{rom-maj|X|10}}}} {{interligne}} {{interligne}} Mon cocher m’a exhorté à prendre un train qui « ronne » plus vite qu’un autre. C’est un Canadien-Français qui sourit jovialement en parlant du « vieux pays ». Il me fait voir sur la route les jolies « places » et s’arrête à un croisement à niveau pour laisser passer les « chars ». Il est inquiet de savoir si je préfère la « Puissance » aux « États » ; en politique, il partage la manière de voir de M. un tel, « écuyer », et il est l’ennemi de M. un tel, également « écuyer ». Ces mots anglais : run, place, cars, Dominion, States, esquire, qui n’ont pas d’équivalents en français et que les Canadiens y transplantent bon gré mal gré, produisent l’effet le plus saugrenu. De Québec à Montmorency, où nous allons,
-c * + Le grand séminaire de Québec fut fondé par Mgr de Laval eu 16G3 et le polit séminaire ou collège en 1G68. L’uni ver silé Laval a été fondée en 1882 par le séminaire et elle prit le nom do l’évèque auquel elle doit indirectement son existence. La charte royale lui a été accordée sur la recommandation de lord * Elgin, alors gouverneur général. Cette institution ne fait qu’un avec le grand et le petit séminaire, le premier alimentant la" faculté de théologie et le second, les autres facultés. L’archcyèque est le visiteur \ le supérieur du séminaire est de droit recteur. Les diplômes sont ceux de bacheliers, de licenciés ou maîtres et de docteurs. La faculté des arts se divise en deux sections : celle des sciences et celle des
+{{sc canada britannique et canada français. ce n’est, le long du Saint-Laurent, qu’un village ininterrompu. Une basilique de bois dresse sur la droite ses deux clochers pointus. Tout est en bois, tout sent l’hiver qui vient ; on répare les traîneaux, on répare les fourrures, on amasse du combustible, on repose les doubles fenêtres ; dans la coulisse, le froid s’apprête à entrer en scène au premier coup d’archet du grand chef d’orchestre.
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 159 lettres. Un prix a été institué par le prince de Galles; le nombre des etudiants est considérable. Les bâtiments sont grands, mais sales cl mal tenus. Par les fenêtres, j’aperçois les élèves du petit séminaire qui devisent gravement dans leur étroit préau : toujours les redingotes râpées et les ceintures de serge verte. L’université possède des revenus considérables et a fondé une succursale h Montréal, pour y étouffer dans l’œuf runiversité Victoria, de la province d’Ontario, laquelle y possède également une succursale . Comme Pclouffement n’était pas assez rapide, on s’est adressé au pape, qui l’a prononcé d’office, ce qui a causé de légitimes mécontentements a Montréal, Il y a encore une université connue sous le
+{{t3|{{rom-maj|XI|11}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le grand séminaire de Québec fut fondé par Mgr de Laval en 1663 et le petit séminaire ou collège en 1668. L’université Laval a été fondée en 1852 par le séminaire et elle prit le
-de « Hishop’s College »; elle est située à Lennoxvillc, dans les cantons de l’Est, et placée sous le patronage et la direction de lEglise anglicane. Elle a été fondée en 1843 par Févèque Mountain.
+de l’évêque auquel elle doit indirectement son existence. La charte royale lui a été accordée sur la recommandation de lord Elgin, alors gouverneur général. Cette institution ne fait qu’un avec le grand et le petit séminaire, le premier alimentant la faculté de théologie et le second, les autres facultés. L’archevêque est le visiteur ; le supérieur du séminaire est de droit recteur. Les diplômes sont ceux de bacheliers, de licenciés ou maîtres et de docteurs. La faculté des arts se divise en deux sections : celle des sciences et celle des
-\ i h Quelques personnes qui représentent chez nous l’ignorance crasse sont persuadées que le .percement de l’isthme de Suez a facilité les relations de l’Europe avec le Canada. A l’étage audessus, on sait dans quelle partie du globe il i convient de placer ce pays ; mais on le considère Comme une petite colonie anglaise ayant pour capitale notre vieille ville de Québec. Au-dessus encore» on est au courant des phases politiques de l’histoire canadienne 1 ; on connaif l’existence du Dominion^ confédération des sept provinces 9 ■ de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau-Brunswick, de Québec, d’Ontario, du Manitoba» de la Colombie anglaise et do l’ilc du Prince-Edouard î on sait que Terre-Neuve s’annexera peut-être un jour et que, dans les immenses territoires À
+{{sc canada britannique et canada français. lettres. Un prix a été institué par le prince de Galles ; le nombre des étudiants est considérable. Les bâtiments sont grands, mais sales et mal tenus. Par les fenêtres, j’aperçois les élèves du petit séminaire qui devisent gravement dans leur étroit préau : toujours les redingotes râpées et les ceintures de serge verte. L’université possède des revenus considérables et a fondé une succursale à Montréal, pour y étouffer dans l’œuf l’université Victoria, de la province d’Ontario, laquelle y possède également une succursale. Comme l’étouffement n’était pas assez rapide, on s’est adressé au pape, qui l’a prononcé d’office, ce qui a causé de légitimes mécontentements à Montréal. Il y a encore une université connue sous le nom de « Bishop’s College » ; elle est située à Lennoxville, dans les cantons de l’Est, et placée sous le patronage et la direction de l’Église anglicane. Elle a été fondée en 1843 par l’évêque Mountain.
-V CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 161 * du nord-ouest, le Canada se taillera bientôt de nouvelles provinces. Mais ce qu’on ignore assez généralement c’est qu’une province canadienne ressemble absolument à un Etat de l’Union. La province de Québec a, comme le Massachusetts f ou l’Etat de New York, son gouverneur, ses ministres et ses deux chambres. Elle fabrique ses propres lois et jouit d’une autonomie parfaite. Voilà pourquoi je m’assis, ce soir-là, à la table hospitalière du secrétaire de l’instruction publique, en compagnie du premier ministre, du chef de l’opposition et de plusieurs autres personnages politiques. Honoré Mercier, premier ministre de la province de Québec, n’est pas un homme ordinaire. Il -n’a rien du chef d’Etat froid et compassé, accablé de soucis et suivant toujours au travers des conversations une pensée dominante. 11 est bon enfant, rieur, avec des histoires drôles plein la tête; il vous les conte pittoresquement avec son accent traînard et un peu paysan, et il en rit tout le premier. Au fond, c’est un homme extrêmement fin, qui joue aux échecs avec ses adversaires et combine fort bien ses coups. Il est chef d’un 11
+{{t3|{{rom-maj|XII|12}}}} {{interligne}} {{interligne}} Quelques personnes qui représentent chez nous l’ignorance crasse sont persuadées que le percement de l’isthme de Suez a facilité les relations de l’Europe avec le Canada. A l’étage au-dessus, on sait dans quelle partie du globe il convient de placer ce pays ; mais on le considère comme une petite colonie anglaise ayant pour capitale notre vieille ville de Québec. Au-dessus encore, on est au courant des phases politiques de l’histoire canadienne ; on connait l’existence du Dominion, confédération des sept provinces de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de Québec, d’Ontario, du Manitoba, de la Colombie anglaise et de l’île du Prince-Edouard ; on sait que Terre-Neuve s’annexera peut-être un jour et que, dans les immenses territoires
-162 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. parti élastique susceptible de devenir tour à ; tour castor *, libéral, national, etc., sans avoir ^ \ * à renier ses principes. En face de lui, à table, * le bouillonnant et intrépide chef de l’opposition, vrai Don Quichotte parlementaire, lui portait des bottes secrètes dont il étudiait reflet d’un œil triomphant. Tout d’une pièce, ce chef de l’opposition, et le cœur sur la main. Monsieur le Premier, disait-il, monsieur le Premier, écoutez bien!... » Et la conversation t 9 s’animait, et tout le monde voulait parler à la fois. Alors M* le Premier promenait autour de lui un regard narquois et, plantant son i / couteau sur la table, recommençait en ces ler i- • . mes : « Voyez-vous, mes enfants... ». ^ f Au nombre de « ses enfants » il y avait deux [ silencieux, qui, sans doute, entendaient fort bien | le français, ayant l’un pt l’autre des fonctions à remplir dans la province, mais qui proton H daient ne pouvoir le parler. Sur les lèvres ■ ^ * • [ du premier ministre et dès autres convives I les phrases anglaises succédaient aux fran î " . } çaises, indiquant non une grande pureté d’ac i * * r" | ; % J : 1. Les castors sont les ultramontains du Canada. j - 5 r ■ . 1 r I ■ J ■ i ■ t j . . -
+{{sc canada britannique et canada français. du nord-ouest, le Canada se taillera bientôt de nouvelles provinces. Mais ce qu’on ignore assez généralement c’est qu’une province canadienne ressemble absolument à un État de l’Union. La province de Québec a, comme le Massachusetts ou l’État de New York, son gouverneur, ses ministres et ses deux chambres. Elle fabrique ses propres lois et jouit d’une autonomie parfaite. Voilà pourquoi je m’assis, ce soir-là, à la table hospitalière du secrétaire de l’instruction publique, en compagnie du premier ministre, du chef de l’opposition et de plusieurs autres personnages politiques. Honoré Mercier, premier ministre de la province de Québec, n’est pas un homme ordinaire. Il n’a rien du chef d’État froid et compassé, accablé de soucis et suivant toujours au travers des conversations une pensée dominante. Il est bon enfant, rieur, avec des histoires drôles plein la tête ; il vous les conte pittoresquement avec son accent traînard et un peu paysan, et il en rit tout le premier. Au fond, c’est un homme extrêmement fin, qui joue aux échecs avec ses adversaires et combine fort bien ses coups. Il est chef d’un
-\ ■ ■ ’ i ■ ’ CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. iG3 cent, mais une connaissance approfondie de la langue. Un ministre manquait : celui de l’agriculture. Je le vis plus tard Paris; c’est le fameux curé Labelle, créé monsignor par le saint-siège, ce qui ne l’a nullement métamorphosé. Son zèle dévorant ne s’est pas ralenti, son solide bon sens n’a pas été entamé, sa pipe ne s’est pas refroidie et il a gardé sa cravate rouge et sa redingote noire. Quant à son langage, il participe du corps de garde plus que de la sacristie. Mais qui oserait dire que la pipe, la cravate rouge et les grosses plaisanteries du curé Labelle diminuent le respect qu’on lui porte et l’affection dont on Thonore? Il nous resta de ce dîner de Québec un très vif et très bon souvenir; le charme ori ginal et sympathique que possède le premier ministre, l’étrangeté de ces mœurs parlementaires, la franche gaieté de ce milieu officiel, tout cela était imprévu et attrayant;... et je pense à M. Tirard, plantant
+162 {{sc universités transatlantiques. parti élastique susceptible de devenir tour à tour castor, libéral, national, etc., sans avoir à renier ses principes. En face de lui, à table, le bouillonnant et intrépide chef de l’opposition, vrai Don Quichotte parlementaire, lui portait des bottes secrètes dont il étudiait l’effet d’un œil triomphant. Tout d’une pièce, ce chef de l’opposition, et le cœur sur la main. « Monsieur le Premier, disait-il, monsieur le Premier, écoutez bien !... » Et la conversation s’animait, et tout le monde voulait parler à la fois. Alors M. le Premier promenait autour de lui un regard narquois et, plantant
-la table et disant à scs collègues : a Voyez vous, mes enfants!... »
+la table, recommençait en ces termes : « Voyez-vous, mes enfants... ». Au nombre de « ses enfants » il y avait deux silencieux, qui, sans doute, entendaient fort bien le français, ayant l’un et l’autre des fonctions à remplir dans la province, mais qui prétendaient ne pouvoir le parler. Sur les lèvres du premier ministre et des autres convives les phrases anglaises succédaient aux françaises, indiquant non une grande pureté d’ac- Les castors sont les ultramontains du Canada.
-’ ? L L, XIII \ La citadelle est perchée sur un plateau rendu célèbre par la bataille dite des Plaines d’ Abraham. Elle est entourée d’une enceinte redoutable, dont les fossés et les bastions forment * un dédale inextricable. Sur l’Esplanade, qui est au centre, des soldats font Pexcrcice; non pas des soldats anglais : il y a beau temps qu’ils sont retournés chez eux. mais- des soldats * 1 i canadiens, car la confédération possède une armée régulière et permanente en plus de ses nombreux régiments de volontaires. L’engagement* est de trois ans et il y a une école d’officiers à Kingston. Le vent et la pluie ont cessé, l’ouragan s’est calmé, il ne reste plus qu’un peu de neige sur les hauteurs. La vue est resplendissante, le
+{{sc canada britannique et canada français. cent, mais une connaissance approfondie de la langue. Un ministre manquait : celui de l’agriculture. Je le vis plus tard à Paris ; c’est le fameux curé Labelle, créé monsignor par le saint-siège, ce qui ne l’a nullement métamorphosé. Son zèle dévorant ne s’est pas ralenti, son solide bon sens n’a pas été entamé, sa pipe ne s’est pas refroidie et il a gardé sa cravate rouge et sa redingote noire. Quant à son langage, il participe du corps de garde plus que de la sacristie. Mais qui oserait dire que la pipe, la cravate rouge et les grosses plaisanteries du curé Labelle diminuent le respect qu’on lui porte et l’affection dont on l’honore ? Il nous resta de ce dîner de Québec un très vif et très bon souvenir ; le charme original et sympathique que possède le premier ministre, l’étrangeté de ces mœurs parlementaires, la franche gaieté de ce milieu officiel, tout cela était imprévu et attrayant ;... et je pense à M. Tirard, plantant son couteau sur la table et disant à ses collègues : « Voyez-vous, mes enfants !... »
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 165 Saint-Laurent est bleu comme le Bosphore; ce sont les adieux du soleil et des teintes chaudes. De là, nous redescendons dans les rues; parfois on se croirait dans quelque chef-lieu de département français, bien provincial et bien boueux; d’autres fois, c’est l’Amérique qui reparaît à travers un réseau de fils électriques; mais le plus souvent, l’impression est unique et nouvelle. Cela sent l’antique et le récent à la fois; quelque chose comme l’endroit ou de hardis pionniers, installés dans un pays neuf, auraient placé leur quartier général sous la garde de leurs .vieux parents. Nous marchandons des fourrures dans un magasin immense : un véritable entrepôt de la Compagnie de la baie d’IIudson. Et toujours il faut monter ou descendre, tourner, revenir sur scs pas, traverser des voûtes, longer des murs gris, patauger....
+{{t3|{{rom-maj|XIII|13}}}} {{interligne}} {{interligne}} La citadelle est perchée sur un plateau rendu célèbre par la bataille dite des Plaines d’Abraham. Elle est entourée d’une enceinte redoutable, dont les fossés et les bastions forment un dédale inextricable. Sur l’Esplanade, qui est au centre, des soldats font l’exercice ; non pas des soldats anglais : il y a beau temps qu’ils sont retournés chez eux, mais des soldats canadiens, car la confédération possède une armée régulière et permanente en plus de ses nombreux régiments de volontaires. L’engagement est de trois ans et il y a une école d’officiers à Kingston. Le vent et la pluie ont cessé, l’ouragan s’est calmé, il ne reste plus qu’un peu de neige sur les hauteurs. La vue est resplendissante, le
-XIV i É P L’aspect d’Ottawa est Ires saisissant. La ville est toute neuve : un décret inattendu ; do S. M. la reine Victoria en a fait une capitale. Le premier moment d’étonnement passé, on s’est rendu compte de la position stratégique exceptionnelle qui lui avait valu cet honneur; c’était d’ailleurs la seule manière de couper court aux revendications jalouses de Québec, la plus ancienne; de Montréal, la plus importante; de Toronto, la plus anglaise des cités canadiennes. i Un Parlement fut élevé et une ville se créa autour. Ce Parlement est le groupe d’édifices le plus remarquable de toute TAinériquc du Nord. L’esplanade est fermée par» des balustres et des grilles; de chaque côté, se trouvent
+{{sc canada britannique et canada français. Saint-Laurent est bleu comme le Bosphore ; ce sont les adieux du soleil et des teintes chaudes. De là, nous redescendons dans les rues ; parfois on se croirait dans quelque chef-lieu de département français, bien provincial et bien boueux ; d’autres fois, c’est l’Amérique qui reparaît à travers un réseau de fils électriques ; mais le plus souvent, l’impression est unique et nouvelle. Cela sent l’antique et le récent à la fois ; quelque chose comme l’endroit où de hardis pionniers, installés dans un pays neuf, auraient placé leur quartier général sous la garde de leurs vieux parents. Nous marchandons des fourrures dans un magasin immense : un véritable entrepôt de la Compagnie de la baie d’Hudson. Et toujours il faut monter ou descendre, tourner, revenir sur ses pas, traverser des voûtes, longer des murs gris, patauger....
-r >■ CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 167 » les différents ministères; et au fond, précédé d’un escalier monumental, se dresse le bâtiment qui renferme le Sénat et la Chambre des députés. Comme architecture c’est inspiré de Westminster, mais avec moins de sculptures et quelque chose de plus massif. Derrière enfin, se trouve la fameuse bibliothèque octogonale qui, de loin, présente l’aspect d’une tiare moscovite avec ses formes inusitées cl son toit * pointu. Ce Kremlin canadien a l’avantage d’être situé sur une colline qui tombe à pic dans la rivière Ottawa. Entre les sapins, apparaît la ( falaise sombre; à droite et à gauche, la ville so‘ développe, puis, au delà, toute la vallée découvre son enchevêtrement de rivières et de forcis. Quand nous avons bien visité le palais, qu’on nous a fait voir le trône du gouverneur général, 0 les couloirs, la salle de lecture, les galeries, nous prenons le tramway qui va des chutes de la rivière Rideau aux chutes de la Chaudière en traversant toute la ville. La Chaudière mérite bien son nom. La roche sè compose de tranches horizontales, dans les interstices desquelles l’Ottawa se précipite en
+{{t3|{{rom-maj|XIV|14}}}} {{interligne}} {{interligne}} L’aspect d’Ottawa est très saisissant. La ville est toute neuve : un décret inattendu de S. M. la reine Victoria en a fait une capitale. Le premier moment d’étonnement passé, on s’est rendu compte de la position stratégique exceptionnelle qui lui avait valu cet honneur ; c’était d’ailleurs la seule manière de couper court aux revendications jalouses de Québec, la plus ancienne ; de Montréal, la plus importante ; de Toronto, la plus anglaise des cités canadiennes. Un Parlement fut élevé et une ville se créa autour. Ce Parlement est le groupe d’édifices le plus remarquable de toute l’Amérique du Nord. L’esplanade est fermée par des balustres et des grilles ; de chaque côté, se trouvent
-. 1 ■ - , ■ ‘■"i + \ \ *■ ’ T . /-r .1 " " - F ^ J ■" ,Tt ^ ^ fc_ 1 i 1 <■ _■%< , ’ - .’■ ^ 4 r ,., -j. >+ ’ ’ i ‘ , f ’ 168 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. ■ bouillonnant. Jamais cours d’eait n’a du se donner tant de niai pour reconquérir sa liberté; ■j et comme si ce* n’était pas assez des difficultés naturelles qu’il a à vaincre, des centaines de scieries sont venues s’installer dans ce lieu déchiqueté pour en compléter le chaos; elles posent moitié sur le roc, moitié sur des pilotis; * l’eau se glisse partout, portant des arbres qui flottent à sa surface, faisant tourner des roues, et L toujours bouillonnant ; des perspectives invrai * -p semblables s’ouvrent çà et là sur les chutes; une forte odeur de sapin imprègne l’atmosphère; des planches s’entassent les unes sur les autres et, quand on regarde du côté de la ville, on voit sur la rivière des bancs de sciure de * bois qui surnagent comme des algues; et, dominant cette nappe d’eau tachetée de jaune, la k ’ É ’ ~~ * silhouette élégante et légère du campanile et de la tiare moscovite. L’université d’Ottawa est à la fois anglaise 4 et catholique, c’est-à-dire qu’elle est principalement peuplée d’Irlandais. Ce double caractère se devine dès l’abord par la présence dans le parloir d’un prix de foot-ball qui fait vis-àvis u un Bref du pape. On cultive, en - effet, le h
+{{sc canada britannique et canada français. les différents ministères ; et au fond, précédé d’un escalier monumental, se dresse le bâtiment qui renferme le Sénat et la Chambre des députés. Comme architecture c’est inspiré de Westminster, mais avec moins de sculptures et quelque chose de plus massif. Derrière enfin, se trouve la fameuse bibliothèque octogonale qui, de loin, présente l’aspect d’une tiare moscovite avec ses formes inusitées et son toit pointu. Ce Kremlin canadien a l’avantage d’être situé sur une colline qui tombe à pic dans la rivière Ottawa. Entre les sapins, apparaît la falaise sombre ; à droite et à gauche, la ville se développe, puis, au delà, toute la vallée découvre son enchevêtrement de rivières et de forêts. Quand nous avons bien visité le palais, qu’on nous a fait voir le trône du gouverneur général, les couloirs, la salle de lecture, les galeries, nous prenons le tramway qui va des chutes de la rivière Rideau aux chutes de la Chaudière en traversant toute la ville. La Chaudière mérite bien son nom. La roche se compose de tranches horizontales, dans les interstices desquelles l’Ottawa se précipite en
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 160 f obt-baU , et voici plusieurs années que les champions de Toronto se font battre par les jeunes athlètes; ceux-ci ont à leur disposition un champ de jeu et un gymnase. The Owl , qu’ils publient chaque mois, est leur organe. Ils sont éclairés à l’électricité et entendent la messe dans une chapelle mauresque; voilà pour le côté moderne. Par contre, ils ne jouissent pas d’une aussi grande liberté que les Américains de leur âge. Il leur faut une permission pour sortir et les journaux t qu’ils reçoivent passent d’abord par le cabinet du directeur. Mais, à vrai dire, ce ne sont pas les élèves qui m’intéressent le plus ici; ce sont les maîtres. Ils appartiennent à la congrégation des pères Oblats et viennent de France. Ottawa représente un peu le point de jonction des deux Canadas; ils avaient donc à choisir entre deux systèmes d’éducation différents; leur choix est fait et ils le motivent sans hésitation. L’université remonte, sous le nom de collège, à l’année 1848; Ottawa était alors un village et s’appelait By Town; on lui a rendu son ancien nom si gracieux et si couleur locale* Du collège on a fait une université qui abrite
+168 {{sc universités transatlantiques. bouillonnant. Jamais cours d’eau n’a dû se donner tant de mal pour reconquérir sa liberté ; et comme si ce n’était pas assez des difficultés naturelles qu’il a à vaincre, des centaines de scieries sont venues s’installer dans ce lieu déchiqueté pour en compléter le chaos ; elles posent moitié sur le roc, moitié sur des pilotis ; l’eau se glisse partout, portant des arbres qui flottent à sa surface, faisant tourner des roues, et toujours bouillonnant ; des perspectives invraisemblables s’ouvrent çà et là sur les chutes ; une forte odeur de sapin imprègne l’atmosphère ; des planches s’entassent les unes sur les autres et, quand on regarde du côté de la ville, on voit sur la rivière des bancs de sciure de bois qui surnagent comme des algues ; et, dominant cette nappe d’eau tachetée de jaune, la silhouette élégante et légère du campanile et de la tiare moscovite. L’université d’Ottawa est à la fois anglaise et catholique, c’est-à-dire qu’elle est principalement peuplée d’Irlandais. Ce double caractère se devine dès l’abord par la présence dans le parloir d’un prix de foot-ball qui fait vis-à-vis à un Bref du pape. On cultive, en effet, le
-5 : - ’ .. ’ p - ■W> 1,7* ■ - 1 . , J ^ - ■ **,’ 170 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. aujourd’hui 350 garçons, dont un grand nombre t sont internes; ! la pension n’est pas élevée. Quelques protestants sont également inscrits; i ils n’assistent pas aux offices. Les études sont divisées en quatre branches : lettres, sciences, génie civil (ingénieurs) ci commerce. Si vous voulez bien me suivre uii instant dans une classe de commerce », vous y prendrez connaissance du système suivi dans les business colleges (mot à mot, collèges d’affaires) des Élals-vUnis; il surprend par son caractère de simplicité et d’étrangeté. La salle est assez grande et contient, au centre, des bancs et la chaire du professeur. Mais sur trois côtés elle est entourée de cloisons surmontées de grillages en fd de fer, lesquels sont* percés de guichets : derrière, est un large passage où l’on peut circuler librement. Sur les guichets, sont inscrits les mots : assurances; escompte; caisse; poste et télégraphe, etc. y C’est là que les élèves vont simuler avec précision toutes les opérations, petites et grandes, qu’ils devraient faire s’ils étaient ^réellement acheteurs, comptables, chefs d’une maison de commerce, directeurs d’une banque, chargés
+{{sc canada britannique et canada français. foot-ball, et voici plusieurs années que les champions de Toronto se font battre par les jeunes athlètes ; ceux-ci ont à leur disposition un champ de jeu et un gymnase. The Owl, qu’ils publient chaque mois, est leur organe. Ils sont éclairés à l’électricité et entendent la messe dans une chapelle mauresque ; voilà pour le côté moderne. Par contre, ils ne jouissent pas d’une aussi grande liberté que les Américains de leur âge. Il leur faut une permission pour sortir et les journaux qu’ils reçoivent passent d’abord par le cabinet du directeur. Mais, à vrai dire, ce ne sont pas les élèves qui m’intéressent le plus ici ; ce sont les maîtres. Ils appartiennent à la congrégation des pères Oblats et viennent de France. Ottawa représente un peu le point de jonction des deux Canadas ; ils avaient donc à choisir entre deux systèmes d’éducation différents ; leur choix est fait et ils le motivent sans hésitation. L’université remonte, sous le nom de collège, à l’année 1848 ; Ottawa était alors un village et s’appelait By Town ; on lui a rendu son ancien nom si gracieux et si couleur locale. Du collège on a fait une université qui abrite
-■ n CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 171 f de l’exploitation d’une usine, agents d’une compagnie de chemins de fer, etc. Leur monnaie est en papier. Ils ont des billets de 5, 20, 50, 100 dollars, qui portent les armoiries du collège, avec la mention : Banque de l’université d’Ottawa. Les marchandises sont plus difficiles à représenter; mais après tout, dans un bureau, tout se traduit par du papier; les marchandises sont donc des morceaux de carton colorie sur lesquels 1 est inscrit le nombre a dans les armoires tout un stock de papier à en- tôle pour les écritures, les comptes de fin de mois, les reçus, etc. Et précisément c’est demain la lin du mois; il y a trois garçons qui piochent dur là, sur un banc, pour 11 e rien oublier, 11 e rien négliger en vue de cette échéance. Ils sonl serrés les uns contre les autres, la tôle sur un gros registre, les mains dans les cheveux selon l’usage des collégiens du monde entier, chez lesquels celte posture indique toujours une grande intensité d’attention et de réflexion. Pendant ce temps-là, les autres se présentent aux guichets, achètent, vendent, demandent des renseignements; le père Oblal qui est professeur des tonnes représentées. Après cela, il ) s * r^i’
+170 {{sc universités transatlantiques. aujourd’hui 350 garçons, dont un grand nombre sont internes ; la pension n’est pas élevée. Quelques protestants sont également inscrits ; ils n’assistent pas aux offices. Les études sont divisées en quatre branches : lettres, sciences, génie civil (ingénieurs) et commerce. Si vous voulez bien me suivre un instant dans une « classe de commerce », vous y prendrez connaissance du système suivi dans les business colleges (mot à mot, collèges d’affaires) des États-Unis ; il surprend par son caractère de simplicité et d’étrangeté. La salle est assez grande et contient, au centre, des bancs et la chaire du professeur. Mais sur trois côtés elle est entourée de cloisons surmontées de grillages en fil de fer, lesquels sont percés de guichets : derrière, est un large passage où l’on peut circuler librement. Sur les guichets, sont inscrits les mots : assurances ; escompte ; caisse ; poste et télégraphe, etc. C’est là que les élèves vont simuler avec précision toutes les opérations, petites et grandes, qu’ils devraient faire s’ils étaient réellement acheteurs, comptables, chefs d’une maison de commerce, directeurs d’une banque, chargés
-1 172 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. H _■ ■ i tient un journal à la main et indique le cours des valeurs; ori vient d’afficher, eh même temps, la perte d’un bateau qui, réellement sorti du port de Montréal, à destination de l’Europe, a réellement sombré et a fictivement entraîné au fond de la mer la cargaison d’un élève. Le malheureux n’avait pas voulu s’assurer ; « Gela vous apprendra, une autre fois! » lui dit le professeur en manière de consolation. Ce mélange de fictif et de réel est néees (L saire pour rendre le système fructueux. Il sert ■ u attirer l’attention des élèves sur une foule de détails auxquels ils n’attacheraient, sans çela, qu’une minime importance; il fixe dans j leur mémoire des faits qui, sans cela, s* cil échapperaient aussitôt; il rend attrayant, inté! ressaut et vivant à leurs yeux tout ce qui, appris dans les livres ou seriné par un maître, leur semblerait fastidieux et monotone. Certains collèges ont été plus loin encore dans cette voie; ils se sont entendus pour faire des affaires les uns avec les autres. Il 11e s’agit plus alors d’une poste de poupée ou d’un télégraphe ayant des fils de G mètres pour correspondre d’un étage il un autre dans un môme
+{{sc canada britannique et canada français. de l’exploitation d’une usine, agents d’une compagnie de chemins de fer, etc. Leur monnaie est en papier. Ils ont des billets de 5, 20, 50, 100 dollars, qui portent les armoiries du collège, avec la mention : Banque de l’université d’Ottawa. Les marchandises sont plus difficiles à représenter ; mais après tout, dans un bureau, tout se traduit par du papier ; les marchandises sont donc des morceaux de carton colorié sur lesquels est inscrit le nombre des tonnes représentées. Après cela, il y a dans les armoires tout un stock de papier à en-tête pour les écritures, les comptes de fin de mois, les reçus, etc. Et précisément c’est demain la fin du mois ; il y a trois garçons qui piochent dur là, sur un banc, pour ne rien oublier, ne rien négliger en vue de cette échéance. Ils sont serrés les uns contre les autres, la tête sur un gros registre, les mains dans les cheveux selon l’usage des collégiens du monde entier, chez lesquels cette posture indique toujours une grande intensité d’attention et de réflexion. Pendant ce temps-là, les autres se présentent aux guichets, achètent, vendent, demandent des renseignements ; le père Oblat qui est professeur
-CANADA DMTANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 173 bâtiment. La vraie poste et le vrai télégraphe entrent en scène. Cela donne aux traites, aux lettres de change et de crédit, une apparence plus sérieuse et partant un intérêt plus vif. Bien entendu, les diverses charges ne sont pas * toujours exercées par les mômes. Chacun à son tour passe derrière chaque guichet, do manière à bien connaître tous les services quand le cours est fini. Les langues étrangères jouent un rôle dans la correspondance et tel, qui bâillerait de tout son cœur entre les lignes d’une version, s’applique — également de tout son cœur — à saisir le sens d’une lettre allemande, française ou espagnole qu’il vient de f recevoir. Evidemment ces travaux-lâ les passionnent : on voit dans leurs
+172 {{sc universités transatlantiques. tient un journal à la main et indique le cours des valeurs ; on vient d’afficher, en même temps, la perte d’un bateau qui, réellement sorti du port de Montréal, à destination de l’Europe, a réellement sombré et a fictivement entraîné au fond de la mer la cargaison d’un élève. Le malheureux n’avait pas voulu s’assurer : « Cela vous apprendra, une autre fois ! » lui dit le professeur en manière de consolation. Ce mélange de fictif et de réel est nécessaire pour rendre le système fructueux. Il sert à attirer l’attention des élèves sur une foule de détails auxquels ils n’attacheraient, sans cela, qu’une minime importance ; il fixe dans leur mémoire des faits qui, sans cela, s’en échapperaient aussitôt ; il rend attrayant, intéressant et vivant à leurs
-tout le plaisir qu’ils y trouvent cl on le voit aussi un peu dans ceux du professeur. En 1874, on évaluait déjà â 138 le nombre * des business colleges , aux Etats-Unis ; ces collèges contenaient 577 professeurs et 25 892 élèves. Le rapport du bureau d’ Education de Washington, pour l’année 1888, en mentionne 222, avec 1 219 professeurs et 57 675 élèves, 5 écoles et 4 400 élèves de plus que l’année
+tout ce qui, appris dans les livres ou seriné par un maître, leur semblerait fastidieux et monotone. Certains collèges ont été plus loin encore dans cette voie ; ils se sont entendus pour faire des affaires les uns avec les autres. Il ne s’agit plus alors d’une poste de poupée ou d’un télégraphe ayant des fils de 6 mètres pour correspondre d’un étage à un autre dans un même
-474 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. précédente. En plus de cela, 19 000 étudiants suivent les cours de commerce annexés aux écoles secondaires et normales et aux uni M versités. Eli même temps que les universités ouvrent là porte aux choses du commerce, on voit des business colleges enseigner le grec b et le latin. De plus en plus renseignement commercial s’élève au niveau des autres études. *. 1 %
+{{sc canada britannique et canada français. bâtiment. La vraie poste et le vrai télégraphe entrent en scène. Cela donne aux traites, aux lettres de change et de crédit, une apparence plus sérieuse et partant un intérêt plus vif. Bien entendu, les diverses charges ne sont pas toujours exercées par les mêmes. Chacun à son tour passe derrière chaque guichet, de manière à bien connaître tous les services quand le cours est fini. Les langues étrangères jouent un rôle dans la correspondance et tel, qui bâillerait de tout son cœur entre les lignes d’une version, s’applique — également de tout son cœur — à saisir le sens d’une lettre allemande, française ou espagnole qu’il vient de recevoir. Évidemment ces travaux-là les passionnent : on voit dans leurs yeux tout le plaisir qu’ils y trouvent et on le voit aussi un peu dans ceux du professeur. En 1874, on évaluait déjà à 138 le nombre des business colleges, aux États-Unis ; ces collèges contenaient 577 professeurs et 25892 élèves. Le rapport du bureau d’Éducation de Washington, pour l’année 1888, en mentionne 222, avec 1219 professeurs et 57675 élèves, 5 écoles et 4400 élèves de plus que l’année
-r ï xv > J _ I _ J h - 4 - - . ■w ■ ’ ■ - ^ W w - ^ , L1 h H t La ville de Toronto est assise sur les rives 3 ’ i du lac Ontario, à l’endroit meme où s’élevait ^ * 1 V jadis le fort llouillée, dont il est question , ■ . ■ „ -f dans les romans sauvages de À. Dévoilé. À !-- V l’Age de douze ans, je me rendais quotidiennement dans ce fort, sous le règne de la reine ï’,-. Anne, entouré d’Oulawais cl d’Ainalingans, très familiarisé avec les tomahawks et les clic- ! Ki velures, les wigwams et les calumets; en ce lempsdè, le lac Ontario était entouré de hautes V : -\v montagneà auxquelles mon imagination avait i -r donné des contours très précis; or je ne sais ? quel cataclysme est survenu >: toujours est-il que la campagne aux abords du lac est déplo - ^ * rablemont plate, plaie comme une sole frite, [ ce qui lie laissa pas de me contrarier quand * i je m’en aperçus.
+174 {{sc universités transatlantiques. précédente. En plus de cela, 19000 étudiants suivent les cours de commerce annexés aux écoles secondaires et normales et aux universités. En même temps que les universités ouvrent la porte aux choses du commerce, on voit des business colleges enseigner le grec et le latin. De plus en plus l’enseignement commercial s’élève au niveau des autres études.
-i 76 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. H De 1794, époque de sa fondation, à 1834, époque de son incorporation, Toronto porta le nom de York. N’en déplaise à Montréal, sa ■ croissance a été plus rapide que celle d’aucune 1 r autre cité « en Canada ». En 1817, il y avait 1 200 habitants; en 1852, ils étaient 30 000; * aujourd’hui, ils ne sont pas loin de 150 000. La première impression est une impression de richesse et d’avenir* On devine tout de suite une population entreprenante et persévérante. Il y a des trottoirs de bois, comme à Montréal, des réseaux de fils électriques en l’air comme à New York ou à Chicago, mais les constructions sont plus britanniques; elles ne sont ni modestes ni provisoires; les demeures des habitants semblent indiquer qu’ils sont établis là pour toujours, qu’ils gagnenl de l’argent et s’en servent sans le gaspiller* Toronto est le véritable quartier général anglais et c’est là qu’on peut voir en présence deux races issues l’une de l’autre, tendant à la fortune avec une égale ardeur, mais non par la même méthode. Les uns ont pour devise : audace et hasard; les autres : énergie et calcul* Le calcul est le contraire du hasard et l’énergie
+{{t3|{{rom-maj|XV|13}}}} {{interligne}} {{interligne}} La ville de Toronto est assise sur les rives du lac Ontario, à l’endroit même où s’élevait jadis le fort Rouillée, dont il est question dans les romans sauvages de A. Devoile. A l’âge de douze ans, je me rendais quotidiennement dans ce fort, sous le règne de la reine Anne, entouré d’Outawais et d’Amalingans, très familiarisé avec les tomahawks et les chevelures, les wigwams et les calumets ; en ce temps-là, le lac Ontario était entouré de hautes montagne auxquelles mon imagination avait donné des contours très précis ; or je ne sais quel cataclysme est survenu : toujours est-il que la campagne aux abords du lac est déplorablement plate, plate comme une sole frite, ce qui ne laissa pas de me contrarier quand je m’en aperçus.
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 177 n’esl pas tout à fait la meme chose que l’audace.... Qui aura raison, des Anglais ou des Américains? Oui, on vérité, qui aura raison? ou plutôt qui mangera l’autre? Les Anglais sûrement n’ont pas la prétention de dévorer leurs voisins yankees, mais la réciproque n’est pas vraie, car les Yankees parlent à chaque instant de l’annexion du Canada à leur puissante Union. Mon avis est que l’annexion ne peut se faire que de trois manières : par Ja force; * par le vote du Parlement canadien; par l’as * similation lente des deux peuples; celle troisième manière est la seule qui présente quelques chances de réalisation. La force?... Les États-Unis ne feront pas la guerre parce tjuc personne chez eux n’en comprendrait Futilité et, d’ailleurs, je ne sais pas jusqu’à quel point l’armée canadienne ne serait pas de taille à se défendre. Le Parlement canadien n’est pas près, non plus, de voter l’annexion si l’on en juge par la récente preuve de loyalisme qu’il a donnée 1 ; quant à l’invasion de 1. Une déclaration de lidclilc à la Couronne, proposée par un députe anglais, vivement soutenue par un Canadien I? ■ r_
+176 {{sc universités transatlantiques. De 1794, époque de sa fondation, à 1834, époque de son incorporation, Toronto porta le nom de York. N’en déplaise à Montréal, sa croissance a été plus rapide que celle d’aucune autre cité « en Canada ». En 1817, il y avait 1200 habitants ; en 1852, ils étaient 30000 ; aujourd’hui, ils ne sont pas loin de 150000. La première impression est une impression de richesse et d’avenir. On devine tout de suite une population entreprenante et persévérante. Il y a des trottoirs de bois, comme à Montréal, des réseaux de fils électriques en l’air comme à New York ou à Chicago, mais les constructions sont plus britanniques ; elles ne sont ni modestes ni provisoires ; les demeures des habitants semblent indiquer qu’ils sont établis là pour toujours, qu’ils gagnent de l’argent et s’en servent sans le gaspiller. Toronto est le véritable quartier général anglais et c’est là qu’on peut voir en présence deux races issues l’une de l’autre, tendant à la fortune avec une égale ardeur, mais non par la même méthode. Les uns ont pour devise : audace et hasard ; les autres : énergie et calcul. Le calcul est le contraire du hasard et l’énergie
-178 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. chaque jour, à l’échange clés idées, à la communauté des habitudes, c’est autre chose. Quand deux ; peuples ont une frontière facile * à traverser,, qu’ils parlent la moine langue, que leur monnaie est identique et que beaucoup s. d’intérêts leur sont communs, il y a des pro T habilités pour que leur fusion s’opère, à moins qu’ils ne s’eilbreent de réagir d’eux-mêmes * contre ces tendances. Les Canadiens ont tout avantage à réagir : distincts des Américains proprement dits, ils peuvent aspirer à former ,un jour une très puissante nation, ayant son génie propre et vivant d’une vie indépendante; fondus au contraire dans la masse des Etals de riînion, ils seront submergés A leur pays deviendra la proie des spéculateurs yankees. Il est difficile de se rendre compte du rôle que ï joueront les Canadiens français dans la solution de ce problème futur; pour le moment, leur attachement il la reine est extrême, mais -j il est visible que c’est sa personne plus que * son caractère qui attire leurs hommages. « Que français, a etc ueceplôc à l’unanimité par le Parlement, désireux de répondre aux promoteurs des idées annexionniste:! en rendant hommage à la reine. «
+{{sc canada britannique et canada français. n’est pas tout à fait la même chose que l’audace.... Qui aura raison, des Anglais ou des Américains ? Oui, en vérité, qui aura raison ? ou plutôt qui mangera l’autre ? Les Anglais sûrement n’ont pas la prétention de dévorer leurs voisins yankees, mais la réciproque n’est pas vraie, car les Yankees parlent à chaque instant de l’annexion du Canada à leur puissante Union. Mon avis est que l’annexion ne peut se faire que de trois manières : par la force ; par le vote du Parlement canadien ; par l’assimilation lente des deux peuples ; celle troisième manière est la seule qui présente quelques chances de réalisation. La force ?... Les États-Unis ne feront pas la guerre parce que personne chez eux n’en comprendrait l’utilité et, d’ailleurs, je ne sais pas jusqu’à quel point l’armée canadienne ne serait pas de taille à se défendre. Le Parlement canadien n’est pas près, non plus, de voter l’annexion si l’on en juge par la récente preuve de loyalisme qu’il a donnée ; quant à l’invasion de Une déclaration de fidélité à la Couronne, proposée par un députe anglais, vivement soutenue par un Canadien
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 17’J le 21 juin prochain, s’écriait, à l’approclic du juhilé de 1887, l’iin des hommes lcr> plus on vue de la province de Québec, noire bien-aimée cl noble reine reçoive le témoignage de noire iidélilc à sa couronne, de noire admiration pour scs verlus et de nos prières pour la longue conservation de sa vie, de son bonheur et de sa gloire. » Quand le prince de Galles sera devenu roi ou que la république aura été proclamée à Londres, qu’adviendra-t-il du Dominion? Il prospère rapidement sous l’action simultanée des populations qui se le partagent; semblable à ce fameux escalier de Chambord que deux personnes peuvent gravir à la fois sans se rencontrer, il bénéficie grandement d’un tel état de choses : rattaché ou non à la GrandeBretagne, son intérêt consistera toujours dans le maintien d’une entente si féconde cl si avantageuse.
+178 {{sc universités transatlantiques. chaque jour, à l’échange des idées, à la communauté des habitudes, c’est autre chose. Quand deux peuples ont une frontière facile à traverser, qu’ils parlent la même langue, que leur monnaie est identique et que beaucoup d’intérêts leur sont communs, il y a des probabilités pour que leur fusion s’opère, à moins qu’ils ne s’efforcent de réagir d’eux-mêmes contre ces tendances. Les Canadiens ont tout avantage à réagir : distincts des Américains proprement dits, ils peuvent aspirer à former un jour une très puissante nation, ayant son génie propre et vivant d’une vie indépendante ; fondus au contraire dans la masse des États de l’Union, ils seront submergés et leur pays deviendra la proie des spéculateurs yankees. Il est difficile de se rendre compte du rôle que joueront les Canadiens français dans la solution de ce problème futur ; pour le moment, leur attachement à la reine est extrême, mais il est visible que c’est sa personne plus que son caractère qui attire leurs hommages. « Que français, a été acceptée à l’unanimité par le Parlement, désireux de répondre aux promoteurs des idées annexionnistes en rendant hommage à la reine.
-Alors, si, dans l’intérêt du Canada, j’étais appelé à donner des conseils aux Anglais cl aux Français qui l’habitent, je réunirais les premiers pour leur dire : « Chers amis, méfiezvous des habitudes yankees, ne Jcs laissez pas pénétrer chez vous, barrez-leur la route el restez Anglais ». Aux seconds : « Mes frères, songez à vos écoles, qui 11e sont pas brillantes, el émancipez vos esprits que l’on lient captifs; engendrez des idées en môme temps que des enfants; défrichez les sciences aussi bien que vos forêts »; el enfin, à tous les deux, je dirais, ce qui doit rester le mot d’ordre de l’avenir : Demeurez unis! .»
+{{sc canada britannique et canada français. le 21 juin prochain, s’écriait, à l’approche du jubilé de 1887, l’un des hommes les plus en vue de la province de Québec, notre bien-aimée et noble reine reçoive le témoignage de notre fidélité à sa couronne, de notre admiration pour ses vertus et de nos prières pour la longue conservation de sa vie, de son bonheur et de sa gloire. » Quand le prince de Galles sera devenu roi ou que la république aura été proclamée à Londres, qu’adviendra-t-il du Dominion ? Il prospère rapidement sous l’action simultanée des populations qui se le partagent ; semblable à ce fameux escalier de Chambord que deux personnes peuvent gravir à la fois sans se rencontrer, il bénéficie grandement d’un tel état de choses : rattaché ou non à la Grande-Bretagne, son intérêt consistera toujours dans le maintien d’une entente si féconde et si avantageuse.
-i XVII Mon Dieu! cher lecteur, comme tu vas les trouver filandreuses, ces graves considérations que je te présente dans un pêle-mêle impressionniste, sans même avoir pris le soin de vérifier si elles ne se contredisent pas les unes , les autres! Viens te reposer dans ces grands bois dénudés où çà et là quelques souches noircies indiquent les ravages «lu feu. A leurs pieds, s’étend une mousse incolore qui semble en pétrification. Parfois, dans une clairière, apparaissent des huttes de charbonniers, puis la solitude reprend pour des lieues et des lieues; ou bien c’est une hache de bûcheron dont les coups rythmés résonnent dans l’air pur; ou encore, une nappe d’eau bien immobile, bien froide qu’encadrent des taillis sombres. Cela devrait être lugubre, ce paysage; eh bien, non : c’est très noble, très simple et très viril. F*
+{{t3|{{rom-maj|XVI|16}}}} {{interligne}} {{interligne}} Alors, si, dans l’intérêt du Canada, j’étais appelé à donner des conseils aux Anglais et aux Français qui l’habitent, je réunirais les premiers pour leur dire : « Chers amis, méfiez-vous des habitudes yankees, ne les laissez pas pénétrer chez vous, barrez-leur la route et restez Anglais ». Aux seconds : « Mes frères, songez à vos écoles, qui ne sont pas brillantes, et émancipez vos esprits que l’on tient captifs ; engendrez des idées en même temps que des enfants ; défrichez les sciences aussi bien que vos forêts » ; et enfin, à tous les deux, je dirais, ce qui doit rester le mot d’ordre de l’avenir : « Demeurez unis ! »
-i -F P h i XYIII L’université de Toronto est établie dans do superbes édifices, à l’extrémité de la ville; elle compte près de 400 étudiants, dont une cinquantaine environ habitent dans l’universilé même. Nous allons voir leurs appartements, i bar c’est toujours cela qui m’intéresse le plus; nous sommes conduits par le président, sir i Daniel Wilson, lequel est revêtu de la coiffure bizarre et du petit manteau trop court que j’ai tant de fois vus sur des têtes et sur des dos amis dans les rues d’Oxford et de Cambridge. Très anglais, tout ce que nous observons, avec, en plus, une teinte coloniale bien marquée. Ça i et là traînent des snoio shoes , des toboggans , des patins, des raquettes pour jouer à la crosse, puis des pelisses de fourrure et des gants ouatés ;
+{{t3|{{rom-maj|XVII|17}}}} {{interligne}} {{interligne}} Mon Dieu ! cher lecteur, comme tu vas les trouver filandreuses, ces graves considérations que je te présente dans un pêle-mêle impressionniste, sans même avoir pris le soin de vérifier si elles ne se contredisent pas les unes les autres ! Viens te reposer dans ces grands bois dénudés où çà et là quelques souches noircies indiquent les ravages du feu. A leurs pieds, s’étend une mousse incolore qui semble en pétrification. Parfois, dans une clairière, apparaissent des huttes de charbonniers, puis la solitude reprend pour des lieues et des lieues ; ou bien c’est une hache de bûcheron dont les coups rythmés résonnent dans l’air pur ; ou encore, une nappe d’eau bien immobile, bien froide qu’encadrent des taillis sombres. Cela devrait être lugubre, ce paysage ; eh bien, non : c’est très noble, très simple et très viril.
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 183 rion qnh voir toutes cos choses, on sont la biso venir de très loin par-dessus des étendues glacées. Nulle particularité a noter dans le détail de l’organisation non plus que dans le programme des études; c’est la môme chose toujours. Les étudiants ont formé des quantités d’associations littéraires, scientifiques, médicales, historiques, athlétiques; ils pratiquent h la fois le cricket anglais et le base-bail américain; ils ont une compagnie de volontaires, un journal hebdomadaire et encore une autre société qui, sous le nom ào White Cross, « ta Croix blanche », poursuit un but très moral avec une franchise, je dirai presque une naïveté extraordinaire ; chez nous , de semblables sociétés tomberaient sous le ridicule, si meme * w il se trouvait quelqu’un pour avoir l’audace do les créer. il y a encore, à Toronto môme : YUpper Canada College , fondé en 1828 par sir John Colborne, sur le plan d’une maison d’éducation située dans l’île de Guernesey et que sir John, étant gouverneur de cette île, avait contribué à réformer; ce collège peut recevoir de 250 à 300 élèves; Trinity College , placé sous le
+{{t3|{{rom-maj|XVIII|18}}}} {{interligne}} {{interligne}} L’université de Toronto est établie dans de superbes édifices, à l’extrémité de la ville ; elle compte près de 400 étudiants, dont une cinquantaine environ habitent dans l’université même. Nous allons voir leurs appartements, car c’est toujours cela qui m’intéresse le plus ; nous sommes conduits par le président, sir Daniel Wilson, lequel est revêtu de la coiffure bizarre et du petit manteau trop court que j’ai tant de fois vus sur des têtes et sur des dos amis dans les rues d’Oxford et de Cambridge. Très anglais, tout ce que nous observons, avec, en plus, une teinte coloniale bien marquée. Ça et là traînent des snow shoes, des toboggans, des patins, des raquettes pour jouer à la crosse, puis des pelisses de fourrure et des gants ouatés ;
-181 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. $ contrôle direct du clergé do l’Eglise anglicane; Mc Master Hall (baptisto); St Michael’ s (catholiquo) ot Kno# College (presbytérien), Enfin, dans la province, se trouvent : l’université Victoria (méthodiste); Qaeen’s Université (presbytérienne), située à Kingston, Albert College, ii Jlellcville, etc. L’Ecole militaire de Kingston est placée sous le contrôle direct du gouvernement fédéral et , parmi les jeunes gens qui en sortent chaque année, quatre sont admis, s’ils le désirent, à servir dans l’armée anglaise. t Toronto possède aussi nombre de clubs sportifs; je n’en ai visité qu’un, YArgonaut Iiowing Club , élevé sur pilotis au bord du lac Ontario; il a formé, je crois, de bons rameurs; du reste, Toronto est la patrie du célèbre llanlan, un * des rois de l’aviron. j i , * ir %
+{{sc canada britannique et canada français. rien qu’à voir toutes ces choses, on sent la bise venir de très loin par-dessus des étendues glacées. Nulle particularité à noter dans le détail de l’organisation non plus que dans le programme des études ; c’est la même chose toujours. Les étudiants ont formé des quantités d’associations littéraires, scientifiques, médicales, historiques, athlétiques ; ils pratiquent à la fois le cricket anglais et le base-ball américain ; ils ont une compagnie de volontaires, un journal hebdomadaire et encore une autre société qui, sous le nom de White Cross, « la Croix blanche », poursuit un but très moral avec une franchise, je dirai presque une naïveté extraordinaire ; chez nous, de semblables sociétés tomberaient sous le ridicule, si même il se trouvait quelqu’un pour avoir l’audace de les créer. Il y a encore, à Toronto même : l’Upper Canada College, fondé en 1828 par sir John Colborne, sur le plan d’une maison d’éducation située dans l’île de Guernesey et que sir John, étant gouverneur de cette île, avait contribué à réformer ; ce collège peut recevoir de 250 à 300 élèves ; Trinity College, placé sous le
-* XIX L’arrière du train est encore « en Canada » ; $ l’avant louche aux Etats-Unis et noire car est arreté, pour une seconde, au-dessus de ces formidables rapides dans lesquels le capitaine Wcbb a trouvé une mort absurde. On voit bien souvent des torrents impétueux rouler leurs flots courroucés au fond d’une gorge profonde, on les voit se heurter à d’inébranlables roches qu’ils couvrent d’écume; mais ici, c’est un effet tout autre : l’eau est tourmentée et tournoyante; elle n’a pas de colère, elle ne sait où aller et l’on devine qu’elle vient do subir une chute épouvantable, qu’elle a passé par un gouffre incommensurable et que toutes scs molécules sont en lutte les unes avec les autres. Si loin qu’on regarde, en amont ou en aval,
+184 {{sc universités transatlantiques. contrôle direct du clergé de l’Église anglicane ; Mc Master Hall (baptiste) ; St Michael’s (catholique) et Knox College (presbytérien). Enfin, dans la province, se trouvent : l’université Victoria (méthodiste) ; Queen’s University (presbytérienne), située à Kingston, Albert College, à Belleville, etc. L’École militaire de Kingston est placée sous le contrôle direct du gouvernement fédéral et, parmi les jeunes gens qui en sortent chaque année, quatre sont admis, s’ils le désirent, à servir dans l’armée anglaise. Toronto possède aussi nombre de clubs sportifs ; je n’en ai visité qu’un, l’Argonaut Rowing Club, élevé sur pilotis au bord du lac Ontario ; il a formé, je crois, de bons rameurs ; du reste, Toronto est la patrie du célèbre Hanlan, un des rois de l’aviron.
-180 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. c’est lo même tourbillonnement ot la même ¥ 1 incohérence; des vagues semblent vouloir remonter vers la chute comme s’étant trompées de chemin, , et les sombres murailles qui emprisonnent ce fleuve pris de vertigo rendent la scène plus barbare et plus inoubliable; là-bas, derrière une falaise qui s’avanco en proue de navire, le Niagara précipite d’une * hauteur de 50 mètres une masse liquide que l’on a évaluée — bien approximativement, il est vrai — à cent millions de tonnes par heure. Alors on n’a plus qu’une idée : courir à la chute; on bouscule toutlo monde; on s’installe à la hâte ; on n’attend point ses bagages et, guidé k par le sourd grondement des eaux qui s’abattent, on atteint le bord de l’abîme. Mais ce n’est i point l’impression première qu’il faut recueillir; elle est toute d’étonnement, parfois de désillusion. Quand on a* la chance île trouver lé Niagara dans sa solitude hivernale, quand r L . les touristes ont fui, que les annonces et les * réclames ont disparu, que les rives sont désertes et que le vent balaye rageusement les feuilles mortes, alors on jouit de ce grandiose et merveilleux voisinage; on ne se lasseras d’errer - t ^ 1 i ► -»■ , X
+{{t3|{{rom-maj|XIX|19}}}} {{interligne}} {{interligne}} L’arrière du train est encore « en Canada » ; l’avant touche aux États-Unis et notre car est arrêté, pour une seconde, au-dessus de ces formidables rapides dans lesquels le capitaine Webb a trouvé une mort absurde. On voit bien souvent des torrents impétueux rouler leurs flots courroucés au fond d’une gorge profonde, on les voit se heurter à d’inébranlables roches qu’ils couvrent d’écume ; mais ici, c’est un effet tout autre : l’eau est tourmentée et tournoyante ; elle n’a pas de colère, elle ne sait où aller et l’on devine qu’elle vient de subir une chute épouvantable, qu’elle a passé par un gouffre incommensurable et que toutes ses molécules sont en lutte les unes avec les autres. Si loin qu’on regarde, en amont ou en aval,
-CANADA BRITANNIQUE ET CANADA FRANÇAIS. 187 on bas, dans le brouillard, an pied de la calaracle écrasante, — ou bien, en liant, dans le dédale des îles ci des îlots que de légères passerelles réunissent. Qu’importe leur nombre? qu’importent les chiffres, les renseignements, les détails curieux que donne le guide? Il n’v a qu’une chose, la chute! On l’écoute la nuit dans le silence, on la dévore des yeux, on * Vj * l’étudie sous tous ses aspects, on l’absorbe,... Certaines gens ne font pas tant de façons cl se rangent à l’avis d’un gommeux de Paris qui disait, les lèvres sur la pomme de sa canne : Après tout, ce n’est que de l’eau qui tombe! » — ou bien h celui d’un bravo Américain qui s’écria, dit-on, avec une douleur vraie : « Quel dommage qu’une telle force soit perdue! »
+186 {{sc universités transatlantiques. c’est le même tourbillonnement et la même incohérence ; des vagues semblent vouloir remonter vers la chute comme s’étant trompées de chemin, et les sombres murailles qui emprisonnent ce fleuve pris de vertige rendent la scène plus barbare et plus inoubliable ; là-bas, derrière une falaise qui s’avance en proue de navire, le Niagara précipite d’une hauteur de 50 mètres une masse liquide que l’on a évaluée — bien approximativement, il est vrai — à cent millions de tonnes par heure. Alors on n’a plus qu’une idée : courir à la chute ; on bouscule tout le monde ; on s’installe à la hâte ; on n’attend point ses bagages et, guidé par le sourd grondement des eaux qui s’abattent, on atteint le bord de l’abîme. Mais ce n’est point l’impression première qu’il faut recueillir ; elle est toute d’étonnement, parfois de désillusion. Quand on a la chance de trouver le Niagara dans sa solitude hivernale, quand les touristes ont fui, que les annonces et les réclames ont disparu, que les rives sont désertes et que le vent balaye rageusement les feuilles mortes, alors on jouit de ce grandiose et merveilleux voisinage ; on ne se lasse pas d’errer
+{{sc canada britannique et canada français. en bas, dans le brouillard, au pied de la cataracte écrasante, — ou bien, en haut, dans le dédale des îles et des îlots que de légères passerelles réunissent. Qu’importe leur nombre ? qu’importent les chiffres, les renseignements, les détails curieux que donne le guide ? Il n’y a qu’une chose, la chute ! On l’écoute la nuit dans le silence, on la dévore des yeux, on l’étudie sous tous ses aspects, on l’absorbe.... Certaines gens ne font pas tant de façons et se rangent à l’avis d’un gommeux de Paris qui disait, les lèvres sur la pomme de sa canne : « Après tout, ce n’est que de l’eau qui tombe ! » — ou bien à celui d’un brave Américain qui s’écria, dit-on, avec une douleur vraie : « Quel dommage qu’une telle force soit perdue ! »
+du nord au sud ithaca ― ann arbor ― chicago ― saint-louis
-1 Ezra Gornell ne savait ni le grec ni le latin, mais il se souvenait des durs efforts qu’il avait du accomplir pour parvenir à la fortune. C’était, dans toute la force du ternie, un homme self made\ il s’était fait lui-môme et maintenant qu’il tenait entre scs mains cet instrument de puissance qui s’appelle l’argent, il se demandait de quelle façon il en devait user dans l’intérêt de ses semblables. L’instruction, qui lui avait manqué, lui paraissait Tunique remède pour tous les maux, le seul levier capable de soulever tous les poids, le véritable agent moralisateur de la race humaine. Il n’avait rien des duretés de cœur du parvenu, mais bien plutôt cette pitié profonde et douce de ceux qui ont beaucoup trimé. Sa bonté s’ingéniait à trouver
-I UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. des excuses pour toutes les fautes et il s’en allait répétant que, si les hommes sont mauvais, c’est l’ignorance qui en est cause.... Alors il se décida a fonder une université pour les pauvres ! À lui tout seul, il ne pouvait pusgrand’chosc, mais il avait pour collègue au Sénat un homme que le ciel semblait mettre sur sa route pour l’aider dans son entreprise. Cet homme avait deux visages : l’im regardait l’ancien monde et le passé; l’autre, le nouveau monde et l’avenir. Tout ce que l’Europe peut enseigner de plus raffiné, de plus docte, de plus fin avait trouvé place dans son esprit et il avait gardé en môme temps les audaces et les aspirations jeunes du peuple d’Amérique. M. Wliile était * donc à meme de comprendre Ezra Corncll, de partager sa foi et en môme temps de diriger son ardeur et de redresser scs vues utopiques; cl voilà comment, de Tunion féconde de ces * deux caractères, naquit là splendide institution qui s’appelle aujourd’hui funiversité Corncll. #■ On était aux jours sombres de la guerre de Sécession ; il y avait des ruines et des détresses b plein le pays et uiie tcrréiir patrioliqiic plein f
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} Ezra Cornell ne savait ni le grec ni le latin, mais il se souvenait des durs efforts qu’il avait dû accomplir pour parvenir à la fortune. C’était, dans toute la force du terme, un homme self-made ; il s’était fait lui-même et maintenant qu’il tenait entre ses mains cet instrument de puissance qui s’appelle l’argent, il se demandait de quelle façon il en devait user dans l’intérêt de ses semblables. L’instruction, qui lui avait manqué, lui paraissait l’unique remède pour tous les maux, le seul levier capable de soulever tous les poids, le véritable agent moralisateur de la race humaine. Il n’avait rien des duretés de cœur du parvenu, mais bien plutôt cette pitié profonde et douce de ceux qui ont beaucoup trimé. Sa bonté s’ingéniait à trouver
-DU NORD AU SUD. 193 los cœurs, parce que l’œuvre de Washington avait failli s’écrouler. Les assemblées législa r livos des différents Etats, soucieuses de préparer des soldats pour les luttes a venir, dotaient richement les institutions qui consentaient à donner l’instruction militaire h leurs pupilles. 9 L’Etat de New York disposait à cet effet d’une grande étendue de terres et l’on allait vraisemblablement morceler ces domaines; conseillé par son collègue Whito, SI. Cornell demanda et obtint que le tout fut attribué à une université qui s’établirait à Ithaca et à laquelle il donne rait, de son côté, une somme de 2500000 francs. 9 L’Etat réclama le droit d’y faire instruire gra tuitement un certain nombre de jeunes gens et l’arrangement fut conclu. L’université Cornell était fondée et Andrew Dickson White en devint le président. Tout d’abord, à l’appel généreux de M. Cornell, répondirent une foule de fruits secs, de ratés, d’agités, do toqués ; on vit venir près de 800 étudiants et, parmi eux, des réfugiés politiques russes, serbes et bulgares, des rastaquouères brésiliens, des aigris do partout, Jamais, a dit depuis un des professeurs de 13 >
+192 {{sc universités transatlantiques. des excuses pour toutes les fautes et il s’en allait répétant que, si les hommes sont mauvais, c’est l’ignorance qui en est cause.... Alors il se décida à fonder une université pour les pauvres ! A lui tout seul, il ne pouvait pas grand’chose, mais il avait pour collègue au Sénat un homme que le ciel semblait mettre sur sa route pour l’aider dans son entreprise. Cet homme avait deux visages : l’un regardait l’ancien monde et le passé ; l’autre, le nouveau monde et l’avenir. Tout ce que l’Europe peut enseigner de plus raffiné, de plus docte, de plus fin avait trouvé place dans son esprit et il avait gardé en même temps les audaces et les aspirations jeunes du peuple d’Amérique. M. White était donc à même de comprendre Ezra Cornell, de partager sa foi et en même temps de diriger son ardeur et de redresser ses vues utopiques ; et voilà comment, de l’union féconde de ces deux caractères, naquit la splendide institution qui s’appelle aujourd’hui l’université Cornell. On était aux jours sombres de la guerre de Sécession ; il y avait des ruines et des détresses plein le pays et une terreur patriotique plein
-494 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. M * l’iiniversité, jamais on n’avait assisté à pareille \ \ • * î réunion depuis le jour où Roniulus passa en revue les citoyens qui avaient accepté de fonder avec lui l’empire romain. » Il fallut se mon f trer sévère dans les examens d’entrée et ren ^ ■ voyqr chez eux la moitié des candidats. M. Cor * ^ t nell s ? cn désolait : « C’est tout simple qu’ils ne sachent rien, puisqu’ils viennent apprendre », disait-il aux examinateurs il aurait voulu gur, der tout le monde et, dans son désir d’augmenter le nombre des éducations gratuites que l’université pouvait entreprendre, il inventait mille * procédés ingénieux ; il créait une ferme où les étudiants très pauvres pourraient gagner leur vie tout en suivant les cours, des ateliers où la t menuiserie, la serrurerie, etc., pourraient également leur procurer les revenus nécessaires. Il advint naturellement qu’en quittant la charrue et le rabot, ces étranges étudiants, n’avaienl rien de plus pressé que de s’endormir aux leçons de philosophie ou d’histoire. Alors, le Tolstoï américain cherchait autre chose, tandis . que le président White,-pav un Iravail opiniâtre, épurait lentement et transformait runiversite naissante. Il avait élevé tout auprès une
+{{sc du nord au sud. les cœurs, parce que l’œuvre de Washington avait failli s’écrouler. Les assemblées législatives des différents États, soucieuses de préparer des soldats pour les luttes à venir, dotaient richement les institutions qui consentaient à donner l’instruction militaire à leurs pupilles. L’État de New York disposait à cet effet d’une grande étendue de terres et l’on allait vraisemblablement morceler ces domaines ; conseillé par son collègue White, M. Cornell demanda et obtint que le tout fut attribué à une université qui s’établirait à Ithaca et à laquelle il donnerait, de son côté, une somme de 2500000 francs. L’État réclama le droit d’y faire instruire gratuitement un certain nombre de jeunes gens et l’arrangement fut conclu. L’université Cornell était fondée et Andrew Dickson White en devint le président. Tout d’abord, à l’appel généreux de M. Cornell, répondirent une foule de fruits secs, de ratés, d’agités, de toqués ; on vit venir près de 800 étudiants et, parmi eux, des réfugiés politiques russes, serbes et bulgares, des rastaquouères brésiliens, des aigris de partout. « Jamais, a dit depuis un des professeurs de
-195 DU NORD AU SUD. luxueuse demeure qui devint l’asile de toutes i les distinctions; de là, il gouvernait avec la triple autorité que lui assuraient sa lumineuse .. « intelligence, sa raison droite et saine et son charme irrésistible.
+194 {{sc universités transatlantiques. l’université, jamais on n’avait assisté à pareille réunion depuis le jour où Romulus passa en revue les citoyens qui avaient accepté de fonder avec lui l’empire romain. » Il fallut se montrer sévère dans les examens d’entrée et renvoyer chez eux la moitié des candidats. M. Cornell s’en désolait : « C’est tout simple qu’ils ne sachent rien, puisqu’ils viennent apprendre », disait-il aux examinateurs ; il aurait voulu garder tout le monde et, dans son désir d’augmenter le nombre des éducations gratuites que l’université pouvait entreprendre, il inventait mille procédés ingénieux ; il créait une ferme où les étudiants très pauvres pourraient gagner leur vie tout en suivant les cours, des ateliers où la menuiserie, la serrurerie, etc., pourraient également leur procurer les revenus nécessaires. Il advint naturellement qu’en quittant la charrue et le rabot, ces étranges étudiants, n’avaient rien de plus pressé que de s’endormir aux leçons de philosophie ou d’histoire. Alors, le Tolstoï américain cherchait autre chose, tandis que le président White, par un travail opiniâtre, épurait lentement et transformait l’université naissante. Il avait élevé tout auprès une
-< II Que les temps sont changés ! et combien Ton a peine à comprendre, en parcourant aujourd’hui l’université Corncll, que ces 1400 étudiants, que ces édifices innombrables, que toute cette richesse et toute cette science soient l’œuvre de vingt-cinq années. Plus d’utopies ni d’excentricités, mais un ton sérieux et laborieux que l’on constate bien vite. Il n’y a pas ici de jeunes fainéants; il y a des riches et des pauvres, mais tous étudient ; ; il est resté- quelque chose des nobles efforts du fondateur; il est resté un esprit d’ordre, d’économie et de travail, un esprit d’égalité et de fraternité sociales qui font de Corncll la plus franchement aniéricainc des universités transatlantiques. Lui, il dort son dernier sommeil au milieu de toutes ces
+{{sc du nord au sud. luxueuse demeure qui devint l’asile de toutes les distinctions ; de là, il gouvernait avec la triple autorité que lui assuraient sa lumineuse intelligence, sa raison droite et saine et son charme irrésistible.
-J DU NORD AU SUD. 197 ■*. *. belles choses dont, après tout, on lui est bien redevable, car s’il n’en est pas directement le créateur, il a su les inspirer et sa générosité les a rendues possibles; il a eu la bonne volonté et le dévouement. Et c’est pourquoi chaque année, au jour anniversaire de sa naissance, des fleurs sont répandues sur sa tombe et des honneurs sont rendus h sa mémoire. D’autres bienfaiteurs ont suivi son exemple; plusieurs + édifices portent le nom d’un M. Sage dont la générosité fut sans bornes; il faut citer aussi M. Barnes, de New York, l’éditeur bien connu, et enfin le président Whitc, qui ne s’est pas contenté de donner son temps et sa peine. Grâce à tous ces dons (un legs considérable fait actuellement le sujet d’une contestation qui a été portée devant les tribunaux), l’université peut appliquer ses ressources à diminuer les dépenses de scs étudiants; ils ne payent pour renseignement que 375 francs, et leur logement et leur nourriture leur coûtent 1000 à 1 500 francs. Le total peut varier de 1 500 francs à 2250 francs. Pour chaque dollar que dépense un étudiant, l’université en dépense quatre; elle est donc en droit d’exiger de lui ce qu’on
+{{t3|{{rom-maj|II|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} Que les temps sont changés ! et combien l’on a peine à comprendre, en parcourant aujourd’hui l’université Cornell, que ces 1400 étudiants, que ces édifices innombrables, que toute cette richesse et toute cette science soient l’œuvre de vingt-cinq années. Plus d’utopies ni d’excentricités, mais un ton sérieux et laborieux que l’on constate bien vite. Il n’y a pas ici de jeunes fainéants ; il y a des riches et des pauvres, mais tous étudient ; il est resté quelque chose des nobles efforts du fondateur ; il est resté un esprit d’ordre, d’économie et de travail, un esprit d’égalité et de fraternité sociales qui font de Cornell la plus franchement américaine des universités transatlantiques. Lui, il dort son dernier sommeil au milieu de toutes ces
-L T ■ . ^ ^ I * 198 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. i j k h* exige ni à Harvard, ni à Yale : une conduite l * irréprochable et un travail suivi ; 94 pro ^ p * " fesseurs composent le corps enseignant : les T matières inscrites au programme sont; la littérature, la philosophie, les sciences, l’agricul turc, ! l’architecture, les sciences ’ industrielles , * la mécanique, l’histoire, les sciences politiques, le droit, la médecine, les langues vivantes, la N pédagogie, les finances, le dessin. En plus de cela* dos conférences sur les sujets les plus variés sont données tous les ans par les spécialistes en renom. Le choix des études est W i aussi libre que possible; chacun se débrouille; on peut même être admis à faire un stage de deux mis seulement, à suivre les cours i sans passer d’examens. Bref, tout ici est orgai nisé en vue de ces struggiers for life qui marchent sur les traces d’Ezra Corncll, On leur offre des bourses qu’ils enlèvent au concours; on vient à leur secours quand ils le méritent, ■i r ». .• -* et surtout, on les arme pour la lutte à l’aide de tout ce que les siècles passés ont accumulé de connaissances dans l’esprit des hommes et de tout ce que le présent siècle a mis de puissance entre leurs mains. Mais ils y trouvent plus h
+{{sc du nord au sud. belles choses dont, après tout, on lui est bien redevable, car s’il n’en est pas directement le créateur, il a su les inspirer et sa générosité les a rendues possibles ; il a eu la bonne volonté et le dévouement. Et c’est pourquoi chaque année, au jour anniversaire de sa naissance, des fleurs sont répandues sur sa tombe et des honneurs sont rendus à sa mémoire. D’autres bienfaiteurs ont suivi son exemple ; plusieurs édifices portent le nom d’un M. Sage dont la générosité fut sans bornes ; il faut citer aussi M. Barnes, de New York, l’éditeur bien connu, et enfin le président White, qui ne s’est pas contenté de donner son temps et sa peine. Grâce à tous ces dons (un legs considérable fait actuellement le sujet d’une contestation qui a été portée devant les tribunaux), l’université peut appliquer ses ressources à diminuer les dépenses de ses étudiants ; ils ne payent pour l’enseignement que 375 francs, et leur logement et leur nourriture leur coûtent 1000 à 1500 francs. Le total peut varier de 1500 francs à 2250 francs. Pour chaque dollar que dépense un étudiant, l’université en dépense quatre ; elle est donc en droit d’exiger de lui ce qu’on
-* DU NORD AU SUD. Pj9 encore : ils y trouvent un milieu social distingué, une atmosphère saine; ils y prennent des habitudes de bon aloi et ils en sortent non seulement bien instruits, mais bien élevés; cela, j’ai déjà dit à qui ils le devaient. L’université est unseclarian , comme le gouvernement, mais elle est chrétienne comme lui. Dans la chapelle, tous les cultes chrétiens sont admis à tour de rôle et on y entend parfois des prédicateurs catholiques. Environ 500 étudiants appartiennent à la Y. M. C. À.; en plus, les baptistes, les méthodistes, les presbytériens et les catholiques ont leurs associations particulières qui témoignent d’un sentiment religieux très vivace. Beaucoup d’étudiants vivent en bas, dans la ville; d’autres habitent les dovmilorles \ d’autres encore sont groupés dans les jolis collages des sociétés secrètes, une institution singulière dont je n’ai pas encore parlé. Enfin 138 étudiantes demeurent dans un grand bâtiment qui leur est spécialement destiné, et il ne semble pas que cette éducation mixte ait donné le moindre souci aux administrateurs ni au président.
+198 {{sc universités transatlantiques. n’exige ni à Harvard, ni à Yale : une conduite irréprochable et un travail suivi ; 94 professeurs composent le corps enseignant : les matières inscrites au programme sont ; la littérature, la philosophie, les sciences, l’agriculture, l’architecture, les sciences industrielles, la mécanique, l’histoire, les sciences politiques, le droit, la médecine, les langues vivantes, la pédagogie, les finances, le dessin. En plus de cela des conférences sur les sujets les plus variés sont données tous les ans par les spécialistes en renom. Le choix des études est aussi libre que possible ; chacun se débrouille ; on peut même être admis à faire un stage de deux ans seulement, à suivre les cours sans passer d’examens. Bref, tout ici est organisé en vue de ces strugglers for life qui marchent sur les traces d’Ezra Cornell. On leur offre des bourses qu’ils enlèvent au concours ; on vient à leur secours quand ils le méritent, et surtout, on les arme pour la lutte à l’aide de tout ce que les siècles passés ont accumulé de connaissances dans l’esprit des hommes et de tout ce que le présent siècle a mis de puissance entre leurs mains. Mais ils y trouvent plus
-< I s t t Les bâtiments universitaires sont situés sur une haute colline que bordent deux gorges sauvages, boisées, où coulent des cascades indéfinies. Le sommet de la colline forme un A plateau d’où la vue s’étend sur le lac Cayuga cl sur la gracieuse petite ville d’Ithaca. Une première rangée de bâtiments dessine la crête de la colline; ce sont des masses carrées, grisâ % , très, sans caractère; â lentour, des constructions plus modernes, la chapelle, le joli bail de la
+{{sc du nord au sud. encore : ils y trouvent un milieu social distingué, une atmosphère saine ; ils y prennent des habitudes de bon aloi et ils en sortent non seulement bien instruits, mais bien élevés ; cela, j’ai déjà dit à qui ils le devaient. L’université est unsectarian, comme le gouvernement, mais elle est chrétienne comme lui. Dans la chapelle, tous les cultes chrétiens sont admis à tour de rôle et on y entend parfois des prédicateurs catholiques. Environ 500 étudiants appartiennent à la
-M. G. À., puis le collège des jeunes filles, le gymnase, une bibliothèque en construction, < où 240000 volumes trouveront place,... enfin des chalets de toutes les tailles et de tous les styles, et pas une clôture. Ces demeures sont posées sur un tapis de gazon parsemé d’arbres; î’est une communauté, un phalanstère 1 . <
+M. C. A. ; en plus, les baptistes, les méthodistes, les presbytériens et les catholiques ont leurs associations particulières qui témoignent d’un sentiment religieux très vivace. Beaucoup d’étudiants vivent en bas, dans la ville ; d’autres habitent les dormitories ; d’autres encore sont groupés dans les jolis cottages des sociétés secrètes, une institution singulière dont je n’ai pas encore parlé. Enfin 138 étudiantes demeurent dans un grand bâtiment qui leur est spécialement destiné, et il ne semble pas que cette éducation mixte ait donné le moindre souci aux administrateurs ni au président.
-X DU NORD Ali SUD. 201 La maison du président White (on continue de le désigner ainsi, bien qu’il se soit démis de * scs fonctions en 1885, pour raison de santé) domine encore tout cela. De nies fenêtres j’embrasse l’ensemble; j’aperçois le champ de football, le bout du lac et toute la vallée. Un joli carillon bien cristallin se fait entendre matin et soir, et ce sont alors des processions d’étudiants qui se croisent en tous sens avec des livres sous les bras et un paletot jeté sur les épaules. Quand vient la nuit, le lac disparaît; des lumières innombrables scintillent et une lueur de clair de lune monte de la ville, où l’électricité brille dans de gros globes blanchâtres. » i
+{{t3|{{rom-maj|III|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} Les bâtiments universitaires sont situés sur une haute colline que bordent deux gorges sauvages, boisées, où coulent des cascades indéfinies. Le sommet de la colline forme un plateau d’où la vue s’étend sur le lac Cayuga et sur la gracieuse petite ville d’Ithaca. Une première rangée de bâtiments dessine la crête de la colline ; ce sont des masses carrées, grisâtres, sans caractère ; à l’entour, des constructions plus modernes, la chapelle, le joli hall de la Y. M. C. A., puis le collège des jeunes filles, le gymnase, une bibliothèque en construction, où 240000 volumes trouveront place,... enfin des chalets de toutes les tailles et de tous les styles, et pas une clôture. Ces demeures sont posées sur un tapis de gazon parsemé d’arbres ; c’est une communauté, un phalanstère.
-1 * l ■H * i IV ta Un grand drapeau qui flotte au sommet du r gymnase indique qu’il y aura exercice militaire tantôt. Il en est ainsi trois fois par semaine pour les freshmen et les sophomoves , qui seuls * ■ ÿ sont astreints. On est occupé, quand nous arrivons, à enlever les appareils; tous soûl ? mobiles, de sorte que le gymnase se transforme en une immense salle d’cxcrcice.Lcs jeunes gens arrivent peu à peu en uniforme : pantalon bleu, il bande blanche, dolman bleu, casque blanc. Ils sont (100, placés sous le commandement d’un lieutenant de l’armée régulière, nommé pour trois ans. On donne ces quasi-sinécures aux officiers qui ont besoin de repos il la suite . de quelque dur travail ou de quelque oxpé-
+{{sc du nord au sud. La maison du président White (on continue de le désigner ainsi, bien qu’il se soit démis de ses fonctions en 1885, pour raison de santé) domine encore tout cela. De mes fenêtres j’embrasse l’ensemble ; j’aperçois le champ de foot-ball, le bout du lac et toute la vallée. Un joli carillon bien cristallin se fait entendre matin et soir, et ce sont alors des processions d’étudiants qui se croisent en tous sens avec des livres sous les bras et un paletot jeté sur les épaules. Quand vient la nuit, le lac disparaît ; des lumières innombrables scintillent et une lueur de clair de lune monte de la ville, où l’électricité brille dans de gros globes blanchâtres.
-DU NORD AU SUD 203 dit ion lointaine. Le lieutenant commande en chef; c’est le colonel; les autres gradés sont tous des étudiants nommés par lui. Je vois le capitaine dans « son bureau ». Il signe des ordres et pourvoit à tout avec chic et activité. En plus de l’exercice, qui 11e pouvait être bien remarquable, exécuté par de si green soldiers , il y avait, ce jour-là, la classe des P. AV. Ces initiales désignent les malheureux que l’on range dans la catégorie des Physical xorecks , mot à mot les naufragés de la force physique, c’est-à-dire tous les faibles, les mous, les mal constitués,... qui travaillent à part et exécutent retic’ bienheureuse gymnastique d’ensemble si attrayante et spirituelle! Eh bien, je ne trouve pas mauvais qu’elle soit indiquée comme un remède aux malades, mais, sapristi ! aux malades seulement, et n’allez pas imposer les flexions, les circumductions et les abductions à \ de braves jeunes gens qui ont du sang dans les veines et de l’ardeur plein leur être. Le jeune docteur Hitchcock, fils de celui d’Amherst, est ici directeur du gymnase; il parait un peu plus partisan de la liberté et les examens qu’il
+{{t3|{{rom-maj|IV|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} Un grand drapeau qui flotte au sommet du gymnase indique qu’il y aura exercice militaire tantôt. Il en est ainsi trois fois par semaine pour les freshmen et les sophomores, qui seuls y sont astreints. On est occupé, quand nous arrivons, à enlever les appareils ; tous sont mobiles, de sorte que le gymnase se transforme en une immense salle d’exercice. Les jeunes gens arrivent peu à peu en uniforme : pantalon bleu, à bande blanche, dolman bleu, casque blanc. Ils sont 600, placés sous le commandement d’un lieutenant de l’armée régulière, nommé pour trois ans. On donne ces quasi-sinécures aux officiers qui ont besoin de repos à la suite de quelque dur travail ou de quelque expé-
-204 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES fait passer sont moins minutieux; mais pas plus que son-, père il ne semble se douter que l’athlétisme c’est l’elTort et que, là où il n’y a pas effort, l’hygiène peut être sauve, mais la pédagogie est imparfaite.
+{{sc du nord au sud. dition lointaine. Le lieutenant commande en chef ; c’est le colonel ; les autres gradés sont tous des étudiants nommés par lui. Je vois le capitaine dans « son bureau ». Il signe des ordres et pourvoit à tout avec chic et activité. En plus de l’exercice, qui ne pouvait être bien remarquable, exécuté par de si green soldiers, il y avait, ce jour-là, la classe des P. W. Ces initiales désignent les malheureux que l’on range dans la catégorie des Physical wrecks, mot à mot les naufragés de la force physique, c’est-à-dire tous les faibles, les mous, les mal constitués,... qui travaillent à part et exécutent cette bienheureuse gymnastique d’ensemble si attrayante et spirituelle ! Eh bien, je ne trouve pas mauvais qu’elle soit indiquée comme un remède aux malades, mais, sapristi ! aux malades seulement, et n’allez pas imposer les flexions, les circumductions et les abductions à de braves jeunes gens qui ont du sang dans les veines et de l’ardeur plein leur être. Le jeune docteur Hitchcock, fils de celui d’Amherst, est ici directeur du gymnase ; il paraît un peu plus partisan de la liberté et les examens qu’il
-i Y Les sociétés secrètes qui étendent sur les universités américaines leur réseau de groupes, de branches, ’d’affiliations, etc., sont inotïensives, ce qui ne veut pas dire qu’elles ne puissent dévier quelque jour et devenir dangereuses. Mais rien n’indique jusqu’à présent de pareilles tendances; j’en ai acquis la conviction malgré la méfiance que je ressentais à leur endroit en arrivant en Amérique. Elles ont leurs ennemis qui leur disent : « Ou bien votre secret est sérieux, et c’est mauvais; ou bien il est insignifiant, el c’est puéril ». A quoi leurs défenseurs répondent : « Ou elles font du bien ou elles font du niai; il faut les juger d’après leurs fruits : or elles font du bien; donc elles sont utiles ».
+204 {{sc universités transatlantiques. fait passer sont moins minutieux ; mais pas plus que son père il ne semble se douter que l’athlétisme c’est l’effort et que, là où il n’y a pas effort, l’hygiène peut être sauve, mais la pédagogie est imparfaite.
-T _ 206 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. La vérité, c’est que les lettres grecques à l’aide desquelles on les désigne sont les initiales d’une formule qui leur sert de devise; dans la T plupart des caS, le secret ne va pas au delà et ii il faut chercher l’explication de son existence dans le penchant très marqué qu’ont les Àmé !■ h ricains pour tout ce qui est mystérieux. Ces sociétés sont puissantes. Dernièrement, à Boston, TA ou bien la XF donnait une fête. Il v i . ’ * avait bien là 400 jeunes gehs, portant à. la boutonnière je ne sais quels insignes et traînés, comme la noce du Chapeau de paille d’Italie , dans un nombre respectable de voitures de * louage. Ils criaient, chantaient; s’amusaient ; leur secret n’avait pas l’air de les gêner. On a * fait le relevé des maisons que les sociétés grecques possèdent dans les diverses universités; il y en a partout. J’en ai trouvé, pour ma part, jusqu’à Charlottcsvilîc, en Virginie. L’uni ver j sité, de Michigan, où je vais inc rendre en quittant Cornell,en renferme également; il y en a à ^ 1 k 4 Princeton et peut-être même quelque succursale existe-t-elle au Canada. J’en ai visité deux à H , - " Amhorst; elles étaient parmi les plus confortables et ressemblaient à celles que le prési L
+{{t3|{{rom-maj|V|5}}}} {{interligne}} {{interligne}} Les sociétés secrètes qui étendent sur les universités américaines leur réseau de groupes, de branches, d’affiliations, etc., sont inoffensives, ce qui ne veut pas dire qu’elles ne puissent dévier quelque jour et devenir dangereuses. Mais rien n’indique jusqu’à présent de pareilles tendances ; j’en ai acquis la conviction malgré la méfiance que je ressentais à leur endroit en arrivant en Amérique. Elles ont leurs ennemis qui leur disent : « Ou bien votre secret est sérieux, et c’est mauvais ; ou bien il est insignifiant, et c’est puéril ». A quoi leurs défenseurs répondent : « Ou elles font du bien ou elles font du mal ; il faut les juger d’après leurs fruits : or elles font du bien ; donc elles sont utiles ».
-DU NORD AU SUD. 207 dent White m’a montrées ici. Les chambres t ■r sont meublées avec originalité et élégance. Au rez-de-chaussée, se trouvent de grandes pièces qui servent aux soirées dansantes que donnent les jeunes gens pendant liiiver; ces soirs-là, je pense que les vins ne sont pas proscrits, mais il îiésl pas rare, me dit le président, qu’ils aient la sagesse de s’interdire dans la maison l’usage de toute espèce de spiritueux; c’est mémo une objection à rétablissement d’une cuisine et d’un eating club dans les maisons memes, ce que quelques-uns désirent ; jusqu’à présent, ils vont prendre leurs repas au dehors. La maison se bâtit avec les dons de.s anciens élèves restés L membres de la société; si une dette est contractée à cette occasion, elle est vite couverte; en plus, il se fait un roulement de meubles cédés par ceux qui parlent à ceux qui arrivent, de sorte que le prix de loyer va toujours s’abaissaiit. Celte organisation parait excellente et on s’en félicite généralement ; les jeunes Américains 11e supporteraient pas le régime d’Oxford ou de Cambridge; il leur faut plus de liberté encore. Ici, rindépemlancc est absolue et néanmoins ils ont l’honneur de leur société à main-
+206 {{sc universités transatlantiques. La vérité, c’est que les lettres grecques à l’aide desquelles on les désigne sont les initiales d’une formule qui leur sert de devise ; dans la plupart des cas, le secret ne va pas au delà et il faut chercher l’explication de son existence dans le penchant très marqué qu’ont les Américains pour tout ce qui est mystérieux. Ces sociétés sont puissantes. Dernièrement, à Boston, l’ΑΔΦ ou bien la ΧΓ donnait une fête. Il y avait bien là 400 jeunes gens, portant à la boutonnière je ne sais quels insignes et traînés, comme la noce du Chapeau de paille d’Italie, dans un nombre respectable de voitures de louage. Ils criaient, chantaient, s’amusaient ; leur secret n’avait pas l’air de les gêner. On a fait le relevé des maisons que les sociétés grecques possèdent dans les diverses universités ; il y en a partout. J’en ai trouvé, pour ma part, jusqu’à Charlottesville, en Virginie. L’université de Michigan, où je vais me rendre en quittant Cornell, en renferme également ; il y en a à Princeton et peut-être même quelque succursale existe-t-elle au Canada. J’en ai visité deux à Amherst ; elles étaient parmi les plus confortables et ressemblaient à celles que le prési-
-208 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. j tenir oi lin chef qu’ils élisent; rien do pareil 1 dans les dormi tories , ou trop d’étudiants se trouvent réunis, sans raison, sans amitié, sans r + liens d’aucune sorte. r * Les maisons des sociétés grecques no contiennent guère qu’une douzaine ou uno quinzaine de membres; ils entrent par rang* d’inscription. Cela n’est pas toujours facile de se faire recevoir, dans ces sociétés et le premier venu ne peut so flatter d’y pénétrer d’emblée; • bien entendu, il.no s’agit pas de savoir qui ost son père, mais quel est son mérite personnel. Les liens ainsi formés durent toute la vie; et comme l’Américain est tout ce qu’il y a do moins lâcheur , il ne délaisse pas, une fois sa fortune faite, ceux de sa société qui ont besoin d’une , somme d’argent ou d’un coup de main. Le ^ i ï président a été membre de l’une de ces sociétés; je l’ai tourmenté pour savoir le secret : il s’est mis h rire, mais n’a pas voulu me le dire. # - _ ’ . . - ’ ► H ■ L
+{{sc du nord au sud. dent White m’a montrées ici. Les chambres sont meublées avec originalité et élégance. Au rez-de-chaussée, se trouvent de grandes pièces qui servent aux soirées dansantes que donnent les jeunes gens pendant l’hiver ; ces soirs-là, je pense que les vins ne sont pas proscrits, mais il n’est pas rare, me dit le président, qu’ils aient la sagesse de s’interdire dans la maison l’usage de toute espèce de spiritueux ; c’est même une objection à l’établissement d’une cuisine et d’un eating club dans les maisons mêmes, ce que quelques-uns désirent ; jusqu’à présent, ils vont prendre leurs repas au dehors. La maison se bâtit avec les dons des anciens élèves restés membres de la société ; si une dette est contractée à cette occasion, elle est vite couverte ; en plus, il se fait un roulement de meubles cédés par ceux qui partent à ceux qui arrivent, de sorte que le prix de loyer va toujours s’abaissant. Cette organisation paraît excellente et on s’en félicite généralement ; les jeunes Américains ne supporteraient pas le régime d’Oxford ou de Cambridge ; il leur faut plus de liberté encore. Ici, l’indépendance est absolue et néanmoins ils ont l’honneur de leur société à main-
-t VI G’élait hier jour d’élection ; divers fonction 9 naircs de l’Etat de New York arrivaient au terme de leurs mandats. Nous sommes des f cendus voler tous ensemble et j’ai regarde le président mettre son bulletin dans Turnc. La L section de vole était installée chez un modeste épicier; quelques surveillants volontaires ap ► partenant aux deux partis on présence dévisageaient les votants,’ car il n’y a pas de cartes électorales et le seul moyen d’éviter les fraudes est de reconnaître les individus cl de marquer leurs noms à mesure qu’ils se présentent. En résumé, calme complet dans les rues; dans la presse, campagne, énergique mais ne sortant pas des bornes qu’impose la bienséance. Une voilure nous croise; ce sont deux fer 14
+208 {{sc universités transatlantiques. tenir et un chef qu’ils élisent ; rien de pareil dans les dormitories, où trop d’étudiants se trouvent réunis, sans raison, sans amitié, sans liens d’aucune sorte. Les maisons des sociétés grecques ne contiennent guère qu’une douzaine ou une quinzaine de membres ; ils entrent par rang d’inscription. Cela n’est pas toujours facile de se faire recevoir, dans ces sociétés et le premier venu ne peut se flatter d’y pénétrer d’emblée ; bien entendu, il ne s’agit pas de savoir qui est son père, mais quel est son mérite personnel. Les liens ainsi formés durent toute la vie ; et comme l’Américain est tout ce qu’il y a de moins lâcheur, il ne délaisse pas, une fois sa fortune faite, ceux de sa société qui ont besoin d’une somme d’argent ou d’un coup de main. Le président a été membre de l’une de ces sociétés ; je l’ai tourmenté pour savoir le secret : il s’est mis à rire, mais n’a pas voulu me le dire.
-Î10 UNI VE R SITES TR ANSATLANTIQ U ES. micrs des environs qui viennent aussi voter. Ils appartiennent a cette catégorie d’hommes qui ont fait l’Amérique et constituent encore sa hase la plus solide , mais qu’on ne voit pas f dans les villes. Il y a chez eux de l’aisance, de % 9 l’instruction et de la droiture; rarement ils parviennent à la richesse; leurs femmes lisent les meilleures revues et leurs filles jouent du Chopin et du, Wagner. Dahs un de ces intérieurs, un étranger vantait un jour je ne sais quelle alliance diplomatique comme devant être favorable au développement commercial des Etats-Unis. Le fermier répondit : « Nous ne devons pas oublier que Washington, dans ses instructions, nous a recommandé de ne pas chercher d’alliances avec les peuples étrangers, parce qu’il n’en pouvait rien sortir de bon cl i d’utile pbur nous ». Cela dénote un esprit un peu étroit, mais un bon sens et une- culture N" indéniables. Cette anecdote en dit plus long que > . bien des détails sur ces fermiers intéressants t • • 1 et originaux.
+{{t3|{{rom-maj|VI|6}}}} {{interligne}} {{interligne}} C’était hier jour d’élection ; divers fonctionnaires de l’État de New York arrivaient au terme de leurs mandats. Nous sommes descendus voter tous ensemble et j’ai regardé le président mettre son bulletin dans l’urne. La section de vote était installée chez un modeste épicier ; quelques surveillants volontaires appartenant aux deux partis en présence dévisageaient les votants, car il n’y a pas de cartes électorales et le seul moyen d’éviter les fraudes est de reconnaître les individus et de marquer leurs noms à mesure qu’ils se présentent. En résumé, calme complet dans les rues ; dans la presse, campagne, énergique mais ne sortant pas des bornes qu’impose la bienséance. Une voiture nous croise ; ce sont deux fer-
-i VII Tous ccs soirs-ci, on a cause élections et l’on w a discuté les mérites des candidats. Mais, quand nous sommes seuls, je demande au président de me parler de l’Europe. Car, sur l’insistance de M. Garfield, il a jadis quitté sa chère université pour s’en aller représenter la République des Etats-Unis à la cour dé S. M. l’empereur d’Allemagne. Il est il croire que la République fut rarement aussi bien représentée ; au milieu des uniformes étincelants, le simple habit noir du ministre, rehaussé par sa distinction suprême et son talent supérieur, occupa constamment une place d’honneur. Aussi, que de souvenirs intéressants évoque en lui le seul nom de Berlin et comme ii trace de main de maître la silhouette de ce Bismarck, étrange et hardi, auquel il n’a manqué qu’une chose : l’inteljigence de son I • •
+210 {{sc universités transatlantiques. miers des environs qui viennent aussi voter. Ils appartiennent à cette catégorie d’hommes qui ont fait l’Amérique et constituent encore sa base la plus solide, mais qu’on ne voit pas dans les villes. Il y a chez eux de l’aisance, de l’instruction et de la droiture ; rarement ils parviennent à la richesse ; leurs femmes lisent les meilleures revues et leurs filles jouent du Chopin et du Wagner. Dans un de ces intérieurs, un étranger vantait un jour je ne sais quelle alliance diplomatique comme devant être favorable au développement commercial des États-Unis. Le fermier répondit : « Nous ne devons pas oublier que Washington, dans ses instructions, nous a recommandé de ne pas chercher d’alliances avec les peuples étrangers, parce qu’il n’en pouvait rien sortir de bon et d’utile pour nous ». Cela dénote un esprit un peu étroit, mais un bon sens et une culture indéniables. Cette anecdote en dit plus long que bien des détails sur ces fermiers intéressants et originaux.
-VIII * P " H , , k p ► ~~ b ’ W * i . . • ’ Le champ de fool-ball, situé sur le plateau, est suffisant pour les parties ordinaires; mais pour les matchs il faut quelque chose de plus t convenable : une enceinte et des tribunes. C’est ce qu’a compris un généreux donateur. (Tu feras le compte, ami lecteur, de tous les généreux donateurs dont je t’ai déjà parlé et dont je te parlerai encore, et je te prie d’être persuadé * . ; . X que j’en passe... des meilleurs!) Donc M. Sage a fait les frais d’un splendide emplacement * Y 1 P "" " ■ ■ f * situé sur les bords du lac. On y descend par le ■ ’ - ’ - 1 J ravin, qui n’est qu’une suite de surprises, i - \ d’aperçus fantastiques, de cascades, de contre ✓ 1 ’ ■ ■ ‘ /■ forts taillés dans le roc, d’arbres suspendus sur l’abîme;... l’ennui est qu’il faut passer par un tourniquet et payer 35 cents poui\ en sortir x
+{{t3|{{rom-maj|VII|7}}}} {{interligne}} {{interligne}} Tous ces soirs-ci, on a causé élections et l’on a discuté les mérites des candidats. Mais, quand nous sommes seuls, je demande au président de me parler de l’Europe. Car, sur l’insistance de M. Garfield, il a jadis quitté sa chère université pour s’en aller représenter la République des États-Unis à la cour de S. M. l’empereur d’Allemagne. Il est à croire que la République fut rarement aussi bien représentée ; au milieu des uniformes étincelants, le simple habit noir du ministre, rehaussé par sa distinction suprême et son talent supérieur, occupa constamment une place d’honneur. Aussi, que de souvenirs intéressants évoque en lui le seul nom de Berlin et comme il trace de main de maître la silhouette de ce Bismarck, étrange et hardi, auquel il n’a manqué qu’une chose : l’intelligence de son temps....
-DU NORD AU SUD. 213 cl altoindro par là le lac Caynga. Une voie ferrée suit ses rives; lors des régales, on installe les spectateurs dans des wagons préparés ad hoc , et ces tribunes à locomotive se déplacent lentement de façon à suivre les rameurs dans leur course. Mais ce n’est pas encore la saison du rowing; revenons au foot-ball. Un match va avoir lieu entre Yale et Corncll et on voudrait recevoir les joueurs de Yale avec quelque cérémonie.... A quoi l’un de ceux qui nous accompagnent objecte que ces jeunes gens se trouvent dans une période sportive très importante et sont, par conséquent, tenus très sévèrement ; rentraîneur refusera pour eux toute espèce de repas ou de fête.... Il faut avouer, décidément, que cela va un peu loin à Yale et à Harvard. Cornéll est plus raisonnable; est-ce pour cela qu’on la jalouse tellement? Quand vous parlez de Cornéll à un „ ^ homme d’Harvard ou de Yale, il tombe en pâmoison et ses succès manquent de lui donner un érysipèle. Rien dé ridicule comme ces rivalités mesquines faites de posé, d’envie et de dépit mal déguisé. tt 7
+{{t3|{{rom-maj|VIII|8}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le champ de foot-ball, situé sur le plateau, est suffisant pour les parties ordinaires ; mais pour les matchs il faut quelque chose de plus convenable : une enceinte et des tribunes. C’est ce qu’a compris un généreux donateur. (Tu feras le compte, ami lecteur, de tous les généreux donateurs dont je t’ai déjà parlé et dont je te parlerai encore, et je te prie d’être persuadé que j’en passe... des meilleurs !) Donc M. Sage a fait les frais d’un splendide emplacement sur les bords du lac. On y descend par le ravin, qui n’est qu’une suite de surprises, d’aperçus fantastiques, de cascades, de contreforts taillés dans le roc, d’arbres suspendus sur l’abîme ;... l’ennui est qu’il faut passer par un tourniquet et payer 35 cents pour en sortir
-■Fai assisté tantôt à un cours sur l’&rt. do fabriquer des villes : citij making, Le conférencier a successivement passé en revue les grandes villes européennes, étudiant leur voirie, leurs institutions municipales, leurs égouts, leurs sergents de ville, leurs pompiers. Il expose^ cette fois, les embellissements de Yienrtc ■ ■■ - ^ et la transformalion des remparts en un Ring qui -fait à la capitale autrichienne cnmme une çèinture d’air et d’une fo; , Il émaillé, r son récit ses nom eux seront a t j sans doute à fonder des villes ; qui est-ce qui ne fondé pas des villes en Amérique*!. ,, Derniè-
+{{sc du nord au sud. et atteindre par là le lac Cayuga. Une voie ferrée suit ses rives ; lors des régates, on installe les spectateurs dans des wagons préparés ad hoc, et ces tribunes à locomotive se déplacent lentement de façon à suivre les rameurs dans leur course. Mais ce n’est pas encore la saison du rowing ; revenons au foot-ball. Un match va avoir lieu entre Yale et Cornell et on voudrait recevoir les joueurs de Yale avec quelque cérémonie.... A quoi l’un de ceux qui nous accompagnent objecte que ces jeunes gens se trouvent dans une période sportive très importante et sont, par conséquent, tenus très sévèrement ; l’entraîneur refusera pour eux toute espèce de repas ou de fête.... Il faut avouer, décidément, que cela va un peu loin à Yale et à Harvard. Cornell est plus raisonnable ; est-ce pour cela qu’on la jalouse tellement ? Quand vous parlez de Cornell à un homme d’Harvard ou de Yale, il tombe en pâmoison et ses succès manquent de lui donner un érysipèle. Rien de ridicule comme ces rivalités mesquines faites de pose, d’envie et de dépit mal déguisé.
-DU NOHD AU SUD. 215 renient, le gouvernement a déclaré que l’Oklalioma — une portion <1u territoire indien — serait « ouvert » aux colons, tel jour, à midi. Depuis une semaine, on, campait sur les frontières gardées par la force armée et, quand l’heure solennelle fut arrivée, une interminable procession de charrettes, de bestiaux, de véhicules de toute sorte pénétra dans le pays. Les uns avaient amené toute leur famille, des bébés à la mamelle et des bébés en espérance, et de * quoi bâtir une maison par-dessus le marché ; les autres venaient simplement avec quatre piquets et un revolver. On s’arrêta en un lieu propice, où chacun s’empara à la bâte d’un morceau de sol : le premier soir, la ville nouvelle n’était qu’un vaste campement ; la semaine suivante, elle avait des rues et une municipalité; au bout d’un mois, son hôtel de ville était construit. Elle s’appelle Gutbrie; on vendait, à New York, sa photographie â l’âge de 12 heures, de 8 jours, de 3 semaines et de 2 mois. Ces choses — est-il besoin de le répéter encore? — ne se passent que dans l’Ouest indéfini et sauvage, bien au delà de Chicago et du Mississipi. . r Quand on raconte de semblables anecdotes, on i
+{{t3|{{rom-maj|IX|9}}}} {{interligne}} {{interligne}} J’ai assisté tantôt à un cours sur l’art de fabriquer des villes : city making. Le conférencier a successivement passé en revue les grandes villes européennes, étudiant leur voirie, leurs institutions municipales, leurs égouts, leurs sergents de ville, leurs pompiers. Il expose, cette fois, les embellissements de Vienne et la transformation des remparts en un Ring qui fait à la capitale autrichienne comme une ceinture d’air et d’espace. Il émaille son récit d’une foule de détails pratiques dont ses nombreux auditeurs pourront bien quelque jour faire leur profit : plusieurs d’entre eux seront appelés sans doute à fonder des villes ; qui est-ce qui ne fonde pas des villes en Amérique !... Derniè-
-216 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. * no devrait jamais so permettre, comme l*onl * fait certains auteurs, d’en transporter le théâtre ri dans la portion civilisée des États Unis.... h C/cst bien ici Je cas de dire : vérité au delà du Mississipi, erreur en deçà. t v t C t t p 4 i
+{{sc du nord au sud. rement, le gouvernement a déclaré que l’Oklahoma — une portion du territoire indien — serait « ouvert » aux colons, tel jour, à midi. Depuis une semaine, on campait sur les frontières gardées par la force armée et, quand l’heure solennelle fut arrivée, une interminable procession de charrettes, de bestiaux, de véhicules de toute sorte pénétra dans le pays. Les uns avaient amené toute leur famille, des bébés à la mamelle et des bébés en espérance, et de quoi bâtir une maison par-dessus le marché ; les autres venaient simplement avec quatre piquets et un revolver. On s’arrêta en un lieu propice, où chacun s’empara à la hâte d’un morceau de sol : le premier soir, la ville nouvelle n’était qu’un vaste campement ; la semaine suivante, elle avait des rues et une municipalité ; au bout d’un mois, son hôtel de ville était construit. Elle s’appelle Guthrie ; on vendait, à New York, sa photographie à l’âge de 12 heures, de 8 jours, de 3 semaines et de 2 mois. Ces choses — est-il besoin de le répéter encore ? — ne se passent que dans l’Ouest indéfini et sauvage, bien au delà de Chicago et du Mississipi. Quand on raconte de semblables anecdotes, on
-I X Nous avons quitté Gorncll aux rayons de la lune, qui mirait dans les eaux du lac Cayuga son éventail d’argent ». Nous avons traversé les rues de Buffalo, franchi de nouveau les rapides du Niagara et nous voici tout près d*Ann Arbor, d’où nous gagnerons demain Chicago. Je n’ai jamais rien vu de plus désespérant, de plus endormi, de plus lugubre qu’Ann 4 Arbor ce jour-là. Une petite pluie glacée tombail du ciel où circulaient très lentement, tout près de terre, des nuées grises et lourdes. Les rues étaient désertes; quelques boutiques mon - j. traient par-ci par-là leurs étalages inattrayants; cl il n y avait ni enfants, ni chevaux, seulement une ou deux étudiantes, la serviette sous le - J - - , - -ni-*" - J h ■ ’ ’ - - ’ ’ ^ . . "■ . . i bras, rentrant du cours et parlant cosinus et
+216 {{sc universités transatlantiques. ne devrait jamais se permettre, comme l’ont fait certains auteurs, d’en transporter le théâtre dans la portion civilisée des États Unis.... C’est bien ici le cas de dire : vérité au delà du Mississipi, erreur en deçà.
-218 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. tangente . Cotait si triste, si plat, si mort qu’une grande affiche indiquant un prochain match de foot-ball entre l’université et Albion College * me fit 1’cfiot bienfaisant d’un verre de whiskov i * et chassa l’ombre menaçante du spleen. Je . n’ai pas encore dit qu’Ànn Àrbor esl le siège de l’université de Michigan, qu’on y chassait les animaux sauvages il y a soixante ans et que 5 000 étudiants ÿ travaillent aujourd’hui. J’ajouterai que l’instruction y est presque gratuite, que le budget des dépenses s’élève w annuellement à un million, que l’Etat de Mi 4 chigan solde ces dépenses et que les particuliers ne font pas de legs, tant il est vrai, partout et toujours, que l’assistance officielle paralyse t les générosités des individus. Les seuls bienfaiteurs furent, qui le croirait?. . . les Indiens. On . t comptait encore avec eux, en ce temps-là, et on ne les traitait pas comme un troupeau de chiens. Ils consentirent à détacher un morceau de leur territoire pour doter l’université; peut ’ * % être quelque chef. espérait-il, par lài fléchir le ciel et obtenir pour sa tribu : les privilèges que donnent aux blancs la connaissance de mille choses cachées et le pouvoir de lire dans les
+{{t3|{{rom-maj|X|10}}}} {{interligne}} {{interligne}} Nous avons quitté Cornell aux rayons de la lune, qui mirait dans les eaux du lac Cayuga « son éventail d’argent ». Nous avons traversé les rues de Buffalo, franchi de nouveau les rapides du Niagara et nous voici tout près d’Ann Arbor, d’où nous gagnerons demain Chicago. Je n’ai jamais rien vu de plus désespérant, de plus endormi, de plus lugubre qu’Ann Arbor ce jour-là. Une petite pluie glacée tombait du ciel où circulaient très lentement, tout près de terre, des nuées grises et lourdes. Les rues étaient désertes ; quelques boutiques montraient par-ci par-là leurs étalages inattrayants ; et il n’y avait ni enfants, ni chevaux, seulement une ou deux étudiantes, la serviette sous le bras, rentrant du cours et parlant cosinus et
-DU NORD AU SUD. 219 grands livres. Mais il espérait en vain. Aucun Peau-Rouge n’a jamais suivi les cours à Ann Arbor. La gratuité ou la presque gratuité de renseignement supérieur serait un grand danger partout ailleurs qu’en cos Etats de l’Ouest où le chauffage h outrance » est une véritable nécessité. Que de temps perdu à rattraper, et t dans un pays où le temps coûte cher! Les Etats de l’Est ont une avance considérable et, pour soutenir la rivalité, il faut susciter les talents, les forces; l’argent, on se le jirocure aisément, mais la science, cela ne s’improvise pas! Imaginez que les départements français jouissent d’une certaine autonomie; que la moitié de ces départements aient , pour une cause quelconque, été tenus en dehors des progrès du siècle et ne soient guère plus avancés qu’au temps de Napbléon 1°’. Quelle course au clocher ce serait! Notre première visite, sous la conduite de l’aimable président Angel 1, a été pour la clinique dentaire. Dans une immense salle, peuplée d’environ cinquante fauteuils articulés, les apprentis dentistes se font la main en opérant
+218 {{sc universités transatlantiques. tangente. C’était si triste, si plat, si mort qu’une grande affiche indiquant un prochain match de foot-ball entre l’université et Albion College me fit l’effet bienfaisant d’un verre de whiskey et chassa l’ombre menaçante du spleen. Je n’ai pas encore dit qu’Ann Arbor est le siège de l’université de Michigan, qu’on y chassait les animaux sauvages il y a soixante ans et que 5000 étudiants y travaillent aujourd’hui. J’ajouterai que l’instruction y est presque gratuite, que le budget des dépenses s’élève annuellement à un million, que l’État de Michigan solde ces dépenses et que les particuliers ne font pas de legs, tant il est vrai, partout et toujours, que l’assistance officielle paralyse les générosités des individus. Les seuls bienfaiteurs furent, qui le croirait ?... les Indiens. On comptait encore avec eux, en ce temps-là, et on ne les traitait pas comme un troupeau de chiens. Ils consentirent à détacher un morceau de leur territoire pour doter l’université ; peut-être quelque chef espérait-il, par là, fléchir le ciel et obtenir pour sa tribu les privilèges que donnent aux blancs la connaissance de mille choses cachées et le pouvoir de lire dans les
-220 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. gratuitement lousles amateurs; ils sé soignent \ entre eux et soignent aussi le voisinage. Le professeur va de l’un à l’autre, donnant des \ ■ t explications et des conseils. Une odeur caractéristique, faite de toutes les drogues imaginables, ; emplil la salle et on les voit tous, penchés sur leurs clients avec un intérêt féroce; tripotant, tapant, raclant, grattant. Des femmes aussi travaillent : dans les familles où elles trouvent ensuite des places d’institutrices, on ■ * A * apprécie qu’elles puissent au besoin donner ■ ■ _ ■, ■ quelques soins aux enfants.... C’est égal ! c’est I drôle de venir dans une université pour en ■ta sortir bachelier ès dents. ’ r f : ( La bibliothèque est semi-circulaire : au centre, une statue colossale représente le Michigan ^ f sous les traits d’une République sauvage. Nous entrons ensuite dans les divers laboratoires, où hommes et femmes se livrent à la -préparation de mélanges asphyxiants, puis dans le * ■ ’ H " . musée chinois. M. Angell a résidé en Chine je ^ r ■■ - -- p 1 . ’ * -f ^ ÿ ■ ne sais dans quelles circonstances , et l’cmpc * ■ - - ■ . reur, dont il est connu, a fait don à son uni *X’J - , V l " m ïÿi versité de tout ce qui composait lu section chinoise à la dernière exposition de la Nouvelle 4
+{{sc du nord au sud. grands livres. Mais il espérait en vain. Aucun Peau-Rouge n’a jamais suivi les cours à Ann Arbor. La gratuité ou la presque gratuité de l’enseignement supérieur serait un grand danger partout ailleurs qu’en ces États de l’Ouest où le « chauffage à outrance » est une véritable nécessité. Que de temps perdu à rattraper, et dans un pays où le temps coûte cher ! Les États de l’Est ont une avance considérable et, pour soutenir la rivalité, il faut susciter les talents, les forces ; l’argent, on se le procure aisément, mais la science, cela ne s’improvise pas ! Imaginez que les départements français jouissent d’une certaine autonomie ; que la moitié de ces départements aient, pour une cause quelconque, été tenus en dehors des progrès du siècle et ne soient guère plus avancés qu’au temps de Napoléon {{Ier}}. Quelle course au clocher ce serait ! Notre première visite, sous la conduite de l’aimable président Angell, a été pour la clinique dentaire. Dans une immense salle, peuplée d’environ cinquante fauteuils articulés, les apprentis dentistes se font la main en opérant
-OU NORD AU SUD. 90 1 % v 1 Orléans. Le Mikado porte le deuil de son cousin le roi de Portugal ! L’empereur de la Chine fait des cadeaux aux universités américaines!... il n’y a plus d’enfants! Les maisons d’Ann Arbor sont toutes semblables; dans chaque maison il y a deux ou trois étudiants; c’est l’industrie, ici comme dans les villes pédagogiques d’Allemagne, de loger des étudianls. Ils sont pauvres et ambitieux et piochent dur.... C’est singulier comme le cachet germanique est visible, sur -toutes choses; on sent la bière et la choucroute, et, en effet, il y * a beaucoup d’émigrés allcnlaiids tout uutour. Quant aux étudiantes (au nombre de 300), clics ont l’allure délibérée, la démarche sceptique et l’air d’abominable sang-froid des nihilistes russes.... Mais, bail! tout cela, ce sont les impressions d’un jour de pluie.
+220 {{sc universités transatlantiques. gratuitement tous les amateurs ; ils se soignent entre eux et soignent aussi le voisinage. Le professeur va de l’un à l’autre, donnant des explications et des conseils. Une odeur caractéristique, faite de toutes les drogues imaginables, emplit la salle et on les voit tous, penchés sur leurs clients avec un intérêt féroce, tripotant, tapant, raclant, grattant. Des femmes aussi travaillent : dans les familles où elles trouvent ensuite des places d’institutrices, on apprécie qu’elles puissent au besoin donner quelques soins aux enfants.... C’est égal ! c’est drôle de venir dans une université pour en sortir bachelier ès dents. La bibliothèque est semi-circulaire : au centre, une statue colossale représente le Michigan sous les traits d’une République sauvage. Nous entrons ensuite dans les divers laboratoires, où hommes et femmes se livrent à la préparation de mélanges asphyxiants, puis dans le musée chinois. M. Angell a résidé en Chine je ne sais dans quelles circonstances, et l’empereur, dont il est connu, a fait don à son université de tout ce qui composait la section chinoise à la dernière exposition de la Nouvelle-
-i t Le lue Michigan déferle furieusement sur les jetées de bois qui consolident ses plages sablonneuses; la houle emplit l’horizon; on ne voit au loin que la cheminée marquant rentrée du tunnel sous-marin que Chicago s’est creusé pour avoir de l’eau plus pure, car cette masse liquide Æ que la tempête secoue, c’est de l’eau douce; ces vagues formidables ne sont point celles d’un j j 1 océan. On a de la peine à se faire à cette idée et l’on se demande si da Heine des Prairies ne s’est pas subitement transportée au bord do la mer. r ’ Elle n’est plus si aisément Lratisporlablc i qu’au temps où l’incendie la dévora. « Chicago a brûlé, m’a-t-on dit quand j’avais huit ans, il ne reste rien, rienl... » et j’avais gardé une sorte
+{{sc du nord au sud. Orléans. Le Mikado porte le deuil de son cousin le roi de Portugal ! L’empereur de la Chine fait des cadeaux aux universités américaines !... il n’y a plus d’enfants ! Les maisons d’Ann Arbor sont toutes semblables ; dans chaque maison il y a deux ou trois étudiants ; c’est l’industrie, ici comme dans les villes pédagogiques d’Allemagne, de loger des étudiants. Ils sont pauvres et ambitieux et piochent dur.... C’est singulier comme le cachet germanique est visible, sur toutes choses ; on sent la bière et la choucroute, et, en effet, il y a beaucoup d’émigrés allemands tout autour. Quant aux étudiantes (au nombre de 300), elles ont l’allure délibérée, la démarche sceptique et l’air d’abominable sang-froid des nihilistes russes.... Mais, bah ! tout cela, ce sont les impressions d’un jour de pluie.
-DU NOKD AU SUD. 99*3 de souvenir de celle catastrophe fantastique, surhumaine.... Àh bien! Chicago ne ressemble guère à une ville qui a brûlé lout entière il y a dix-neuf ans; ses rues immenses sont bordées de palais aux puissantes assises, aux pilastres de marbre; tout y a Pair si fort, si solide, si définitif qu’on lui forge un passé cl des souvenirs historiques et que, pour un peu, on demanderait le chemin du palais royal. Il y en a un, d’ailleurs, où règne en souverain indiscuté Sa Majesté l’Argent. C’est le Board of Trade , « la Bourse du commerce » ; on nous avait bien recommandé d’y entrer pour voir « l’agitation ». C’est vrai qu’on y mène un tapage infernal et que le spectacle est impressionnant. Mais il en est à peu près de meme dans tous les grands centres d’affaires, tandis que, nulle part, le cadre n’est aussi grandiose. Ce board of trade , avec ses colonnes eyclopécnnes et ses hautes fenêtres à vitraux, a un aspect de temple, de palais exotique cl l’on cherche des yeux l’idole, le grand lama, le trône.... Et, autour ûu souverain, il y a la cour, avec son cortège obligé de favoris et de courtisans, dont les moindres gestes intéressent le public ,
+{{t3|{{rom-maj|XI|11}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le lac Michigan déferle furieusement sur les jetées de bois qui consolident ses plages sablonneuses ; la houle emplit l’horizon ; on ne voit au loin que la cheminée marquant l’entrée du tunnel sous-marin que Chicago s’est creusé pour avoir de l’eau plus pure, car cette masse liquide que la tempête secoue, c’est de l’eau douce ; ces vagues formidables ne sont point celles d’un océan. On a de la peine à se faire à cette idée et l’on se demande si la Reine des Prairies ne s’est pas subitement transportée au bord de la mer. Elle n’est plus si aisément transportable qu’au temps où l’incendie la dévora. « Chicago a brûlé, m’a-t-on dit quand j’avais huit ans, il ne reste rien, rien !... » et j’avais gardé une sorte
-00 /. v \ I UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES, dont les moindres paroles sont répétées, dont les moindres pensées sont drainées. Un journal américain intéresse toujours scs lecteurs en leur parlant de ces heureux du jour et suri oui en leur donnant le chiffre de leurs revenus. Le d millionnaire est le type, l’idéal; il constitue pour les jeunes ce qu’était Roland au moyen Age ou Lauziin sous Louis XIV. On lui prête une sorte de pouvoir mystérieux et, quand la fatalité l’écrase, il
+{{sc du nord au sud. de souvenir de cette catastrophe fantastique, surhumaine.... Ah bien ! Chicago ne ressemble guère à une ville qui a brûlé tout entière il
-a comme une stupeur générale : c’est ce que traduisait dernièrement un reporter en inscrivant en tête du récit d’une catastrophe ces mots étrangement philosophiques : « Un millionnaire brûlé vif! tous ses millions n’ont pu le sauver! » De quel abaissement moral et de quelle pour * rilurc une société où. l’argent exerce un tel empire ne devrait* elle pas porter l’empreinte, selon la logique européenne? Eh bien, non! Cette société de Chicago aime les belles choses, t elle vibre au contact des sentiments nobles, elle > * \ poursuit son achèvement moral en même temps que son enrichissement; elle monte» en un mot. Lisez le livre de M. de Varigny sur les Grandes Fortunes atav Ftats-Unis; il fait passer devant
+a dix-neuf ans ; ses rues immenses sont bordées de palais aux puissantes assises, aux pilastres de marbre ; tout y a l’air si fort, si solide, si définitif qu’on lui forge un passé et des souvenirs historiques et que, pour un peu, on demanderait le chemin du palais royal. Il y en a un, d’ailleurs, où règne en souverain indiscuté Sa Majesté l’Argent. C’est le Board of Trade, « la Bourse du commerce » ; on nous avait bien recommandé d’y entrer pour voir « l’agitation ». C’est vrai qu’on y mène un tapage infernal et que le spectacle est impressionnant. Mais il en est à peu près de même dans tous les grands centres d’affaires, tandis que, nulle part, le cadre n’est aussi grandiose. Ce board of trade, avec ses colonnes cyclopéennes et ses hautes fenêtres à vitraux, a un aspect de temple, de palais exotique et l’on cherche des yeux l’idole, le grand lama, le trône.... Et, autour du souverain, il y a la cour, avec son cortège obligé de favoris et de courtisans, dont les moindres gestes intéressent le public,
-DU NORD AU SUD. 225 vos yeux les principaux millionnaires du siècle; il décrit leurs débuts pénibles, leur entêtement, leurs A r i es agitées et, quand il arrive à l’instant du triomphe, où l’homme fixe la fortune, le type est toujours le môme : un peu sceptique, un peu autoritaire, un peu bourru, mais donnant généreusement, secourant les malheureux, fondant des écoles, des hôpitaux ou des musées; tel est le millionnaire américain. Il y en a un, tout près d’ici, dont le nom est universellement connu : Pullmann, le constructeur et, je crois, l’inventeur des fameux wagons-lits appelés de son nom les Pullmann cars . Il ne s’est pas contenté de faire une fortune colossale et d’employer 5 000 ouvriers dans ses ateliers; tout ce que la philanthropie la plus savante et la plus délicate lui a suggéré pour améliorer leur sort, il l’a fait. Le patronage qu’il exerce ressemble îi celui qu’exercerait chez nous un grand industriel s’inspirant des mêmes principes : il y a seulement cette dilTé* rencc que rien n’est demandé a l’ouvrier en retour de ce qu’on fait pour lui et qu’il est traité en égal, comme il convient entre citoyens américains.... Cette ruche de travailleurs est 15
+224 {{sc universités transatlantiques. dont les moindres paroles sont répétées, dont les moindres pensées sont drainées. Un journal américain intéresse toujours ses lecteurs en leur parlant de ces heureux du jour et surtout en leur donnant le chiffre de leurs revenus. Le millionnaire est le type, l’idéal ; il constitue pour les jeunes ce qu’était Roland au moyen âge ou Lauzun sous Louis {{rom-maj|xiv|14}}. On lui prête une sorte de pouvoir mystérieux et, quand la fatalité l’écrase, il y a comme une stupeur générale : c’est ce que traduisait dernièrement un reporter en inscrivant en tête du récit d’une catastrophe ces mots étrangement philosophiques : « Un millionnaire brûlé vif ! tous ses millions n’ont pu le sauver ! » De quel abaissement moral et de quelle pourriture une société où l’argent exerce un tel empire ne devrait-elle pas porter l’empreinte, selon la logique européenne ? Eh bien, non ! Cette société de Chicago aime les belles choses, elle vibre au contact des sentiments nobles, elle poursuit son achèvement moral en même temps que son enrichissement ; elle monte, en un mot. Lisez le livre de M. de Varigny sur les Grandes Fortunes aux États-Unis ; il fait passer devant
-UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. siluée à trois quarts d’heure en chemin de fer du centre delà ville : on traverse, pour l’atteindre, de vastes espaces inhabités ; mais n’importe! c’est toujours Chicago! A l’aide de ce subterfuge un peu ridicule, nn est arrivé à compter près de i 500 000 habitants; en réalité, il y
+{{sc du nord au sud. vos yeux les principaux millionnaires du siècle ; il décrit leurs débuts pénibles, leur entêtement, leurs vies agitées et, quand il arrive à l’instant du triomphe, où l’homme fixe la fortune, le type est toujours le même : un peu sceptique, un peu autoritaire, un peu bourru, mais donnant généreusement, secourant les malheureux, fondant des écoles, des hôpitaux ou des musées ; tel est le millionnaire américain. Il y
-a plus de 900 000, ce qui est déjà gentil pour une cité aussi jeune! Arrivés à destination, rious parcourons les divers ateliers, les fonderies avec leurs fournaises, leur métal incandescent et le bruit des lourds pilons, les menuiseries où les cars se r construisent peu à peu en glissant sur les rails, d’un ouvrier à un autre, les ateliers d’ébénislerie, de peinture, de tapisserie, de lingerie; car tout se fait ici et, quand les cars sortent de l’usine, il n’y a plus qu’à monter dedans. Puis nous visitons la banque, les écoles, le théâtre, la bibliothèque, les églises des différents cultes. 4 Quant aux maisons d’habitation, il y en a de toutes les tailles et de tous les prix. L’ouvrier n’arrive jamais à les posséder, combinaison bien préférable à celle qui le fait devenir peu à peu propriétaire de sa demeure cl dont, en Europe, on a reconnu tous les inconvénients;
+a un, tout près d’ici, dont le nom est universellement connu : Pullmann, le constructeur et, je crois, l’inventeur des fameux wagons-lits appelés de son nom les Pullmann cars. Il ne s’est pas contenté de faire une fortune colossale et d’employer 5000 ouvriers dans ses ateliers ; tout ce que la philanthropie la plus savante et la plus délicate lui a suggéré pour améliorer leur sort, il l’a fait. Le patronage qu’il exerce ressemble à celui qu’exercerait chez nous un grand industriel s’inspirant des mêmes principes : il y a seulement cette différence que rien n’est demandé à l’ouvrier en retour de ce qu’on fait pour lui et qu’il est traité en égal, comme il convient entre citoyens américains.... Cette ruche de travailleurs est
-DU NORD AU SUD. 227 niais le loyer s’abaisse, je crois, tous les cinq ■ ans, et à la naissance de chaque enfant; c’est une prime à la moralité et à la stabilité. % M. Pullmann a aussi créé une association athlétique dont les médailles sont fort recherchées. Beaucoup d’ouvriers en font partie.... En Angleterre aussi, les ouvriers forment des associations athlétiques, canotent et jouent au cricket. Cela prouve donc que les plus durs métiers manuels 11e remplacent pas le sport, et les personnes qui 11e voient dans le sport que le mouvement physique, peuvent ainsi se rendre compte que tout un côté de la question leur échappe*
+226 {{sc universités transatlantiques. située à trois quarts d’heure en chemin de fer du centre de la ville : on traverse, pour l’atteindre, de vastes espaces inhabités ; mais n’importe ! c’est toujours Chicago ! A l’aide de ce subterfuge un peu ridicule, on est arrivé à compter près de 1500000 habitants ; en réalité, il y en a plus de 900000, ce qui est déjà gentil pour une cité aussi jeune ! Arrivés à destination, nous parcourons les divers ateliers, les fonderies avec leurs fournaises, leur métal incandescent et le bruit des lourds pilons, les menuiseries où les cars se construisent peu à peu en glissant sur les rails, d’un ouvrier à un autre, les ateliers d’ébénisterie, de peinture, de tapisserie, de lingerie ; car tout se fait ici et, quand les cars sortent de l’usine, il n’y a plus qu’à monter dedans. Puis nous visitons la banque, les écoles, le théâtre, la bibliothèque, les églises des différents cultes. Quant aux maisons d’habitation, il y en a de toutes les tailles et de tous les prix. L’ouvrier n’arrive jamais à les posséder, combinaison bien préférable à celle qui le fait devenir peu à peu propriétaire de sa demeure et dont, en Europe, on a reconnu tous les inconvénients ;
-Vous me pardonnez pcul-ètre de ne pas vous en dire long* sur r.univcrsilé de Chicago, qui esi baptiste, possède environ 700 étudiants et beaucoup de milliers de dollars, et, par ailleurs, n’a rien de bien remarquable, mais vous m’en voudriez certainement de ne pas vous mener aux Abattoirs. Paris, c’est la place de la Concorde ; Pétersbourg, c’est la Perspective Newski ; i i Vienne, c’est le Ring, et Chicago, ce sont les Abattoirs. Ainsi l’ont décidé les voyageurs. Mais les voyageurs se trompent parfois et j’avouerai que les belles rues de Chicago, les beaux elle f.j y vaux qu’on y rencontre, ranimation brillante, les larges trottoirs et les étalagés qui resplendissent me paraissent infiniment plus intéressants que les bouges ignobles où les cochons,
+{{sc du nord au sud. mais le loyer s’abaisse, je crois, tous les cinq ans, et à la naissance de chaque enfant ; c’est une prime à la moralité et à la stabilité. M. Pullmann a aussi créé une association athlétique dont les médailles sont fort recherchées. Beaucoup d’ouvriers en font partie.... En Angleterre aussi, les ouvriers forment des associations athlétiques, canotent et jouent au cricket. Cela prouve donc que les plus durs métiers manuels ne remplacent pas le sport, et les personnes qui ne voient dans le sport que le mouvement physique, peuvent ainsi se rendre compte que tout un côté de la question leur échappe.
-DU NORD AU SUD. ooq A* * *7 les bœufs et les moutons sont transformés en conserves et en saucisses. C’est fort loin, tout à l’extrémité (le la ville; apres avoir changé trois fois de tramways, on arrive dans un quartier boueux, coupé de terrains vagues et peuplé do poehards. Un portique crénelé, d’aspect féodal, donne entrée dans une interminable rue bordée de parcs à bestiaux; de longs passages surélevés servent à conduire les victimes d’un parc dans un autre; des hommes à cheval, armés de fouets, les poussent devant eux. Un peu au delà, des bâtiments de brique : la banque, les restaurants, les bureaux; des petits chevaux à longs poils portant de % lourdes selles mexicaines sont attachés là, pendant que les cowboys tripotent de l’argent on avalent du whiskey. En approchant des abattoirs, c’est un désordre sans pareil; des locomotives passent entre les maisons; on aperçoit des troupeaux sur les passerelles à 30 pieds en l’air. Une odeur nauséabonde Jîltre à travers les murailles de bois des « maisons de carnage ». À l’intérieur, le sang ruisselle et des fumées chaudes tournoient au plafond. On grimpe après des échelles immondes, on est
+{{t3|{{rom-maj|XII|12}}}} {{interligne}} {{interligne}} Vous me pardonnez peut-être de ne pas vous en dire long sur l’université de Chicago, qui est baptiste, possède environ 700 étudiants et beaucoup de milliers de dollars, et, par ailleurs, n’a rien de bien remarquable, mais vous m’en voudriez certainement de ne pas vous mener aux Abattoirs. Paris, c’est la place de la Concorde ; Pétersbourg, c’est la Perspective Newski ; Vienne, c’est le Ring, et Chicago, ce sont les Abattoirs. Ainsi l’ont décidé les voyageurs. Mais les voyageurs se trompent parfois et j’avouerai que les belles rues de Chicago, les beaux chevaux qu’on y rencontre, l’animation brillante, les larges trottoirs et les étalages qui resplendissent me paraissent infiniment plus intéressants que les bouges ignobles où les cochons,
-230 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. éclaboussé à chaque instant, et, là-bas, les cochons continuent île tomber dans l’espèce de piscine où on les lave et d’où, ensuite, on les i ; retire pour les « parer ». Après quoi, ils s’en vont sécher dans de longues galeries lugubres. Tout cela se fait très en hâte, comme si la ville allait être menacée d’une grande famine! 1 t \ %
+{{sc du nord au sud. les bœufs et les moutons sont transformés en conserves et en saucisses. C’est fort loin, tout à l’extrémité de la ville ; après avoir changé trois fois de tramways, on arrive dans un quartier boueux, coupé de terrains vagues et peuplé de pochards. Un portique crénelé, d’aspect féodal, donne entrée dans une interminable rue bordée de parcs à bestiaux ; de longs passages surélevés servent à conduire les victimes d’un parc dans un autre ; des hommes à cheval, armés de fouets, les poussent devant eux. Un peu au delà, des bâtiments de brique : la banque, les restaurants, les bureaux ; des petits chevaux à longs poils portant de lourdes selles mexicaines sont attachés là, pendant que les cowboys tripotent de l’argent ou avalent du whiskey. En approchant des abattoirs, c’est un désordre sans pareil ; des locomotives passent entre les maisons ; on aperçoit des troupeaux sur les passerelles à 30 pieds en l’air. Une odeur nauséabonde filtre à travers les murailles de bois des « maisons de carnage ». A l’intérieur, le sang ruisselle et des fumées chaudes tournoient au plafond. On grimpe après des échelles immondes, on est
-XIII Chicago s’illumine : l’électricité bleue ou jaune brille de tous côtés; on dîne en musique dans les hôtels, et les théâtres ouvrent leurs portes. C’est l’heure du repos pour l’homme occupé que les entrevues, les rendez-vous, les affaires ont tenu tout le jour enfermé dans une muraille de faits; il a calculé, supputé, raisonné, et le voici maintenant qui sort du nuage de poussière dans lequel il a vécu; il donne un dernier regard à scs paperasses, expédie un dernier visiteur, écoute une dernière doléance et, constatant joyeusement qu’il a fini sa besogne de vingt-quatre heures, il s’en va se délasser it une table luxueuse, à quelque spectacle gai, il quelque fête brillante. Sa femme, elle aussi, a passé sa journée dans le pratique et
+230 {{sc universités transatlantiques. éclaboussé à chaque instant, et, là-bas, les cochons continuent de tomber dans l’espèce de piscine où on les lave et d’où, ensuite, on les retire pour les « parer ». Après quoi, ils s’en vont sécher dans de longues galeries lugubres. Tout cela se fait très en hâte, comme si la ville allait être menacée d’une grande famine !
-232 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Yimmédiat; elle s’est occupée do ses enfants, 1 de sa maison, de ses œuvres et, aux visiteurs qui se présentaient, elle a fait répondre cette phrase si simple et qui, chez nous, paraîtrait si incorrecte : ‘Mrs * ¥ * legs to he excused. Elle vous prie de l’excuser; elle n’a pas le temps de bavarder avec vous ; elle n’est pas libre. Et s’il lui reste un pou do loisir ce sera pour lire les revues, les journaux, se tenir au courant dos événements et des découvertes. Elle jouit de celte vie qu’elle aime; la fortune lui sourit et demain peut-être ce sera la ruine; çllc le sait ■ • • * • et 11e s on inquiète pas. La femme qui fait son service est son égale; elle n’en doute pas et ne . s’en étonne pas. Rarement, dans ses prières, elle demande quelque chose à Dieu; ello lui rend hommage parce qu’elle croit en lui, mais l’idée ne lui vient pas de l’intéresser à son bonheur. Le mari, lui, partage cette croyance un peu platonique; il sait qu’il a une mission à remplir en ce monde cl cette mission, il vous la F ^ i définit en trois mots : être honnête, charitable, et faire des affaires ; moyennant quoi, Dieu sera content. Après tout, c’est un idéal, cela! seulement,
+{{t3|{{rom-maj|XIII|13}}}} {{interligne}} {{interligne}} Chicago s’illumine : l’électricité bleue ou jaune brille de tous côtés ; on dîne en musique dans les hôtels, et les théâtres ouvrent leurs portes. C’est l’heure du repos pour l’homme occupé que les entrevues, les rendez-vous, les affaires ont tenu tout le jour enfermé dans une muraille de faits ; il a calculé, supputé, raisonné, et le voici maintenant qui sort du nuage de poussière dans lequel il a vécu ; il donne un dernier regard à ses paperasses, expédie un dernier visiteur, écoute une dernière doléance et, constatant joyeusement qu’il a fini sa besogne de vingt-quatre heures, il s’en va se délasser à une table luxueuse, à quelque spectacle gai, à quelque fête brillante. Sa femme, elle aussi, a passé sa journée dans le pratique et
-DU NORD AU SUD. 233 nous autres Européens, nous avons de la peine à le comprendre. La Grèce a poursuivi la perfection de l’individu’ par l’harmonie de ses diverses facultés. Le moyen Age a prêché l’ascétisme, c’cst-îwlirc l’Ame assouvissant le corps, son ennemi supposé; ensuite, a paru l’idéal militaire, et maintenant, cest l’activité qui domine. En somme, qu’on sc batte contre les choses, contre les hommes, contre les événements ou contre soi-même, c’est toujours une lutte et la lutte est noble \ 1. Dans une ville d’Amérique où j’ai passé deux semaines, j’élais pilote les premiers jours par un Français fixé dans le pays par son mariage. « Nous déjeunerons à V Union Club , me «.lit-il un malin, en manière de programme, el puis mon ami Williams nous fera voir ses chevaux de course qui sont au Pavillon des chasses, hors de la ville. » Avant de déjeuner à l’Union Club, nous allâmes prendre l’ami Wil liams. Il vendait du madapolam dans une petite rue pleine de boutiques, de réclames et de mouvemcnl. La devanture ressemblait à toutes les devantures; le nom de Williams and C° s’y étalait en lettres d*or; l’intérieur était vaste, en % * forme de galerie, avec des comptoirs très longs, beaucoup d’employés, quelques acheteurs et des piles invraisemblables île tous les mudapolams existant à la surface du globe. A droite, en entrant, se trouvait la caisse; assis sur un siège mobile, très élevé, un jeune homme d’environ trente ans, élégamment vêtu, Pair distingué, donnait des acquits; il leva les yeux, nous salua d’un sourire et continua sa besogne, non sans dire ù mon compagnon entre deux signatures : Superbe journée hier! mon cheval a sauté magnifiquement. » — L’image de ce cheval de prix sautant ecs comptoirs et ces piles de madapolam me resta longtemps dans l’esprit.
+232 {{sc universités transatlantiques. l’immédiat ; elle s’est occupée de ses enfants, de sa maison, de ses œuvres et, aux visiteurs qui se présentaient, elle a fait répondre cette phrase si simple et qui, chez nous, paraîtrait si incorrecte : Mrs *** begs to be excused. Elle vous prie de l’excuser ; elle n’a pas le temps de bavarder avec vous ; elle n’est pas libre. Et s’il lui reste un peu de loisir ce sera pour lire les revues, les journaux, se tenir au courant des événements et des découvertes. Elle jouit de cette vie qu’elle aime ; la fortune lui sourit et demain peut-être ce sera la ruine ; elle le sait et ne s’en inquiète pas. La femme qui fait son service est son égale ; elle n’en doute pas et ne s’en étonne pas. Rarement, dans ses prières, elle demande quelque chose à Dieu ; elle lui rend hommage parce qu’elle croit en lui, mais l’idée ne lui vient pas de l’intéresser à son bonheur. Le mari, lui, partage cette croyance un peu platonique ; il sait qu’il a une mission à remplir en ce monde et cette mission, il vous la définit en trois mots : être honnête, charitable, et faire des affaires ; moyennant quoi, Dieu sera content. Après tout, c’est un idéal, cela ! seulement,
-XIV 4 Faire des affaires pour soi, cela n’exclut pas d’ailleurs un dévouement profond au bien public. Cet homme occupé n’a pas été égoïste depuis sept heures du matin jusqu’à sept heures du soir; il a mené son usine, donné k des ordres à ses correspondants, joué à la bourse; mais, en plus de cela, il a siégé dans des commissions, parlé en public, fondé de ces œuvres d’initiative privée qui prospèrent si rapidement. Le mouvement des idées n’est pas inférieur au mouvement des affaires cl les savants qux-memes (car il y en a) sont emportés par le tourbillon. On imprime tout, on public tout, on a soif de progrès scientifique. Des documents insignifiants sont mêlés à des études de premier ordre; des renseignements
+{{sc du nord au sud. nous autres Européens, nous avons de la peine à le comprendre. La Grèce a poursuivi la perfection de l’individu par l’harmonie de ses diverses facultés. Le moyen âge a prêché l’ascétisme, c’est-à-dire l’âme asservissant le corps, son ennemi supposé ; ensuite, a paru l’idéal militaire, et maintenant, c’est l’activité qui domine. En somme, qu’on se batte contre les choses, contre les hommes, contre les événements ou contre soi-même, c’est toujours une lutte et la lutte est noble. Dans une ville d’Amérique où j’ai passé deux semaines, j’étais piloté les premiers jours par un Français fixé dans le pays par son mariage. « Nous déjeunerons à l’Union Club, me dit-il un matin, en manière de programme, et puis mon ami Williams nous fera voir ses chevaux de course qui sont au Pavillon des chasses, hors de la ville. » Avant de déjeuner à l’Union Club, nous allâmes prendre l’ami Williams. Il vendait du madapolam dans une petite rue pleine de boutiques, de réclames et de mouvement. La devanture ressemblait à toutes les devantures ; le nom de Williams and C° s’y étalait en lettres d’or ; l’intérieur était vaste, en forme de galerie, avec des comptoirs très longs, beaucoup d’employés, quelques acheteurs et des piles invraisemblables de tous les madapolams existant à la surface du globe. A droite, en entrant, se trouvait la caisse ; assis sur un siège mobile, très élevé, un jeune homme d’environ trente ans, élégamment vêtu, l’air distingué, donnait des acquits ; il leva les yeux, nous salua d’un sourire et continua sa besogne, non sans dire à mon compagnon entre deux signatures : « Superbe journée hier ! mon cheval a sauté magnifiquement. » — L’image de ce cheval de prix sautant ces comptoirs et ces piles de madapolam me resta longtemps dans l’esprit.
-DU NORD AU SUD. 235 puérils sont joints à des statistiques du plus haut intérêt; on ne sait pas choisir, on veut tout embrasser, tout savoir.... Un brave professeur, dans un meeting, demande au pays une trentaine de millions pour fonder une université monstre où, à l’aide de traitements invraisemblables, on réunira les maîtres les plus en renom du monde entier. Gomme le bon sens perd rarement ses droits, l’auditoire se rend compte que le projet est chimérique et ne l’adopte pas. Mais l’orateur a donné la note de toutes les ambitions, de toutes les ardeurs, de tous les désirs de cette société dévorée de zèle, qui veut s’approprier tout ce que l’univers possède et surtout tout ce qu’il saitl Yoil h ce qui fait de Chicago la vraie capitale de l’Amérique; c’est qu’elle est le centre do l’américanisme, qui n’est pas, comme on se le Figure trop souvent, une folie transitoire, un détrnquago social, ou bien un accès d’exubérance juvénile, mais, qui représente une phase parfaitement logique cl déterminée de l’évolution humaine. L’américanisme est le résultat d’une triple combinaison do race, de sol et d’époque; il a fallu le sang anglo-saxon, le continent immense et fer-
+{{t3|{{rom-maj|XIV|14}}}} {{interligne}} {{interligne}} Faire des affaires pour soi, cela n’exclut pas d’ailleurs un dévouement profond au bien public. Cet homme occupé n’a pas été égoïste depuis sept heures du matin jusqu’à sept heures du soir ; il a mené son usine, donné des ordres à ses correspondants, joué à la bourse ; mais, en plus de cela, il a siégé dans des commissions, parlé en public, fondé de ces œuvres d’initiative privée qui prospèrent si rapidement. Le mouvement des idées n’est pas inférieur au mouvement des affaires et les savants eux-mêmes (car il y en a) sont emportés par le tourbillon. On imprime tout, on publie tout, on a soif de progrès scientifique. Des documents insignifiants sont mêlés à des études de premier ordre ; des renseignements
-236 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. tilc, le siècle savant et chercheur, pour le pro r (luire. Il envahit peu h pou. Los Canadiens 9 n’échappent pas h son influence; les Etats du Sud, que l’abolition do l’esclavage a ruinés, revivent par son souffle; les contrées lointaines, la République Argentine, le Chili, lui confient leur avenir; et, de môme que la météorologie nous annonce les bourrasques qui nous viennent de * i l’ouest h travers l’Océan, de môme des symptômes nombreux font pressentir sa venue dans nos vieux pays d’Europe. Déjà il nous a transformés, nous autres Français, d’une façon bien N plus profonde que nous ne le supposons. Il détruit nos légendes, il bouleverse nos sentiments, il (rouble notre vue, mais il est impuissant contre les âmes, contre les patries et contre t Dieu. C’est simplement un état nouveau, soiïs * V lequel on peut, comme sous tous les états, tendre à la perfection; une forcé* que l’on peut, comme toutes les forces, comprendre, régir et utiliser. "i
+{{sc du nord au sud. puérils sont joints à des statistiques du plus haut intérêt ; on ne sait pas choisir, on veut tout embrasser, tout savoir.... Un brave professeur, dans un meeting, demande au pays une trentaine de millions pour fonder une université monstre où, à l’aide de traitements invraisemblables, on réunira les maîtres les plus en renom du monde entier. Comme le bon sens perd rarement ses droits, l’auditoire se rend compte que le projet est chimérique et ne l’adopte pas. Mais l’orateur a donné la note de toutes les ambitions, de toutes les ardeurs, de tous les désirs de cette société dévorée de zèle, qui veut s’approprier tout ce que l’univers possède et surtout tout ce qu’il sait ! Voilà ce qui fait de Chicago la vraie capitale de l’Amérique ; c’est qu’elle est le centre de l’américanisme, qui n’est pas, comme on se le figure trop souvent, une folie transitoire, un détraquage social, ou bien un accès d’exubérance juvénile, mais, qui représente une phase parfaitement logique et déterminée de l’évolution humaine. L’américanisme est le résultat d’une triple combinaison de race, de sol et d’époque ; il a fallu le sang anglo-saxon, le continent immense et fer-
-* Quand les brumes jaunâtres se promènent dans les rues, Chicago ressemble h Londres. Saint-Louis ressemble h Chicago avec une nuance de laisser-aller et quelque chose de moins posé, de moins puissant; son essor semble lent et pénible, comme le cours du fleuve qui transporte ses navires. Le Mississipi en cet endroit roule ses flots sablonneux entre des berges plates dont rien n’interrompt les lignes monotones. Sa largeur n’est pas consi- . r dérablc et il porte aussi mal que possible son titre de Porc des Eaux. Deux universités se partagent la jeunesse studieuse de Saint-Louis. L’une, la plus ancienne, appartient aux jésuites; elle date de 1832 et tout récemment s’est transportée dans de beaux édifices gothiques élevés avec le pro?
+236 {{sc universités transatlantiques. tile, le siècle savant et chercheur, pour le produire. Il envahit peu à peu. Les Canadiens n’échappent pas à son influence ; les États du Sud, que l’abolition de l’esclavage a ruinés, revivent par son souffle ; les contrées lointaines, la République Argentine, le Chili, lui confient leur avenir ; et, de même que la météorologie nous annonce les bourrasques qui nous viennent de l’ouest à travers l’Océan, de même des symptômes nombreux font pressentir sa venue dans nos vieux pays d’Europe. Déjà il nous a transformés, nous autres Français, d’une façon bien plus profonde que nous ne le supposons. Il détruit nos légendes, il bouleverse nos sentiments, il trouble notre vue, mais il est impuissant contre les âmes, contre les patries et contre Dieu. C’est simplement un état nouveau, sous lequel on peut, comme sous tous les états, tendre à la perfection ; une force, que l’on peut, comme toutes les forces, comprendre, régir et utiliser.
-238 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. duit do la vonto dos lorrains qu’occupaicnl les anciens bâtiments, au centre de la ville. Les élèves viennent chaque jour à huit heures et demie; les catholiques assistent à la messe, et c’est, bien entendu, la majorité. Ils sont libres à deux heures ; c’est la même organisation qu’au Boston College et je retrouve aussi la même indifférence à l’égard des jeux, des associations, do la vie universitaire. Les élèves qui sont celte année 425, appartenant aux classes préparatoires et à l’université proprement dite, se groupent s’ils le désirent pour ces divers objets. * Mais leurs maîtres s’en désintéressent; ils ne prêtent leur concours qu’à une société littéraire +. et 1 à une congrégation de la sainte Vierge. t L’université Washington est plus entrepre- liante. Elle a été fondée en 1853 et on l’a inaugurée en 1857. Depuis cette époque, elle s’est < H accrue d’une faculté de droit, d’une école poly* techiïique, d’une école des beaux-arts et d’une école de bçitanique. Elle a aussi trois annexe^ : * la Smith Academy, qui est une école prépara , p toire pour les garçons, le Mary Instituiez pour les filles* enfin le Manual Training School, destiné à former des « ouvriers supérieurs»,
+{{t3|{{rom-maj|XV|15}}}} {{interligne}} {{interligne}} Quand les brumes jaunâtres se promènent dans les rues, Chicago ressemble à Londres. Saint-Louis ressemble à Chicago avec une nuance de laisser-aller et quelque chose de moins posé, de moins puissant ; son essor semble lent et pénible, comme le cours du fleuve qui transporte ses navires. Le Mississipi en cet endroit roule ses flots sablonneux entre des berges plates dont rien n’interrompt les lignes monotones. Sa largeur n’est pas considérable et il porte aussi mal que possible son titre de Père des Eaux. Deux universités se partagent la jeunesse studieuse de Saint-Louis. L’une, la plus ancienne, appartient aux jésuites ; elle date de 1832 et tout récemment s’est transportée dans de beaux édifices gothiques élevés avec le pro-
-DU NORD AU SUD. 239 c’osL-à-diro des forgerons, des charpentiers, des ébénistes qui sauront également l’algèbre, la géométrie, les sciences physiques, l’économie politique, l’histoire et la géographie, et qui manieront leur langue aussi facilement et aussi élégamment que le bois et le fer. Les fondateurs de cette institution ne paraissent pas avoir voulu donner à des ouvriers une teinture littéraire et scientifique, mais, bien au contraire, donner à des étudiants l’habitude des travaux manuels. C’est, à leurs yeux, le moyen de rendre l’éducation « plus symétrique » ; ils cherchent ainsi à relever moralement le travail manuel et à le mettre presque sur le même rang que le travail intellectuel. Il y a une forte dose d’utopie dans leurs déclarations et un peu d’obscurité; on a multiplié les explications et les détails dans le prospectus, sans arriver à donner une idée bien nette du but poursuivi , et cependant il est certain que le
+238 {{sc universités transatlantiques. duit de la vente des terrains qu’occupaient les anciens bâtiments, au centre de la ville. Les élèves viennent chaque jour à huit heures et demie ; les catholiques assistent à la messe, et c’est, bien entendu, la majorité. Ils sont libres à deux heures ; c’est la même organisation qu’au Boston College et je retrouve aussi la même indifférence à l’égard des jeux, des associations, de la vie universitaire. Les élèves qui sont cette année 425, appartenant aux classes préparatoires et à l’université proprement dite, se groupent s’ils le désirent pour ces divers objets. Mais leurs maîtres s’en désintéressent ; ils ne prêtent leur concours qu’à une société littéraire et à une congrégation de la sainte Vierge. L’université Washington est plus entreprenante. Elle a été fondée en 1853 et on l’a inaugurée en 1857. Depuis cette époque, elle s’est accrue d’une faculté de droit, d’une école polytechnique, d’une école des beaux-arts et d’une école de botanique. Elle a aussi trois annexes : la Smith Academy, qui est une école préparatoire pour les garçons, le Mary Institute, pour les filles, enfin le
-Training School répond à un courant ; l’avenir établira si ce courant correspond à un besoin. Les universités ouvrières existent déjà ; on peut donner cç nom à ces sociétés anglaises qui ont prospéré si rapidement et qui répandent partout la haute
+Training School, destiné à former des « ouvriers supérieurs »,
-240 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES, culture, jusqu’ici réservée aux classes privilé î j 1 giées. Elles accomplissent une œuvre île vraie et saine démocratie et, d’autre part , il y a long + * 4 4 temps que, dan^ les écoles anglaises, on met des outils et des instructeurs à la disposition des élèves, afin qu’ils sachent remuer leurs doigts. _ ’ ■ Je trouve cela excellent, mais aller au delà, c’est tomber dans l’exagération , ■ L’école des « beaux-arts à l’université Washington est la plus remarquable de ce genre que j’aie vue civ Amérique, Il est vrai qu’elle est entre les mains d’un véritable artiste, qui n’a pas seulement pour l’art celte admiration un peu béate et irraisonnée de certains enri-* N N cliis, mais qui possède l’instinct et le goût des belles choses. Quand il achète un de nos tableaux pour son musée naissant, il sait fort bien pourquoi il l’achète et quel parti il en tirera; mais il ne se borne pas aux tableaux. Il a rapporté de Dijon une cheminée monumentale d’un style f * assez pur jot, sous sa direction, ses élèves l’ont % réparée; puis ils lui ont assorti des meubles * ■ de toute sorte, un plafond,: des boiseries, des portes et l’appartement complet ainsi formé a, ma foi, très bonne tournure !
+{{sc du nord au sud. c’est-à-dire des forgerons, des charpentiers, des ébénistes qui sauront également l’algèbre, la géométrie, les sciences physiques, l’économie politique, l’histoire et la géographie, et qui manieront leur langue aussi facilement et aussi élégamment que le bois et le fer. Les fondateurs de cette institution ne paraissent pas avoir voulu donner à des ouvriers une teinture littéraire et scientifique, mais, bien au contraire, donner à des étudiants l’habitude des travaux manuels. C’est, à leurs yeux, le moyen de rendre l’éducation « plus symétrique » ; ils cherchent ainsi à relever moralement le travail manuel et à le mettre presque sur le même rang que le travail intellectuel. Il y a une forte dose d’utopie dans leurs déclarations et un peu d’obscurité ; on a multiplié les explications et les détails dans le prospectus, sans arriver à donner une idée bien nette du but poursuivi, et cependant il est certain que le Manual Training School répond à un courant ; l’avenir établira si ce courant correspond à un besoin. Les universités ouvrières existent déjà ; on peut donner ce nom à ces sociétés anglaises qui ont prospéré si rapidement et qui répandent partout la haute
-i Je me suis amusé à faire le relevé des diverses professions embrassées par les élèves du Manual Training School. Sur les trente qui composaient la promotion de 1884, il y en a cinq ingénieurs, onze dans les affaires, quatre dans renseignement; deux sont ouvriers ; les autres exercent les métiers les plus divers, commis voyageurs, fermiers, employés de commerce.... Quelques-uns ont poussé plus loin leurs études libérales. L’université Washington, avec ses annexes, représente une population de 1 400 élèves ; elle deviendra sans doute un centre intellectuel de premier ordre. Jusqu’ici, on ne s’est pas préoccupé de la loger magnifiquement; elle a ce qu’il lui faut, y compris un gymnase, mais elle IC
+240 {{sc universités transatlantiques. culture, jusqu’ici réservée aux classes privilégiées. Elles accomplissent une œuvre de vraie et saine démocratie et, d’autre part, il y a longtemps que, dans les écoles anglaises, on met des outils et des instructeurs à la disposition des élèves, afin qu’ils sachent remuer leurs doigts. Je trouve cela excellent, mais aller au delà, c’est tomber dans l’exagération. L’école des beaux-arts à l’université Washington est la plus remarquable de ce genre que j’aie vue en Amérique, Il est vrai qu’elle est entre les mains d’un véritable artiste, qui n’a pas seulement pour l’art cette admiration un peu béate et irraisonnée de certains enrichis, mais qui possède l’instinct et le goût des belles choses. Quand il achète un de nos tableaux pour son musée naissant, il sait fort bien pourquoi il l’achète et quel parti il en tirera ; mais il ne se borne pas aux tableaux. Il a rapporté de Dijon une cheminée monumentale d’un style assez pur et, sous sa direction, ses élèves l’ont réparée ; puis ils lui ont assorti des meubles de toute sorte, un plafond, des boiseries, des portes et l’appartement complet ainsi formé a, ma foi, très bonne tournure !
--U. 242 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. i no paye pas do niino ot paraît tenir avant tout a f j à la valeur de scs diplômes, ce qui est d’un bon augure, Par là, .elle se rapproche quelque peu des universités, du Sud et de l’Ouest, où toutes les forces ot toutes les ressources sont tournées vers la science; tendance heureuse, si toutefois la multiplicité des connaissances ne nuit i pas à leur profondeur ! t t ï \ r P m __ - ■- J * " - r- ^ f- 1
+{{t3|{{rom-maj|XVI|16}}}} {{interligne}} {{interligne}} Je me suis amusé à faire le relevé des diverses professions embrassées par les élèves du Manual Training School. Sur les trente qui composaient la promotion de 1884, il y en a cinq ingénieurs, onze dans les affaires, quatre dans l’enseignement ; deux sont ouvriers ; les autres exercent les métiers les plus divers, commis voyageurs, fermiers, employés de commerce.... Quelques-uns ont poussé plus loin leurs études libérales. L’université Washington, avec ses annexes, représente une population de 1400 élèves ; elle deviendra sans doute un centre intellectuel de premier ordre. Jusqu’ici, on ne s’est pas préoccupé de la loger magnifiquement ; elle a ce qu’il lui faut, y compris un gymnase, mais elle
-\ XVII Ce matin, nous avons passé l’Ohio. Le train parcourt une région d’aspect assez misérable : des villages sont disséminés h droite et h gauche : aux stations, des nègres et des négresses revêtus de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel viennent nous adresser quelques grimaces. Tous les mômes, cos villages : un grand bazar * * a toit plat, un hôtel, des chevaux sellés. Puis les bois reprennent, coupés de prairies à longues herbes. Des lianes commencent à enserrer ’ ■ ■ ’ f* les arbres. Dans le car, on cause ; les gens ont l’air plus aimables et moins affairés. Le dômes- V tique nègre est plein de prévenances; il vient nous offrir ses services de temps à autre, me - ■ - t ” ■ - - ■ ~ ’ r -, -■ - j 1 ■’ -V 4
+242 {{sc universités transatlantiques. ne paye pas de mine et paraît tenir avant tout à la valeur de ses diplômes, ce qui est d’un bon augure. Par là, elle se rapproche quelque peu des universités du Sud et de l’Ouest, où toutes les forces et toutes les ressources sont tournées vers la science ; tendance heureuse, si toutefois la multiplicité des connaissances ne nuit pas à leur profondeur !
-■y.;’: ’ 1 ’■ _ _ r * * i 244 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES, ;V - . 1 ■’ * , demande mon âge, s’enquiert s’il y a des * 7 - * t P ^ : wagons-lits en France, et, le soir venu, au moment où le train s’arrête, prononce avec un 1 ’ ’ 1 * ■ \ , { bon sourire hospitalier, ces mots longtemps ^ ■■ ■ ~t- - * attendus : New Orléans! Louisiane ! f . - ► * „ ’ " { ~ 2 t t ^ ji - ■ J ^ ^ v 1 V . T* ^ " - _ ’ > ^ ^ ^ 1 ’ r.;- - — . , -i ^ ■ *
+{{t3|{{rom-maj|XVII|17}}}} {{interligne}} {{interligne}} Ce matin, nous avons passé l’Ohio. Le train parcourt une région d’aspect assez misérable : des villages sont disséminés à droite et à gauche : aux stations, des nègres et des négresses revêtus de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel viennent nous adresser quelques grimaces. Tous les mêmes, ces villages : un grand bazar à toit plat, un hôtel, des chevaux sellés. Puis les bois reprennent, coupés de prairies à longues herbes. Des lianes commencent à enserrer les arbres. Dans le car, on cause ; les gens ont l’air plus aimables et moins affairés. Le domestique nègre est plein de prévenances ; il vient nous offrir ses services de temps à autre, me
+244 {{sc universités transatlantiques. demande mon âge, s’enquiert s’il y a des wagons-lits en France, et, le soir venu, au moment où le train s’arrête, prononce avec un bon sourire hospitalier, ces mots longtemps attendus : New Orleans ! Louisiana !
+louisiane floride, virginie
-f I Sous un ciel d’une pureté parfaite, par une température presque trop élevée, nous sortons dé notre immense hôtel plein de colonnes, de portiques, de lustres et de punaises.... La rue est bordée de gale ries- vérandas, sous lesquelles flâne toute une population de mulâtres et de quarterons; les étalages sont à moitié dehors; là-haut courent les fils télégraphiques qui, avec les tramways et le drapeau étoilé, indiquent seuls FUnion américaine; pour le reste, c’est le Sud avec sa douce et facile insouciance. Nous » gagnons Canal Street, qui est la principale artère de la cité. Au centre, il y a des herbes folles et de grands arbres; sous les vérandas, de nombreuses boutiques. Peu à peu, les maisons s’éclaircissent ; puis vient un quartier pauvre;
-UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. 248 les égouts en plein air sont d’infects marécages pleins de détritus. Des négresses débraillées bavardent ou s’injurient d’une porte à l’autre. r Des magnolias; des palmiers, des bananiers détachent sur l’azur leur feuillage exotique. Il n!y a pas de port proprement dit, mais un plancher interminable posé sur des pilotis et sous lequel les flots du Mississipi viennent mourir doucement., Cinq cents bateaux sont amarrés, l’arriére au quai. Ils ont amené parla voie du fleuve ces balles de coton que les navires d’Europe vont emporter. Il y en a de véritables * T amoncellements, d’où s’échappent des flocons blanchâtres qui flottent en l’air et couvrent le sol d’une sorte de neige. Les bateaux du Mis K * sissipi sont larges et plats; la cargaison s’y entasse à l’air libre jusqu’au tri», qui forme ter : i rasse et porte les logements; la machine est à l’arrière : deux longs tuyaux noirs entre lesquels se lit, posé sur un grillage imperceptible, le nom du propriétaire ou le monogramme d’une compagnie de transports, achèvent de leur donner un aspect d’animal méchant et terrible. Rien -no vaut ici le mois de novembre pour ranimation et le pittoresque. C’est l’époque
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} Sous un ciel d’une pureté parfaite, par une température presque trop élevée, nous sortons de notre immense hôtel plein de colonnes, de portiques, de lustres et de punaises.... La rue est bordée de galeries-vérandas, sous lesquelles flâne toute une population de mulâtres et de quarterons ; les étalages sont à moitié dehors ; là-haut courent les fils télégraphiques qui, avec les tramways et le drapeau étoilé, indiquent seuls l’Union américaine ; pour le reste, c’est le Sud avec sa douce et facile insouciance. Nous gagnons Canal Street, qui est la principale artère de la cité. Au centre, il y a des herbes folles et de grands arbres ; sous les vérandas, de nombreuses boutiques. Peu à peu, les maisons s’éclaircissent ; puis vient un quartier pauvre ;
-LOUISIANE, FLORIDE, VIBGINIE. 240 où lo coton règne en maître; on le voit passer empilé sur des charrettes que couronne . un groupe de nègres chantant des chansons et des bamboulas étranges. La blancheur de la marchandise fait ressortir la peau noire des ouvriers et, sur tout cela, le soleil méridional jetlc des nuances chaudes et vibrantes. L’arrivée d’un steamer, annoncée à coups de cloche, met tout en mouvement; chacun se précipite pour aider au débarquement.... Sur des barils de café, d’érable ou d’indigo, portant le nom des plantations qui les ont fournis, des marins anglais sont assis gravement qui regardent ce tohu-bohu,... et puis la lumière s’adoucit, décroît très vite, presque sans crépuscule; des fanaux électriques, montés sur des espèces de pyramides aériennes qui ont la forme de la Tour Eiffel, semblent des astres blancs dans le firmament assombri. 11 y a des bandes d’or vert là-bas, derrière les arbres, et des moustiques inoffensifs se croisent en l’air, très affairés.... t
+248 {{sc universités transatlantiques. les égouts en plein air sont d’infects marécages pleins de détritus. Des négresses débraillées bavardent ou s’injurient d’une porte à l’autre. Des magnolias, des palmiers, des bananiers détachent sur l’azur leur feuillage exotique. Il n’y a pas de port proprement dit, mais un plancher interminable posé sur des pilotis et sous lequel les flots du Mississipi viennent mourir doucement. Cinq cents bateaux sont amarrés, l’arrière au quai. Ils ont amené par la voie du fleuve ces balles de coton que les navires d’Europe vont emporter. Il y en a de véritables amoncellements, d’où s’échappent des flocons blanchâtres qui flottent en l’air et couvrent le sol d’une sorte de neige. Les bateaux du Mississipi sont larges et plats ; la cargaison s’y entasse à l’air libre jusqu’au toit, qui forme terrasse et porte les logements ; la machine est à l’arrière : deux longs tuyaux noirs entre lesquels se lit, posé sur un grillage imperceptible, le nom du propriétaire ou le monogramme d’une compagnie de transports, achèvent de leur donner un aspect d’animal méchant et terrible. Rien ne vaut ici le mois de novembre pour l’animation et le pittoresque. C’est l’époque
-II 1 I > Nous voici repartis dès le matin; cette fois nous suivons Canal Street jusqu’au bout, jusqu’à d’immenses cimetières remplis de fleurs, d’ombre et de chants d’oiseaux; les monu Ü T monts de marbre blanc qui parsèment les pelouses sont couverts de sculptures et d’ornements. A l’entrée» sur un tertre de gazon, la i statue de bronze du général Johnston à cheval, l’épée étendue, dressé sur ses étriers, regardant au loin vers rennèmi! Sous le tertre que traverse une Voûte de marbre, sont les tombes des soldats confédérés. On n’a pas idée du calme joyeux qui règne lu, dans cette enceinte de magnolias, de chênes verts et de lauriers. C’est un monde extravagant, presque un autre
+{{sc louisiane, floride, virginie. où le coton règne en maître ; on le voit passer empilé sur des charrettes que couronne un groupe de nègres chantant des chansons et des bamboulas étranges. La blancheur de la marchandise fait ressortir la peau noire des ouvriers et, sur tout cela, le soleil méridional jette des nuances chaudes et vibrantes. L’arrivée d’un steamer, annoncée à coups de cloche, met tout en mouvement ; chacun se précipite pour aider au débarquement.... Sur des barils de café, d’érable ou d’indigo, portant le nom des plantations qui les ont fournis, des marins anglais sont assis gravement qui regardent ce tohu-bohu,... et puis la lumière s’adoucit, décroît très vite, presque sans crépuscule ; des fanaux électriques, montés sur des espèces de pyramides aériennes qui ont la forme de la Tour Eiffel, semblent des astres blancs dans le firmament assombri. Il y a des bandes d’or vert là-bas, derrière les arbres, et des moustiques inoffensifs se croisent en l’air, très affairés....
-LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 251 univers, le vestibule de l’autre, vie! Un cortège funèbre s’arrête devant un long rectangle de pierre, qui disparait à moitié sous un manteau de vignes vierges. Il y en a d’autres, un peu plus loin : ce sont des catacombes en plein air* La place occupée par chaque cercueil est * fermée par une plaque blanche, sur laquelle on a gravé le nom et l’Age de celui qui dort là. Sortis de ces cimetières, nous continuons loin, très loin dans la campagne jusqu’à un vieil arbre au tronc noueux, près duquel nous nous reposons. La chaleur est extrême à celte heure de midi ; trois chevaux qui errent librement se sont arrêtés un instant pour nous regarder; ils marchent vers une lisière d’arbres auxquels les lichens donnent une apparence fantastique; ces lichens décolorés, presque gris, s’accrochent partout, même dans la ville; ils h s’agitent au moindre souflle comme des chinoiseries pendues là pour quelque fête déjà ancienne, et fanées maintenant. La Nouvelle-Orléans n’est plus visible; à peine distingue-t-on scs fumées qui montent légèrement dans le ciel. Une cabane, à quelque distance, est la seule trace
+{{t3|{{rom-maj|ii|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} Nous voici repartis dès le matin ; cette fois nous suivons Canal Street jusqu’au bout, jusqu’à d’immenses cimetières remplis de fleurs, d’ombre et de chants d’oiseaux ; les monuments de marbre blanc qui parsèment les pelouses sont couverts de sculptures et d’ornements. A l’entrée, sur un tertre de gazon, la statue de bronze du général Johnston à cheval, l’épée étendue, dressé sur ses étriers, regardant au loin vers l’ennemi ! Sous le tertre que traverse une voûte de marbre, sont les tombes des soldats confédérés. On n’a pas idée du calme joyeux qui règne là, dans cette enceinte de magnolias, de chênes verts et de lauriers. C’est un monde extravagant, presque un autre
-252 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. d’habitation; accroupie sur le seuil, une sorcière noire nous fixe avec un mélange de méfiance et; d’hébétement; des pelures de banane l’cnyironncnt. Mon Dieu! qu’on se sent
+{{sc louisiane, floride, virginie. univers, le vestibule de l’autre vie ! Un cortège funèbre s’arrête devant un long rectangle de pierre, qui disparait à moitié sous un manteau de vignes vierges. Il y en a d’autres, un peu plus loin : ce sont des catacombes en plein air. La place occupée par chaque cercueil est fermée par une plaque blanche, sur laquelle on a gravé le nom et l’âge de celui qui dort là. Sortis de ces cimetières, nous continuons loin, très loin dans la campagne jusqu’à un vieil arbre au tronc noueux, près duquel nous nous reposons. La chaleur est extrême à cette heure de midi ; trois chevaux qui errent librement se sont arrêtés un instant pour nous regarder ; ils marchent vers une lisière d’arbres auxquels les lichens donnent une apparence fantastique ; ces lichens décolorés, presque gris, s’accrochent partout, même dans la ville ; ils s’agitent au moindre souffle comme des chinoiseries pendues là pour quelque fête déjà ancienne, et fanées maintenant. La Nouvelle-Orléans n’est plus visible ; à peine distingue-t-on ses fumées qui montent légèrement dans le ciel. Une cabane, à quelque distance, est la seule trace
-v > III Le président Preston Johnston, parent do l’illustre général sudiste dont nous avons vu ce matin la toirLc, a été lui-même colonel dans l’armée confédérée. Grand, maigre, énergique, il se fait remarquer surtout par sa politesse extrême et son urbanité. Si je croyais à la métempsycose, je jurerais qu’il a vécu jadis à Versailles, sous le grand Roi ; et c’est singulier d’entendre des choses très modernes dites dans ce style très ancien, avec un choix d’expressions et une dignité simple qui détonneraient dans tout le reste de l’Amérique . Mais hier, à l’Opéra-Français, où l’on jouait Mignon, j’ai déjà noté cet air de suprême distinction; les habits noirs et les robes décolletées riva * lisaient de correction et j’avais peine à nie fc
+252 {{sc universités transatlantiques. d’habitation ; accroupie sur le seuil, une sorcière noire nous fixe avec un mélange de méfiance et d’hébétement ; des pelures de banane l’environnent. Mon Dieu ! qu’on se sent loin !
-254 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. figurer que ces femmes au port do reine étaient d’ardentes républicaines, et que ces hommes à ■+ la démarche élégante avaient; aligné des chiffres \ " j tout le jour, ; j Après la guerre, le colonel Johnston, à l’exemple . du général Lee, s’est fait maître d’école. Il a eu la direction d’un collège n BAlon-Rougc, la capitale de la Louisiane. Il i Ta quittée <ppur venir présider l’université Tulanc. Depuis 1847, une université existait à la Nouvelle-Orléans, mais elle ne brillait ni * par sa richesse ni par le nombre de ses élu h ^ diants. Or, au mois de mai 1882, Paul Tulanc i faisait don à un groupe de ses amis d’une somme de 8 800 000 francs, en leur donnant w’ *■ la mission d’employer cet argent pour le bien intellectuel, moral et industriel » de la jeunesse louisianaisc. On s’entendit avec l’État i pour racheter l’université, qui prit-le nom du généreux donateur. Paul Tulanc, né en 1801, A Princeton (New i Jersey), était venu A la Nouvelle-Orléans il l’Age H de vingt et un ans pour y faire fortune. Un travail opiniAtre, une intelligence remarquable et une honnêteté scrupuleuse lui valurent, avec la r
+{{t3|{{rom-maj|iii|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le président Preston Johnston, parent de l’illustre général sudiste dont nous avons vu ce matin la tombe, a été lui-même colonel dans l’armée confédérée. Grand, maigre, énergique, il se fait remarquer surtout par sa politesse extrême et son urbanité. Si je croyais à la métempsycose, je jurerais qu’il a vécu jadis à Versailles, sous le grand Roi ; et c’est singulier d’entendre des choses très modernes dites dans ce style très ancien, avec un choix d’expressions et une dignité simple qui détonneraient dans tout le reste de l’Amérique. Mais hier, à l’Opéra-Français, où l’on jouait Mignon, j’ai déjà noté cet air de suprême distinction ; les habits noirs et les robes décolletées rivalisaient de correction et j’avais peine à me
-LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 555 fortune, l’estime de ses concitoyens d’adoption. Retiré des affaires, il n’eut plus d’autre désir que de leur donner un gage do sa reconnaissance et de son affection ; et, cherchant ce qu’il i pouvait faire pour eux, il se tourna vers cette force et cette raison d’ôtre des démocraties : l’éducation. L’université Tulanc comprend la faculté académique (littérature et sciences), la faculté do droit, la faculté de médecine; elle a pour annexes un higli school et une école pour les jeunes filles. La population scolaire atteint le * chiffro de 1100, mais» en dehors de la médecine, les facultés sont peu fréquentées. Sortis du High School, la plupart des élèves, qui sont des fds de ruinés, se mettent a l’ouvrage; leurs enfants, plus fortunés, pourront pousser jusqu’au bout leurs études libérales. On paye 400 francs par ail pour l’enseignement et on trouve h se loger dans des boarding-houses pour 100 francs par mois. « Mes jeunes gens, nie dit le président Johnston, sont très souples et faciles à manier, et ils ont en môme temps les qualités du Nord ! » Qu’ils ljes possèdent au i< môme degré que leurs rivaux de New York ou
+254 {{sc universités transatlantiques. figurer que ces femmes au port de reine étaient d’ardentes républicaines, et que ces hommes à la démarche élégante avaient aligné des chiffres tout le jour. Après la guerre, le colonel Johnston, à l’exemple du général Lee, s’est fait maître d’école. Il a eu la direction d’un collège à Bâton-Rouge, la capitale de la Louisiane. Il l’a quittée pour venir présider l’université Tulane. Depuis 1847, une université existait à la Nouvelle-Orléans, mais elle ne brillait ni par sa richesse ni par le nombre de ses étudiants. Or, au mois de mai 1882, Paul Tulane faisait don à un groupe de ses amis d’une somme de 5500000 francs, en leur donnant la mission d’employer cet argent pour le bien « intellectuel, moral et industriel » de la jeunesse louisianaise. On s’entendit avec l’État pour racheter l’université, qui prit le nom du généreux donateur. Paul Tulane, né en 1801, à Princeton (New Jersey), était venu à la Nouvelle-Orléans à l’âge de vingt et un ans pour y faire fortune. Un travail opiniâtre, une intelligence remarquable et une honnêteté scrupuleuse lui valurent, avec la
-256 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. do Chicago, j’en doute un peu, mais il est certain qu’ils acceptent crânement leur destinée et prennent, comme on dit « le taureau par les » cornes ». Leurs plaisirs favoris consistent à chasser et à pêcher. Ils montent aussi beaucoup, h cheval et font du yachting sur le lac Pontchar train. Quelques associations de football et de base-bail se sont récemment développées, mais les .sports individuels les passionnent surtout et, comme on peut louer des chevaux et des barques pour presque rien, et que la b chasse est à tout le monde, les moins bien par * tagés peuvent satisfaire leurs goûts athlétiques. Leurs maîtres font constamment appel à f honneur. La dose de liberté dont ils jouissent \ f est en raison des engagements qu’ils prennent par écrit de ne rien faire de contraire aux lois de l’université : « Ne signez pas, leur dit-on, si vous ne vous sentez pas de forcG à tenir votre promesse; mais, pour rien au monde, il ne faut y manquer! » Et plusieurs, en effet, r ■ préfèrent s’abstenir. Comme iiÀmherst, ils sont associés au gouvernement par le choix qu’ils font de délégués chargés de maintenir le bon ordre et la discipline. „
+{{sc louisiane, floride, virginie. fortune, l’estime de ses concitoyens d’adoption. Retiré des affaires, il n’eut plus d’autre désir que de leur donner un gage de sa reconnaissance et de son affection ; et, cherchant ce qu’il pouvait faire pour eux, il se tourna vers cette force et cette raison d’être des démocraties : l’éducation. L’université Tulane comprend la faculté académique (littérature et sciences), la faculté de droit, la faculté de médecine ; elle a pour annexes un high school et une école pour les jeunes filles. La population scolaire atteint le chiffre de 1100, mais, en dehors de la médecine, les facultés sont peu fréquentées. Sortis du High School, la plupart des élèves, qui sont des fils de ruinés, se mettent à l’ouvrage ; leurs enfants, plus fortunés, pourront pousser jusqu’au bout leurs études libérales. On paye 400 francs par an pour l’enseignement et on trouve à se loger dans des boarding-houses pour 100 francs par mois. « Mes jeunes gens, me dit le président Johnston, sont très souples et faciles à manier, et ils ont en même temps les qualités du Nord ! » Qu’ils les possèdent au même degré que leurs rivaux de New York ou
-I M. Paul Tulanc a stipule dans son acte de donation qu’il avait en vue l’éducation des blancs; Ü n’avait pas besoin de le .dire : les jeunes nègres assez oses pour se faire inscrire eussent passé de très mauvais quarts d’heure. Dans le Nord, noirs cl blancs sont sur le même pied; on voit meme de nombreuses écoles mixtes et le préjugé de race s’en va déclinant de plus en plus vite. Mais ici il subsiste dans toute sa force. Les nègres ont leurs cafés, leurs cars réservés dans les chemins de fer, leurs places au théâtre. Partout, ils doivent céder le pas aux blancs, même à l’église! Ils ont la majorité et pourraient, s’ils le voulaient, mettre fin à ces lion/ leuses distinctions; mais ils sont insouciants, * t désunis et très timides. L’esclavage les a I?
+256 {{sc universités transatlantiques. de Chicago, j’en doute un peu, mais il est certain qu’ils acceptent crânement leur destinée et prennent, comme on dit « le taureau par les cornes ». Leurs plaisirs favoris consistent à chasser et à pêcher. Ils montent aussi beaucoup à cheval et font du yachting sur le lac Pontchartrain. Quelques associations de foot-ball et de base-ball se sont récemment développées, mais les sports individuels les passionnent surtout et, comme on peut louer des chevaux et des barques pour presque rien, et que la chasse est à tout le monde, les moins bien partagés peuvent satisfaire leurs goûts athlétiques. Leurs maîtres font constamment appel à l’honneur. La dose de liberté dont ils jouissent est en raison des engagements qu’ils prennent par écrit de ne rien faire de contraire aux lois de l’université : « Ne signez pas, leur dit-on, si vous ne vous sentez pas de force à tenir votre promesse ; mais, pour rien au monde, il ne faut y manquer ! » Et plusieurs, en effet, préfèrent s’abstenir. Comme à Amherst, ils sont associés au gouvernement par le choix qu’ils font de délégués chargés de maintenir le bon ordre et la discipline.
-258 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES T laissés soumis à leurs anciens maîtres, et sans doute il faudra du temps pour que le sentiment de l’égalité .vienne aux uns et aux autres. ° • Quoi qu’il en 1 soit, la question nègre préoccupe à bon droit les hommes d’Etat américains et { leur fournit, de temps à autre, l’occasion de mettre au monde des projets excentriques. Un sénateur a proposé de les reconduire tous en Afrique : « C’est leur patrie d’origine, a-t-il dit; quelle glorieuse mission pour eux d’apporter à leurs frères restés dans la barbarie la civilisation qu’ils tiennent do nous! » J’espère qu’il se sera trouvé quelqu’un pour rire au nez du facétieux sénateur ; en tout cas les nègres ont H ri jaune! à la pensée de celte « glorieuse mission ». Vis-à-vis îles noirs, les blancs se croient tout permis; ils trichent aux élections dans le dépouillement des bulletins et ne craignent pas de s’en vanter ouvertement» En cas dcrquercllc, le noir a toujours tort; on lui parle comme à un chicii; et chacun fait de son mieux pour lui donner un idée bien nette de son infériorité; * or cette infériorité 11’est rien moins que prouvée. Après tant d’années do servitude, il n’est pas surprenant que l’intelligence soit lente à s’oti-
+{{t3|{{rom-maj|iv|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} M. Paul Tulane a stipulé dans son acte de donation qu’il avait en vue l’éducation des blancs ; il n’avait pas besoin de le dire : les jeunes nègres assez osés pour se faire inscrire eussent passé de très mauvais quarts d’heure. Dans le Nord, noirs et blancs sont sur le même pied ; on voit même de nombreuses écoles mixtes et le préjugé de race s’en va déclinant de plus en plus vite. Mais ici il subsiste dans toute sa force. Les nègres ont leurs cafés, leurs cars réservés dans les chemins de fer, leurs places au théâtre. Partout, ils doivent céder le pas aux blancs, même à l’église ! Ils ont la majorité et pourraient, s’ils le voulaient, mettre fin à ces honteuses distinctions ; mais ils sont insouciants, désunis et très timides. L’esclavage les a
-1 tr ü ^ LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 259 vrir. Dans les écoles les petits nègres apprennent à merveille et témoignent d’une grande facilité au travail. Puis cela s’arrête subitement; ils ne vont guère au delàd’uno certaine limite, mais cotte limite recule peu à peu ; en Europe, d’ailleurs, nous avons maints exemples, dans nos écoles, d’élèves nègres remportant les premiers prix et passant brillamment leurs examens. J’ajouterai que, le plus souvent, ces élèves, par leur aimable caractère et leur enjouement, se sont fait aimer de tous leurs camarades et sont devenus des favoris. C’est qu’en effet ils sont sympathiques, plus sympathiques que les êtres malpropres et pochards qui se sont parfois assis auprès de moi dans les chemins de fer d’Amérique, et auxquels j’aurais préféré comme voisins des nègres bien mis. *
+258 {{sc universités transatlantiques. laissés soumis à leurs anciens maîtres, et sans doute il faudra du temps pour que le sentiment de l’égalité vienne aux uns et aux autres. Quoi qu’il en soit, la question nègre préoccupe à bon droit les hommes d’État américains et leur fournit, de temps à autre, l’occasion de mettre au monde des projets excentriques. Un sénateur a proposé de les reconduire tous en Afrique : « C’est leur patrie d’origine, a-t-il dit ; quelle glorieuse mission pour eux d’apporter à leurs frères restés dans la barbarie la civilisation qu’ils tiennent de nous ! » J’espère qu’il se sera trouvé quelqu’un pour rire au nez du facétieux sénateur ; en tout cas les nègres ont ri jaune ! à la pensée de cette « glorieuse mission ». Vis-à-vis des noirs, les blancs se croient tout permis ; ils trichent aux élections dans le dépouillement des bulletins et ne craignent pas de s’en vanter ouvertement. En cas de querelle, le noir a toujours tort ; on lui parle comme à un chien ; et chacun fait de son mieux pour lui donner un idée bien nette de son infériorité ; or cette infériorité n’est rien moins que prouvée. Après tant d’années de servitude, il n’est pas surprenant que l’intelligence soit lente à s’ou-
-ir i i’ i t f i. i , i i \ i ^ /i * ’ Y * ’ T. H 4 l * h Rien dp plus pittoresque cl saisissant que le T paysage qui s’offre aux regards des voyageurs ^ i 1 entre la Nouvelle-Orléans et Mobile. La voie traverse des savanes et des forcis, ou bien suit le golfe du Mexique, dont les eaux lai i tcuses contrastent avec la verdure sombre des * pins. Le sol est constamment détrempé; çà et là un cours d’eau a eu la force de se faire son lit et serpente dans les herbes; mais la plupart des sources se répandent’ au hasard, ’sous les arbres, sans direction; les racines contournées se reflètent dans le miroir liquide et toujours les lichens gris, ces longs effilés de deuil, pendent, mêlés çà et là à des lianes verdoyantes. La ? ^ côte est très découpée et peu peuplée. Quelques villages pourtant, où le train’ s’arrête?
+{{sc louisiane, floride, virginie. vrir. Dans les écoles les petits nègres apprennent à merveille et témoignent d’une grande facilité au travail. Puis cela s’arrête subitement ; ils ne vont guère au delà d’une certaine limite, mais cette limite recule peu à peu ; en Europe, d’ailleurs, nous avons maints exemples, dans nos écoles, d’élèves nègres remportant les premiers prix et passant brillamment leurs examens. J’ajouterai que, le plus souvent, ces élèves, par leur aimable caractère et leur enjouement, se sont fait aimer de tous leurs camarades et sont devenus des favoris. C’est qu’en effet ils sont sympathiques, plus sympathiques que les êtres malpropres et pochards qui se sont parfois assis auprès de moi dans les chemins de fer d’Amérique, et auxquels j’aurais préféré comme voisins des nègres bien mis.
-I* -1 LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 2GI des enfants nous vendent, pour’ cinq sous, des branches d’oranger portant do gros fruits jaune d’or dont le parfum emplit le wagon ; et nous voici dans l’Alahama, dont le nom poétique signifie : lîere 10 e rest , « Ici, nous nous reposons ». Nous ne nous y reposons que 1*5 minutes, le temps de dîner avec un tas de petits plats qui rappellent la cuisine japonaise de Mme Chrysanthème. ** 1 .’S-". * S t - h E 4 -
+{{t3|{{rom-maj|v|5}}}} {{interligne}} {{interligne}} Rien de plus pittoresque et saisissant que le paysage qui s’offre aux regards des voyageurs entre la Nouvelle-Orléans et Mobile. La voie traverse des savanes et des forêts, ou bien suit le golfe du Mexique, dont les eaux laiteuses contrastent avec la verdure sombre des pins. Le sol est constamment détrempé ; çà et là un cours d’eau a eu la force de se faire son lit et serpente dans les herbes ; mais la plupart des sources se répandent au hasard, sous les arbres, sans direction ; les racines contournées se reflètent dans le miroir liquide et toujours les lichens gris, ces longs effilés de deuil, pendent, mêlés çà et là à des lianes verdoyantes. La côte est très découpée et peu peuplée. Quelques villages pourtant, où le train s’arrête :
-t y } I i f t I F : i t * Le déjeuner du lendemain a lieu lui pleine campagne, dans une petite auberge ioule basse, entourée d’énormes bananiers. Les murs sont blanchis à la chaux; il y a sur la labié une nappe blanche et bleue, de grands bols de lail et des petits gâteaux a la noix de coco. Le mécanicien et le conducteur mangent avec nous en jetant par-ci par-là un regard vers les wagons, arrêtés b cinquante métrés et a moitié dissimulés par la verdure. Un énornie perroquet raconte des histoires très drôles.... i \
+{{sc louisiane, floride, virginie. des enfants nous vendent, pour cinq sous, des branches d’oranger portant de gros fruits jaune d’or dont le parfum emplit le wagon ; et nous voici dans l’Alabama, dont le nom poétique signifie : Here we rest, « Ici, nous nous reposons ». Nous ne nous y reposons que 15 minutes, le temps de dîner avec un tas de petits plats qui rappellent la cuisine japonaise de Mme Chrysanthème.
-* Tallahassee csl la capitale de la Floride, i mais Jackson ville en est la principale cité. Ses avenues sablonneuses, ses squares trop grands, ses innombrables hôtels où s’entassent, pour rhiver, des malades, des détraqués et des rhumatisants lui donnent un aspect 1res caracté ristique et peu attrayant. Mais c’est un centre d’excursions*, des vapeurs remontent la rivière Saint-Jean, un chemin do fer joujou conduit à Saint-Augustin et un autre vous dépose en trois quarts d’heure sur la plage de Pablo-Beaeh. A celle époque de l’année, Pablo-Beaeh est désert, absolument désert, h ce point que nous n’y pouvons trouver que des oranges et des cigarettes. Mais il v a l’Océan vide et indéfini, la plage de sable et un arrière-plan de palmiers
+{{t3|{{rom-maj|vi|6}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le déjeuner du lendemain a lieu en pleine campagne, dans une petite auberge toute basse, entourée d’énormes bananiers. Les murs sont blanchis à la chaux ; il y a sur la table une nappe blanche et bleue, de grands bols de lait et des petits gâteaux à la noix de coco. Le mécanicien et le conducteur mangent avec nous en jetant par-ci par-là un regard vers les wagons, arrêtés à cinquante mètres et à moitié dissimulés par la verdure. Un énorme perroquet raconte des histoires très drôles....
-264 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. nains; il n’en faut pas tant pour passer agréablement Jeux heures. Quant à’ Saint-Augustin , c’est un Edcn Je deux mille habitants \ ’ Télé, de dix mille l’hiver : c’est aussi la plus vieille fondation européenne de toute l’Amériquc. ! L’Espagne y a laissé l’empreinte de son architecture, mais non de sa malpropreté. L’Amérique, elle, n’y a rien apporté , ni i alfaires, ni bourse, ni mouvement commercial. Les indigènes sont de braves pécheurs décoratifs qui louent des bateaux et vendent des, curiosités; la municipalité n’a d’autre souci que d’embellir les places publiques; il n’y a pas de lourdes charrettes pour défoncer les nies ou écorner les trottoirs : tout est frais, joli, élégant, soigné; quant aux hôtels, ils * 4 délient toute description : nulle part au monde il n’en existe de pareils. Bâtis en pierres grises et polies qui ont lé reflet du marbre, couverts d’ornements de terre cuite du plus gracieux effet, ils empruntent aux styles hindou et mexicain des lignes originales et hardies, ii t la Renaissance ses bas-reliefs et scs chapiteaux, au plein cintre scs arcs do cercle.... Bref, ce sont des œuvres absurdes, couguos en dehors
+{{t3|{{rom-maj|vii|7}}}} {{interligne}} {{interligne}} Tallahassee est la capitale de la Floride, mais Jacksonville en est la principale cité. Ses avenues sablonneuses, ses squares trop grands, ses innombrables hôtels où s’entassent, pour l’hiver, des malades, des détraqués et des rhumatisants lui donnent un aspect très caractéristique et peu attrayant. Mais c’est un centre d’excursions ; des vapeurs remontent la rivière Saint-Jean, un chemin de fer joujou conduit à Saint-Augustin et un autre vous dépose en trois quarts d’heure sur la plage de Pablo-Beach. A cette époque de l’année, Pablo-Beach est désert, absolument désert, à ce point que nous n’y pouvons trouver que des oranges et des cigarettes. Mais il y a l’Océan vide et indéfini, la plage de sable et un arrière-plan de palmiers
-LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 265 do loulcs les règles, mais, par ailleurs, sédui r ’ saules au suprême degré et inimitables. L’hôtel Ponce de Léon est entouré d’un jardin exotique qui fait rêver. L’hôtel Cordoba évoque l’image * ^ d’un palais des Mille et une Nuits. L’hôtel Àlcazar possède une cour intérieure où jouent des fontaines et une piscine immense bordée de promenoirs. Tout cela resplendit sous le ciel bleu, sous les reflets chatoyants de la lumière vive; c’est une féerie, une magie, un éblouissement. A l’extrémité de la pclitc ville, un vieux fort construit en 1756, sous le gouverneur espagnol . don Àlonzo Fernando llcrida, dresse scs bastions r et ses tours. L’eau de l’Océan vient caresser les * eonlrcforts; une grande île plate ferme la rade cl au delà on aperçoit les crêtes d’écume des vagues. Tout près du fort, de gros poissons se montrent par instants, faisant mille cabrioles; tout le monde flâne et s’amuse ici, même les poissons. Des vélocipèdes, des chevaux sellés attendent les promeneurs. Quand la saison battra son plein, ce sera bien autre chose. Il y aura un mouvement inouï dans les rues et des fêtes presque chaque soir. Les jeunes gens flirteront et les maîtres d’hôtel saleront les notes.
+264 {{sc universités transatlantiques. nains ; il n’en faut pas tant pour passer agréablement deux heures. Quant à Saint-Augustin, c’est un Eden de deux mille habitants l’été, de dix mille l’hiver : c’est aussi la plus vieille fondation européenne de toute l’Amérique. L’Espagne y a laissé l’empreinte de son architecture, mais non de sa malpropreté. L’Amérique, elle, n’y a rien apporté, ni affaires, ni bourse, ni mouvement commercial. Les indigènes sont de braves pêcheurs décoratifs qui louent des bateaux et vendent des curiosités ; la municipalité n’a d’autre souci que d’embellir les places publiques ; il n’y a pas de lourdes charrettes pour défoncer les rues ou écorner les trottoirs : tout est frais, joli, élégant, soigné ; quant aux hôtels, ils défient toute description : nulle part au monde il n’en existe de pareils. Bâtis en pierres grises et polies qui ont le reflet du marbre, couverts d’ornements de terre cuite du plus gracieux effet, ils empruntent aux styles hindou et mexicain des lignes originales et hardies, à la Renaissance ses bas-reliefs et ses chapiteaux, au plein cintre ses arcs de cercle.... Bref, ce sont des œuvres absurdes, conçues en dehors
-y VIII Dans le car qui va nous ramener à Jacksonville, il y a une femme d’environ quarante ans, É vêtue avec élégance; son visage est très Iégc ■k. rement teinté, si légèrement que je ne m’en aperçois pas tout d’abord. Mais au moment où le train va s’ébranler, le conducteur lui parle a l’oreille ; elle fait signe que non ; il insiste et élève la voix, et bientôt chacun comprend le sujet de la querelle. Celte femme a un peu de sang nègre dans les veines; sa fortune; sa distinction ne la mettent pas à l’abri de la loi. Il faut qu’elle^ émigre dans le car des nègres, qui est aussi celui des fumeurs, qui est sale et + inconfortable. Elle proteste; alors le conducteur appelle son camarade et, sans plus de façons, ils la prennent sous les bras et* comme
+{{sc louisiane, floride, virginie. de toutes les règles, mais, par ailleurs, séduisantes au suprême degré et inimitables. L’hôtel Ponce de Léon est entouré d’un jardin exotique qui fait rêver. L’hôtel Cordoba évoque l’image d’un palais des Mille et une Nuits. L’hôtel Alcazar possède une cour intérieure où jouent des fontaines et une piscine immense bordée de promenoirs. Tout cela resplendit sous le ciel bleu, sous les reflets chatoyants de la lumière vive ; c’est une féerie, une magie, un éblouissement. A l’extrémité de la petite ville, un vieux fort construit en 1756, sous le gouverneur espagnol don Alonzo Fernando Herida, dresse ses bastions et ses tours. L’eau de l’Océan vient caresser les contreforts ; une grande île plate ferme la rade et au delà on aperçoit les crêtes d’écume des vagues. Tout près du fort, de gros poissons se montrent par instants, faisant mille cabrioles ; tout le monde flâne et s’amuse ici, même les poissons. Des vélocipèdes, des chevaux sellés attendent les promeneurs. Quand la saison battra son plein, ce sera bien autre chose. Il y aura un mouvement inouï dans les rues et des fêtes presque chaque soir. Les jeunes gens flirteront et les maîtres d’hôtel saleront les notes.
-^ ’ -J J . -r ; - 1 - r * ï LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 267 elle est lourde, la traînent jusque dans Taulre car. Devant cette scène ignoble, quelques Américains qui sont là se contentent de ricaner , • r grossièrement. Si les Etats du Sud sont assez stupides pour maintenir encore quelque temps * celte législation ingénieuse, il est à croire qu’ils liniront par le payer cher; à moins que le gouvernement fédéral ne se décide à intervenir et à leur donner le fouet comme aux enfants méchants. * ? r *
+{{t3|{{rom-maj|viii|8}}}} {{interligne}} {{interligne}} Dans le car qui va nous ramener à Jacksonville, il y a une femme d’environ quarante ans, vêtue avec élégance ; son visage est très légèrement teinté, si légèrement que je ne m’en aperçois pas tout d’abord. Mais au moment où le train va s’ébranler, le conducteur lui parle à l’oreille ; elle fait signe que non ; il insiste et élève la voix, et bientôt chacun comprend le sujet de la querelle. Cette femme a un peu de sang nègre dans les veines ; sa fortune, sa distinction ne la mettent pas à l’abri de la loi. Il faut qu’elle émigre dans le car des nègres, qui est aussi celui des fumeurs, qui est sale et inconfortable. Elle proteste ; alors le conducteur appelle son camarade et, sans plus de façons, ils la prennent sous les bras et comme
-r i î i f Le coucher du soleil s’opère, en Floride, avec une majesté cl une splendeur incomparables. On commence par étendre des tapis de pourpre sur le chemin de l’astre royal; au-dessus de lui, il y a comme un dais immense d’étoffes bleues et violettes; il s’enveloppe alors dans » des voiles transparents couleur d’opale, et se relire : tout aussitôt parait une longue bande d’un vert surnaturel, profond, pailletée d’or cl brillamment éclairée par en dessous comme la frange d’un rideau de thé Aire. À ce moment précis, les .étoiles se mettent a scintiller, les pins deviennent tout noirs et le vent fait de la musique dans lés palmiers. » \
+{{sc louisiane, floride, virginie. elle est lourde, la traînent jusque dans l’autre car. Devant cette scène ignoble, quelques Américains qui sont là se contentent de ricaner grossièrement. Si les États du Sud sont assez stupides pour maintenir encore quelque temps cette législation ingénieuse, il est à croire qu’ils finiront par le payer cher ; à moins que le gouvernement fédéral ne se décide à intervenir et à leur donner le fouet comme aux enfants méchants.
-t 1 Nous avons une longue roule à faire pour atteindre Cliarlollesville, siège de runiversi de Virginie, située dans les premiers contre-? forts des Àlleghanys, à l’ouest de Richmond. Il faut traverser la Géorgie et les deux Caroîincs. b Nous allons faire cette route tout d’une traite; non pas que Savannah, Gharleslon, Raleigh, soient des vilies dépourvues d’intérêt, non pas que ces régions n’oflïcnt de beaux paysages et ne contiennent des institutions dignes d’iMrc visitées, mais il faut nous hâter de gagner Washington et Baltimore, où nous avons beaucoup à voir. Donc pour charmer ces vingtquatre heures de chemin de fer , je vous proposerai la lecture d’une page d’histoire virginienne, page aussi captivante que peu
+{{t3|{{rom-maj|ix|9}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le coucher du soleil s’opère, en Floride, avec une majesté et une splendeur incomparables. On commence par étendre des tapis de pourpre sur le chemin de l’astre royal ; au-dessus de lui, il y a comme un dais immense d’étoffes bleues et violettes ; il s’enveloppe alors dans des voiles transparents couleur d’opale, et se retire : tout aussitôt paraît une longue bande d’un vert surnaturel, profond, pailletée d’or et brillamment éclairée par en dessous comme la frange d’un rideau de théâtre. A ce moment précis, les étoiles se mettent à scintiller, les pins deviennent tout noirs et le vent fait de la musique dans les palmiers.
-. . J > 270 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. >1 J m connue et qui devrait l’étrc des Français au môme iilre que des Américains 1 . ’ En Virginie, on se préoccupa de bonne heure i ■ + de développer l’instruction et les colons résolurent d’en appeler à la métropole pour se faire y aider par elle dans cette tâche. En 1691, leur envoyé fut reçu à Londres par Guillaume et Marie, qui régnaient conjointement. Tous deux se montrèrent favorables au projet de fondation d’un collège qui porterait leur nom et ils donnèrent une somme importante. Quant à Seymour, attorney-général, il reçut l’envoyé par j un mot demeuré célèbre; comme celui-ci lui représentait que lesYirginicns avaient aussi des K âmes auxquellc&ÿon devait songer : « Des âmes! s’écria Seymour; le diable emporte leurs âmes!... Qu’ils fassent du tabac! » et ce mahe tobacco! resté le mol d’ordre de la politique coloniale anglaise, renfermait le germe de la révolution américaine. Cependant Seymour donna, lui aussi, et l f e collège de William and Mary, fondé â Williamsburg (Virginie), débuta dans l’existence avec une riche dotation. Ce fut une \. Voir les Eludes du professeur 11. -D. Adams, publiées par le bureau d’tàdueatioii de Washington. ‘ *
+{{t3|{{rom-maj|x|10}}}} {{interligne}} {{interligne}} Nous avons une longue route à faire pour atteindre Charlottesville, siège de l’université de Virginie, située dans les premiers contreforts des Alleghanys, à l’ouest de Richmond. Il faut traverser la Georgie et les deux Carolines. Nous allons faire cette route tout d’une traite ; non pas que Savannah, Charleston, Raleigh, soient des villes dépourvues d’intérêt, non pas que ces régions n’offrent de beaux paysages et ne contiennent des institutions dignes d’être visitées, mais il faut nous hâter de gagner Washington et Baltimore, où nous avons beaucoup à voir. Donc pour charmer ces vingt-quatre heures de chemin de fer, je vous proposerai la lecture d’une page d’histoire virginienne, page aussi captivante que peu
-LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. l 2î 1 grande et belle institution, qui exerça sur les destinées de la colonie une influence prépondérante. On s’étonna, dans la suite, de voir ces F planteurs se transformer en hommes d’Etat; on + admira l’étendue de leurs connaissances, la netteté de leurs vues politiques; c’est que tous ils avaient fait leurs études au collège de JF*7liam and Mary, qui brillait alors d’un vif éclat. Depuis, les mauvais jours sont venus ; des incendies ont détruit les bâtiments ; la guerre de Sécession a dispersé les élèves et le pauvre collège tombait en ruines quand; tout dernièrement, le gouvernement virginien lui a rendu la vie en y installant une sorte d’Ecole normale supérieure. En 1712, le gouverneur Spotswood, écrivant a l’évéque de Londres, mentionne la présence au collège de 20 jeunes Indiens. « Ils ont l’air h très heureux, dit-il, et les chefs de leurs nations qui viennent souvent les voir, se lamentent de n’avoir pas reçu, dans leur jeunesse, une semblable éducation. » En 1788, George Washington fut élu chancelier. Le chancelier n’était qu’une manière de Mécène acceptant de patronner et de combler de faveurs le collège qui l’avait élu.
+270 {{sc universités transatlantiques. connue et qui devrait l’être des Français au même titre que des Américains. En Virginie, on se préoccupa de bonne heure de développer l’instruction et les colons résolurent d’en appeler à la métropole pour se faire aider par elle dans cette tâche. En 1691, leur envoyé fut reçu à Londres par Guillaume et Marie, qui régnaient conjointement. Tous deux se montrèrent favorables au projet de fondation d’un collège qui porterait leur nom et ils donnèrent une somme importante. Quant à Seymour, attorney-général, il reçut l’envoyé par un mot demeuré célèbre ; comme celui-ci lui représentait que les Virginiens avaient aussi des âmes auxquelles on devait songer : « Des âmes ! s’écria Seymour ; le diable emporte leurs âmes !... Qu’ils fassent du tabac ! » et ce make tobacco ! resté le mot d’ordre de la politique coloniale anglaise, renfermait le germe de la révolution américaine. Cependant Seymour donna, lui aussi, et le collège de William and Mary, fondé à Williamsburg (Virginie), débuta dans l’existence avec une riche dotation. Ce fut une Voir les Études du professeur H.-B. Adams, publiées par le bureau d’Éducation de Washington.
-272 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. Enfin il est question de William et Mary dans les voyages du duc de la Rochefoucauld-Liancourt, qui parcourut les Etats-Unis de 1795 à ■ t 1797 et rendit compte do sa visite à Williamsburgh. Cependant Jefferson caressait Ridée de créer dans son pays une université sur le modèle de celles qu*il avait admirées en Europe. Il était revenu enthousiasmé notamment des universités de Genève et d’Edimbourg; il les appelait les deux yeux de l’Europe ». Sa première pensée fut d’agrandir et de transformer le vieux collège
+{{sc louisiane, floride, virginie. grande et belle institution, qui exerça sur les destinées de la colonie une influence prépondérante. On s’étonna, dans la suite, de voir ces planteurs se transformer en hommes d’État ; on admira l’étendue de leurs connaissances, la netteté de leurs vues politiques ; c’est que tous ils avaient fait leurs études au collège
-William et Mary, où il avait luimême été élevé. Mais il était à peu près libre penseur et l’Eglise anglicane tenait William et Mary sous sa domination. Il écouta alors les propositions d’un homme entreprenant et singulièrement perspicace, le chevalier Qucsnay de Beaurepaire. Ce gentilhomme français avait servi dans l’armée américaine, de 4777 à 1778. Sa santp l’ayant forcé de quitter le service, il parcourut la jeune république, se, rendit -i i- compte de ses ressources et de ses besoins ci résolut de la lier avec sa patrie « par de nouveaux liens de reconnaissance, de conformité
+William and Mary, qui brillait alors d’un vif éclat. Depuis, les mauvais jours sont venus ; des incendies ont détruit les bâtiments ; la guerre de Sécession a dispersé les élèves et le pauvre collège tombait en ruines quand, tout dernièrement, le gouvernement virginien lui a rendu la vie en y installant une sorte d’École normale supérieure. En 1712, le gouverneur Spotswood, écrivant à l’évêque de Londres, mentionne la présence au collège de 20 jeunes Indiens. « Ils ont l’air très heureux, dit-il, et les chefs de leurs nations qui viennent souvent les voir, se lamentent de n’avoir pas reçu, dans leur jeunesse, une semblable éducation. » En 1788, George Washington fut élu chancelier. Le chancelier n’était qu’une manière de Mécène acceptant de patronner et de combler de faveurs le collège qui l’avait élu.
-LOU I SIAN K, FLOIUDE, VJltOINlK. ?73 dans les goûts ol de communication plus intime cuire les individus des deux nations ». Son plan consistait dans la création à llichmoml d’une « académie française des sciences et des beaux-arls » ayant des annexes à Baltimore, Philadelphie et New York, affiliée aux sociétés royales de Paris, de Londres et de Bruxelles et recrutant , par le moyen de son comité de Paris, les meilleurs artistes, les plus habiles professeurs, les savants les plus en renom do l’Europe. L’idée était simple, bonne et originale; p mais l’exécution en fut surtout curieuse. Jamais œuvre d’initiative privée ne fut menée d’une manière plus pratique et plus moderne. Quesnay de Bcaurcpaire écrivit à Franklin pour obtenir son appui et il fit une souscription publique. La liste des premiers souscripteurs (1780) contient les noms des principaux citoyens de Richmond, Baltimore, Philadelphie, Trcnton, Elizabeth, Newark et New York. Le chevalier allait, venait, parlait, écrivait et remuait l’opinion publique, si bien que la Gazelle vivyinienne du 1 er juillet 1780 pul rendre compte de la pose de la première pierre de 1‘édilico destiné à abriter l’académie. La céré 18
+272 {{sc universités transatlantiques. Enfin il est question de William et Mary dans les voyages du duc de la Rochefoucauld-Liancourt, qui parcourut les États-Unis de 1795 à 1797 et rendit compte de sa visite à Williamsburgh. Cependant Jefferson caressait l’idée de créer dans son pays une université sur le modèle de celles qu’il avait admirées en Europe. Il était revenu enthousiasmé notamment des universités de Genève et d’Edimbourg ; il les appelait « les deux yeux de l’Europe ». Sa première pensée fut d’agrandir et de transformer le vieux collège de William et Mary, où il avait lui-même été élevé. Mais il était à peu près libre penseur et l’Église anglicane tenait William et Mary sous sa domination. Il écouta alors les propositions d’un homme entreprenant et singulièrement perspicace, le chevalier Quesnay de Beaurepaire. Ce gentilhomme français avait servi dans l’armée américaine, de 1777 à 1778. Sa santé l’ayant forcé de quitter le service, il parcourut la jeune république, se rendit compte de ses ressources et de ses besoins et résolut de la lier avec sa patrie « par de nouveaux liens de reconnaissance, de conformité
-274 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. monic cul lieu eu grande pompe le jour de la Sainl-Jean, « en présence des dignitaires des loges maçonniques ». Alors Quesnay revint en i France, vit le roi et la reine, leur présenta uu mémoire, intéressa Lavoisier, Condorcet, Yciv net, Beaumarchais, La Fayette, Slaleshorbes, Bientôt il eut une longue liste d’associés français et anglais et un comité s’assembla pour choisir les professeurs. On sait qu’il désigna, en premier lieu, et. engagea pour dix ans un nommé Jean Rouelle, qui n’arriva jamais a destination. La Révolution survint et ce projet grandiose, qui eût assuré à la France des avantages incalculables, fut emporté dans la tourmente. Il fût même demeuré dans l’oubli si le président À.-D. Whitc, en faisant des recherches relatives a rbisloire de la Révolution, n’avait découvert une copie du mémoire présenté à Louis XVI par Quesnay de Beauropaire. Quant au bûtiment dont la
+{{sc louisiane, floride, virginie. dans les goûts et de communication plus intime entre les individus des deux nations ». Son plan consistait dans la création à Richmond d’une « académie française des sciences et des beaux-arts » ayant des annexes à Baltimore, Philadelphie et New York, affiliée aux sociétés royales de Paris, de Londres et de Bruxelles et recrutant, par le moyen de son comité de Paris, les meilleurs artistes, les plus habiles professeurs, les savants les plus en renom de l’Europe. L’idée était simple, bonne et originale ; mais l’exécution en fut surtout curieuse. Jamais œuvre d’initiative privée ne fut menée d’une manière plus pratique et plus moderne. Quesnay de Beaurepaire écrivit à Franklin pour obtenir son appui et il fit une souscription publique. La liste des premiers souscripteurs (1780) contient les noms des principaux citoyens de Richmond, Baltimore, Philadelphie, Trenton, Élizabeth, Newark et New York. Le chevalier allait, venait, parlait, écrivait et remuait l’opinion publique, si bien que la Gazette virginienne du 1er juillet 1786 put rendre compte de la pose de la
-pierre avait été posée le 24 juin 1780, il devint un ’théâtre; le feu le détruisit; réédillé, il fut encore brûlé le 26 décembre 1811 et 70 personnes, y compris le gouverneur de l’Êtat, furent ensevelies sous ses décombres; en commémoration de celle
+pierre de l’édifice destiné à abriter l’académie. La céré-
-LOUISIANE, l’LOltlDË, VIltGINIË. 215 1 catastrophe, on a élevé sur son emplacement une église connue sous le nom de Monumental Ch urch . Cependant Jefferson, hayanl pas renoncé à son idée, communiqua à Washington une lettre qui lui arrivait de Genève. Par suite de dissentiments avec le parti au pouvoir, les professeurs de la faculté de Genève, au nombre desquels était Saussure, manifestaient le désir de se transporter en corps dans le nouveau inonde, sans esprit de retour. Jefferson enthousiasmé demandait des crédits pour aider a la réalisation de ce projet. Washington lui représenta, avec sa sagesse habituelle, les inconvénients et les dangers d’un semblable établissement. 11 avait lui-mèmo reconnu la nécessité de fonder une université qu’il se plaisait h définir « une école de sciences politiques et administratives »; il la voulait à Fédéral City, la capitale qui devait plus tard porter son nom. Son plan est » exposé dans le Traité de V Education nationale aux Etats-Unis , que Dupont de Nemours, l’économiste et l’ami de Turgot, écrivit en 1800, pendant son séjour en Amérique. L’université v est désignée sous le nom de « palais i/ V# I
+274 {{sc universités transatlantiques. monie eut lieu en grande pompe le jour de la Saint-Jean, « en présence des dignitaires des loges maçonniques ». Alors Quesnay revint en France, vit le roi et la reine, leur présenta un mémoire, intéressa Lavoisier, Condorcet, Vernet, Beaumarchais, La Fayette, Malesherbes. Bientôt il eut une longue liste d’associés français et anglais et un comité s’assembla pour choisir les professeurs. On sait qu’il désigna, en premier lieu, et engagea pour dix ans un nommé Jean Rouelle, qui n’arriva jamais à destination. La Révolution survint et ce projet grandiose, qui eût assuré à la France des avantages incalculables, fut emporté dans la tourmente. Il fût même demeuré dans l’oubli si le président A.-D. White, en faisant des recherches relatives à l’histoire de la Révolution, n’avait découvert une copie du mémoire présenté à Louis {{rom-maj|xvi|16}} par Quesnay de Beaurepaire. Quant au bâtiment dont la première pierre avait été posée le 24 juin 1786, il devint un théâtre ; le feu le détruisit ; réédifié, il fut encore brûlé le 26 décembre 1811 et 70 personnes, y compris le gouverneur de l’État, furent ensevelies sous ses décombres ; en commémoration de cette
-276 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. du peuple » ; elle devra s’élever près du Capitule i cl en égaler la splendeur; elle aura quatre facultés : médecine, mines, sciences, droit et t politique. Pas plus que les autres, le projet de Washington ne se réalisa, mais on aboutit enfin h la fondation de Puniversilé do Virginie, grâce à un jeune homme du nom de Cabcll qui rentra aux États-Unis en 1806, après une longue tournée pédagogique en Europe; il avait vécu à Paris, à Montpellier, à Padouc, à Loyden, a Oxford; il avait entendu Cuvier et causé avec J 0 Peslalozzi. Jefferson, alors président des Etals i. Unis, se prit d’amitié pour lui et rengagea à se présenter au Sénat virgiuien. Cabcll y entra, en effet, et y fut le champion des idées de son illustre protecteur. Grâce à lui, on triompha des fédéralistes, du parti clérical et de la jalousie des autres collèges, et runiversité de Virginie fut fondée le 6 octobre 1817* i
+{{sc louisiane, floride, virginie. catastrophe, on a élevé sur son emplacement une église connue sous le nom de Monumental Church. Cependant Jefferson, n’ayant pas renoncé à son idée, communiqua à Washington une lettre qui lui arrivait de Genève. Par suite de dissentiments avec le parti au pouvoir, les professeurs de la faculté de Genève, au nombre desquels était Saussure, manifestaient le désir de se transporter en corps dans le nouveau monde, sans esprit de retour. Jefferson enthousiasmé demandait des crédits pour aider à la réalisation de ce projet. Washington lui représenta, avec sa sagesse habituelle, les inconvénients et les dangers d’un semblable établissement. Il avait lui-même reconnu la nécessité de fonder une université qu’il se plaisait à définir « une école de sciences politiques et administratives » ; il la voulait à Federal City, la capitale qui devait plus tard porter son nom. Son plan est exposé dans le Traité de l’Éducation nationale aux États-Unis, que Dupont de Nemours, l’économiste et l’ami de Turgot, écrivit en 1800, pendant son séjour en Amérique. L’université y est désignée sous le nom de « palais
-XI Une prairie rectangulaire, de grandes dimensions, entourée de trois côtés par de longues colonnades, des maisons ornées de péristyles, régulièrement espacées et ouvrant sur ces colonnades, enfin une rotonde énorme précédée d’un portique, tel est l’ensemble des constructions qu’éleva Jefierson. Ce n’est pas sans un certain ahurissement que le touriste reconnaît dans la rotonde une copie très pAle du Panthéon d’ Agrippa, qu’il perçoit le long des colonnades les trois ordres de chapiteaux bizarrement mélangés, qu’il saisit enfin, sur les façades p’ A des maisons a péristyles, des réminiscences vagues du théâtre de Marcellus, des thermes de Dioclétien ou du temple de la Fortune Virile. Par ces imitations quelque peu maladroites, le
+276 {{sc universités transatlantiques du peuple » ; elle devra s’élever près du Capitole et en égaler la splendeur ; elle aura quatre facultés : médecine, mines, sciences, droit et politique. Pas plus que les autres, le projet de Washington ne se réalisa, mais on aboutit enfin à la fondation de l’université de Virginie, grâce à un jeune homme du nom de Cabell qui rentra aux États-Unis en 1806, après une longue tournée pédagogique en Europe ; il avait vécu à Paris, à Montpellier, à Padoue, à Leyden, à Oxford ; il avait entendu Cuvier et causé avec Pestalozzi. Jefferson, alors président des États-Unis, se prit d’amitié pour lui et l’engagea à se présenter au Sénat virginien. Cabell y entra, en effet, et y fut le champion des idées de son illustre protecteur. Grâce à lui, on triompha des fédéralistes, du parti clérical et de la jalousie des autres collèges, et l’université de Virginie fut fondée le 6 octobre 1817.
-m UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. fondateur se flattait (l’inspirer aux etudiants le goût dos lielles choses, en meme temps que les notions fondamentales de l’architecture décorative, laquelle se bornait, pour lui, à mettre des colonnes partout. La rotonde est une bibliothèque; la place manquant, on lui a ajoute par derrière, comme une queue do comète, une suite de bâtiments qui contiennent des labora t toiros, des salles d’examen, un bail pour les réunions solennelles, etc. Du sommet de l’édifice, on saisit d’ùn coup d’œil le plan de ce « vil * lage académique », assis sur un étroit plateau qu’entourent des vallons pittoresques et, plus loin, une ceinture de montagnes. À gauche, sur un sommet, on aperçoit Monlicello, la demeure favorite de Jefferson. C’est de là qu’il surveillait la construction de sa chère université, c’est * là qu’il rendit le dernier soupir, le 4 juillet 1826, cl c’est là que ses restes mortels ont été déposés ’ * sous un simple obélisque de marbre qui porte, . * de par sa volonté expresse, l’inscription suivance : « Ici repose Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’indépendance des EtatsUnis et du Statut pour la liberté religieuse, et père de TUniversilé de Virginie ».* Ce sont les
+{{t3|{{rom-maj|xi|11}}}} {{interligne}} {{interligne}} Une prairie rectangulaire, de grandes dimensions, entourée de trois côtés par de longues colonnades, des maisons ornées de péristyles, régulièrement espacées et ouvrant sur ces colonnades, enfin une rotonde énorme précédée d’un portique, tel est l’ensemble des constructions qu’éleva Jefferson. Ce n’est pas sans un certain ahurissement que le touriste reconnaît dans la rotonde une copie très pâle du Panthéon d’Agrippa, qu’il perçoit le long des colonnades les trois ordres de chapiteaux bizarrement mélangés, qu’il saisit enfin, sur les façades des maisons à péristyles, des réminiscences vagues du théâtre de Marcellus, des thermes de Dioclétien ou du temple de la Fortune Virile. Par ces imitations quelque peu maladroites, le
-LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 379 litres auxquels il a lonu par delà la morl cl, sachant la postérité oublieuse, il les a réduits à trois.,.. Homme singulier, plein do contrastes, n’ayant ni la force d’àine, ni la puissance do caractère, ni le prodigieux bon sens de Washington, mais remarquable par son activité, sa science et aussi par l’étrange avance qu’il eut sur son temps. Il y a telles idées, telles théories de Jefferson qui aujourd’hui seulement sont appréciées cl comprises; la perspicacité humaine a des bornes et ce n’est pas le raisonnement, mais plutôt une sorte de mystérieux instinct qui a fait énoncer par cet Américain du xvm c siècle quelques-uns des principes du xx c . À Charlotlesvillo, la vie universitaire se concentre sous les colonnades. Les chambres des étudiants ouvrent dessus et aussi les demeures des professeurs. Maîtres et élèves se trouvent de la sorte en contact perpétuel ; ajoutez-y cette urbanité du Sud, laquelle n’exclut pas parfois une certaine rudesse, voire un peu de brutalité, et vous comprendrez l’originalité extrême du décor et des personnages. En arrivant, j’ai demandé mon chemin à un jeune homme qui, la main sur le pommeau de sa
+278 {{sc universités transatlantiques fondateur se flattait d’inspirer aux étudiants le goût des belles choses, en même temps que les notions fondamentales de l’architecture décorative, laquelle se bornait, pour lui, à mettre des colonnes partout. La rotonde est une bibliothèque ; la place manquant, on lui a ajouté par derrière, comme une queue de comète, une suite de bâtiments qui contiennent des laboratoires, des salles d’examen, un hall pour les réunions solennelles, etc. Du sommet de l’édifice, on saisit d’un coup d’œil le plan de ce « village académique », assis sur un étroit plateau qu’entourent des vallons pittoresques et, plus loin, une ceinture de montagnes. À gauche, sur un sommet, on aperçoit Monticello, la demeure favorite de Jefferson. C’est de là qu’il surveillait la construction de sa chère université, c’est là qu’il rendit le dernier soupir, le 4 juillet 1826, et c’est là que ses restes mortels ont été déposés sous un simple obélisque de marbre qui porte, de par sa volonté expresse, l’inscription suivante : « Ici repose Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’indépendance des États-Unis et du Statut pour la liberté religieuse, et père de l’Université de Virginie ». Ce sont les
-m UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES, selle, s’apprêtait h saulci* h cheval : Le D r Ve F nahlo?... Oh! certainement, il connaît lies bien le colonel Yenable! C’est son professeur de mathématiques. Il faut aller tout droit, monter un peu, tourner sous les colonnades et c’est la troisième maison.... Derrière, il en venait d’autres, vêtus sans prétentions, montés sur de bons petits chevaux solides et ardents. On voit qu’ils ont la passion du cheval, qu’ils s’en vont seuls par les bois pour goûter l’ivresse des longues courses, du plein air et de la saine fatigue. On ne m’eut pas dit que M. Yenable avait servi dans les armées confédérées que je l’aurais deviné sans peine. Ils ont tous, ces officiers du Sud, un visage et une démarche qui les •r trahissent. Us sont calmes, nobles, un peu tristes, très modernes en même temps et très résolus. On dirait que l’ombre du général Lee a passé sur eux et que l’exemple qu’iLa donne est constamment devant leurs veux. Derrière un repli de terrain se dissimule une jolie chapelle; ce sont les étudiants qui l’ont F é! îvéc; ils entretiennent eux-mèmes le chapelain qui en a la charge et les offices y sont célébrés alternativement pour les j>resbylé *
+{{sc louisiane, floride, virginie. titres auxquels il a tenu par delà la mort et, sachant la postérité oublieuse, il les a réduits à trois.... Homme singulier, plein de contrastes, n’ayant ni la force d’âme, ni la puissance de caractère, ni le prodigieux bon sens de Washington, mais remarquable par son activité, sa science et aussi par l’étrange avance qu’il eut sur son temps. Il y a telles idées, telles théories de Jefferson qui aujourd’hui seulement sont appréciées et comprises ; la perspicacité humaine a des bornes et ce n’est pas le raisonnement, mais plutôt une sorte de mystérieux instinct qui a fait énoncer par cet Américain du {{rom|XVIII}}e siècle quelques-uns des principes du {{rom|XX}}e. A Charlottesville, la vie universitaire se concentre sous les colonnades. Les chambres des étudiants ouvrent dessus et aussi les demeures des professeurs. Maîtres et élèves se trouvent de la sorte en contact perpétuel ; ajoutez-y cette urbanité du Sud, laquelle n’exclut pas parfois une certaine rudesse, voire un peu de brutalité, et vous comprendrez l’originalité extrême du décor et des personnages. En arrivant, j’ai demandé mon chemin à un jeune homme qui, la main sur le pommeau de sa
-LOUISIANE, FLOllIDE, VIRGINIE. 5S! rions, les épiscopalicns, les méthodistes cl les ri baplisles. Non loin so trouve une grande salle do lecture avec des journaux cl des revues. L’observatoire s’élève sur une colline, au milieu des arbres. A côté, il y a le champ de football, très animé à celle heure. Les joueurs se ballant avec entrain, mais ils ont, en meme temps, une grâce et une aisance dans les mouvements qui rendent le spectacle ’particulièrement agréable. D’autres jouent au tennis ; d’autres sonl assis dans l’herbe à regarder leurs camarades. Ils ont près d’eux ,do grands chiens qu’ils caressent. Et, sur la route, les cavaliers continuent de défiler; tout le monde se salue au passage d’un bonjour amical. Et puis le soir arrive, des brumes descendent dans la vallée, l’iiumidité s’élève, c’est l’heure de rentrer. Promeneurs, cavaliers, grands chiens, jerseys de couleur, tout cela s’achemine vers l’uni vcrsilé, dont les lumières s’allument. L’élément de liberté matérielle et d’indépendance morale que Jefferson introduisit dans les règlements académiques n’y fructifia pas tout d’abord. La jeunesse virginicnno, peu habituée à ce régime, en abusa étrangement; il y eut
+280 {{sc universités transatlantiques selle, s’apprêtait à sauter à cheval : Le Dr Venable ?... Oh ! certainement, il connaît très bien le colonel Venable ! C’est son professeur de mathématiques. Il faut aller tout droit, monter un peu, tourner sous les colonnades et c’est la troisième maison.... Derrière, il en venait d’autres, vêtus sans prétentions, montés sur de bons petits chevaux solides et ardents. On voit qu’ils ont la passion du cheval, qu’ils s’en vont seuls par les bois pour goûter l’ivresse des longues courses, du plein air et de la saine fatigue. On ne m’eut pas dit que M. Venable avait servi dans les armées confédérées que je l’aurais deviné sans peine. Ils ont tous, ces officiers du Sud, un visage et une démarche qui les trahissent. Ils sont calmes, nobles, un peu tristes, très modernes en même temps et très résolus. On dirait que l’ombre du général Lee a passé sur eux et que l’exemple qu’il a donné est constamment devant leurs yeux. Derrière un repli de terrain se dissimule une jolie chapelle ; ce sont les étudiants qui l’ont élevée ; ils entretiennent eux-mêmes le chapelain qui en a la charge et les offices y sont célébrés alternativement pour les presbyté-
-m UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES, des orgies, des désordres do lous genres et enfin, le 12 novembre 18i0, à la nuit, un étudiant tua d’un coup de revolver le professeur Davis. Il est à croire que ce crirçie abo * i minable contribua puissamment à la réforme qui s’est accomplie; aujourd’hui Charlottesville est, comme ses sœurs du Nord et de l’Ouest, un asile de paix et de travail; 430 jeunes gens suivent les cours et, sur ce total, 433 viennent des Etals du Sud et G do l’Etat de New York, Leurs dépenses .sont peu considérables : en 1889, la moyenne a été de 2 730 francs; le * \ > ; maximum, de 5 365 francs, et le ninvimum, de 1 425. Leurs ressources sont en proportion. IIS n’ont plus d’esclaves, leurs parents n’habitent plus de luxueuses maisons et presque tous .ils ont leur chemin à faire. Il leur est resté h I une sorte de fierté aristocratique, qui d’ailleurs no va pas à rencontre des sentiments démocratiques américains. Ils en traduisent les impressions à leur manière dans les discussions aux ; quelles ils prennent part, ou dans les articles qu’ils publient. J’ai noté, dans l’un des derniers numéros du Virginia University Magazine, une protestation éloquente contre la naturalisation
+{{sc louisiane, floride, virginie. riens, les épiscopaliens, les méthodistes et les baptistes. Non loin se trouve une grande salle de lecture avec des journaux et des revues. L’observatoire s’élève sur une colline, au milieu des arbres. A côté, il y a le champ de foot-ball, très animé à cette heure. Les joueurs se battent avec entrain, mais ils ont, en même temps, une grâce et une aisance dans les mouvements qui rendent le spectacle particulièrement agréable. D’autres jouent au tennis ; d’autres sont assis dans l’herbe à regarder leurs camarades. Ils ont près d’eux de grands chiens qu’ils caressent. Et, sur la route, les cavaliers continuent de défiler ; tout le monde se salue au passage d’un bonjour amical. Et puis le soir arrive, des brumes descendent dans la vallée, l’humidité s’élève, c’est l’heure de rentrer. Promeneurs, cavaliers, grands chiens, jerseys de couleur, tout cela s’achemine vers l’université, dont les lumières s’allument. L’élément de liberté matérielle et d’indépendance morale que Jefferson introduisit dans les règlements académiques n’y fructifia pas tout d’abord. La jeunesse virginienne, peu habituée à ce régime, en abusa étrangement ; il y eut
-LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. m rapide des émigrants. L’auteur s’indigne qu’on prodigue de la sorte ce « glorieux titre » de citoyen américain. On sent se réveiller en lui 1 les instincts orgueilleux de la vieille Virginie, Les Fraternités , ces sociétés secrètes dont j’ai déjà parlé, sont très nombreuses ici. Le cours n’a pas une durée limitée. Dans les matières enseignées, chacun fait son choix. On étudie les lettres, les sciences, le droit, la médecine, les sciences industrielles, la pharmacie cl l’agri *1 culture. On joue au foot-ball et au base-balf 9 on rame, on nage cl surtout on monte à cheval; on fait aussi de la gymnastique, mais sans grand enthousiasme.
+282 {{sc universités transatlantiques. des orgies, des désordres de tous genres et enfin, le 12 novembre 1840, à la nuit, un étudiant tua d’un coup de revolver le professeur Davis. Il est à croire que ce crime abominable contribua puissamment à la réforme qui s’est accomplie ; aujourd’hui Charlottesville est, comme ses sœurs du Nord et de l’Ouest, un asile de paix et de travail ; 439 jeunes gens suivent les cours et, sur ce total, 433 viennent des États du Sud et 6 de l’État de New York. Leurs dépenses sont peu considérables : en 1889, la moyenne a été de 2750 francs ; le maximum, de 5365 francs, et le minimum, de 1425. Leurs ressources sont en proportion. Ils n’ont plus d’esclaves, leurs parents n’habitent plus de luxueuses maisons et presque tous ils ont leur chemin à faire. Il leur est resté une sorte de fierté aristocratique, qui d’ailleurs ne va pas à l’encontre des sentiments démocratiques américains. Ils en traduisent les impressions à leur manière dans les discussions auxquelles ils prennent part, ou dans les articles qu’ils publient. J’ai noté, dans l’un des derniers numéros du Virginia University Magazine, une protestation éloquente contre la naturalisation
-# î i 3 t T < À Lexington (Virginie), fut établie définitivement en 1803 une université qui devait porteries deux plus beaux noms de l’Amérique: r celui do Washington et celui du grand vaincu * » de la guerre de Sécession, Robert Lee. Elle 4- r s’appela d’abord Augusta Academy et ne donna i qu’un enseignement restreint. En 1776, au len4emain de la Révolution, on changea son titre i J 1 en celui de Liberty Hall. En 1796 George Washington la dota richement et, en reconnaissance de ce don, Liberty Hall devint Washington University. Enfin, le 2 octobre 1865,1c général Lee en Fut élu président et il occupa ce poste jusqu’à sa mort, qui arriva cinq ans plus tard. Depuis lors, l’université s’appelle Washington and Lee et elle garde le souvenir de son chef illustre.
+{{sc louisiane, floride, virginie. rapide des émigrants. L’auteur s’indigne qu’on prodigue de la sorte ce « glorieux titre » de citoyen américain. On sent se réveiller en lui les instincts orgueilleux de la vieille Virginie. Les Fraternités, ces sociétés secrètes dont j’ai déjà parlé, sont très nombreuses ici. Le cours n’a pas une durée limitée. Dans les matières enseignées, chacun fait son choix. On étudie les lettres, les sciences, le droit, la médecine, les sciences industrielles, la pharmacie et l’agriculture. On joue au foot-ball et au base-ball, on rame, on nage et surtout on monte à cheval ; on fait aussi de la gymnastique, mais sans grand enthousiasme.
-LOUISIANE, FLOU IDE, V1UGJNIH. 28D Dos historiens sympathiques 1 nous ont raconté son existence nohle et droite, les prodiges île son énergie surhumaine, sa religion pure et sereine, son patriotisme, ardent et sa volonté t toujours maîtresse d’clle-mcme. lis nous l’ont dépeint dans la retraite où s’écoula son enfance, partageant scs premières années entre son dévouement à sa mère et sa passion pour les exercices du corps; puis, à West Point, cavalier intrépide, travailleur infatigable déjà entouré des marques de respectée ses camarades; puis encore dans la campagne contre le Mexique, exécutant ce merveilleux passage du Pedrigale qui livra Mexico à l’armée des Etats-Unis. La crise approchait; l’élection d’Abralmm Lincoln à la présidence fut le signal d’un déchirement qui devait se produire tôt ou tard et dont l’abolition de l’esclavage n’était pas la seule cause, loin de là. La Caroline du Sud, le Texas, le Mississipi, la Floride, bientôt suivis de l’Alabama, de la Géorgie et de la Louisiane, se retirèrent de l’Union cl formèrent la ligue des Etals-Confédérés d’Amérique, sous la pré * 1. Voir notamment le beau livre de Mme Moissonnas, intitule : Un Vaincu*
+{{t3|{{rom-maj|xii|12}}}} {{interligne}} {{interligne}} A Lexington (Virginie), fut établie définitivement en 1803 une université qui devait porter les deux plus beaux noms de l’Amérique : celui de Washington et celui du grand vaincu de la guerre de Sécession, Robert Lee. Elle s’appela d’abord Augusta Academy et ne donna qu’un enseignement restreint. En 1776, au lendemain de la Révolution, on changea son titre en celui de Liberty Hall. En 1796 George Washington la dota richement et, en reconnaissance de ce don, Liberty Hall devint Washington University. Enfin, le 2 octobre 1865, le général Lee en fut élu président et il occupa ce poste jusqu’à sa mort, qui arriva cinq ans plus tard. Depuis lors, l’université s’appelle Washington and Lee et elle garde le souvenir de son chef illustre.
-m UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. sidence de Jefferson Davis. La Virginie reslait i lieu Ire el Lee, avant îles amis dans les deux * v camp , sollicité par les uns el par les autres, à cause de sa haute situation el de ses grandes qualités, donna sa démission. Le gouvernement fédéral avait répondu à l’acte de sécession en déclarant qu’il rétablirait T Union à tout prix. Un décret présidentiel ordonna la levée du contingent virginien . C’en était trop. La Virginie se retira de l’Union : le pacte fédéral lui en donnait le droit; mais que de maux eussent été évités si cette « mère des États » n’avait point pris parti dans la querelle! Le jour où le sol natal se trouva envahi, le général retira son épée du fourreau et marcha où l’appelait son devoir de Virginien. Dans cette guerre de quatre années, on sait ce qu’il déploya de vigueur el de talent, à quel point il se montra savant tacticien et “’puissant p organisateur. Mais ce n’est pas à son héroïsme et à sa science militaire que k la foule rendit hommage. Il y cul tant de héros dans ces batailles! et la lactique touche peu leS! masses. Non! eu présence de cet homme deut l’intelligence était sans éclipses, la volonté sans hési N .
+{{sc louisiane, floride, virginie. Des historiens sympathiques nous ont raconté son existence noble et droite, les prodiges de son énergie surhumaine, sa religion pure et sereine, son patriotisme ardent et sa volonté toujours maîtresse d’elle-même. Ils nous l’ont dépeint dans la retraite où s’écoula son enfance, partageant ses premières années entre son dévouement à sa mère et sa passion pour les exercices du corps ; puis, à West Point, cavalier intrépide, travailleur infatigable déjà entouré des marques de respect de ses camarades ; puis encore dans la campagne contre le Mexique, exécutant ce merveilleux passage du Pedrigale qui livra Mexico à l’armée des États-Unis. La crise approchait ; l’élection d’Abraham Lincoln à la présidence fut le signal d’un déchirement qui devait se produire tôt ou tard et dont l’abolition de l’esclavage n’était pas la seule cause, loin de là. La Caroline du Sud, le Texas, le Mississipi, la Floride, bientôt suivis de l’Alabama, de la Géorgie et de la Louisiane, se retirèrent de l’Union et formèrent la ligue des États-Confédérés d’Amérique, sous la pré- Voir notamment le beau livre de Mme Boissonnas, intitulé : Un Vaincu
-LOUISIANE, FLORIDE, VIRGINIE. 287 lulion, la modération sans défaillances el la charité sans bornes, chacun se sentit empoigné. Le soir de la capitulation suprême, épuisé par les privations, la famine et la douleur morale, il traversa les rangs de ses vainqueurs; tous les fronts se découvraient devant lui; et il cuira dans Richmond acclamé connue un triompha f tour. Etrange triomphe : il y avait des larmes dans tous les yeux, l’incendie achevait de %r dévorer la ville et les habitants étaient vêtus de deuil ! i * Quatre mois durant, l’ovation continua. On stationnait sous ses fenêtres pour le voir; des ad resses lui arrivaient de tous les points de l’Amérique et de l’Europe; sa maison devenait un lieu de pèlerinage; son nom était sur toutes les lèvres. L’Angleterre lui offrait asile el fortune, mais il voulait donner l’exemple et rester à son poste. La tentation d’émigrer n’était que trop puissante pour des hommes vaincus el ruinés el tous scs efforts tendaient à les retenir dans leur patrie. 11 puisait une consolation à sa douleur dans ce patriotisme à deux faces qui remplit les cœurs américains : la Virginie était battue, mais les Etats-Unis étaient sauvés!
+286 {{sc universités transatlantiques. sidence de Jefferson Davis. La Virginie restait neutre et Lee, avant des amis dans les deux camp, sollicité par les uns et par les autres, à cause de sa haute situation et de ses grandes qualités, donna sa démission. Le gouvernement fédéral avait répondu à l’acte de sécession en déclarant qu’il rétablirait l’Union à tout prix. Un décret présidentiel ordonna la levée du contingent virginien. C’en était trop. La Virginie se retira de l’Union : le pacte fédéral lui en donnait le droit ; mais que de maux eussent été évités si cette « mère des États » n’avait point pris parti dans la querelle ! Le jour où le sol natal se trouva envahi, le général retira son épée du fourreau et marcha où l’appelait son devoir de Virginien. Dans cette guerre de quatre années, on sait ce qu’il déploya de vigueur et de talent, à quel point il se montra savant tacticien et puissant organisateur. Mais ce n’est pas à son héroïsme et à sa science militaire que la foule rendit hommage. Il y eut tant de héros dans ces batailles ! et la tactique touche peu les masses. Non ! en présence de cet homme dont l’intelligence était sans éclipses, la volonté sans hési-
-m UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. Il mourut à l’Age do 08 ans, lo 12 octobre J 870, entouré jusqu’au bout des témoignages d’alTeelion de ses compatriotes, qui se pressèrent autour de sort cercueil . Ses élèves l’avaient V uloré comme jadis ses soldats; on l’avait vu h refuser la pension que la Virginie voulait lui assurer; on l’avait vu signer, le premier, la demande d’amnistie et « il élail arrivé à ce point de vertu chrétienne qu’on se sentait meilleur h le voir, à l’enlendre, à songer à lui 1 ». I. Mme Boissoimas, Un Vaincu.
+{{sc louisiane, floride, virginie. tation, la modération sans défaillances et la charité sans bornes, chacun se sentit empoigné. Le soir de la capitulation suprême, épuisé par les privations, la famine et la douleur morale, il traversa les rangs de ses vainqueurs ; tous les fronts se découvraient devant lui ; et il entra dans Richmond acclamé comme un triomphateur. Étrange triomphe : il y avait des larmes dans tous les yeux, l’incendie achevait de dévorer la ville et les habitants étaient vêtus de deuil ! Quatre mois durant, l’ovation continua. On stationnait sous ses fenêtres pour le voir ; des adresses lui arrivaient de tous les points de l’Amérique et de l’Europe ; sa maison devenait un lieu de pèlerinage ; son nom était sur toutes les lèvres. L’Angleterre lui offrait asile et fortune, mais il voulait donner l’exemple et rester à son poste. La tentation d’émigrer n’était que trop puissante pour des hommes vaincus et ruinés et tous ses efforts tendaient à les retenir dans leur patrie. Il puisait une consolation à sa douleur dans ce patriotisme à deux faces qui remplit les cœurs américains : la Virginie était battue, mais les États-Unis étaient sauvés !
-XIII ... Et, comme j’y songeais, précisément les f journaux m’ont apporté la nouvelle de la mort de Jefferson Davis, le premier et Tunique pré F sident des Etats-Confédérés. Il vivait dans la retraite près de la Nouvelle-Orléans. Emprisonné à l’issue de la guerre, il eut à subir un procès que le président Johnston arrêta. Le temps a passé sur ces choses et celte mort ne réveille plus les haines de jadis..., Lincoln, celui que la voix populaire désigna sous le nom de « l’honnèto Abraham », dort son dernier sommeil dans l’Illinois, sa patrie; la statue de Lee s’élève à Lexington ; l’IIudson coule devant la tombe du général Grant et Jefferson Davis repose sur les bords du Mississipi, là-bas, dans le grand cimetière plein de fleurs et de chants ■Vi 19 m.
+288 {{sc universités transatlantiques. Il mourut à l’âge de 63 ans, le 12 octobre 1870, entouré jusqu’au bout des témoignages d’affection de ses compatriotes, qui se pressèrent autour de son cercueil. Ses élèves l’avaient adoré comme jadis ses soldats ; on l’avait vu refuser la pension que la Virginie voulait lui assurer ; on l’avait vu signer, le premier, la demande d’amnistie et « il était arrivé à ce point de vertu chrétienne qu’on se sentait meilleur à le voir, à l’entendre, à songer à lui». Mme Boissonnas, Un Vaincu.
-590 1 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. d’oiseaux, à l’ombro des magnolias, des chênes verls et des lauriors! On l’y a conduit hier en grande pompe, au milieu d’un brillant cortège et, pour la dernière fois, l’étendard confédéré a 9 paru côte i\ côte avec le drapeau étoilé des Etals deux fois unis! i I \ 4
+{{t3|{{rom-maj|xiii|13}}}} {{interligne}} {{interligne}} ... Et, comme j’y songeais, précisément les journaux m’ont apporté la nouvelle de la mort de Jefferson Davis, le premier et l’unique président des États-Confédérés. Il vivait dans la retraite près de la Nouvelle-Orléans. Emprisonné à l’issue de la guerre, il eut à subir un procès que le président Johnston arrêta. Le temps a passé sur ces choses et cette mort ne réveille plus les haines de jadis.... Lincoln, celui que la voix populaire désigna sous le nom de « l’honnête Abraham », dort son dernier sommeil dans l’Illinois, sa patrie ; la statue de Lee s’élève à Lexington ; l’Hudson coule devant la tombe du général Grant et Jefferson Davis repose sur les bords du Mississipi, là-bas, dans le grand cimetière plein de fleurs et de chants
-t WASHINGTON ET BALTIMORE
+290 {{sc universités transatlantiques. d’oiseaux, à l’ombre des magnolias, des chênes verts et des lauriers ! On l’y a conduit hier en grande pompe, au milieu d’un brillant cortège et, pour la dernière fois, l’étendard confédéré a paru côte à côte avec le drapeau étoilé des États deux fois unis !
+washington et baltimore
-Quand Washington so composait d’un Capitole entouré de terrains vagues, il paraît que MM. les attachés des légatibns étrangères s’y ennuyaient de tout leur cœur. Mais tel n’est plus le cas. Une société choisie, moins littéraire qu’a Boston, moins financière qu’à New York, moins américaine qu’à Chicago, mais reflétant dans sa diversité ces trois caractères, a fait de Washington son quartier général. De jolies maisons se sont élevées, des clubs se sont fondés, des salons ouverts. Et, pour rendre la ville digne de ses nouvelles destinées, les édiles ont véritablement fait merveille. Il y a de larges trottoirs, des rues bien pavées, et h tous les carrefours de jolis monuments entourés de fleurs :
-294 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. statues de généraux ou de politiques, fontaines , colonnes commémoratives. On dirait un riche musée • dont les collections auraient 4 t k : été éparpillées t èn vue de quelque fête. Les r avenues sont bordées d’arbres. D’immenses drapeaux flottent au sommet des édifices publics. Et, quand le soleil s’en môle, tout cela a l’air gai, content, heureux d’être au monde. Sur une colline, s’élève le Capitole précédé d’escaliers immenses et dépassant lui-même par ses dimensions tous les Parlements du monde. C’est le dôme du Panthéon sur la colonnade du Louvre; un dôme géant sur une colonnade géante, et tout cela est fait de marbre blanc. Les proportions sont telles et le cadre est si beau qu’on est pénétré d’étonnement lorsqu’on atteint le sommet de la terrasse. D’en bas, rien ne faisait prévoir un spectacle aussi grandiose. Pennsylvania Avenue’ partant du Capitole atteint la Maison-Blanche, dont, on aperçoit aju loin les portiques présidentiels; ii droite, des collines boisées; en face et à * * gauche, le Potomac roulant ses flots sablonneux sur lesquels l’obélisque élevé à la mémoire du Père de la Patrie détache ses arêtes d’ar-
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} Quand Washington se composait d’un Capitole entouré de terrains vagues, il paraît que MM. les attachés des légations étrangères s’y ennuyaient de tout leur cœur. Mais tel n’est plus le cas. Une société choisie, moins littéraire qu’à Boston, moins financière qu’à New York, moins américaine qu’à Chicago, mais reflétant dans sa diversité ces trois caractères, a fait de Washington son quartier général. De jolies maisons se sont élevées, des clubs se sont fondés, des salons se sont ouverts. Et, pour rendre la ville digne de ses nouvelles destinées, les édiles ont véritablement fait merveille. Il y a de larges trottoirs, des rues bien pavées, et à tous les carrefours de jolis monuments entourés de fleurs :
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 295 gent. Les espaces intermédiaires sont semés de clochers, de squares, de constructions de toute espèce au travers desquelles se devine encore le plan primitif, cette gigantesque patte d’oie imitée de Versailles et composée d’avenues rayonnant autour du Capitole, comme r elles rayonnent autour du palais de Louis XIV.
+294 {{sc universités transatlantiques. statues de généraux ou de politiques, fontaines élégantes, colonnes commémoratives. On dirait un riche musée dont les collections auraient été éparpillées en vue de quelque fête. Les avenues sont bordées d’arbres. D’immenses drapeaux flottent au sommet des édifices publics. Et, quand le soleil s’en mêle, tout cela a l’air gai, content, heureux d’être au monde. Sur une colline, s’élève le Capitole précédé d’escaliers immenses et dépassant lui-même par ses dimensions tous les Parlements du monde. C’est le dôme du Panthéon sur la colonnade du Louvre ; un dôme géant sur une colonnade géante, et tout cela est fait de marbre blanc. Les proportions sont telles et le cadre est si beau qu’on est pénétré d’étonnement lorsqu’on atteint le sommet de la terrasse. D’en bas, rien ne faisait prévoir un spectacle aussi grandiose. Pennsylvania Avenue partant du Capitole atteint la Maison-Blanche, dont on aperçoit au loin les portiques présidentiels ; à droite, des collines boisées ; en face et à gauche, le Potomac roulant ses flots sablonneux sur lesquels l’obélisque élevé à la mémoire du Père de la Patrie détache ses arêtes d’ar-
-I t T II h Il y a ici en ce moment beaucoup de personnages politiques. L’ouverture de la session approche et les députés commencent à arriver. Il y a aussi une conférence internationale maritime dont on parle fort peu parce que i le congrès panaméricain l’a complètement éclipsée. Il y a encore un ménage dramatique anglais, SI. et Sirs Kendall. Le journal m’apprend chaque malin quelle robe Sirs Kendall portait la veille cl, aux réceptions que l’on donne « pour avoir le plaisir de la rencontrer », chacun, se m # et h la file dans l’espoir d’oblenir ■ un entretien de trois secondes. A Tune de ces i r réceptions, je vis pour la première fois SL James Blaine, secrétaire d’État, c’cst-ii-diro premier ministre du gouvernement actuel. Les Jtaincs
+{{sc washington et baltimore. gent. Les espaces intermédiaires sont semés de clochers, de squares, de constructions de toute espèce au travers desquelles se devine encore le plan primitif, cette gigantesque patte d’oie imitée de Versailles et composée d’avenues rayonnant autour du Capitole, comme elles rayonnent autour du palais de Louis {{rom-maj|xiv|14}}.
-• ! WASHINGTON ET DALTIMOIVE. 2U cl les affections également violentes dont on l’honoré selon le parti auquel on appartient attestent sa haute valeur. C’est, en effet, un tacticien redoutable, et la façon dont il a conduit Ja dernière campagne présidentielle est tout simplement le chef-d’œuvre de Part électoral. 11 ne voulait pas être président, mais il voulait être premier ministre, ambition très compréhensible pour un chef de parti, mais qu’il fait difficilement admettre par ses partisans. M. Blainc alla donc se promener en Italie, les mains dans ses poches, de Pair d’un citoyen qui a renoncé aux pompes et aux œuvres de la popularité; mais le télégraphe le tint au courant des moindres lluctuations de Popinion et il dirigea de là-bas beaucoup plus librement qu’il ne Peut fait de son cabinet. Puis, le candidat désigné, il revint et assura Pélcclion par son activité prodigieuse et par son habileté à profiter des moindres fautes de scs adversaires. Toutefois ce serait lui faire peu d’honneur que de voir en lui un simple faiseur de présidents; M. Blaine a des visées plus hautes et plus nobles et sa renommée ira croissant dans l’avenir, même si la mort Pen-
+{{t3|{{rom-maj|II|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} Il y a ici en ce moment beaucoup de personnages politiques. L’ouverture de la session approche et les députés commencent à arriver. Il y a aussi une conférence internationale maritime dont on parle fort peu parce que le congrès panaméricain l’a complètement éclipsée. Il y a encore un ménage dramatique anglais, M. et Mrs Kendall. Le journal m’apprend chaque matin quelle robe Mrs Kendall portait la veille et, aux réceptions que l’on donne « pour avoir le plaisir de la rencontrer », chacun se met à la file dans l’espoir d’obtenir un entretien de trois secondes. A l’une de ces réceptions, je vis pour la première fois M. James Blaine, secrétaire d’État, c’est-à-dire premier ministre du gouvernement actuel. Les haines
-298 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. I lève demain à ses fondions. Il a ouvert la Aporie et indiqué la voie, juste au moment où son pays s’avisait de chercher une issue ; il a * esquissé une politique à l’instant précis où ses compatriotes éprouvaient le désir d’en avoir une. Et nos petits-enfants diront : le plan de Blaine, comme nous disons : le plan de Henri IV. Notez que, dans l’esprit de celui qui les combine aussi bien que dans le jugement des contemporains, ces « plans » ont toujours un caractère vague et indéterminé. L’abaissement do la maison d’Autriche n’apparaissait pas a Henri IV avec autant de netteté qu’il nous apparaît aujourd’hui à travers l’histoire; plus lard on prêtera à Blaine des idées très pré ■■ ^ cises, qui se. trouvent sans doute dans son i esprit, mais dont le triage n’est pas encore achevé. Aussi les journaux européens sont-ils dans l’erreur quand ils annoncent -que le congrès panaméricain a échoué. Les projets qui lui ont été soumis étaient des horsd’œuvre; tout au plus servent-ils de jalons pour l’avenir. Le point capital c’était de faire de Washington le centre du continent américain en y . réunissant les délégués de
+{{sc washington et baltimore. et les affections également violentes dont on l’honore selon le parti auquel on appartient attestent sa haute valeur. C’est, en effet, un tacticien redoutable, et la façon dont il a conduit la dernière campagne présidentielle est tout simplement le chef-d’œuvre de l’art électoral. Il ne voulait pas être président, mais il voulait être premier ministre, ambition très compréhensible pour un chef de parti, mais qu’il fait difficilement admettre par ses partisans. M. Blaine alla donc se promener en Italie, les mains dans ses poches, de l’air d’un citoyen qui a renoncé aux pompes et aux œuvres de la popularité ; mais le télégraphe le tint au courant des moindres fluctuations de l’opinion et il dirigea de là-bas beaucoup plus librement qu’il ne l’eut fait de son cabinet. Puis, le candidat désigné, il revint et assura l’élection par son activité prodigieuse et par son habileté à profiter des moindres fautes de ses adversaires. Toutefois ce serait lui faire peu d’honneur que de voir en lui un simple faiseur de présidents ; M. Blaine a des visées plus hautes et plus nobles et sa renommée ira croissant dans l’avenir, même si la mort l’en-
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 299 tous les peuples qui vivent sur ce continent, c’était de donner à ces délégués une haute idée de la puissance des États-Unis,... et cela est fait. Les congressistes savent par le menu quelles sont les forces militaires, commerciales, politiques et intellectuelles de la République Impériale; on leur a donné des leçons de choses; ils sont impressionnés. Blaine n’en voulait pas davantage. Ils peuvent maintenant se disperser. Ce n’est plus à Paris ou à Berlin que leurs gouvernements prendront des inspirations; ; c’est à Wasr hinglon. Ce h’csl plus en Angleterre ou en Allemagne qu’ils enverront leurs étudiants et demanderont des professeurs; c’est à Yale, (i Harvard, il Ann Arbor!... Bref, ce Congrès n’a rien fait de ce que la foule, en attendait; mais il a élu l’oncle Sam président de l’Amérique.
+298 {{sc universités transatlantiques. lève demain à ses fonctions. Il a ouvert la porte et indiqué la voie, juste au moment où son pays s’avisait de chercher une issue ; il a esquissé une politique à l’instant précis où ses compatriotes éprouvaient le désir d’en avoir une. Et nos petits-enfants diront : le plan de Blaine, comme nous disons : le plan de Henri {{rom-maj|iv|4}}. Notez que, dans l’esprit de celui qui les combine aussi bien que dans le jugement des contemporains, ces « plans » ont toujours un caractère vague et indéterminé. L’abaissement de la maison d’Autriche n’apparaissait pas à Henri {{rom-maj|iv|4}} avec autant de netteté qu’il nous apparaît aujourd’hui à travers l’histoire ; plus tard on prêtera à Blaine des idées très précises, qui se trouvent sans doute dans son esprit, mais dont le triage n’est pas encore achevé. Aussi les journaux européens sont-ils dans l’erreur quand ils annoncent que le congrès panaméricain a échoué. Les projets qui lui ont été soumis étaient des hors-d’œuvre ; tout au plus servent-ils de jalons pour l’avenir. Le point capital c’était de faire de Washington le centre du continent américain en y réunissant les délégués de
-P If t \ 111 Un jour, on discutait devant moi, à Paris, les conséquences européennes de la Révolution française, et Ton était unanime pour constater que les principes d’émancipation populaire avaient fait le tour du globe. « En sonlme, remarqua l’uii d’entre nous, il n’y a plus dans le monde civilisé que deux des * potes, le czar et l’empereur allemand. — Vous vous trompez, répondit un autre; ils sont quatre : vous oubliez le premier ministre 9 anglais et le président des Etats-Unis. » Sous sa foripc paradoxale la remarque était profondément juste. On ne se fait pas idée chez nous des pouvoirs exorbitants du « Premier », de cet homme qui forme son cabinet à sa guise, l’étend ou le condense comme
+{{sc washington et baltimore. tous les peuples qui vivent sur ce continent, c’était de donner à ces délégués une haute idée de la puissance des États-Unis,... et cela est fait. Les congressistes savent par le menu quelles sont les forces militaires, commerciales, politiques et intellectuelles de la République Impériale ; on leur a donné des leçons de choses ; ils sont impressionnés. Blaine n’en voulait pas davantage. Ils peuvent maintenant se disperser. Ce n’est plus à Paris ou à Berlin que leurs gouvernements prendront des inspirations ; c’est à Washington. Ce n’est plus en Angleterre ou en Allemagne qu’ils enverront leurs étudiants et demanderont des professeurs ; c’est à Yale, à Harvard, à Ann Arbor !... Bref, ce Congrès n’a rien fait de ce que la foule en attendait ; mais il a élu l’oncle Sam président de l’Amérique.
-WASHINGTON ET BALTIMOKE. 301 l)on lui semble, augmente ou diminue les * attributions de chacun, n’est obligé ni de réunir un conseil ni de prendre l’avis du souverain. Dans la pratique, les choses se passent plus courtoisement, mais c’est pure gentillesse de sa part. Quant au président des f Etats-Unis, sa sphère d’action est des plus vastes. Il a scs vues personnelles, sa politique.... Il est le contraire d’un souverain constitutionnel, car il gouverne et ne règne pas. Mais, sans révolution, ministre et président sont à la merci du peuple, et voilà pourquoi leur despotisme n’est guère comparable à celui de Guillaume II ou d’Alexandre.
+{{t3|{{rom-maj|III|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} Un jour, on discutait devant moi, à Paris, les conséquences européennes de la Révolution française, et l’on était unanime pour constater que les principes d’émancipation populaire avaient fait le tour du globe. « En somme, remarqua l’un d’entre nous, il n’y a plus dans le monde civilisé que deux despotes, le czar et l’empereur allemand. — Vous vous trompez, répondit un autre ; ils sont quatre : vous oubliez le premier ministre anglais et le président des États-Unis. » Sous sa forme paradoxale la remarque était profondément juste. On ne se fait pas idée chez nous des pouvoirs exorbitants du « Premier », de cet homme qui forme son cabinet à sa guise, l’étend ou le condense comme
-! r 1 IV Le citoyen américain qui veut expédier une caisse de meubles à ’l’autre bout du pays, ou qui désire éclairer sa maison à la lumière élec * ► trique, s’adresse à une compagnie de transports ou d’électricité ; quand il veut pourvoir au gouvernement de son pays (et ce besoin se manifeste tous les quatre ans), il s’adresse de meme a une compagnie qui a ses bureaux, son organisation, ses prospectus et avec laquelle il traite. Des employés bien stylés prennent sa commande et la compagnie s’engage, en. retour du bulletin jde vote qu’il mettra dans l’urne, a faire les réparations et les améliorations qu’il a signalées. Il y a actuellement deux grandes compagnies de gouvernement : la Républicaine et la Démocrate. La Républicaine, plus puis E
+{{sc washington et baltimore. bon lui semble, augmente ou diminue les attributions de chacun, n’est obligé ni de réunir un conseil ni de prendre l’avis du souverain. Dans la pratique, les choses se passent plus courtoisement, mais c’est pure gentillesse de sa part. Quant au président des États-Unis, sa sphère d’action est des plus vastes. Il a ses vues personnelles, sa politique.... Il est le contraire d’un souverain constitutionnel, car il gouverne et ne règne pas. Mais, sans révolution, ministre et président sont à la merci du peuple, et voilà pourquoi leur despotisme n’est guère comparable à celui de Guillaume {{rom-maj|ii|2}} ou d’Alexandre.
-WASHINGTON* ET DALTIMOItE. 303 saule, a presque constamment obtenu le monopolo depuis vingt ans. Les employés, chefs de bureau, etc., s’appellent des politiciens et on a généralement moins de considération pour eux que pour les employés, chefs de bureau, etc., des compagnies de
+{{t3|{{rom-maj|IV|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le citoyen américain qui veut expédier une caisse de meubles à l’autre bout du pays, ou qui désire éclairer sa maison à la lumière électrique, s’adresse à une compagnie de
-ou d’électricité. Aussi, quand on veut faire l’éloge d’un président, on dit que son « administration » a été aussi bonne que celle d’une compagnie particulière! En France, c’est l’inverse : nous disons qu’une compagnie est organisée aussi bien qu’une < administration’ publique! et c’est uni compliment! *
+ou d’électricité ; quand il veut pourvoir au gouvernement de son pays (et ce besoin se manifeste tous les quatre ans), il s’adresse de même à une compagnie qui a ses bureaux, son organisation, ses prospectus et avec laquelle il traite. Des employés bien stylés prennent sa commande et la compagnie s’engage, en retour du bulletin de vote qu’il mettra dans l’urne, à faire les réparations et les améliorations qu’il a signalées. Il y a actuellement deux grandes compagnies de gouvernement : la Républicaine et la Démocrate. La Républicaine, plus puis-
-s r t î V r l ( ► ( Je ne déteste pas cette manière d’entendre * le gouvernement; elle a bien ses avantages et elle est très xx* siècle. Je dois avouer, au Ji reste, que les politiciens ne me paraissent pas aussi méprisables qu’on veut bien le dire, G -est la passion politique qui les noircit de la sorte* La passion politique est un sport pour .les Américains. Ils n’ont pas du tout de raisons de boxer moralement dans leurs journaux et parfois matériellement dans les rues. Vous ne devineriez jamais quelle différence il y a entre leurs républicains et leurs démocrates! Pensez-vous qu’ils ne soient pas d’ac H cord sur la forme du gouvernement, sur la tolérance religieuse, sur les avantages de la démocratie, sur les bienfaits de l’instruction?...
+{{sc washington et baltimore. sante, a presque constamment obtenu le monopole depuis vingt ans. Les employés, chefs de bureau, etc., s’appellent des politiciens et on a généralement moins de considération pour eux que pour les employés, chefs de bureau, etc., des compagnies de transports ou d’électricité. Aussi, quand on veut faire l’éloge d’un président, on dit que son « administration » a été aussi bonne que celle d’une compagnie particulière ! En France, c’est l’inverse : nous disons qu’une compagnie est organisée aussi bien qu’une administration publique ! et c’est un compliment !
--r ■ ’ . r " r WASHINGTON ET BALTIMOUE. 303 Vous n’y clés pas! Il s’agit clos soieries. Des ■ deux côtés on pense qu’il est bon de les laxcr; mais les uns voudraient des droits un peu moins élevés que les autres.... Vous voyez bien qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, ni même tuer un homme, et que tout cela, c’est du sport! Le patriotisme n’en existe pas moins et ses éclats ont la soudaineté et la violence de la foudre. Quand le président va se promener on le regarde passer comme on regarde, à Paris, * les voitures de Old En gland ou les tableaux qui vont à l’Exposition. Ces jours-là, il n’est rien qu’un simple particulier.... Mais quand vient le l juillet, quand une cérémonie publique nécessite son apparition, quand il est appelé à représenter le pays, on dirait un autre peuple et un autre homme. C’est l’ivresse qui les prend, tous, l’ivresse de rcnlhousiasmc! ils acclament, ils sortent d’eux-mômes, ils sont fous!.», et lui, le petit bourgeois, quelque commun qu’il soit, il se transforme et se transligure, comme le prêtre à l’autel. L’Amérique, dans ces moments-là, n’a plus qu’une àmo cl celte Ame va à lui et de lui à Dieu! Parlcz 20
+{{t3|{{rom-maj|V|5}}}} {{interligne}} {{interligne}} Je ne déteste pas cette manière d’entendre le gouvernement ; elle a bien ses avantages et elle est très {{rom|XX}}e siècle. Je dois avouer, au reste, que les politiciens ne me paraissent pas aussi méprisables qu’on veut bien le dire. C’est la passion politique qui les noircit de la sorte. La passion politique est un sport pour les Américains. Ils n’ont pas du tout de raisons de boxer moralement dans leurs journaux et parfois matériellement dans les rues. Vous ne devineriez jamais quelle différence il y a entre leurs républicains et leurs démocrates ! Pensez-vous qu’ils ne soient pas d’accord sur la forme du gouvernement, sur la tolérance religieuse, sur les avantages de la démocratie, sur les bienfaits de l’instruction ?...
-300 UNIYISnSITÉS TIIANSATLANTIQUES. leur du I juillet, aux petits clans les écoles, aux grands dans les universités; cela fait passer une llamme dans leurs yeux. Qui peut dire la force du sentiment qui les fait vibrer 1 quand ils aperçoivent leur drapeau avec ses joyeuses raies rouges et son Jirmamcnt d’étoiles, ou leur « national bird », l’aigle dorée qui semble délier riiumanité. Est-ce que v.ous saisissez quelque chose de tout ce que je vous dis là? Je me donne bien du mal pour vous faire comprendre ce pays et sans doute je n’y réussis guère. Mgr Keanc, le ; Recteur de l’université catholique de Washington, me disait en me parlant d’un ouvrage écrit par un de nos compatriotes : « Que voulez-vous qu’un royaliste européen comprenne à notre organisation? J’espère que vous n’ôtes pas royaliste, car vous perdriez votre temps à nous analyser. » _ i
+{{sc washington et baltimore. Vous n’y êtes pas ! Il s’agit des soieries. Des deux côtés on pense qu’il est bon de les taxer ; mais les uns voudraient des droits un peu moins élevés que les autres.... Vous voyez bien qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, ni même tuer un homme, et que tout cela, c’est du sport ! Le patriotisme n’en existe pas moins et ses éclats ont la soudaineté et la violence de la foudre. Quand le président va se promener on le regarde passer comme on regarde, à Paris, les voitures de Old England ou les tableaux qui vont à l’Exposition. Ces jours-là, il n’est rien qu’un simple particulier.... Mais quand vient le 4 juillet, quand une cérémonie publique nécessite son apparition, quand il est appelé à représenter le pays, on dirait un autre peuple et un autre homme. C’est l’ivresse qui les prend, tous, l’ivresse de l’enthousiasme ! ils acclament, ils sortent d’eux-mêmes, ils sont fous !... et lui, le petit bourgeois, quelque commun qu’il soit, il se transforme et se transfigure, comme le prêtre à l’autel. L’Amérique, dans ces moments-là, n’a plus qu’une âme et cette âme va à lui et de lui à Dieu ! Parlez-
-i Oa ferait bien des kilométrés autour du globe pour avoir le plaisir dq rencontrer Mgr t Keane; et tous ceux qui le connaissent sont unanimes pour vanter le charme de sa parole et de ses manières. Mais son modernisme porterait la terreur dans l’esprit de bien des catholiques d’Europe. IJ respecte le passé, il aime le présent, il croit à l’avenir; c’est un sage. Il respecte le passé parce qu’il est très savant et qu’il sait étudier chaque époque avec les limettes qui conviennent,... et Dieu sait si on en a changé, de lunettes! 11 aime le présent parce qu’il constate avec joie le bien qui se fait chaque jour autour de lui; il a foi en l’avenir parce qu’il est Américain jusqu’au boutades
+306 {{sc universités transatlantiques. leur du 4 juillet, aux petits dans les écoles, aux grands dans les universités ; cela fait passer une flamme dans leurs yeux. Qui peut dire la force du sentiment qui les fait vibrer quand ils aperçoivent leur drapeau avec ses joyeuses raies rouges et son firmament d’étoiles, ou leur « national bird », l’aigle dorée qui semble défier l’humanité. Est-ce que vous saisissez quelque chose de tout ce que je vous dis là ? Je me donne bien du mal pour vous faire comprendre ce pays et sans doute je n’y réussis guère. Mgr Keane, le Recteur de l’université catholique de Washington, me disait en me parlant d’un ouvrage écrit par un de nos compatriotes : « Que voulez-vous qu’un royaliste européen comprenne à notre organisation ? J’espère que vous n’êtes pas royaliste, car vous perdriez votre temps à nous analyser. »
-UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. ongles et que rien ne l’cflVayc.... Mon Dieu! là vie actuelle est une chasse à courre. Ceux ’ qui ne savent pas bien monter à cheval ponsent constamment qu’ils vont tomber; la i vitesse les met mal à Taise et les obstacles les secouent rudement et les déplacent, tandis que les autres, bien solides sur leurs montures et ► parfaitement rassurés, franchissent ces mêmes L obstacles le plqs facilement ‘ du monde ! Los catholiques des États-Unis semblent appartenir à cette dernière catégorie; ce sont de bons cavaliers et ils n’ont peur de rien. On parle beaucoup d’eux en ce moment. Ils viennent de célébrer le centième anniversaire de l’établis scnient officiel du culte catholique, et de Tins ^ .. lallation de l’évêque Carroll, qui fut l’ami de i ’ \Vasliinglon. Ils étaient 40000 alors; ils sont ■ * 10 millions à présent. Les fêtes de ce centenaire religieux ont coïncidé, avec l’inaugura h \ lion de l’université de Washington, et une sorte dé « concile laïque » s’est réuni à Haiti more pour y discuter diverses’ questions de iL ’ ‘ ^ _ presse et de propagande. L’idée de fonder une grande université catholique en ce pays date de loin. Les con-
+{{t3|{{rom-maj|VI|6}}}} {{interligne}} {{interligne}} On ferait bien des kilomètres autour du globe pour avoir le plaisir de rencontrer Mgr Keane ; et tous ceux qui le connaissent sont unanimes pour vanter le charme de sa parole et de ses manières. Mais son modernisme porterait la terreur dans l’esprit de bien des catholiques d’Europe. Il respecte le passé, il aime le présent, il croit à l’avenir ; c’est un sage. Il respecte le passé parce qu’il est très savant et qu’il sait étudier chaque époque avec les lunettes qui conviennent,... et Dieu sait si on en a changé, de lunettes ! Il aime le présent parce qu’il constate avec joie le bien qui se fait chaque jour autour de lui ; il a foi en l’avenir parce qu’il est Américain jusqu’au bout des
-WASHINGTON ET IIALTIMORE. 309 cilôs nationaux 1 l’ont discutée à plusieurs reprises; celui do 1884 Ta adoptée. Miss Mary (iwendolino Caldwoll, dont le grand-père était directeur de théâtre et le père fabricant de gaz à la Nouvelle-Orléans, donna 300 000 dollars (1 500 000 francs), et en peu de temps on put réunir, grâce à d’autres souscriptions, la somme de 4 millions. Une vaste propriété fut acquise et la première pierre fut solennellement posée le 24 mai 1888, en présence du cardinal Gibbons, du président de la République et d’une foule immense. Mgr Spalding, évêque de Peoria, prononça ce jour-là le plus magnifique en même temps que le plus audacieux discours qui se soit jamais échappé îles lèvres d’un prêtre catholique. Qu’on me permette d’en citer quelques passages : « Félicitons-nous, s’est écrié l’évêque dans une explosion de r ‘ t patriotisme, félicitons-nous d’avoir prouvé par ■ « * des faits que le respect des lois est compatible avec la liberté civile et religieuse; qu’un peuple libre peut prospérer et grandir sans souverain ■ W . 9 et sans guerre; que l’Eglise et l’Etat peuvent ■j 1 . v . ■ \ A. Ces conciles se composent de tous les évêques catho tiques des États-Unis; il yen a eu trois dans ce siècle.
+308 {{sc universités transatlantiques. ongles et que rien ne l’effraye.... Mon Dieu ! la vie actuelle est une chasse à courre. Ceux qui ne savent pas bien monter à cheval pensent constamment qu’ils vont tomber ; la vitesse les met mal à l’aise et les obstacles les secouent rudement et les déplacent, tandis que les autres, bien solides sur leurs montures et parfaitement rassurés, franchissent ces mêmes obstacles le plus facilement du monde ! Les catholiques des États-Unis semblent appartenir à cette dernière catégorie ; ce sont de bons cavaliers et ils n’ont peur de rien. On parle beaucoup d’eux en ce moment. Ils viennent de célébrer le centième anniversaire de l’établissement officiel du culte catholique, et de l’installation de l’évêque Carroll, qui fut l’ami de Washington. Ils étaient 40000 alors ; ils sont 10 millions à présent. Les fêtes de ce centenaire religieux ont coïncidé avec l’inauguration de l’université de Washington, et une sorte de « concile laïque » s’est réuni à Baltimore pour y discuter diverses questions de presse et de propagande. L’idée de fonder une grande université catholique en ce pays date de loin. Les con-
-! 3 IU UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. agir séparément pour le bien public; que le gou t F Vornemont de la majorité, quand les hommes ont foi en Dieu ef en la science, est après tout ■ ; le gouvernement le plus juste et le plus sage. Cette expérience nous assure la place d’honneur parmi les nations qui aspirent h une vie de plus en plus libre et do plus en plus noble. »> Et plus loin, en guise de programme pour > l’avenir : « Proposons-nous h présent de préparer l’avènement d’une organisation sociale qui assurera à chacun l’abri, la nourriture et le vêlement; conformons-nous à la divine parole : « O Israël, tu ne souffriras pas qu’il y ait au dedans de tes frontières un seul mon J ’ dianl, un seul misérable! » Nous avons le droit d’aspirer au moment bienheureux ou nul homme ne sera condamné à un travail sans + w merci et sans résultat; au temps où nulle distinction n’existera plus entré les individus. » Plus loin encore : « La science nous a permis de prolongei* les existences, de lutter contre lé maladie, de soulager la douleur, de fertiliser la b terre, d’illuminer nos villes, d’assaillir nos - " * ■ demeures. En même temps elle nous a ouvert t _ " les abîmes du firmament et les mystérieux \
+{{sc washington et baltimore. ciles nationaux l’ont discutée à plusieurs reprises ; celui de 1884 l’a adoptée. Miss Mary Gwendoline Caldwell, dont le grand-père était directeur de théâtre et le père fabricant de gaz à la Nouvelle-Orléans, donna 300000 dollars (1500000 francs), et en peu de temps on put réunir, grâce à d’autres souscriptions, la somme de 4 millions. Une vaste propriété fut acquise et la première pierre fut solennellement posée le 24 mai 1888, en présence du cardinal Gibbons, du président de la République et d’une foule immense. Mgr Spalding, évêque de Peoria, prononça ce jour-là le plus magnifique en même temps que le plus audacieux discours qui se soit jamais échappé des lèvres d’un prêtre catholique. Qu’on me permette d’en citer quelques passages : « Félicitons-nous, s’est écrié l’évêque dans une explosion de patriotisme, félicitons-nous d’avoir prouvé par des faits que le respect des lois est compatible avec la liberté civile et religieuse ; qu’un peuple libre peut prospérer et grandir sans souverain et sans guerre ; que l’Église et l’État peuvent Ces conciles se composent de tous les évêques catholiques des États-Unis ; il y en a eu trois dans ce siècle.
-WASHINGTON ET BALTIMORE. ;Ml détails de la création nous ont été révélés peu à peu. Nous connaissons l’histoire du globe, nous avons surpris les secrets de civilisalions disparues et nos decouvertes augmentent chaque jour; et tout cela n’est qu’un prélude, la préface d’un Age nouveau. Car prétendre que nos progrès sont seulement matériels, c’est manquer de bonne foi; tout indique le contraire. D’autres époques ont vu passer des figures plus saisissantes que nous n’en voyons aujourd’hui, mais jamais le monde n’avait été * gouverné avec autant de sagesse et de justice. » Ils sont peu là-bas qui parlent comme Mgr Spalding! mais ils sont beaucoup qui pensent comme lui.
+310 {{sc universités transatlantiques. agir séparément pour le bien public ; que le gouvernement de la majorité, quand les hommes ont foi en Dieu et en la science, est après tout le gouvernement le plus juste et le plus sage. Cette expérience nous assure la place d’honneur parmi les nations qui aspirent à une vie de plus en plus libre et de plus en plus noble. » Et plus loin, en guise de programme pour l’avenir : « Proposons-nous à présent de préparer l’avènement d’une organisation sociale qui assurera à chacun l’abri, la nourriture et le vêtement ; conformons-nous à la divine parole : « O Israël, tu ne souffriras pas qu’il y ait au dedans de tes frontières un seul mendiant, un seul misérable ! » Nous avons le droit d’aspirer au moment bienheureux ou nul homme ne sera condamné à un travail sans merci et sans résultat ; au temps où nulle distinction n’existera plus entre les individus. » Plus loin encore : « La science nous a permis de prolonger les existences, de lutter contre la maladie, de soulager la douleur, de fertiliser la terre, d’illuminer nos villes, d’assainir nos demeures. En même temps elle nous a ouvert les abîmes du firmament et les mystérieux
-! - i \ 1 t J * * } * 11 v ■ ■ ■ a " ✓ t a . ^ t j ■fi h r \ + v J VII /’ ■ f ^ _ _ J ,_. > i , £ ^ : ; ■ ’ ■ h , f J . î - ’ - : . J Lo bâtiment qui a été inauguré l’autre jour no représente qu’un septième de l’université; il est affecté à la théologie. Les six autres seront construits ultérieurement, pour contenir • , la faculté des sciences et ses laboratoires, la 1 ’ i * .n 1 r- y h , T J - _ ■ *■ } ^ facilité de médecine, la faculté des lettres, la ‘ V > ’ t’"’ faculté de droit, la bibliothèque. Les profes s -r - t -« ^ seurs et directeurs doivent être catholiques, mais les étudiants seront admis sans distinc n ■r’ *■ L - u - ’ , * ’ ’ k ’ — l tion de culte. Actuellement il n’y a donc tju’unc sorte de « séminaire supérieur », renfermant dix professeprs appartenant à la congrégation J ■ de Saint-Sulpice et soixante jeunes prêtres qui rf ’• -t,- 1 - J . I , - ■ - ‘ | v viennent là recevoir un complément d’instruc tion religieuse. L’œuvre universitaire propre| ^ ment dite n’est pas commencée. La cérémonie
+{{sc washington et baltimore. détails de la création nous ont été révélés peu à peu. Nous connaissons l’histoire du globe, nous avons surpris les secrets de civilisations disparues et nos découvertes augmentent chaque jour ; et tout cela n’est qu’un prélude, la préface d’un âge nouveau. Car prétendre que nos progrès sont seulement matériels, c’est manquer de bonne foi ; tout indique le contraire. D’autres époques ont vu passer des figures plus saisissantes que nous n’en voyons aujourd’hui, mais jamais le monde n’avait été gouverné avec autant de sagesse et de justice. » Ils sont peu là-bas qui parlent comme Mgr Spalding ! mais ils sont beaucoup qui pensent comme lui.
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 313 d’inauguration a eu lieu ail milieu d’un grand enthousiasme; elle s’est terminée par un ban p quet, auquel assistaient le président Ilarrison, r M. Blaine et les autres secrétaires d’Etat, ainsi que le vice-président de la République et sa femme; de nombreux toasts ont été portés, par les évoques présents, au chef de l’Etat, au pape, au clergé canadien, à la presse!... Un évêque portant un toast à la presse! Où allons- nous! f i
+{{t3|{{rom-maj|VII|7}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le bâtiment qui a été inauguré l’autre jour ne représente qu’un septième de l’université ; il est affecté à la théologie. Les six autres seront construits ultérieurement, pour contenir la faculté des sciences et ses laboratoires, la faculté de médecine, la faculté des lettres, la faculté de droit, la bibliothèque. Les professeurs et directeurs doivent être catholiques, mais les étudiants seront admis sans distinction de culte. Actuellement il n’y a donc qu’une sorte de « séminaire supérieur », renfermant dix professeurs appartenant à la congrégation de Saint-Sulpice et soixante jeunes prêtres qui viennent là recevoir un complément d’instruction religieuse. L’œuvre universitaire proprement dite n’est pas commencée. La cérémonie
-VIII C’est ii quelques jours de là que Mgr K cane m’a montré son université naissante, où les choses et les hommes commençaient il peine à s’installer. La curiosité publique n’étant pas encore satisfaite, les tramways amenaient de * ’Washington de nombreux promeneurs qui erraient librement dans l’édifice. Ils s’arrêtaient dans le vestibule devant un gigantesque por ¥ trait de Léon XIII envoyé de Rome, essayaient les rocking-chairs du parloir, pénétraient dans la chapelle, regardaient des ouvriers poser des appareils d’éclairage électrique et s’en T; retournaient très contents. Et, au milieu d’eux, les élèves en soutane passaient sans baisser les yeux ni joindre les mains. Et Mgr Kcane, de sa voix douce et distinguée, me tenait quel-
+{{sc washington et baltimore. d’inauguration a eu lieu au milieu d’un grand enthousiasme ; elle s’est terminée par un banquet, auquel assistaient le président Harrison, M. Blaine et les autres secrétaires d’État, ainsi que le vice-président de la République et sa femme ; de nombreux toasts ont été portés, par les évêques présents, au chef de l’État, au pape, au clergé canadien, à la presse !... Un évêque portant un toast à la presse ! Où allons-nous !
-WASHINGTON KT HALTIMOUI’. ;H5 quo propos horriblement démocratique, mais 9 toujours noble et élevé. Et, vue de là, l’Eglise catholique apparaissait sous un jour tout nouveau, pleine de jeunesse et de force,.., un grand navire entrant à pleines voiles dans un océan inconnu! Elèves et professeurs ont chacun une chambre et un cabinet de travail chauffés à Peau chaude, éclairés à la lumière électrique; les boiseries sont soignées, les peintures, claires; mais il n’y a pas une tenture, rien qui sente le luxe inutile, à moins que les séminaristes de chez noirs ne traitent de « luxe inutile » les salles de bains et la « salle de récréation ». Cette J salle de récréation est située tout en haut de l’édifice. Elle contient des billards et un gymnase assez bien équipé : on peut y fumer. En voyant tout cela, j’ai demandé par plaisanterie s’il y avait un champ de jeu pour le foot-ball\ et il m’a été répondu qu’on en installerait assurément un quand 1’université serait complétée, et qu’il pourrait servir aux théologiens comme aux autres étudiants. Elle m’a tant étonné, cette université catho . “ iT 1 +■ lique de Washington, que j’y suis revenu deux
+{{t3|{{rom-maj|VIII|8}}}} {{interligne}} {{interligne}} C’est à quelques jours de là que Mgr Keane m’a montré son université naissante, où les choses et les hommes commençaient à peine à s’installer. La curiosité publique n’étant pas encore satisfaite, les tramways amenaient de Washington de nombreux promeneurs qui erraient librement dans l’édifice. Ils s’arrêtaient dans le vestibule devant un gigantesque portrait de Léon {{rom-maj|xiii|13}} envoyé de Rome, essayaient les rocking-chairs du parloir, pénétraient dans la chapelle, regardaient des ouvriers poser des appareils d’éclairage électrique et s’en retournaient très contents. Et, au milieu d’eux, les élèves en soutane passaient sans baisser les yeux ni joindre les mains. Et Mgr Keane, de sa voix douce et distinguée, me tenait quel-
-310 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. jours après pour y tlïnor et passor la journée; cto quoi n’avons-nous pas causé h table et quelle indépendance de jugement s’est manifestée au travers des conversations! Chez nous, les * élèves de Saiiil-Sulpieo ou d’Issy sont les victimes de la routine la plus incompréhensible; on no leur permet pas do prendre doux fois d’un plat, on les fait étudier dans des pièces non chauffées, on les force à traîner partout leur pupitre avec eux.... Pourquoi? Parce que la tradition le veut ainsi. Le corps anémié, l’intelligence rétrécie, le caractère brisé, ils vont ensuite vivre dans une société qu’ils ne peuvent ni suivre ni comprendre. Ceux-ci, tout au contraire, formés pour la lutte, sont aptes ii guider l’humanité. f Quand j’ai quitté Mgr Keanc, il se faisait tard; un petit concert de piano et de violon s’était organisé dans la chambre de l’nn des professeurs et les amateurs de musique étaient groupés autpur des exécutants. Je suis revenu * r à pied b travers des bois très sombres; j’ai longé des landes inhabitées, im mur de cimetière; puis les bois ont reparu.... Un tramway électrique a passé tout à coup devant moi,
+{{sc washington et baltimore. que propos horriblement démocratique, mais toujours noble et élevé. Et, vue de là, l’Église catholique apparaissait sous un jour tout nouveau, pleine de jeunesse et de force,... un grand navire entrant à pleines voiles dans un océan inconnu ! Élèves et professeurs ont chacun une chambre et un cabinet de travail chauffés à l’eau chaude, éclairés à la lumière électrique ; les boiseries sont soignées, les peintures, claires ; mais il n’y a pas une tenture, rien qui sente le luxe inutile, à moins que les séminaristes de chez nous ne traitent de « luxe inutile » les salles de bains et la « salle de récréation ». Cette salle de récréation est située tout en haut de l’édifice. Elle contient des billards et un gymnase assez bien équipé : on peut y fumer. En voyant tout cela, j’ai demandé par plaisanterie s’il y avait un champ de jeu pour le foot-ball ; et il m’a été répondu qu’on en installerait assurément un quand l’université serait complétée, et qu’il pourrait servir aux théologiens comme aux autres étudiants. Elle m’a tant étonné, cette université catholique de Washington, que j’y suis revenu deux
-WASHINGTON ET BA LT IM OHE. 317 glissant sur 1111 fil invisible, 1 res vile; et ce wagon illuminé, plein de monde, courant loul seul au milieu de celle solilude noire, e’clail une impression rare, une apparition incohérente.... Enfin Washington s’est montre à un délour du chemin; des milliers de lumières jaunes, de grands rayons blanchâtres troublant la nuit, et une rumeur lointaine, incessante et confuse.
+316 {{sc universités transatlantiques. jours après pour y dîner et passer la journée ; de quoi n’avons-nous pas causé à table et quelle indépendance de jugement s’est manifestée au travers des conversations ! Chez nous, les élèves de Saint-Sulpice ou d’Issy sont les victimes de la routine la plus incompréhensible ; on ne leur permet pas de prendre deux fois d’un plat, on les fait étudier dans des pièces non chauffées, on les force à traîner partout leur pupitre avec eux.... Pourquoi ? Parce que la tradition le veut ainsi. Le corps anémié, l’intelligence rétrécie, le caractère brisé, ils vont ensuite vivre dans une société qu’ils ne peuvent ni suivre ni comprendre. Ceux-ci, tout au contraire, formés pour la lutte, sont aptes à guider l’humanité. Quand j’ai quitté Mgr Keane, il se faisait tard ; un petit concert de piano et de violon s’était organisé dans la chambre de l’un des professeurs et les amateurs de musique étaient groupés autour des exécutants. Je suis revenu à pied à travers des bois très sombres ; j’ai longé des landes inhabitées, un mur de cimetière ; puis les bois ont reparu.... Un tramway électrique a passé tout à coup devant moi,
-f t H f Eu face do la Maison-Blanche, l’asile où, quatre ans durant, l’élu de la nation goûte les douceurs et subit les lourdes charges du pou q voir, se dresse l’obélisque de 175 mètres élevé à la mémoire de George Washington. Il faut t ■ en toucher la base pour se rendre compte de ses dimensions; de loin, il passerait inaperçu , ’■ * * , + n’était l’éclat mat des blocs de marbre blanc ’ ’ î qui le composent. L’intérieur renferme un large escalier de fer qui tourne autour de la cage de l’ascenseur. Pas une fenêtre; au sommet seulement, quelques lucarnes, invisibles d’en bas, permettent d’examiner le paysage. Des lampes ■i électriques éclairent les épaisses murailles où sont incrustées par centaines les pierres commémoratives données par les étals, cqrpora v
+{{sc washington et baltimore. glissant sur un fil invisible, très vite ; et ce wagon illuminé, plein de monde, courant tout seul au milieu de cette solitude noire, c’était une impression rare, une apparition incohérente.... Enfin Washington s’est montré à un détour du chemin ; des milliers de lumières jaunes, de grands rayons blanchâtres troublant la nuit, et une rumeur lointaine, incessante et confuse.
-WASHINGTON ET 1ULT1M011E. 319 lions, associations, régiments, écoles, de la llépubliq lie. California , younger sister of Ihe Union brings lier golden tribale Virginia ivfio gave Washington to his country gives this granité , for his monument,... et ainsi de suite avec de longues louanges pour le « Père de la Patrie ». Dans cette atmosphère de tombeau, avec ces perspectives étranges d’abîme , les lueurs fantastiques des lampes cl le bruit rctcn m tjssant des chaînes de l’ascenseur, tous ces noms formant une litanie patriotique sont d’un effet grandiose et inoubliable; on se. prend à songer, que la gloire de George Washington est absolument pure; que tout un peuple bénit sa mémoire; que l’univers entier admire scs vertus et que rien irest resté de lui qui ne soit beau, honnête, juste et enviable....
+{{t3|{{rom-maj|IX|9}}}} {{interligne}} {{interligne}} En face de la Maison-Blanche, l’asile où, quatre ans durant, l’élu de la nation goûte les douceurs et subit les lourdes charges du pouvoir, se dresse l’obélisque de 175 mètres élevé à la mémoire de George Washington. Il faut en toucher la base pour se rendre compte de ses dimensions ; de loin, il passerait inaperçu n’était l’éclat mat des blocs de marbre blanc qui le composent. L’intérieur renferme un large escalier de fer qui tourne autour de la cage de l’ascenseur. Pas une fenêtre ; au sommet seulement, quelques lucarnes, invisibles d’en bas, permettent d’examiner le paysage. Des lampes électriques éclairent les épaisses murailles où sont incrustées par centaines les pierres commémoratives données par les états, corpora-
-X Je lis, avec un vif intérêt, les journaux qui nie donnent des nouvelles de la Révolution brésilienne et je trouve matière à réflexions dans les appréciations qu’ils contiennent. Dom Pedro est venu aux États-Unis; il y est populairc; on lui sait gré de ses sentiments libéraux et de sa simplicité démocratique; on estime surtout ses goûts scientifiques, son humeur voyageuse, le souci qu’il a d’étendre scs connaissances, le plaisir qu’il éprouve à fairecatiscr les spécialistes. La plupart des journaux lui consacrent chaque matin des articles élogieux qui paraîtraient insultants il quiconque les lirait en Europe. Non pas qu’ils soient empreints de violence à l’égard des institutions monarehi L/ que», ni meme qu’ils reflètent un mépris voulu
+{{sc washington et baltimore. tions, associations, régiments, écoles, de la République. ― California, younger sister of the Union brings her golden tribute.... Virginia who gave Washington to his country gives this granite for his monument,... et ainsi de suite avec de longues louanges pour le « Père de la Patrie ». Dans cette atmosphère de tombeau, avec ces perspectives étranges d’abîme, les lueurs fantastiques des lampes et le bruit retentissant des chaînes de l’ascenseur, tous ces noms formant une litanie patriotique sont d’un effet grandiose et inoubliable ; on se prend à songer que la gloire de George Washington est absolument pure ; que tout un peuple bénit sa mémoire ; que l’univers entier admire ses vertus et que rien n’est resté de lui qui ne soit beau, honnête, juste et enviable....
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 321 pour tout co qui n’est pas la République, mais les éloges adressés à la personne de l’Empereur diminuent singulièrement le prestige de l’Empire. Pour tout le monde ici, c’est un fonctionnaire révoqué, dismissed from seroice; le peuple brésilien ne renouvelle pas son bail, il prend d’autres arrangements et remercie son régisseur, à la fidélité et à l’honnêteté duquel il rend hommage au moment de se séparer de lui. C’est à merveille et parfaitement dans l’ordre. L’acte lui-meme est discuté et sévèrement, au point de » * * * vue de son opportunité; on émet l’avis que le Brésil va perdre au change et qu’il aurait mieux valu attendre la mort de Don Pedro pour opérer la réforme. Car ce ifest pas une Révolution, c’est une réforme. L’Empire n’est pas renversé; il cesse. 21
+{{t3|{{rom-maj|X|10}}}} {{interligne}} {{interligne}} Je lis, avec un vif intérêt, les journaux qui me donnent des nouvelles de la Révolution brésilienne et je trouve matière à réflexions dans les appréciations qu’ils contiennent. Dom Pedro est venu aux États-Unis ; il y est populaire ; on lui sait gré de ses sentiments libéraux et de sa simplicité démocratique ; on estime surtout ses goûts scientifiques, son humeur voyageuse, le souci qu’il a d’étendre ses connaissances, le plaisir qu’il éprouve à faire causer les spécialistes. La plupart des journaux lui consacrent chaque matin des articles élogieux qui paraîtraient insultants à quiconque les lirait en Europe. Non pas qu’ils soient empreints de violence à l’égard des institutions monarchiques, ni même qu’ils reflètent un mépris voulu
-L fi t i I J XI Lo bureau d’Éducalion, inslitué dès 1867, a pris une extension considérable. Il est, .à mon sens, admirablement organisé et sa grande uti ; lité découle de son extrême simplicité . On y centralise tous les renseignements que l’on peut sé procurer sur les écoles, collèges, universités des Etats de TUnion. On imprime ces documents ■ f ct on les échange avec l’étranger. Rien ne. se fait ni ne se public au dehors qui ne" soit connu de la sorte à Washington, et le directeur de cet important bureau est assurément l’homme qui peut en savoir le plus long sur la pédagogie universelle* Cliaquc année, on édile un volumineux rapport sur l’ensemble de la question, des études spéciales, des « circulaires d’informations » et des brochures historiques. 11 n’y a pas beaucoup
+{{sc washington et baltimore. pour tout ce qui n’est pas la République, mais les éloges adressés à la personne de l’Empereur diminuent singulièrement le prestige de l’Empire. Pour tout le monde ici, c’est un fonctionnaire révoqué, dismissed from service ; le peuple brésilien ne renouvelle pas son bail, il prend d’autres arrangements et remercie son régisseur, à la fidélité et à l’honnêteté duquel il rend hommage au moment de se séparer de lui. C’est à merveille et parfaitement dans l’ordre. L’acte lui-même est discuté et sévèrement, au point de vue de son opportunité ; on émet l’avis que le Brésil va perdre au change et qu’il aurait mieux valu attendre la mort de Don Pedro pour opérer la réforme. Car ce n’est pas une Révolution, c’est une réforme. L’Empire n’est pas renversé ; il cesse.
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 323 d’employés pour une si grosse besogne; les 4 sous-chefs sont des dames parlant plusieurs * langues et remplissant leurs fondions avec un zèle et une ponctualité remarquables. Quand donc nous déciderons-nous à ouvrir aux femmes rentrée des bureaux, leur domaine naturel?
+{{t3|{{rom-maj|XI|11}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le bureau d’Éducation, institué dès 1867, a pris une extension considérable. Il est, à mon sens, admirablement organisé et sa grande utilité découle de son extrême simplicité. On y centralise tous les renseignements que l’on peut se procurer sur les écoles, collèges, universités des États de l’Union. On imprime ces documents et on les échange avec l’étranger. Rien ne se fait ni ne se publie au dehors qui ne soit connu de la sorte à Washington, et le directeur de cet important bureau est assurément l’homme qui peut en savoir le plus long sur la pédagogie universelle. Chaque année, on édite un volumineux rapport sur l’ensemble de la question, des études spéciales, des « circulaires d’informations » et des brochures historiques. Il n’y a pas beaucoup
-r r ! i I { L’université de Georgetown appartient aux jésuites. Georgetown est un des faubourgs de la capitale et Ton s’y rend en tramway. L’uni T versité, à laquelle est annexé un collège d’enseignement secondaire, possède un bel édifice de p pidrres grises avec façade monumentale, clochers élégants et tour carrée d’où l’on découvre tout le panorama du Potomac. Il y a 400 élèves et pas mal d’internes. Le système est franchement américain, avec quelques restrictions cependant, relatives h la sortie en ville. C’était un jour de ,pluic ; il y avait foule au gymnase et surtout dans les salles de billard du sous-sol, où les plus grands peuvent fumer. Je montai ensuite à leurs chambres, que je trouvai commodes et suffisamment spacieuses, encombrées
+{{sc washington et baltimore. d’employés pour une si grosse besogne ; les sous-chefs sont des dames parlant plusieurs langues et remplissant leurs fonctions avec un zèle et une ponctualité remarquables. Quand donc nous déciderons-nous à ouvrir aux femmes l’entrée des bureaux, leur domaine naturel ?
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 325 néanmoins do bibelots et d’accessoires sportifs. Les plus jeunes habitent des dortoirs. Il y a, bien entendu, des debating societies et un * journal édité chaque mois.:.. Le lendemain soir, j’étais chez des amis, lorsqu’on annonça un père jésuite qui venait leur demander un renseignement. 11 portait le costume de elergyman, pantalon noir et redingote a collet droit. Il s’assit, prit du thé et causa le plus simplement du monde sur toute sorte de sujets. *
+{{t3|{{rom-maj|XII|12}}}} {{interligne}} {{interligne}} L’université de Georgetown appartient aux jésuites. Georgetown est un des faubourgs de la capitale et l’on s’y rend en tramway. L’université, à laquelle est annexé un collège d’enseignement secondaire, possède un bel édifice de pierres grises avec façade monumentale, clochers élégants et tour carrée d’où l’on découvre tout le panorama du Potomac. Il y a 400 élèves et pas mal d’internes. Le système est franchement américain, avec quelques restrictions cependant, relatives à la sortie en ville. C’était un jour de pluie ; il y avait foule au gymnase et surtout dans les salles de billard du sous-sol, où les plus grands peuvent fumer. Je montai ensuite à leurs chambres, que je trouvai commodes et suffisamment spacieuses, encombrées
-r i 1 J < # i i A Baltimore, dans Charles slreel, une maison d’assez modeste apparence,... un petit nègre m’a* ouvert la porte et j’attends le cardinal. Le voici, avec un livre sous le bras; il m’emmène dans son salon; lui aussi, cause le plus simplement du monde. Il n’y a m Eminence, ni Monseigneur, ni bague à baiser, iii bénédiction, et je pense aux évoques d’Ir * lande devant lesquels ôn se met îi genoux, fiit-cc dans la poussière du chemin. Ils sont pourtant bien inférieurs, dans l’échelle des valeurs humaines, à ce grand cardinal que les habitants de Baltimore saluent quand il passe et que le pays tout entier vénère. Sous la soutane liserée de rouge, le citoyen américain reparaît avec sa Hère admiration pour
+{{sc washington et baltimore. néanmoins de bibelots et d’accessoires sportifs. Les plus jeunes habitent des dortoirs. Il y a, bien entendu, des debating societies et un journal édité chaque mois.... Le lendemain soir, j’étais chez des amis, lorsqu’on annonça un père jésuite qui venait leur demander un renseignement. Il portait le costume de clergyman, pantalon noir et redingote à collet droit. Il s’assit, prit du thé et causa le plus simplement du monde sur toute sorte de sujets.
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 327 la forme républicaine, son culte pour « le Père de la Patrie » et son sentiment égalitaire.... Il s’en va lui-mème me chercher à l’étage supérieur des brochures qu’il veut rue faire lire et, quand je prends congé, il me reconduit jusqu’à sa porte sans appeler le petit nègre et nous échangeons une poignée de main. Celte absence complète de décorum choquerait peut-être à l’archevêché de Paris, mais ici elle est dans l’ordre.... Le cardinal m’a dit en riant qu’il remerciait Dieu de ne pas avoir une sentinelle à sa porte!
+{{t3|{{rom-maj|XIII|13}}}} {{interligne}} {{interligne}} A Baltimore, dans Charles street, une maison d’assez modeste apparence,... un petit nègre m’a ouvert la porte et j’attends le cardinal. Le voici, avec un livre sous le bras ; il m’emmène dans son salon ; lui aussi, cause le plus simplement du monde. Il n’y a ni Éminence, ni Monseigneur, ni bague à baiser, ni bénédiction, et je pense aux évêques d’Irlande devant lesquels on se met à genoux, fût-ce dans la poussière du chemin. Ils sont pourtant bien inférieurs, dans l’échelle des valeurs humaines, à ce grand cardinal que les habitants de Baltimore saluent quand il passe et que le pays tout entier vénère. Sous la soutane liserée de rouge, le citoyen américain reparaît avec sa fière admiration pour
-î XIV Le Congrès est ouvert chaque jour par des prières ; les députés élisent leur chapelain > et par conséquent le chapelain est toujours protestant, puisque la religion protestante est celle de la majorité. Mais, dans f " d’Etats, il n’est pas rare que l’on s’adresse * alternativement aux représentants des différents cultes pour les prier d’ouvrir les séances. Le prêtre catholique le fait pendant une semaine; puis c’est le tour du ministre presbytérien, du haptiste, etc. Les écoles sont indépendantes en nom, mais on y lit la Bible; les universités se disent 1 umectariany mais on prend bien soin d’indiquer dans les prospectus quelles sont basées sur le sentiment * chrétien. En un mot, la constitution des États * * Unis comprend un article supplémentaire sous-entendu et qui est ainsi conçu : La reli les législatures
+{{sc washington et baltimore. la forme républicaine, son culte pour « le Père de la Patrie » et son sentiment égalitaire.... Il s’en va lui-même me chercher à l’étage supérieur des brochures qu’il veut me faire lire et, quand je prends congé, il me reconduit jusqu’à sa porte sans appeler le petit nègre et nous échangeons une poignée de main. Cette absence complète de décorum choquerait peut-être à l’archevêché de Paris, mais ici elle est dans l’ordre.... Le cardinal m’a dit en riant qu’il remerciait Dieu de ne pas avoir une sentinelle à sa porte !
-I 1 XV L’université Johns Ilopkins à Baltimore porto le nom tic son fondateur, un riche négociant qui l’a dotée de plus de 15 millions do francs. Toutefois, les actions de la compagnie de chemins de fer « Baltimore et Ohio » ayant cessé de rapporter, runiversité se trouva en 1888 dans une situation qui eut été fâcheuse partout ailleurs qu’en Amérique. Mais, dès que cette situation fut connue, un « fomls de réserve » de 543 500 francs se trouva constitué en quelques jours. Cela servit même de réclame à l’établissement et d’autres libéralités lui furent faites. Un don de 100 000 francs vint accroître le capital de la Y. M. G. A. fondée par les étudiants. Un habitant de Philadelphie envoya 300 dollars pour acheter de nouveaux appareils d’électricité.... M. Hopkins n’avait pas pris une part aussi active que M. Cornell
+{{t3|{{rom-maj|XIV|14}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le Congrès est ouvert chaque jour par des prières ; les députés élisent leur chapelain et par conséquent le chapelain est toujours protestant, puisque la religion protestante est celle de la majorité. Mais, dans les législatures d’États, il n’est pas rare que l’on s’adresse alternativement aux représentants des différents cultes pour les prier d’ouvrir les séances. Le prêtre catholique le fait pendant une semaine ; puis c’est le tour du ministre presbytérien, du baptiste, etc. Les écoles sont indépendantes en nom, mais on y lit la Bible ; les universités se disent unsectarian, mais on prend bien soin d’indiquer dans les prospectus qu’elles sont basées sur le sentiment chrétien. En un mot, la constitution des États-Unis comprend un article supplémentaire sous-entendu et qui est ainsi conçu : La religion chrétienne est la religion de l’État.
-330 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. jà l’organisation de son université. Il s’en était remis aux membres du conseil institué par lui, et ceux-ci h’onl voulu ni édifices majes V lueux, ni vastes jardins, ni belles pelouses. L’argent, dit M. Duisson dans son Rapport c * sur !’ exposition iV instruction publique de la Nouvelle-Orléans (1885), n’a été prodigué que pour donner h renseignement un éclat incomparable, pour appeler de tous pays les spécialistes les plus compétents, pour munir les laboratoires de l’outillage le plus parfait cl les’ bibliothèques de tous les trésors scientifiques cl littéraires. On a adopté le système des séminaires allemands, c’est-à-dire des H * petits groupes d’étudiants avancés, travaillant d’une façon méthodique sous la constante tutelle d hommes éminents. Maîtres et étudiants ont organisé des espèces de sociétés savantes spéciales pour la philologie, la métaphysique, les sciences proprement dites et les sciences pdliliqucs et sociales. On attend beaucoup de ce commerce intime et quotidien d’érudition. » Dans une semblable université, * la préparation aux examens ordinaires occupe i nécessairement le second rang; ce qu on cher-
+{{t3|{{rom-maj|XV|15}}}} {{interligne}} {{interligne}} L’université Johns Hopkins à Baltimore porte le nom de son fondateur, un riche négociant qui l’a dotée de plus de 15 millions de francs. Toutefois, les actions de la compagnie de chemins de fer « Baltimore et Ohio » ayant cessé de rapporter, l’université se trouva en 1888 dans une situation qui eut été fâcheuse partout ailleurs qu’en Amérique. Mais, dès que cette situation fut connue, un « fonds de réserve » de 543500 francs se trouva constitué en quelques jours. Cela servit même de réclame à l’établissement et d’autres libéralités lui furent faites. Un don de 100000 francs vint accroître le capital de la Y. M. C. A. fondée par les étudiants. Un habitant de Philadelphie envoya 500 dollars pour acheter de nouveaux appareils d’électricité.... M. Hopkins n’avait pas pris une part aussi active que M. Cornell
-WASHINGTON ET BALTIMORE. 331 che, ce sont les intelligences d’élite pour les aider dans leur développement. Les publi * cations périodiques, au nombre de huit, ont autorité en Europe, où déjà la Johns Hopkins jouit d’une grande réputation. Son « département de la culture physique » est entre les mains d’un homme fort intel ligent et chercheur, le D r ilartwell; mais la conversation que j’ai eue avec lui m’a montré que son inllucnce ne serait pas moins néfaste pour son pays que celle du D r Sargcnt. Les règlements de l’université font passer devant lui tous les jeunes gens qui sont inscrits sur les registres. 11 les inspecte comme un méca nicien inspecterait une machine qu’on vient de livrer : il y a des pièces à refaire; les pis tons jouent inégalement; le maximum de travail n’est pas atteint....
+330 {{sc universités transatlantiques. à l’organisation de son université. Il s’en était remis aux membres du conseil institué par lui, et ceux-ci n’ont voulu ni édifices majestueux, ni vastes jardins, ni belles pelouses. « L’argent, dit M. Buisson dans son Rapport sur l’exposition d’instruction publique de la Nouvelle-Orléans (1885), n’a été prodigué que pour donner à l’enseignement un éclat incomparable, pour appeler de tous pays les spécialistes les plus compétents, pour munir les laboratoires de l’outillage le plus parfait et les bibliothèques de tous les trésors scientifiques et littéraires. On a adopté le système des séminaires allemands, c’est-à-dire des petits groupes d’étudiants avancés, travaillant d’une façon méthodique sous la constante tutelle d’hommes éminents. Maîtres et étudiants ont organisé des espèces de sociétés savantes spéciales pour la philologie, la métaphysique, les sciences proprement dites et les sciences politiques et sociales. On attend beaucoup de ce commerce intime et quotidien d’érudition. » Dans une semblable université, la préparation aux examens ordinaires occupe nécessairement le second rang ; ce qu’on cher-
-1 XVI C’était hier le Thanksgivhig Day , « le jour * d’actions de grâces ». Le président de la République , dans son message , invite les représentants de tous les cultes à s’unir pour remercier Dieu des bienfaits qu’il a accordés aux hommes au cours de l’année qui s’achève. 9 Le gouverneur, dans chaque Etat, publie également une proclamation; il n’est pas jusqu’au chef de la tribu des Cheroquees qui, rappelant * ( — â son peuple le culte que leurs ancêtres rendaient à la nature, ne les convie, maintenant qu’ils sont/ chrétiens, à honorer en cette occasion le « seul vrai Dieu ». Le Thanhsgmng est une institution puritaine; les puritains ne voulaient rien conserver des coutumes anglai ses et ils transportèrent Noël et sa dinde
+{{sc washington et baltimore. che, ce sont les intelligences d’élite pour les aider dans leur développement. Les publications périodiques, au nombre de huit, ont autorité en Europe, où déjà la Johns Hopkins jouit d’une grande réputation. Son « département de la culture physique » est entre les mains d’un homme fort intelligent et chercheur, le Dr Hartwell ; mais la conversation que j’ai eue avec lui m’a montré que son influence ne serait pas moins néfaste pour son pays que celle du Dr Sargent. Les règlements de l’université font passer devant lui tous les jeunes gens qui sont inscrits sur les registres. Il les inspecte comme un mécanicien inspecterait une machine qu’on vient de livrer : il y a des pièces à refaire ; les pistons jouent inégalement ; le maximum de travail n’est pas atteint....
-4 WASHINGTON ET BALTIMORE. .1 à une autre date. Depuis, Noël a reparu, mais le Thanksgimng turkey est. resté par excellence le plat qu’on mange en famille, pour célébrer la fête du foyer. < J’ai passé cette journée h New York, venahl de Philadelphie, allant à Boston. L’animation était grande dans les rues; des mails couverts O 7 de draperies bleues ou jaunes conduisaient * au Berkeley O val des spectateurs enthousiastes par avance. C’était le match de football entre Princeton et Yale et on dit que 300 000 personnes y ont assiste. Princeton a remporté une victoire brillante. Le soir, quand je suis entré dans la salle à manger de l’hôtel Victoria, j’ai aperçu des fleurs, des babils noirs, des toilettes blanches; on m’a présenté une rose pour ma boutonnière et un menu interminable. Le Thanksgiving turkeg m’a paru excellent parce que j’ai pensé que tous les déshérités en avaient aussi leur part. Pas une association qui n’ait pensé à eux; les prisonniers, les boys qui vendent les journaux dans les rues, les fous, les estropiés des hôpitaux et les pauvres qui cachent leur misère dans un taudis qu’une charité discrète sait
+{{t3|{{rom-maj|XVI|16}}}} {{interligne}} {{interligne}} C’était hier le Thanksgiving Day, « le jour d’actions de grâces ». Le président de la République, dans son message, invite les représentants de tous les cultes à s’unir pour remercier Dieu des bienfaits qu’il a accordés aux hommes au cours de l’année qui s’achève. Le gouverneur, dans chaque État, publie également une proclamation ; il n’est pas jusqu’au chef de la tribu des Cheroquees qui, rappelant à son peuple le culte que leurs ancêtres rendaient à la nature, ne les convie, maintenant qu’ils sont chrétiens, à honorer en cette occasion le « seul vrai Dieu ». Le Thanksgiving est une institution puritaine ; les puritains ne voulaient rien conserver des coutumes anglaises et ils transportèrent Noël et sa dinde
-ï 334 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES, * : . i ^ # yito découvrir,.,, tous ont été joyeux. La Y. SM. C. A. a convié les jeunes gens qui se ’ trouvaient sans famillo et elle a quêté pour ■+ - -* * ’ * * subvenir aux frais du repas.,.. Générosité de luxe, direz-vous, mais générosité délicate, j;- j - _ / habile ; et tendre dont l’Angleterre et les EtatsUnis possèdent malheureusement le mono 1 ■ ■ i -L- ’ i pôle! ^ . i - 1 - *. ? " ■ . ’-Ü’i t L ï ■’ 1 s V _ Ù - J ’ " ’ H li . I " i " i m • . \ -■V-" ■ ‘ J _ ’ _ ■■ h H ? n J i "T ■’ > ’ i " ■ J ’ . , V
+{{sc washington et baltimore. à une autre date. Depuis, Noël a reparu, mais le Thanksgiving turkey est resté par excellence le plat qu’on mange en famille, pour célébrer la fête du foyer. J’ai passé cette journée à New York, venant de Philadelphie, allant à Boston. L’animation était grande dans les rues ; des mails couverts de draperies bleues ou jaunes conduisaient au Berkeley Oval des spectateurs enthousiastes par avance. C’était le match de foot-ball entre Princeton et Yale et on dit que 300000 personnes y ont assisté. Princeton a remporté une victoire brillante. Le soir, quand je suis entré dans la salle à manger de l’hôtel Victoria, j’ai aperçu des fleurs, des habits noirs, des toilettes blanches ; on m’a présenté une rose pour ma boutonnière et un menu interminable. Le Thanksgiving turkey m’a paru excellent parce que j’ai pensé que tous les déshérités en avaient aussi leur part. Pas une association qui n’ait pensé à eux ; les prisonniers, les boys qui vendent les journaux dans les rues, les fous, les estropiés des hôpitaux et les pauvres qui cachent leur misère dans un taudis qu’une charité discrète sait
-Il * ■ ■ ? UN LIVRE UN CONGRÈS ET UN’ BATEAU *■ _ J % .il .* ; J . ~ . H n ttV - .. . ■’ft $ ; .j -H ■-
+334 {{sc universités transatlantiques. vite découvrir,... tous ont été joyeux. La Y. M. C. A. a convié les jeunes gens qui se trouvaient sans famille et elle a quêté pour subvenir aux frais du repas.... Générosité de luxe, direz-vous, mais générosité délicate, habile et tendre dont l’Angleterre et les États-Unis possèdent malheureusement le monopole !
+un livre un congrès et un bateau
-Le livre s’appelle Lookiny Backward ; je l’ai acheté à Savannah, pour le lire en chemin de fer, et j’avoue que cette lecture m’a profondément troublé. Le congrès s’est tenu à Boston et il n’en est rien sorti de génial,, ainsi qu’il est d’usage pour tous les congrès. Quant au bateau, il est armé de quatre avirons çt présente celte particularité qu’il reste immobile quand on rame. On peut le voir à l’unir versité de Yale.
-F t II ri M. Edward Bellamy ne s’est pas donné beaucoup de mal pour transporter son héros, né en 1857, au milieu de Tan 2000. Il Ta tout simplement endormi. Il est vrai que les cir j constances qui ont rendu possible co long* sommeil sont ingénieusement combinées. Le * ; hérbs a trente ans : c’est un névrosé, uu morphinomane, un décadent; pour calmer 1’agitation de ses nuits, un magnétiseur habile vient, deux soirs par semaine, lui faire des passes qui le plongent dans une mortrarlificielle; et son fidèle serviteur le réveille ensuite au moyen : f un breuvage spécial. Il habite une vieille maison que ses parents lui ont c laissée; comme elle est située dans un quartier populeux de Boston, le jeune homme a voulu se protéger contre les bruits do la rue :
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le livre s’appelle Looking Backward ; je l’ai acheté à Savannah, pour le lire en chemin de fer, et j’avoue que cette lecture m’a profondément troublé. Le congrès s’est tenu à Boston il n’en est rien sorti de génial, ainsi qu’il est d’usage pour tous les congrès. Quant au bateau, il est armé de quatre avirons et présente cette particularité qu’il reste immobile quand on rame. On peut le voir à l’université de Yale.
-UN LIVRE, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. 339 il s’est fait construire une chambre souterraine qui l’isole du monde; une porte à secret y donne entrée, et cet élégant tombeau plaît à sa pauvre imagination d’être usé et nerveux. On est en 1887; une émeute est menaçante; des grèves ont éclaté.... Oh! cette dernière soirée chez les parents de sa fiancée, comme l’auteur l’a bien décrite! comme il a pris sur le vif ces conversations de gens riches et repus, sans pitié pour les souffrances ouvrières; et le charme du récit est doublé parce qu’on sent un grand mystère qui approche-, quelque chose r d’imprévu et de grandiose ! * La chambre souterraine est découverte au bout de 113 ans; l’émeute, sans doute, a éclaté; le serviteur qui connaissait les secrets de ce bizarre logis a disparu; la maison a brûlé ; un jardin a été établi; des arbres ont poussé et, sous ces arbres, repose dans son extraordinaire léthargie celui qu’un hasard va rappeler à l’existence. Le voici qui ouvre les yeux, tandis qu’un rayon de lumière pénètre jusqu’à lui par la brèche faite à la voûte de son sépulcre. On l’emporte, on le soigne, on le ranime, et, maintenant, il veut savoir où il
+{{t3|{{rom-maj|II|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} M. Edward Bellamy ne s’est pas donné beaucoup de mal pour transporter son héros, né en 1857, au milieu de l’an 2000. Il l’a tout simplement endormi. Il est vrai que les circonstances qui ont rendu possible ce long sommeil sont ingénieusement combinées. Le héros a trente ans : c’est un névrosé, un morphinomane, un décadent ; pour calmer l’agitation de ses nuits, un magnétiseur habile vient, deux soirs par semaine, lui faire des passes qui le plongent dans une mort artificielle ; et son fidèle serviteur le réveille ensuite au moyen d’un breuvage spécial. Il habite une vieille maison que ses parents lui ont laissée ; comme elle est située dans un quartier populeux de Boston, le jeune homme a voulu se protéger contre les bruits de la rue :
-n 310 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES* osl et pourquoi il est là.... Avec mille précau * lions, on le lui dit et il s’irrite de ce qu’il appelle une plaisanterie de mauvais goût. Son irritation devient telle que, pour le convaincre, il faut l’aider à gravir l’escalier jusqu’à la terrasse qui forme le toit de la maison. Son regard avide saisil aussitôt un paysage fami lier. Oui, cet horizon de mer, ces terres 4 éèhancrées, cette rade et ces îles, c’est bien Boston! Mais quelle est celte cité inconnue 4* cl superbe qui aligne ses avenues, scs monuments aux proportions étranges, ou tout respire le bonheur et l’aisance, où l’on sent, des le premier coup d’œil, une société puissante, v 1 ’■ 1 1 \ U p assise sur des bases nouvelles!... L’auteur a mis dans ce tableau de féerie tout ce que sa passion humanitaire a pu lui inspirer de plus ardent, car il n’est pas seulement romancier, il est aussi socialiste militant,... et 11 fait 1 , 1 . V embrasser à son héros, du haut de cette ter * ! rasse, à l’aùrpre du xxi° siècle, ce que le socialisme a fait du monde ! Ensuite, il entre dans le détail de l’organisation; il passe tout en revue, et cette partie do L _T_— T-H "r son livre est fastidieuse et puérile. Au siècle
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. il s’est fait construire une chambre souterraine qui l’isole du monde ; une porte à secret y donne entrée, et cet élégant tombeau plaît à sa pauvre imagination d’être usé et nerveux. On est en 1887 ; une émeute est menaçante ; des grèves ont éclaté.... Oh ! cette dernière soirée chez les parents de sa fiancée, comme l’auteur l’a bien décrite ! comme il a pris sur le vif ces conversations de gens riches et repus, sans pitié pour les souffrances ouvrières ; et le charme du récit est doublé parce qu’on sent un grand mystère qui approche, quelque chose d’imprévu et de grandiose ! La chambre souterraine est découverte au bout de 113 ans ; l’émeute, sans doute, a éclaté ; le serviteur qui connaissait les secrets de ce bizarre logis a disparu ; la maison a brûlé ; un jardin a été établi ; des arbres ont poussé et, sous ces arbres, repose dans son extraordinaire léthargie celui qu’un hasard va rappeler à l’existence. Le voici qui ouvre les yeux, tandis qu’un rayon de lumière pénètre jusqu’à lui par la brèche faite à la voûte de son sépulcre. On l’emporte, on le soigne, on le ranime, et, maintenant, il veut savoir où il
-UN LIVRE, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. 341 dernier, une œuvre analogue avait clé tentée; on aS r ait dépeint Paris en Van 3000 et la société françaiso régénérée par Jean-Jacques Rousseau et ses disciples. Quand nous relisons ces lignes à présent, elles nous font sourire, et ainsi on sera-t-il de toutes les œuvres où l’avenir est prophétisé minutieusement. M. Bellamy aurait agi plus habilement en gardant .. dans l’ombre les mille détails de la vie de chaque jour et en laissant au lecteur le soin do satisfaire par l’imagination sa propre curio- . silé. Mais, sans parler des pages gracieuses dans lesquelles se noue une intrigue d’amour aussi fraîche qu’originale, il y a dans Loohing Backward deux chapitres do la plus haute valeur : dans l’un, l’échappé du xix c siècle essaye de faire comprendre à ses nouveaux contemporains les idées des hommes parmi lesquels il a d’abord vécu; l’autre contient l’indication esquissée, presque sous-entendue, des causes qui ont amené la révolution, des circonstances qui l’ont facilitée et des idées qui ont servi de trait d’union entre deux âges si dissemblables. ; ■ * * Il paraît qu’en l’an 2000 il y aura encore îles -voitures, car c’est sous la forme d’un coach
+340 {{sc universités transatlantiques. est et pourquoi il est là.... Avec mille précautions, on le lui dit et il s’irrite de ce qu’il appelle une plaisanterie de mauvais goût. Son irritation devient telle que, pour le convaincre, il faut l’aider à gravir l’escalier jusqu’à la terrasse qui forme le toit de la maison. Son regard avide saisit aussitôt un paysage familier. Oui, cet horizon de mer, ces terres échancrées, cette rade et ces îles, c’est bien Boston ! Mais quelle est cette cité inconnue et superbe qui aligne ses avenues, ses monuments aux proportions étranges, ou tout respire le bonheur et l’aisance, où l’on sent, dès le premier coup d’œil, une société puissante, assise sur des bases nouvelles !... L’auteur a mis dans ce tableau de féerie tout ce que sa passion humanitaire a pu lui inspirer de plus ardent, car il n’est pas seulement romancier, il est aussi socialiste militant,... et il fait embrasser à son héros, du haut de cette terrasse, à l’aube du {{rom|XXI|21}}e siècle, ce que le socialisme a fait du monde ! Ensuite, il entre dans le détail de l’organisation ; il passe tout en revue, et cette partie de son livre est fastidieuse et puérile. Au siècle
-842 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. lourdement chargé et gravissant avec peine une côte interminable que le xix p siècle se trouve représenté. Tranquillement assis, gais, i heureux, contents, les voyageurs d’en haut se laissent émouvoir de temps à autre par lés souffrances do leurs frbros qui les traînent; ils leur envoient des paroles sympathiques et les encouragent à tirer fort et à se montrer énergiques. Ils discourent aussi entre eux sur les injustices du sort et ses choquantes inégalités; mais ils ont la conviction qu’elles ont toujours existé et qu’il est absolument inutile de chercher à y porter remède. Parfois, un de ceux qui §e laissent traîner tombe de sa place, et aussitôt il est saisi, harnaché et on le force de prendre part au dur labeur, tandis qu’un de ceux qui traînaient parvient à escalader le * Coach et à gagner un de ce§ sièges tant convoités.... En bas comme en haut, on croit à la fatale destinée qui condamne les deux tiers des f ’ ( hommes à traîner le troisième tiers. Pourtant * - — * il y a des révoltes fréquentes, mais partielles; des coups de fouet et des morceaux de sucre en ont raison et ceux d’en haut témoignent leur mauvaise humeur et apostrophent ceux d’en
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. dernier, une œuvre analogue avait été tentée ; on avait dépeint Paris en l’an 2000 et la société française régénérée par Jean-Jacques Rousseau et ses disciples. Quand nous relisons ces lignes à présent, elles nous font sourire, et ainsi en sera-t-il de toutes les œuvres où l’avenir est prophétisé minutieusement. M. Bellamy aurait agi plus habilement en gardant dans l’ombre les mille détails de la vie de chaque jour et en laissant au lecteur le soin de satisfaire par l’imagination sa propre curiosité. Mais, sans parler des pages gracieuses dans lesquelles se noue une intrigue d’amour aussi fraîche qu’originale, il y a dans Looking Backward deux chapitres de la plus haute valeur : dans l’un, l’échappé du {{rom|XIX}}e siècle essaye de faire comprendre à ses nouveaux contemporains les idées des hommes parmi lesquels il a d’abord vécu ; l’autre contient l’indication esquissée, presque sous-entendue, des causes qui ont amené la révolution, des circonstances qui l’ont facilitée et des idées qui ont servi de trait d’union entre deux âges si dissemblables. Il paraît qu’en l’an 2000 il y aura encore des voitures, car c’est sous la forme d’un coach
-UN LIVRE, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. 343 bas on leur conseillant d’ôlro plus raisonnables, cVacccptor franchement leur métier et (Vôtre reconnaissants tic ce qu’on fait pour eux! Hélas! tout cela est vrai, on ne peut le nier! SI. Bellamy a eu le talent de no mcllro dans son récit ni aigreur ni amertume. Pas de dissertations philosophiques, pas do récriminations haineuses, pas de comparaisons maladroites. Toutes ces choses sont racontées * comme si un siècle entier avait réellement passé sur elles; on dirait que déjà elles appartiennent à l’histoire et qu’elles caractérisent notre époque, tout aussi bien que le droit divin ou le contrat féodal caractérisent les époques précédentes. Et autour de ce récit simple, ingénieux, on devine des auditeurs captivés, émus, ayant besoin de réfléchir pour comprendre un monde si différent du leur; on devine des historiens fiers de constater qu’ils ont bien saisi et analysé dans leurs écrits ce monde disparu; on devine surtout une joie intense de ne plus vivre en ces jours sombres, au milieu de cette civilisation incomplète, ’ ■ J V dans celte atmosphère d’injustice sociale! De toutes les institutions alors existantes,
+342 {{sc universités transatlantiques. lourdement chargé et gravissant avec peine une côte interminable que le {{rom|XIX}}e siècle se trouve représenté. Tranquillement assis, gais, heureux, contents, les voyageurs d’en haut se laissent émouvoir de temps à autre par les souffrances de leurs frères qui les traînent ; ils leur envoient des paroles sympathiques et les encouragent à tirer fort et à se montrer énergiques. Ils discourent aussi entre eux sur les injustices du sort et ses choquantes inégalités ; mais ils ont la conviction qu’elles ont toujours existé et qu’il est absolument inutile de chercher à y porter remède. Parfois, un de ceux qui se laissent traîner tombe de sa place, et aussitôt il est saisi, harnaché et on le force de prendre part au dur labeur, tandis qu’un de ceux qui traînaient parvient à escalader le coach et à gagner un de ces sièges tant convoités.... En bas comme en haut, on croit à la fatale destinée qui condamne les deux tiers des hommes à traîner le troisième tiers. Pourtant il y a des révoltes fréquentes, mais partielles ; des coups de fouet et des morceaux de sucre en ont raison et ceux d’en haut témoignent leur mauvaise humeur et apostrophent ceux d’en
-( 344 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. * laquelle a survécu?... Je vous le donno on mille, i et c’est là qu’à mon sons M. Bellamy a fait preuve d’un esprit véritablement profond et perspicace. L’institution qui a survécu, c’est lo service obligatoire. Nous ignorons, il est vrai, comment, de la vieille Europe, ce tout-puissant militarisme est armé sur le continent américain ; mais nous l’y trouvons installé et l’auteur nous fait connaître que le principe en est admis sur toute la surface du globe. Go 1 * n’est plus le service militaire, c’est le service industriel, mais la hiérarchie et la discipline sont restées. Tout jeune homme doit être ouvrier pendant trois ans comme, de nos jours, f il doit être soldat; la présidence do la République est dans son sac d’ouvrier comme le mSirécbalat était dans sa giberne de soldat. A la lueur de ces faits, on reconstitue le passé : ; d’une part les conflits du’ travail, les grèves, les t T rébellions, de l’autre ces masses guerrières, produit d’effdrts insensés, que leur puissance même, immobilise dans une paix fiévreuse et incertaine; et alors, l’ouvrier-soldat engendrant peu à peu le soldat -ouvrier, les richesses - r ^ nationales confiées à sa garde et exploitées par
+{{sc un livre, un congrès et un bateau bas en leur conseillant d’être plus raisonnables, d’accepter franchement leur métier et d’être reconnaissants de ce qu’on fait pour eux ! Hélas ! tout cela est vrai, on ne peut le nier ! M. Bellamy a eu le talent de ne mettre dans son récit ni aigreur ni amertume. Pas de dissertations philosophiques, pas de récriminations haineuses, pas de comparaisons maladroites. Toutes ces choses sont racontées comme si un siècle entier avait réellement passé sur elles ; on dirait que déjà elles appartiennent à l’histoire et qu’elles caractérisent notre époque, tout aussi bien que le droit divin ou le contrat féodal caractérisent les époques précédentes. Et autour de ce récit simple, ingénieux, on devine des auditeurs captivés, émus, ayant besoin de réfléchir pour comprendre un monde si différent du leur ; on devine des historiens fiers de constater qu’ils ont bien saisi et analysé dans leurs écrits ce monde disparu ; on devine surtout une joie intense de ne plus vivre en ces jours sombres, au milieu de cette civilisation incomplète, dans cette atmosphère d’injustice sociale ! De toutes les institutions alors existantes,
-h_ F j ON LIVRE, UN CONGRÈS ET UN RATEAU. 345 lui pour lo bénéfice de la communauté, l’individualisme s’écroulant sous les coups populaires et le rêve socialiste se réalisant sur ses ruines. Les patries n’ont point disparu; le patriotisme, au contraire, est plus vibrant que jamais. Au reste, 3U. Bellamy n’épargne rien pour faire, de l’âge qu’il décrit, le véritable âge d’or. Est-il besoin d’ajouter que son livre déborde d’utopies et fourmille d’invraisemblances? que c’est d’ailleurs un simple roman et non une prophétie? Mais les 200 000 exemplaires qui ont * k. été vendus en quelques mois prouvent surabondamment l’effet produit.... Et puis cela * donne à réfléchir; un réseau do tendances socialistes qui nous environne apparaît soudain. On entrevoit comme dans un éclair les conséquences du militarisme actuel, qui est évidemment un contrat signé avec le socialisme. Enfin ceux de ma génération, cela est certain, trouvent au fond de leurs cœurs une sorte d’écho pour ces souffrances de l’humanité dont on a fait si bon marché jusqu’ici. Ce qui choquait leurs pères ne les choque plus et ils ont, en revanche, des enthousiasmés, des pitiés et des passions que ceux-ci n’ont pas connus.
+344 {{sc universités transatlantiques. laquelle a survécu ?... Je vous le donne en mille, et c’est là qu’à mon sens M. Bellamy a fait preuve d’un esprit véritablement profond et perspicace. L’institution qui a survécu, c’est le service obligatoire. Nous ignorons, il est vrai, comment, de la vieille Europe, ce tout-puissant militarisme est arrivé sur le continent américain ; mais nous l’y trouvons installé et l’auteur nous fait connaître que le principe en est admis sur toute la surface du globe. Ce n’est plus le service militaire, c’est le service industriel, mais la hiérarchie et la discipline sont restées. Tout jeune homme doit être ouvrier pendant trois ans comme, de nos jours, il doit être soldat ; la présidence de la République est dans son sac d’ouvrier comme le maréchalat était dans sa giberne de soldat. A la lueur de ces faits, on reconstitue le passé : d’une part les conflits du travail, les grèves, les rébellions, de l’autre ces masses guerrières, produit d’efforts insensés, que leur puissance même, immobilise dans une paix fiévreuse et incertaine ; et alors, l’ouvrier-soldat engendrant peu à peu le soldat-ouvrier, les richesses nationales confiées à sa garde et exploitées par
-i p Quand jo suis entré dans la grande salle de l’Institut technologique de Boston, où devait se tenir un congrès relatif à l’éducation physique, * j’ai été frappé de la prépondérance de l’élément féminin dans l’auditoire. Que de chapeaux ! sé fut écrié M. Prud’homme ; que de plumes, que de fleurs!... et peut-être il eut ajouté do confiance et par galanterie : que de jolis visages! À vrai dire, tous les visages étaient loin d’ôtre jolis; il y en avait de très vieux et de très .1 ~ __Lr fanés, et je ne m’explique pas encore bien pour quel motif et par quel secret intérêt ils se trqu * I ( voient rassemblés en ce lieu. Près de 500 personnes étaient présentes quand le D T Ilarris, le très aimable et intelli c gent directeur du bureau d’Éducalion, ouvrit la première séance. Il souhaita la bienvenue aux
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. lui pour le bénéfice de la communauté, l’individualisme s’écroulant sous les coups populaires et le rêve socialiste se réalisant sur ses ruines. Les patries n’ont point disparu ; le patriotisme, au contraire, est plus vibrant que jamais. Au reste, M. Bellamy n’épargne rien pour faire, de l’âge qu’il décrit, le véritable âge d’or. Est-il besoin d’ajouter que son livre déborde d’utopies et fourmille d’invraisemblances ? que c’est d’ailleurs un simple roman et non une prophétie ? Mais les 200000 exemplaires qui ont été vendus en quelques mois prouvent surabondamment l’effet produit.... Et puis cela donne à réfléchir ; un réseau de tendances socialistes qui nous environne apparaît soudain. On entrevoit comme dans un éclair les conséquences du militarisme actuel, qui est évidemment un contrat signé avec le socialisme. Enfin ceux de ma génération, cela est certain, trouvent au fond de leurs cœurs une sorte d’écho pour ces souffrances de l’humanité dont on a fait si bon marché jusqu’ici. Ce qui choquait leurs pères ne les choque plus et ils ont, en revanche, des enthousiasmes, des pitiés et des passions que ceux-ci n’ont pas connus.
-( t UN LIVRE, UN GONG ni: S ET UN RATEAU. 347 orateurs inscrits cl annonça que, pendant la courte duree du congres, il y aurait deux séances par jour, une le matin et une l’après-midi. Ce matin-là, nous entendîmes le D r Harlwell, de la Johns Hopkins, qui parla médecine, et le chef du New York Turnverein , qui fit un éloge pompeux du système allemand. Après quoi, trente enfants appartenant au Turnverein de Boston se livrèrent sur l’estrade à des cou + torsions rythmées. L’après-midi, un Suédois développa les théories qui ont cours à Stock i liolm et ensuite il présenta scs élèves, jeunes et vieilles filles, qui pirouettèrent, arrondirent les liras, s’accroupirent, se balancèrent, remuèrent leurs cils et leurs narines au commandement. Et cela continua de la sorte aux séances suivantes; on ne sortit guère de la médecine et du germanisme; personne ne s’avisa de songer aux jeux et au plein air; je fus seul à en parler et je crois bien que le D r Harris fut seul à partager mes idées. Chaque fois que l’ordre du jour se trouvait épuisé, on faisait appel aux spécialistes épars dans rassemblée. Ils montaient sur l’estrade, et très simplement; sans embarras, faisaient
+{{t3|{{rom-maj|III|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} Quand je suis entré dans la grande salle de l’Institut technologique de Boston, où devait se tenir un congrès relatif à l’éducation physique, j’ai été frappé de la prépondérance de l’élément féminin dans l’auditoire. Que de chapeaux ! se fut écrié M. Prud’homme ; que de plumes, que de fleurs !... et peut-être il eût ajouté de confiance et par galanterie : que de jolis visages ! A vrai dire, tous les visages étaient loin d’être jolis ; il y en avait de très vieux et de très fanés, et je ne m’explique pas encore bien pour quel motif et par quel secret intérêt ils se trouvaient rassemblés en ce lieu. Près de 500 personnes étaient présentes quand le Dr Harris, le très aimable et intelligent directeur du bureau d’Éducation, ouvrit la première séance. Il souhaita la bienvenue aux
-4 *318 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. lèur petit boninient, racontant leurs expé * ’ L ricnces et les résultats de leurs investigations. *■ A plusieurs reprises, le président interpella des docteurs, les invitant à parler; et l’on vit se lever d’aimables jeunes personnes, et ’l’on entendit mille détails scientifiques et techniques;... la chanson allemande revenait périodiquement cpmmc un refrain,... et je me V demandais ce qui est le plus cancéreux de la philosophie, de la. pédagogie ou de la politique des Allemands modernes. L’une brise les «Ames, i l’autre brise les caractères, la troisième brise * ; les Etats : cela se vaut. Un bravo monsieur a demandé une fois la parole de sa place et a délivré » un speech acariâtre, dans lequel il a déclaré que tous les parents allemands étaient obligés de faire faire do la gymnastique à leurs enfants, depuis le souverain jusqu’il l’ouvrier, et qu’il voudrait voir les mêmes lois établies il Boston, mais que, vraisemblablement, un pouvoir dictatorial peut seul faire do si bonnes choses. Quelqu’un lui a répondu que les Amé * ricains n’aiment guère qu’on leur parle d’une manière dictatoriale! % Le dernier soir, il y a eu grande réception ii
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. orateurs inscrits et annonça que, pendant la courte durée du congrès, il y aurait deux séances par jour, une le matin et une l’après-midi. Ce matin-là, nous entendîmes le Dr Hartwell, de la Johns Hopkins, qui parla médecine, et le chef du New York Turnverein, qui fit un éloge pompeux du système allemand. Après quoi, trente enfants appartenant au Turnverein de Boston se livrèrent sur l’estrade à des contorsions rythmées. L’après-midi, un Suédois développa les théories qui ont cours à Stockholm et ensuite il présenta ses élèves, jeunes et vieilles filles, qui pirouettèrent, arrondirent les bras, s’accroupirent, se balancèrent, remuèrent leurs cils et leurs narines au commandement. Et cela continua de la sorte aux séances suivantes ; on ne sortit guère de la médecine et du germanisme ; personne ne s’avisa de songer aux jeux et au plein air ; je fus seul à en parler et je crois bien que le Dr Harris fut seul à partager mes idées. Chaque fois que l’ordre du jour se trouvait épuisé, on faisait appel aux spécialistes épars dans l’assemblée. Ils montaient sur l’estrade, et très simplement ; sans embarras, faisaient
-4 UN LIVRE, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. 349 l’iiôtel Brunswick. J’y ai retrouvé tous les orateurs : les jeunes doctoresses, le monsieur acariâtre, les directeurs de gymnase, le professeur - ■. suédois avec sa redingote irréprochable et son accent aigu, et la foule des dames qui emplissaient l’amphithéâire. Dans les fêtes qui terminent un congrès littéraire, on parle généralement politique et les médecins, après leurs séances et leurs discussions, causent boulevards et pièces nouvelles. Mais ces futilités n’étaient pas de mise ici. Dans tous les groupes, il était question de l’intérieur du côrps humain; on entendait de tous côtés les mots : système allemand, système suédois.... Je pris â part un personnage de grande réputation qui avait péroré sur le « système français » en termes aussi précis qu’erronés. « Y-a-t-il longtemps, monsieur, lui dis-je, que vous êtes venu en France? — Je n’y ai jamais été, monsieur, m’a-Uil répondu.... Je ne connais de l’Europe que l’Allemagne, où j’ai achevé mes études. » Le lendemain, au club, en ouvrant un journal, je trouvai un long article bien pensé et bien écrit, intitulé : Ânligcrmanisme.... Ce n’est pas trop tôt.
+348 {{sc universités transatlantiques. leur petit boniment, racontant leurs expériences et les résultats de leurs investigations. A plusieurs reprises, le président interpella des docteurs, les invitant à parler ; et l’on vit se lever d’aimables jeunes personnes, et l’on entendit mille détails scientifiques et techniques ;... la chanson allemande revenait périodiquement comme un refrain,... et je me demandais ce qui est le plus cancéreux de la philosophie, de la pédagogie ou de la politique des Allemands modernes. L’une brise les âmes, l’autre brise les caractères, la troisième brise les États : cela se vaut. Un brave monsieur a demandé une fois la parole de sa place et a « délivré » un speech acariâtre, dans lequel il a déclaré que tous les parents allemands étaient obligés de faire faire de la gymnastique à leurs enfants, depuis le souverain jusqu’à l’ouvrier, et qu’il voudrait voir les mêmes lois établies à Boston, mais que, vraisemblablement, un pouvoir dictatorial peut seul faire de si bonnes choses. Quelqu’un lui a répondu que les Américains n’aiment guère qu’on leur parle d’une manière dictatoriale ! Le dernier soir, il y a eu grande réception à
-i i A # N r t IV Le bateau qui n’avance pas se trouve dans une piscine de l’université de Yale, à New Ilaven (Connecticut)» Encore une université à avaler, cher lecteur, c’est la dernière. Je te fais grâce de celle de Philadelphie et de plusieurs autres encore que j’ai visitées, chemin faisant, mais tu ne peux vraiment te dispenser de donner un coup d’œil è celle-ci, il cause de son ancienneté et de son importance! Elle possède, connue scs sœurs, des sociétés secrètes, des clubs de toute sorte, des associations athlétiques,, des facultés diverses. Elle est plus américaine qu’llarvard, moins démocratique que Corncll, un peu rouyh comme Princeton, qui lui ressemble, d’ailleurs, par plus d’un trait. Si tu consultes The Yale Danner * publiée
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. l’hôtel Brunswick. J’y ai retrouvé tous les orateurs : les jeunes doctoresses, le monsieur acariâtre, les directeurs de gymnase, le professeur suédois avec sa redingote irréprochable et son accent aigu, et la foule des dames qui emplissaient l’amphithéâtre. Dans les fêtes qui terminent un congrès littéraire, on parle généralement politique et les médecins, après leurs séances et leurs discussions, causent boulevards et pièces nouvelles. Mais ces futilités n’étaient pas de mise ici. Dans tous les groupes, il était question de l’intérieur du corps humain ; on entendait de tous côtés les mots : système allemand, système suédois.... Je pris à part un personnage de grande réputation qui avait péroré sur le « système français » en termes aussi précis qu’erronés. « Y-a-t-il longtemps, monsieur, lui dis-je, que vous êtes venu en France ? — Je n’y ai jamais été, monsieur, m’a-t-il répondu.... Je ne connais de l’Europe que l’Allemagne, où j’ai achevé mes études. » Le lendemain, au club, en ouvrant un journal, je trouvai un long article bien pensé et bien écrit, intitulé : Antigermanisme.... Ce n’est pas trop tôt.
-UN LIVRE, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. 351 par les étudiants et illustrée par eux de charmants croquis, l’édition de 1889 t’apprendra que 140 jeunes gens étudient la théologie, 101 le droit, 47 la médecine, 137 les lettres, 343 les sciences, 39 les beaux-arts... total : 1 413. Tu sauras, en outre, qu’en ce moment le Conncticut y compte 490 représentants et les autres Etats 881; qu’il y a 8 Canadiens, 7 Anglais, 3 Turcs, 5 Hawaïens, 12 Japonais et 1 Français; qu’enfin le college fut fondé en 1101 et définitivement établi en 1117 à New Haven. New Haven est maintenant une’ ville importante; mais elle se gouverne encore d’apres le vieux modo de consultation directe usité jadis dans la Nouvelle-Angleterre. Les citoycus se réunissent un jour quelconque dans une grande salle; chacun entre, sort, fait scs observations et ses critiques; on vole à mains levées.... En fait, les habitants, satisfaits de leur municipalité, lui laissent la bride sur le cou. Quand j’ai pénétré dans le lieu ou se tenait rassemblée, on lui lisait un budget considérable où les dollars défilaient par milliers; 130 à 200 personnes, tout au plus, prêtaient une oreille distraite à celte lecture et votaient ensuite de la meilleure
+{{t3|{{rom-maj|IV|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le bateau qui n’avance pas se trouve dans une piscine de l’université de Yale, à New Haven (Connecticut). Encore une université à avaler, cher lecteur, c’est la dernière. Je te fais grâce de celle de Philadelphie et de plusieurs autres encore que j’ai visitées, chemin faisant, mais tu ne peux vraiment te dispenser de donner un coup d’œil à celle-ci, à cause de son ancienneté et de son importance ! Elle possède, comme ses sœurs, des sociétés secrètes, des clubs de toute sorte, des associations athlétiques, des facultés diverses. Elle est plus américaine qu’Harvard, moins démocratique que Cornell, un peu rough comme Princeton, qui lui ressemble, d’ailleurs, par plus d’un trait. Si tu consultes The Yale Banner, publiée
-352 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. 4 ’ i grâce;... et néanmoins, on sent que ces mœurs patriarcales sont à la Veille de disparaître, qu’il suffit pour cela jtpie quelqu’un se lève et en i signale le danger.... Si cette assemblée n’est * pas la dernière, c’est du moins Tavant-dernièrc; mais comme elle m’a bien fait comprendre le * rang occupé dans les préoccupations des Américains par les choses gouvernementales ! Encore une fois, lorsqu’ils se passionnent pour une élection, c’est la lutte, le pari, le sport qu ? ils X , cherchent; en dehors de ces excitations factices, ils disent à leurs gouvernants : « Laissoz-nous la paix, ne gênez pas nos mouvements et faites tout ce que vous voudrez ». i . New
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. par les étudiants et illustrée par eux de charmants croquis, l’édition de 1889 t’apprendra que 140 jeunes gens étudient la théologie, 107 le droit, 47 la médecine, 737 les lettres, 343 les sciences, 39 les beaux-arts... total : 1413. Tu sauras, en outre, qu’en ce moment le Conneticut y compte 490 représentants et les autres États 881 ; qu’il y a 8 Canadiens, 7 Anglais, 3 Turcs, 5 Hawaïens, 12 Japonais et 1 Français ; qu’enfin le collège fut fondé en 1701 et définitivement établi en 1717 à New Haven. New
-est coupé par de grandes avenues très ombreuses en été, majestueuses encore fen hiver, avec les grandes massés des vieux arbres dépouillés. La voiture de l’aimable professeur H. Farnutn circule’ dans ces avenues * i d’un bout de la ville à l’autre, parce qu’il s’agit de me faire voir beaucoup de, choses en très peu de temps : le champ de jeu, désert, avec scs tribunes vides et les « buts » du foot-baïl dressés comme pour un supplice de païen; le boaMiouse, fermé jusqu’au printemps, mais
+est maintenant une ville importante ; mais elle se gouverne encore d’après le vieux mode de consultation directe usité jadis dans la Nouvelle-Angleterre. Les citoyens se réunissent un jour quelconque dans une grande salle ; chacun entre, sort, fait ses observations et ses critiques ; on vote à mains levées.... En fait, les habitants, satisfaits de leur municipalité, lui laissent la bride sur le cou. Quand j’ai pénétré dans le lieu où se tenait l’assemblée, on lui lisait un budget considérable où les dollars défilaient par milliers ; 130 à 200 personnes, tout au plus, prêtaient une oreille distraite à cette lecture et votaient ensuite de la meilleure
-353 ! ± UN LIV11E, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. peuplé d’innombrables bateaux qui donnent, renversés, sur les portants; la bibliothèque, les laboratoires, quelques chambres d’étudiants, la Y. M. C. A. et enfin le gympase, avec le sous^ sol ou se trouve le fameux bateau qui n’avance pas. Je n’ai peut-être pas été aussi surpris en le voyant que les journaux de la localité ont bien voulu le dire le lendemain; un tank- n’est pas une chose absolument inconnue en Europe; il en existe en Allemagne, peut-être aussi en Angleterre; notre climat, d’ailleurs, nous donne la possibilité de ramer presque sans interruption d’un bout de l’année à l’autre; mais les . 1 * Américains du Nord n’ont pas le môme bonheur et je m’étonne que, dans la plupart de leurs grandes universités, on n’ait pas suivi l’exemple de Yale. Imaginez une piscine, ayant .18 , mètres de long, 9 de large et CO centimètres en profondeur. Une fausse .embarcation est fixée au milieu de la piscine, ses deux extrémités s’appuyant aux murs qui en limitent la longueur. Dés sièges à coulisses y sont installés exactement comme dons une embarcation - f * ordinaire. Quatre rameurs de pointe s’y inslal 23
+352 {{sc universités transatlantiques. grâce ;... et néanmoins, on sent que ces mœurs patriarcales sont à la veille de disparaître, qu’il suffit pour cela que quelqu’un se lève et en signale le danger.... Si cette assemblée n’est pas la dernière, c’est du moins l’avant-dernière ; mais comme elle m’a bien fait comprendre le rang occupé dans les préoccupations des Américains par les choses gouvernementales ! Encore une fois, lorsqu’ils se passionnent pour une élection, c’est la lutte, le pari, le sport qu’ils cherchent ; en dehors de ces excitations factices, ils disent à leurs gouvernants : « Laissez-nous la paix, ne gênez pas nos mouvements et faites tout ce que vous voudrez ». New Haven est coupé par de grandes avenues très ombreuses en été, majestueuses encore en hiver, avec les grandes masses des vieux arbres dépouillés. La voiture de l’aimable professeur H. Farnum circule dans ces avenues d’un bout de la ville à l’autre, parce qu’il s’agit de me faire voir beaucoup de choses en très peu de temps : le champ de jeu, désert, avec ses tribunes vides et les « buts » du foot-ball dressés comme pour un supplice de païen ; le boat-house, fermé jusqu’au printemps, mais
-{354 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. * j - v *■ 4çnt; leurs avirons, un peu courts, vont chercher’ l’eau par-dessus ùne cloison "qui s’élève N ■ - ■ 1 * g* de quelques centimètres au-dessus du niveau , J * * liquide, de chaqiie côté du bateau, et qui est < - ; * * moins longue que la piscine. C est autour do ces cloisons que l’eau circule, car, le bateau ne J r remuant pas, c’est l’eau qui doit sé déplacer. • * Chaque coup d’aviron précipite, sa marche : elle atteint la muraille du fond, passe entre la i * ’ * ’ muraille et là cloison, revient le long du bateau , *■ 1 . et ressort à l’autre bout, où, de nouveau, les pelles d’aviron la chassent dans le même sons 1 . Dans le demi-jour d’un après-midi de i ri décembre, avec, çà et là, des becs de gaz qui i * m * éclairent les recoins les plus sombres, celle * , . ■ piscine en sous-sol présente l’aspect le plus ^ t r . / ^ * bizarre. Sur les bergès (?) l’entraincur se pro . * mène; son regard perçant épie les moindres * % * j - fautes des quatre jeunes gens vêtus do jerseys sans manches qui rament sous ses* yeux. Des éclaboussures jaillissent do tous côtés et, derrière une cloison, on entend de l’eau qui tombe * „ * • , i ’ ’ I* Pour me rendre compte du degré, do. clarlé. de mon explication, je viens de la lire il un de nies amis qui n’y a rien compris du loul : niais je dèsespfcre de la rendre plus claire.
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. peuplé d’innombrables bateaux qui dorment, renversés, sur les portants ; la bibliothèque, les laboratoires, quelques chambres d’étudiants, la Y. M. C. A. et enfin le gymnase, avec le sous-sol où se trouve le fameux bateau qui n’avance pas. Je n’ai peut-être pas été aussi surpris en le voyant que les journaux de la localité ont bien voulu le dire le lendemain ; un tank n’est pas une chose absolument inconnue en Europe ; il en existe en Allemagne, peut-être aussi en Angleterre ; notre climat, d’ailleurs, nous donne la possibilité de ramer presque sans interruption d’un bout de l’année à l’autre ; mais les Américains du Nord n’ont pas le même bonheur et je m’étonne que, dans la plupart de leurs grandes universités, on n’ait pas suivi l’exemple de Yale. Imaginez une piscine, ayant 15 mètres de long, 9 de large et 60 centimètres en profondeur. Une fausse embarcation est fixée au milieu de la piscine, ses deux extrémités s’appuyant aux murs qui en limitent la longueur. Des sièges à coulisses y sont installés exactement comme dans une embarcation ordinaire. Quatre rameurs de pointe s’y instal-
-UN T LIVRE, UN CONOnÈS ET UN BATEAU. 355 J 1 très fort; ce sont les douches sous lesquelles passent en ce moment les rameurs précédents. Le gymnase de Yale n’est pas en rapport avec l’importance do l’université ni avec les superbes édifices dont elle s’entoure depuis plusieurs années. Les anciens élèves, auxquels on s’est adressé pour le reconstruire, ont donné aussitôt 200 000 dollars (1 million de francs) et M. Gandolfo, architecte, m’a montré les plans qu’il vient de soumettre aux administrateurs. Lé gymnase projeté aura quatre étages et un sous-sol, et la distribution eh est combinée de la manière la plus ingénieuse» Il contiendra un escalier monumental, un salon de réception, une « salle des trophées », trois piscines et un hall immense occupant tout le sommet du bâtiment* Là seront installés les appareils de gymnastique» L’une des trois piscines sera consacrée à la natation, les deux autres au rowing; une embarcation do quatre rameurs et une do *■ * huit y trouveront place. Il y aura de nombreux i vestiaires à tous les étages. Il y aura aussi, hélas ! h un cabinet pour le « directeur du gymnase », et j’ai pu me convaincre qu’il aurait toute là place * nécessaire pour y installer son agence d
+354 {{sc universités transatlantiques. lent ; leurs avirons, un peu courts, vont chercher l’eau par-dessus une cloison qui s’élève de quelques centimètres au-dessus du niveau liquide, de chaque côté du bateau, et qui est moins longue que la piscine. C’est autour de ces cloisons que l’eau circule, car, le bateau ne remuant pas, c’est l’eau qui doit se déplacer. Chaque coup d’aviron précipite sa marche : elle atteint la muraille du fond, passe entre la muraille et la cloison, revient le long du bateau et ressort à l’autre bout, où, de nouveau, les pelles d’aviron la chassent dans le même sens. Dans le demi-jour d’un après-midi de décembre, avec, çà et là, des becs de gaz qui éclairent les recoins les plus sombres, cette piscine en sous-sol présente l’aspect le plus bizarre. Sur les berges (?) l’entraîneur se promène ; son regard perçant épie les moindres fautes des quatre jeunes gens vêtus de jerseys sans manches qui rament sous ses yeux. Des éclaboussures jaillissent de tous côtés et, derrière une cloison, on entend de l’eau qui tombe Pour me rendre compte du degré de clarté de mon explication, je viens de la lire à un de mes amis qui n’y a rien compris du tout : mais je désespère de la rendre plus claire.
-1 r * V Quand Vous en serez là, messieurs de l’uni * versité de Yale, ne choisissez pas un savant docteur passionné d’anthropométrie , coureur d’expériences, chercheur de nouveautés et qui dissimulera, sous des dehors magnifiquement scientifiques, la profonde inanité de son système* Choisissez plutôt un homme connue le profesàcur Goldie du New York Athlelic Club , qui connaisse et aime les exercices physiques. En hiver, chaque samedi malin, les membres du h club lui envoient leurs enfants. Au début, il leur fit faire des mouvements d’ensemble, mais ne tarda pas à s’apercevoir de l’ennui qu’il leur T causait. 11 appela le plus âgé et lui demanda pourquoi la gymnastique l’ennuyait. « Parce que* répondit le boy, nous avons clause cinq
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. très fort ; ce sont les douches sous lesquelles passent en ce moment les rameurs précédents. Le gymnase de Yale n’est pas en rapport avec l’importance de l’université ni avec les superbes édifices dont elle s’entoure depuis plusieurs années. Les anciens élèves, auxquels on s’est adressé pour le reconstruire, ont donné aussitôt 200000 dollars (1 million de francs) et M. Gandolfo, architecte, m’a montré les plans qu’il vient de soumettre aux administrateurs. Le gymnase projeté aura quatre étages et un sous-sol, et la distribution en est combinée de la manière la plus ingénieuse. Il contiendra un escalier monumental, un salon de réception, une « salle des trophées », trois piscines et un hall immense occupant tout le sommet du bâtiment. Là seront installés les appareils de gymnastique. L’une des trois piscines sera consacrée à la natation, les deux autres au rowing ; une embarcation de quatre rameurs et une de huit y trouveront place. Il y aura de nombreux vestiaires à tous les étages. Il y aura aussi, hélas ! un cabinet pour le « directeur du gymnase », et j’ai pu me convaincre qu’il aurait toute la place nécessaire pour y installer son agence d’élevage.
-■I UN LIVRE, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. 357 jours par semaine et que ce n’est pas amusant r d’avoir encore classe le sixième. » Eclairé par cette parole, le
+{{t3|{{rom-maj|V|5}}}} {{interligne}} {{interligne}} Quand vous en serez là, messieurs de l’université de Yale, ne choisissez pas un savant docteur passionné d’anthropométrie, coureur d’expériences, chercheur de nouveautés et qui dissimulera, sous des dehors magnifiquement scientifiques, la profonde inanité de son système. Choisissez plutôt un homme comme le
-Goldie estime maintenant que les mouvements d’ensemble peuvent cire bons pour les très jeunes enfants, à condition d’en faire peu et de les varier souvent. Mais au delà de douze ans, il faut quelque chose de plus. Il les laisse libres, scs élèves, les aide et les conseille au besoin dans leurs ambitions, leurs désirs, leurs audaces naissantes et cette surveillance intelligente vaut mieux que tous les enseignements . Quant aux membres du club, ils le trouvent toujours à son poste lorsqu’ils ont à le consulter. Mais ils n’ont pas besoin d’un certificat signé pour monter en bateau, cl on ne leur indique pas sur un petit livre les exercices qu’ils doivent faire et le nombre de minutes qu’ils doivent y consacrer par jour, Qu’il en soit de mémo pour les grands jeunes gens des universités et que Yale cl Princeton, qui ont échappé jusqu’ici /i ces folles réglementations, ne concèdent point à des directeurs de gymnase » le droit de détruire tous les bons effets que l’athlétisme est susceptible de produire.
+Goldie du New York Athlelic Club, qui connaisse et aime les exercices physiques. En hiver, chaque samedi matin, les membres du club lui envoient leurs enfants. Au début, il leur fit faire des mouvements d’ensemble, mais ne tarda pas à s’apercevoir de l’ennui qu’il leur causait. Il appela le plus âgé et lui demanda pourquoi la gymnastique l’ennuyait. « Parce que, répondit le boy, nous avons classe cinq
-Les malles, déjà!... Ces derniers jours passés à New York ont été agréablement semés de J promenades, de dîners, de parties de théâtre; avec riiiver, la vie mondaine a repris : il y a de ’ grands banquets et de petits dîners fins clicz Delnionico; de belles voitures circulent dans Fiflh Avenue; les clubs se remplissent; on organise des ventes de charité ; les expositions commencent et les jeunes filles ont déjà trouvé moyen de danser doux .ou trois fois. À neuf heures du soir, la veille du départ, c’est, chez moi, un inexprimable désordre : dans les caisses béantes s’engouffrent les livres, les brochures universitaires, les prospectus d’écoles; des étoffes de soie de la Nouvelle Orléans, qui semblent contenir toute la magie du Sud dans leurs replis
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. jours par semaine et que ce n’est pas amusant d’avoir encore classe le sixième. » Éclairé par cette parole, le professeur Goldie estime maintenant que les mouvements d’ensemble peuvent être bons pour les très jeunes enfants, à condition d’en faire peu et de les varier souvent. Mais au delà de douze ans, il faut quelque chose de plus. Il les laisse libres, ses élèves, les aide et les conseille au besoin dans leurs ambitions, leurs désirs, leurs audaces naissantes et cette surveillance intelligente vaut mieux que tous les enseignements. Quant aux membres du club, ils le trouvent toujours à son poste lorsqu’ils ont à le consulter. Mais ils n’ont pas besoin d’un certificat signé pour monter en bateau, et on ne leur indique pas sur un petit livre les exercices qu’ils doivent faire et le nombre de minutes qu’ils doivent y consacrer par jour, Qu’il en soit de même pour les grands jeunes gens des universités et que Yale et Princeton, qui ont échappé jusqu’ici à ces folles réglementations, ne concèdent point à des « directeurs de gymnase » le droit de détruire tous les bons effets que l’athlétisme est susceptible de produire.
--i JT ■ UN LIVRE, UN CONGRÈS ET UN BATEAU. 359 * L + chatoyants, des collections de photographies et des journaux, et des bibelots, et encore des livres. Pêle-môlc avec ces objets matériels, j’emballe tout le stock immatériel des surprises, des émotions, des sensations éprouvées. Ce sera plaisant ce déballage, de l’aulre côté de l’Océan, avec tout un monde d’idées neuves, un horizon reculé, et des souvenirs à éplucher bien lentement.... Sur la table, il
+{{t3|{{rom-maj|VI|6}}}} {{interligne}} {{interligne}} Les malles, déjà !... Ces derniers jours passés à New York ont été agréablement semés de promenades, de dîners, de parties de théâtre ; avec l’hiver, la vie mondaine a repris : il
-a des cartes de visite, des lettres d’adieu, un portrait du général Sherman, que j’ai vu tantôt chez lui et que j’ai trouvé grand, simple, franc et boii comme j’avais envie de le trouver. Je ne veux rien jeter î cela rendra l’impression plus vive et plus agréable quand je répandrai ces niaiseries sur la table de « chez moi », lsVbas....
+a de grands banquets et de petits dîners fins chez Delmonico ; de belles voitures circulent dans Fifth Avenue ; les clubs se remplissent ; on organise des ventes de charité ; les expositions commencent et les jeunes filles ont déjà trouvé moyen de danser deux ou trois fois. A neuf heures du soir, la veille du départ, c’est, chez moi, un inexprimable désordre : dans les caisses béantes s’engouffrent les livres, les brochures universitaires, les prospectus d’écoles ; des étoffes de soie de la Nouvelle Orléans, qui semblent contenir toute la magie du Sud dans leurs replis
+{{sc un livre, un congrès et un bateau. chatoyants, des collections de photographies et des journaux, et des bibelots, et encore des livres. Pêle-mêle avec ces objets matériels, j’emballe tout le stock immatériel des surprises, des émotions, des sensations éprouvées. Ce sera plaisant ce déballage, de l’autre côté de l’Océan, avec tout un monde d’idées neuves, un horizon reculé, et des souvenirs à éplucher bien lentement.... Sur la table, il y a des cartes de visite, des lettres d’adieu, un portrait du général Sherman, que j’ai vu tantôt chez lui et que j’ai trouvé grand, simple, franc et bon comme j’avais envie de le trouver. Je ne veux rien jeter : cela rendra l’impression plus vive et plus agréable quand je répandrai ces niaiseries sur la table de « chez moi », là-bas....
-N CONCLUSIONS i 1 1 ■h * U .■k 4
+conclusions
-A Son Excellence * 1 ■ Monsieur le Ministre de V Instruction publique . t Paris, 1 er mars 1890. Monsieur le Ministre* i Par un arrêté en date du 17 juillet 1881), vous m’avpz fait l’honneur de me confier line mission aux États-Unis et au Canada à reflet t ; i d’y visiter les universités et les collèges, et d’y étudier l’organisation et le fonctionnement ♦ » des associations athlétiques fondées par les jeunes gens de ces deux pays. Les renseignements que j’ai recueillis et les observations que j’ai faites, au cours de mon voyage, me suggèrent quelques réflexions que je désire vous soumettre. Ce sera la conclusion de cet étrange rapport qui ne se compose que de pièces justificatives et dont, le style fantaisiste contraste avec l’habituelle j * ’ 4
-364 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. gravité îles ilocumonls pédagogiques. J’ai pçnsé que mes croquis y gagneraient en lidér lité et que je pourrais donner, de la sorte, une impression plus nette et plus vivante de ces universités transatlantiques , vers lesquelles nous avons si peu tourné nos regards, nous A autres Européens; elles sont pourtant bien dignes de fixer raltention. C’est autour d’elles, c’est dans leur sein même, que les Américains, non moins avides de science que de richesse, nous préparent des rivaux pour l’avenir; leurs efforts ne sont pas toujours bien combinés : dans leur ardeur, ils mélangent le blé avec l’ivraie, mais la persévérance et le travail Viennent il bout de toutes les difficultés, et leurs progrès doivent être pour nous le motif d’une féconde émulation. i
+A Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Instruction publique {{d|Paris, {{1er}} mars 1890.|3}} Monsieur le Ministre, Par un arrêté en date du 17 juillet 1889, vous m’avez fait l’honneur de me confier une mission aux États-Unis et au Canada à l’effet d’y visiter les universités et les collèges, et d’y étudier l’organisation et le fonctionnement des associations athlétiques fondées par les jeunes gens de ces deux pays. Les renseignements que j’ai recueillis et les observations que j’ai faites, au cours de mon voyage, me suggèrent quelques réflexions que je désire vous soumettre. Ce sera la conclusion de cet étrange rapport qui ne se compose que de pièces justificatives et dont le style fantaisiste contraste avec l’habituelle
-Au moment où se manifeste, en France, ’i avec une telle vigueur, la préoccupation do donner à l’éducation physique la place importante qu’elle comporte, il était intéressant de jeter les yeux sur un pays où les deux systèmes d’éducation physique les plus opposés se trouvent en présence : jeux libres venus d’Angleterre; gymnastique scientifique venue d’Allemagne. J’ai suffisamment insisté, dans les pages qui précèdent, sur le caractère de l’une et de l’autre méthode, pour n’y point revenir. Toutefois, il importe de remarquer que les jeux libres, par le fait meme que la liberté préside à leur organisation, s’accommodent du voisinage de la gymnastique; il y * a des gymnases en Angleterre et les élèves
+364 {{sc universités transatlantiques. gravité des documents pédagogiques. J’ai pensé que mes croquis y gagneraient en fidélité et que je pourrais donner, de la sorte, une impression plus nette et plus vivante de ces universités transatlantiques, vers lesquelles nous avons si peu tourné nos regards, nous autres Européens ; elles sont pourtant bien dignes de fixer l’attention. C’est autour d’elles, c’est dans leur sein même, que les Américains, non moins avides de science que de richesse, nous préparent des rivaux pour l’avenir ; leurs efforts ne sont pas toujours bien combinés : dans leur ardeur, ils mélangent le blé avec l’ivraie, mais la persévérance et le travail viennent à bout de toutes les difficultés, et leurs progrès doivent être pour nous le motif d’une féconde émulation.
-366 UNIVERSITES TRANSATLANTIQUES. les utilisent avec plaisir. L’intolérance, au ’contraire, fait le fond de la gymnastique ger J 1 manique; elle ne connaît que mouvements d’ensemble, discipline rigide et réglementa * lion perpétuelle Le D r Lagrange a fait justice de scs prétentions exorbitantes au point de vue hygiénique; d’autres se sont chargés d’établir sa profonde nullité au point de vue r pédagogique. Aux États-Unis, une réaction se * prépare contre elle et il est permis de prévoir l’époque où les présidents d’universités retireront aux directeurs des gymnases les pouvoirs insensés qu’ils leur ont reconnus. Ces * directeurs ont la haute main non seulement sur les appareils bizarres dont ils sont — ou parfois se croient — les inventeurs, mais aussi suivies jeux, car, no pouvant de prime abord les faire disparaître, ils les confisquent à leur profil, choisissant parmi leurs élèves les plus forts et les plus agiles, ù l’entraînement des s quels ils se consacrent exclusivement. Il en résulte que, péndanl la belle saison, les équipes universitaires vont do concours en concours; on se presse pour les voir lutter; des sommes énormes sont engagées parles parieurs ni,
+{{t3|{{rom-maj|I|1}}}} {{interligne}} {{interligne}} Au moment où se manifeste, en France, avec une telle vigueur, la préoccupation de donner à l’éducation physique la place importante qu’elle comporte, il était intéressant de jeter les yeux sur un pays où les deux systèmes d’éducation physique les plus opposés se trouvent en présence : jeux libres venus d’Angleterre ; gymnastique scientifique venue d’Allemagne. J’ai suffisamment insisté, dans les pages qui précèdent, sur le caractère de l’une et de l’autre méthode, pour n’y point revenir. Toutefois, il importe de remarquer que les jeux libres, par le fait même que la liberté préside à leur organisation, s’accommodent du voisinage de la gymnastique ; il y a des gymnases en Angleterre et les élèves
-CONCLUSIONS. 307 tandis que les champions se livrent à cet i + ’ athlétisme exagéré, leurs camarades sont tenus h l’écart pour ne pas gêner leur entraînement. * ■ t On commence à se préoccuper d’un si fâcheux état de choses et
+366 {{sc universités transatlantiques. les utilisent avec plaisir. L’intolérance, au contraire, fait le fond de la gymnastique germanique ; elle ne connaît que mouvements d’ensemble, discipline rigide et réglementation perpétuelle. Le Dr Lagrange a fait justice de ses prétentions exorbitantes au point de vue hygiénique ; d’autres se sont chargés d’établir sa profonde nullité au point de vue pédagogique. Aux États-Unis, une réaction se prépare contre elle et
-est à souhaiter qu’une prompte réforme se produise. En tout cas, c’est un avertissement pour nous de ne pas laisser prendre il l’éducation physique le caractère scientifique et autoritaire que voudraient lui donner certains théoristes, plus soucieux des principes que de leur application, amis du rationnel et ignorants de la pédagogie. Pour remplir une lacune qui existe dans 4 réchelle des établissements d’instruction en Amérique et qui correspond précisément à la période la plus importante de la formation de l’enfant, des écoles se fondent, qui s’inspirent dé Timmortéllc doctrine du grand Arnold, comme s’en est inspiré l’honorable M. Marion dans le rapport qu’il a présenté à la commission que vous aviez chargée, Monsieur le Ministre, d’étudier les réformes à introduire dans le régime de h os lycées/ Le programme d’Arnold ÿ est presque entièrement reproduit. C’est lui, en elTel, qui s’est * le premier, servi de l’athlé-
+est permis de prévoir l’époque où les présidents d’universités retireront aux directeurs des gymnases les pouvoirs insensés qu’ils leur ont reconnus. Ces directeurs ont la haute main non seulement sur les appareils bizarres dont ils sont — ou parfois se croient — les inventeurs, mais aussi sur les jeux, car, ne pouvant de prime abord les faire disparaître, ils les confisquent à leur profit, choisissant parmi leurs élèves les plus forts et les plus agiles, à l’entraînement desquels ils se consacrent exclusivement. Il en résulte que, pendant la belle saison, les équipes universitaires vont de concours en concours ; on se presse pour les voir lutter ; des sommes énormes sont engagées par les parieurs et,
--■£ J 368 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. p 1 Usine pour produire des volontés fermes et des cœurs droits en môme temps que des corps robustes; c’est lui qui, par la liberté et la hiérarchie du mérite, a su préparer les enfants au rôle de citoyens d’un pays libre 5 c’est encore lui qui a groupé les maîtres autour j de sa personne et en a fait ses collaborateurs • c’est lui qui a poursuivi le mensonge, qui a proclamé la nécessité de faire .avant tout des \ hommes honnêtes; c’est lui qui a dit : « L’éducation est une partie d’échecs ». La liberté, dans ces écoles nouvelles, est sagement réglée, comme dans les écoles d’Àn h gleterre; elle est au contraire excessive dans la plupart des universités; mais cet excès » d’indépendance ne produit pas de mauvais résultats; il n’est pas jusqu’aux jésuites qui ne se félicitent do cet état de choses; cl rien iio prouve mieux que la liberté est f&çondc parmi les enfants comme parmi les hommes. Des restrictions sont parfois utiles, mais elle doit du moiris être i\ la base de toutes les institutions scolaires. Les petits Américains ont un besoin .tout particulier d’indépendance; aussi faut-il considérer comme accidentelles et
+{{sc conclusions. tandis que les champions se livrent à cet athlétisme exagéré, leurs camarades sont tenus à l’écart pour ne pas gêner leur entraînement. On commence à se préoccuper d’un si fâcheux état de choses et il est à souhaiter qu’une prompte réforme se produise. En tout cas, c’est un avertissement pour nous de ne pas laisser prendre à l’éducation physique le caractère scientifique et autoritaire que voudraient lui donner certains théoristes, plus soucieux des principes que de leur application, amis du rationnel et ignorants de la pédagogie. Pour remplir une lacune qui existe dans l’échelle des établissements d’instruction en Amérique et qui correspond précisément à la période la plus importante de la formation de l’enfant, des écoles se fondent, qui s’inspirent de l’immortelle doctrine du grand Arnold, comme s’en est inspiré l’honorable M. Marion dans le rapport qu’il a présenté à la commission que vous aviez chargée, Monsieur le Ministre, d’étudier les réformes à introduire dans le régime de nos lycées. Le programme d’Arnold y est presque entièrement reproduit. C’est lui, en effet, qui s’est, le premier, servi de l’athlé-
-i CONCLUSIONS. 309 * 11 passagères les tendances que j’ai signalées plus haut à propos de l’éducation physique : elles sont ducs à un engouement germanique qui ne saurait avoir de racines bien profondes, car il est contraire au génie du pays. Los Debaling Societies sont très répandues ; il ne faut pas les assimiler aux académies d’autrefois, auxquelles, précisément, faisait défaut la liberté de la pensée. Le maître, en Amérique comme en Angleterre, se gardera de rien souffler à son élève; il ne tient pas à le faire briller en séance publique dans un rôle de tragédie grecque ou dans une récitation de » vers latins; il tient à le faire pérorer tout seul sur des sujets de « grandes personnes », afin qu’il s’habitue il trouver ses mots *— et surtout à trouver ses idées, ce qui est plus difficile encore. Je ne saurais trop insister pour que de pareilles conférences soient instituées dans nos lycées; les grands élèves y perdraient peu ii peu celte déplorable timidité qui, trop sou ♦ vent, les paralyse aux examens et les poursuit il travers touto leur carrière. Mon avis Serait de bannir des discussions les sujets religieux ou de politique intérieure) mais d’y admettre * 24
+368 {{sc universités transatlantiques. tisme pour produire des volontés fermes et des cœurs droits en même temps que des corps robustes ; c’est lui qui, par la liberté et la hiérarchie du mérite, a su préparer les enfants au rôle de citoyens d’un pays libre ; c’est encore lui qui a groupé les maîtres autour de sa personne et en a fait ses collaborateurs ; c’est lui qui a poursuivi le mensonge, qui a proclamé la nécessité de faire avant tout des hommes honnêtes ; c’est lui qui a dit : « L’éducation est une partie d’échecs ». La liberté, dans ces écoles nouvelles, est sagement réglée, comme dans les écoles d’Angleterre ; elle est au contraire excessive dans la plupart des universités ; mais cet excès d’indépendance ne produit pas de mauvais résultats ; il n’est pas jusqu’aux jésuites qui ne se félicitent de cet état de choses ; et rien ne prouve mieux que la liberté est féconde parmi les enfants comme parmi les hommes. Des restrictions sont parfois utiles, mais elle doit du moins être à la base de toutes les institutions scolaires. Les petits Américains ont un besoin tout particulier d’indépendance ; aussi faut-il considérer comme accidentelles et
-370 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. L * ’ v carrément tout ce qui a trait à la politique extérieure. La presse scolaire esL également utile; lés quelques essais lentés en France ont i \ l; 4 réussi, mais la plupart des maîtres ne se doutent pas encore du rôle que peut jouer dans uii collège un journal mensuel ou bimensuel, bien rédigé; s’ils pouvaient deviner combien leur tftclic en sérail facilitée, ils n’hésileraienl pas à pousser les élèves dans cette voie. Il y en a partout, en Amérique : j’en reçois beaucoup et encore plus d’Angleterre; depuis plusieurs années que je les lis attentivement, je n’y ai jamais trouvé un mot déplacé et la plupart ne sont pas contrôlés. Je sais bien que ^ i tous ces moyens sont un peu modernes ; mais j’imagine que nous avons a former des hommes pour le xx c siècle et non pour le xvnV
+{{sc conclusions. passagères les tendances que j’ai signalées plus haut à propos de l’éducation physique : elles sont dues à un engouement germanique qui ne saurait avoir de racines bien profondes, car il est contraire au génie du pays. Les Debating Societies sont très répandues ; il ne faut pas les assimiler aux académies d’autrefois, auxquelles, précisément, faisait défaut la liberté de la pensée. Le maître, en Amérique comme en Angleterre, se gardera de rien souffler à son élève ; il ne tient pas à le faire briller en séance publique dans un rôle de tragédie grecque ou dans une récitation de vers latins ; il tient à le faire pérorer tout seul sur des sujets de « grandes personnes », afin qu’il s’habitue à trouver ses mots — et surtout à trouver ses idées, ce qui est plus difficile encore. Je ne saurais trop insister pour que de pareilles conférences soient instituées dans nos lycées ; les grands élèves y perdraient peu à peu cette déplorable timidité qui, trop souvent, les paralyse aux examens et les poursuit à travers toute leur carrière. Mon avis serait de bannir des discussions les sujets religieux ou de politique intérieure, mais d’y admettre
-Ên dehors des universités et collèges, les associations athlétiques sont nombreuses et prospères. Les unes sont simplement formées entre jeunes gens en vue de pratiquer certains sports déterminés, le vélocipède, le lawn tennis*... Mais lo plus souvent ces associations possèdent des immeubles où sont installés de véritables clubs; l’on y peut écrire, dîner, jouer au billard. Un grand gymnase, dans la partie supérieure, un jeu de boules, des dou F ches et parfois une piscine de natation dans le sous-sol permettent aux membres do prendre, pendant tout Thiver, un exercice énergique et salutaire. Ces associations possèdent aussi des terrains de jeux et des garages de bateaux pour l’été, hors des villes où elles sont situées. ‘v
+370 {{sc universités transatlantiques. carrément tout ce qui a trait à la politique extérieure. La presse scolaire est également utile ; les quelques essais tentés en France ont réussi, mais la plupart des maîtres ne se doutent pas encore du rôle que peut jouer dans un collège un journal mensuel ou bimensuel, bien rédigé ; s’ils pouvaient deviner combien leur tâche en serait facilitée, ils n’hésiteraient pas à pousser les élèves dans cette voie. Il y en a partout, en Amérique : j’en reçois beaucoup et encore plus d’Angleterre ; depuis plusieurs années que je les lis attentivement, je n’y ai jamais trouvé un mot déplacé et la plupart ne sont pas contrôlés. Je sais bien que tous ces moyens sont un peu modernes ; mais j’imagine que nous avons à former des hommes pour le {{rom|XX}}e siècle et non pour le {{rom|XVII}}e.
-* , 372 UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES. La cotisation est généralement peu élevée, soit par suite de la générosité des fondateurs, soit par . le grand nombre des membres honoraires qui se trouvent participer aux dépenses sans en occasionner. Les concours de sports athlétiques donnés par ces associations, en hiver dans leurs gymnases, en été sur leurs terrains do jeux, sont très suivis. Les courses plates et avec obstacles, les sauts en hauteur et en longueur cl les sauts à la perche figurent au * * programme. L’escrime a quelques fervents; ■ * la boxe est très répandue. Les gymnases sont toujours parquetés et des matelas rembourrés ,remplaçcnt, au-dessous des divers appareils, la sciure de bois que nous employons. Cette * ■ f sciure n’est pas sans inconvénients : elle produit une poussière qui imprègne l’atmosphère et la rend irrespirable. Parmi les améliorations à introduire en France, je signalerai l’établissement des pistes en caoutchouc pour la course; elles entourent les gymnases et sont le plus ■H souvent supportées par une galerie à la bailleur d’un entresol. Les jeux les plus en faveur sont le base- bail et le foot-ball\ le cricket n’a pas autant do vogue qu’en Angleterre. Le
+{{t3|{{rom-maj|II|2}}}} {{interligne}} {{interligne}} En dehors des universités et collèges, les associations athlétiques sont nombreuses et prospères. Les unes sont simplement formées entre jeunes gens en vue de pratiquer certains sports déterminés, le vélocipède, le lawn tennis.... Mais le plus souvent ces associations possèdent des immeubles où sont installés de véritables clubs ; l’on y peut écrire, dîner, jouer au billard. Un grand gymnase, dans la partie supérieure, un jeu de boules, des douches et parfois une piscine de natation dans le sous-sol permettent aux membres de prendre, pendant tout l’hiver, un exercice énergique et salutaire. Ces associations possèdent aussi des terrains de jeux et des garages de bateaux pour l’été, hors des villes où elles sont situées.
-CONCLUSIONS. 373 1 base-ball est extrêmement simple, quant aux • * * » * règles, mais la pratique en est fort difficile, / * et nos écoliers no sont pas encore assez persévérants pour prendre plaisir à un exercice dans lequel ils lie réussissent pas du premier coup; le foot-ball , au contraire, les a enthousiasmés dès le début et son succès est fondé; r il amuse les plus novices et, d’autre part, le perfectionnement musculaire et le développement de l’habileté des joueurs y sont sans limites. . - * . Les sports d’hiver, le tobogganing , les courses en snow shoès et surtout le ice yachting , m t ne peuvent être que mentionnés ici comme procurant aux jeunes Américains du Nord do délicieuses récréations. Ces plaisirs-là ne seront jamais à notre portée, à moins d’un 1 r bouleversement général dans l’économie climatérique du globe! Quant à l’équitation, elle b * t n’est pas enseignée dans les écoles; il y a, dans les villes, des manèges où Ton monte beaucoup. Là aussi dos associations se sont formées; elles se réunissent un soir ou deux par semaine et parfois, pour égayer la‘ séance, un orchestre s’installe dans la tribune et Ton i .
+372 {{sc universités transatlantiques. La cotisation est généralement peu élevée, soit par suite de la générosité des fondateurs, soit par le grand nombre des membres honoraires qui se trouvent participer aux dépenses sans en occasionner. Les concours de sports athlétiques donnés par ces associations, en hiver dans leurs gymnases, en été sur leurs terrains de jeux, sont très suivis. Les courses plates et avec obstacles, les sauts en hauteur et en longueur et les sauts à la perche figurent au programme. L’escrime a quelques fervents ; la boxe est très répandue. Les gymnases sont toujours parquetés et des matelas rembourrés remplaçent, au-dessous des divers appareils, la sciure de bois que nous employons. Cette sciure n’est pas sans inconvénients : elle produit une poussière qui imprègne l’atmosphère et la rend irrespirable. Parmi les améliorations à introduire en France, je signalerai l’établissement des pistes en caoutchouc pour la course ; elles entourent les gymnases et sont le plus souvent supportées par une galerie à la hauteur d’un entresol. Les jeux les plus en faveur sont le base-ball et le foot-ball ; le cricket n’a pas autant de vogue qu’en Angleterre. Le
-374 i UNIVERSITÉS TRANSATLANTIQUES H ’ * * " galope en musique , tout comme t\ Tliippo* I y ’ ! dronicV D’autres fois, les ’membres organisent des cavalcades, des: carrousels ou des excur “ ; 1 * ■ sionsqui prennent^ünc journée entière etmènie r JH J. davantage. Ces manèges ont des vestiaires, i. des salles de lecture et de repos. Il serait à souhaiter que nos manèges français fussent M organisés sur le môme plan; au contraire, on semble ’prendre à‘ lâche d ? y rendre l’équitation peu allrayanle. A v rès tout exercice d’un caractère un* peu violent) les Américains, -petits cl grands, prcii * nenl un shoioer bath, c’est-à-dire un « bain de pluie ». Ce n’est pas précisément une \ / _ ’ ■ ■ douche; peut-être n’est-on pas d’accord sur Tiitilité de la douche pour tous sans exception, mais personne ne saurait admettre qu’il soit hygiénique de ne pas se laver après un exercice qui a amené une forte transpiration; Le shoioer bath s’installe avec la plus grande facilité et il ne, faudra que de la bonne volonté et très peu d’argent pour le mettre à la dispo* sition de nos lycéens. Cette amélioration s’impose absolument : et puisque je touche en passant un sujet de si haute importance, *per-
+{{sc conclusions. base-ball est extrêmement simple, quant aux règles, mais la pratique en est fort difficile, et nos écoliers ne sont pas encore assez persévérants pour prendre plaisir à un exercice dans lequel ils ne réussissent pas du premier coup ; le foot-ball, au contraire, les a enthousiasmés dès le début et son succès est fondé ; il amuse les plus novices et, d’autre part, le perfectionnement musculaire et le développement de l’habileté des joueurs y sont sans limites. Les sports d’hiver, le tobogganing, les courses en snow shoes et surtout le ice yachting, ne peuvent être que mentionnés ici comme procurant aux jeunes Américains du Nord de délicieuses récréations. Ces plaisirs-là ne seront jamais à notre portée, à moins d’un bouleversement général dans l’économie climatérique du globe ! Quant à l’équitation, elle n’est pas enseignée dans les écoles ; il y a, dans les villes, des manèges où l’on monte beaucoup. Là aussi des associations se sont formées ; elles se réunissent un soir ou deux par semaine et parfois, pour égayer la séance, un orchestre s’installe dans la tribune et l’on
-CONCLUSIONS. I 375 n motloz-moi de vous signaler, Monsieur le Ministre, le danger qu’il y aurait à laisser se perpétuer un état de choses qui est contraire de tous points aux lois de l’hygiène. J’ai vu, depuis un an, nombre de lycéens jouer dans leurs vêlements d’uniforme, on se contentant d’enlever leur tunique; cela est fort bien pour * une récréation de quelques minutes; mais dès que l’exercice prend le caractère athlétique, ce costume no devrait pas être toléré. Un jersey de laine ne coûte pas les yeux de la i tôle; il sert a tous i les exercices, se porte indér Uniment et mil, vêlement ne peut rendre de plus grands services.
+374 {{sc universités atlantiques. galope en musique, tout comme à l’hippodrome. D’autres fois, les membres organisent des cavalcades, des carrousels ou des excursions qui prennent une journée entière et même davantage. Ces manèges ont des vestiaires, des salles de lecture et de repos. Il serait à souhaiter que nos manèges français fussent organisés sur le même plan ; au contraire, on semble prendre à tâche d’y rendre l’équitation peu attrayante. Après tout exercice d’un caractère un peu violent, les Américains, petits et grands, prennent un shower bath, c’est-à-dire un « bain de pluie ». Ce n’est pas précisément une douche ; peut-être n’est-on pas d’accord sur l’utilité de la douche pour tous sans exception, mais personne ne saurait admettre qu’il soit hygiénique de ne pas se laver après un exercice qui a amené une forte transpiration. Le shower bath s’installe avec la plus grande facilité et il ne faudra que de la bonne volonté et très peu d’argent pour le mettre à la disposition de nos lycéens. Cette amélioration s’impose absolument : et puisque je touche en passant un sujet de si haute importance, per-
-P w è t l t III On a reproché à l’éducation anglaise d’ôtro trop coûteuse et celte accusation à été reproduite par tous les ennemis du progrès et de la réforme scolaire. Des écrivains fantaisistes ont cité des chiffres dont l’énormité égale i j l’inexactitude et, avec une certaine mauvaise foi, on a dépeint les écoliers britanniques comme des êtres paresseux èt encroûtés. Ce n’est pas le moment de rétablir la vérité et de démentir ces allégations mensongères"; qu’il me suffise de faire observer que l’exagération - i de la dépense, dans certains collèges, ne provient jamais que du luxe inutile dont les parents entourent leurs enfants et que les jeux, loin d’y contribuer, sont au contraire une occasion d’économie en même temps qu’ils
+{{sc conclusions. mettez-moi de vous signaler, Monsieur le Ministre, le danger qu’il y aurait à laisser se perpétuer un état de choses qui est contraire de tous points aux lois de l’hygiène. J’ai vu, depuis un an, nombre de lycéens jouer dans leurs vêtements d’uniforme, on se contentant d’enlever leur tunique ; cela est fort bien pour une récréation de quelques minutes ; mais dès que l’exercice prend le caractère athlétique, ce costume ne devrait pas être toléré. Un jersey de laine ne coûte pas les yeux de la tête ; il sert à tous les exercices, se porte indéfiniment et nul vêtement ne peut rendre de plus grands services.
-CONCLUSIONS. 377 empèchont la formation île cos clans t de cos groupes d’élèves si contraires h l’esprit (Véga f lilé et do démocratie. Ce que j’ai vu aux EtatsUnis m’a pleinement confirmé dans celle opinion. t \ 4
+{{t3|{{rom-maj|III|3}}}} {{interligne}} {{interligne}} On a reproché à l’éducation anglaise d’être trop coûteuse et cette accusation a été reproduite par tous les ennemis du progrès et de la réforme scolaire. Des écrivains fantaisistes ont cité des chiffres dont l’énormité égale l’inexactitude et, avec une certaine mauvaise foi, on a dépeint les écoliers britanniques comme des êtres paresseux et encroûtés. Ce n’est pas le moment de rétablir la vérité et de démentir ces allégations mensongères ; qu’il me suffise de faire observer que l’exagération de la dépense, dans certains collèges, ne provient jamais que du luxe inutile dont les parents entourent leurs enfants et que les jeux, loin d’y contribuer, sont au contraire une occasion d’économie en même temps qu’ils
-f + * f f i r J IV 1 r I 1 Le degré de civilisation atteint par ce grand pays, son passé court, mais glorieux, son avenir .qui semble si brillant et surtout la part que la France a prise à son émancipation ne nous permettent pas de tenir plus longtemps ■ * en dehors de renseignement historique le récit des événements dont il a été le théâtre. Les jeunes Français trouveront dans cetto étude, en môme temps qu’un intérêt puissant, de fortes leçons de patriotisme et des exemples admirables de vertu et d’énergie, qui seront de nature à faire impression sur eux et à exciter leur ardeur la plus généreuse. II me reste, Monsieur le Ministre, en terminant Ténumération de ces vœux, à vous offrir mes vifs remerciements pour la preuve
+{{sc conclusions. empêchent la formation de ces clans, de ces groupes d’élèves si contraires à l’esprit d’égalité et de démocratie. Ce que j’ai vu aux États-Unis m’a pleinement confirmé dans cette opinion.
-CONCLUSIONS. tlo confiance dont vous m’avez honoré. J’ai fait do mon mieux pour y répondre d’une manière digne de la Franco et du Gouver nement de la République, et j’ai l’espoir que mon voyage n’aura pas clé inutile, puisque j’en rapporte l’impression que nous ne faisons pas fausse roule en nous engageant dans la voie que l’étude des institutions scolaires anglaises avait ouverte devant nous. Poursuivons donc nos réformes, soutenus par l’exemple de l’Angleterre et de l’Amérique, et cherchons à réaliser le programme qui tient dans ces deux mots : sport et liberté. Veuillez agréer, Monsieur
+{{t3|{{rom-maj|IV|4}}}} {{interligne}} {{interligne}} Le degré de civilisation atteint par ce grand pays, son passé court, mais glorieux, son avenir qui semble si brillant et surtout la part que la France a prise à son émancipation ne nous permettent pas de tenir plus longtemps en dehors de l’enseignement historique le récit des événements dont il a été le théâtre. Les jeunes Français trouveront dans cette étude, en même temps qu’un intérêt puissant, de fortes leçons de patriotisme et des exemples admirables de vertu et d’énergie, qui seront de nature à faire impression sur eux et à exciter leur ardeur la plus généreuse. Il me reste, Monsieur
-Ministre, l’hommage de mon profond respect. Pieimk de Coudent] n. /
+Ministre, en terminant l’énumération de ces vœux, à vous offrir mes vifs remerciements pour la preuve
+{{sc conclusions. de confiance dont vous m’avez honoré. J’ai fait de mon mieux pour y répondre d’une manière digne de la France et du Gouvernement de la République, et j’ai l’espoir que mon voyage n’aura pas été inutile, puisque j’en rapporte l’impression que nous ne faisons pas fausse route en nous engageant dans la voie que l’étude des institutions scolaires anglaises avait ouverte devant nous. Poursuivons donc nos réformes, soutenus par l’exemple de l’Angleterre et de l’Amérique, et cherchons à réaliser le programme qui tient dans ces deux mots : sport et liberté. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de mon profond respect. <div >Pierre de Coubertin. fin
-Kx MEK Autour de Nenv York La Nouyelle-Anoleterre Canada britannique et Canada français Du Nord au Sud Louisiane. Floride. Virginie # * Washington et Baltimore Un livre, un congrès et un bateau.... Conclusions f t ï i * t i 9 11 129 1S9 215 291 335 3G1 Coulommiciis. — lmp. 1*. BHOÜAllL) cl GALLOIS.
-Original lllisibla NF Z 43-120-10
+TABLE DES MATIÈRES En mer 1 Autour de New York 9 La Nouvelle-Angleterre 71 Canada britannique et Canada français 129 Du Nord au Sud 189 Louisiane, Floride, Virginie 245 Washington et Baltimore 291 Un livre, un congrès et un bateau 335 Conclusions 361
-Lituanie IIU.IIHIIE H C’*, Mctard Saiiil-iiemiain, 79, à Paris. * ISlIiLIÛTFIKQiyi VARIEE, FORMAT IN- IC ■ VOLUME ^* 4 . ~ f Ouvrages de pédagogie et d’enseignement UIGOT (Ch.) : Questions d’enseignement secondaire. 1 vol. liltl’.’AI, (M.), do l’Institut j Quelques mots sur l’instruction publique en France ; CF éiKiou. 1 vol. • — Excursions pédagogiques en Allemagne, en Belgique et en Fr’ance; 2° Mit. I vol. COM PA Y RÉ, professeur à la Faculté des lettres do Toulouse : Histoire critique des doctrines de l’éducation en France depuis le xvi® siècle} 5* édition. 2 vol. Ouvrage couronné par l’Académie française cl pir l’Académie ies sciences morales cl polit. COl’UFRTiN Î L’éducation en Angleterre. 1 vol. — L’éducation anglaise en France, t vol. ( > DIJRUY (A.) : L’instruction publique et la démocratie (ÎSitMSSô). 1 vol. FKiiNEUlL : Lu réforme de l’enseignement H . j j public en France; 2® édition. 1 vol. *■ A G 11 FARD : L’éducation des femmes par les femmes. Etudes et portraits; 3’ édit. 1 vol. — Education el instruction. A vol. : lîusft<j»emen£ primaire; S* édit, 1 roi. Jïnsrignemenf secondaire ; 2 e édit. 2 vol. lùnstijnemenl’ supérieur. 1 vol. Chaque ouvrage se vcuJ séparément. IIAYKM (J.) ; Quelques réformes dans les croies primaires. 1 vol. KIIUGOMARI) (Mme) : L’éducation maternelle dans l’école; 2® édition. 1 vol. MARTIN (A.), chargé de cours à iu Faculté des lettres de Nancy : L’éducation du caractère; 2 e édit, 1 vol. Ouvrage couronné par l’Académie des sciences morales cl politiques. * PÉCAUT (F,), ancien inspecteur général de l’instruction publique : Etudes au jour le jour sur l’éducation nationale (1S7I1S7«J); 2 1 édit. 1 vol. — Deux mois de mission en Italie. 1 vol . SIMON (Jules), de l’Académie française. L’école , 11° édition, contenant un résumé de la dernière statistique oftl t*lollô. 1 vol J ± — La réforme de l’enseignement secondaire ; 2’ édit. I vol. SPIJ.I.FR (E.) : Au ministère de l’instruc* tion publique. Discours, allocutions, circulaires. 1 vol. 41 K Coulommicrs. — lmp. P. Brodard cl Gallois.
+Original illisible NF Z 43-120-10