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BIBLIOTHÈQUE \037SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE \037PUBLIÉE SOCS LA DIBECTION \037DE M. ÉM. ALGLAVE \037XLIII \037\035\013

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BIBLIOTHÈQUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE \037PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION \037DE M. ÉM. ALGLAVE \037Volumes in-S», reliés en toile anglaise. — Prix : 6 fr. Avec reliure d'amateur, tranche sup. dorée, dos et coins en veau. 10 fr. \037\035\013La Bibliothèque scientifique intemationle n'est pas une entreprise de librairie ordinaire. C'est une œuvre dirigée par les auteurs mêmes, en vue des intérêts de la science, pour la populariser sous toutes ses formes, et faire connaître immédiatement dans le monde entier les idées originales, les directions nouvelles, les découvertes importantes qui se font chaque jour dans tous les pays. Chaque savant expose les idées qu'il a introduites dans la science et condense pour ainsi dire ses doctrines les plus origi- nales. \037On peut ainsi, sans quitter la France, assister et participer au mouve- ment des esprits en Angleterre, en Allemagne, en Amérique, en Italie, tout aussi bien que les savants mêmes de chacun de ces pays. \037La Bibliothèque scientifique internationale ne comprend pas seulement des ouvrages consacrés aux sciences physiques et naturelles, elle aborde aussi les sciences morales, comme la philosophie, l'histoire, la politique et l'économie sociale, la haute législation, etc. ; mais les livres traitant des sujets de ce genre se rattacheront encore aux sciences naturelles, en leur empruntant les méthodes d'obsei^vation et d'expérience qui les ont ren- dues si fécondes depuis deux siècles. \037\035\013VOLUMES PARUS \037J. Tyndall. Les glaciers et les transformations de l'eau, suivis d'une étude de M. Helmholtz sur le même sujet, avec 8 planches tirées à part et nombreuses figures dans le texte. 3e édition. . . 6 fr. \037W. Bagehot. Lois scientifiques du développement des nations, -i^ édi- tion fr. \037J. Marey. La machine animale, locomotion terrestre et aérienne, avec il7 figures dans le texte. 3^ édition G fr. \037\035\013

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A. Bain. L'esprit et le corps considérés au point de vue de leurs \037relations, avec figures. 4® édition 6 fr. \037Pettigre^wr. La locomotion chez les animaux, avec 130 figures. . 6 fr. \037Herbert Spencer. Introduction a la science sociale. 6« édition. 6 fr. \037Oscar Schmidt. Descendance et darwinisme , avec figures. S° édi- tion 6 fr. \037H. Maudsley. Le crime et la folie. 4^*^ édition 6 fr. \037P.-J. Van Beneden. Les commensaux et les parasites dans le règne animal, avec 83 figures dans le texte. 3e édition 6 fr. \037Balfour Stew^art. La conservation de l'énergie, suivie d'une étude sur La nature de la force, par P. de Saint-Robert. 4® édition. 6 fr. \037Draper. Les conflits de la science et de la religion. 7e édition. 6 fr. \037Léon Dumont. Théorie scientifique de la sensibilité. 3» édit. 6 fr. \037Schutzenberger. Les fermentations, avec 28 figures. 3^ édition. 6 fr. \037Whitney . La vie du langage. 3® édition 6 fr. \037Cooke et Berkeley. Les*champignons, avec 110 figures. 3® édit. 6 fr. \037Bernstein. Les sens, avec 91 figures dans le texte. 3« édition. . 6 fr. \037Berthelot. La synthèse chimique. &^ édition 6 fr. \037Vogel. La photographie et la chimie de la lumière, avec 95 figures dans le texte et un frontispice tiré en photoglyptie. 3® édition. 6 fr. \037Luys. Le cerveau et ses fonctions, avec figures. 4« édition. . . 6 fr. \037W. Stanley Jevons. La monnaie et le mécanisme de l'échange. 4^ édi- tion 6 fr. \037Fuchs. Les volcans et les tremblements de terre, avec 36 figures dans le texte et une carte en couleurs. 3© édition 6 fr. \037Général Brialmont. La défense des États et les camps retranchés, avec nombreuses figures et deux planches hors texte. 2^ édit. 6 fr. \037A. de Quatrefages. L'espèce humaine. 7» édition 6 fr. \037Blaserna et Helmholtz. Le son et la musique, avec 50 figures dans le texte. 2e édition . 6 f r, \037Rosenthal. Les muscles et les nerfs. 1 vol. in-8, avec 75 figures dans le texte. 2^ édition 6 fr. \037Brucke et Helmholtz. Principes scientifiques des beaux-arts, suivis de L'optique et la peinture. 1 vol., avec 39 figures. 3^ édition. 6 fr. \037Wurtz. La théorie atomique. 1 vol. in-8, avec une planche hors texte. 3« édition 6 fr. \037\035\013\037\035\013

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Secchi. Les étoiles. 2 vol. in-8, avec 60 figures dans le texte et 17 plan- ches en noir et en couleurs, tirées hors texte. 2® édition, , . 12 fr. \037N. Joly. L'homme avant les métaux. Avec 150 figures. 3® édition, 6 fr. \037A. Bain. La science de l'éducation. 1 vol. in-8. 3® édition. , . 6 fr. \037Thurston. Histoire de la machine a vapeur, revue, annotée et aug- mentée d'une Introduction par J. Hirsch, 2 vol., avec 140 figures dans le texte, 16 planches tirées à part et nombreux culs-de-lampe. 12 fr. \037R. Hartmann. Les peuples de l'Afrique. 1 vol. in-8, avec 93 figures dans le texte 6 fr. \037Herbert Spencer. Les bases de la morale évolutionniste. 1 volume in-8. 2e édition 6 fr. \037Th.-H. Huxley. L'écrevisse, introduction à l'étude de la zoologie, avec 82 figures. 1 vol. in-8 6 fr. \037De Roberty. La sociologie. 1 vol. in-8 6 fr. \037O.-N. Rood. Théorie scientifique des couleurs et leurs applications à l'art et à l'industrie. 1 vol. in-8, avec 130 figures dans le texte et une planche en couleurs 6 fr. \037G. de Saporta et Marion. L'évolution du règne végétal. Les a*ypto- games, 1 vol. avec 85 figures dans le texte 6 fr. \037Charlton Bastian. Le système nerveux et la pensée, 2 vol., avec 184 flg. dans le texte 12 fr. \037James Sully. Les illusions des sens et de l'esprit. 1 vol. . . 6 fr. \037Alph. de Candolle. L'origine des plantes cultivées, i vol. . 6 fr. \037Young. Le soleil, avec 86 figures. 1 vol 6 fr. \037VOLUMES SUR LE POINT DE PARAITRE \037Semper. Les conditions d'existence des animaux. 2 vol., avec 106 flg. et 2 cartes. \037E. Cartailhac. La France préhistorique d'après les sépultures, 1 vol. avec figures. \037Ed. Perrier. La philosophie zoologique jusqu'à Darwin. \037G. de Saporta et Marion. L'évolution du règne végétal. Tome II, Les phanérogames. \037E. Oustalet. L'origine des animaux domestiques, avec flg. \037G. Pouchet. La vie du sang, avec figures. \037Angot. La météorologie. \037\035\013

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ORIGINE \037\035\013\013.,.^ \037\035\013\037\035\013CELTIVÉES \037\035\013l>AR \037\035\013Alph. de CANDOLLE \037\035\013Associé étranger de rÂcadémie des sciences de Tlnstitut de France, \037Membre étranger des sociétés royales de Londres, Edimbonrg et Dublin, \037des Académies de Saint-Pétersbourg, Stockholm., Berlin, Munich, \037Bruxelles, Copenhague, Amsterdam, Rome., Turin, \037Madrid, Boston, etc. \037\035\013\013PARIS \037LIBRAIRIE GERMER BÂILLIÊRE ET G \037i08, BOUI.BVARD SAINT-GERMAIN, 108 \0371883 \037Tons droits réservés. \037\035\013\013\013\013n \037\035\013

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PRÉFACE \037\035\013La question de Torigine des plantes cultivées intéresse les agriculteurs, les botanistes et même les historiens ou les philo- sophes qui s'occupent des commencements de la civilisation. \037Je l'ai traitée jadis dans un chapitre de ma Géographie hota- tique raisonnée; mais cet ouvrage est devenu rare^et d'ailleurs des faits importants ont été découverts, depuis 1855, par les voyageurs, les botanistes et les archéologues. Au lieu de faire une seconde édition de mon travail, j'en ai rédigé un autre, complètement nouveau et plus étendu. Il traite de l'origine d'un nombre presque double d'espèces des pays tropicaux ou des régions tempérées. C'est à peu près la totalité des plantes que l'on cultive, soit en grand, pour des emplois économiques, soit fréquemment, dans les jardins fruitiers ou potagers. \037Mon but a été surtout de chercher l'état et l'habitation de chaque espèce avant sa mise en culture. Il a fallu pour cela distinguer, parmi les innombrables variétés, celle qu'on peut estimer la plus ancienne, et voir de quelle région du globe elle est sortie. Le problème est plus difficile qu'on ne pourrait le croire. Dans le siècle dernier, et jusqu'au milieu de celui-ci, les auteurs s'en occupaient bien peu, et les plus habiles ont contribué à répandre des idées fausses. Je crois vraiment que les trois quarts des indications de Linné sur la patrie des plantes cultivées sont ou incomplètes ou erronées. On a répété ensuite ses assertions, et, malgré- ce que les modernes ont constaté pour plusieurs espèces, on les répète encore dans des jour- naux et des ouvrages populaires. Il est temps de corriger des erreurs qui remontent quelquefois jusqu'aux Grecs et aux Ro- mains. L'état actuel de la science le permet, à condition de s'appuyer sur des documents variés, dont plusieurs tout à fait récents ou même inédits, et de les discuter, comme cela se pratique dans les recherches historiques. C'est un de ces cas, assez rares, dans lesquels les sciences d'observation doivent se servir de preuves testimoniales. On verra qu'elles condui- sent à de bons résultats, puisque j'ai pu déterminer l'origine de presque toutes les espèces, tantôt d'une manière certaine et tantôt avec un degré de probabilité satisfaisant. \037\035\013

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VIII PRÉFACE \037Je me suis efforcé en outre de constater depuis combien de siècles ou de milliers d'années chaque espèce a été cultivée et comment la culture s'en est répandue dans différentes direc- tions, à des époques successives. \037Pour quelques plantes cultivées depuis plus de deux mille ans, et même pour d'autres, il arrive qu'on ne connaît pas aujour- d'hui l'état spontané, c'est-à-dire sauvage, ou bien que cette condition n'est pas assez démontrée. Les questions de ce genre sont délicates. Elles exigent — comme la distinction des es- pèces — beaucoup de recherches dans les livres et les her- biers. J'ai même été obligé de recourir à l'obligeance de quel- ques voyageurs ou botanistes dispersés dans toutes les parties du monde, pour obtenir des renseignements nouveaux. Je les donnerai à l'occasion de chaque espèce, avec l'expression de ma sincère reconnaissance. \037Malgré ces documents et en dépit de toutes mes recherches, il existe encore plusieurs espèces qu'on ne connaît pas à l'état spontané. Lorsqu'elles sont sorties de régions peu ou point explorées par les botanistes, ou quand elles appartiennent à des catégories de plantes mal étudiées jusqu'à présent, on peut espérer qu'un jour l'état indigène sera découvert et suffi- samment constaté. Mais cette espérance n'est pas fondée quand il s'agit d'espèces et de pays bien connus. On est conduit alors à deux hypothèses : ou ces plantes ont changé de forme dans, la nature comme dans la culture, depuis l'époque historique, de telle manière qu'on ne les reconnaît plus pour appartenir à la même espèce; — ou ce sont des espèces éteintes. La lentille, le Pois chiche n'existent probablement plus dans la nature, et d'autres espèces, comme le Froment, le Maïs, la Fève, le Carthame, trouvées sauvages très rai*ement, paraissent en voie d'extinction. Le nombre des plantes cultivées dont je me suis occupé étant de 249, le chiffre de trois, quatre ou cinq espèces éteintes ou près de s'éteindre serait une proportion considé- rable, répondant à un millier d'espèces pour l'ensemble des végétaux phanérogames. Cette déperdition de formes aurait eu lieu pendant la courte période de quelques centaines de siècles, sur des continents où elles pouvaient cependant se répandre et au milieu de circonstances qu'on a l'habitude de considérer comme stables. On voit ici de quelle manière l'his- toire des plantes cultivées se rattache aux questions les plus importantes de l'histoire générale des êtres organisés. \037Genève, !•' septembre 1882. \037\035\013

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4. \037\035\013ORIGINE \037\035\013DES PLANTES CULTIVÉES \037\035\013M- \037\035\013PREMIÈRE PARTIE \037NOTIdlVS mÉUHlNAIltES ET MÉTHeDES EMPLOYÉES \037\035\013CHAPITRE PREMIER \037DE QUELLE MANIÈRE ET A QUELLES ÉPOQUES LA CULTURE \037A COMMENCÉ DANS DIVERS PAYS \037Les traditions des anciens peuples^ embellies par les poètes, ont attribué communément les premiers pas dans la voie de l'agriculture et l'introduction de plantes utiles à quelque divinité ou tout au moins à quelque grand empereur ou Inca. On trouve en réfléchissant que ce n'est guère probable, et l'observation des essais d'agriculture chez les sauvages de notre époque mon- tre que les faits se passent tout autrement. \037En général, dans les progrès qui amènent la civilisation, les commencements sont faibles, obscurs et limités. Il y a des motifs pour que cela soit ainsi dans les débuts agricoles ou horticoles. Entre l'usage de récolter des fruits, des graines ou des racines dans la campagne et celui de cultiver régulière- ment les végétaux qui donnent ces produits, il y a plusieurs degrés. Une famille peut jeter des graines autour de sa demeure et l'année suivante se pourvoir du même produit dans la forêt. Certains arbres fruitiers peuvent exister autour d'une habitation sans que Ton sache s'ils ont été plantés ou si la hutte a été construite à côté d'eux pour en profiter. Les guerres et la chasse interrompent souvent les essais de culture. Les rivalités et les défiances font que d'une tribu à l'autre l'imitation marche lentement. Si quelque grand personnage ordonne de cultiver une plante et institue quelque cérémonie pouî en montrer l'utilité, c'est probablement que des hommes obscurs et in- \037De Gandolle. 1 \037\035\013

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2 NOTIONS PRÉLIMINAIRES \037connus en ont parlé précédemment et que des expériences déjà faites ont réussi. Avant de semblables manifestations, propres à frapper un public déjà nombreux, il doit s'être écoulé un temps plus.ou moins long de tentatives locales et éphémères. Il afaliu des CÉ^uses déterminantes pour susciter ces tentatives, les renou- veler et les faire réussir. Nous pouvons facilement les comprendre. \037La première est d'avoir à sa portée telle ou telle plante offrant certains des avantages que tous les hommes recherchent. Les sauvages les plus arriérés connaissent les plantes de leur pays; mais l'exemple des Australiens et des Patagoniens montre que s'ils ne les jugent pas productives et faciles à élever, ils n'ont pas l'idée de les mettre en culture. D'autres conditions sont assez évidentes : un climat pas trop rigoureux; dans les pays chauds, des sécheresses pas trop prolongées; quelque degré de sécurité et de fixité; enflp une nécesçité pressante, résultant du défaut de ressources dans la pèche, la chasse ou le produit de végétaux indigènes à fruits très nourrissants, comme le châtaignier, le dattier, le bananier ou l'arbre à pain. Quand les hommes peuvent vivre sans travailler, c'est ce qu'ils préfèrent. D'ailleurs l'élément aléatoire de la chasse et de la pêche tente les hommes primitifs — et même quelques civilisés — plus que les rudes et réguliers travaux de l'agriculture. \037Je reviens aux espèces que les sauvages peuvent être disposés à cultiver. Ils les trouvent quelquefois dans leur pays, mais souvent ils les reçoivent de peuples voisins, plus favorisés qu'eux par les conditions naturelles, ou déjà entrés dans une civilisa- tion quelconque. Lorsqu'un peuple n'est pas cantonné dans une île ou dans quelque localité difficilement accessible, il reçoit vite certaines plantes, découvertes ailleurs, dont l'avantage est évident, et cela le détourne de la culture d'espèces médiocres de son pays. L'histoire nous montre que le blé, le maïs, la batate, plusieurs espèces de genre Panicum, le tabac et autres plantes, — surtout annuelles, — se sont répandus rapidement, avant l'époque historique. Ces bonnes espèces ont combattu et arrêté les essais timides qu'on a pu faire çà et là de plantes, moins productives ou moins agréables. De nos jours encore, ne voyons-nous pas, dans divers pays, le froment remplacer le seigle, le maïs être préféré au sarrasin, et beaucoup de millets, de légumes ou de plantes économiques tomber en discrédîï parce que d'autres espèces, venues de loin quelquefois, présentent plus d'avantage. La disproportion de valeur est pourtant moins grande entre des plantes déjà cultivées et améliorées qu'elle ne Tétait jadis entre des plantes cultivées et d'autres complètement sauvages. La sélection — ce grand facteur que Darwin a eu le mérite d'introduire si heureusement dans la science — joue un rôle important une fois l'agriculture établie ; mais à toute époque, et surtout dans les commencements, le choix des espèces a plus (Ttmportance que la sélection des variétés. \037\035\013

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GONNENGEMBNT DES CULTURES 3 \037Les causes variées qui favorisent ou contrarient les débuts de l'agriculture expliquent bien pourquoi certaines régions se trou- vent, depuis des milliers d'années, peuplées de cultivateurs, tandis que d'autres sont habitées encore par des tribus errantes. Evidemment, le riz et plusieurs légumineuses dans l'Asie méri- dionale, l'orge et le blé en Mésopotamie et en Egypte, plusieurs Panicées en Africjue, le maïs, la pomme de terre, la batate et le manioc en Aménque ont été promptement et facilement cul- tivés, grâce à leurs qualités évidentes et à des circonstances favorables de climat. Il s'est formé ainsi des centres d'où les espèces les plus utiles se sont répandues. Dans le nord de l'Asie, de l'Europe et de l'Amérique, la température est défavorable et les plantes indigènes sont peu productives; mais comme la chasse et la pèche y présentaient des ressources, l'agriculture a dû s'introduire tard, et l'on a pu se passer des bonnes espèces du midi sans soufiFrir beaucoup. Il en était autrement pour FAus- tralie, la Patagonie et même l'Afrique australe. Dans ces pays, des plantes des régions tempérées de notre hémisphère ne pou- vaient pas arriver à cause de la distance, et celles de la zone intertropicale étaient exclues par la grande sécheresse ou par l'absence de températures élevées. En même temps, les espèces indigènes sont pitoyables. Ce n'est pas seulement le défaut d'in- telligence ou ae sécurité qui a empêché les habitants de les cultiver. Leur nature y contribue tellement, que les Européens, -depuis cent ans qu'ils sont établis dans ces contrées, n'ont mis -en culture qu'une seule espèce, le Tetragonia^ légume vert assez médiocre. Je n'ignore pas que sir Joseph Hooker * a énuméré plus de cent espèces d'Australie qui peuvent servir de quelque ma- nière ; mais en fait on ne les cultivait pas, et, malgré les pro- cédés perfectionnés des colons anglais, personne ne les cultive. •C'est bien la démonstration des principes dont je parlais tout à l'heure, que le choix des espèces l'emporte sur la sélection, et qu'il faut des qualités réelles dans une plante spontanée pour •qu'on essaye de la cultiver. \037Malgré l'obscurité des commencements de la culture dans chaque région, il est certain que la date en est extrêmement différente. Un des plus anciens exemples de plantes cultivées ♦est , en Egypte , un dessin représentant des figues , dans la pyramide de Gizeh. L'époque de la construction de ce monu- ment est incertaine. Les auteurs ont varié entre 1500 et 4200 ans avant l'ère chrétienne I Si l'on suppose environ deux mille ans, ce serait une ancienneté actuelle de quatre mUle ans. Or, la construction des pyramides n'a pu se faire que par un peuple nombreux, organisé et civilisé jusqu'à un certain point, ayant \037Ear conséquent une agriculture établie,qui devait remonter plus aut, de quelques siècles au moins. En Chine, 2700 ans avant \037i. Hooker, Flora TasmaniXy I, p. ex. \037\035\013

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4 NOTIONS PRÉLIMINAIRES \037Jésus-Christ Tempereur Ghen-nung institua la cérémonie dan» laquelle chaque année on sème cinq espèces de plantes utiles^ le riz, le soja, le blé et deux sortes de millets *. Ces plantes devaient être cultivées depuis quelque temps, dans certaines localités, pour avoir attiré à ce point l'attention de Fempereur L'agriculture paraît donc aussi ancienne en Chine qu'en Egypte. Les rapports continuels de ce dernier pays avec la Mésopotamie font présumer une culture à peu près contemporaine dans le& régions de FEuphrate et du Nil. Pourquoi ne serait-elle pas tout aussi ancienne dans l'Inde et dans l'archipel Indien? L histoire des peuples dravidiens et malais ne remonte pas haut et présente bien de l'obscurité, mais il n'y a pas de raisons de croire que la culture n'ait pas commencé chez eux il y a fort longtemps, en particulier au bord des fleuves. \037Les anciens Egyptiens et les Phéniciens ont propagé beaucoup de plantes dans la région de la Méditerranée, et les peuples Aryens, dont les migrations vers l'Europe ont commencé à peu près 2500 ou au plus tard 2000 ans avant Jésus-Christ ont répandu plusieurs espèces qui étaient déjà cultivées dans l'Asie occiden- tale. Nous verrons, en étudiant l'histoire de quelques espèces, qu'on cultivait probablement déjà certaines plantes en Europe et dans le nord de l'Afrique. Il y a des noms de langues anté- rieures aux Aryens, par exemple finnois, basques, berbères et guanches (des îles Canaries), qui l'indiquent. Cependant les restes^ appelés KjôkkenmôddingSy des habitations anciennes du Dane- mark, n'ont fourni jusqu'à présent aucune preuve de culture et en même temps aucun indice de la possession d'un métal '. Les Scandinaves de cette époque vivaient surtout de pèche, de chasse et peut-être accessoirement de plantes indigènes, comme le chou, qui ne sont pas de nature à laisser des traces dans les fumiers et les décombres, et qu'on pouvait d'ailleurs se passer de cultiver. L'absence de métaux ne suppose pas, dans ces pays du nord, une ancienneté plus grande que le siècle de Périclès ou même des beaux temps de la république romaine. Plus tard,, quand le bronze a été connu en Suède, région bien éloignée des pays alors civilisés, l'agriculture avait fini par s'introduire. Ou a trouvé dans les restes de cette époque la sculpture d'une charrue attelée de deux bœufs et conduite par un homme ^. \037Les anciens habitants de la Suisse orientale, lorsqu'ils avaient des instruments de pierre polie et pas de métaux, cultivaient plusieurs plantes, dont quelques-unes étaient originaires d'Asie. \0371. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works^. p. 7. \0372. De Nadaillac, Les premiers hommes et les temps ^éhistoriques, I, p. 266, 268. L'absence de traces d'affriculture dans ces débris m'est certifiée d'ailleurs par M. Heer et M. Cartailhac^ très au courant tous les deux de»- découvertes en archéoloffie. \0373. M. Montelius, d'après Cartailhac, Revue p 1875, p» 237. \037\035\013

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COMMENCEMENT DES CULTURES 5 \037M. Heer * a montré, dans son admirable travail sur les pala- fittes, qu'ils avaient des communications avec les pays situés au midi des Alpes. Ils pouvaient aussi avoir reçu des plantes culti- vées par les Ibères, qui occupaient la Gaule avant les Celtes. A l'époque où les lacustres de Suisse et de Savoie ont possédé le bronze leurs cultures étaient plus variées. 11 paraît même que les lacustres d'Italie,' lorsqu'ils avaient ce métal, cultivaient moins d'espèces que ceux des lacs de Savoie ', ce qui peut tenir A une ancienneté plus grande ou à des circonstances locales. Les restes des lacustres de Laybach et du Mondsee, en Autriche, accusent aussi une agriculture tout à fait primitive : point de céréales à Laybach, et un seul grain de blé au Mondsee \ L'état si peu avancé de l'agriculture dans cette partie orientale de l'Europe est en opposition avec l'hypothèse, basée sur quelques mots des anciens historiens, que les Aryas auraient séjourné d'abord dans la région du Danube et que la Thrace aurait été civilisée avant la Grèce. Malgré cet exemple l'agriculture parait, en général, plus ancienne dans la partie tempérée de l'Europe qu'on ne pouvait le croire d'après les Grecs, disposés, comme certains modernes, à faire sortir tout progrès de leur propre nation. \037En Amérique, l'agriculture n'est peut-être pas aussi ancienne qu'en Asie et en Egypte, si l'on en juge par les civilisations du Mexique et du Pérou, qui ne remontent pas même aux premiers siècles de Père chrétienne. Cependant la dispersion immense de certaines cultures, comme celle du maïs, du tabac et de la batate, fait présumer une agriculture ancienne, par exemple de deux mille ans ou à peu près. L'histoire fait défaut dans ce cas, et l'on ne peut espérer quelque chose que des découvertes en archéologie et géologie. \037\035\0134. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, in-4, Zurich, 1863. Voir l'article du lin. \0372. PerriD, Etude préhistorique de la Savoie, in-4, 1870 ; Castelfranco, Notizie intomo alla Stazione lacustre di Lagozza, et Sordelli, Sulle piante délia torbiera délia Lagozza^ dans les Actes de la Soc» ital. des se. /nat,, 1880. \0373. Much, Mittheil. d, anthropol. Ges, in Wien, vol. 6 ; Sacken, Sitzber. Akad, Wien, vol. 6. Lettre de M. Heer sur ces travaux, et leur analyse «dans NadaiUac, I, p. 247. \037\035\013

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CHAPITRE II \037MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR OU CONSTATER L'ORIGINE \037DES ESPÈCES \037\035\013§ 1. ^ Réflexions g^énérales. \037La plupart des plantes cultivées ayant été mises en culture à une époque ancienne et souvent d'une manière peu connue, il est nécessaire d'user de différents moyens lorsqu'on veut s'assu- rer de leur origine. C'est, pour chaque espèce, une recherche dans le genre de celles que font les historiens et les archéologues, recherche variée, dans laquelle on se sert tantôt d'un procédé et tantôt d'un autre, pour les combiner ensuite et les appré- cier selon leur valeur relative. Le naturaliste n'est plus ici dan& son domaine ordinaire d'observations et de descriptions. Il doit s'appuyer sur des preuves testimoniales, dont il n'est jamais question dans les laboratoires, et, quand les faits de botanique sont invoqués, il ne s'agit pas de l'anatomie, dont on s'occupe de préférence aujourd'hui, mais de la distinction des espèces et de leur distribution géographique. \037J'aurai donc à me servir ae méthodes qui sont étrangères, les unes aux naturalistes, les autres aux personnes versées dans les sciences historiques. Pour comprendre comment il faut les employer et ce qu'elles peuvent valoir, je dirai quelques mots de chacune. \037\035\013§ 2. — Botanique. \037Un des moyens les plus directs pour connaître l'origine géo- graphique d'une espèce cultivée est de chercher dans quel pays elle croît spontanément, c'est-à-dire à l'état sauvage, sans le secours de l'homme. \037La question paraît simple au premier coup d'oeil. Il semble,. \037\035\013

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BOTANIQUE 7 \037en effet, qu'en consultant les flores, les ouvrages sur Tensemble des espèces ou les herbiers, on doit pouvoir la résoudre aisé- ment dans chaque cas particulier. Malheureusement^ c'est, au contraire, une question qui exige des connaissances spéciales de botanique, surtout de géographie botanique, et une appréciation des botanistes et des collecteurs d'échantillons basée sur une longue expérience. Les savants occupés d'histoire ou d'inter- prétation d'écrivains de Tantiquité s'exposent à faire de grandes erreurs lorsqu'ils se contentent des premiers témoignages venus dans un livre de botanique. D'un autre côté, les voyageurs qui récoltent des plantes pour les herbiers ne font pas toujours assez d'attention aux localités et aux circonstances dans lesquelles ils trouvant les espèces. Souvent ils négligent de noter ce qu'ils ont remarqué à cet égard. On sait cependant qu'une plante peut venir d'individus cultivés dans le voisinage; que les oiseaux, les vents, etc., peuvent en avoir transporté les graines à de grandes distances, et qu'elles arrivent quelquefois par le lest des vais- seaux ou mêlées avec des marchandises. Ces cas se présentent pour des espèces ordinaires, à plus forte raison pour les plantes cultivées qui sont abondantes autour de l'homme. Il faut, chez un collecteur ou voyageur, de bonnes habitudes d'observation pour estimer jusqu'à quel point un végétal est issu de pieds sauvages, appartenant à la flore du pays, ou d'une autre origine. Quandf la plante croît près des habitations, sur des murailles, dans des décombres, au bord des routes, etc., c'est une raison pour se défier. \03711 peut aussi arriver qu'une espèce se répande hors des cul- tures, même loin des locaUtés suspectes, et n'ait cependant qu'une durée éphémère, parce qu'elle ne supporte pas, à la longue, les conditions du climat ou la lutte avec les plantes in- digènes. C'est ce qu'on appelle en botanique une espèce adven- tive. Elle paraît et disparait, preuve qu'elle n'est pas originaire du pays. Les exemples abondent dans chaque flore. Lorsqu'ils deviennent plus nombreux qu'à l'ordinaire, le public en est frappé. Ainsi les troupes amenées brusquement d'Algérie en France, en 4870, avaient répandu, par les fourrages et autre- ment, une foule d'espèces africaines ou méridionaks qui ont excité l'étonnement, mais dont il n'est pas resté de trace après deux ou trois hivers. \037Il y a des collecteurs et des auteurs de flores très attentifs à signaler ces faits. Grâce à mes relations personnelles et à Tem- \037Sloi fréauent des herbiers et des livres de botanique , je me atte de les connaître. Je citerai donc volontiers leur témoignage dans les cas douteux. Pour quelques pays et quelques espèces, je me suis adressé directement à ces estimables naturalistes. J'ai fait appel à leurs souvenirs, à leurs notes, à leurs herbiers, et, d'après ce qu'ils ont bien voulu me répondre, j'ai pu ajouter des documents inédits à ceux qu'on trouve dans les ouvrages pu- \037\035\013

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8 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L'ORIGINE DES ESPÈCES \037bliés. Je dois de sincères remerciements pour des informations de ce genre que j'ai reçues de M. G. B. Glarkesurles plantes deTInde, de M. Boissier sur celles d'Orient, de M. Sagot sur les espèces de la Guyane française, de M. Gosson sur celles d'Algérie, de MM. Decaisne et Bretschneider sur les plantes de Chine, de M. Pancic sur des céréales de Servie, de MM. Bentham et Baker sur des échantillons de Therbier de Kew, enfin de M. Edouard André sur des plantes d'Amérique. Ce zélé voyageur a bien voulu me prêter des échantillons très intéressants d'espèces cultivées dans l'Amérique méridionale, qu'il a recueillis avec toutes les apparences de végétaux indigènes. \037Une question plus difficile, qu'on ne peut pas résoudre sur le terrain, est de savoir si une espèce bien spontanée, ayant toutes les apparences des espèces indigènes, existe dans le pays depuis un temps très reculé ou s'y est introduite à une époque plus ou moins ancienne. \037Il y a, en effet, des espèces naturalisées, c'est-à-dire qui s'in- troduisent parmi les anciennes plantes de la flore et s'y main- tiennent, quoique d'origine étrangère, au point que la simple observation ne permet plus de les distinguer et qu'il faut pour cela des renseignements historiques ou des considérations de pure botanique ou géographie botanique. Dans un sens très géné- ral, en tenant compte des temps prolongés dont la science est obligée de s'occuper, presque toutes les espèces, surtout dans les régions hors des tropiques, ont été naturalisées une fois, c'est- à-dire qu'elles ont passé d'une région à une autre, par l'efFet de circonstances géographiques et physiques. Lorsque j'ai émis l'idée, en 1855, que des conditions antérieures à notre époque ont déterminé la plupart des faits de la distribution actuelle des végétaux, — c'était l'expression de plusieurs des articles et la conclusion de mes deux volumes sur la géographie botanique *, — on a été quelque peu surpris. La paléontologie venait bien de conduire, par des vues générales, un savant allemand, le D' Unger, à des idées analogues ^, et, avant lui, Edouard Forbes avait émis^ pour quelques espèces du midi des îles britanni(|ues, l'hypothèse d'une ancienne contiguïté avec l'Espagne '. Mais, la preuve donnée, pour l'ensemble des espèces actuelles, de l'im- possibilité d'expliquer leurs habitations au moyen des condi- tions qui existent depuis quelques milliers d'années, a produit plus d'impression, parce qu'elle était davantage dans le domaine des botanistes et qu'elle ne concernait pas quelques plantes, d'un seul pays. L'hypothèse proposée par Forbes, devenue dès lors \0371. Alph. de CaodoUe, Géographie botanique raisonnée, chap. X, p. 1055; chap. XI, XIX, XXVII. \0372. Unçer, Versuch einer Geschichte der Pfkmzenwelt, 1852. \0373. Forbes, On the connexion between the distribution ofthe existing fauna and flora of the british isles with the geological changes which hâve affected their area, in-8, dans : Memoirs of the geological survey, vol. 1, 1846. \037\035\013

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BOTANIQUE 9 \037un fait général et certain, est à présent un des lieux communs de la science. Tout ce qu'on écrit sur la géographie botanique ou zoologique s'appuie sur cette base, qui n'est plus contestée. \037Elle offre, dans les applications à chaque pays ou chaque espèce, de nombreuses difficultés, car, une cause étant une fois reconnue, il n'est pas toujours aisé de savoir comment elle a agi dans cha- que cas particulier. Heureusement, en ce qui concerne les plantes cultivées, les questions qui se présentent n'exigent pas de re- monter à des temps très anciens, ni surtout à des dates au 'on ne peut préciser en nombre d'années ou de siècles. Sans doute la plupart des formes spécifiques actuelles remontent à un temps plus reculé que la grande extension des glaciers dans l'hémi- sphère boréfiil, phénomène qui a duré bien des milliers d'années si l'on en juge par l'énormité des dépôts que les glaces ont enlevés et transportés ; mais les cultures ont commencé depuis ces événements et même, dans beaucoup de cas, depuis une époque historique. Nous n'avons guère à nous occuper de ce qui a précédé. Les espèces cultivées peuvent avoir changé de pays avant leur culture, ou, dans un temps plus long, avoir changé de forme, cela rentre dans les questions générales de tous les êtres organisés ; notre travail demande seulement que chaque espèce soit examinée depuis qu'on la cultive, ou dans les temps qui ont précédé immédiatement sa culture. C'est une grande simplification. \037La question d'ancienneté, ainsi limitée, peut être abordée au moyen des renseignements historiques ou autres, dont je par- lerai tout à l'heure, et par les principes de la géographie bota- nique. \037Je rappellerai ceux-ci sommairement, pour montrer de quelle manière ils aident à découvrir l'origine géographique d'une plante. \037Chaque espèce présente ordinairement une habitation continue ou à peu près. Cependant quelquefois elle est disjointe^ c'est-à- dire que les individus qui la composent sont divisés entre des régions éloignées. Ces cas, très intéressants pour l'histoire du règne végétal et des surfaces terrestres du globe, sont loin de former la majorité. Par conséquent, lorsqu'une espèce cultivée se trouve à l'état sauvage, très abondamment en Europe , et moins abondamment aux États-Unis, il est probable que, mal- gré son apparence indigène en Amérique, elle s'y est natura- lisée, à la suite de quelque transport accidentel. \037Les genres du règne végétal, bien que formés ordinairement de plusieurs espèces, son tsouvent limités à telle ou.telle région. Il en résulte que plus un genre compte d'espèces toutes de la même grande division du globe, plus il est probable qu'une des espèces en apparence originaire d une autre partie du monde y a été transportée et s'y est naturalisée, par exemple, en s'échap- pant des cultures. Cela est vrai surtout dans les genres qui hani- \037\035\013

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10 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L'ORIGINE DES ESPÈCES \037tent les pays tropicaux, parce qu'ils sont plus souvent limités à Tancien ou au nouveau monde. \037La géographie botanique apprend quelles flores ont en commun des genres et même des espèces, malgré un certain élpignement, et quelles, au contraire, sont très différentes, malgré des ana- logies de climat ou une distance assez faible. Elle fait connaître aussi quels sont les espèces, genres et familles ayant des habi- tations vastes et quels autres ont une extension ou aire moyenne restreinte. Ces données aident beaucoup à déterminer Torigine probable d'une espèce. Les plantes qui se naturalisent se répan- dent rapidement. J'en ai cité jadis * des exemples, d'après ce qui s'est passé depuis deux siècles, et des faits semblables ont con- tinué d'être observés d'année en année. 'On connaît la rapidité de l'invasion récente de VAnacharis Alsinastrum dans les eaux douces d'Europe, et celle de beaucoup de plantes européennes à la Nouvelle-Zélande, en Australie, en Galiformie, etc., signalée dans plusieurs flores ou voyages modernes. \037L'extrême abondance d'une espèce n'est pas une preuve d'an- cienneté. Jj Agave americana, si commun dans la région médi- terranéenne, quoique venu d'Amérique, et notre Gardon, qui couvre maintenant d'immenses étendues des pampas de la Plata^ en sont des exemples remarquables. Le plus souvent, l'invasion d'une espèce marche rapidement, et au contraire l'extinction est le résultat d'une lutte de plusieurs siècles contre des circons- tances défavorables ^. \037La désignation la plus convenable à adopter pour des espèces ou, dans un langage plus scientifique, pour des formes voisines, est un problème qui se présente souvent en histoire naturelle, et dans la catégorie des espèces cultivées plus que dans les autres. Ces plantes changent par la culture. L'homme s'empare des formes nouvelles qui lui conviennent et les propage par des moyens artificiels, tels que les boutures, la greffe, le choix des graines, etc. Evidemment, pour connaître l'origine d'une de ces espèces, il faut éliminer le plus possible les formes qui semblent artificielles et concentrer son attention sur les autres. Une ré- flexion bien simple doit guider dans ce choix : c'est qu'une espèce cultivée offre des diversités principalement dans les parties \037Sour lesquelles on la cultive. Les autres peuvent rester sans mo- ifications, ou avec des modifications légères, dont le cultiva- teur ne tient pas compte, parce qu'elles lui sont inutiles. Il faut donc s'attendre à ce qu'un arbre fruitier primitif et sauvage ait de petits fruits, de saveur médiocrement agréable ; à ce qu'une céréale ait de petites graines, la pomme de terre sauvage de pe- tits tubercules, le tabac indigène des feuilles étroites, etc., etc., sans aller cependant jusquà s'imaginer qu'une espèce aurait pris \037i. A. de CandoUe, Géogr, bot. raisonnée, chap. VII et X. 2. A. de CaDdoIle, Géogr, bot raisonnée^ chap. Vin> p. 804. \037\035\013

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\037\035\013ARCHÉOLOGIE £T PALÉONTOLOGIE If \037tout à coup de grands développements par l'effet de la culture, car l'homme n'aurait pas commencé à ta cultiver 8i elle n'avait offert dès l'origine quelque chose d'utile ou agréable. \037Une fois la plante cultivée réduite à ce qui permet de la com- parer raisonnablement aux formes analogues spontanées, il faut savoir encore quel groupe de plantes à peu près semblables on juge à propos de désigner comme constituant une espèce. Sur ce point, les botanistes sont seuls compétents, parce qu'ils ontrhamtude d'apprécier les différences et les ressemblances, et \037Su'ils n'ignorent pas la confusion de certains ouvrages en fait e nomenclature. Ce n'est pas ici le lieu de discuter ce qu'on peut appeler raisonnablement une espèce. On verra dans quel- ques-uns de mes articles les principes qui me paraissent les meilleurs. Gomme leur application exigerait souvent des obser- vations qui n'ont pas été faites, j'ai pris le parti de distinguer quelquefois des formes quasi spécifiques dans un groupe qui me parait être une espèce, et j'ai cherché l'origine géographique de ces formes comme si elles étaient vraiment spécifiques. \037En résumé, la botanique fournit des moyens précieux pour deviner ou constater l'origine des plantes cultivées et pour éviter des erreurs. Il faut se bien persuader cependant que la combi- naison d'observations sur le terrain et dans le cabinet est néces- saire. Après le collecteur qui voit les plantes dans une localité ou une région et qui rédige peut-être une flore ou un catalogue d'espèces, il est indispensable d'étudier les distributions géogra- phiques, connues ou probables, d'après les hvres et les herbiers, et de penser aux principes de la géographie botanique et aux ques- tions de classification, ce qui ne peut se faire ni en voyageant ni en herborisant. D'autres recherches, dont je vais parler, doivent être combinées avec celles de botanique, si Ton veut arriver à des conclusions satisfaisantes. \037\035\013§ 3. — Archéologie et paléontologie. \037La preuve la plus directe qu'on puisse imaginer de l'existence ancienne d'une espèce dans un pays est d'en voir des fragments reconnaissables dans de vieux édifices ou de vieux dépôts, d'une date plus ou moins certaine. \037Les fruits, graines et fragments divers de plantes sortis des tombeaux de l'ancienne Egypte et les dessins qui les entourent dans les pyramides, ont donné lieu àdes recherches d'une grande importance, dont j'aurai souvent à faire mention. Il y a pourtant ici une chance d'erreur : l'introduction frauduleuse de plantes modernes dans les cercueils de momies. On l'a reconnue facile- ment, quand il s'est agi, par exemple, de grains de maïs, plante d'origine américaine, glissés par les Arabes; mais on peut avoir ajouté des espèces cultivées en Egypte depuis deux ou trois mille \037\035\013

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12 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L'ORIGINE DES ESPÈCES \037ans, qui semblent alors d'une antiquité trop reculée. Les tumuli ou mounds de TAmérique septentrionale et les monuments des anciens Mexicains et Péruviens ont fourni des documents sur les plantes qu'on cultivait dans cette partie du monde. Il s'agit alors -de temps moins anciens que celui des pyramides d'Egypte. \037Les dépôts des lacustres ou palafittes de Suisse ont donné lieu à des mémoires très importants, parmi lesquels il faut citer «n première ligne celui de Heer, mentionné tout à Theure. Des travaux analogues ont été faits sur les débris végétaux trouvés dans d'autres lacs ou tourbières de Suisse, Savoie, Allemagne et Italie. Je les mentionnerai à l'occasion de plusieurs espèces. M. le D' Gross a eu l'obligeance de me communiquer des fruits ^t graines tirés des palafittes du lac de Neuchatel, et mon col- lègue le professeur Heer m'a favorisé de quelques renseigne- ments recueillis à Zurich depuis sa publication . J'ai dit que les dépôts appelés Kjôkkenmôddings dans les pays Scandinaves n'ont fourni aucune trace de végétaux cultivés. \037Les tufs du midi de la France contiennent des feuilles et autres débris de plantes qui ont été déterminés par MM. Martins, Planchon, de Saporta et autres savants. Leur date n'est peut- être pas toujours plus ancienne que les premiers dépôts des lacustres, et il est possible qu'elle concorde avec celle d'anciens monuments d'Egypte et d'anciens livres des Chinois. Enfin, les couches minérales, dont les géologues s'occupent spécialement, apprennent déjà beaucoup sur la succession des formes végétales •dans divers pays; mais il s'agit alors d'époques bien antérieures à l'agriculture, et ce serait un hasard singulier, et assurément précieux, si l'on découvrait à l'époque tertiaire européenne une espèce actuellement cultivée. Cela n'est pas arrivé jusqu'à pré- sent, d'une manière tout à fait certaine, quoique des espèces non cultivées aient été reconnues dans des couches antérieures à notre époque glaciaire de l'hémisphère boréal. Du reste, si l'on ne parvient pas à en trouver, les conséquences ne seront pas claires, attendu qu'on pourra dire : telle plante est arrivée de- puis, d'une autre région, ou bien elle avait jadis une forme diffé- Tente, qui n'a pas permis de la reconnaître dans les fossiles. \037§ 4. — Histoire. \037Les documents historiques sont importants pour la date de -certaines cultures dans chaque pays. Ils donnent aussi des indi- cations sur l'origine géographique des plantes quand elles ont été propagées par les migrations d'anciens peuples, les voyages ou des expéditions militaires. \03711 ne faut pourtant pas accepter sans examen les assertions <ies auteurs. \037La plupart des anciens historiens ont confondu le fait de la \037\035\013

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HISTOIRE i \037\035\013o \037\035\013culture d'une espèce dans un pays avec celui de son habitation antérieure, à l'état sauvage. On a dit communément, — même de nos jours — d'une espèce cultivée en Amérique ou en Chine qu'elle habite l'Amérique ou la Chine. Une erreur non moins fréquente a été de croire une espèce originaire d'un pays, parce qu'on l'a reçue de là et non du pays véritabJement de son ori- gine. Ainsi les Grecs et les Romains ont appelé pomme de Perse la pèche, qu'ils avaient vue cultivée en Perse, qui n'y était pro- bablement pas sauvage et que j'ai prouvée naguère être origi- naire de Gnine. Ils ont appelé pomme de Carthage (Malum punicum) la grenade, qui s'était répandue progressivement dans les jardins, de Perse en Mauritanie. A plus forte raison, les très anciens auteurs, tels que Bérose et Hérodote, ont pu se tromper, malgré leur désir d'être exacts. \037Nous verrons, à l'occasion du maïs, que des pièces historiques- entièrement forgées, peuvent tromper sur l'origine d'une espèce. C'est singulier, car pour un fait de culture il semble que per- sonne n'a intérêt à mentir. Heureusement les indices botaniques^ ou archéologiques aident à faire présumer les erreurs de cette nature. \037La principale difficulté — celle qui se présente ordinairement pour les anciens historiens — est de traduire exactement les noms des plantes qui, dans leurs livres, sont toujours des noms vulgaires. Je parlerai bientôt de la valeur de ces noms et des ressources de la linguistique dans les questions qui nous occu- pent ; mais il faut indiquer auparavant quelles notions historié ques sont le plus utiles dans l'étude des plantes cultivées. \037L'agriculture est sortie anciennement, du moins en ce qui concerne les principales espèces, de trois grandes régions oik croissaient certaines plantes et qui n'avaient aucune communi- cation les unes avec les autres. Ce sont : la Chine, le sud-ouest de l'Asie (lié avec l'Egypte) et l'Amérique intertropicale. Je ne veux pas dire qu'en Europe, en Afrique ou ailleurs des peuples sauvages n'aient cultivé quelques espèces, à une époque re- culée, d'une manière locale, comme accessoires de la chasse ou de la pêche ; mais les grandes civilisations, basées sur l'agricul- ture, ont commencé dans les trois régions que je viens d'indi- quer. Chose digne de remarque, dans l'ancien monde, c'est sur le bord des fleuves que les populations agricoles se sont surtout constituées, tandis qu'en Amérique c'est sur les plateaux du Mexique et du Pérou . Il faut peut-être l'attribuer à la situation primitive des plantes bonnes à cultiver, car les rives du Missis- sipi, de l'Orénoque et de l'Amazone ne sont pas plus malsaines^ que celles des fleuves de l'ancien monde. \037Quelques mots sur chacune des trois régions. \037La Chine avait depuis des milliers d'années une agriculture et même une horticulture florissantes lorsqu'elle est entrée, pour la première fois, en communication avec l'Asie occiden* \037\035\013

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14 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L'ORIGINE DES ESPÈCES \037taie, par la mission de Ghang-Kien, sous le règne de l'empereur Wu-ti, dans le n» siècle avant Tère chrétienne. Les recueils ap- pelés Pent-sao, écrits à l'époque de notre moyen âge, constatent qu*il rapporta la fève, Je concombre, la luzerne^ le safran, le sésame, le noyer, le pois, Fépinard, le meJon d'eau et d'autres plantes de l'ouest S alors inconnues aux Chinois. Ghang-Kien, comme on voit, n'a pas été un ambassadeur ordinaire. Il a étendu singulièrement les connaissances géographiques et amé- lioré les conditions économiques de ses compatriotes. Il est vrai qu'il avait été forcé de demeurer dix ans dans l'ouest et qu'il appartenait à une population déjà civilisée, chez laquelle un empereur , 2700 ans avant Jésus-Christ , avait entouré de céré- monies imposantes la culture de quelques plantes. Les Mon- goles étaient trop barbares et venaient d'un pays trop froid pour avoir pu introduire beaucoup d'espèces utiles en Chine ; mais, en étudiant l'origine dii pécher et de l'abricotier, nous ver- rons que ces arbres ont été portés de Chine dans l'Asie occiden- tale, probablement par des voyageurs isolés, marchands ou autres, qui passaient au nord de l'Himalaya. Quelques espèces ont pu se répandre de la même manière de l'ouest en Chine, avant l'ambassade de Chang-Kien. \037Les communications régulières de la Chine avec l'Inde ont commencé seulement à l'époque de ce même personnage, et par la voie détournée de la Bactriane *, mais il a pu y avoir des transmissions de proche en proche par la presqu'île malaise et la Cochinchine. Les lettrés qui écrivaient dans le nord de la Ghine ont pu les ignorer, d'autant plus que les provinces méri- dionales ont été jointes à l'empire seulement au ii« siècle avant l'ère chrétienne '. \037Les premiers rapports du Japon avec la Chine ont été vers l'an 57 de notre ère, par l'envoi d'un ambassadeur, et les Chi- nois n'eurent vraiment connaissance de leurs voisins orientaux que dans le iii« siècle, époque de l'introduction de l'écriture chinoise au Japon *. \037La vaste région qui s'étend du Gange à l'Arménie et au Nil n'a pas été anciennement aussi isolée que la Ghine. Ses peuples ont échangé, de place en place, et même transporté à distance des plantes cultivées, avec une grande facilité. 11 suffit de rap- peler que d'anciennes migrations ou conquêtes ont mêlé sans cesse les populations touraniennes^ aryennes et sémites entre la mer Caspienne, la Mésopotamie et le Nil. De grands Etats se sont formés, à peu près dans* les mêmes temps, sur les bords de l'Ëuphrate et en Egypte, mais ils avaient succédé à des tribus \0371. Bretschneider, /. c, p. 15. \0372. Bretschneider, /. c. \0373. Bretschneider, /. c, p. 23. \0374. Atsuma-gwa. Recueil pour servir à la connaissance de Vextréme Orient, publié par Fr. Turretini, vol. 6, p. 200, 293. \037\035\013

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LINGUISTIQUE 15 \037qui cultivaient déjà certaines plantes. L'agriculture est plus ancienne dans cette région que Babylone et les premières dynas- ties égyptiennes, lesquelles datent de plus de quatre mille ans . Les empires assyriens et égyptiens se sont ensuite disputé la suprématie, et dans leurs luttes ils ont transporté des popula- tions, ce qui ne pouvait manquer de répandre les espèces culti- vées. D'un autre côté, les peuples aryens, qui habitaient primiti- vement au nord de la Mésopotamie, dans une contrée moins favorable à l'agriculture, se sont répandus à l'ouest et au midi, refoulant ou subjuguant les nations touraniennes et dravidiennes. Leur langue, et surtout celles qui en sont dérivées en Europe et dans l'Inde, montrent iqu'ils ont connu et transporté plusieurs espèces utiles \ Après ces anciens événements, dont les dates sont généralement incertaines, les voyages par mer des Phéni- ciens, les guorres entre les Grecs et les Perses, l'expédition d'Alexandre jusque dans l'Inde, et finalement la domination romaine ont achevé de répandre les cultures dans Tintérieur de l'Asie occidentale et même de les introduire en Europe et dans le nord de l'Afrique, partout où le climat pouvait leur être favo- rable. Plus tard, à l'époque des croisades, il restait bien peu de plantes utiles à tirer de l'Orient. Il est arrivé alors en Europe quelques variétés d'arbres fruitiers que les Romains ne possé- daiept pas et des plantes d'ornement. \037La découverte de l'Amérique, en 1492, a été le dernier grand événement qui a permis de répandre les plantes cultivées dans tous les pays. Ce sont d'abord les espèces américaines, comme la pomme de terre, le maïs, la figue d'Inde, le tabac, etc., qui ont été apportées en Europe et en Asie. Ensuite une foule d'es- pèces de l'ancien monde ont été introduites en Amérique. Le voyage de Magellan (1520-21) fut la première communication directe entre l'Amérique méridionale et l'Asie. Dans le même siècle, la traite des nègres vint multiplier les rapports entre l'Afrique et l'Amérique. Enfin la découverte des îles de la mer Pacifique au xviii® siècle, et la facilité croissante des moyens de communication, combinée avec un désir général d'améliorer, ont produit la dispersion plus générale des plantes utiles dont nous sommes aujourd'hui les témoins. \037§ 5. — E.lngai«tique. \037Les noms vulgaires de plantes cultivées sont ordinairement très connus et peuvent donner des indications sur l'histoire \0371. Il existe, en langue française, deux excellents résumés des connais- sances actuelles sur rOrient et l'Egypte. Je ne saurais trop les recom- mander aux< naturalistes qui ne se sont pas occupés s{>écialement de ces questions. L'un de ces ouvrages est le Manuel de V histoire ancienne de Y Orient, par François Lenormand, 3 vol. in-12, Paris, 1869. L'autre est r Histoire ancienne des peuples de l'Orient, par Maspero, un vol. in-8, Paris, 1878. \037\035\013

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16 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L'ORIGINE DES ESPÈCES \037d'une espèce, mais il n'est pas sans exemple qu'ils soient absurdes, basés sur des erreurs , ou vagues et contestables , ce qui oblige à user d'une certaine prudence dans leur emploi . \037Je pourrais citer beaucoup de noms absurdes, pris dans toutes les langues. Il suffit de rappeler : \037En français : blé de Turquie (maïs), pour une plante qui n'est pas un blé et qui vient d'Amérique. \037En anglais : Jérusalem arttchoke , pour le Topinambour (Helianthus tuberosus), qui ne vient pas de Jérusalem, mais de l'Amérique septentrionale, et n'est pas un artichaut. \037En allemand : Haferwurzel, racine d'avoine, pour le Salsifis (Tragopogon), plante à racine charnue l \037Une quantité de noms donnés par les Européens à des plantes étrangères, lorsqu'ils se sont établis dans les colonies, expriment des analogies fausses ou insignifiantes. Par exemple, le lin de la Nouvelle-Zélande ressemble aussi peu que possible au lin ; seule- ment on tire de ses feuilles une matière textile. La pomme d'acajou, des Antilles françaises, n'est pas le fruit d'un pommier, ni même d'une pomacée, et n'a rien à voir avec l'acajou. \037Quelquefois les noms vulgaires se sont altérés en passant d'une langue à l'autre, de manière à donner un sens faux ou ridicule. Ainsi l'arbre de Judée des Français (Gercis Siliquastrum) est devenu en anglais Judas tree, arbre de Judas ! Le fruit appelé Akuaca parles Mexicains est devenu V Avocat des colons français. \037Assez souvent, des noms de plantes ont été pris par le même peuple, à des époques successives ou dans des provinces diffé- rentes, tantôt comme noms de genres et tantôt comme noms d'espèces. Par exemple, blé peut signifier ou plusieurs espèces du genre Triticum, et même de plantes nutritives très difi*érentes (maïs et blés), ou telle espèce de blé en particulier. \037Plusieurs noms vulgaires ont été transportés d'une plante à l'autre, par suite d'erreurs ou d'ignorance. Ainsi, la confusion faite par d'anciens voyageurs entre la Batate (Gonvolvolus Ba- tatas) et la Pomme de terre fSolanum tuberosum), a entraîné l'usage d'appeler la Pomme ae terre en anglais Potatoe et en espagnol Patatas. \037Si des peuples modernes, civilisés, qui ont de grandes facilités pour comparer les espèces, connaître leur origine et vérifier les noms dans les livres, ont fait de semblables erreurs, il est pro- bable que les anciens en ont fait plus encore et de plus gros- sières. Les érudits déploient infiniment de science pour expliquer l'origine linguistique d'un nom ou ses modifications dans les langues dérivées, mais ils ne peuvent pas découvrir les fautes ou les absurdités populaires. Ce sont plutôt les botanistes qui les devinent ou les démontrent. Remarquons en passant que les noms doubles ou composés sont les plus suspects. Ils peuvent avoir deux erreurs : 1 une dans la racine ou le nom principal, l'autre dans l'addition ou nom accessoire, destiné presque tou- \037\035\013

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LINGUISTIQUE 17 \037jours à indiquer une origine géographique, une qualité appa- rente ou quelque comparaison avec d'autres espèces. Plus un nom est bref, plus il mérite qu'on en tienne compte dans la question d origme ou d'ancienneté, car c'est à la suite des années, des migrations de peuples et des transports de plantes que s'ajoutent les épithètes souvent erronées. De même, dans les écritures sjrmboliques, comme celles des Chinois et des Egyp- tiens, les signes. uniques et simples font présumer des espèces anciennement connues, ne venant pas de pays étrangers, et les signes compliqués sont suspects ou indiquent une origine étran- gère. N'oublions pas cependant que les signes ont été souvent des rébus, basés sur des ressemblances fortuites de mots, ou sur des idées superstitieuses et fantastiques. \037L'identité d'un nom vulgaire pour une espèce dans plusieurs langues peut avoir deux significations très différentes. Elle peut venir de ce qu'une plante a été transportée par un peuple qui s'est divisé et dispersé. Elle peut résulter aussi de ce qu'une plante a été transmise d'un peuple à l'autre avec le nom du pays d'origine. Le premier cas est celui du chanvre, dont le nom est semblable, au moins quant à sa racine, dans toutes les Jangues dérivées des Aryas primitifs. Le second se voit dans le nom américain du tabac et le nom chinois du thé, qui se sont répandus dans une infinité de pays, sans aucune filiation linguis- tique ou ethnographique. Ce cas s'est présenté plus fréquem- ment dans les temps modernes que dans les anciens, parce que la rapidité des communications permet aujourd'hui d'mtroduire à la fois une plante et son nom, même à de grandes distances. \037La diversité des noms pour une même espèce peut avoir aussi des causes variées. En général, elle indique une existence an- cienne dans divers pays, mais elle peut aussi provenir du mélange des peuples ou de noms de variétés qui usurpent le nom primitif. Ainsi, en Angleterre, on peut trouver, suivant les provinces, un nom celte, saxon, danois ou latin, et nous voyons en Allemagne les noms de Flachs et Lein pour le lin, qui ont évidemment des origines différentes. \037Lorsqu'on veut se servir des noms vulgaires pour en tirer certaines probabilités sur l'origine des espèces, il faut consulter les dictionnaires et les dissertations des philologues, mais on est obligé d'estimer les chances d'erreur de ces érudits, qui, n'étant ni agriculteurs ni botanistes, peuvent s'être trompés dans l'ap- plication d'un nom à une espèce. \037Le recueil le plus considérable de noms vulgaires est celui de Nemnich *, publié en 1793. J'en possède un autre, manuscrit, plus étendu encore, rédigé dans notre bibliothèque par mon ancien élève Moritzi, au moyen des flores et de plusieurs livres \0371. Nemnich, AUgemeines polygiotten-Lexicon det^ Naturgeschichte^ 2 vol. in-4. \037De Gandolle. 2 \037\035\013

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18 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L'ORIGINE DBS ESPÈCES \037de voyages écrits par des botanistes. 11 y a, en outre, des dic- tionnaires concernant les noms d'espèces de tel ou tel pays ou d'une langue en particulier. Ces sortes de recueils ne contiennent pas souvent des explications sur les étymologies ; mais, quoi qu'en dise M. Hehn ^, un naturaliste, pourvu de l'instruction générale ordinaire, peut reconnaître les connexités ou les diversités fon- damentales de certains noms dans des langues différentes et ne pas confondre les langues modernes avec les anciennes. Il n'est pas nécessaire pour cela d'être initié dans les subtilités des suffixes et des affixes, des labiales et des dentales. Sans doute un philologue pénètre mieux et plus loin dans les étymologies, mais il est rare que ce soit nécessaire pour les recherches sur les plantes cultivées. D'autres connaissances sont plus utiles, sur- tout celles de pure botanique, et elles manquent aux philologues plus que la linguistique aux naturalistes, par la raison fort évidente qu'on donne plus de place dans l'instruction générale aux langues qu'à l'histoire naturelle. Il me paraît aussi que les linguistes, notamment ceux qui traitent du sanscrit, veulent beaucoup trop chercher des étymologies à chaque nom. Ils ne pensent pas assez à la bêtise humaine, qui a fait naître dans tous les temps des mots absurdes, sans base réelle, déduits d'une erreur ou d'une idée superstitieuse. \037La filiation des langues modernes européennes est connue de tout le monde. Celle des langues anciennes a été l'objet, depuis un demi-siècle, de travaux importants. Je ne puis en donner ici un aperçu, même abrégé. 11 suffit de rappeler que toutes les langues européennes actuelles dérivent de la langue des Aryens occidentaux, venus d'Asie, à l'exception du basque (dérivé de l'ibère), du finnois, du turc et du hongrois, dans lesquels au surplus beaucoup de mots d'origine aryenne se sont introduits. D'un autre côté, plusieurs langues actuelles de l'Inde, Ceylan et Java dérivent du sanscrit des Aryens orientaux, sortis de l'Asie centrale après les Aryens de l'Occident. On suppose, avec assez de vraisemblance, que les premiers Aryens occidentaux sont arrivés en Europe 2500 ans avant notre ère, et les Aryens orien- taux dans l'Inde un millier d'années plus tard. \037Le basque (ou ibère), le guanche des îles Canaries, dont on connaît quelques noms de plantes, et le berbère se rattachaient probablement aux anciennes langues du nord de l'Afrique. \037Les botanistes sont obligés, dans beaucoup de cas, de douter des noms vulgaires attribués aux plantes par les voyageurs, les historiens et les philologues. C'est une conséquence des doutes qu'ils ont eux-mêmes sur la distinction des espèces et de la difficulté qu'ils savent très bien exister lorsqu'on veut s'assurer du nom vulgaire d'une plante. L'incertitude devient d'autant \0371. Hehn, Kulturpflanzen tind Hausthiere in ihren Uebergang ans Asien, in-«, 3« édition, 1877. \037\035\013

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LINGUISTIQUE 19 \037plus grande qu'il s'agit d'espèces plus faciles à confondre ou moins connues du public, ou de langues de nations peu civilisées. Il y a des degrés, pour ainsi dire, entre les langues, sous ce point de vue, et les noms doivent être acceptés plus ou moins suivant ces degrés. \037En tète, pour la certitude^ se placent les langues qui possè- dent des ouvrages de botanique. On peut en effet reconnaître une espèce au moyen d'une description grecque de Dioâcoride ou de Théophraste, et des textes latms moins développés de Gaton, Columelle ou Pline. Les livres chinois donnent aussi des des- criptions. Leur étude a fait l'objet d'excellents travaux du docteur Bretschneider, médecin de la légation russe à Peking, que je ci- terai fréquemment *. \037Le second degré est celui des langues qui ont une littérature composée seulement d'ouvrages de théologie, de poésie, ou de chroniques sur les rois et les batailles. Ces sortes d'ouvrages mentionnent çà et là des plantes, avec des épithètes ou des ré- flexions sur leur floraison, leur maturité, leur emploi, etc., qui permettent de comprendre un nom et de le rapporter à la no- menclature botanique actuelle. En s'aidant d'ailleurs de notions sur la flore du pays et des noms vulgaires dans les langues dérivées de l'ancienne, on arrive, tant bien que mal, à fixer le sens de quelques mots. C'est ce qui a été fait pour le sans- crit *, l'hébreu ' et l'araméen *. \037Enfin, une troisième catégorie dans les langues anciennes ne peut donner aucune certitude, mais seulement des présomptions \0371. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works, with notes on the history of plants and geographical botany from chinese sources. In-8, 51 pages avec ngures, Foochoo, saus date, mais la préface datée de décembre 1870. — Notes on some botanical questions, ln-8, 14 pages, 1880. \0372. Le dictionnaire de Wilson contient des noms de plantes, mais les botanistes se fient davantage aux noms indiqués par Roxburgh dans son Flora indica (éd. de 1832, 3 vol. in-8) et au dictionnaire spécial de Pid- dington, English index to the plants of India, Calcutta, 1832. Les érudits prétendent découvrir un plus grand nombre de noms dans les textes, mais ils ne donnent pas assez la preuve du sens de ces noms. Générale- ment, il manque pour le sanscrit ce que nous avons pour l'hébreu, le grec et le chinois, la citation, traduite en langue moderne, des phrases concer- nant chaque mot. \0373. Le meilleur ouvrage sur les noms des plantes de l'Ancien Testament est celui de Rosenmûller, Handbuch der bibiischen Alterkunde, in-8, vol. 4, Leipzig, 1830. Un bon ouvraj^e, abrégé, en français, est La botanique de la Bible, par Pred. Hamilton, m-8, Nice, 1871. \0374. Reynier, botaniste suisse, qui avait séjourné en Egypte, a donné avec sagacité le sens de beaucoup de noms de plantes dans le Talmud. Voir ses volumes intitulés : Economie publique et rurale des Arabes et des Juifs, in-8, 1820, et Economie publique et rurale des Egyptiens et des Car- thaginois , in-8, Lausanne, 1823. Les ouvrages plus récents de Duschak et de Lôw ne reposent pas sur la connaissance des plantes d'Orient et sont lillisibles, pour les botanistes, à cause des noms en lettres syriaques, liébralques, etc. \037\035\013

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20 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L*ORIGINE DES ESPÈCES \037ou des indications hypothétiques assez rares. C'est celle des lan» gués dont on ne connaît aucun ouvrage, comme le celte, avec tou& ses dialectes, le vieux slave, le pélasge, l'ihère, la langue des Aryas primitifs, des Touraniens, etc. On arrive à présumer cer- tains noms, ou leur forme approximative, dans ces anciennes langues, par deux procédés, tous deux sujets à caution. \037Le premier, et le meilleur, est de consulter les langues déri- vées ou qu'on croit dérivées directement des anciennes, comme le basque pour Tibère, l'albanais pour le pélasge^ le breton, l'ir- landais et le gaëlic pour le celte. Le danger est de se tromper sur la filiation des langues, et surtout de croire à l'ancienneté d'un nom de plante qui peut être venu par un autre peuple. Ainsi le basque a beaucoup de noms qui paraissent tirés du latin à la suite de la domination romaine. Le berbère est rempli de noms arabes, et le persan de noms de toutes sortes, qui n'exis- taient probablement pas dans le zend. \037L'autre procédé consiste à reconstruire une langue ancienne sans littérature, au moyen de ses dérivées, par exemple la lan- gue des Aryas occidentaux au moyen des mots communs à plu- sieurs langues européennes qui en sont issues. Pour les mots des anciennes langues aryennes, le dictionnaire de Fick ne peut guère être employé, car il donne peu de noms de plantes, et sa dispo- sition ne le met pas du tout à la portée des personnes qui ne connaissent pas le sanscrit. Bien plus important pour les natu- ralistes est 1 ouvrage d'Adolphe Pictet, dont il a paru, après, la mort de l'auteur, une seconde édition, augmentée et perfection- née *. Les noms de plantes et les termes de l'agriculture y sont exposés et discutés d'une manière d'autant plus satisfaisante qu'elle est combinée avec des notions exactes de botanique. Si Tauteur attribue peut-être plus d'importance qu'il ne faudrait à des étymologies douteuses, il le compense par des notions d'une autre nature et par beaucoup de méthode et de clarté. \037Les noms de plantes en langue euskarienne, soit basque, ont été commentés, au point de vue des étymologies probables, par M. le comte de Gharencey*. J'aurai Toccasion de citer ce travail, où les difficultés étaient bien grandes, à cause de l'absence de toute littérature et de langues dérivées. \037\035\013§ 6. — Nécessité de combiner les dlITér entes \037méthodes. \037Les divers procédés dont je viens de parler n'ont pas une valeur égale. Evidemment lorsqu'on peut avoir sur une espèce \0371. Adolphe Pictet, Les origines des peuples indo-européens, 3 vol. in-8. Paris, 4878. \0372. Charencey, dans Actes de la Société philologique^ vol. I, n» 1, 1869. \037\035\013

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NÉCESSITÉ DE COMBINER LES DIFFÉRENTES MÉTHODES âl \037des documents archéologiques , comme ceux des monuments égyptiens ou des lacustres suisses, ce sont des faits d'une exac- titude remarquable. Viennent ensuite les données de botanique, surtout celles sur Texistence spontanée d'une espèce dans tel ou tel pays. Elles peuvent avoir beaucoup d'importance, à condition qu'on les examine soigneusement. Les assertions con- tenues dans les livres soit d'historiens, soit même de naturalistes d'une époque à laquelle la science ne faisait que commencer, n'ont pas la même valeur. Enfin les noms vulgaires ne sont qu'un moyen accessoire, surtout dans les langues modernes, et un moyen, comme nous avons vu, dont il faut se défier. Voilà ce qu'on peut dire d'une manière générale, mais dans chaque cas particulier telle ou telle méthode prend quelquefois plus d'importance. \037Chacune conduit à une simple probabilité, puisqu'il s'agit de faits anciens qui échappent aux observations directes et actuelles. Heureusement, si l'on arrive à la même probabilité par trois ou quatre voies différentes, on approche beaucoup de la certitude. Il en est des recherches sur Thistoire des plantes comme de celles sur l'histoire des peuples. Un bon auteur consulte les historiens qui ont parlé des événements, les archives où se trouvent des documents inédits, les inscriptions de vieux monuments, les journaux, les lettres particulières, enfin les mémoires et même la tradition. Il tire des probabilités de chaque source, et ensuite il compare ces probabilités, les pèse et les discute avant de se décider. C'est un travail de l'esprit, qui exige de la sagacité et du jugement. Ce travail diffère Beaucoup de l'observation, usitée en histoire naturelle, et du raisonnement pur, qui est le propre des sciences mathématiques. Néanmoins, je le répète, lorsqu'on arrive par plusieurs méthodes à une même probabilité, celle-ci approche de la certitude. On peut même dire qu'elle donne la certitude à laquelle on peut prétendre dans les sciences histo- riques. \037J'en ai eu la preuve en comparant mon travail actuel avec celui que j'avais fait, d'après les mêmes méthodes, en 4855. Pour les espèces que j'avais étudiées alors, j'ai eu plus de docu- ments et des faits mieux constatés, mais les conclusions sur l'origine de chaque espèce ont été à peine changées. Comme elles reposaient déjà sur une combinaison des méthodes, les choses probables sont devenues ordinairement plus probables ou cer- taines, et il ne m'est pas arrivé d'être conduit à des résultats absolument contraires aux précédents. \037Les données archéologiques, linguistiques et botaniques de- viennent de plus en plus nombreuses. C'est par leur moyen que l'histoire des plantes cultivées se perfectionne, tandis que les assertions des anciens auteurs perdent de leur importance au lieu d'en acquérir. Grâce aux découvertes des antiquaires et des philologues, les modernes connaissent mieux que les Grecs la \037\035\013

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22 MÉTHODES POUR DÉCOUVRIR L'ORIGINE DES ESPÈCES \037Ghaldée et l'ancienne Egypte. Ils peuvent constater des erreurs dans Hérodote. Les botanistes de leur côté corrigent Théophraste, Dioscoride et Pline d'après la connaissance des flores de Grèce et d'Italie, tandis que la lecture des anciens, faite si souvent par les érudits depuis trois siècles, a donné ce qu'elle pouvait donner. Je ne puis m 'empêcher de sourire en voyant aujourd'hui des savants répéter des phrases grecques ou latines bien connues, pour en tirer ce qu'ils appellent des conclusions. C'est vouloir extraire du jus d'un citron pressé déjà mainte et mainte fois. Il faut le dire franchement, les ouvrages qui répètent et com- mentent les auteurs de l'antiquité grecque ou latine, sans mettre en première ligne les faits botaniques et archéologiques, ne sont plus au niveau de la science. Je pourrais en citer cependant qui ont eu, en Allemagne, les honneurs de trois éditions! Mieux au- rait valu réimprimer les publications antérieures de Fraas et de Lenz, de Targioni et de Heldreich, qui ont toujours mis les données actuelles de la botanique au-dessus des descriptions vagues d'anciens écrivains , c'est-à-dire les faits au-dessus des mots et des phrases. \037\035\013

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DEUXIÈME PARTIE \037ÉTUDE DES ESPÈCES \037AU POIIVT DE VUE DE LEUR ORIGII\'E \037DES PREMIERS TEMPS DE LEUR CULTURE \037ET DES PRIIXCIPAUX FAITS DE LEUR DISPERSIOIV i. \037\035\013CHAPITRE PREMIER \037PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES TELLES QUE RACINES, BULBES OU TUBERCULES ^. \037Radis, Raifort. — Raphanus sativus, Linné. \037Le radis est cultivé pour ce qu'on appelle la racine, qui est, à proprement parler, la partie inférieure de la tige avec la racine pivotante '. On sait à quel point la grosseur, la forme et la couleur de ces organes, qui deviennent charnus, peuvent va- rier, suivant le terrain et les races cultivées. \037Il n'y a pas de doute que Tespèce est originaire des régions tempérées de l'ancien monde ; mais, comme elle s'est répandue dans les jardins, depuis les temps historiques les plus reculés, de la Chine et du Japon jusqu'en Europe, et qu'elle se sème fré- quemment autour des cultures, il est difficile de préciser son point de départ. \037Naguère on confondait avec le Raphanus sativus des espèces voisines, de la région méditerranéenne, auxquelles on attribuait certains noms gi*ecs; mais le botaniste J. Gay, qui a beaucoup \0371. Un certain nombre d'espèces, dont l'origine est bien connue, comme la carotte, Toseille, etc., sont mentionnées seulement dans le résumé au commencement de la dernière partie, avec une indication des faits prin- cipaux qui les concernent. \0372. Quelques espèces sont cultivées tantôt pour leurs racines et tantôt pour leurs feuilles ou leurs graines. Dans (rautres chapitres se trouvent des espèces cultivées pour leurs feuilles (fourrages) ou pour leurs grai- nes, etc. J'ai classé en raison de l'usage le plus habituel. Au surplus, l'index alphabétique renvoie à la place adoptée pour chaque espèce. \0373. Voir l'état jeune de la plante lorsque la partie de la tige au-dessous des cotylédons n'est pas encore renflée. Turpin en a donné une figure dans les Annales des sciences naturelles^ série 1, vol. 21, pi. 5. \037\035\013

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24 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037contribué à éliminer ces formes analogues * , regardait le R. sativus comme originaire d'Orient, peut-être de Chine. Linné supposait aussi une origine chinoise, du moins quant à une variété qu'on cultive en Chine pour extraire Thuile des graines 2. Plusieurs flores du midi de TEurope mentionnent l'espèce comme subspontanée ou échappée des cultures, jamais comme spon- tanée. Ledebour avait vu un échantillon recueilli près du mont Ararat. Il en avait semé les graines et vérifié l'espèce '. Cepen- dant M. Boissier *, en 1867, dans sa flore d'Orient, se borne à dire : « Subspontané dans les cultures de TAnatolie, près de Mersiwan (d'après Wied\ en Palestine (d'après lui-même), en Arménie (d'après Ledebour) et probablement ailleurs », ce qui ressemble aux assertions des flores européennes. M. Buhse * cite une localité, les monts Ssahend, au midi du Caucase, qui parait devoir être assez en dehors des cultures. Les flores récentes de llnde anglaise ® et l'ancienne flore de Cochinchine de Loureiro indiquent l'espèce seulement comme cultivée. M. Maximowicz Ta vue dans un jardin du nord-est de la Chine ^ Thunberg en parle comme d'une plante généralement cultivée au Japon et croissant aussi le long des chemins ® ; mais ce dernier fait n'est pas répété par les auteurs modernes, probablement mieux informés ^. \037Hérodote {Hist.^ 1. 2, c. 125) parle d'un radis, qu'il nomme Surmaia, dont une inscription de la pyramide de Ghéops men- tionnait l'emploi par les ouvriers. Unger *° a copié dans l'ou- vrage de Lepsius deux figures du temple de Karnak, dont la première tout au moins parait représenter le radis. \037D'après cela, en résumé : 1" l'espèce se répand facilement hors des cultures dans la région de l'Asie occidentale et de l'Europe méridionale, ce qui n'est pas mentionné d'une manière certaine dans les flores de l'Asie orientale; 2^ les localités au midi du Caucase, sans indication de culture, font présumer que la plante y est spontanée. Par ces deux motifs, elle semble originaire de l'Asie occidentale, entre la Palestine, l'Anatolie et le Caucase, peut-être aussi de la Grèce ; la culture l'aurait répandue vers l'ouest et l'est, depuis des temps très anciens. \037Les noms vulgaires appuient ces hypothèses. En Europe, ils ofl^rent peu d'intérêt quand ils se rapportent à la qualité de ra- \037\035\0131. Dans A. de Candolle, Géogr, bot. raisonnée, p. 826. \0372. Linné, Spec. plant., p. 935. \0373. Ledebour, FI. ross., I, p. 225. \0374. Boissier, FI orient., I, p. 400. \0375. Buhse, Aufzàhlung Transcaucasien, p. 30. \0376. Hooker, FI. brit. India, I, p. J66. \0377. Maximowicz, Primitix florse Amurensis, p. 47. \0378. Thunberg, FI. jap., p. 263. \0379. Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap. I, p. 39. \037JO. Unger, Pflanzen des alten Mgyptens, p. 31, fig. 24 et 29. \037\035\013

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râdis, raifort 2S \037xîine (Radis) ou à quelque comparaison avec la rave [Ravanello «n italien, Rabica en espagnol, etc.), mais les Grecs anciens avaient <5réé le nom spécial de Raphanos (qui lève facilement). Le mot italien Ramoraccio dérive du grec Armoracia^ qui signifiait le R, sativus ou quelque espèce voisine. Les modernes l'ont trans- porté, par erreur, au Cochlearia Armoracia soit Cran^ dont il est ^juestion plus loin. Les Sémites * ont des noms tout autres {Fugla en hébreu, Fuil^ fidgel, figl^ etc., en arabe). Dans l'Inde, d'après Roxburgh *, le nom vulgaire d'une variété à racine énorme, aussi grosse quelquefois que la jambe d'un homme, est Moola ou Moolee prononcez Moula, Mouli)^ en sanscrit Mooluka (prononcez Mou- ^ouka]. Enfin, pour la Gochinchine, la Chine et le Japon, les auteurs citent des noms variés, très différents les uns des autres. D'après cette diversité, la culture serait très ancienne de la Grèce au Japon ; mais on ne peut rien en conclure relativement à la patrie originelle comme plante spontanée. \037A cet égard, il existe une opinion complètement différente qu'il faut aussi examiner. Plusieurs botanistes * soupçonnent que le Raphanm sativus est simplement un état particulier, à grosse racine et à fruit non articulé, du Raphanus Raphanisù^um, plante très commune dans les terrains cultivés de l'Europe et de l'Asie tempérées et qu'on trouve aussi à l'état spontané dans les sables ^t les terrains légers du bord de la mer, par exemple à Saint- Sébastien , en Dalmatie et à Trébizonde *. Les localités ordi- naires dans les champs abandonnés, et beaucoup de noms vul- gaires qui signifient radis sauvage montrent l'affinité des deux plantes. Je n'insisterais pas si leur identité supposée n'était qu'une présomption, mais elle repose sur des expériences et des obser- vations qu'il est important de connaître. \037Dans le R. Raphanlstrum la silique est articulée, c'est-à-dire •étroite de place en place, et les graines sont contenues dans chaque article. Dans le R. sativus, la silique est continue et forme •une seule cavité intérieure. Quelques botanistes avaient constitué sur cette différence des genres distincts, Raphanistrum et Ra- phanus, Mais trois observateurs très exacts, Webb, J. Gay et Spach, ont constaté, parmi des pieds de Raphanus sativus, ve- nant des mêmes graines, des siliques tantôt uniloculaires et tantôt articulées, qui sont alors bi ou pluriloculaires ^. Webb ayant répété plus tard ces expériences est arrivé aux mêmes ré- sultats, avec un détail de plus, assez important : le radis semé de \0371. D'après mon Dictionnaire manuscrit des noms vulgaires, tiré des flores qui existaient il y a trente ans. \0372. Roxburgh, F/., mrf., III, p. 126. \0373. Webb, Phytogr. Canar., p. 83; lier hisp.^ p. 71 ; Bentham^ FL Hongkong, p. 17; Hooker, FÎ. brit. Ind., I, p. 166. \0374. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., III, p. 748; Viviani FI. dalmat,, 411, p. 104; Boissier, H. orient,, I, p. 401. \0375. Webb, Phytographia canariensts, I, p. 83. \037\035\013

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26 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037lui-même au hasard , et non cultivé, donnait des siliques de Raphanistrum *. Une autre différence entre les deux plantes est celle des racines, charnues dans le R, sativus , grêles dans le R. Raphanistrum^ mais cela change selon les cultures, d'après des expériences de M. Carrière, jardinier en chef des pépinières du Muséum d'histoire naturelle de Paris ^. Il a eu l'idée de semer dans un terrain fort et dans un terrain léger du Raphanistrum à racine grêle, et dès la quatrième génération il a récolté des radis charnus, de forme et de couleur variées, comme ceux des jardins. Il en donne même les figures, qui sont véritablement curieuses et probantes. Le goût piquant du radis ne faisait pas défaut. Pour obtenir ces changements, M. Carrière semait au mois de septembre, de manière à rendre la plante presque bi- sannuelle, au lieu d'annuelle. On comprend qu'il en résulte l'épais- sissement de la racine, car beaucoup de plantes bisannuelles ont des racines charnues. \037Il resterait à faire l'expérience inverse, de semer des radis cul- tivés dans un mauvais terrain. Probablement, les racines devien- draient de plus en plus maigres , comme les siliques devien- nent, en pareil cas, de plus en plus articulées. \037D'après l'ensemble des expériences dont nous venons de parler, le Raphanus sativus pourrait bien être une forme du R. Èapha- nistrum^ forme peu stable, déterminée par l'existence de quelques générations dans un terrain fertile. On ne peut pas supposer que les anciens peuples non civilisés aient fait des essais comme ceux de M. Carrière, mais ils ont pu remarquer des Rapkanis- ti*um venus dans des terrains fortement fumés, ayant des racines plus ou moins charnues ; sur quoi l'idée de les cultiver a pu leur venir facilement. \037Je ferai cependant une objection tirée de la géographie bota- nique. Le Raphanus Raphanistrum est une plante d'Europe, qui n'existe pas en Asie ^. de n'est donc pas de cette espèce que les habitants de l'Inde, du Japon et de la Chine ont pu tirer les radis qu'ils cultivent depuis des siècles. D'un autre côté, comment le R, Raphanist7*um, qu'on suppose transformé en Europe, aurait- il été transmis dans ces temps anciens au travers de toute l'Asie ? Les transports de plantes cultivées ont marché communément d'Asie en Europe. Ghang-kien avait bien apporté des légumes de Bactriane en Cnine dans le ii® siècle avant Jésus-Christ, mais on ne cite pas le radis comme étant du nombre. \037Cran, Granson, Raifort sauvage. — Cochlearia Armo^ racia, Linné. \0371. Webb, Iter hispaniense^ 1838, p. 72. \0372. Carrière, Origine des plantes domestiques démontrée par la culture du Radis sauvage. In-8, 24 pages. 1869. \0373. Ledebour, FI. ross. ; Boissier, FI. orient. ; les ouvrages sur la flore de la région du fleuve Amur. \037\035\013

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CRAN, CRANSON, RAIFORT SAUVAGE 27 \037Cette Crucifère, dont la racine d'une consistance assez dure a le goût de moutarde, était appelée quelquefois Cran ou Cranson de Bretagne, C'était une erreur, causée par un ancien nom bota- nique, Armoracia^ qu'on prenait pour Armorica (de Bretagne]. Armoracia est déjà dans Pline et s appliquait à une Crucifère ae la province du Pont qui était peut-être le Raphanus sativtis. Après avoir signalé jadis * cette confusion, je m exprimais de la manière suivante sur l'origine méconnue de l'espèce ; \037« Le Cochlearia Armoracia n'est pas sauvage en Bretagne. C'est constaté par les botanistes zélés qui explorent aujourd'hui la France occidentale. M. l'abbé Delalande en parle dans son opus- cule intitulé Hœdic et Houat *, où il rend compte d'une ma- nière si intéressante des usages et des productions de ce& deux petites îles de la Bretagne. Il cite l'opinion de M. Le Gall, qui, dans une Flore (non publiée) du Morbihan, déclare la plante étrangère à la Bretagne. Cette preuve, du reste, est moins forte que les autres, parce que le côté septentrional de la péninsule bretonne n'est pas encore assez connu des botanistes, et que l'ancienne Armorique s'étendait sur une portion de la Normandie où maintenant on trouve quelquefois le Cochlearia sauvage '. Ceci me conduit à parler de la patrie primitive de l'espèce. \037Les botanistes anglais Tindiquent comme spontanée dans la Grande-Bretagne, mais ils doutent de son origine. M. H.-C. Watson * la regarde comme introduite. La difficulté, dit-il, de l'extirper des endroits où on la cultive est bien connue des jar- diniers. Il n'est donc pas étonnant que cette plante s'empare des terrains abandonnés et y persiste, au point de paraître aborigène. M. Babington ' ne mentionne qu'une seule localité où l'espèce ait véritablement l'apparence d'être sauvage, savoir Swansea, dans le pays de Galles. Tâchons de résoudre le pro-^ blême par d'autres arguments. \037Le Cochlearia Armoracia est une plante de l'Europe tem- \037f)érée, orientale principalement. Elle est répandue de la Fin- ande à Astrakhan et au désert de Cuman *. Grisebach l'in- dique aussi dans plusieurs localités de la Turquie d'Europe, par exemple près d'Enos, où elle est abondante au bord de la mer^. \037Plus on avance vers l'ouest de l'Europe, moins les auteurs de Flores paraissent certains de la qualité indigène, plus les loca- lités sont éparses et suspectes. L'espèce est plus rare en Norwège \0371. A. de CandoUe, Géographie botanique raisonnée, p. 634. \0372. Delalande, Hœdic et Houat, brochure in-8, Nantes, 1850, p. 109. \0373. Hardouin, Renou et Leclerc, Catai. du Calvados, p. 85; de Brebissou,. FI. de Normandie, p. 25. \0374. Watson, Cybete, I, p. 159. \0375. Babington, Manual of Brit, bot., 2« éd., p. 28. \0376. Ledebour, FL ross., I, p. 159. \0377. Grisebach, Spicilegium FI. tnimel., I, p. 265. \037\035\013

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28 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037qu'en Suède *, et dans les îles britanniques plus qu'en Hollande, où l'on ne soupçonne pas une origine étrangère ^. \037Les noms de l'espèce confirment une habitation primitive à l'est plutôt qu'à l'ouest de l'Europe; ainsi le nom Chreriy en russe ^, se retrouve dans toutes les langues slaves : Krenai en lithuanien, Chren en illyrien ^, etc. Il s'est introduit dans quel- ques dialectes allemands, par exemple autour de Vienne , ou bien il a persisté dans ce pays, malgré la superposition de la langue allemande. Nous lui devons aussi le mot français Cran ou Cranson, Le mot usité en Allemagne, Meen^etig^ et en Hol- lande, Meer-radys^ d'où notre dialecte de la Suisse romande a tiré le mot Méndi ou Mérédi^ signifie radis de mer et n'a pas quelque chose de primitif comme le mot Chren, Il résulte pro- bablement de ce que l'espèce réussit près de Ja mer, circon- stance commune avec beaucoup de Crucifères et qui doit se présenter pour celle-ci, car elle est spontané dans la Russie orientale, où il y a beaucoup de terrains salés. Le nom suédois Peppar-rot * peut faire penser que l'espèce est plus récente en Suède que l'introduction du poivre dans le commerce du nord de l'Europe. Toutefois ce nom pourrait avoir succédé à un autre plus ancien demeuré inconnu. Le nom anglais Horse radish (radis de cheval) n'est pas d'une nature originale, qui puisse faire croire à l'existence de l'espèce dans le pays avant la domination anglo-saxonne. Il veut dire radis très fort. Le nom gallois Rhuddygl maurth "^ n'est que la traduction du mot anglais, d'où l'on peut inférer que les Celtes de la Grande- Bretagne n'avaient pas un nom spécial et ne connaissaient pas l'espèce. Dans la France occidentale, le nom de Raifort^ qui est le plus usité, signifie simplement racine forte. On (lisait au- trefois en France Moutarde des Allemands, Moutarde des capu- cins^ ce qui montre une origine étrangère et peu ancienne. Au -contraire, le mot Chren de toutes les langues slaves, mot qui a pénétré dans quelques dialectes allemands et français sous la forme de Kreen et Cran ou Cranson, est bien d'une nature primitive, montrant l'antiquité de l'espèce dans l'Europe orien- tale tempérée. Il est donc infiniment probable que la culture a propagé et naturalisé la plante de l'est à l'ouest, depuis en- aviron un millier d'années. » \037Raves et Navets à racines charnues. — Brassicœ spe- \037des et varietates radïce incrassata, \0371. F ries, Summa^ p. 30. \0372. Miquel, Disquisttio pi, regn. Bat, \0373. Moritzi, Dict. inéd. des noms vulgaires. \0374. Moritzi, ibid,; Visiani, FI. daim., III, p. 322. \0375. Neilreich, FI. Wien, p. 502. \0376. Linné, FI. suecica, n» 540. \0377. H. Davies, Welsh Botanology^ p. 63. \037\035\013

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RAYES ET Navets a racines charnues 39* \037Les innombrables variétés connues sous les noms de Baves, Navets^ Choux-raves, Rutabagas, Tumeps, avec leurs sous- variétes, se rapportent à quatre espèces de Linné : Brassîca Napus , Bi\ oleracea, Br. Râpa et Br. campestris , ces deux dernières devant être plutôt réunies en une, d après les auteurs modernes. D'autres variétés des mêmes espèces sont cultivées pour les feuilles (choux), les inflorescences (choux-fleurs), ou en- core pour l'huile qu'on extrait des graines (colza, navette, etc.). Quand la racine ou le bas de la tige ^ sont charnus, les graines n'abondent pas, et il ne vaut pas la peine d'en tirer de l'huile ; quand ces organes sont minces, c'est au contraire la production de graines qui l'emporte et qui décide de l'emploi économique. En d'autres termes, les réserves de matières nutritives se dé- posent tantôt dans la partie inférieure et tantôt dans la partie supérieure de la plante, quoique l'organisation de la fleur et du fruit reste semblable ou à peu près. \037Nous n'avons pas à nous occuper pour la question d'origine des limites botaniques des espèces et de la classification des races, variétés et sous-variétés % attendu que tous les Brassica sont originaires d'Europe et de Sibérie et s'y voient encore, sous quelque forme, à l'état spontané ou presque spontané. \037Des plantes aussi communes dans les cultures et dont la ger- mination est si facile se répandent fréquemment autour des ter- rains cultivés. De là quelque incertitude sur la spontanéité des pieds que l'on rencontre en rase campagne. Cependant Linné indique le Brassica Napus dans les sables du bord de la mer, en Suède (Gotland), en Hollande et en Angleterre, ce qui est con- firmé pour la Suède méridionale par Fries ^, lequel, toujours attentif aux questions de cette nature, mentionne le Brassica campestris L. (type du Rapa^ avec racines grêles) comme vrai- ment spontané dans toute la péninsule Scandinave, la Finlande et le Danemark. Ledebour * l'indique dans toute la Russie, la Sibérie et sur les rives de la mer Caspienne. \037Les flores de l'Asie tempérée et méridionale mentionnent les raves et navets comme cultivés, jamais comme se répandant hors des cultures ^. C'est déjà un indice d'origine étrangère. Les^ documents linguistiques ne sont pas moins significatifs. \0371. Dans les raves et navets, la partie renflée est, comme dans le radis, le bas de la tige (au-dessous des cotylédons) avec une portion plus ou moins persistante de la racine (Voir Turpin, Ann. se. nat, sér. 1, vol. 21); dans le choux-rave {Brassica oleracea caulo-Rapa), c'est la tiçe. \0372. Cette classification a été le sujet d'un mémoire arÂugustin Pyramus de Candolle, couronné par la Société d'horticulture de Londres, qui se trouve dans les Transactions de cette Société, vol. V, dans les Anncues de Vagrie. franc., vol. 19 et, en abrégé, dans le Systema regni veget., vol. 2, p. '582. \0373. Fries, Summa veget Scand,, I, p. 29. \0374. Ledebour, FI. ross,^ I, p. 216. \0375. Boissier, Flora orientalis; Sir J. Hooker, Flora of british India; Thun- \037\035\013

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30 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \03711 n'existe aucun nom sanscrit pour ces plantes, mais seule- ment des noms modernes indous et bengalis, et encore pour les seuls Brassica Râpa et oleracea *. Kaempfer * cite pour la rave des noms japonais, Busei ou plus communément AonUy mais rien ne prouve que ces noms soient anciens. Le docteur Brets- chneider, qui a étudié attentivement les auteurs chinois, ne men- tionne aucun Brassica, Apparemment il n'en est pas question dans les anciens ouvrages de botanique et d'agriculture . quoique maintenant en Chine on en cultive plusieurs variétés. \037Transportons- nous en Europe. C'est tout Topposé. Les lan- gues anciennes ont une foule de noms qui paraissent originaux. Le Brassica Râpa se nomme dans le celtique du pajrs de Galles Meipen ou Erfinen ' ; dans plusieurs langues slaves *, Repa^ Rippa, ce qui répond au Râpa des Latins et n'est pas éloigné du Neipa des Anglo- Saxons. Le Brassica Napus est en celtique gallois Bresych yr yd; dans le dialecte irlandais, Braisseagk buigh , d'après Threlkeld ^, qui voit dans Braisseagh l'ori- gine du Brassica des Latins. On cite un nom polonais Aar- piele , un nom lithuanien Jellazoji ® , sans parler d'une foule d'autres noms, parfois transposés dans le langage populaire d'une espèce à une autre. Je parlerai plus loin des noms du Brassica oleracea à l'occasion des légumes. \037Les Hébreux n'avaient point de noms pour les choux, raves ou navets ^, mais il existe des noms arabes : Selgam pour le Br. Napus, et Subjum ou Subjumi pour le Br, Rapa^ noms qui se retrouvent en persan et même en bengali, transposés peut- être d'une espèce à l'autre. La culture de ces plantes dans le sud- ouest de l'Asie s'est donc répandue depuis l'antiquité hébraïque. \037En définitive, on parvient par toutes les voies, botanique, his- torique et linguistique, aux conclusions suivantes : \0371** Les Brassica à racines charnues sont originaires de l'Europe tempérée. \0372° Leur culture s'est répandue en Europe avant et dans l'Inde après l'invasion des Aryas. \0373** La forme primitive, à racine grêle, du Brassica Napus, ap- pelée Br, campestris, avait probablement une habitation primi- tive plus étendue, de la péninsule Scandinave vers la Sibérie et le Caucase. Sa culture s'est propagée peut-être en Chine et au Japon par la Sibérie, à une époque qui ne paraît pas beaucoup plus reculée que la civilisation gréco-romaine. \037berg, Flora japonica ; Franchet et Savatier, Enumeratio plant. japonU carum. \0371. Piddington, Index. \0372. Kœmpfer, Amœn., p. 822. \0373. Davies, Welsh botanology^ p. 65. \0374. Moritzi, Dict. ms. tiré des uores publiées. \0375. Threlkeld, Synopsis stirpium hibefmicarum, 1 vol. iii-8, 1727. \0376. Moritzi, Dict, ms. \0377. RosenmûUer, Biblische Naturgeschichte, vol. I, n'en indique aucun. \037\035\013

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CHERVIS 31 \0374° La culture des diverses formes ou espèces de Brassica s'est propagée dans le sud-ouest de TAsie depuis les anciens Hébreux. \037Ghervis. — Sium Sisarum, Linné. \037Cette Ombellifère vivace, pourvue de plusieurs racines diver- gentes en forme de carotte, est considérée comme venant de • l'Asie orientale. Linné indiquait avec doute la Chine, et Lou- reiro * la Chine et la Cochmchine, où, disait-il, on la cultive. D'autres ont mentionné le Japon et la Corée, mais il y a dans ces pays des espèces qu'il est aisé de confondre avec celle-ci, en particuUer le Sium Ninsi et le Panax Ginseng, M. Maximowicz ', qui a vu ces plantes au Japon et en Chine, et pour lequel les herbiers de Saint-Pétersbourg ont été très instructifs, ne recon- naît comme patrie du Sium Sisarum spontané que la Sibérie al- taïque et la Perse septentrionale. Je doute beaucoup qu'on la découvre en Chine ou dans l'Himalaya, attendu que les ouvrages modernes sur la région du fleuve Amour et sur l'Inde anglaise ne la mentionnent pas. \037Il est douteux que les anciens Grecs et Romains aient connu cette plante. On lui attribue le nom Sisaron de Dioscoride, Siser de Columelle et de Pline '. Certainement le nom italien actuel Si- saro, 5wero est à l'appui de cette idée; mais comment les auteurs n'auraient-ils pas noté que plusieurs racines descendent du bas de la tige , tandis que dans toutes les autres Ombellifères culti- vées en Europe il n'y a qu'une racine pivotante? A la rigueur, le Siser de Columelle, plante cultivée, était peut-être le Cher- vis; mais ce que dit Pline du Siser * ne lui convient pas. Selon lui, « c'était une plante officinale » Ciniev medica dicendum). Il raconte que Tibère en faisait venir a 'Allemagne, chaque année, une grande quantité, ce qui prouve, ajoute-t-il, qu'elle aime les pays froids. \037Si les Grecs avaient reçu la plante directement de la Perse, il est probable que Théophraste l'aurait connue. Elle est peut-être venue de Sibérie en Russie et de là en Allemagne. Dans ce cas, l'anecdote sur Tibère s'appliquerait bien au Chervis. Je ne vois pas, il est vrai, de nom russe ; mais les Allemands ont des noms originaux Krizel^ ou Grizel^ Gôrlein ou Gierlein qui indiquent une ancienne culture, plus que/ le nom ordinaire Zuckerwurzel, qui signifie racine sucrée ^. Le nom danois a le même sens : ^okerot, d'où les Anglais ont fait Skirret, Le nom Sisaron n'est pas connu dans la Grèce moderne; il ne l'était même pas au \0371. Linné, Species^ p. 361 ; Loureiro, FL cochinch.., p. 225. \0372. Maximowicz, uiagnoses plantarum Japoniae et Mandshurise, dans Mélanges biologiques du Bulletin à^VAcad. St-Fétersbourg^ décad. 13, p. 18. \0373. Dioscorides, Mat. med., 1. 2, c. 139 ; Golumella, 1. 11, c. 3, 18, 35 ; Lenz, Bot. der Alten, p. 560. \0374. Pline, Hist. plant., 1. 19, c. 5. \0375. Nemnich, Polygl. Lexicon, II, p. 1313. \037\035\013

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32 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037moyen âge, et la plante n'est pas cultivée actuellement dans ce pays *. Ce sont des motifs pour douter du vrai sens des mots Sisaron et Siser, Quelques botanistes du xvi« siècle ont pensé que Sisaron était peut-être le Panais, et Sprengel * appuie cette idée. \037Les noms français Chervis et Girole ^ apprendraient peut-être quelque chose si Ton en connaissait l'origine . Littré fait dériver Chervis de l'espagnol Chirivia^ mais il est plus probable que celui-ci dérive du français. Jean Bauhin ^ indique, dans la basse latinité, Servillum , Chervillum ou Servillam , mots qui ne sont pas dans le Dictionnaire de Ducange. Ce serait bien 1 origine de Che7*vis^ mais d'où venait Servillum soit Chervillum? \037Arracacha ou Arracacia. — Arracacha esculenta^ de Can- dolle. \037Ombellifère généralement cultivée dans le Venezuela, la Nou- velle-Grenade et l'Equateur comme plante nutritive. Dans les régions tempérées de ces pays, elle soutient la comparaison avec la pomme de terre et donne même, assure-t-on, une fécule plus légère et plus agréable. La partie inférieure de la tige est renflée en une bulbe sur laquelle se forment, quand la plante végète bien et pendant plusieurs mois, des tubercules ou caïeux latéraux plus estimés que la bulbe centrale et qui servent aux planta- tions ultérieures ^. \037L'espèce est probablement indigène dans la région où on la cultive, mais je ne vois pas chez les auteurs des assertions posi- tives à cet égard. Les descriptions qui existent ont été faites sur des pieds cultivés. Grisebach dit bien qu'il a vu (je présume dans l'herbier de Kew) des échantillons recueillis à la Nouvelle-Gre- nade, au Pérou et à la Trinité ^; mais il ne s'explique pas sur la spontanéité. Les autres espèces du genre, au nombre d'une douzaine, croissent dans les mêmes parties de l'Amérique, ce qui rend l'origine indiquée plus vraisemblable. \037L'introduction de l'Arracacha en Europe a été tentée plusieurs fois, sans avoir jamais réussi. Le climat numide de l'Angleterre devait faire échouer les essais de sir W. Hooker; mais les nôtres, faits à deux reprises, dans des conditions très différentes, n'ont pas eu plus de succès. Les caïeux latéraux ne se sont pas formés, et la bulbe centrale a péri dans la serre où nous l'avions dépo- \0371. Lenz, /. c. Heldreich, Nuizpflanzen Griechenlands ; Langkavel, fio- tanik der spàteren Griechen. \0372. Sprengel, Dioscoridis, etc., II, p. 462. \0373. Olivier de Serres, Théâtre de l'agriculture ^ p. 471. \0374. Bauhin, Hist. plant., III, p. 154. \0375. Les meilleures informations sur la culture ont été données par Ban- croft à sir William Hooker et se trouvent dans le Botanical Magazine, pi. 3092. A.-P. de CandoUe a publié, dans la 5<^ Notice sur les plantes rares du Jardin bot. de Genève, une figure qui montre la bulbe pnncipale. \0376. Grisebach, Flora of british W. India islands. \037\035\013

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GARANCE 33 \037sée pendant l'hiver. Les bulbes que nous avions communiquées à divers jardins botaniques, en Italie, en France et ailleurs, ont eu le même sort. Evidemment, si la plante, en Amérique, vaut réellement la pomme de terre comme produit et comme goût, ce ne sera jamais le cas en Europe. Sa culture ne s'est pas ré- pandue au loin en Amérique, jusqu'au Chili et au Mexique, comme celle de la pomme de terre ou de la Batate, ce qui con- firme les difficultés de propagation observées ailleurs. \037• \037Garance. — Rubia tmctorum, Linné. \037La garance est certainement spontanée en Italie, en Grèce, en Crimée, dans FAsie Mineure, en Syrie, en Perse, en Arménie et près de Lenkoran *. En avançant de l'est à l'ouest dans le midi de l'Europe, la qualité de plante spontanée, originaire, est de plus en plus douteuse. Déjà en France on hésite. Dans le nord et Test, la plante paraît c naturalisée dans les haies, sur les murailles ', » ou « subspontanée » à la suite d'anciennes cultures ^. En Provence, en Languedoc, elle est plus spontanée ou, comme on dit « sauvage », mais il se peut bien qu'elle se soit répandue à la suite des cultures, faites assez en grand. Dans la péninsule espagnole, elle est indiquée comme « subspon- tanée * ». De même dans l'Afrique septentrionale *. Eviaem- ment l'habitation naturelle, ancienne et incontestable est l'Asie tempérée occidentale et le sud-est de l'Europe. Il ne parait pas qu'on ait trouvé la plante au delà de la mer Caspienne, dans le pays occupé jadis par les Indo-Européens, mais cette région est encore peu connue. L'espèce n'existe dans l'Inde qu'à l'état de plante cultivée, sans aucun nom sanscrit *. \037On ne connaît pas davantage un nom hébreu, tandis que les Grecs, les Romains, les Slaves, les Germains, les Celtes avaient des noms variés qu'un érudit ramènerait peut-être à une ou deux racines, mais qui indiquent cependant par leurs flexions multiples une date ancienne. Probablement on a recueilli les racines sauvages, dans la campagne, avant d'avoir l'idée de cultiver l'espèce. Pline dit bien qu'on la cultivait en Italie de son temps "', et il est possible qu'en Grèce et dans l'Asie Mineure cet usage fût plus ancien. \037La culture de la garance est souvent mentionnée dans les actes français du moyen âge ®. Ensuite on l'avait négligée ou \0371. Bertoloni, Flora italica, II, p. 146; Decaisne, Recherches sur la Garance, p. 58; Boissier, Flora orientalisj III, p. 17 ; Ledebour, Flora rossica, II, p. 405. \0372. Ck)9Son et Germain, Flore des environs de Paris, II, p. 365. \0373. Kirschleger, Flore ifÀlsace, I, p. 359. \0374. Willkomm et Lange, Prodromus flora hispanica^ II, p. 307. \0375. Bail, Spicilegium Florse maroccanœ, p. 483 ; Munby, Catal. plant, Alaer., éd. 2, p. 17. \0376. Piddington, Index. \0377. Plinius, lib. 19, cap. 3. \037S. De Gasparin, Traité d'agriculture, IV, p. 253. \037De Cândolle. 3 \037\035\013

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34 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037abandonnée, jusqu'à l'époque où Althen l'introduisit de nouveau dans le comté d Avignon, au milieu du xviiie siècle. Elle était jadis florissante en Alsace, en Allemagne, en Hollande et sur- tout dans la Grèce, l'Asie Mineure et la Syrie, d'où l'exportation était considérable, mais la découverte de matières tinctoriales tirées de substances inorganiques a supprimé cette culture, au détriment des provinces qui en obtenaient de grands bénéfices. \037Topinambour. — Helianthus tuberosus, Linné. \037C'est dans l'année 1616 que les botanistes européens ont parlé pour la première fois de cette Composée à grosse racine, meilleure pour la nourriture des animaux que pour celle de l'homme. Golumna * l'avait vue dans le jardin du cardinal Farnèse et l'avait nommée Aster peruanus tuberosus. D'autres auteurs du même siècle ont donné des épithètes qui montrent qu'on la \037\035\013\013cependant \037cune preuve. J'ai fait remarquer autrefois * qu'il n'y a pas d'espèces du genre Helianthus au Brésil, et qu'elles sont au contraire nombreuses dans l'Amérique du Nord. \037Schlechtendal *, après avoir constaté que le Topinambour sup- porte des hivers rigoureux dans le centre de l'Europe, fait ob- server que c'est favorable à l'idée d'une origine canadieane et contraire à celle d'une provenance de quelque région méridio- nale. Decaisne ^a pu élaguer dans la synonymie deVH, tuberosus plusieurs citations qui avaient fait croire à une origine de l'Ame- rique méridionale ou du Mexique. Gomme les botanistes améri- cains, il rappelle ce que d'anciens voyageurs avaient dit sur cer- taines coutumes des indigènes du nord des Etats-Unis et du Canada. Ainsi Champlain, en 1603, avait vu « entre leurs mains des racines qu'ils cultivent, lesquelles ont le goût d'artichaut. » Lescarbot® parle de ces racines, ayant goût de cardon, qui mul- tiplient beaucoup, et qu'il avait rapportées en France, où l'on commençait à les vendre sous le nom de Toplnambaux, Le& sauvages^ dit-il, les appellent Chiquebi, Decaisne cite encore deux horticulteurs français du xvip siècle. Colin et Sagard, qui parlent évidemment du Topinambour et disent qu'il venait du Canada. Notons qu'à cette époque le nom de Canada avait un> sens vague et comprenait quelques parties des Etats-Unis actuels. \0371. Columna, Ecphraûs^ II, p. !1. \0372. Linné, Hortus cliffortiantis, p. 420. \0373. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 824. \0374. Schlechtendal, Bot, Zeit., 1858, p. il3. \0375. Decaisne, Recherches sur l'origine de quelques-unes de nos plantes ali- mentaires, dans la Flore des serres et Jardins, vol. 23, 1881. \0376. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle-France, éd. 3, 1618, l. VI, p. 931. \037\035\013

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SALSIFIS. SCORSONÈRE 35 \037Gookin, auteur américain sur les coutumes des indigènes, dit que ceux-ci mettaient des morceaux de Topinambour (Jérusalem artichoke) dans leurs potages *. \037Les analogies botaniques et les témoignages de contemporains s'accordent, comme on voit, dans le sens de l'origine du nord- est de l'Amérique. Le D^ Asa Gray, voyant qu'on ne trouvait pas la plante sauvage, l'avait supposée une forme de VH, doro- nicoides de Lamarck, mais on dit maintenant qu'elle est spon- tanée dans l'état d'Indiana*. \037Le nom Topinambour paraît venir de quelque nom réel ou supposé des langues américaines. Celui des Anglais, Jérusalem artichoke^ est une corruption de l'italien Girasole (Tournesol), combinée avec une allusion au goût d'artichaut de la racine. \037Salsifis. — Tragopogon porrifolium^ Linné. \037Le salsifis ou, comme on écrivait jadis, Sercifi ', était plus cultivé il y a un siècle ou deux qu'à présent. C'est une Com- posée bisannuelle, qu'on trouve à l'état sauvage en Grèce, en Dalmatie, en Italie et même en Algérie *. Elle s'échappe assez souvent des jardins dans l'ouest de l'Europe et se naturalise à moitié ^ • \037Les commentateurs ® attribuent le nom Tragopogon (barbe de bouc) de Tbéophraste tantôt à l'espèce actuelle et tantôt au Tragopogon crocifolium, qui croît également en Grèce. Il est difficile de savoir si les anciens cultivaient le Salsifis ou le re- cueillaient dans la campagne. Dans le xvi* siècle, Olivier de Serres dit que c'était une culture nouvelle pour son pays, le midi de la France. Notre mot Salsifis vient de l'italien Sassefricay qui frotte les pierres, sens qui n'a rien de raisonnable. \037Scorsonère d'Espagne. — Scorzonera hispanica^ Linné. \037On donne quelquefois à cette plante le nom de Salsifis ou Salsifis d'Espagne, parce qu'elle ressemble au salsifis {Trago- pogon porrifolium) ; mais sa racine est brune extérieurement : d'où viennent le nom botanique et celui ^\corce noire, usité dans quelques provinces. \037Elle est spontanée en Europe, depuis l'Espagne, où elle est commune, le midi de la France et l'Allemagne, jusqu'à la ré- gion du Caucase et peut-être jusqu'en Sibérie, mais elle manque \037\035\0131. Pickering, Chronol. arrang., p. 749, 972. \0372. Catalogue of Indiana plants, 1881, p. 15. \0373. Olivier de Serres, Théâtre de Vagriculture, p. 470. \0374. Boissier, Flora orient,, III, p. 745; Visiani, FI, dalmat., II, p. 108; Berto- loni, FI. ital., VIII, p. 348 ; Gussone, Synopsis fl. siculâP, II, p. 384; Muixby, Catal. Alger., éd. 2, p. 22. \0375. A. de CandoUe, Géogr. bot. vaisonnée, p. 671. \0376. Fraas, Synopsis fl, class., p. 196; Lenz, Botanik dei' Âlten, p. 485. \037\035\013i \037\035\013

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36 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037à la Sicile et la Grèce *. Dans plusieurs localités d'Allemagne, Tespèce est probablement naturalisée à la suite des cultures. \037Il ne parait pas qu'on cultive cette plante depuis plus de cent ou cent cinquante ans. Les botanistes du xvi® siècle n'en par- lent que comme d'une espèce sauvage, introduite quelquefois dans les jardins botaniques. Olivier de Serres ne la mentionne pas. \037On avait prétendu jadis que c'était un antidote contre la morsure des vipères, et on appelait quelquefois la plante vipé- rine. Quant à 1 étymologie du nom Scorzonère, elle est si évi- dente qu'on ne comprend pas pourquoi d'anciens auteurs, même Tournefort ^j ont avancé que l'ongine est escorso, vipère, en espagnol ou en catalan. Vipère se dit plutôt, en espagnol, vibora . \037Il existe en Sicile un Scorzonera deliclosa, Crussone, dont la racine extrêmement sucrée sert à confectionner des bonbons et des sorbets à Païenne ^. Gomment n'a-t-on pas essayé de la cul- tiver ? Je conviens qu'on m'a servi, à Naples, des glaces à la Scorzonera, que j'ai trouvées détestables, mais elles étaient faites peut-être avec l'espèce ordinaire (Scorzonera hispanica). \037Pomme de terre. — Solanum tuberosum, Linné. \037J'ai exposé, en 1855, et discuté ce qu'on savait alors sur l'ori- gine de la Pomme de terre et sur son introduction en Europe *. J'ajouterai maintenant ce qu'on a découvert depuis un quart de siècle. On verra que les données acquises autrefois sont deve- nues plus certaines et que plusieurs questiçns accessoires un peu douteuses sont restées telles, avec des probabilités cependant plus fortes en faveur de ce qui me paraissait jadis vraisemblable. \03711 est bien prouvé qu'à 1 époque de la découverte de l'Amé- rique la culture de la Pomme de terre était pratiquée, avec toutes les apparences d'un ancien usage, dans les régions tem- pérées qui s'étendent du Ghili à la Nouvelle-Grenade, à des hau- teurs dmérentes selon les degrés de latitude. Gela résulte du témoignage de tous les premiers voyageurs, parmi lesquels je rappellerai Acosta ^ pour le Pérou, et Pierre Gieca, cité par de L'Ecluse ®, pour Quito. \037Dans les parties tempérées orientales de l'Amérique méridio- nale, par exemple sur les hauteurs de la Guyane et du Brésil, la Pomme de terre n'était pas connue des indigènes, ou, s'ils \0371. Willkomm et Lange, Prodromus florx hispanicx, II, p. 223 ; de Can- dolle, Flore française^ iV, p. 59 ; Koch, Synopsis fi, germ,, éd. 2 p , 488 ; Ledebour, Flora rossica, II, p. 794; Boissier, FI, orient,^ III, p. 767; Bertoloni, Flora italica, VIII, p. 365. \0372. Tournefort, Eléments de botanique, p. 379. \0373. GussoNB, Synopsis florm siculse. \0374. A. de Candolle, Géogr, bot, raisonnée, p. 810 à 816. \0375. Acosta, p. 163, verso. \0376. De L'Ecluse (soit Clusius), Rariarum plantarum historia, i60i, pars 2, p. 79, avec figure. \037\035\013

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POMME DE TERRE 37 \037connaissaient une plante analogue, c'était le Solarium Com^ mersonii, qui a aussi des tubercules et se trouve sauvage à Mon- tevideo et dans le Brésil méridional. La vraie Pomme de terre est bien cultivée aujourd'hui dans ce dernier pays, mais elle y est si peu ancienne qu'on lui a donné le nom de Batate des Anglais ^ D'après de Humboldt, elle était inconnue au Mexique ', circonstance confirmée par le silence des auteurs subsécraents, mais contredite, jusqu'à un certain point, par une autre donnée historique. \037On dit, en eiffet, que Walter Raleigh, ou plutôt son compa- gnon dans plusieurs voyages, Thomas Herriott, avait rapporté, en 1585 ou 1586, des tubercules de Pomme de terre de la Vir- ginie 3 en Irlande. Le nom du pays était Openawk (prononcez Openauk), D'après la description de la plante par Herriott, citée par sir Joseph Banks ^, il n'y a pas de doute que c'était la pomme de terre et non la Batate, qu on confondait quelquefois avec elle à cette époque. D'ailleurs Gérard ^ nous dit avoir reçu de Virginie la Pomme de terre, qu'il cultivait dans son jardin en 1597 et dont il donne une figure parfaitement conforme au Solarium tuberosum. Il en était si fier que son portrait, à la tête de l'ouvrage, le représente ayant en main un rameau fleuri de cette plante. \037Gomment l'espèce était-elle en Virginie ou dans la Garoline au temps de Raleigh, en 1585, tandis que les anciens Mexicains ne la possédaient pas et que la culture ne s'en était point répandue chez les indigènes au nord du Mexique? Le D' Boulin, qui a beaucoup étudié les ouvrages concernant l'Amérique septen- trionale, m'affirmait jadis qu'il n'avait trouvé aucune indica- tion de la Pomme de terre aux Etats-Unis avant l'arrivée des Européens. Le D"" Asa Gray me le disait aussi, en ajoutant que M. Harris, un des hommes les plus versés dans la connaissance de la langue et des usages des tribus du nord de l'Amérique, avait la même opinion. Je n'ai rien lu de contraire dans les pu- blications récentes, et il ne faut pas oublier qu'une plante aussi facile à cultiver se serait répandue, même chez des peuples nomades, s'ils l'avaient possédée. La probabilité me paraît être que des habitants de la Virginie — peut-être des colons anglais — auraient reçu des tubercules par les voyageurs espagnols ou autres, qui trafiauaient ou cherchaient des aventures pendant les quatre-vingt-aix ans écoulés depuis la découverte de l'Amé- rique. Evidemment, à dater de la conquête du Pérou et du Chili, en 1535, jusqu'en 1585, beaucoup de vaisseaux ont pu emporter \0371. De Martius, Flora brasiLf vol. 10, p. 12. \0372. De Humboldt, Nouvelle-Espagne, éd. 2, vol. 2, p. 451 ; Essai sur la géographie des plantes, p. 29. \0373. Â cette époque, on ne distinguait pas la Virginie de la Garoline. \0374. Banks. Transactions of the horticult. Society, 1805, vol. 1, p. 8. \0375. Gérard, Herbal, 1597, p. 781, avec figure. \037\035\013

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38 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037des tubercules de Pommes de terre comme provision, et W. Ra- leigh, faisant une guerre de flibustier aux Espagnols, lui ou un autre peut avoir pillé quelque vaisseau qui en contenait. Ceci est d'autant moins invraisemblable que les Espagnols avaient introduit la plante en Europe avant 1585. \037Sir Joseph Banks * et Dunal * ont eu raison d'insister sur ce fait de l'introduction première par les Espagnols, attendu que pendant longtemps on a parlé surtout de Walter Raleigh, qui a été le second introducteur, et même d'autres Anglais, qui avaient apporté, non la Pomme de terre, mais la Batate, plus ou moins confondue avec elle ^. Un botaniste célèbre, de L'Ecluse *, avait pourtant précisé les faits d'une manière remarquable. C'est lui qui a publié la première bonne description et bonne figure de la Pomme de terre, sous le nom significatif de Papas Perua- norum. D'après ce qu'il dit, l'espèce a bien peu changé par l'effet d'une culture de près de trois siècles, car elle donnait à l'origine jusqu'à 50 tubercules de grosseur inégale, ayant de un à deux pouces de longueur, irrégulièrement ovoïdes, rougeâtres, qui mûrissaient en novembre (à Vienne) . La fleur était plus ou moins rose à l'extérieur et rosée à l'intérieur, avec cinq raies longitudinales de couleur verte, ce qu'on voit souvent aujour- d'hui. On a obtenu sans doute de nombreuses variétés, mais l'état ancien n'est pas perdu. De L'Ecluse compare le parfum des fleurs à celui du tilleul, seule différence d'avec nos plantes actuelles. Il sema des graines qui donnèrent une variété à fleurs blanches, comme nous en voyons quelquefois. \037Les plantes décrites par de L'Ecluse lui avaient été envoyées en 1588 par Philippe de Sivry, seigneur de Waldheim, gouver- neur de Mons, qui les tenait de quelqu'un de la suite du légat du pape en Belgique. De L'Ecluse ajoute que l'espèce avait été reçue en Italie d'Espagne ou d'Amérique (certum est vel ex His- paniis, vel ex America habuisse), et il s'étonne qu'étant de- venue commune en Italie, au point qu'on la mangeait comme des raves et qu'on en donnait aux porcs, les savants de l'école de Padoue en avaient eu connaissance par les tubercules qu'il leur envoya d'Allemagne. Targioni ^ n'a pas pu constater que la Pomme de terre eût été cultivée aussi fréquemment en Italie à la fin du xvi« siècle que le dit de L'Ecluse, mais il cite le Père Magazzini, de Valombrosa, dont l'ouvrage posthume, publié \0371. Banks, /. c. \0372. Dunal, Histoire naturelle des Solanurrij in-4. \0373. La plante apportée par sir Francis Drake et sir John Hawkins était clairement la Batate, dit sir J. Banks j d'où il résulte que les questions discutées par de Humboldt sur les localités visitées par ces voyageurs ne s'appliquent pas à la Pomme de terre. \0374. De L'Ecluse, /. c. \0375. Targioni-Tozzetti, Lezzioniy II, p. 10 ; Cenni storici sulla introduzione di varie fiante nell* agricoltura di Toscana, i vol. in-8, Florence, i853, p. 37. \037\035\013

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POMME DE TERRE 39 \037en 1623, mentionne l'espèce comme apportée précédemment, sans indication de date, d'Espagne ou de Portugal, par des carmes déchaussés. Ce serait donc vers la fin du xvi« siècle ou au commencement du xvii» que la culture se serait répandue en Toscane. Indépendamment de ce que disent de L'Ecluse et l'agro- nome de Valombrosa sur l'introduction par la péninsule espa- gnole, il n'est nullement probable que les Italiens aient eu des rapports avec les compagnons de Raleigh. \037Personne ne peut douter que la Pomme de terre ne soit origi- naire d'Amérique ; mais, pour connaître de quelle partie précisé- ment de ce vaste continent, il est nécessaire de savoir si la plante s'y trouve à l'état spontané et dans quelles localités. \037Pour répondre nettement à cette question, il faut d'abord écarter deux causes d'erreurs : l'une qu'on a confondue avec la Pomme de terre des espèces voisines du genre Solanum ; l'autre que les voyageurs ont pu se tromper sur la qualité de plante spontanée. \037Les espèces voisines sont le Solanum Commersonit de Dunal, dont j'ai déjà parlé; le S, Maglia de Molina, espèce' du Chili; le S, immite de Dunal, qui est du Pérou; et le S, verrucosum de Schlechtendal, qui croît au Mexique. Ces trois sortes de Solanum •ont des tubercules plus petits que le S, tuberosum et diffèrent aussi par d'autres caractères indiqués dans les ouvrages spéciaux de botanique. Théoriquement, on peut croire que toutes ces formes et d'autres encore croissant en Amérique, dérivent d'un seul état antérieur; mais, à notre époque géologique, elles se présentent avec des diversités qui me paraissent justifier des distinctions spécifiques, et il n'a pas été fait d'expériences pour prouver qu'en fécondant l'une par l'autre on obtiendrait des produits dont les graines (et non les tubercules) continueraient la race *. Laissons de côté ces questions plus ou moins douteuses sur les espèces. Cherchons si la forme ordinaire du Solanum tuberosum a été trouvée sauvage, et notons seulement que l'abondance des Solanum à tubercules croissant en Amérique dans les régions tempérées, du Chili ou de Buenos-Ayres jusqu au Mexique, confirme le fait de l'origine américaine. On ne saurait rien ae plus que ce serait une forte présomption sur la patrie primitive. \037La seconde cause d'erreur est expliquée très nettement par le (botaniste Weddell *, qui a parcouru avec tant de zèle la Bolivie et les contrées voisines. « Quand on réfléchit, dit-il, que dans l'aride cordillière les Indiens établissent souvent leurs petites \0371. Le Solanum verrucosum^ dont j'ai raconté, en 1855, l'introduction dans le pays de Gex, près de Genève, a été abandonné, parce que ses tuber- cules sont trop petits et qu'il ne résistait pas à l'oïdium, comme on s'en -était flatté. \037.2. Chloris Andina, in-4, p. 103. \037\035\013

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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037cultures sur des points qui paraîtraient presque inaccessibles à la grande majorité de nos fermiers d'Europe, on comprend qu'un voyageur visitant par hasard une de ces cultures depuis longtemps- abandonnées, et y rencontrant un pied de Solanum tuberosum qui y a accidentellement persisté, le recueille, dans la persuasion qu'il y est réellement spontané; mais où en est la preuve? » \037Voyons maintenant les faits. Ils sont nombreux pour ce qui concerne la spontanéité au Chili. \037En 1822, Alexandre Galdcleugh ^ consul anglais, remet à la Société d'horticulture de Londres des tubercules de Pommes de terre qu'il avait recueillis « dans des ravins autour de Valpa- raiso ». Il dit que ces tubercules sont petits, tantôt rouges et tantôt jaunâtres, d'un goût un peu amer *. « Je crois, ajoute-t-il^ que cette plante existe sur une grande étendue du littoral, car elle se trouve dans le Chili méridional, où les indigènes l'apellenl Maglia. » 11 y a probablement ici une confusion avec le S. maglia des botanistes; mais les tubercules de Yalparaiso, plantés à Londres, ont donné la vraie Pomme de terre, ce qui saute aux yeux en voyant la planche coloriée de Sabine dans les Transactions^ de la Société d'horticulture. On continua quelque temps à cul- tiver cette plante, et Lindley certifia de nouveau, en 1847, son identité avec la Pomme de terre commune '. Voici ce qu'un voyageur expliquait à sir William Hooker * sur la plante de VaJparaiso : « J ai noté la Pomme de terre sur le littoral jus- qu'à 15 lieues au nord de cette ville, et au midi, mais sans savoir jusqu'à quelle distance. Elle habite sur les falaises et les- collines près de la mer, et je n'ai pas souvenir de l'avoir vue à plus de deux ou trois lieues de la côte. Bien qu'on la trouve dans les endroits montueux, loin des cultures, elle n'existe pas dans le voisinage immédiat des champs et des jardins où on la plante, excepté lorsqu'un ruisseau traverse ces terrains et porte des tubercules dans les endroits non cultivés. » Les Pommes de terre décrites par ces deux voyageurs avaient des fleurs blan- ches, comme cela se voit dans quelcjues variétés cultivées e» Europe, et comme la plante semée jadis par de L'Ecluse. On peut présumer que c'est la couleur primitive pour l'espèce ou,, au moins, une des plus fréquentes à l'état spontané. \037Darwin, dans son voyage à bord du Beagle, trouva la Pomme de terre sauvage dans l'archipel Chonos, du Chili méri- dional, sur les sables du bord de la mer, en grande abondance,. \037i. Sabine, Transactions of the horticultural Society, vol. 5, p. 249. \0372. n ne faut pas attacher de Timportance à cette saveur, ni à la qua\ité> aqueuse de certains tubercules, attendu que dans les pays chauds, même dans le midi de TEurope, la Pomme de terre est souvent médiocre. Une exposition à la lumière verdit les tubercules, qui sont des rameaux souter^ rams de la tige, et les rend amers. \0373. Journal of the hortic, Society, vol. 3, p. 66. \0374. Hooker, Botanical miscelLy 1831, vol. 2, p. 203. \037\035\013

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POMME DE TERRE , 41 \037et végétant avec une vigueur singulière, qu'on peut attribuer à rhumidité du climat. Les plus grands individus avaient quatre pieds de hauteur. Les tubercules étaient petits, quoique l'un d'eux eût deux pouces de diamètre. Ils étaient aqueux, insipides, mais sans mauvais goût après la cuisson. <( La plante est mdu- bitablement spontanée », dit l'auteur \ et l'identité spécifique a été confirmée par Henslow d'abord et ensuite par sir Joseph Hooker, dans son Flora antarctica '. \037Un échantillon de notre herbier recueilli par Claude Gay, attribué au Solanum tubérosum par Dunal, porte sur l'étiquette : « Au centre des cordillières de Talcagoué et de Gauquenès, dans les endroits que visitent seulement les botanistes et les géologues. » Le même auteur, Gl. Gay, dans son Flora chilena ', insiste sur la fréquence de la Pomme de terre sauvage au Ghili, jusc^ue chez les Araucaniens, dans les montagnes de Malvarco, où, dit-il, les soldats de Pincheira allaient les chercher pour se nourrir. Ges témoignages constatent assez l'indigénat au Ghili pour que j'en omette d'autres moins probants, par exemple ceux de Molina et de Meyen, dont les échantillons du Ghili n'ont pas été examinés. \037Le climat des côtes du Ghili se prolonge sur les hauteurs en suivant la chaîne des Andes, et la culture de la Pomme de terre est ancienne dans les régions tempérées du Pérou, mais la qualité spontanée de l'espèce y est beaucoup moins démontrée qu'au GhiJi. Pavon * prétendait l'avoir trouvée sur la côte, à Ghancay et {H*ès de Lima. Ges localités paraissent bien chaudes pour une espèce qui demande un climat tempéré ou même un peu froid. D'ailleurs l'échantillon de l'herbier de M. Boissier recueilli par Pavon, appartient, d'après Dunal, à une autre espèce qu'il a nommée ^ Solanum immite. J'ai vu l'échantillon authentique et n'ai aucun doute que ce ne soit une espèce distincte du S. tube- rosum. Sir W. Hooker ® cite un échantillon, de Mac Lean, des col- lines autour de Lima, sans aucune information sur la sponta- néité. Les échantillons (plus ou moins sauvages?) que Matthews a envoyés du Pérou à sir W. Hooker appartiennent, d'après sir Joseph ', à des variétés un peu diifférentes de la vraie Pomme de terre. M. Hemsley *, qui les a vus récemment dans l'herbier de Kew, les juge « des formes distinctes^ pas plus cependant que certaines variétés de l'espèce. » \037Weddell, dont nous connaissons la prudence dans cette ques- tion, s'exprime ainsi * : a Je n'ai jamais rencontré au Pérou le \0371. Jowmal of the voyage, etc., éd. 1852, p. 285. \0372. Vol. 1, part. 2, p. 329. \0373. Vol. 5, p. 74. \0374. Ruiz et Pavon, Flora peruviana, II, p. 38. \0375. Dunal, Prodromtis, 13, sect. 1, p. 32. \0376. Hooker, Bot, miscell,. Il, \0377. Hooker, Flora antarctica, l. c. \0378. Journal of the royal hortic, Society, new séries, vo'. 5. \0379. Weddell, Chloris Andina, 1. c. \037\035\013

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42 PUNIES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037Solarium tuberosum dans des circonstances telles qu'il ne me restât aucun doute qu'il fût indigène ; je déclare même que je ne crois pas davantage à la spontanéité d'autres individus rencon- trés de loin en loin sur les Andes extra-chiliennes et regardés jusqu'ici comme en étant indigènes. » \037D'un autre côté, M. Ed. André * a recueilli, avec beaucoup de soin, dans deux localités élevées et sauvages de la Colombie et dans une autre près de Lima, sur la montagne des Amancaes, des échantillons qu'il pensait pouvoir SLiiribuer au S, tuberosum. M. André a eu l'obligeance de me les prêter. Je les ai comparés attentivement avec les types des espèces de Dunal dans mon herbier et dans celui de M. Boissier. Aucun de ces Solanum, à mon avis, n'appartient au S, tuberosum^ quoique celui de La Union, près du fleuve Gauca, s'en rapproche plus que les autres. Aucun, et ceci est encore plus certain, ne répond au iS*. immite, de Dunal. Ils sont plus près du S. Colombianum^ du même auteur, que du tuberosum ou de Yimmite. L'échantillon du mont Quindio présente un caractère bien singulier. Il a des baies ovoïdes et pointues *. \037Au Mexique, les Solanum tubéreux attribués au S. tuberosum^ ou, selon M. Hemsley ^, à des formes voisines, ne paraissent pas pouvoir être considérés comme identiques avec la plante culti- vée. Ils se rapportent au S. Fendleri^ que M. Asa Gray ai con- sidéré d'abord comme espèce propre et ensuite * comme une forme du S. tuberosum ou du S, verrucosum. \037Nous pouvons conclure de la manière suivante : \0371° La pomme de terre est spontanée au Chili, sous une forme qui se voit encore dans nos plantes cultivées. \0372° Il est très douteux que l'habitation naturelle s'étende jus- qu'au Pérou et à la Nouvelle-Grenade. \0373® La culture était répandue, avant la découverte de l'Amé- rique, du Chili à Nouvelle-Grenade. \0374° Elle s'était introduite, probablement dans la seconde moitié du xvie siècle, dans la partie des Etats-Unis appelée aujourd'hui Virginie et Caroline du Nord. \0375^ Elle a été importée en Europe, de 1380 à 1585, d'abord par les Espagnols, et ensuite par les Anglais, lors des voyages de Raleigh en Virginie ^, \037Batate ou Patate, Siveet Potatoe (en anglais) — Convoi- volus Batatas, Linné. Batatas edulis, Choisy. \0371. André, dans Illustration horticole, IS"??, p. H4. \0372. La forme des baies n'est pas encore connue dans les S. Colotnbianum et immite. \0373. Hemsley» 1. c. \0374. Asa Gray, Synoptical flora of N. Am., II, p. 227. \0375. Sur rintroduction successive dans différentes parties de TEurope, voir : Clos, Quelques documents sur Vhistoire de la pomme de terre, m-8, 1874, dans Journal d'ag^Hc. pratiq. du midi de la France. \037\035\013

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bàtâTE 43 \037Les racines de cette plante, renflées en tubercules, ressemblent aux Pommes de terre, d'où il est résulté que les navigateurs du XVI® siècle ont appliqué le même nom à ces deux espèces très différentes. La Batate est de la famille des Convolvulacées, la Pomme de terre de celle de Solanées ; les parties charnues de la première sont des racines, celles de la seconde des rameaux souterrains *. \037La Batate est sucrée, en même temps que farineuse. On la cul- tive dans tous les pays intertropicaux ou voisins des tropiques, plus peut-être dans le nouveau monde que dans Tancien '. \037Son origine est douteuse d'après un grand nombre d'auteurs. De Humboldt ', Meyen *, Boissier ^, indiquent une origine amé- ricaine; Bojer ^, Ghoisy ', etc., une origine asiatique. La même diversité se remarque dans les ouvrages antérieurs. La question est d'autant plus difficile que les Convolvulacées sont au nom- bre des plantes les plus répandues dans le monde, soit depuis des époques très anciennes, soit par l'effet de transports mo- dernes. \037En faveur de l'origine américaine, il y a des motifs puissants. Les 15 espèces connues du genre Batatas se trouvent toutes en Amérique, savoir 11 dans ce continent seul et 4 à la fois en Amé- rique et dans l'ancien monde, avec possibilité ou probabilité de transports. La culture de la Batate commune est très répandue en Amérique. Elle remonte à une époque reculée. Marcgraff * la cite pour le Brésil, sous le nom de Jetica, Humboldt dit que le nom Camote vient d'un mot mexicain. Le mot de Batatas (d'où par transposition erronée on a fait Potatoe, pomme de terre) est donné pour américain. Sloane et Hughes ^ parlent de la Batate comme d'une plante très cultivée, ayant plusieurs variétés aux Antilles. Ils ne paraissent pas soupçonner une origine étrangère. Clusius, qui l'un des premiers a parlé de la Batate, dit en avoir mangé dans le midi de l'Espagne, où l'on prétendait l'avoir reçue du nouveau monde *^. Il indique les noms de Batatas^ Ca- motes, Amotes, Ajes *\ qui étaient étrangers aux langues de \037\035\013I. Turpin a publié de bonnes figures qui montrent clairement ces faits. Voy. Mémoires du Muséum, in-4, vol. 19, pi. 1, 2 et 3. \0372\ Le D' Sagot a donné des détails intéressants sur le mode de culture, le produit, etc., dans le Journal de la Société d*hortic, de France^ vol. 5, ^« série, p. 450-458. \0373. Humboldt, Nouv. -Espagne, éd. 2, vol. 2, p. 470. \0374. Meyen, Grundrisse Pflanz. geogr,, p. 373. \0375. Boissier, Voyage botanique en Espagne. \0376. Bojer, Hort. maurit,, p. 225. \0377. Choisy, dans Prodromus^ 9, p. 338. \0378. Marcgraff, Bres,, p. 16, avec fig. \0379. Sloane, Hist. Jam,, I, p. 150; Hughes, Barb. p. 228. \03710. Clusius, hist.y II, p. 77. \037II. AJes était un nom de l'igname (Humb., Nouv^Esp., 2* édit., voL 2, p. 467, 468). \037\035\013

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44 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037Tancien monde. Son livre date de 1601. Humboldt * dit que, d'après Gomara, Christophe Colomb, lorsqu'il parut pour la première fois devant la reine Isabelle, lui offrit divers produits du nouveau monde, entre autres des Bâtâtes. Aussi, ajoute-t-il, la culture de cette plante était-elle déjà commune en Espagne dès le milieu du xvi® siècle. Oviedo ', qui écrivait en 1526, avait vu la Batate très cultivée par les indigènes de Saint-Domingue, et l'avait introduite lui-même à Avila, en Espagne. Rumphius * dit positivement que, selon Topinion commune, les Batatas ont été apportées par les Espagnols d'Amérique à Manille et aux Molu- ques, d'où les Portugais les ont répanclues dans Tarchipel indien, n cite des noms vulgaires , qui ne sont pas malais et qui indiquent une introduction par tes Castillans. Enfin, il est cer- tain que la Batate était inconnue aux Grecs, aux Romains et aux Arabes ; qu'elle n'était pas cultivée en Egypte, et cela même il y a quatre-vingts ans *, ce qui ne s'expliquerait guère si Ton sup- pose une origine de l'ancien monde. \037D'un autre côté, il y a des arguments pour une origine asiati- que. L'Encyclopédie chinoise d'agriculture parle de la Batate et mentionne diverses variétés ^ ; mais le D*" Bretschneider ® a constaté que l'espèce est décrite pour la première fois dans un livre du ii« ou me siècle de notre ère. D'après Thunberg % la Ba- tate a été apportée au Japon par les Portugais. Enfin la plante cultivée à Taïti, dans les îles voisines et à la Nouvelle-Zélande, sous les noms Ùmara, Guman^a et Gumalla, décrite par Forster * sous le nom de Convolvolus chrysorhizuSy est la Batate, d'après sir Joseph Hooker *. Seemann **^ fait observer que ces noms res- semblent au nom quichuen de la Batate, en Amérique, qui est^ dit-il, Cumar. La culture de la Batate était répandue dans l'Inde au xviii® siècle ". On lui attribue plusieurs noms vulgaires, et même, selon Piddington ", un nom sanscrit, Ruktaloo (prononcez Roktalou)^ qui n'a d'analogie avec aucun nom à moi connu et n'est pas dans le dictionnaire sanscrit de Wilson. D'après une note que m'avait donnée Adolphe Pictet, Ruktaloo semble un> nom bengali composé du sanscrit Alu (Rutka^ plus âlu^ nom de l'Arum campanulatum). Ce nom, dans les dialectes modernes, désigne l'Igname et la Pomme de terre. Cependant Wallich *^ ia- \0371. Humboldt, Nouv.-Esp„ 1. c. \0372. Oviedo, trad. de Ramusio, vol. III, part. III. \0373. Rumphius, Amboin., V, p. 368. \0374. Forskal, p. 54 ; Delile, ni. \0375. D'Hervey Saint-Denys, Rech. sur Vagric, des Chin,^ 1850, p. 109. \0376. Study and value of chinese bot. wortts, p. 13. \0377. Thunberff, FUrra japon.y p. 84. \0378. Forster, Plantée escuLyja. 56. \0379. Hooker, Handb. New Zealand, fiora, p. 194. \03710. Seemann, Journal of bot., 1866, p. 328. \03711. Roxburgh, édit. Wall., II, p. 69. \03712. Piddington, Index. \03713. Wallich, Flora Ind.y l. c. \037\035\013

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BATATE 45 \037• \037dique plusieurs autres noms que Piddington omet. Roxburgh ^ ne cite aucun nom sanscrit. Rheede * dit que la plante était cul- tivée au Malabar. Il cite des noms vulgaires indiens. \037Les motifs sont beaucoup plus forts, ce me semble, en faveur de Toriçine américaine. Si la Batate avait été connue dans rinde àTépoque de la langue sanscrite, elle se serait répandue dans Tancien monde, car sa propagation est aisée et son uti- lité évidente. Il paraît, au contraire, que les îles de la Sonde, TEgypte, etc., sont restées étrangères pendant longtemps à cette culture. \037Peut-être un examen attentif ramènera-t-il à Topinion de G. F. W. Meyer, qui distinguait ' la plante asiatique des espèces américaines. Cependant on n'a pas suivi généralement cet au- teur, et je soupçonne que, s'il y a une espèce asiatique différente, ce n'est pas, comme le croyait Meyer, la Batate décrite par Rum- phius, que celui-ci dit apportée d'Amérique, mais la plante indienne de Roxburgh. \037On cultive des Bâtâtes en Afrique; mais, ou leur culture est rare, ou les espèces sont différentes. Robert Brown * dit que le voyageur Lockhardt n'avait pas vu la Batate, dont les mission- naires portugais mentionnaient la culture. Thonning ^ ne l'in- dique pas. Yogel a rapporté une espèce cultivée sur la côte occidentale, qui est certainement, d'après les auteurs du Flora Nigritiana^ le Batatas paniculata Ghoisy. Ce serait donc une plante cultivée pour ornement ou comme espèce officinale, car la racine en est purgative®. On pourrait croire que, dans certains pays de l'ancien ou du nouveau monde, Ylpomœa tuberosa L. aurait été confondu avec la Batate; mais Sloane ' nous avertit que ses énormes racines. ne sont pas bonnes à manger ^. \037Une Gonvolvulacée à racine comestible qui peut bien être con- fondue avec la Batate, mais dont les caractères botaniques sont pourtant distincts , est Ylpomœa mammosa , Ghoisy {Convoi- vulus mammosîis, Loureiro Batata mammosa^ Rumphius, Amb.^ 1. 9, tab. 131). Gette espèce croit spontanément près d'Amboine (Rumphius), où elle est aussi cultivée. Elle est estimée en Go- chinchine. \037Quant à la Batate {Batatas edulis)^ aucun botaniste, à ma con- \037\035\0131. Roxburgh, éd. 1832, vol. 1, p. 483. \0372. Rheede, MaL^ 7, p. 95. \0373. Meyer, Primitiœ FL Esseq.^ p. 103. \037\035\0132. Rheede, Jlf a/., 7, p. 95. \037r/. Esseq.f p. 4. R. 'Brown, Bot, Congo, p. 55. \037\035\0135. Thonning, PL Guin, \037€. Wallich, dans Roxburgh, FL Ind,, II, p. 63. \0377. Sloane, Jam., I, p. 152, \0378. Plusieurs Convolvulacées ont des racines (plus exactement des souches) volumineuses, mais alors c'est la base de la tige avec une partie de la racine qui est épaissie, et oette souche radicale est toujours purgative (Jalaps, Tiu'bith, etc.), tandis que dans la Batate ce sont les racmes laté- rales, organe différent, qui s'épaississent. \037\035\013

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46 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037naissance, ne dit l'avoir trouvée lui-même sauvage, ni dans rinde, ni en Amérique *. Glusius * affirme, sur ouï-dire, qu'elle croit spontanée dans le nouveau monde et dans les îles voisines. Malgré la probabilité d'une origine américaine, il reste, comme nous venons de le voir, bien des choses inconnues ou incertaines sur la patrie primitive et le transport de cette espèce, qui joue un rôle considérable dans les pays chauds. Quelle que fût son origine, du nouveau ou de Tancien monde, comment expliquer qu'elleeût été transportée d'Amérique en Chine au commencement de notre ère et dans les îles de l'océan Pacifique à une époque ancienne, ou d'Asie et d'Australie en Amérique dans un temps assez reculé pour que la culture s'en soit i^andue jadis des Etats-Unis méridionaux jusqu'au Brésil et au Chili? Il faut sup- poser des communications préhistoriques entre l'Asie et TAmé- rique, ou se livrer à un autre genre d'hypothèses, qui, dans îe cas actuel, n'est pas inappliquable. Les Convolvulacées sont une des rares familles de Dicotylédones dans lesquelles certaines espèces ont une aire, ou extension géographique, très étendue et même divisée entre des continents éloignés ^. Une espèce qui supporte actuellement le climat de la Virginie et du Japon peut avoir existé plus au nord avant l'époque de la grande extension des glaciers dans notre hémisphère, et les hommes préhistoriques l'auraient transportée vers le midi quand les conditions de climat ont changé. Dans ces hypothèses, la culture seule aurait con- servé l'espèce, à moins qu on ne finisse par la découvrir sauvage en quelque point de son ancienne habitation, peut-être, par exemple, au Mexique ou en Colombie. \037Betterave, Bette, Poirée. — Beta vulgaris eiB. maritima, Linné. — Beta vulgaris^ Moquin \037Elle est cultivée tantôt pour ses racines charnues (Betterave) et tantôt pour ses feuilles, employées comme légume (Bette, Poirée), mais les botanistes s'accordent généralement à ne pas distinguer deux espèces. On sait, par d'autres exemples, que des plantes à racines minces dans la nature prennent facilement des racines charnues par un effet du sol ou de la culture. \037La forme appelée ÈettCj à racines maigres, est sauvage dans les terrains sablonneux, surtout du bord de la mer, aux îles Canaries, et dans toute la région de la mer Méditerranée, jusqu'à la mer Caspienne, la Perse et Babylone *, peut-être même dans \0371. Le n" 701 de Schomburgk, coll. 1, est spontané dans la Guyane. Selon M. Choisy, c'est une variété du Batatas edulis; selon M. Bentham (Hook, Joum, bot,, V, p. 352\ c'est le Batatas paniculata. Mon échantillon, \037\035\013assez imparfait, me semble différer des deux. \0372. Clusius, Hist., «-"»"» \0373. A. de CandoUe \0374. Moguin-Tandoi-, , . .„, -, \037Flora oritntalis, 4, p. 898; Ledebour, FI, rossica, î, p. 692 \037\035\0132. Clusius, Hist,, 2, p. 77. \0373. A. de CandoUe, Géog. bot, raisonnée, p. 1041-1043 et p. 516, 518. \0374. Moguin-Tandon, dans Prodromus, vol. 13, part. 2, p. 55 ; Boissiery \037\035\013

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MANIOC 47 \037rinde occidentale, d'après un échantillon rapporté par Jaque- mont, sans que la qualité spontanée en soit certifiée. La flore de rinde de Roxburgh, et celle, plus récente, du Punjab et du Sindh, par Aitchison, ne mentionnent la plante que comme cul- tivée. \037Elle n'a pas de nom sanscrit *, d'où l'on peut inférer que les Aryens ne Pavaient pas apportée de l'Asie tempérée occidentale, où elle existe. Les peuples de leur race émigrés en Europe anté- rieurement ne la cultivaient probablement pas non plus, car je ne vois pas de nom commun aux langues indo-européennes. Les anciens Grecs, qui faisaient usage des feuilles et des racines, ap- pelaient l'espèce Teutlion *, les Romains Beta. M. de Heldreich ' donne aussi comme nom ancien grec Sevkle ou Sfekelie^ qui ressemble au nom arabe Selg, chez les Nabathéens Silq *. Le nom arabe a passé en portugais, Selga, On ne connaît point de nom hébreu. Tout indique une culture ne datant pas de plus de quatre à six siècles avant l'ère chrétienne. \037Les anciens connaissaient déjà les racines rouges et blanches, mais le nombre des variétés a beaucoup augmenté dans les temps modernes, surtout depuis qu'on a cultivé la Betterave en grand, pour la nourriture des bestiaux et la production du sucre. C'est une des plantes les plus faciles à améliorer par sélection, comme les expériences de Vilmorin l'ont prouvé ^. \037Manioc. — Manihot utilissima, Pohl. — Jatropha Manihoty Linné . \037Le Manioc est un arbuste ou arbrisseau de la famille des Euphorbiacées, dont plusieurs racines se renflent dès la pre- mière année, prennent une forme ellipsoïde irrégulière et ren- ferment de la fécule (Tapioca), avec un suc plus ou moins véné- neux. \037La culture en est commune dans les régions équatoriales ou tropicales, surtout en Amérique, du Brésil aux Antilles. En Afrique, elle est moins générale et parait moins ancienne. Dans certaines colonies asiatiques, elle est décidément d'introduction moderne. On la pratique au moyen de boutures des tiges. \037Les botanistes se sont divisés sur la convenance de regarder les innombrables formes de Maniocs comme appartenant à une^ à deux ou même plusieurs espèces difl'érentes. Pohl ® en admet- tait plusieurs à côté de son Manihot utilissima^ et le D J. MûUer ', \0371. Roxburgh, Flora indica, 2, ç. 59 ; Piddington, Index. \0372. Théophraste et Dioscoride cités par Lenz, Botanik der Griechen und Rômer, p. 446 ; Eraas, Synopsis fl. class.y p. 233. \0373. Heldreich, Die Nuizpflanzen GriecfienlandSy p. 22. \0374. Âlawwàm, Agriculture nabathéenne (premiers siècles de l'ère chrét. ?), diaprés E. Meyer, Geschichte der Botanik^ 3, p. 73. \0375. Notices sur V amélioration des plantes par le serais^ p. 13. \0376. Pohl, Plantarum Brasilise icônes et djèscriptiones, in-folio, vol. 1. \0377. J. Mûller, dans Prodromus, XV, sect. 2, p. 1062, 1064. \037\035\013

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48 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037dans sa monographie des Euphorbiacées, rapporte à une espèce voisine {M. palmata) la forme Aipi^ qui est cultivée au Brésil avec les autres et dont la racine n'est pas vénéneuse. Ce dernier caractère n'est pas aussi tranché qu'on le croirait d'après certains ouvrages et même d'après tes indigènes. Le D' Sagot S qui a comparé une douzaine de variétés de Mcmioc cultivées à Gayenne, dit expressément : c II y a des Maniocs plus vénéneux les uns que les autres; mais je doute qu'aucun soit absolument exempt de principes nuisibles. » \037On peut se rendre compte de ces singulières diifférences de propriétés entre des plantes fort semblables par l'exemple de la Fomme de terre. Le Manihot et le Solanum tuberosum appar- tiennent tous deux à des familles suspectes (Euphorbiacées et Solanacées). Plusieurs de leurs espèces sont vénéneuses dans certains de leurs organes ; mais la fécule, où au'elle se trouve, ne peut pas être nuisible, et il en est de même du tissu cellulaire lavé de tout dépôt, c'est-à-dire réduit à la cellulose. Or dans la préparation de la Cassave (farine de Manioc), on a grand soin de racler l'écorce extérieure de la racine, ensuite de piler ou écraser la partie charnue, de manière à en expulser le suc plus ou moins vénéneux, et finalement on soumet la pâte à une cuis- son qui chasse des parties volatiles '. Le tapioca est de la fécule pure, sans mélange des tissus qui existent encore dans la cas- save. Dans la pomme de terre, la pellicule extérieure prend des qualités nuisibles ^uand on la laisse verdir en l'exposant à la lu- mière, et il est bien connu que des tubercules mal mûrs ou viciés, contenant une trop faible proportion de fécule avec beau- coup de sucs, sont mauvais à manger et feraient positivement du mal aux personnes qui en consommeraient une certaine quan- tité. Toutes les Pommes de terre, comme probablement tous les Maniocs, renferment quelque chose de nuisible, dont on s'aper- çoit jusque dans les produits de la distillation, et qui varie par plusieurs causes; mais il ne faut se défier que des matières autres que la fécule. \037Les doutes sur le nombre des espèces à admettre dans les Manihots cultivés ne nous embarrassent nullement pour la ques- tion de l'origine géographique. Au contraire, nous allons voir que c'est un moyen important de constater l'origine améri- caine. \037L'abbé Raynal avait répandu jadis l'opinion erronée que le Manioc aurait été apporté d'Afrique en Amérique. Robert Brown le niait en 1818 % sans donner des motifs à l'appui, et de Hum- \037\035\0131. Sagot. dans Bull, de la Société botanique de France du 8 décembre 1871. \0372. J*mdique la préparation dans ce qu'eUe a d^essentiel. Les détails diffèrent suivant les pays. Voir à cet égard : Aublet, Guyane^ 2, p. 67 ; Descoortilz, Fhre des Antilles^ 3, p. 113 ; Sagot, /. c, etc. \0373. R. Brown, Botany of Congo, p. 50. \037\035\013

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MANIOC 49 \037boldt S Moreau de Jonnes ', Auguste de Saint-Hilaire • ont in- sisté sur l'origine américaine. On ne peut guère en douter, d'après les raisons suivantes : \0371"^ Les Manihots étaient cultivés par les indigènes du Brésil, de la Guyane et des parties chaudes du Mexique avant l'arrivée des Européens, comme le témoignent tous les anciens voyageurs. Aux Antilles, cette culture était assez commune dans le xvi® siècle, d'après Acosta ^, pour qu'on puisse la croire également d'une certaine ancienneté. \0372o Elle est moins répandue en Afrique, surtout dans les régions éloignées de la côte occidentale. On sait que le Manioc a été in- troduit dans l'île de Bourbon par le gouverneur de Labour- donnais ^. Dans les contrées asiatiques, où probablement une culture aussi facile se serait propagée si elle avait été ancienne sur le continent africain, on la mentionne çà et là, comme un objet de curiosité d'origine étrangère *. \0373"^ Les indigènes d'Amérique avaient plusieurs noms anciens pour les variétés de Maniocs, surtout au Brésil ', ce qui ne pa- raît pas avoir existé en Afrique, même sur la côte de Guinée *. \0374o Les variétés cultivées au Brésil, à la Guyane et aux Antilles sont très nombreuses, par où l'on peut présumer une culture très ancienne. Il n'en est pas de même en Afrique. \0375° Les 42 espèces connues du genre Maninot , en dehors de M. utilissima, sont toutes spontanées en Amérique; la plu- part au Brésil, quelques-unes à la Guyanne, au Pérou et au Mexique ; pas une dans l'ancien monde ^. Il est très invraisem- blable qu'une seule espèce, et encore celle qu'on cultive, fut originaire à la fois de l'ancien et du nouveau monde, d'autant plus que dans la famille des Euphorbiacées les habitations des espèces ligneuses sont généralement restreintes et qu'une com- munauté entre l'Afrique et l'Amérique est toujours rare dans les plantes Phanérogames. \037L'origine américaine du Manihot étant ainsi démontrée, on peut se demander comment l'espèce a été introduite en Guinée et au Congo. Probablement c'est un résultat des communications fréquentes, au xvi« siècle, des trafiquants portugais et des négriers. \0371. De Hnmholdif Nouvelle-Espagne, éd. 2, vol., 2, p. 398. \0372. Histoire de VAcad. des sciences, 1824. \0373. Giiillemin, Archives de botanique, 4, p. 239. \0374. Acosta, Hist, nat. des Indes, trad. fraDç. 1598, p. 163, \0375. Thomas, Statistique de Bourbon, 2, p. 18. \0376. Le catalogue du jardin botanique de Buitenzorff, 1866, p. 222, dit expressément que le Manihot utilissima vient de BourBon et d Amérique. \0377. Aypi, Mandioca, Manihot, Manioch, Yuca, etc., dans Pohl, Icônes et descr., 1, p. 30, 33. Martius, Beitràge z. Ethnographie, etc., Brasilien's, 2, p. 122, indique une quantité de noms. \0378. Thonning (dans Schumacher, Plant, guin.), qui cite volontiers les noms vulgaires, n'en donne aucun pour le Manihot. \0379. J. MûUer, dans Prodromus, 15, sect. 1, p. 1057, \037De Candolle. 4 \037\ \037\035\013

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80 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037Le Manihot utilissima^ et l'espèce voisine ou variété appelée Aîfrij que Ton cultive également, n'ont pas été trouvés à l'état sauvage d'une manière certaine. Humboldt et Bonpland ont bien recueilli sur les bords de la Magdalena, an pied de Manihot utilissima qu'ils ont dit presque spontané *, mais le D Sagot me certifie qu'on ne l'a point découvert à la Guyane, et les botanistes qui ont exploré la région chaude du Brésil n'ont pas été plus heureux. Gela ressort des expressions de Pohl, qui a beaucoup étudié ces plantes, qui connaissait les récoltes de Martius et ne doutait pas de l'origine américaine. S'il avait re- marqué une forme spontanée identique avec celles qu'on cul- tive, il n'aurait pas émis l'hypothèse que le Manioc provient de son Manihot pusilla ^ de la province de Goyaz, dont la stature est minime et qu'on regarde comme une véritable espèce ou comme une variété du Manihot palmata *. De Martius déclarait en 1867, c'est-à-dire après avoir reçu de nombreuses informa- tions postérieures à son voyage, qu'on ne connaissait pas la plante à l'état sauvage *. Un ancien voyageur, ordinairement exact, Piso ^, parle d'un Mandihoca sauvage dont les Tapuyeris, indigènes de la côte au nord de Rio-de-Janeiro, mangesdent les racines. 11 est, dit-il, « très semblable à la plante cultivée » ; mais la figure qu'il en donne a paru bien mauvaise aux auteurs qui ont étudié les Manihots. Pohl la rapporte à son M, Atm^ et le D' MûUer la passe sous silence. Quant à moi, je suis disposé à croire ce que dit Piso, et sa planche ne me paraît pas absolu- ment mauvaise. Elle vaut mieux que celle de Vellozo d'un Ma- nihot sauvage qu'on rapporte avec doute au M. Aîpi •. Si l'on ne veut pas accepter cette origine du Brésil oriental intertropical, il faut recourir à deux hypothèses : ou les Manihots cultivés proviennent de l'une des espèces sauvages modifiée par la cul- ture ; ou ce sont des formes qui subsistent seulement par l'action de l'homme, après la disparition de leurs semblables de la végé- tation spontanée actuelle. \037Ail. — Al Hum sativum^ Linné. \037Linné, dans son Species^ indique la Sicile comme la patrie de l'ail commun ; mais dans Vnortus cliffortianus^ où il est ordinairement plus exact, il ne donne pas d'origine. Le fait est que d'après les flores les plus récentes et les plus com- plètes de Sicile, de toute l'Italie, de la Grèce, de France, d'Espagne, et d'Algérie, l'ail n'est pas considéré comme indi- \0371. KuQth, dans Humb. et B., Nova Gtenera, 2, p. 108. \0372. Pohl, Icônes et descript., 1, p. 36, pi. 26. \0373. M aller, dans le Prodromus, \0374. De Martius, Beitràge zur Ethnographie, etc, 1, p. 19, 136. \0375. Piso, HistoHa naturalis Brasilix, m-folio, 1658, p. 55, cum icône, \0376. Jatropia sylvestris Vell. FL flum., 16, t. 83. Voir Mûller, dans Pro- dtvmtis, 15 p. 1063. . \037\035\013

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AIL 51 \037gène, quoique çà et là on en ait recueilli des échantillons qui avaient plus ou moins l'apparence de l'être. Une plante aussi habituellement cultivée et qui se propage si aisément peut se répandre hors des jardins et durer quelque temps, sans être d'ori- gine spontanée. Je ne sais sur quelle autorité Kunth cite l'es- pèce en Egypte \ D'après des auteurs plus exacts sur les plantes de ce pays ^, elle y est seulement cultivée. M. Boissier, dont l'herbier est si riche en plantes d'Orient, n'en possède aucun échantillon spontané. Le seul pays où l'ail ait été trouvé à l'état sauvage, d'une manière bien certaine, est le désert des Kirghis de Soongarie, d'après des bulbes rapportées de là et cultivées à Dorpat * et des échantillons vus ensuite par Regel *. Ce der- nier auteur dit aussi avoir vu un échantillon que Wallich avait recueilli comme spontané dans l'Inde anglaise ; mais M. Baker '^^ -qui avait sous les yeux les riches herbiers de Kew, n'en parle pas dans sa revue des AUium des Indes, de Chine et du Japon. \037Voyons si les documents historiques et linguistiques confirment orne origine uniquement du sud-ouest de la Sibérie. \037L'Ail est cultivé depuis longtemps en Chine sous le nom de Suan, On l'écrit en chinois par un signe unique, ce qui est ordinai- rement l'indice d'une espèce très anciennement connue et même spontanée •. Les flores du Japon ^ n'en parlent pas, d'où je pré- sume que l'espèce n'était pas sauvage dans la Sibérie orientale et la Daourie, mais que les Mongols l'auraient apportée en Chine. \037D'après Hérodote (Hist., 1. 2, c. 12o), les anciens Egyptiens en faisaient grand usage. Les archéologues n'en ont pas trouvé la preuve dans les monuments, mais cela tient peut-être à ce que Ja plante était réputée impilre par les prêtres *. \037Il existe un nom sanscrit, Mahoushouda ®, devenu Loshoun en bengali, et dont le nom hébreu Schoum^ Schumin **, qui a pro- duit le Thoum ou Toum des Arabes, ne parait pas éloigné. Le nom basque, Baratchoùria^ a été rapproché des noms aryens par M. de GharenCey **. A l'appui de son hypothèse, je dirai que le nom berbère, Tiskert^<è%i tout différent, et que par consé- quent les Ibères paraissent avoir reçu la plante et son nom des Aryens plutôt que de leurs ancêtres probables du nord de l'Afrique. Les Lettons disent Kiplohks^ les Esthoniens JTn/n^/atiA;, d'où probablement le Knoblauch des Allemands. L'ancien nom \0371. Kunth, Ermm.y 4, p. 381. \0372. Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlungy p. 294. \0373; Ledebour, Flora altaica, 2, p. 4 ; Flora rossica, 4, p. 162. i. Regel, Allior, monogr., p. 44. \0375. BaJ^er, dans Journ. of. bot., 1874, p. 295. \0376. Bretschneider, Study and value, etc., p. 13, 47 et 7. \0377. Thunberg, FI. jap.; Franchet et Savatier, Enumeratio, 1876, vol. 2. \037\035\013\013laise Mahooshouda. 11. De Gharencey, Actes de la Société pnilologique, 1" mars 1869. \037\035\013

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82 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037grec paraît avoir été Scorodon, en grec moderne S cordon. Les- noms chez les Slaves d'Illyrie sont BiH^ Cesan. Les Bretons disent Qulnen K Les Gallois Craf, Cenhinen ou Garlleg^ d'où le Garlic des Anglais. h'Allium des Latins a passé dans les langues d'origine latine '. Cette grande diversité de noms fait présumer une ancienne connaissance de la plante et même- une ancienne culture dans l'Asie occidentale et en Europe. D'un autre côté, si l'espèce n'avait existé que dans le pays des Kirghis, où on la trouve maintenant, les Aryas auraient pu la cultiver et l'avoir transportée dans l'Inde et en Europe; mais alors pourquoi tant de noms celtiques, slaves, grecs, latins, diffé- rents du sanscrit? Pour expliquer cette diversité, il faudrait sup- Eoser une extension de la patrie primitive vers l'ouest de Fha-^ itation connue aujourd'hui, extension qui aurait été antérieure aux migrations des Aryas. \037Si le genre AUium était une fois, dans sa totalité, l'objet d'i»n travail aussi sérieux que celui de J. Gay sur quelques- unes de ses- espèces ^, on trouverait peut-être que certaines formes sponta- nées en Europe, comprises par les auteurs dans les A. arena- rium L., ou A.arenarium Sm., ou A. Scorodoprasumh,^ ne sont que des variétés de l'A. sativum. Alors tout concorderait : les- peuples les plus anciens d'Europe et de l'Asie occidentale auraient cultivé l'espèce telle qu'ils la trouvaient depuis la Tartarie jusqu'en Espagne, en lui donnant des noms plus ou moins diffé- rents. \037Oignon. — AUium Cepa, Linné. \037Je dirai d'abord ce qu'on savait en 1855 *. J'ajouterai ensuite- dès observations botaniques récentes (jui confirment ce qu'on pouvait présumer d'après les données Imguistiques. \037L'Oignon est une des espèces le plus anciennement cultivées.. Son habitation primitive est inconnue, d'après Kunth ^. Voyons s'il est possible de la découvrir. Les Grecs modernes appellent Krommudi l'Allium Gepa, qu'ils cultivent beaucoup *. G est une^ bonne raison pour croire que le Krommuon de Théophraste "^ est la même espèce , comme les auteurs du xvi® siècle le pensaient \0371. Davies, Welsh botanology, \0372. Tous ces noms vulgaires se trouvent dans mon dictionnaire compilé par Moritzi, d'après les flores. J'aurais pu en citer un plus grand nomore et mentionner des étymologies probables d'après les philologues, par exemple d'après l'ouvrage de Hehn, Kulturpflanzm aus Asien, p. 171 et suivantes; mais ce n'est pas nécessaire pour indiquer le fait orcuigines- géographiques multiples et de la culture ancienne en divers payg, \0373. Annales des se, nat.^ 3« série, vol. 8. \0374. A. de CandoUe, Géogr. bot, raisonnée, 2, p. 828, \0375. Kunth, Enum,, 4, p. 394. \0376. Fraas, Syn. fl, class., p. 291. \0377. Théophraste?, Histy 1. 7, c. 4» \037\035\013

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OIGNON 53 \037déjà *. Pline * traduisait ce mot par Cœpa. Les anciens en con- naissaient plusieurs variétés, qu'ils distinguaient par des noms de pays : Gyprium, Gretense, Samothraciae, etc. On en cultivait une en Egypte *, si excellente qu'elle recevait des hommages, comme une divinité, au grand amusement des Romains ^. Les Egyptiens modernes désignent TA. Gepa sous le nom de Basai * ou Bussul ^, d'où il est probable que le Betsalim ou Bezalim des Hébreux est bien la même espèce, comme le disent les commen- tateurs ^. 11 y a des noms sanscrits tout à fait différents : Palandu, Latarka, Sukandaka *, et une foule de noms indiens modernes. L'espèce est généralement cultivée dans l'Inde, en Gochinchine, en Chine ®, et même au Japon *°. Les anciens Egyptiens en fai- saient une grande consommation. Les dessins de leurs monu- ments montrent souvent cette espèce **. Ainsi la culture remonte dans l'Asie méridionale et dans la région orientale de la mer Méditerranée à une époque partout très reculée. En outre, les noms chinois, sanscrits, nébreux, grecs et latins n'ont pas de connexité apparente. De ce dernier fait, on peut déduire Thy- pothèse que la culture aurait été imaginée après la séparation d«s peuples indo-européens, l'espèce se trouvant à portée dans divers pays à la fois. Ge n'est pourtant pas l'état actuel des choses, car on trouve à peine des indices vagues de la qualité spontanée de l'A. Cepa, Je n'en ait point découvert dans les flores européennes ou du Gaucase; mais Hasselquist ^' a dit : « Il croît dans les plaines près de la mer, aux environs de Jéricho. » Le docteur Wallich a mentionné dans sa Liste de plantes in- diennes, no 5072, des échantillons qu'il a vus dans des localités du Bengale, sans dire qu'ils fussent cultivés. Gette indication, quoi- que peu suffisante, l'ancienneté des noms sanscrits et hébreux et les communications qu'on sait avoir existé entre les peuples de l'Inde et les Egyptiens me font présumer que l'habitation «tait vaste dans l'Asie occidentale, s'étendant peut-être de la Palestine à l'Inde. Des espèces voisines, prises quelquefois pour le Cepa, existent en Sibérie *^ . \037On connaît mieux maintenant les échantillons recueillis par les botanistes anglo-indiens dont Wallich avait donné une pre* \037\035\0131. J. Bauhin, Hist,, 2, p. 548. \0372. Pline, Hist^ 1. 19, c. 6. \0373. Pline, I. c. \0374. Juvenalis, Sat., 15. \0375. Forskal, p. 65. \0376. Ainslies, Mat. med. Ind., 1, p. 269. \0377. Hiller, Hieroph., 2, p. 36; RosenmûUer, Handb. bibl, Alterk., 4, p. 96. \0378. Piddington, Index; Ainslies, /. c. \0379. Roxburgh, FI. ind., 2; Loureiro, FL cochinch., p. 249. \03710. Thunberg, FI. jap., p. 132. \03711. Unger, pflanzen d. Alt. jEgypt., p. 42, fig. 22, 23, 24. \03712. Hasselquist, Voy, and trav., p. 279. \03713. Ledebour, FI. ross.^ 4, p. 169. \037\035\013

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84 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037mière notion. Stokes a découvert ÏAllium Cepa indigène dan& le Belouchistan. Il dit : « Sauvage sur le Chehil Tun. » Griffith Ta rapporté de l'Afghanistan et Thomson de Lahore, sans parler d'autres collecteurs qui ne se sont pas expliqués sur la nature spontanée ou cultivée*. M. Boissier possède un échantillon spon» tané recueilli dans les régions mon tueuses du Khorassan. Les ombelles sont plus petites que dans la plante cultivée, mais d'ail- leurs il n'y a pas de différence. Le D»" Regel fils l'a trouvé au sud de Kuldscha, Sibérie occidentale ^. Ainsi mes conjecture& d'autrefois sont tout à fait justifiées; et il n'est pas improbable que l'habitation s'étende jusqu'en Palestine, comme le disait Hasselquist. \037L'Oignon est désigné en Chine par un caractère unique (or- thographié Tsung)y ce qui peut faire présumer une ancienne existence à titre de plante indigène ^. Je doute cependant beau- coup que l'habitation s'étende aussi loin vers Test. \037Humboldt ^ dit que les Américains connaissaient de tout temp& les oignons, en mexicain Xonacatl. « Gortès, dit-il çn parlant de& comestibles qui se vendaient sur le marché de l'ancien Tenoch- titlan, cite des oignons, des poireaux et de l'ail. » Je ne puis^ croire cependant que ces divers noms s'appliquent à nos espèces cultivées en Europe. Sloane, dans le xvii® siècle, n'avait vu qu'un seul AUium cultivé à la Jamaïque (A. Cepa), et c'était dans un jardin, avec d'autres légumes d'Europe ^. Le mot Xonacatl n'est pas dans Hermandez, et J. Acosta ® dit expressément que les Oignons et les Aulx du Pérou sont originaires d'Europe. Les espèces du genre Allium sont rares en Amérique. \037Ciboule commune. — Allium fistulosum, Linné. \037Pendant longtemps, cette espèce a été mentionnée dans le& flores et les ouvrages d'horticulture comme étant d'une origine inconnue ; mais les botanistes russes l'ont trouvée sauvage en Sibérie, vers les monts Altaï, du pays des Kirghis au lac Baïcal ^ \037Les anciens ne la connaissaient pas ^. Elle doit être arrivée en Europe par la Russie, dans le moyen âge ou peu après. Un auteur du xvi^ siècle, Dodoens ®, en a donné une figure, peu reconnaissable, sous le nom de Cepa oàlonga, \0371. Aitchison, A catalogue of the plants of Punjab and Sind/i, in-8, 1869, p. 19 ; Baker, dans Journal of bot., 1874, p. ^95. \0372. ni. hortic, 1877, p. 167. \0373. Bretschneider, Study and value, etc. y p. 47 et 7. \0374. De Humboldt, Nouv.-Esp., 2* édit., 2, p. 476. \0375. Sloane, Jam.y 1, p. 75. \0376. Acosta, Hist. naf. des Indes, trad. franc, p. 165. \0377. Ledebour, Flora rossica, 4, p. 169. \0378. Lenz, Botanik der ait Griechen und Rœmer, p. 295, \0379. Dodoens, Pemptades, p. 687. \037\035\013

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ÉCnALOTE 85 \037Echalote. — Allium Ascalonicum, Linné. \037On croyait, sur le dire de Pline *, que le nom était tiré de la ville d'Ascalon, en Judée ; mais M. le D*" E. Fournier • pense que l'auteur latin s'est trompé sur le sens du mot Askalônion de Théophraste. Quoi qu'il en soit, ce nom s'est conservé dans nos langues modernes sous la forme d'Echalote en français, Chalote en espagnol, Scalogno en italien, Aschaluch ou Eschlauch en allemand, etc. \037En 1855, j'avais parlé de cette espèce de la manière suivante ' : \037« D'après Roxburgh ^, on cultive beaucoup V Allium Ascalo- nicum dans l'Inde. On lui attribue le nom sanscrit de Pulandoo (prononcez Poulandou]^ mot presque identique avec Palandu^ attribué à V Allium Cepa ^. Evidemment la distinction entre ces deux espèces n'est pas claire dans les ouvrages indiens ou anglo- indiens. \037« Loureiro dit avoir vu VAlKum Ascalonicum cultivé en Go- chinchine ®, mais il ne cite pas la Chine, et Thunberg n'indique pas cette espèce au Japon. Ainsi, vers la région orientale de TAsie, la culture n'est pas générale. Ce fait et le doute sur le nom sanscrit me font croire qu'elle n'est pas ancienne dans l'Asie méridionale. Malgré le nom de l'espèce, je ne suis pas persuadé qu'elle existât non plus dans l'Asie occidentale. Rau- w^olf, Forskal et Delile ne l'indiquent pas en Sibérie, en Arabie et en Egypte. Linné "^ cite Hasselquist comme ayant trouvé l'es- pèce en Palestine. Malheureusement il ne donne pas de détails sur la localité ni sur la condition de spontanéité. Dans les Voyages de Hasselquist *, je vois un Cepa montana croissant au mont Thabor et sur une montagne voisine ; mais rien ne prouve^ que ce soit l'espèce. Dans son article sur les Oignons et Aulx des Hébreux (p. 290), il ne mentionne que V Allium Cepa, puis les Porrum et sativum. Sibthorp ne l'a pas trouvé en Grèce ', et Fraas ne l'indique pas comme cultivé actuellement dans ce pays ^°. D'après Koch ", il s'est naturalisé dans les vignes près de Fiume. Toutefois M. de Visiani *^ n'en parle que comme cul- tivé en Dalmatie. \037« D'après l'ensemble des faits, je suis amené à l'idée quel'A^- \037\035\013i. Pline, Hist, 1. 19, c. 6. \0372. Il doit en parler dans une publication intitulée Ciôaria, qui va paraître. \0373. Géographie bot. raisonnée, p. 829. \0374. Roxburgh, FL ind., éd. 1832, vol. 2. p. 142. \0375. Piddington, Index. \0376. Loureiro, FI. cochinch., p. 251. \0377. Linné, Species, p. 429. \0378. Hasselquist, Voy. and trav.y 1766, p. 281, 282. \0379. SibUiorp, Prodr. \03710. Fraas, Syn. fi. class., p. 291. \03711. Koch, Synops. fl. Gevm., 2« éd., p, 833. \03712. Visiani, Flora dalmat, p. 138. \037\035\013

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56 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037Hum Ascalonicum n'est pas une espèce. Il sufBt, pour concevoir des doutes sur son existence primitive, de voir que : 1** Théo- phraste et les anciens, en général, en ont parlé comme d'un état de ÏAllium Cepa, ayant même importance que les variétés culti- vées en Grèce, en Thrace et ailleurs; 2° on ne peut pas prouver Su'il existe à Tétat sauvage ; 3o on le cultive peu ou point ans les pays où Ton présume qu'il a pris naissance, comme la Syrie, l'Egypte, la Grèce; 4** il est ordinairement sans fleurs, d'où venait le nom de Cepa sterilis, donné par G. Bauhln, et la multi- plicité des caïeux se lie tout naturellement à ce fait ; 5® lorsqu'il fleurit, les organes de la fleur sont semblables à ceux du Cepa^ ou du moins on n'a pas découvert de diff^érence jusqu'à pré- sent, et, d'après Koch », la seule différence est d'avoir la hampe et les feuilles moins renflées, quoique fistuleuses. » \037Telle était mon opinion ^. Les faits publiés depuis 1855 ne dé- truisent pas mes doutes. Ils les justifient au contraire. M. Regel, en 1875, dans sa monographie des Allium, déclare qu'il a vu l'échalote seulement à l'état cultivé. Aucher Eloy a distribué une plante de l'Asie Mineure sous le nom d'A. Ascalonicum (n® 2012), mais d'après mon échantillon ce n'est certainement \037>as cette espèce. M. Boissier me donne l'information qu'il n'a , amais vu VA. Ascalonicum en Orient et n'en a pas dans son \037lerbier. La plante de Morée portant ce nom dans la flore de Bory et Ghaubard est une espèce toute différente, nommée par lui A. gomphrenoides. M. Baker ' dans sa revue des Allium des Indes, de laGhine et du Japon, cite VA. Ascalonicum dans des localités du Bengale et du Punjab, d'après des échantillons de Griffith et d'Aitchison; mais il ajoute : « Probablement ce sont des plantes cultivées. » Il rapporte à V Ascalonicum V Allium, Sulvia Ham., du Népaul, plante peu connue et dont la qualité de spontanée est incertaine. L'échalote produit beaucoup de caïeux qui peuvent se propager ou se conserver dans le voisi- nage des cultures et induire en erreur sur l'origine. \037En définitive, malgré le progrès des investigations botaniques en Orient et dans l'Inde, cette forme d'Allium n'a pas été trouvée sauvage d'une manière certaine. Elle me paraît donc plus que jamais une modification du Cepa, survenue à peu près au commencement de l'ère chrétienne, modification moins con- sidérable que beaucoup de celles qu'on a constatées pour d'au- tres plantes cultivées, par exemple dans les choux. \037Rocambole. — Allium Scorodoprasum, Linné. Si l'on jette les yeux sur les descriptions et la synonymie de VA, Scorodoprasum dans les ouvrages de botanique depuis Linné \0371 . Koch, Synops. fl, Germ. \0372. A. de CandoUe, Géogr. bot, raisonnée, p. 829 . \0373. Baker, dans Joum, ofboU, 1874, p. 295. \037\035\013

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CIBOULETTE 57 \037jusqu'à nos jours, on verra que le seul point sur lequel s'accor- dent les auteurs est le nom vulgaire de Rocambole, Quant aux caractères distinctifs, tantôt ils rapprochent et tantôt ils éloi- gnent la plante de VAllium sativum. Avec des définitions aussi différentes, il est très difficile de savoir dans quel pays se trouve, à 1 état sauvage, la plante bien connue cultivée sous le nom de Rocambole. D'après MM. Gosson et Germain, elle croît aux envi- rons de Paris *. D'après Grenier et Godron ', la même forme €roît dans Test de la France. M. Burnat dit avoir trouvé l'espèce bien spontanée dans les Alpes-Maritimes. Il en a donné des échantillons à M. Boissier. MM. Willkomm et Lange ne la re- gardent pas comme spontanée» en Espagne ^, quoique l'un des noms français de la plante cultivée soit Ail ou Échalote d'Espa- cjne. Beaucoup d'autres localités européennes me paraissent douteuses, vu 1 incertitude sur les caractères spécifiques. Je note cependant que, d'après Ledebour *, la plante qu'il nomme A. Scorodoprasum est très commune en Russie, depuis la Finlande \037iusqu'en Grimée. M. Boissier en a reçu un échantillon de la Do- >rutscha, communiqué par le botaniste Sintenis. L'habitation naturelle de l'espèce viendrait donc toucher à celle de VAllium sativum, ou bien une étude attentive de toutes les formes prouvera qu'une seule espèce, comprenant plusieurs variétés, s'étend sur une grande partie de l'Europe et de ses confins en Asie. \037La culture de la Rocambole ne parait pas très ancienne. Il n'en est pas question dans les ouvrages sur la Grèce et Rome, ni dans rénumération des plantes recommandées par Gharlemagne aux intendants de ses jardins ^. Olivier de Serres n'en parle pas non plus. On ne peut citer qu'un petit nombre de noms vulgaires, originaux, chez des peuples anciens. Les plus distincts sont dans ie nord : Skovlôg en Danemark, Keipe et Rackenboll en Suède ®. Bockenbolle, d'où vient le nom français, est allemand. Il n'a pas le sens qui lui est attribué par Littré. Son étymologie est Bolle^ oignon, croissant parmi les rochers, Rocken ^. \037\035\013Ciboulette, Civette. — AlHum Schœnoprasum, Linné. \037L'habitation de^ cette espèce est très étendue dans l'hémi- sphère boréal. On l'indique dans toute l'Europe, de la Corse ou la Grèce jusqu'à la Suède méridionale; en Sibérie jusqu'au Kamtschatka, et aussi dans l'Amérique septentrionale, mais seu- \0371. Cosson et Germain, Flore, 2, p. 553. \0372. Grenier et Godron, Flore de France, 3, p. 197. \0373. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 1, p. 885. \0374. Ledebom*, Flora rossica, 4, p. 163. \0375. Le Grand d'Aussy, Histoire de la vie des Français, vol. 1, p. 122, \0376. Nemnich, Polygtott, Lexicon, p. 187. \0377. Nemnich, l, c. \037\035\013

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68 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037lement près des lacs Huron, Supérieur et plus au nord *, cir- constance assez singulière, comparée à l'habitation européenne- La forme qui se trouve dans les Alpes est la plus rapprochée de celle qu^on cultive ^. \037Les anciens devaient certainement connaître l'espèce, puis- qu elle est sauvage en Italie et en Grèce. Targioni croit que c'est le Scorodon Schiston de Théophraste, mais il s'agit de mots sans descriptions, et les auteurs spéciaux dans l'interprétation des textes grecs, comme Fraas et Lenz, ont la prudence de ne rien affirmer. Si les noms anciens sont douteux, le fait de la culture à cette époque Test encore plus. Il est possible qu'on eût l'habitude de récolter la plante dans la campagne. \037Golocase. — Arum esculentum^ Linné. — Colocasia anti- quorum^ Schott *. \037On cultive cette espèce, dans les localités humides de la plu- part des pays intertropicaux, à cause du renflement de la partie inférieure de la tige, qui forme un rhizome comestible, analogue à la partie souterraine des Iris. Les pétioles et les jeunes feuilles sont utilisés accessoirement comme légume. \037Depuis que les différentes formes de l'espèce ont été bien \037\035\013\013et plus récemment Wight *, et autres ; à Geylan ^, à Sumatra "^ et dans plusieurs îles de l'archipel indien ®. \037Les livres chinois n'en font aucune mention avant un ou- vrage de l'an 100 de notre ère *. Les premiers navigateurs européens l'ont vue cultivée au Japon et jusqu'au nord de la Nouvelle-Zélande *°, par suite probablement d'introductions anciennes sans coexistence certame avec des pieds sauvages. Lorsqu'on jette des fragments de la tige ou du tubercule Us se naturalisent aisément au bord des cours d'eau. C'est peut- être ce qui est arrivé aux îles Fidji et au Japon, d'après les localités indiquées par les auteurs ". On cultive la Golocase çà \0371. Asa Gray, Botany ofnorthem States, éd. 5, p. 534. \0372. De CandoUe, Flore française, 4, p. 227. \0373. Arum ^gyptium, Columna, Ecpnrems 2, p. 1, tab. 1 ; Rumphiu^, Am- boin., vol. 5, tab. 109. — Arum Colocasia et A. esculentum, Linné. — Colo- casia antiquorum, Scbott, Melet., 1, 18; Engler in D. C. Monogr. Phaner., 2, p. 491. \0374. Roxburgh, FI. ind., 3, p. 495. \0375. Wight, Icônes, t. 786. \0376. Thwaites, Enum, plant. Zeylan., p. 335. \0377. Miquel, Sumatra, p. 258. \0378. Rumpbius, Amboin., vol. 5, p. 318. \0379. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works, p. 12. \03710. Forster, Plantœ escul.,ja. 58. \03711. Francbet et Savatier, Enum,, p. 8; Seemann. Flora Vitiensis, p. 284. \037\035\013

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GOLOGâSE 59 \037et là aux Antilles et ailleurs dans l'Amérique tropicale, mais beaucoup moins qu'en Asie ou en Afrique, et sans la moindre indication d'une origine américaine. \037Dans les pays où l'espèce est spontanée, il y a des noms vul- gaires, quelquefois très anciens, qui diffèrent complètement les uns des autres, ce qui confirme une origine locale. Ainsi le nom sanscrit est Kuchoo (prononcez Koutschou)^ qui subsiste dans les langues modernes de llnde, par exemple dans le bengali*. A Ceylan, la plante sauvage se nomme Gakala, la plante cultivée Kandalla *. Les noms malais sont Kelady ^, Tallus, Tallas, Taies ou Taloes ^, duquel vient peut-être le nom si connu des 0-taïtiens et Novo-Zélandais de Tallo ou Tarro **, aux îles Fidji Dalo *. Les Japonais ont un nom tout à fait distinct, Imo ', qui montre une existence très ancienne, soit originelle soit de culture. \037Les botanistes européens ont connu la Golocase d'abord par l'Egypte, où elle est cultivée depuis un temps qui n'est peut-être pas très reculé. Les monuments des anciens Egyptiens n'en ont fourni aucun indice, mais Pline * en a parlé sous le nom d'Arum ^gyptium. Prosper Alpin l'avait vue danslexvi*^ siècle et en parle longuement *. Il dit que le nom dans le pays est Culcas, qu'il faut prononcer Coulcas, et que Delile *° a écrit Qolkas et Koulkas, On aperçoit dans ce nom arabe des Egyptiens quelque analogie avec le sanscrit Koutschou^ ce qui appuie rhypothèse, assez probable, d'une introduction de Tlnde ou de Ceylan. De L'Ecluse" avait vu la plante cultivée en Portugal, comme venant d'Afrique, sous le nom Alcoleaz, évidemment d'origine arabe. Dans quelques localités du midi de l'Italie où l'espèce a été naturalisée, elle se nomme Aro di Egitto^ selon Parlatore ". \037Le nom Colocasia donné par les Grecs à une plante dont la racine était employée par les Egyptiens peut venir évidemment de ColcaSy mais par transposition à une autre plante que le vrai Colcas. En effet, Dioscoride l'applique à la Fève d'Egypte ou Nelumbium *^, qui a une grosse racme ou plutôt un rnizome, dans le sens botanique, assez filandreux et mauvais à manger. \037,1. Roxburgh, /. c, \0372. Thwaites, l. c, \0373. Rumphius, /. c. \0374. Miquel^ Sumatra, p. 258 ; Hasskarl, Catal, horti bogov. alter, p. 35. \0375. Forster, /. c. \0376. Seemann, /. c. \0377. Franche t et Savatier, /. c. \0378. Pline, HisL, 1. 19, c. 5. \0379. Alpinus, Hist, jEgypt. naturalis, éd. 2, vol. i, p. 166 ; 2, p. 192. \03710. Delile, Flora Egygt. ilL, p. 28. De la Colocase des anciens, br. in-8, 1846. \03711. Clusius, Historia, 2, p. 75. \03712. Parlatore, FI, ital., 2, p. 255. \03713. Prosper Alpinus, /. c; Columna; Delile, Ann, du Mus., 1, p. 375, De la colocase des anciens ; Reynier, Economie des Egyptiens, p. 321. \037\035\013

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60 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037Les deux plantes sont très différentes^ surtout par la fleur. L'une est une Aracée, l'autre une Nymphéacée; Tune est de la classe des Monocotylédones , l'autre des Dicotylédones. Le Nelumbium , originaire de Flnde, a cessé de vivre en Egypte, tandis que la Golocase des botanistes modernes s'est conservée. S'il y a eu confusion chez les auteurs grecs, comme cela paratt probable, il faut l'expliquer par le fait que le Colcas fleurit rarement, du moins en Egypte. Au point de vue de la nomenclature bota- nique il importe peu qu'on se soit trompé jadis sur les plantes qui devaient s'appeler Golocase. Heureusement, les noms scien- tifiques modernes ne s'appuient pas sur les définitions douteuses des anciens, et il suffît de dire aujourd'hui, si l'on tient aux étymologies, que Golocasia vient de Golcas, à la suite d'une \037erreur. \037• \037Alocase à gr^TLde racine. — Alocasia macrorrhiza Schott. — Arum macrorrhizuniy Linné {FL ZeyL, 327). \037Gette Aracée, que Schott rapportait tantôt au genre Golocasia et tantôt à l'Alocasia, et dont la synonymie est bien plus com- pliquée qu'il ne semble d'après les noms indiqués ci-dessus *, est cultivée moins souvent que la Golocase ordinaire, mais de la même façon et à peu près dans les mêmes pays. Ses rhizomes atteignent la longueur d'un bras. Ils ont une saveur acre bien prononcée, qu'il est indispensable de faire disparaître au moyen de la cuisson. \037Les indigènes d'0-Taïti la nomment Apé et ceux des îles des Amis Kappe *. A Geylan, le nom vulgaire est Habara^ d'après Thwaites ^ Elle a d autres noms dans l'archipel indien, ce qui fait présumer une existence plus ancienne que les peuples actuels de ces régions. \037La plante paraît sauvage surtout dans l'île d'0-Taïti *. Elle l'est aussi à Geylan, d'après M. Thwaites, qui a herborisé long- temps dans cette île. On l'indique encore dans l'Inde ^ et même en Australie ®, mais sans affirmer la qualité de plante sauvage, toujours difficile à établir pour une espèce cultivée au bord des ruisseaux et qui se propage par caïeux. En outre, elle est quel- quefois confondue avec le Golocasia indica Kunth, qui végète de la même manière, qu'on trouve çà et là dans les cultures, et qui se voit, spontanée ou naturalisée, dans les fossés ou les ruis- seaux de l'Asie méridionale, sans que son histoire soit encore bien connue. \037\035\0131. Voir Engler, dans nos Monographiœ Phanerogmncm, 2, p. S02. \0372. Forster, De plantis esculentis insularum Oceani australis^ p. 58. \0373. Thwaites, Enum. plant. ZeyL, 336. \0374. Nadeaud, Enum, des plantes indigènes, p. 40. \0375. Engler, /. c. \0376. Bentham, Flora amtrai.^ 8, p. 155. \037\035\013

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IGNAMES 61 \037Konjak. — Amorphophallus Konjak^ G. Koch. — Amorpho- phallus Rivieri, du Hieu, var, Konjak^ Engler *. \037Le Konjak, cultivé en grand par les Japonais, et sur lequel le D*" Vidal a donné des détails agricoles très complets dans le Bulletin de la Société d'acclimatation de juillet 1877, est une plante bulbeuse de la famille des Aracées. Elle est considérée par M. Engler comme une variété de TAmorphophallus Rivieri, de Cochinchine, dont les journaux d'horticulture ont donné plusieurs figures depuis quelques années «. On peut la cultiver dans le midi de l'Europe, à la manière des Dahlias, comme une sorte de curiosité ; mais, pour apprécier la valeur comestible des bulbes^ il faudrait leur faire subir la préparation au lait de chaux, usitée par les Japonais, et s'assurer du produit en fécule pour une surface donnée. \037M. Vidal n'a pas de preuve que la plante du Japon soit sau- vage dans le pays. Il le suppose d'après le sens du nom vulgaire, qui est, dit-il, Konniyakou ou Yamagonnivakou, Yama signi- fiant montagne. MM. Franchet et Sa vatier * n'ont vu la plante que dans les jardins. La forme cochinchinoise, qu'on croit de la même espèce, est venue par les jardins, sans qu'on puisse affir- mer qu'elle soit sauvage dans le pays. \037Ignames. — Dioscorea sativa, D, Batatas^ D, japonica et D. alata. \037Les Ignames, plantes monocotvlédones , de la famille des Dioscorées, constituent le genre ÎHoscorea, dont les botanistes ont décrit à peu près deux cents espèces, répandues dans tous les pays intertropicaux ou subtropicaux. Elles ont ordinairement des rhizomes, c'est-à-dire des tiges ou ramifications de tiges sou- terraines, plus ou moins charnues, qui grossissent quand la partie aérienne et annuelle de la plante est près de finir *. Plu- sieurs espèces sont cultivées en divers pays pour ces rhizome» farineux, qu'on mange cuits, comme les pommes de terre. \037La distinction botanique des espèces a toujours ofl'ert des diffi- cultés, parce que les fleurs mâles et femelles sont sur des indi- vidus différents et que les caractères à tirer des rhizomes et du bas des tiges aériennes ne se voient pas dans les herbiers. Le dernier travail d'ensemble est celui deKunth ^, qui date de 1850. Il devrait être revu, à cause des nombreux échantillons rapportés par les voyageurs depuis quelques années. Heureusement, lors- \037\035\0131. Engler, dans DG. Monogr. Phaner., vol. 2, p. 313. \0372. Gardener's Chroniclé, 1873, p. 610; Flore des serres et Jardins, t. 1958, 1959 ; Hooker, Bot. mag., t. 6195. \0373. Franchet et Savatier, Enum. plant. Japonise, 2, p. 7. \0374. M. Sagot, BuU. de la Soc. bot. de France, 1871, p. 306, a très bien décrit la manière de végéter et la culture des ignames, telle qu'il les a obser- vées à Cavenne. \0375. Kuntn, EnumeratiOf vol. 5. \037\035\013

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62 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037qu'il s*agit de rorigine des espèces cultivées, certaines considéra- tions historiques et linguistiques peuvent guider, sans qu'il soit absolument besoin de connaître et d'apprécier les caractères bo- taniques de chacune. \037Roxburgh énumère plusieurs Dioscoreas * cultivés dans l'Inde, mais il n'en a trouvé aucun à l'état sauvage, et ni lui ni Pid- dington * ne citent des noms sanscrits. Ce dernier point fait pré- sumer une culture peu ancienne, ou jadis peu répandue dans rinde, provenant soit d'espèces indigènes encore. mal définies, soit d'espèces étrangères cultivées ailleurs. Le nom générique bengali et hindou est Aloo (prononcez Afow), précédé d'un nom spécial pour chaque variété ou espèce, par exemple Kam Aloo^ pour Dioscorea alata. L'absence de noms distincts dans chaque province fait encore présumer une culture peu ancienne. A Geylan M. Thwaites ' indique six espèces spontanées, et il ajoute que les Dioscorea saliva L., D. alata L., et /). purpurea noxb, sont cultivés dans les jardins, mais non sauvages. \037V Igname de Chine^ Dioscorea Batatas de Decaisne \ cultivé en grand par les Chinois, sous le nom de Sain-In et introduit par M. de Montigny dans les jardins d'Europe, où il reste comme un légume de luxe, n'a pas été trouvé sauvage en Chine jusqu'à présent. D'autres espèces moins connues sont aussi cultivées par les Chinois, en particulier le ChotA^Yu^ rou-Tchou, Chan-Yu^ mentionné dans leurs anciens ouvrages d'agriculture et qui a des rhizomes sphériques (au lieu des fuseaux pyriformes du D. Batatas). Les noms signifient, d'après Stanislas Julien, Arum de montagne^ par où l'on peut inférer une plante véritablement du pays. Le D"* Bretschneider * indique trois Dioscoreas comme cultivés en Chine {Dioscorea Batatas^ alata, sativa), et il ajoute : « Le Dioscorea est indigène en Chine, car il est mentionné dans le plus ancien ouvrage de matière médicale, celui de l'empereur Schen-nung. » \037Le Dioscorea Japonica, Thunberg, cultivé au Japon, a été ré- eolté aussi dans les taillis de localités diverses, sans qu'on sache positivement, disent MM. Franchet et Savatier ^, jusqu'à quel point il est indigène ou répandu par un effet de la culture. Une autre espèce, plus souvent cultivée au Japon, se propage çà et là dans la campagne, d'après les mêmes auteurs. Ils la rappor- tent au Dioscorea sativa de Linné, mais on sait que l'illustre Suédois avait confondu plusieurs espèces asiatiques et améri- caines sous ce nom, qu'il faut ou abandonner, ou restreindre à \0371 . Ce sont les D. globosa, alata, rubella, purpurea^ fasciculata, dont deux ou trois paraissent de simples variétés. \0372. Pidaington, Index, \0373. Thwaites, Enum. plant, Zeylan, p. 326. \0374. Decaisne, Histoire et culture de f Igname de Chine, dand Revue horti- ^ole, i" juillet et déc. 1853 ; Flore des serres et jardins X, pi. 971. \0370. Bretschneider, Study and value of chinese àotanical works, p. 12. 6. Franchet et Savatier, Enum. plant, Japonia, 2, p. 47. \037\035\013h \037\035\013

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IGNAMES 63 \037Tune des espèces de l'Archipel indien. Si l'on adopte ce dernier parti, le vrai D. sativa serait la plante cultivée à Ceylan, dont Linné avait eu connaissance, et que Thwaites nomme effective- ment Dioscorea sativa^ Linné. Divers auteurs admettent l'identité de la plante de Geylan avec d'autres cultivées au Malabar, à Sumatra, à Java, aux Philippines, etc. Blume * prétend que le D, sativa L., auquel il attribue la planche M de Rheede (Ma- labar, vol. 8), croîtdans les lieux humides des montagnes de Java et du Malabar. Il faudrait, pour ajouter foi à ces assertions, que la question de l'espèce eût été étudiée soigneusement, d'après des échantillons authentiques. \037L'Igname la plus généralement cultivée dans les îles de la mer Pacifique, sous le nom de Ubi (prononcez Oubi)y est le Dioscorea alata de Linné. Les auteurs des xvii® et xvnr siècles en parlent comme étant très répandue à Taïti, à la Nouvelle-Guinée, aux Moluques, etc. ^. On en distingue plusieurs variétés, suivant la forme des rhizomes. Personne ne prétend avoir trouvé cette espèce à l'état sauvage, mais la flore des îles d'où elle est proba- blement originaire, en particulier celle des Gélèbes, de la Nouvelle- Guinée, etc., est encore peu connue. \037Transportons-nous en Amérique. Là aussi, plusieurs espèces de ce genre croissent spontanément, par exemple au Brésil, dans la Guyane, etc., m^is il semble que les formes cultivées ont été plutôt introduites. En effet, les auteurs indiquent peu de variétés ou espèces cultivées (Plumier une, Sloane deux), et peu de noms vulgaires. Le plus répandu est Yam^ Igname ou inhame, qui est d'origine africaine^ suivant Hugues, ainsi que la plante cul- tivée de son temps aux Barbades ^. \037Le mot Yam^ d'après lui, signifie manger^ dans les idiomes de plusieurs des nègres de la côte de Guinée. Il est vrai que deiix voyageurs plus rapprochés de la découverte de l'Amérique, cités par M. de Humboldt *, auraient entendu prononcer le nom d'/^wame sur le continent américain : Vespucci, en 1497, sur la côte de Paria; Cabrai, en 1500, au Brésil. D'après celui-ci, le nom s'appliquait à une racine dont on faisait du pain, ce qui €onvienarait mieux au Manioc et me fait craindre une erreur, d'autant plus qu'un passage de Vespucci, cité ailleurs par M. de Humboldt ^, montre la confusion qu'il faisait entre la Manioc et l'Igname. Le B. Cliffortiana Lam. croît sauvage au Pérou • et au Brésil ', jnais il ne m'est pas prouvé qu'on le cultive. Presl \0371. Blume, Erium. plant, Javég, p. 22. \0372. Forster, Plant, esculent,y p. 56 ; Rumphius, Amboin,^ vol. 5, pi. 120, 121 etc. \0373! Hughes, Hist, nat. Barà,, p. 226 et 1750. \0374. De Humboldt, Nouv. Esp,, 2« éd., vol. 2, p. 468. \0375. De Humboldt, iôi'c?., p. 403i \0376. Hsenke, dans Presl^ Rel., p. 133. \0377. Martius^ Flora brasiliensiSj V, p, 43. \037\035\013

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64 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES \037dit « verosimiliter colitur », et le Flora brasiliensls ne parle pas de culture. \037Dans la Guyane française, d'après le D*" Sagot *, on cultive surtout le Discorea triloba Lam, appelé Igname indien^ qui est répandu aussi au Brésil et aux Antilles. Le nom vulgaire fait présumer une origine du pays, tandis qu'une autre espèce, />. Cayennensis Kunth, aussi cultivée à la Guyane, mais sous le nom d'Igname pays-nègre^ aurait été plutôt apportée d'Afrique, opi- nion d'autant plus vraisemblable que sir W. Hooker assimile au D. Cayennensis Tlgname cultivée en Afrique au bord du Nun et du Quorra ^. Enfin Y Igname franche de la Guyane est. selon M. Sagot, le />. alata^ introduit de l'archipel malais et de rOcéanie. \037En Afrique, il y a moins de Dioscoreas indigènes qu'en Asie ou en Amérique, et la culture des Ignames est moins répandue. Sur la côte occidentale, on ne cultive qu'une ou deux espèces d'après Thonning '. Lockhard, au Congo, n'en avait vu qu'une et dans un seul endroit *. Pour l'île Maurice, Bojer * énumère 4 espèces cultivées, qu'il dit originaires d'Asie, et une, le D. bulbi fer a Lam., \0373ui serait de l'Inde, si le nom est exact. Il prétend qu'elle est venue e Madagascar et s'est répandue dans les forêts, hors des plan- tations. A Maurice, elle porte le nom de Cambare marron, Ov Cambare se rapproche assez du nom indien Kam, et marron indique une plante échappée des cultures. Les anciens Egyptiens ne cultivaient pas d'Ignames, ce qui fait présumer une culture moins ancienne dans l'Inde que celle de la Golocase. Forskal et Delile ne mentionnent pas d'Ignames cultivées en Egypte à l'épo- que moderne. \037En résumé, plusieurs Dioscoreas sauvages en Asie (surtout dans l'archipel asiatique) et d'autres, moins nombreux, croissant en Amérique et en Afrique, ont été introduits dans les cultures comme plantes alimentaires, à des époques probablement moins reculées que beaucoup d'autres espèces. Cette dernière conjecture repose sur l'absence de nom sanscrit, sur la faible extension géogra- phiaue des cultures et la date, qui ne paraît pas très ancienne, des habitants des îles de la mer Pacifique. \037Arroiv-root. — Maranla arundinacea^ Linné. \037Plante de la famille des Scitaminées, voisine du genre Canna ^ dont les drageons souterrains * produisent l'excellente fécule appelée arrow-root. On la cultive aux Antilles et dans plusieurs autres pays intertropicaux de l'Amérique continentale. Elle a \037\. Sagot, BulL Soc. bot, France, 1871, p. 305, \0372. Hooker, Flora nigrit, p. 53. \0373. Thonning, Plantée guineenses, p. 447. \0374. Brown, Congo, p. 49. \0375. Bojer, Hortits mauritianus, \0376. Voir la description de Tussac, Flore des Antilles, 1, p. 183, \037\035\013

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ARROW-ROOT 66 \037•été introduite aussi dans Tancien monde, par exemple sur la «côte de Guinée * . \037Le Maranta arundinacea est certainement américain. D'après ies indications de Sloane 2, il avait été apporté de la Domimque aux Barbades et de là à la Jamaïque, ce qui fait présumer qu'il •n'est pas originaire des Antilles. Le dernier auteur qui ait étudié le genre Maranta, Kôrnicke ', a vu plusieurs échantillons re- cueillis à la Guadeloupe, à Saint-Thomas, au Mexique, dans d'Amérique centrale, à la Guyane et au Brésil ; mais il ne s'est pas occupé de savoir s'ils venaient de plantes spontanées, culti- vées ou naturalisées. Les collecteurs ne l'indiquent presque jamais, et l'on manque pour le continent américain, excepté pour les Etats-Unis, de flores locales et surtout de flores faites par des botanistes ayant résidé dans le pays. D'après les ou- vrages publiés, je vois l'espèce indiquée comme cultivée *, ou Tenant dans les plantations '^, ou sans aucune explication. Une localité du Brésil, dans la province peu habitée de Matto grosso, citée par Kôrnicke, fait présumer l'absence de culture. Seemann ^ indique l'espèce dans les endroits exposés au soleil près de Panama. \037On cultive aussi aux Antilles une espèce, Maranta indica^ qrue Tussac dit avoir été apportée de l'Inde orientale. Kôrnicke lui rapporte le M, ratnosissima de Wallich, trouvé à Sillet, dans l'Inde, et pense que c'est une variété du M, arundinacea. Sur trente-six espèces plus ou moins connues du genre Maranta, une trentaine au moins sont d'Amérique. Il est donc assez impro- bable que deux ou trois autres soient asiatiques. Jusqu'à ce que 4a Flore de l'Inde anglaise de sir J. Hooker soit achevée, ces ques- tions sur les espèces de scitaminées et leurs origines seront très obscures. \037Les Anglo-Indiens tirent de l'arrov^r-root d'une autre plante de la même famille qui croît dans les forêts du Deccan et au Ma- labar, le Curcuma angustifolia Roxhurgh '.Je ne sais si on la -cultive. \0371. Hooker^ Nigei^ flora, p. 331. \0372. Sloane, Jamatca, 1707, vol. 1, p. 254. \0373. Dans Bull. Soc. des natur. de Moscou^ 1862, vol. 1, p. 34. \0374. Aublet, Guyane^ 1, p. 3. \0375. Meyer, Flora Essequebo., p. 11. \0376. Seemann, Botany of Herald, p. 213. \0377. Roxbur^h, FI. indica, 1, p. 31 ; Porter, The tropical agriculturist, .p. 241; Ainshes, Materia medica, 1, p. 19. \037\035\013De Candoile. îi \037\035\013o \037\035\013

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CHAPITRE II \037\035\013PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU LEURS FEUILLES \037\035\013Article 1. — Eiéfpnmes. \037Ghoa ordinaire. — Brassica oleracea, Linné. \037Le Chou, tel qu'il est figuré dans VEnglish botany, t. 637, le Flora Danica, t. 2056, et ailleurs, se trouve sur les rochers du bord de la mer : 1« dans l'île de Laland en Danemark, l'île Heligoland, le midi de l'Angleterre et de l'Irlande, la Nor- mandie, les îles de Jersey et Guernesey et la Charente-Infé- rieure * ; 2* sur la côte septentrionale de la Méditerranée, près de Nice, Gènes et Lucques ^. Un voyageur du siècle der- nier, Sibthorp, disait l'avoir trouvé au mont Athos, mais aucun botaniste moderne ne l'a confirmé, et l'espèce paraît étrangère à la Grèce, aux bords de la mer Caspienne, de même qu'à la Sibérie, où Pallas disait jadis l'avoir vue, et à la Perse ^. Non seulement les nombreux voyageurs qui ont exploré ces pays ne l'ont pas trouvée, mais les hivers paraissent trop rigoureux pour elle dans l'Europe orientale et la Sibérie. La distribution sur des points assez isolés, et dans deux région» différentes de l'Europe, peut faire soupçonner ou que des pieds en apparence indigènes seraient le résultat, dans plusieurs cas,, d'une dissémination provenant des cultures *, ou que l'espèce aurait été autrefois plus commune et tendrait à disparaître. La \0371. Pries, SummOf p. 29 ; Nylander, Conspectus^ p. 46 : Bentham, Handb. brit. flora, éd. 4 p. 40 ; Mackay, FI, hibem.j p. 28 ; Brebisson, Flore de Normandie, éd. 2, p. 18; Babington, Primitif fl, sarnicae, p. 8; Clavaud^ Flore de la Gironde^ I, p. 68. \0372. Bertoloni, FL itaL, 7, p. 146 ; Nylander, /. c. \0373. Ledebour, FL ross.\ Grisebach, Spicilegium fl. immel; Boissier, FL or,f etc. \0374. Watson, si attentif aux questions de ce genre, doute de Tindigénat en Angleterre. {Compendium of the Cybele, p. 103), mais la plupan de* auteurs de flores britanniques Tadmettent. \037\035\013

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LÉGUMES. — CHOU ORDINAIRE 67 \037présence dans les îles de TËurope occidentale est favorable à cette dernière hypothèse, mais Tabsence dans celles de la mer Méditerranée lui est contraire * . \037Voyons si les données historiques et linguistiques ajoutent quelque chose aux faits de la géographie botanique. \037Et d'abord c'est en Europe que les variétés innombrables de choux se sont formées ^, principalement depuis les anciens Grecs. Théophraste en distinguait trois, Pline un nombre dou- ble, Tournefort une vingtaine, de GandoUe plus de trente. Ce n*est pas d'Orient que sont venues ces modifications, — nouvel indice d'une ancienne culture en Europe et d'une origine euro- péenne. \037Les noms vulgaires sont également nombreux dans les lan- gues européennes et rares ou modernes dans les asiatiques. Sans répéter une foule de noms.que j'ai cités autrefois ', je dirai qu'en Europe ils se ra,ttachent à quatre on cinq racines dis- tinctes et anciennes : \037Kap ou Kaby dans plusieurs noms celtiques et slaves. Notre nom français Cabus en dérive. L'origine est évidemment la même que pour Caput, à cause de la forme en tète du chou. \037Caul, Kohly de plusieurs langues latines [Caulis^ signifiant tige et chou), germaniques (Chdli en ancien allemand, Kokl en allemand moderne, Kaal en danois) et celtiques {Cal en irlan- dais, Kaol et Kol en breton) *. \037Bresic , Bresych, Brassic, des langues celtiques ^ et latines (Brassica)^ d'où probablement Berza et Verza des Espagnols et Portugais, Varza des Roumains ®. \037Aza^ des Basques (Ibères), que M, de Charencey ' regarde comme propre à la langue euskarienne, mais qui diffère peu des précédents. \037JCrambaiy Crambe, des Grecs et des Latins. \037La variété des noms dans les langues celtiques concorde avec l'existence de l'espèce sur les côtes occidentales d'Europe. Si les Aryens Celtes avaient apporté la plante d'Asie, ils n'auraient probablement pas inventé des noms tirés de trois sources diffé- rentes. Il est aisé d'admettre, au contraire, que les peuples aryens, voyant le Chou indigène et peut-être employé déjà en \0371. Les Brassica balearica et Br. cretica sont vivaces, presque ligneux, non bisannuels. On s'accorde h les séparer du Br. oleracea. \0372. Aug. Pyr. de GandoUe a publié, sur les divisions et subdivisions du Brassica oleracea^ un mémoire spécial (Transactions of the hortic» Soc, vol. 5, traduit en allemand, et en français dans la Bioi, univ, agriculty vol. 8), qui est souvent cité comme un modèle dans ce genre. \0373. Alpn. de GandoUe, Géogr. bot. raisonnée, p. 839. \0374. Au. Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2, vol. i, p. 380. \0375. Alph. de GandoUe, /. e. ; Ad. Pictet, l. c. \0376. Brandza, Prodr. fl romane, p. 122. \0377. De Gharencey, Recherches sur les noms basques, dans Actes de Iz So- ciété philologique, {•' mars 1869. \037\035\013

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68 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037Europe par les Ibères ou les Ligures, ont créé des noms ou se sont servis de ceux des peuples plus anciens dans le pays. \037Les philologues ont rattaché le Krambai des Grecs au nom persan Karamhy Karam^ Kalam, kourde Kalam^ arménien Ga- ghamb ^ ; d'autres à une racine de la langue mère supposée des Aryens, mais ils ne s'accordent pas sur les détails. Selon Pick *, Karambha, dans la langue primitive indo-germanique, signifie « Gemûsepflanze (légume), Kohi (chou), Karambha voulant dire tige, comme caulis. » Il ajoute que Karambha en sanscrit est le nom de deux légumes. Les auteurs anglo-indiens ne citent pas ce nom prétendu sanscrit, mais seulement un nom des langues modernes de l'Inde, Kopee '. Ad. Pictet, de son côté, parle du mot sanscrit Kalamba^ « tige de légume, appliqué au chou. » J'ai beaucoup de peine, le l'avoue, à admettre ces étymologies orientales du mot gréco-latin Crambe. Le sens du mot sanscrit est très douteux (si le mot existe), et, quant au mot persan, il faudrait savoir s'il est ancien. J'en doute, car, si le chou avait existé dans l'ancienne Perse, les Hébreux l'auraient connu *. \037Par tous ces motifs, l'espèce me parait originaire d'Europe. La date de sa culture est probablement très ancienne, anté- rieure aux invasions aryennes, mais on a commencé sans doute par récolter la plante sauvage avant de la cultiver. \037Cresson alénois. — Lepidium sativum, Linné. \037Cette petite Crucifère, usitée aujourd'hui comme salade, était recherchée dans les temps anciens pour certaines propriétés des graines. Quelques auteurs pensent qu'elle répond un Car- damon de Dioscoride ; tandis que d'autres appliquent ce nom à YErucaria aleppica *. En l'absence de description suffisante, le nom vulgaire actuel étant Cardamon ®, la première des deux suppositions est vraisemblable. \037La culture de l'espèce doit remonter à des temps anciens et s'être beaucoup répandue, car il existe des noms très différents : en arabe Bescnad, en persan Turehtezuk ^, en albanais, langue dérivée des Pelasges, Diéges *, sans parler de noms tirés de l'ana- logie de goût avec le cresson {Nasturtium officinale). Il y a des noms très distincts en hindoustani et bengali, mais on n'en con- naît pas en sanscrit ^. \037Aujourd'hui, la plante est cultivée en Europe, dans l'Afrique \0371. Ad. Pictet. /. c. \0372. Fick, Vôrterb, d. indo-germ. Sprachen, p. 34. \0373. Piddington, Index ; Ainsiies, Mai, méd. ind, \0374. Roseomûiler, Bibl. Alterk., ne cite aucun nom. \0375. Voir Fraas, Syn. fi, class., p. 120, 124; Lenz, Bot, rf. Alten, p. 617. \0376. Sibthorp, Prodr. fi. graec, 2, p. 6; Heidreich, Nutzpfi, GriechenL, p. 47. \0377. Ainsiies, Mat, méd. ind., 1, p. 9o. \0378. Heidreich, /. c, \037î). Piddington, Index; Ainsiies^ /. c. \037\035\013

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LÉGUMES. — CRESSON. — POURPIER 69 \037septentrionale, l'Asie occidentale, l'Inde et ailleurs ; mais, d'où est-elle originaire ? C'est assez obscur. \037Je possède plusieurs échantillons recueillis dans Tlnde, où sir J. Hooker* ne regarde pas l'espèce comme indigène. Kotschy Fa rapportée de l'île Karek ou Karrak , du golfe Persique. L'éti- quette ne dit pas que ce fût une plante cultivée. M. Boissîer ' en parle, sans ajouter aucune réflexion, et il mentionne ensuite des échantillons d^Ispahan et d'jilgypte recueillis dans les cultures. Olivier est cité pour avoir vu le Cresson alénois en Perse, 6iais on ne dit pas si c'était à l'état vraiment spontané '. On répète dans les livres que Sibthorp l'a trouvé dans l'île de Chypre, et, quand on remonte à son ouvrage, on voit que c'était dans les champs *. Poech ne l'a pas mentionné à Chypre ^. Unger et et Kotschy * ne le disent pas spontané dans cette île. D'après Ledebour , Koch l'a trouvé autour du couvent du Mont Ararat, Pallas près de Sarepta, Palk au bord de l'Oka, affluent du Volga; enfin H. Martius l'a cité dans sa flore de Moscou; mais on n'a pas de preuves de la spontanéité dans ces diverses localités. Lindemann ^, en 1860, ne comptait pas l'espèce parmi celles de Russie, et, pour la Crimée, il l'indique seulement comme cultivée *. D'après Nyman ***, le botaniste Schur l'aurait trouvée sauvage en Transylvanie, tandis que les flores de l'Au triche- Hongrie ne citent pas l'espèce, ou la disent cultivée ou croissant dans les terrains cultivés. \037Je suis porté à croire, d'après l'ensemble de ces données plus ou moins douteuses, que la plante est originaire de Perse, d'où elle a pu se répandre, après l'époque du sanscrit, dans les jar- dins de l'Inde, de la Syrie, de la Grèce, de l'Egypte et jusqu'en Abyssinie". \037Pourpier. — Portulaca oleracea, Linné. \037Le pourpier est une des plantes potagères les plus répandues dans l'ancien monde , depuis des temps très reculés. On l'a transportée en Amérique, où elle se naturalise, comme en Europe, dans les jardins, les décombres, au bord des che- mins, etc. C'est un légume plus ou moins usité, une plante offi- cinale et en même temps une excellente nourriture pour les porcs. \0371. Hooker, FL brit. India, 1, p. 160. \0372. Boissier. FL orient, y vol. 1. \0373. De CandoUe, Syst., 2, p. 533. \0374. Sibthorp et Smith, Prodr. fl, grsecae, 2, p. 6. \0375. Poech, Enum. plant, Cypri, 1842. \0376. Unffer et Kotscny, Inseîn Cypern, p. 331. \0377. Ledebour, F. ross,, 1, p. 203. \0378. Lindemann, Index plant, in Ross.^ Bull, Soc. nat, MosCf 1860, vol. 33. \0379. Lindemann, Prodr. fl. Cherson, p; 21. \03710. Nyman, Conspectus fl. europ.^ 1878, p. 65. \03711. Schweinfurth, Beitr. fl. ^th., p. 270. \037\035\013

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70 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037On lui connaît un nom sanscrit, Lonica ou Lounia, c[ui se re- trouve dans les langues modernes de Tlnde *. Les noms grec Andrachne et latin Portulaca sont tout autres, de même que le groupe des noms Cholza en persan, Khursa ou Koursa en hin- dous tani, Kourfa Kara-or en arabe, en tartare, qui paraissent l'origine de Kurza-noga en polonais, Kurj-noha en bohème, Kreusel en allemand, sans parler du nom Schrticha des Russes et de quelques autres de TAsie orientale *. Il n'est pas néces- saire d'être linguiste pour voir certaines dérivations dans ces noms, indiquant que les peuples asiatiques dans leurs migra- tions diverses ont transporté leurs noms de la plante; mais cela ne prouve' pas qu'ils Talent transportée elle-même. Ils peuvent l'avoir reconnue dans les pays où ils arrivaient. D'un autre côté l'existence de trois ou quatre racines différentes fait présumer que des peuples européens antérieurs aux migrations des Asia- tiques avaient déjà des noms pour l'espèce, et que celle-ci, par conséquent, est très ancienne en Europe comme en Asie. \037L'état cultivé, naturalisé autour des cultures ou spontané est bien difficile à connaître pour une plante si répandue et qui se propage facilemeiït an moyen de ses petites graines, en nombre immense. \037A l'est du continent asiatique, elle ne paraît pas aussi ancienne que dans l'ouest, et jamais les auteurs ne disent que ce soit une plante spontanée ^. Dans l'Inde, c'est bien différent. Sir J- Hooker dit * : Croissant dans l'Inde jusqu'à 8000 p. dans l'Himalaya. Il indique aussi dans le nora-ouest de l'Inde la variété à tige dressée qu'on cultive, avec l'ordinaire, en Europe. Je ne trouve rien de positif sur les localités de Perse, mais on en mentionne de si nombreuses et dans des pays si peu cultivés, sur les bords de la mer Caspienne, autour du Caucase, et même dans la Russie méridionale ^, qu'il est difficile de ne pas admettre l'indigénat dans cette région centrale d'où les peuples asiatiques ont envahi l'Europe. En Grèce, la plante est spontanée aussi bien que cul- tivée ^. Plus loin, vers l'ouest, en Italie, etc., on recommence à trouver dans les flores pour toute indication les champs, les jardins, les décombres et autres stations suspectes '. \037Ainsi les documents linguistiques et botaniques concourent à faire regarder l'espèce comme originaire de toute la région qui s'étend de 1 ' Himalaya occidental à la Ru ssie méridionale et la Grèce . \0371. PiddingtOD, Index to indian plants. \0372. Nemnich, PolyoL Lexicon Naturgesch., 2, p*. 1047. \0373. Loureiro, FI. Cochinch. 1, p. 359 ; Franchet et Savatier, Enum, plant. Japon., 1, p. 53; BeDtham, Fl. Hongkong, p. 127. \0374. Hooker, Fl. brit. Ind., 1, p. 240. \0375. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 145. Lindemann, Prodr. fl. Chers., p. 74, dit : In desei^tis et arenosis inter Cherson et Berislaw, circa Odessam. \0376. Lenz, Bot. d. Alt., p. 632 ; Heldreich, Fl. attisch. Ebene, p. 483. \0377. BertoL, Fl. it., v. 5 ; Gussone, Fl. sic. voL 1 ; Moris, FL sard,, v, 2; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., v. 3. \037\035\013

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LÉGUMES. — CÉLERI — CERFEUIL 71 \037Tétragone étalée. — Tetragonia expansa^ Murray. \037Les Anglais appellent cette plante Epmard de la Nouvelle-Zé- lande^ parce qu'elle avait été rapportée de ce pays et cultivée par sir Joseph Banks, lors du célèbre voyage du capitaine Gook. C'est une plante singulière, sous deux points de vue. D'abord elle est la seule espèce cultivée qui provienne de la Nouvelle-Zélande; ensuite elle appartient à une famille de plantes ordinairement charnues, les Ficoïdes, dont aucune autre ■espèce n'est employée. Les horticulteurs * la recommandent, comme un légume annuel, dont le goût est à peu près celui de il'Epinard, mais qui supporte mieux la sécheresse et devient par ^e motif une ressource dans la saison où l'Epinard fait défaut. \037Depuis le voyage de Cook, on l'a trouvée sauvage, principale- ment sur les côtes de la mer, non seulement à la Nouvelle-Zé- lande, mais en Tasmanie, dans le sud et l'ouest de l'Australie, au Japon et dans l'Amérique australe *. Reste à savoir si, dans ces dernières localités, elle n'est pas naturalisée, car elle est in- diquée près des villes, au Japon et au Chili '. \037Céleri cultivé. — Apium graveolens^ Linné. \037Comme beaucoup d'Ombelluères, des lieux humides, le Céleri sauvage a une haJbitation étendue. 11 existe depuis la Suède jusqu'à l'Algérie, l'Egypte, TAbyssinie, et en Asie depuis le Caucase jusque dans le Belouchistan et les montagnes de llnde anglaise *. \037Il en est question déjà dans YOdyssée, sous le nom de Selinon^ et dans Théophraste ; mais plus tard Dioscoride et Pline ^ dis- tinguent le Céleri sauvage et le Céleri cultivé. Dans celui-ci, on fait blanchir les feuilles, ce qui diminue beaucoup l'amertume. L'ancienneté de la culture fait comprendre pourquoi les variétés de jardin sont nombreuses. Une des plus différentes de l'état naturel est le Céleri rave, dont la racine charnue se mange cuite. \037Cerfeuil. — Scandix Cerefoliwriy Linné. — Anthriscus Cere^ folium^ Hoffmann. \037Il n'y a pas longtemps que l'origine de cette petite Ombel- tlifère, si commune dans nos jardins, était inconnue. Comme \0371. Botanical magazine, t. 2362; Bon jardinier, 1880, p. 567. \0372. Sir J. Hooker, Handbook of New Zealand flora, p. 84; Bentham, Flora australiensis, 3, p. 327; Franehet et Savatier, Enum, plant, Japonia^ I, p. 177. \0373. Cl. Gay, Flora chilena, 2, p. 468. \0374. Pries, Summa veget. Scandinavise ^ Munby, Catal. Alger.^ p. il ; Boissier, Flora orientalis, 2, p. 856 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlung, p. 272 ; Hooker, Flora of brit, India, 2 p. 679. \0375. Dioscoride, Mat med,, l. 3, c. 67, 68; Pline, IHst, 1. 19, oi 7, 8; Lenz, £oL d. alten Gnechen und Bœmer, p. 557. \037\035\013

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72 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037beaucoup d'espèces annuelles, on la voyait paraître dans les décombres, les bords de haies, les terrains peu cultivés, et l'on ne savait pas s'il fallait la regarder comme spontanée. Dans l'Europe occidentale et méridionale, elle semble adventive, plus ou moins naturalisée ; mais, dans le sud-est de la Russie et dans l'Asie occidentale tempérée, elle paraît spontanée. Steven * l'in- dique dans « les bois de la Crimée, çà et là ». M. Boissier ^ a reçu plusieurs échantillons des provinces au midi du Caucase, de Turcomanie et des montagnes de la Perse septentrionale, loca- lités probablement naturelles de l'espèce. Elle manque aux flores de l'Inde et de TAsie orientale. \037Les auteurs grecs n'en ont pas parlé. La première mention chez les anciens est dans Columelle et Pline ', c'est-à-dire au commencement de l'ère chrétienne. On la cultivait. Pline l'ap- \037f)elle Cerefolium. Probablement l'espèce s'était introduite dans e monde gréco-romain depuis Théophraste, c'est-à-dire dans le laps des trois siècles qui ont précédé l'ère actuelle. \037Persil. — Petroselinum sativum, Moench \037Cette Ombellifère bisannuelle est sauvage dans le midi de l'Europe, depuis l'Espagne jusqu'en Macédoine. On l'a trouvée aussi à Tlemcen en Algérie et dans le Liban *. \037Dioscoride et Pline en ont parlé sous le nom de Petroselinon et Petroselinum^ mais comme d'une plante sauvage et offici- nale ^. Rien ne prouve qu'elle fût cultivée de leur temps. Dans le moyen âge Charlemagne la comptait parmi les plantes qu'il ordonnait de cultiver dans ses jardins ®. Olivier de Serres^ au xvi« siècle, cultivait le Persil. Les jardiniers anglais l'ont reçu en 1548 ^ \037Quoique la culture ne soit pas ancienne et importante, il s'est produit déjà deux races, qu'on appellerait des espèces, si on les voyait à l'état spontané : le Persil à feuilles frisées et celui dont la racine charnue est comestible. \037Ache ou Maceron. — Smyrnium Olus-atrum^ Linné. \037De toutes les Ombellifères servant de légumes, celle-ci a été une des plus communes dans les jardins pendant environ quinze siècles, et maintenant elle est abandonnée. On peut suivre ses commencements et sa fm. Théophraste en parlait comme d'une plante officinale sous le nom de Ipposelinon^ mais trois cents ans \0371. Steven, Verzeichniss taurischen Halbinseln, p. 183. \0372. Boissier, Flora orient.^ 2, p. 913. \0373. Lenz, Botanik der alten Griechen und Rœmer, p. 572. \0374. Munby, Catal. Alger., éd. 2, p. 22; Boissier, Flora orientalis^ 2 p., 857^ \0375. Dioscorides, Mat, medica, 1. 3, c. 70 ; Pline, Hist,, 1. 20, c. 12. \0376. La liste de ces plantes est dans Meyer, Geschickte dei^ Botanik, 3>. p. 401. \0377. Phillips, Companionto kitchen garden^ 2, p. 33. \037\035\013

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LÉGUMES. — PERSIL. — ACHE. — MACHE. — ARTICHAUT 73 \037plus tard Dioscoride ^ dit qu'on en mangeait la racine ou les feuilles, à volonté, ce qui fait supposer une culture. Les Latins l'appelaient Olus-atrum^ Gharlemagne Olisatum, et il ordon- nait d'en semer dans ses fermes ^. Les Italiens l'ont beaucoup employée, sous le nom de Macerone '. A la fin du xviii» siècle, la tradition existait en Angleterre que cette plante était jadi» cultivée ; ensuite les horticulteurs anglais ou français n'en par- lent plus *. \037Le Smyrnium Olus-atrum est spontané dans toute l'Europe méridionale, en Algérie, en Syrie et dans l'Asie Mineure ^. \037Mâche ou Doucette. — Valerianella olitoria, Linné. \037Cultivée fréquemment pour salade, cette plante annuelle, de la famille des Valérianées, se trouve à l'état spontané dans toute l'Europe tempérée jusqu'au 60® degré environ, dans l'Europe méridionale, aux îles Canaries, Madère et Açores, dans le nord de l'Afrique, l'Asie Mineure et les environs du Caucase •. Elle y est souvent dans les terrains cultivés , aux abords des vil- lages, etc., ce qui rend assez difficile de savoir où elle existait avant d'être cultivée. On la cite cependant, en Sardaigne et en Sicile, dans les prés et pâturages de montagnes ^. Je soupçonne qu'elle est originaire de ces îles seulement, et que partout ailleurs elle est adventive ou naturalisée. Ce qui me le fait penser, c'est qu'on n'a découvert chez les auteurs grecs ou latins aucun nom qui paraisse pouvoir lui être attribué. On ne peut même citer, d'une manière certaine, aucun botaniste du moyen âge ou du xvi° siècle qui en ait parlé. Il n'en est pas question non plus parmi les légumes usités en France au xvii« siècle, d'après le Jardinier français de 1651 et l'ouvrage de Laurenberg, Horticul- tura (Francfort, 1632). La culture et même l'emploi de cette salade paraissent donc modernes, ce qui n'avait pas été re- marqué. \037Gardon. — Cynara Cardunculusy Linné. \037Artichaut. — Cynara Scolymus, Linné. — C. Cardunculus^ var. sativa, Moris. Depuis longtemps, quelques botanistes ont émis l'idée que \0371. Theophrastes, Hist,f 1. 1, 9; 1. 2, 2; 1. 7, 6 ; Dioscorides, Mat. med.^ 1. 3, c. 71. \0372. E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 401. \0373. Targioni, Cenni storici, p. 58. \0374. English botany, t. 230 ; Phillips, Companion to the kitchen garden; Le bon jardinier. \0375. Boissier, Flora orientalis, 2, p. 927. \0376. Krok, Monographie des Valerianella, Stockolm, 1864, p. 88 ; Boissier^ Flora orient.^ 3, p. 104. \0377. Bertoloni, Flora ital., 1, p. 185; Moris, Flora sardoa, 2, p. 314; Gussone^ Synopsis ^. Siculx, éd. 2, vol. 1, p. 30. \037\035\013

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74 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037l'artichaut est probablement une forme obtenue, par la cul- ture, du Cardon sauvage *. Aujourd'hui, de bonnes obser- vations en ont donné la preuve. Moris *, par exemple, ayant cultivé, dans le jardin de Turin, la plante spontanée de Sar- daigne à côté de l'Artichaut, affirme qu'on ne pouvait plus les distinguer par de véritables caractères. MM. Wilkomm et Lange ', qui ont bien observé, en Espagne, la plante spontanée et l'Artichaut qu'on y cultive, ont la même opinion. D'ailleurs l'Artichaut n'a pas été trouvé hors des jardins, et comme la région de la Méditerranée, patrie de tous les Cynara, a été explorée à fond, on peut affirmer qu'il n'existe nulle part spon- tané. \037Le Cardon dans lequel il faut comprendre le C. horrida^ de Sibthorp, est indigène à Madère et aux Camaries, dans les mon- tagnes du Maroc près de Mogador, dans le midi et l'orient de la péninsule ibérique, le midi de la France^ de l'Italie, de la Grèce et dans les îles de la mer Méditerranée, jusqu'à celle de Chypre *. Munby ^ n'admet pas le C. Carduncultts comme spontané en Algérie, mais bien le Cynara humilis Linné, qui est considéré par quelques auteurs comme une variété. \037Le Gardon cultivé varie beaucoup au point de vue de la division des feuilles, du nombre des épines et de la taille, diver- sités qui indiquent une ancienne culture. Les Romains man- geaient le réceptacle qui porte les fleurs, et les Italiens le man- gent aussi sous le nom de glrello. Les modernes cultivent le Gardon pour la partie charnue des feuilles, usage qui n'est pas encore introduit en Grèce ®. \037L'Artichaut présente moins de variétés, ce qui appuie Topinion qu'il est une dérivation obtenue du Gardon. Targioni ', dans un excellent article sur cette plante, raconte que l'Artichaut a été apporté de Naples à Florence en 1466, et il prouve que les anciens, même Athénée, ne connaissaient pas l'Artichaut, mais seulement les Cardons sauvages et cultivés. Il faut citer cepen- dant, comme indice d'ancienneté dans le nord de l'Afrique, la circonstance que les Berbères ont deux noms tout à fait particu- liers pour les deux plantes : Addad pour le Cardon, Taga pour l'artichaut ^. \037On croit que les Kactos, Kinara et Scolimos des Grecs et le \0371. Dodoens, Hist. plant., p. 724 ; Linné, Speciesy p. 1159 ; de Candolle' FiHxiromus, 6, p. 620. \0372. Moris, Flora sardoa, 2, p. 61. \0373. Willkomm et Lange, Prodr, fl, hisp,, 2, p. 180. \0374. Webb, Phyt. Canar,, 3, sect. 2, p. 384 ; Bail, Spicilegium jfl, marocc.^ p. 524 ; Willkomm et Lange, /. c. ; Bertoloni, fl, ital., 9 p. 86 ; Boissier, fl. orient., 3, p. 357 ; Unjçer et Kotschy, Insein Ùypern, p. 246. \0375. Munby, Catal., éd. 2. \0376. Heldreich, Nntzpflanzen GriechenlancTs, p. 27. \0377. Targioni, Cenni slorici, p. 52. \0378. Dictionnaire français-berùèi^, publié par le gouvernement, 1 vol. in-8. \037\035\013

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LÉGUMES. — LAITUE 75 \037Carduus des horticulteurs romains étaient le Cynara Cardun- culus *, quoique la description la plus détaillée, celle des Théo- phraste, soit assez confuse. « La plante, disait-il, croît en Sicile » ce qui est encore vrai; et il ajoutait : « non en Grèce. » Il est donc possible que les pieds observés de nos jours dans ce pays soient le résultat de naturalisations par le fait des cultures. D'après Athénée * le roi d'Egypte Ptolomée Euergètes, du II® siècle avant Jésus-Christ, avait trouvé en Lybie une grande quantité de Kinara sauvages, dont ses soldats avaient profité. \037Malgré la proximité de l'habitation naturelle de l'espèce je doute beaucoup que les anciens Egyptiens aient cultivé le Gardon ou l'artichaut. Pickering et Unger ^ ont cru le reconnaître dans quelques dessins des monuments ; mais les deux figures que Ùnger regarde comme le plus admissibles me paraissent extrê- mement douteuses. D'ailleurs on ne connaît aucun nom hébreu, et les Juifs auraient probablement parlé de ce légume s'ils l'avaient vu en Egypte. L'extension de l'espèce doit s'être faite en Asie assez tardivement. Il y a un nom arabe, Hirschuffon Ker- schouff et un nom persan, Kunghir *, mais pas de nom sanscrit, et les Hindous ont pris le nom persan Kunjir ^, ce qui montre l'époque tardive de l'introduction. Les auteurs chmois n'ont mentionné aucun Cynara ®. En Angleterre, la culture de l'Arti- chaut n'a été introduite- qu'en 1548 '. L'un des faits les plus curieux dans l'histoire du Cynara Cardunculus est sa naturali- sation, dans le siècle actuel, sur une vaste étendue des pampas de Buenos-Ayres, au point de gêner les communications ^. Il devient incommode également au Chili ^. On ne dit pas que l'Artichaut se naturalise de cette manière nulle part, ce qui est encore l'indice d'une origine artificielle. \037Laitue. — Lactuca Scariola, var. sativa. \037Les botanistes s'accordent à considérer la laitue cultivée comme une modification de l'espèce sauvage appelée Lactuca Scariola ^^, \037\035\0131. Theophrastes, Hint., 1. 6, c. 4 ; Pline, Hist,, 1. 19, c. 8 ; Lenz, Botanik der alten Griechen und Rœmer^ p. 480. \0372. Athénée, Deipn., 2, 84. \0373. Pickering, Ùhronol. arrangement, p. 71 ; Unger, Pflanzen des alten .Egyptensy p. 46, fig. 27 et 28. \0374. Âinslies, Mat. méd. ind,, 1, p. 22. \0375. Piddington, Index, \0376. Bretschneider, Study, etc., et Lettres de 1881. \0377. Phillips, Companion to the kitchengarden, p. 22. \0378. Aug. de Saint-Hilaire, Plantes remarq. du Brésil, Introd., p. 58 ; Darwin, Animais and plants under domestication, 2, p. 34. \0379. Cl. Gay, Flora chilena, 4, p. 317. \03710. L'auteur qui a examiné cette question avec le plus de soin est fiis- choff, dans ses Beitràge zur flora Deutschlands und der Schweiz, p. 184. Voir aussi Moris, FI, sardoa, 2, p. 530. \037\035\013

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76 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037Celle-ci croît dans l'Europe tempérée et méridionale, aux îles Canaries et Madère *, en Algérie *, en Abyssinie ' et dans l'Asie occidentale tempérée. M. Boissier en cite des échantillons de TArabie Pétrée jusqu'à la Mésopotamie et le Caucase *. Il mentionne une variété à feuilles crispées, par conséquent ana- logue à certaines laitues de nos jardins , que le voyageur Hausknecht lui a apportée d'une montagne du Kurdistan. J'ai un échantillon de Sibérie, près du fleuve Irtysch, et on sait main- tenant d'une manière certaine que l'espèce croît dans Tlnde septentrionale, du Gachemir au NepauP. Dans tous ces pays, elle est souvent près des cultures ou dans les décombres, mais souvent aussi dans des rocailles, des taillis ou des prés, comme une plante bien spontanée. \037La laitue cultivée se sème fréquemment dans la campagne, hors des jardins. Personne, à ma connaissance, ne l'a suivie dans ce cas pendant quelques générations ou n'a essayé de cultiver le Z. Scariola sauvage, pour voir si le passage d'une forme à l'autre est facile. Ils se pourrait que l'habitation pri- mitive de l'espèce se fût étendue par la diff'usion de laitues cultivées faisant retour à la forme sauvage. Ce oui est connu, c'est l'accroissement du nombre des variétés cultivées, depuis environ 2000 ans. Théophraste en indiquait trois®; Le Bon jar- dinier^ de 1880, une quarantaine, existant en France. \037Les anciens Grecs et les Romains cultivaient la laitue, sur- tout comme salade. En Orient, la culture remonte peut-être à une époque plus ancienne. Cependant, d'après les noms vul- gaires originaux, soit en Asie, soit en Europe, il ne semble pas que cette plante ait été généralement et très anciennement cultivée. On ne cite pas de nom sanscrit, ni hébreu, ni de la langue reconstruite des Aryens. Il existe un nom grec, Tridax; latin, Lactuca; persan et hindoustani, Kahu^et l'analogue arabe Chuss ou Chass. Le nom latin existe aussi, légèrement modifié, dans plusieurs langues slaves et germaniques "'j ce qui peut signifier ou que les Aryens occidentaux l'ont répandu, ou que la culture s'est propagée plus tard, avec le nom, du midi au nord de l'Europe. \037Le Dr Bretschneider a confirmé ma supposition * que la Laitue n'est pas très ancienne en Chine et qu'elle y a été intro- duite de l'ouest. Il dit que le premier ouvrage où elle soit men* tionnée date de 600 à 900 de notre ère '. \0371. Webb, Phytogr, canar., 3, p. 422 ; Lowe, F/, of Madeim, p. 544. \0372. Miinby, Cataî,, éd. 2, p. 22, sous le nom de L. sylvestris, \0373. Schweinrurth et Ascherson, Aufz'àhlung^ p. 285. \0374. Boissier, FI, orient,, 3, p. 809. \0375. Glarke, Compos, inaicse, p. 263. \0376. Theophrastes, 1. 7, cap). 4. \0377. Nemnich, Polygl, Lexicon, \0378. A. de CandoUe, Géogr. bot, rais., p. 843. \0379. Bretschneider, Stuay and value of chinese botanical works, p. 17. \037\035\013

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LÉGUMES. — CHICORÉES 77 \037Chicorée sauvage. — Cichorium Intybusj Linné. \037La Chicorée sauvage, vivace, qu'on cultive comme légume, de, four ie FEuro \037^Europe ^ , \037le Punjab et le Gachemir ', et de la Russie au lac Baïkal en Sibérie *. La plante est certainement spontanée dans la plupart de ces pays ; mais, comme elle croit souvent au bord des chemins et des champs, il est probable qu'elle a été transportée par rhomme en dehors de sa patrie primitive. Ce doit bien être le cas dans Tlnde, car on ne cite aucun nom sanscrit. \037Les Grecs et les Romains employaient cette espèce, sauvage et cultivée ^^ mais ce qu'ils en disent est trop abrégé pour être clair. D'après M. de Heldreich, les Grecs modernes emploient sous le nom général de Lachana, comme légume et salade, dix-sept Cichoracées différentes, dont il donne la liste ^. Selon lui, l'espèce ordinairement cuHivée est le Cichorium divaricatuniy Schousboe (C. »Mmi/wm, Jacquin), mais il est annuel, et la Chicorée dont parle Théophraste était vivace. \037Chicorée Endive. — Cichorium Bndivia, Linné. \037Les Chichorées blanches, Endives ou Scarole, des jardins, se dis- tinguent du Cichorium Intybus en ce qu'elles sont annuelles et d'une saveur moins amère. En outre, les lanières de leur aigrette au-dessus de la graine sont quatre fois plus longues, et inégales, au lieu d'être égales. Aussi longtemps qu'on comparait cette plante avec le C. Intybus, il était difficile de ne pas admettre deux espèces. On ne connaissait pas l'origine du C Endivia. Lorsque nous reçûmes, il y a quarante ans, des échantillons d'un Cichorium de l'Inde appelé par Hamilton C, Cosmia^ ils nous parurent tellement semblables à l'Endive que nous eûmes l'idée de voir l'origine de celle-ci dans l'Inde, comme on l'avait quel- quefois supposé ' ; mais les botanistes anglo-indiens disaient, et ils affirment de plus en plus, que la plante indienne est seule- ment cultivée ^. L'incertitude continuait donc sur l'origine géo- graphique. Dès lors, plusieurs botanistes ® ont eu l'idée de comparer l'Endive avec une espèce annuelle, spontanée dans la \0371. Bail, Spicilegium FI. marocc, p. 534; Munby, CataL, éd. 2, p. 21. \0372. Boissier, fl, orient., 3 p. 715. \0373. Clarke, Compos. ind., p. 250. \0374. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 774. \0375. Dioscorides, II, cap. 160; Pline, XIX, cap. 8; Palladius, XI, cap. 11. Voir d'autres aateurs cités dans Lenz, Botanik d. Alten, p. 483. \0376. Heldreich, Die Nutzvflanzen Griechenland's, p. 28 et 76. \0377. Aug. Pyr. de GandoUe, Prodr. 7 p. 84; Alpb. de CandoUe, Géogr. bot. p. 845. \0378. Clarke, Conwos. ind., p. 250. \0379. De Visiani, F/ora dalmat., II, p. 97; Schultz, dans Webb, Phyt, canar., sect. II, p. 391 ; Boissier^ Fl. orient., III, p. 716. \037\035\013

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78 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037région méditerranéenne, le Ctchorium pttmilum, Jacquin (C di- varicatwn, Schousboe), et les différences ont été trouvées si légères que les uns ont soupçonné, les autres ont affirmé l'identité spécifique. Quant à moi, après avoir vu des échantil- lons sauvages, de Sicile, et comparé les bonnes figures publiées par Reichenbach [Icônes^ vol. 19, pi. 1357 et 1358), je n'ai aucune objection à prendre les Endives cultivées pour des variétés de la même espèce que le C pumilum. Dans ce cas, le nom le plus ancien étant C. Fndioia, c'est celui qu'on doit con- server, comme Va^ fait Scbultz. Il rappelle d'ailleurs un nom vulgaire commun à plusieurs langues. \037La plante spontanée existe dans toute la région dont la Méditerranée est le centre, depuis Madère \ le Maroc a et l'Algérie ®, jusqu'à la Palestine *, le Caucase et le Turkestan ^. Elle est commune surtout dans les îles de la Méditerranée et en Grèce. Du côté ouest, par exemple en Espagne et à Madère, il est \037Ï probable qu'elle s'est naturalisée par un effet des cultures, d'après es stations qu'elle occupedans les champs et au bord des routes. On ne trouve pas, dans les textes anciens, une preuve positive de l'emploi de cette plante chez les Grecs et les Romains*; mais il est probable qu'ils s'en servaient comme de plusieurs autres Ghicoracées. Les noms vulgaires n'indiquent rien, parce qu'ils ont pu s'appliquer aux deux espèces de Ctchorium, Ils sont peu variés ^ et font présumer une culture sortie du milieu gréco-romain. On cite un nom hindou, Kasni, et tamul, Koschi *, mais aucun nom sanscrit, ce qui indique une extension tardive de la culture dans l'est. \037Epinard. — Spinacia oleracea^ Linné. \037Ge légume était inconnu aux Grecs et aux Romains ^. Il était nouveau en Europe au xvi® siècle ^^,et l'on a discuté pour savoir s'il devait s'appeler Spanachia, comme venant d'Espagne, ou Spinacia, à cause des épines du fruit ^*. La suite a montré que le nom vient de l'arabe Isfânâdsch, Esbanach ou Sebanach^ suivant les auteurs *^. Les Persans disent Ispany ou Ispanaj^^, et \0371. Lowe, Floi^a ofMadeira, p. 521. \0372. Bail, Spicileg,^ p. 534. \0373. MuQby, Cat,^ éd. 2, p. 21. \0374. Boissier, /. c. \0375. Bunge, Beitr. zur flora RusslancTs und Central-AsierCSy p. 197. \0376. Lenz, Botanik der Alten, p. 483, cite les passages des auteurs. Voir aussi Heldreich, Die Nutzpflanzen GriechenL^ p. 74. \0377. Nemnich, Polygl. Lexic, au mot Ctchorium Endivia. \0378. Royle, IlL HimaL, p. 247 ; Piddiugton, Index, \0379. J. Éauhin, Hist., II, p. 964 ; Fraas, Syn, fl, class,; Lenz, BoL d, Alten, \03710. Brassavola, p. 176. \03711. Malhioli, éd. Valcr. p. 343. \03712. Ebn Baithar^ ueoerttz von Sondtheimer, I, p. 34 ; Forskal, Egypt, p. 77 ; Delile, ///. jEgypt,, p. 29. \03713. Roxbur^h, Fi. ind,, éd. 1832, v. III, p. 771^ appliqué au Spinacia tetrandra, qui paraît la même espèce. \037\035\013

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LÉGUMES. -- ÉPINARD 79 \037les Hindous Isfany ou Palak, d'après Piddington, ou encore Pinnis^ d'après le même et Roxburgh . L'absenee de nom sans- crit indique une culture peu ancienne dans ces régions. Loureiro a vu TEpinard cultivé à Canton, et M. Maximowicz en Mand- schourie * ; mais M. Brestschneider nous apprend que le nom chinois signifie Herbe de Perse, et que les légumes occidentaux ont été introduits ordinairement en Chine un siècle avant l'ère chrétienne 2. U est donc probable que la culture a commencé en Perse depuis la civilisation gréco- romaine , ou qu'elle ne s'est pas répandue promptement à Test ni à l'ouest de son origine persane. On ne connaît pas de nom hébreu, de sorte que les Arabes doivent avoir reçu des Persans la plante et le nom. Rien ne fait présumer qu'ils aient apporté ce légume en Espagne. Ebn Baithar, qui vivait en 1235, était de Malaga ; mais les ou- vrages arabes qu'il cite ne disent pas où la plante était cultivée, si ce n'est l'un d'eux qui parle de sa culture commune à Ninive et Babylone. L'ouvrage de Herrera sur l'agriculture espagnole ne mentionne l'espèce que dans un supplément, de date moderne, d'où il est probable que l'édition de 1513 n'en parlait pas. Ainsi la culture en Europe doit être venue d'Orient à peu près dans le xv» siècle. \037On répète dans quelques livres populaires que l'Epinard est originaire de TAsie septentrionale, mais rien ne peut le faire présumer. Il vient évidemment de l'ancien empire des Mèdes et des Perses. D'après Bosc ', le voyageur Olivier en avait rapporté des graines recueillies, en Orient, dans la campagne . Ce serait une preuve positive si le produit de ces graines avait été exa- miné par un botaniste pour s'assurer de l'espèce et de la variété. Dans l'état actuel des connaissances, il faut convenir qu'on n'a pas encore trouvé l'Epinard à l'état sauvage, à moins qu'il ne soit une modification cultivée du Spinacia tetrandra Steven, qui est spontané au midi du Caucase, dans le Turkestan, en Perse et dans l'Afghanistan, et qu'on emploie comme légume sous le nom de Schamum *. \037Sans entrer ici dans une discussion purement botanique, je dirai qu'en lisant les descriptions citées par M. Boissier, en re- gardant la planche de Wight ^ du Spinacia tetrandra Roxb., cultivé dans l'Inde, et quelques échantillons d'herbier, je ne vois pas de caractère bien distinctif entre cette plante et l'Epi- nard cultivé à fruits épineux. Le terme de tetrandra exprime l'idée que Tune des plantes aurait cinq et l'autre quatre éta- mines, mais le nombre varie dans nos Epinards cultivés ^. \0371. Maximowicz, Primitise fl. Amur.j p. 222. \0372. Bretschneider, Study, etc, of chinese bot, works, p. 17 et 15. \0373. Dict. d'agric, V, p. 906. \0374. Boissier, Fl. orient, VI, p. 234. \0375. Wight, Icônes, t. 818. \0376. Nées, Gen, plant, fl. germ., livr. 7, pi. 15. \037\035\013

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  • 0 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

\037Si, comme cela paraît probable, Jes deux plantes sont deux variétés, Tune cultivée, l'autre tantôt sauvage et tantôt cultivée, le nom le plus ancien S. oleracea doit subsister, d'autant plus que les deux plantes se voient dans les cultures du pays d'ori- gine. \037VEpinard de Hollande ou gros Epinard, dont le fruit n'a pas d'épines, est évidemment un produit des jardins. Tragus, soit Bock, en a parlé le premier dans le xvi* siècle *. \037Brède de Malabar. — Amarantus gangeticus, Linné. \037Plusieurs Amarantes annuelles sont cultivées, comme légume vert, dans les îles Maurice, Bourbon et Seychelles, sous le nom de Brède de Malabar *. Celle-ci paraît la principale. On la cul- tive beaucoup dans llnde. Les botanistes anglo-indiens l'ont prise pendant quelque temps pour VAmarantus oleraceus de Linné, et Wight en a donné une figure sous ce nom ', mais on a reconnu qu'elle en diffère et qu'elle se rapporte à l'A. gange- ticus. Ses variétés, fort nombreuses, de taille, de couleur, etc., portent dans la langue télinga le nom de Tota Kura, avec addi- lion quelquefois d'un adjectif pour chacune. 11 y a d'autres noms en bengali et hindoustani. Les jeunes pousses remplacent quelquefois les asperges sur la table des Anglais *. L'A. melan- ^holicus^ souvent cultivé dans les jardins d'Europe pour l'orne- ment, est regardé comme une des formes de l'espèce. \037Le pays d'origine est peut-être l'Inde, mais je ne vois pas qu'on y ait récolté la plante à l'état spontané ; du moins les auteurs ne l'affirment pas. Toutes les espèces du genre Ama- rante se répandent dans les terrains cultivés, les décombres, les bords de routes, et se naturalisent ainsi à moitié, dans les pays -chauds comme en Europe. De là une extrême difficulté pour distinguer les espèces et surtout pour deviner ou constater leur origine. Les espèces les plus voisines du gangeticus paraissent asiatiques. \037L'A. gangeticus est indiqué comme spontané en Egypte et en Abyssinie, par des auteurs très dignes de confiance ^ ; mais ce n'est peut-être que le fait de naturalisations du genre de. celles dont je parlais. L'existence de nombreuses variétés et de noms divers dans l'Inde rend l'origine indienne très probable. \037Les Japonais cultivent comme légume les Amarantus eau- datus , mangostanus et melancholicus (ou gangeticus) , de Linné ^, mais rien ne prouve qu'aucun d'entre eux soit indigène. \0371. BauhiD, Hist., II, p. 965. \0372. A. gangeticus, tristis et hybridus, de Linné, d'après Baker, Flora of Mauritius, p. 266. \0373. Wight, Icônes, pL 715. \0374. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, vol. III, p. 606. \0375. Boissier, Flora orientalis, IV, p. 990 ; Schweinfurth et Âscherson, Aufzàhlung, etc., p. 289. \0376. Franchet et Savatier, Enum, plant. Japonije, I, p. 390. \037\035\013

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FOURRAGES. — LUZERNE 81 \037A Java, on cultive VA, polystachyus^ Blume, très commun dans les décombres, au bord des chemins *, etc. Je parlerai plus loin des espèces cultivées pour leurs graines. \037Poireau ou Porrean. — A IHum Ampeloprasum^ var. Porrum. \037D'après la monographie très soignée de J. Gay *, le Porreau, conformément aux soupçons d'anciens auteurs ', ne serait qu'une variété cultivée de VAllium Ampeloprasum de Linné, si commun en Orient et dans la région de la mer Méditerranée, spéciale- ment en Algérie, lequel, dans l'Europe centrale, se naturalise quelquefois dans les vignes et autour d'anciennes cultures *. Gay semble s'être défié beaucoup des indications des flores du midi de l'Europe, car, à l'inverse de ce qu'il fait pour les autres es- pèces dont il énumère les localités hors de l'Algérie, il ne cite dans le cas actuel que les localités algériennes, admettant néan- moins la synonymie des auteurs pour d'autres pays. \037La forme du Porrum cultivé n'a pas été trouvée sauvage. On la cite seulement dans des localités suspectes, comme les vignes, les jardins, etc. Ledebour ^ indique, pour l'A. Ampeloprasum^ les confins de la Grimée et les provinces au midi du Caucase. Wallich en a rapporté un échantillon de Kamaon, dans l'Inde *, mais on ne peut pas être sûr qu'il fût spontané. Les ouvrages sur la Cochinchine (Loureiro), la Chine (Bretschneider), le Japon (Franchet et Savatier) n'en parlent pas. \037\035\013Article %, — Vouprage». \037Luzerne. — Medicago saliva^ Linné. \037La Luzerne était connue des Grecs et des Romains. Ils l'appe- laient en grec Médical^ en latin Medica ou Herba medica^ parce qu'elle avait été apportée de Médie, lors de la guerre contre les Perses, environ 470 ans avant l'ère chrétienne \ Les Romains la cultivaient fréquemment, du moins depuis le commencement du i®"^ ou II® siècle. Gaton n'en parle pas ^, mais bien Varron, Columelle, Virgile, etc. De Gasparin ^ fait remarquer que Cres- cenz, en 1478, n'en faisait pas mention pour l'Italie, et qu'en \0371. Hasskarl, Plantx javan. rariores, p. 431. \0372. Gay, Ann. des se. nat., 3" série, vol. 8. \0373. Linné, Species; de CandoUe, FI. franc., III, p. 219. \0374. Koch, Synopsis fl, germ. ; Babington, Manual of brit, fl, ; English bo- tany, etc., etc. \0375. Ledei)Our, Flora ross., IV, p. 163. \0376. Baker, Journal of bot., 1874, p. 293. \0377. Strabon, 12, p. 560 ; Pline, livre 18, chap. 16. \0378. Hehn, Culturpflanzen, etc., p. 355. \0379. Gasparin, Cours d'aginc, IV, p. 424. \037De Gandolle. 6 \037\035\013

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82 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \0371711 Tull ne Tavait pas vue au delà des Alpes. Targioni cepen- dant, qui n'a pas pu se tromper sur ce point, dit que la culture de la Luzerne s'est maintenue en Italie, surtout en Toscane, depuis les anciens*. Dans la Grèce moderne, elle est \037\035\013rare '. \037\035\013Les cultivateurs français ont souvent appliqué à la Luzerne le nom de Sainfoin (jadis Sain foin), qui est celui de YOnohrychis sativa , et cette transposition existe encore aux environs de Ge- nève, par exemple. Le nom de Luzerne a été supposé venir de la vallée de Luzerne, en Piémont, mais il y a une autre origine plus probable. Les Espagnols avaient un ancien nom, Eruye, cité par J. Bauhin ', et les Catalans disent Userdas *, d'où vient peut-être le nom patois du midi de la France, Laouzerdo^ très voisin de Luzerne. La culture en était si commune en Espagne que les Italiens ont quelquefois appelé la plante Herba spagna ^. Les Espagnols, outre les noms indiqués, disent Mielga ou Melga^ qui paraît venir de Medica, mais ils emploient surtout les noms tirés de l'arabe Alfafa^ Alfasafat^ Alfalfa, Dans le xiip siècle, le célèbre médecin Abn Baithar, qui écrivait à Malaga, emploie le mot arabe Fisfisat^ qu'il rattache au nom persan Isfist *. On voit que si Ton se fiait aux noms vulgaires l'origine de la plante serait ou l'Espagne, ou le Piémont, ou plutôt la Perse . Heureusement les botanistes peuvent fournir des preuves directes et positives sur la patrie de l'espèce. \037Elle a été recueillie spontanée, avec toutes les apparences d'une plante indigène , dans plusieurs provinces de l'Anatolie, au midi du Caucase, dans plusieurs localités de Perse, en Afgha- nistan, dans le Belouchistan ^ et en Cachemir ^. D'autres loca- lités dans le midi de la Russie, indiquées par les auteurs, sont peut-être le résultat des cultures, comme cela se voit dans l'Eu- rope méridionale. Les Grecs peuvent donc avoir tiré la plante de l'Asie Mineure aussi bien que de la Médie, qui s'entendait surtout de la Perse septentrionale. \037Cette origine, bien constatée, de la Luzerne, me fait aperce- voir, comme une chose singulière, qu'on ne lui connaît aucun nom sanscrit '. Le Trèfle et le Sainfoin n'en avaient pas non plus, ce qui fait supposer que les Aryens n'avaient pas de prairies artificielles. \0371. Targioni, Cenni storici, p. 34. \0372. Fraas, Synopsis florse classicx, p. 63 ; Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 70. \0373. Bauhin, Htst. plant. y II, p. 381. \0374. Colmeiro, CaJtaL \0375. Tozzetti, Dizion. bot, \0376. Ebn Baithar, Heil und NahrungsmitieL trad. de Tarabe par Sontheimer. vol. 2, p. 257. ^ y K \0377. Boi88ier, FI. orient., II, p. 94. \0378. Royle, ///. Himal., p. 197. \0379. Piddington, Index, \037\035\013

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FOURRAGES. — SAINFOIN 83 \037Sainfoin. Esparcette. — Hedysarum Onobrychis , Linné. — Ombrychis saliva, Lamarck, \037Cette Légumineuse, dont l'utilité est incontestable dans les terrains secs et calcaires des régions tempérées, n'est pas d'un usage ancien. Les Grecs ne la cultivaient pas, et aujourd'hui encore leurs descendants ne Font pas introduite dans leur agri- culture *. La plante nommée Onobrychis dans Dioscoride et Pline est VOnobrychis Caput-Galli des botanistes modernes ', espèce sauvage en Grèce et ailleurs, qu'on ne cultive pas. \JEs- parcette^ Lupinella des Italiens, était fort estimée, comme four- rage, dans le midi de la France, à l'époque d'Olivier de Serres ', c'est-à-dire au xvi® siècle; mais en Italie c'est surtout dans le xviii« que la culture s'en est répandue, particulièrement en Toscane. \037L'Esparcette ou Sainfoin (autrefois Sain foin) est une plante vivace qui croît spontanément dans l'Europe tempérée, au midi du Caucase, autour de la mer Caspienne ^ et même au delà du lac Baïkal ^. Dans le midi de l'Europe, elle est seulement sur les collines. Gussone ne la compte pas dans les espèces spon- tanées de Sicile, ni Moris dans celles de Sardaigne, ni Munby dans celles d'Algérie. \037On ne connaît pas de nom sanscrit, persan ou arabe. Tout indique pour la culture une origine du midi de la France, peut- ^tre aussi tardive que le xv® siècle. \037\035\013Sulla ou Sainfoin d'Espagne. — Hedysarum coronarium, Linné. \037La culture de cette Légumineuse, analogue au Sainfoin, dont on peut voir une bonne figure dans la Flore des serres et des jar- dins, vol. 13, pi. 1382, s'est répandue, dans les temps modernes, «n Italie, en Sicile, à Malte et dans les îles Baléares \ Le mar- quis Grimaldi, qui l'a signalée le premier aux agriculteurs, en 1766, l'avait vue à Seminara, dans la Calabre ultérieure ; de •Gasparin ^la recommande pour l'Algérie, et il est probable que les agriculteurs de pays analogues en Australie, au Cap et dans l'Amérique méridionale ou le Mexique feraient bien de l'essayer La plante a péri aux environs d'Orange par un froid de — 6® C. \037L' Hedysarum coronarium croit en Italie, depuis Gènes jusqu'à \0371. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands^ p. 72. \0372. Fraa8, Synopsis n. class., p. 58 ; Lenz, Boi. ait. Griechen und Rcemer, p. 731. \0373. 0. de Serres, Théâtre de Cagric, p. 242. \0374. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p. 34. \037Z. Ledeboar, FI, ross.y I, p. 708; Boissier, FI. or,, p. 532. \0376. Turczaninow, Fiora baical, Dahur., 1, p. 340. \0377. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p. 35; Mares et Vigineix, CataL des Baléares f p. 100. \0378. De Gasparin, Cours d'agric, 4, p. 472. \037\035\013

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84 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037la Sicile et la Sardaigne *, dans le midi de l'Espagne * et en AU gérie, où elle est indiquée comme rare '. C'est donc une espèce assez limitée quant à son aire géographique. \037Trèfle. — Trifolium pratense, Linné. \037La culture du Trèfle n'existait pas dans l'antiquité, quoique sans doute la plante fût connue de presque tous les peuples d'Eu- rope et de l'Asie tempérée occidentale. L'usagé s'en est introduit d'abord dans les Flandres, au xvi® siècle, peut-être même plus tôt, et, d'après Schwerz, les protestants expulsés par les Espagnols la portèrent en Allemagne, où ils s'établirent sous la protection de l'Electeur palatin. C'est aussi de Flandre que les Anglais la reçu- rent, en 1633, par l'influence de Weston, comte de Portland» lord Chancelier *. \037Le Trifolium pratense est indigène dans toutes les parties de l'Europe, en Algérie '^, sur les montagnes de l'Anatolie, en Armé- nie et dans le Turkestan ®, en Sibérie vers l'Altaï ', et dans le Cachemir et le Garwall *. \037L'espèce existait donc, en Asie, dans la région des peuples aryens, mais on ne lui connaît pas de nom sanscrit, d'où l'on peut inférer qu'elle n'était pas cultivée. \037Trèfle incarnat ou Far ouch — Trifolium incarnatum , Linné . \037Fourrage annuel, dont la culture, dit Vilmorin, longtemps li- mitée à quelques-uns des départements méridionaux, devient tous les jours plus générale en France ^ De Candolle, au commence- ment du siècle actuel, ne l'avait vue effectivement que dans l'Ariège *°. Elle existe, depuis à peu près soixante ans, aux en- virons de Genève. Targioni ne pense pas qu'elle soit ancienne en Italie **, et le nom très insignifiant de Tra/b^/zo/o appuie cette opinion. \037Les noms catalans Fé^ Fench *% et des patois du midi de la France*' /arrarf/'e (Roussillon), /arra^a^e (Languedoc), /erow^^é (Gascogne), d'où le nom de Farouche ont au contraire une ori- \0371. Bertoloni, Flora ital., 8, p. 6. \0372. Willkomm et Lauae, Prod7\ fl. hisp,, 3, p. 262. \0373. Munby, CataL, éd. 2, p 12. \0374. De Gasparin, Cours d'agriculture, 4, p. 445, d'après Schwerz et A. Young. \0375. Munby, CataL, éd. 2, p. H. \0376. Boissier, Flora orient. , 1, p. 115. \0377. Ledebour, Flora ross., 1, p. 548. \0378. Baker, dans Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 86. \0379. Bon jardinier, 1880, part. 1, p. 618. \03710. De Candolle, Flore franc. 4, p. 528. \03711. Targioni, Cenni storici, p 35. \03712. Costa, Introd. fl. di CataL, p. 60. \03713. Moritzi, Dict. mss. rédigé d'après les flores publiées avant le milieu da siècle actuel . \037\035\013

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FOURRAGES. — TRÈFLES. — ERS 85 \037ginalité qui dénote une culture ancienne autour des Pyrénées. Le terme, usité quelquefois, de Trèfle du Boussillorijle montre éga- lement. \037La plante spontanée existe en Galice, dans la Biscaie et la Ca- talogne S mais non dans les lies Baléares *; elle est en Sardai- gne ^ et dans la province d'Alger ^. On l'indique dans plusieurs localités de France, d'Italie, deDalmatie, de la région danubienne et de la Macédoine, sans savoir, dans beaucoup de cas, si ce n'est point l'eff'et des cultures voisines. Une localité singulière, qui parait naturelle, au dire des auteurs anglais, est la côte de Gornouaille, près de la pointe de Lizard. Il s'agit dans ce cas, dit M. Bentham, de la variété jaune pâle, qui est vraiment sau- nage sur le continent, tandis que la variété cultivée à fleurs rouges est seulement naturalisée, en Angleterre, par suite des cultures^. Je ne sais jusqu'à quel point cette observation de M. Bentham sur la spontanéité de la seule forme à couleur jaunâtre (var. Molinerii, Seringe) sera confirmée dans tous les pays où croît l'espèce. Elle est la seule indiquée en Sardaigne par Moris et en Dalmatie par Visiani ^, dans aes localités qui paraissent natu- relles (in pascuis collinis, in montanis, in herbidis). Les auteurs du Bon jardinier ' affirment, comme M. Bentham, que le Trèfle Molinerii est spontané dans le nord de la France, celui à fleurs rouges étant importé du midi, et, tout en admettant l'absence de J3onne distinction spécifique, ils notent que, dans la culture, la forme Molinerii est d'une végétation plus lente, souvent bisan- nuelle, au lieu d'être annuelle. \037Trèfle d'Alexandrie. — Trifolium alexandrinum^ Linné. \037On cultive beaucoup en Egypte, comme fourrage, cette espèce annuelle de Trèfle, dont le nom Sivahe est Bersy m ou Berzun *. Rien jfie prouve que ce soit un usage ancien. Le nom n'est pas dans les livres sur la botanique des Hébreux ou des Araméens. \037L'espèce n'est pas sauvage en Egypte, mais elle Test certaine- jîient en Syrie et dans l'Asie Mineure ®. \037Ers. — Ervum Ervilia^ Linné. — Vicia Brvih'a, Willdenow. Bertoloni *^ ne mentionne pas moins de dix noms vulgaires ita- liens, Ervo^ Lero, Zirlo, etc. C'est un indice de culture générale \0371. Willkomm et Lange, Prodr. fl, hisp,^ 3, p. 366. \0372. Marè8 et Virgineix, Catal. 1880. 3 Moris, Flora sardoa, 1, p. 467. \0374. Munby, Catal. ^ éd. 2. \0375. Bentham, Uandbook of bristish flora, éd. 4, p. 117. \0376. Moris, Flora sardoa, 1, p. 467; Visiani, FL dalmat,, 3, p. 290. \0377. Bon l'ardinier^ 1880, p. 619. \0378. Forskal, Flora xgypt., p. 71; Delile, Plant, cuit, en Egypte, p. 10; Wilkinson, Manners and cusioms of ancient Egyptians, 2, p. 398. \0379. Boissier, Flora orient., 2, p. 127. \03710. Bertoloni, FL il., 7, p. 600. \037\035\013

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86 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037et ancienne. M. de Heldreich * dit que les Grecs modernes culti- vent la plante en abondance, pour fourrage. Ils la nomment Robaij de Tancien grec Oroôos, de même que Ervos vient du latin Érvum. La culture de l'espèce est indiquée dans les auteurs de l'antiquité grecque et latine*. Les anciens Grecs se servaient des graines, car on en a retrouvé dans les fouilles de Troie ^. On cite beaucoup de noms vulgaires en Espagne, même de& noms arabes * ; mais l'espèce y est moins cultivée depuis quel- ques siècles^. En France, elle l'est si peu que bien des ouvrage& modernes d'agriculture n'en parlent pas. Elle est inconnue dai\s l'Inde anglaise \ \037Les ouvrages généraux indiquent VErvum Ervilia comme croissant dans l'Europe méridionale"; mais, si l'on prend l'une après l'autre les flores plus estimées, on voit qu'il s'agit de loca- lités telles que les champs, les vignes ou les terrains cultivés. De même dans l'Asie occidentale, où M. Boissier® parle d'échan- tillons de Syrie, de Perse et de l'Afghanistan. Quelquefois, dan& des catalogues abrégés ®, la station n'est pas indiquée, mais nulle part je ne rencontre l'assertion que la plante ait été vue spon- tanée dans des endroits éloignés des cultures. Les échantillons de mon herbier ne sont pas plus probants à cet égard. \037Selon toute vraisemblance, l'espèce étaitjadis sauvage en Grèce, en Italie, et peut-être en Espagne et en Algérie, mais la fréquence de sa culture, dans les terrains mêmes où elle existait, empêche de voir maintenant des pieds sauvages. \037Vesce. — Vicia saliva, Linné. \037Le Vicia sativa est une Légumineuse annuelle, spontanée dans toute l'Europe, à l'exception de la Laponie. Elle est commune également en Algérie ^^ et au midi du Caucase, jusqu'à la province de Talysch^*. Roxburgh la donne pour indigène dans le nord de l'Inde et au Bengale; ce que sir Joseph Hooker admet seulement en ce qui concerne la variété appelée angustifolià **. On ne lui connaît aucun nom sanscrit, et dans les langues modernes de l'Inde seulement des noms hindous *^ Targioni croit que c'est le \0371. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands^ p. 71. \0372. Voir Lenz, Botanik d. Alterit jû. 727; Fraa8, FI, class,, p. 54. \0373. Wittmack, Sitzungsber. bot. Vereins Brandenburg ^ 19 déc. 1870. \0374. WiUkomm et Lange, Prodr. fl. hisp.j 3, p. 308. \0375. Baker, dans Hooker, Fl. brit. India. \0376. Herrerai, Agricultura, éd. 1819, 4, p. 72. \0377. Baker, dans Hooker, Fl. brit. Indta. \0378. Boissier, Fl. orient. y 2, p. 595. \0379. Par exemple : Munby, Catal. plant. Algeriœ, éd. 2, p. 12. \03710. Munby, Catal., éd. 2. \03711. Ledebour, Fl. ross, 1, p. 666; Hohenacker, Ertum, plant. Talychy p. 113; C.-A. Meyer, KerscicA/im, p. J47. \03712. Roxburgh, Fl, ind., éd. 1832, v. 3, p. 323; Hooker, Fl, brit. India, 2, p. 178. \03713. Piddington, Index, en indique quatre. \037\035\013

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FOURRAGES. — VESCE. — JAROSSE 87 \037Ketsach des Hébreux *. J'ai reçu des échantillons du Cap et de Californie. L'espèce n'y est certainement pas indigène , mais naturalisée hors des cultures. \037Les Romains semaient cette plante, comme fourrage et pour les graines, déjà du temps de Caton *. Je n'ai pas découvert de preuve d'une culture plus ancienne. Le nom Vik^ d'où Vicia, est d'une date très reculée en Europe, car il existe dans l'albanais ', qu'on regarde comme la langue des Pélasges, et chez les peuples slaves, suédois et germains, avec de légères modifications. Gela ne prouve pas que l'espèce fût cultivée. Elle est assez distincte et assez utile aux herbivores pour avoir reçu de tout temps des noms vulgaires. \037Jarosse, Garonsse, Gessette. — Lathyrus Cicera, Linné. \037Légumineuse annuelle, estimée comme fourrage, mais dont la graine, prise comme aliment dans une certaine proportion, pré- sente des dangers *. \037On la cultive en Italie sous le nom de Mocht^, Quelques auteurs soupçonnent que c'est le Cicera de Columelle et VErvilia de Varron, mais le nom vulgaire italien est très différent de ceux-ci. L'espèce n'est pas cultivée en Grèce '. Elle l'est, plus ou moins, en France et en Espagne, sans indice que l'usage y remonte à des temps anciens. Cependant M. Wittmack ' lui attribue, avec doute, certaines graines rapportées par M. Virchow des fouilles de Troie. \037D'après les flores, elle est évidemment spontanée dans des endroits secs, hors des cultures, en Espagne et en Italie ®. Elle Test aussi dans la basse Egypte, d'après MM. Schw^einfurth et Ascherson *° ; mais on n'a aucun indice d'ancienne culture dans ce pays ou par les Hébreux. Vers l'orient, la qualité spontanée devient moins certaine. M. Boissier indique la plante dans < les terrains cultivés depuis la Turquie d'Europe et l'Egypte jusqu'au midi du Caucase et à Babylone " ». EUe n'est mentionnée dans l'Inde ni comme spontanée ni comme cultivée " et n'a pas le nom sanscrit. \037\035\0131. Targioni, Cenni storici, ip. 30. \0372. Cato, De re rustica, éd. 1535, p. 34; Pline, 1. 18, c. 15. \0373. Heldreich, Nutzpflanzen Grtechenlands ^ p. 71. Dans la langue an- térieure aux Indo-Européens Vik a un autre sens, celui de hameau (Fick, Vorterb. indo-germ., p. 189). \0374. Vilmorin, Bon jardinier, 1880, p. 603. \0375. Targioni, Cenni storici, p. 31; Éertoloni, F. i7a/., 7, p. 444, 447. \0376. Lenz, Botanik d. Alten^ p. 730. \0377. Fraas, FI. class.; Heldreich, Nutzflanzen Griechenlands, \0378. Wittmack, Sitz. bei\ bot. Vereins Brandenburg, 19 déc. 1879. \0379. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 313; Bertoloni, /, c, \03710. Schweinfurth et Ascherson, Àufàhlung, etc., p. 257. \03711. Boissier, FI. orient.^ 2, p. 605. \03712. J. Baker, dans Hooker, FI. of brit. India. \037\035\013

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88 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037Probablement, l'espèce est originaire de la région comprise entre l'Espagne et la Grèce, peut-être aussi d'Algérie S et une culture, pas très ancienne, l'a propagée dans l'Asie occidentale. \037Gresse. — Lathyrus sa^iuMs, Linné. \037Légumineuse annuelle, cultivée dans le midi de l'Europe, depuis un temps fort ancien, comme fourrage et accessoirement pour les graines. Les Grecs la nommaient Lathyros * et les Latins Cicercula ^. On la cultive aussi dans l'Asie occidentale tempérée et même dans l'Inde septentrionale * ; mais elle n'a pas de nom hébreu ^ ni sanscrit ®, ce qui fait présumer que la culture n'en est pas très ancienne dans ces régions. \037Presque toutes les flores du midi de l'Europe et d'Algérie donnent la plante comme cultivée et presque spontanée, rare- ment, et pour quelques localités seulement, comme spontanée. On comprend la difficulté de reconnaître la spontanéité quand il s'agit d'une espèce souvent mélangée avec les céréales et qui se maintient aisément ou se répand à la suite des cultures. M. de Heldreich n'admet pas l'indigénat en Grèce '. C'est une assez forte présomption que dans le reste de l'Europe et en Algérie la plante est sortie des cultures. \037Les probabilités me paraissent en sens contraire pour l'Asie occidentale. Les auteurs mentionnent en effet des localités assez sauvages, dans lesquelles l'agriculture joue un rôle moins con- sidérable qu'en Europe. Ainsi Ledebour * a vu des échantillons récoltés dans le désert près de la mer Caspienne et dans la pro- vince de Lenkorar. G. -A. Meyer ® le confirme pour Lenkoran. Baker, dans la flore de l'Inde, après avoir indiqué l'espèce comme répandue çà et là dans les provinces septentrionales, ajoute « souvent cultivée », d'où l'on peut croire qu'il la regarde comme indigène, au moins dans le nord. M. Boissier n'affirme rien à l'égard des localités de Perse qu'il mentionne dans sa flore d'Orient *«. \037En somme, je regarde comme probable que l'espèce existait, avant d'être cultivée, du midi du Caucase ou de la mer Cas- pienne jusqu'au nord de l'Inde, et qu'elle s'est propagée vers l'Europe, à la suite d'anciennes cultures, mélangée peut-être avec les céréales . \0371. Munby, Catal. \0372. Theophrastes , Hist, plant., 8, c. 2, 10. \0373. Columella, De re7nistica^ 2, c. 10; Pline, 18, c 13, 32. \0374. Roxburgh, F/, i/irf., 3; Hooker, FI. brit. India, 2, p. 178. \0375. Rosenmûller, ^awrf6. biàl. Alterk.YoX,, 1. \0376. Piddin^on, Index. \0377. Heldreich, Pflanzen d. attisch, Ebene^ p. 476; Nidzpflanzen Griechen- lands, p. 72. \0378. Ledebour, Flora rossica, 1, p. 681, \0379. C.-A. Meyer, Verzeichniss^ p 148, \03710. Boissier, FL orient. y 2, p. 606. \037\035\013

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FOURRAGES. — GESSE. — FENU GREC 89 \037Gesse Ochras. — Pisum Ochinis, Linné. — Lathyrm OchruSy de Candolle. \037Cultivée comme fourrage annuel en Catalogne, sous le nom de Tapisots *, et en Grèce, particulièrement dans l'île de Crète, sous celui de Ochros *, mentionné dans Théophraste *, mais sans la moindre description. Les auteurs latins n'en parlent pas, ce qui fait présumer une culture locale et rare dans l'anti- quité. \037L'espèce est certainement spontanée en Toscane *. Elle paraît l'être aussi en Grèce et en Sardaigne, où elle est indic|uée dans les haies ^, et en Espagne, où elle croît dans des lieux mcultes *, mais, quant au midi de la France, à l'Algérie et la Sicile, les auteurs ne s'expliquent pas sur la station ou indiquent ordi- nairement les champs et les terrains cultivés. Vers l'Orient, on ne connaît pas la plante plus loin que la Syrie ^, où probable- ment elle n est pas spontanée. \037La belle planche publiée par Sibthorp, Flora graeca^ t. 689, fait penser que l'espèce mériterait d'être cultivée plus souvent. \037Fenu grec. — Trigonella Fœmim-grœcumylAnné, La culture de cette Légumineuse annuelle était fréquente chez les anciens, en Grèce et en Italie *, comme fourrage de prin- temps ou comme donnant des graines officinales. Abandonnée presque partout en Europe, notamment en Grèce ®, elle con- tinue en Orient et dans l'Inde ^^, où probablement elle remonte à une époque très ancienne, et dans toute la région du Nil ". \037L'espèce est spontanée dans le Punjab et le Cachemir **, dans les déserts de la Mésopotamie et de la Perse *^, et dans l'Asie Mineure **, où cependant les localités indiquées ne paraissent pas assez distinctes des terrains cultivés. On l'indique aussi *^ dans plusieurs endroits de l'Europe méridionale, comme le mont Hymette et autres localités de Grèce, les collines au-dessus de Bologne et de Gênes, quelques lieux incultes en Espagne; mais \0371. Willkomm et Lange, Prodr, FL hisp., 3, p. 312. \0372. Lenz, Bot. d, Alterth.y p. 730; Heldreich, Nutzpfl. Gtnechenl. p. 72. \0373. Lenz. 1. c. \0374. Caruel, FI. tosc.^ p. 193; Gussone, Syn. fl. sic. éd. 2. \0375. Boissier, fl. orient. 2, p. 602; Moris, fl. sardoa, 1, p. 582. \0376. Willkomm et Lange, l. c. \0377. Boissier, /. c. \0378. TheoTpihrsLsies, Hist plant,y 8, c. 8; Golumella, De re rust., 2, c. 10; Pline, Hisi., 18, c. 16. \0379. Fraas, Svn. fl. class.^ p. 63; Lenz, Bot. d. Alterth., p. 719. \03710. Baker, dans Hooker, Fl, btnt. Ind., II, p. 57. \03711. Schweinfurth, Beitr. z. Fl. Mthiop, p. 258. \03712. Baker, /. c. \03713. Boissier, Fl. orient. II, p. 70. \03714. Boissier, ihid, \03715. Sibthorp, Fl. grœca, t. 766; Lenz, /. c; Bertoloni, Fl. ital., 8, p. 250; Willkomm et Lange, Prorfr. //. hisp., 3, p. 390. \037\035\013

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90 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037plus on avance vers Fouest, plus les stations mentionnées sont les champs, les terrains cultivés, etc. ; aussi les auteurs attentifs ont-ils soin de noter que Tespèce est probablement sortie des cultures *. Je ne crains pas de dire qu'une plante de cette sorte si elle était originaire de TEurope méridionale, y serait beau- coup plus commune et ne manquerait pas, par exemple, aux flores insulaires, comme celles de Sicile, d'Ischia et des Baléares *. L'ancienneté de Tespèce et de son emploi dans l'Inde est appuyée par Texistence de plusieurs noms différents, selon les peuples, et surtout d'un nom sanscrit et hindou moderne, Methi '. 11 existe un nom persan, Schemlit, et un nom arabe, Helbeh *, très connu en Egypte ; mais on ne cite aucun nom hébreu * . L'un des noms de la plante en grec ancien, Tailis (TyjXiç), sera peut-être pour les philologues un dérivé du nom sanscrit ®, ce dont je ne suis pas juge. L'espèce pourrait avoir été introduite par les Aryens et le nom primitif n'avoir laissé aucune trace dans les langues du nord, parce qu'elle ne peut vivre que dans le midi de l'Europe. \037Serradelle. — Omithopus sativus^ — Brotero. — 0, isthmo- carpus^ Gosson. \037La véritable Serradelle, spontanée et cultivée en Portugal, a été décrite pour la première fois, en 1804, par Brotero ^, et M. Gosson l'a distinguée plus clairement des espèces voisines ^. Quelques auteurs Pavaient confondue avec VOmitkopus roseus de Dufour, et les agriculteurs lui ont attribué quelquefois le nom d'une espèce bien différente, VO, perpusillus^ qui serait par son extrême petitesse impropre à la culture. 11 suffit de voir le fruit ou légume de VO, saêivus pour être certain de l'espèce, car il est, à maturité, étranglé de place en place et arqué fortement. S'il y a dans les champs des individus de même apparence, mais à légumes droits et non étranglés, ils doivent provenir de quelque mélange de graines avec VO. roseus, et, si le légume est courbé, mais non étranglé, ce serait VO, compressus. D'après l'aspect de ces plantes, elles paraissent \037f)Ouvoir être cultivées semblablement et auraient, je le suppose, es mêmes avantages. \037\, Caruel, FI. tosc^ p. 256; WiUkomm et Lange, /. c, \0372. Les plantes qui se répandent d'un pays à l'autre arrivent plus diffici- lement dans les îles, selon les observations que j'ai publiées autrefois {Géogr. bot. raisonnée, p. 706). \0373. Piddington, Index, \0374. Ainslie, Mat. med. ind., I, p. 130. \0375. RosenmûUer, Bibl. Alterkuiide. \0376. Comme d'ordinaire le dictionnaire classique de Fick, des langues indo-européennes, ne mentionne pas le nom de cette plante, que les An- glais disent être sanscrit. \0377. Brotero, Flora lusitanica, II, p. 160. \0378. Gosson, Notes sur quelques plantes nouvelles ou critiques du midi de V Espagne, p. 36. \037\035\013

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FOURRAGES. — SERRADELLE. — SPERGULE 91 \037La Serradelle ne convient que dans les terrains sablonneux et arides. C'est une plante annuelle, qui fournit en Portugal un fourrage très précoce au printemps. Sa culture, introduite dans la Gampine, a bien réussi *. \037UO. sativus parait spontané dans plusieurs localités de Por- tugal et du midi de l'Espagne. J'en ai un échantillon de Tanger (Salzmann), et M. Cosson l'a récolté en Algérie. Souvent on le trouve dans des champs abandonnés et même ailleurs. 11 peut être difficile de savoir si les échantillons ne sont point échappés descultures, mais on cite des localités où cela n'est pas probable, par exemple un bois de pins, près de Ghiclana, dans le midi de l'Espagne (Willkomm). \037\035\013Spergule ou Spargoule. — Spergula arvensis^ Linné. \037Cette plante annuelle, sans apparence, de la famille des Ga- ryophyllées (tribu Alsinées), croit dans les champs sablonneux et terrains analogues en Europe, dans l'Afrique septentrionale même en Abyssinie ^ et dans l'Asie occidentale jusque dans l'Inde ^ et même à Java *. 11 est difficile de savoir dans quelle étendue de l'ancien monde elle était primitivement indigène. Pour beaucoup de localités, on ignore si elle est vraiment spon- tanée ou si elle provient des cultures. Quelquefois on peut soup- çonner une introduction récente. Dans l'Inde, par exemple, on en a recueilli depuis quelques années de nombreux échantillons mais Roxburgh n'a pas mentionné l'espèce, lui qui avait tant herborisé à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci. On ne lui connaît aucun nom sanscrit ou de l'Inde mo- derne ^, et on ne l'a pas récoltée dans les pays entre l'Inde et la Turquie. \037Les noms vulgaires peuvent indiquer quelque chose sur l'ori- gine de l'espèce et sa culture. \037On ne connaît aucun nom grec ni des auteurs latins. Celui de Spergula^ en italien Spergola, a toute l'apparence d'un nom vulgaire ancien en Italie. Un autre nom italien, £rèa renaiola^ indique seulement la croissance dans le sable (rena). Les noms français, espagnol {Esparcillas)^ portugais {Esparguta)^ alle- mand [Spark) ont la même racine. Il semble que dans tout le midi de l'Europe l'espèce ait été portée de pajrs en pays par les Romains, avant la division des langues latines. Dans le nord, c'est toute autre chose. Il y a un nom russe, Tointsa^; \037\035\0131. Bon jardinier, 1880, p. 512. \0372. Boissier, FI. or. 1, p. 731. \0373. Hooker, FI. brit. India^ 1, p. 243, et plusienrs échantillons des Nilghi- ries et de Ceylan dans mon herbier. \0374. Zollinger^ n^ 2556, dans mon herbier. \0375. Piddington, Index, \0376. Sobolewski, Flora petrop . , p. 109. \037\035\013

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92 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037plusieurs noms danois, Humh ou Hum, Girr ou Kirr^, et sué- dois, Knutt, Fryle, Nagde^ Skorff *. Cette grande diversité montre <Tue l'attention s'était portée depuis longtemps sur la plante dans cette partie de l'Europe, et fait présumer que la culture y est ancienne. Elle était pratiquée autour de Montbelliard dans le xvi" siècle ^, et Pon ne dit pas qu'elle y fût récente. Pro- bablement elle a pris naissance dans le midi de l'Europe à l'époque de l'empire romain, et dans le nord peut-être plus tôt. En tout cas, la patrie originelle doit avoir été l'Europe. \037Les agriculteurs distinguent une forme plus haute de Sper- gule *, mais les botanistes s'accordent à ne pas lui trouver des caractères suffisants pour la séparer comme espèce, et plusieurs n'en font pas même une variété. \037\035\013Herbe de Guinée. — Panicum maximum^ Jacquin ^. \037La Graminée vivace, dite Herbe de Guinée {Guinea grass des Anglais), a une grande réputation dans les pays intertropicaux «omme fourrage nutritif, aisé à cultiver. Avec un peu de soin, on peut faire durer un pré jusqu'à vingt ans ^. \037La culture paraît avoir commencé dans les Antilles. P. Browne en parle dans son ouvrage sur la Jamaïque au milieu du siècle dernier, et après lui Swartz. \037Le premier mentionne le nom Guinea grass^ sans aucune réflexion sur la provenance de l'espèce. Le second dit : « apporté autrefois des côtes d'Afrique aux Antilles ». Il s'est fié probable- ment à l'indication donnée par le nom vulgaire, mais nous savons à quel point les origines indiquées de cette manière sont quel- <juefois fausses, témoin le blé dit de Turquie, qui vient d'Amé- rique. \037Swartz, excellent botaniste, dit que la plante croît « dans les pâturages cultivés secs des Indes occidentales, où elle est aussi cultivée », ce qui peut s'entendre d'une espèce naturalisée dans des terrains qui ont été cultivés. Je ne vois pas qu'aux Antilles on ait constaté un état vraiment spontané. Il en est autrement au Brésil. D'après les documents recueillis par de Martius et étudiés par Nées', documents augmentés depuis et encore mieux \0371. fiafn. Danmarks flora, 2, p. 799. \0372. Wahlenberg, cité dans Moritzi, Dict. ms, ; Sveiisk Botanik, t. 308. \0373. BauhiD, Hist. plant. y 3, p. 722. \0374. Sperguia maxima Bœhnmghausen, figurée sans Reichenbach, Planta crit,, 6, p. 513. \0375. Panicum maximum Jacq., Coll. 1, p. 71 (en 1786); Jacq. icônes, 1, t. 13 ; Swartz, FI. Indiss occ.<, 7, p. 170. P. polygamum Swartz, Prodr. •p. 24 (1788). P. jumentorum Persoon Ench., 1, p. 83 (1805). P. altissimum, de ^uelaues jardins et auteurs modernes. D'après la règle, le nom le plus ancien doit être adopté. \0376. A la Dominique, d'après Imray, dans Kevo Report for 1879, p. 16. \0377. Nées, dans Martius, FI. brasil., in-8«, vol. 2, p. 166. \037\035\013

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THÉ 93 \037étudiés par M. Dœll ^ , le Panicum maximum croît dans les éclaircies des forêts voisines de TAmazone, près de Santarem, dans les provinces de Bahia, Geara, Rio-de-Janeiro et Saint-Paul. Quoique la plante soit souvent cultivée dans ces pays, les loca- lités citées, par leur nature et leur multiplicité, font présumer rindigénat. M. Dœll a vu aussi des échantillons de la Guyane française et de la Nouvelle-Grenade. \037Voyons ce qui concerne l'Afrique . \037Sir W. Hooker ' mentionnait des échantillons rapportés de Sierra Leone, d'Aguapim, des bords du Quorra et de Fîle de Saint-Thomas, dans l'Afrique occidentale. Nées ' indique l'es- pèce dans plusieurs localités de la colonie du Gap, même dans des broussailles et dans des pays montueux*, A. Richard * men- tionne des localités d'Abyssinie, qui paraissent aussi en dehors des cultures, mais il convient n'être pas très sûr de l'espèce . M. Anderson, au contraire, n'hésite pas en indiquant \qP, maxi- mum comme rapporté des bords du Zambèze et de Mozambique par le voyageur Peters ^. \037On sait positivement que l'espèce a été introduite à l'île Mau- rice par l'ancien gouverneur Labourdonnais ^, et qu'elle s'y est répandue hors des cultures, de même qu'à Rodnguez et aux Seychelles '. L'introduction en Asie ne peut pas être ancienne, car Roxburgh {FL ind,) et Miquel {FL ind.-bat,) ne mentionnent pas l'espèce. A Geylan, elle est uniquement cultivée ®. \037En définitive, il y a un peu plus de probabilité, ce me semble, en faveur de l'origine africaine, conformément à l'indication du nom vulgaire et à Topinion générale, mais peu aprofondie, des auteurs. Gependant, puisque la plante se répand si aisément, il est singulier qu'elle ne soit pas arrivée d'Abyssinie ou de Mozam- bique en Egypte et qu'on Tait reçue si tard dans les îles de l'Afrique orientale. Si l'existence, antérieurement aux cultures, d'une même espèce [phanérogame en Afrique et en Amérique n'était une chose extrêmement rare, on pourrait la supposer; mais c'est peu vraisemblable pour une plante cultivée, dont la diffusion est évidemment très facile. \037\035\013Article 3. — Emploi» dlTer» de» tige» ou' des feuilles» \037Thé. — Tkea sinensis, Linné. \037Au milieu du xviii® siècle, lorsqu'on connaissait encore très peu \0371. Dœll, dans Flora brasiL, in-fol., vol. 2, part. 2. \0372. Sir W. Hooker, Niger flora, p. 560. \0373. Nées, Florœ Africœ ausir, Graminex, p; 36. \0374. A. Richard, Abyssinie, 2, p 373. \0375. Peters, Heise, Èotanik^ p. 546. \0376. Boier, Hortus maiiritianus,!^, 565. \0377. BaKer, Flora of Mauritius and Seychelles, p. 436. \0378. Thwaites, Enum, plant. Ceylonœ, \037\035\013

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94 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037Farbuste qui produit le thé, Linné le nomma Thea sinensis. Bientôt après, dans la seconde édition du Species plant atum, il crut mieux faire en distinguant deux espèces, Tnea Bohea et Thea virïdis^ qu'il croyait répondre à la distinction commer- ciale des thés noirs et verts. On a prouvé depuis qu'il n'y a qu'une espèce, comprenant plusieurs variétés, et qu'on obtient des thés noirs ou verts au moyen de toutes les variétés, selon les procédés de fabrication. Cette question était réglée lorsqu'il s'en est élevé une autre sur la réalité du genre Thea, en tant que dis- tinct du Gamellia. Quelques auteurs font du Thea une section de l'ancien genre Gamellia ; mais, si l'on réfléchit aux caractères indiqués d'une manière très précise par Seemann *, il est permis, ce me semble, de conserver le genre Thea, avec la nomenclature ancienne et usitée de l'espèce principale. \037On mentionne souvent une légende japonaise racontée par Kaempfer *. Un prêtre venu de l'Inde en Chine, dans l'année 519 de notre ère, ayant succombé au sommeil lorsqu'il voulait veiller et prier, aurait coupé ses deux paupières, dans un mouvement d'indignation, et elles se seraient changées en un arbuste, le Thé, dont les feuilles sont éminemment propres à empêcher de dormir. Malheureusement pour les personnes qui admettent volontiers les légendes en tout ou en partie, les Chinois n'ont jamais entendu parler de celle-ci, quoique l'événement se fût passé chez eux. Le thé leur était connu bien avant l'année 519, et probablement il n'avait pas été apporté de l'Inde. C'est ce que nous apprend le D*" Bretschneider, dans son opuscule, riche de faits botaniques et linguistiques *. Le Pent-sao, dit-il, men- tionne le Thé 2700 ans avant Jésus-Christ , le Bya 5 à 600 ans aussi avant Jésus-Christ, et le commentateur de ce der- nier ouvrage, au quatrième siècle de notre ère, a donné des dé- tails sur la plante et sur l'emploi de ses feuilles en infusion. L'usage est donc très ancien en Chine. Il l'est peut-être moins au Japon, et s'il existe depuis longtemps en Cochinchine, ce qui est possible, on ne voit aucune preuve qu'il se soit répandu jadis du côté de l'Inde ; les auteurs ne mentionnent aucun nom sanscrit, ni même des langues indiennes modernes. Le fait \037Faraitra singulier quand on verra ce que nous savons à dire sur habitation naturelle de l'espèce. \037Les graines de Thé se répandent souvent hors des cultures et mettent les botanistes dans le doute sur la qualité spontanée des pieds qu'on a rencontrés çà et là. Thunberg croyait l'espèce sauvage au Japon, mais MM. Franchet et Savatier* le nient com- \037\035\0131. Seemann, dans Transactions of the linnxan Society, 22, p. 337, pi. 61. \0372. Kaempfer, Amâgn. Japon. \0373. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works, p. 13 et 45. \0374. Franchet et. Savatier, Enum. plant, Jap,, I, p. 61. \037\035\013

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LIN 9g \037plètement. Fortune * , qui a si bien examiné la culture du Thé en Chine, ne parle pas de la plante spontanée. M. H. Fonta- nier * affirme que le Thé croit généralement à l'état sauvage en Mandschourie. Il est probable qu'il existe dans les districts montueux du sud-ouest de la Chine, où les naturalistes n'ont pas pénétré jusqu'à présent. Loureiro le dit « cultivé et non cultivé» en Cochinchine '. Ce qui est plus certain, les voyageurs anglais l'ont recueilli dans l'Assam supérieur * et la province de Gachar ^. Ainsi le Thé doit être indigène dans les pays montueux qui séparent les plaines de l'Inde de celles de la Chine, mais l'emploi des feuilles n'était pas connu jadis dans l'Inde. \037La culture du Thé, introduite aujourd'hui dans plusieurs colonies, donne des résultats admirables à Assam. Non seule- ment le produit y est d'une qualité supérieure à la moyenne des thés de Chine, mais la quantité obtenue augmente rapidement. En 1870, on a récolté dans l'Inde anglaise treize millions de livres de thé, en 1878 trente-sept millions, et l'on espérait pour 1880 une récolte de soixante et dix millions de livres ® I Le Thé ne supporte pas la gelée et souffre par la sécheresse. Gomme je l'ai dit une fois ^, les conditions qui le favorisent sont tout à fait l'opposé de celles qui conviennent à la vigne. On m'a objecté que le thé prospère aux îles Açores, où l'on a du bon vin ®; mais on peut cultiver dans les jardins ou sur une petite échelle bien des plantes qui ne donnent pas, en grand, des produits rému- nérateurs. On a de la vigne en Chine, et la vente des vins y joue un très petit rôle. Inversement aucun pays de vignobles n'a donné du thé pour l'exportation. Après la Chine, le Japon et Assam, c'est à Java, à Geylan et au Brésil qu'on fait le plus de thé, et assurément on n'y cultive pas du tout ou fort peu la vigne, tandis que les vins de régions sèches, comme l'Australie, le Gap, etc., se répandent déjà dans le commerce. \037Lin* — Linum usitatïssimum^ Linné. \037La question de l'origine du Lin, ou plutôt des Lins cultivés, est une de celles qui ont donné lieu aux recherches les plus inté- ressantes. \037Pour comprendre les difficultés qu'elle présente, il faut d'abord se rendre compte des formes, très voisines, que les au- \0371 . Fortune, Three years wandering in China, 1 vol. in-8®. \0372. Fonf^nier, Bulletin soc* d'acclimatation, 1870, p. 88. \0373. Loureiro, FL cochinch., p. 414. \0374. Griffith, Reports; Wallich, cité par sir J. Hooker, Flora of hrit, India, I, p. 293. \0375. Anderson, cité par sir J. Hooker. \0376. The colonies and India, d'après le Gardener's Chronicle, 1880, I, p. 659. \0377. Discours au congrès bot. de Londres, en 1866. \0378. Flora, 1868, p. 64. \037\035\013

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96 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037leurs désignent tantôt comme espèces distinctes du genre Linum et tantôt comme variétés d'une seule espèce. \037Le premier travail important sur ce point a été fait par M. J.-E. Planchon, en 1848 *. Il a montré clairement les diffé- rences des Linum usitatissimum, humile, et angustifolium^ qu'on connaissait mal. Ensuite M. Oswald Heer ^, à l'occasion de re- cherches approfondies sur les anciennes cultures, a revu les carac- tères indiqués, et en ajoutant l'étude de deux formes intermé- diaires, ainsi que la comparaison de nombreux échantillons, il est arrivé à l'idée d'admettre une seule espèce composée de plu- sieurs états légèrement différents. Je transcrirai, en français, son résumé latin des caractères, avec la seule addition de mettre un nom pour chaque forme distincte, suivant l'usage dans les livres de botanique. \037Linum usitattssimum, \0371. Amiuum (annuel). Racine annuelle; tige unique, droite; capsules de 7 à 8 mill. de longueur ; graines de 4 à 6 mill., terminées par un bec. a. Vul- gare (ordinaire). Capsules de 7 mill. ne ^'ouvrant pas à maturité, et offrant des replis intérieurs glabres. — Cbez les Allemands : Schliesslein^ Dres- chlein. fi. Humile (petit). Capsules de 8 mill.,s'ouvrant à maturité d'une ma- nière brusque, à replis intérieurs ciliés. — Linum humile Miller. L. cre- pitans Bœninghausen. Chez les Allemands : Klanglein, Springlein. \0372. Hyemale (d'hiver). Racine annuelle ou bisannuelle ; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées; capsules de 7 mill., terminées par un bec. — Linum hyemale romanum. En allemand : Winterlein. \0373. Ambiguum (ambigu). Racine annuelle ou vivace; ti^es nombreuses; feuilles acuminées; capsules de 7 mill., à replis peu ciliés; graines de 4 mill., terminées par un court bec. — Linum ambiguum, Jordan. \0374. Angustifolium (à feuilles étroites). Racine annuelle ou vivace; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées ; capsules de 6 mill., à replis ci- liés; graines de 3 mill., à peine crochues au sommet. ~ Linum angustifo- lium Hudson. \037On voit combien de passages existent entre les formes. La qualité de plante annuelle, bisannuelle ou vivace, dont M. Heer soupçonnait le peu de fixité, est assez, vague, en particulier pour V angustifolium, car M. Loret, qui a observé ce Lin aux en- virons de Montpellier, s'exprime ainsi ^ : « Dans les pays très chauds, il est presque toujours annuel, et c'est ce qui a lieu en Sicile, d'après le témoignage de Gussone ; chez nous il est annuel, bisannuel ou même vivace, selon la nature physique du sol où il croît, et l'on peut s'en assurer en l'observant sur le littoral, no- tamment à Maguelone. On y remarquera que le long des sentiers fréquemment piétines il a une durée plus longue que dans les \0371. Planchon, dans Hooker, Journal of botany, vol. 7, p. 165. \0372. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, in-4% Zurich, 1865, p. 35; Ueber den Flachs und die Flachskultur, in-4% Zurich, 1872. \0373. Loret, Observations critiques sur plusieurs plantes montpelliéi^ineSy dans la Hevue des se. nat , 1875. \037\035\013

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LIN 97 \037sables^ où le soleil dessèche promptement ses racines et où Taridité du sol ne lui permet de vivre qu'une seule année. » \037Lorsque des formes ou des états physiologiques passent de Tun à l'autre et se distinguent par des caractères variables selon les circonstances extérieures, on est conduit à les considérer comme constituant une seule espèce, quoique ces formes ou états aient un certain degré d'hérédité et remontent peut-être à des temps très anciens. Nous sommes cependant obligés, dans des recherches sur les origines, de les considérer séparément. J'indiquerai d'abord dans quels pays on a trouvé chaque forme à l'état spontané ou quasi spontané. Ensuite je parlerai des cul- tures, et nous verrons jusqu'à quel point les faits géographiques ou historiques confirment l'opinion de l'unité d'espèce. \037Le Lin annuel ordinaire n'a pas encore été trouvé dans un état spontané parfaitement certain. Je possède plusieurs échan- tillons de l'Inde, et M. Planchon en avait vu d'autres dans les herbiers de Kew, mais les botanistes anglo-indiens n'admettent pas que la plante soit indigène dans leur région. La flore récente de sir Joseph Hooker en parle comme d'une espèce cultivée, principalement pour l'huile qu'on tire des graines, et M. G.-B. Glarke, ancien directeur du jardin de Calcutta, m'écrit que les échantillons récoltés doivent venir des cultures, très fré- quentes en hiver, dans le nord de l'Inde. M. Boissier * mentionne un Z. humile à feuilles étroites, que Kotschy a récolté « près de Schiraz, en Perse, au pied de la montagne Sabst Buchom. » Voilà peut-être une locahté bien en dehors des cultures, mais je ne puis donner à cet égard des informations suffisantes. Hohe- nacker a trouvé le Z. u&itatissimum <c subspontané » dans la province de Talysch, au sud du Caucase, vers la mer Caspienne *. Steven est plus affîrmatif pour la Russie méridionale '. Selon lui, le L. usïtatissimum « se trouve assez souvent sur les collines stériles de la Crimée méridionale, entre Jalta et Nikita, et le professeur Nordmann l'a récolté sur la côte orientale de la mer Noire. » En avançant vers l'ouest dans la Russie méridionale ou la région de la mer Méditerranée, on ne cite plus l'espèce que rarement et comme échappée des cultures ou quasi spon- tanée. Malgré ces doutes et la rareté des documents, je regarde comme très possible qne le lin annuel, sous l'une ou l'autre de ses deux formes, soit spontané dans la région qui s'étend de la Perse méridionale à la Grimée, au moins dans certaines localités. \037Le Lm d'hiver est connu seulement comme cultivé, dans quel- ques provinces d'Italie *. \0371. Boissier, Flora orient, , 1, p. 851. C'est le L, usïtatissimum de Kotschy, in» 164. \0372. Boissier, ibid»; Hohenh., Enum» Talysch, p. 168. \0373. Steven, Verzeichniss der auf der taurischen Halbinseln wildwachs'enden Pflanzen, Moscou, 1857, p. 91. \0374. Heer, Uà, d. Flachs, p. 17 et 22. \037De Candolle. 7 \037\035\013

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98 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037Le Linum ambiguuin de Jordan croît sur la côte de Provence et du Languedoc, dans les endroits secs *. \037Enfin le Linum angustifoltum, dont le précédent diffère à peine, présente une habitation bien constatée et assez vaste. Il croît spontanément, surtout sur les collines, dans toute reten- due de la région dont la mer Méditerranée est le centre, savoir dans les îles Canaries et Madère, au Maroc ^, en Algérie ' et jusque dans la Gyrénaïque *, au midi de l'Europe jusqu'en Angleterre ^^ jusqu'aux Alpes et aux Balkans, et enfin en Asie, du midi du Caucase • au Liban et à la Palestine ^ Je ne le voi& pas mentionné en Crimée, ni au delà de la mer Caspienne. \037Voyons ce qui concerne la culture, destinée le plus souvent à fournir une matière textile, souvent aussi à donner de Thuile ou, chez certains peuples, une matière nutritive au moyen de& graines. Je me suis occupé de la question d'origine, en 4855 *. Elle se présentait alors de la manière suivante : \037Il était démontré surabondamment que les anciens Egyptiens et les Hébreux se servaient d'étoffes de lin* Hérodote l'affir- mait. On voit d'ailleurs la plante figurée dans les dessins de l'ancienne Egypte, et l'examen au microscope des bandelettes qui entourent les momies ne laisse subsister aucun doute ^. La culture du Lin était ancienne en Europe, par exemple chez les Celtes, et dans l'Inde, d'après les notions historiques. Enfin des noms vulgaires très différents indiquaient aussi une enlture an- cienne ou des usages anciens dans divers pays. Le nom celte Lin et gréco-latin Linon ou Linum n'a aucune analogie avec le nom hébreux Pischta *® ni avec les noms sanscrits Ooma (prononcez Ouma), Atasi, Utasi^^. Quelques botanistes citaient le Lin comme d à peu près spontané » dans le sud-est de la Russie, au midi du Caucase et dans la Sibérie occidentale, mais on ne connaissait pas une véritable spontanéité. Je résumais alors les probabililés en disant : « L'étymologie multiple des noms, l'ancienneté de la culture en Egypte, en Europe et dans le nord de l'Inde à la fois, \0371. Jordan, cité dans Walpers, Annal,, vol. 2, et dans Heer, /. c, p. 22. \0372. Bail, Spicilegium fl , marocc,,-p. 380. \0373. Munby, Catal., éd. 2, p. 7. \0374. Rohif, d'après Cosson, Bull, Soc, bot. de Fr,, 1875, p. 46. \0375. Planehon. Le, Bentham, Handbook of brit, fl, éd. 4, p. 89. \0376. Planehon, /. c. \0377. Boissier, Fl. or., 1, p. 861. \0378. A. de Gandolle, Géogr. bot, raisonnée, p. 833. \0379. TbomsoD, Annals 6f philos, juin 1834; Dotrochet, Larrey et Costaz,. Comptes rendus de VAcad. des se. y Paris, 1837, sem. 1, p. 739; Unger, Bot. Stretfzûge, 4, d. 62. \03710. On a traauit d'autres mots hébreux par lin, mais celai-<;i est le plas certain. Voir Hamilton, La botanique de la Bible, Nice, 1871, p. 58. \03711. Piddington, Index Ind. plants; Roxburgh, Fl. ind , éd. 1832, 2, p. 110. Le nom Matusee (prononcez Matousi) indiqué par Piddington, appartient à d'autres plantes, d'après Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 2, vol. 1, p. 396. \037\035\013

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LIN 99 \037la circonstance que dans ce dernier pays on cultive le Lin seule- ment pour faire de l'huile, rae font croire que deux ou troi» espèces d'origine différente, confondues sous le nom de Linum usitatissimum par la plupart des auteurs, ont été cul tirées jadis dans divers pays, sans imitation ou communication de Tua à \037l'autre Je doute, en particulier, que l'espèce cultivée par \037les anciens Egyptiens fut l'espèce indigène en Russie et en Sibérie. » \037Une découverte très curieuse de M. Oswald Heer, est venue, dix ans après, confirmer mes prévisions. Les habitants des pala- fittes de la Suisse orientale, à une époque où ils n'avaient que des instruments de pierre et ne connaissaient pas le chanvre^ cultivaient déjà et tissaient un lin qui n'est pas notre lin ordi- naire annuel, mais le lin vivace appelé Ltnum angusiifolium spontané au midi des Alpes. Cela résulte de l'examen des cap- sules, des graines et surtout de la partie inférieure d'une plante extraite soigneusement du limon de Robenhausen ^. La figure publiée par M. Heer montre clairement une racine surmontée de deux à quatre tiges, à la manière des plantes vivaces. Les tiges avaient été coupées, tandis qu'on arrache noti'e Lin ordinaire^ ce qui prouve encore la qualité persistante de la plante. Avec les restes du Lin de Robenhausen se trouvaient des graines du Siient cretica^ espèce également étrangère à la Suisse, qui abonde en Italie dans les champs de Lin ^. M. Heer en a tiré la conclusion que les lacustres suisses faisaient venir des grainesdeLin d'Italie. Il semble en effet que ce devait être nécessaire, à moins de sup- poser jadis un autre climat en Suisse que celui de notre époque,, car le Lin vivace ne supporterait pas habituellement aujourd'hui les hivers de la Suisse orientale *. L'opinion de M. Heer est appuyée par le fait, assez inattendu, que le Lin n*a pas été trouvé dans les restes lacustres de Laybach et Mondsee, des Ëtats autrichiens, qui renferment du bronze *. L'époque tardive de l'arrivée do Lin dans cette région empêche de supposer que les habitants de la Suisse l'aient reçu de l'Europe orientale, dont jls étaient séparés d'ailleurs par d'immenses forêts. \037Depuis les observations ingénieuses du savant de Zurich, on a découvert un Lin employé par les habitants des tourbières^ préhistoriques de Lagozza, en Lombardie; et M. Sordelli a constaté, que c'était celui de Robenhausen , le L, angus^ \037\035\0131. Heer, Die Pflanzen der' Pfahlbauten, br, in-4», Zurich, 1865, p. 35; Ueber den Flachs und die Flachscultur in Altherthum, br. in-4'*, Zurich, 1872- \0372. Bertoloni, Flora itaL, 4, p. 612. \0373. Nous avons vu qu'il avance vers le nord-ouest de rEurope* mais il manque au nord des Alpes. Peut-être Tancien climat de la Suisse était-il plus égal qu'à présent, avec plus de neiges pour abriter les gantes vi- vaces. \0374. Mittheil, anihropoL Gesellschaft » Wien. val. 6, p. 122, 161; AhhandL Wien. Akad., 84, p. 488. ^ \037\035\013

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100 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037tifolium \ Ces anciens habitants ne connaissaient pas le Chanvre ni les métaux, mais possédaient les mêmes céréales que les lacustres de Tâge de pierre en Suisse et mangeaient comme eux les glands de Chêne Rouvre. Il y avait donc une civilisation, déjà un peu développée, en deçà et au delà des Alpes, avant que les métaux, même le bronze, y fussent d'un usage habituel, et que le chanvre et la poule domestique y fussent connus 2. Ce serait avant l'arrivée des Aryens en Europe, ou un peu après ^. Les noms vulgaires du Lin dans les anciennes langues d'Europe peuvent jeter quelque jour sur cette question. \037Le nom Lin^ LliUy Linu, Linon ^ Linum., Lein, Lan y existe dans toutes les langues européennes, d'origine aryenne, du centre et du midi de l'Europe, celtiques, slaves, grecques ou latines. Ce n'est pas un nom commun avec les langues aryennes de l'Inde; par conséquent, dit avec raison Ad. Pictet *, la culture du Lin doit avoir commencé par les Arvens occidentaux et avant leur arrivée en Europe. J'ai fait cependant une réflexion qui m'a conduit à une nouvelle recherche, mais sans résultat. Puisque le Lin, me suis-je dit, était cultivé par les lacustres de Suisse et d'Italie avant l'arrivée des peuples aryens, il l'était probable- ment par les Ibères, qui occupaient alors l'Espagne et la Gaule, et il en est resté peut-être quelque nom spécial chez les Basques, qu'on suppose descendre des Ibères. Or, d'après plusieurs dic- tionnaires de leur langue ^, Liho, Lino ou Li, suivant les dia- lectes, signifient Lin, ce qui concorde avec le nom répandu dans toute l'Europe méridionale. Les Basques paraissent donc avoir reçu le Lin des peuples d'origine aryenne, ou peut-être ils ont perdu un ancien nom auquel ils auraient substitué celui des Celtes et des Romains. Le nom Fiachs ou Flax, des langues ger- maniques, vient de l'ancien allemand Flaks ®. Il y a aussi, dans le nord-ouest de l'Europe,, des noms particuliers pour le lin : Pellawa^ Aiwina en finlandais ' ; Hor^ Bôr, Hârr en danois ® ; \0371 . Sordelli, Sulle piante délia torbiera e délia slazione preistorica délia Lagozza, p. 37 et 51, imprimé à la suite de Castelfiranco, Notizie ail. sta- zione lacustre délia Lagozza, in-8», Atti délia Soc. ital. se, nat,, 1880. \0372. La poule a été introduite d'Asie en Grèce dans le vx® siècle avant J.-C, d'après Heer, Ueb. d. Fiachs^ p. 25. \0373. Ces découvertes dans les tourbières de Lagozza et autres lieux, en Italie, montrent à quel point M. V. Hehn (KulturpfL, éd. 3, 1877, p. 524) 8*est trompé en supposant les lacustres suisses des Helvétiens rapprochés du temps de César. Les hommes de la même civilisation qu'eux au midi des Alpes étaient évidemment plus anciens que la république romaine, peut-être plus que les Ligures. \0374. Ad. Pictet, Origines indo-europ», éd. 2, vol. 1, p. 396. \037o. Van Eys, Dict. basque -français, 1876; Gèze, Éléments de grammaire basque suivis cTun vocabulaire, Bayonne, 1873; Salaberry, Mots basques navarraiSy Bayonne, 1856; Lécluse, Vocabul. français basque^ 1826. \0376. Ad. Pictet, /. c. \0377. Nemnich, Polygl. Lexicon d. Naturgesch.^ 2, p. 420; Rafn, Danmark flora, 2, p 390. \0378. Nemnich, ibid. \037\035\013

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LIN 101 \037Hôr et Tone en vieux goth *. Haar existe aussi dans Talleniand de Salzburg 2. Sans doute on peut expliquer ce mot par le sens ordinaire en allemand de fil, cheveu, comme le nom de Li peut être rattaché à une même racine que ligare, lier, et comme nôr, au pluriel Hôrvar^ est rattaché par les érudits ' à Harva, radi- cal allemand pour Flachs, mais le fait n'en existe pas moins que dans les pays Scandinaves et en Finlande on a employé d'autres expressions que dans tout le midi de l'Europe. Cette diversité inaique l'ancienneté de la culture et concorde avec le fait que les lacustres de Suisse et d'Italie cultivaient un Lin avant les premières invasions des Aryens. Il est possible, je dirai même probable, que ceux-ci ont apporté le nom Li, plutôt que la plante ou sa culture ; mais, comme aucun Lin n'est spontané dans le nord de l'Europe, ce serait un ancien peuple, les Finnois, d'origine touranienne, qui auraient introduit le Lin dans le nord avant les Aryens. Dans cette hypothèse, ils auraient cultivé le Lin annuel^ car le Lin vivace ne supporterait pas les rigueurs des pays septentrionaux, tandis que nous savons à quel point le climat de Riga est favorable en été à la culture du Lin ordinaire annuel. La première introduction dans la Gaule, en Suisse et en Italie a pu venir du midi, par les Ibères, et en Finlande par les Finnois; après quoi les Ajyens auraient répandu les noms les plus habituels chez eux, celui de Lin dans le midi et de flahs dans le nord. Peut-être eux et les Finnois avaient-ils apporté d'Asie le Lin annuel, qu'on aurait vite substitué au Lin vivace, moins avantageux et moins adapté aux pays froids. On ne sait pas exactement à quelle époque la culture du Lin annuel a rem- placé, en Italie, celle du Linum angustifolium vivace, mais ce doit être avant l'ère chrétienne, car les auteurs parlent d'une culture bien établie, et Pline dit qu'on semait le Lin au printemps et qu'on l'arrachait en été *. On ne manquait pas alors d'instru- ments de métal, ainsi on aurait coupé le Lin s'il avait été vivace. D'ailleurs celui-ci semé au printemps n'aurait pas été mûr avant l'automne . \037Par les mêmes raisons, le Lin cultivé chez les anciens Egyptiens devait être annuel. On n'a pas trouvé jusqu'à présent dans les catacombes des plantes entières ou des capsules nombreuses, de nature à donner des preuves directes et incontestables. Seulement Unger ' a pu examiner une capsule tirée des briques d'un mo- nument que Lepsius attribue au xm» ou xiv® siècle avant J.-C, et il l'a trouvée plus semblable à celles du L. usitatissimum que du \0371. Nemnich, ibid, \0372. Nemnich, ibid, \0373. Fick, Vergl, Worterbuch Ind. germ. 2* éd., 1, p. 722. Le même fait venir le nom Lina du latin Linuniy mais ce nom remonte plus haut, étant commun à plusieurs lemgues aryennes européennes. \0374. Plinius, 1. 19, cap. 1 : Vere'satum xstaie vellitur, \0375. Unger, Botanische Streifzûge, 1866. n» 7, p. 15. \037\035\013

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102 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037L. angustifolium. Sur trois graines que Braun * a vues dans le musée de Berlin, mélangées avec d'autres de plantes diverses cultivées, une lui a paru appartenir au L, angustifolium et les deux autres au L, humile^ mais il faut convenir qu'une seule graine, sans la plante ou la capsule, n'est pas une preuve suffî- «ante. Les peintures de l'ancienne Egypte montrent qu'on ne récoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. On l'arrachait *. En Egypte, le Lin est une culture d'hiver, car la sé- cheresse de l'été ne permettrait pas plus d'une variété persistante que le froid dans les pays septentrionaux où l'on sème au prin- temps pour récolter en été. Ajoutons que le Lin annuel, de la forme appelée humile, est le seul cultivé de nos jours en Abys- «inie, le seul également que les collecteurs modernes aient vu «tthivé en Egypte ^. \037M. Hcer soupçonne que les anciens Egyptiens auraient cultivé le Linum angustifolium^ de la région méditerranéenne, en le «emant comme une plante annuelle ^. Je croirais plutôt qu'ils ont «mporté ou reçu leur Lin d'Asie, et déjà sous la forme de Vku- mile. Les usages et les figures montrent que leur culture du Lin •datait d'une antiquité très reculée. Or, on sait maintenant que les Egyptiens des premières dynasties avant Ghéops apparte- naient à une race proto-sémitique, venue par l'isthme de àiez ^. Le Lin a été retrouvé dans un tombeau de l'ancienne Chaldée, antérieur à Babylone *, et son emploi dans cette région se perd ■dans la nuit des temps. Ainsi les premiers Egyptiens de la race blanche ont pu transporter le Lin cultivé, et, à défaut, leurs suc- cesseurs immédiats ont pu le recevoir d'Asie avant l'époque des •colonies phéniciennes en Grèce et avant les rapports directs de la Grèce avec l'Egypte sous la XIV® dynastie '. \037Une introduction très ancienne d'Asie en Egypte o'empêche pas d'admettre des transports successifs de l'est à l'ouest daiïs •des temps moins anciens que les premières dynasties égyptiennes. Ainsi les Aryens occidentaux et les Phéniciens ont pu transpor- ter en Europe le Lin, ou un Lin plus avantageux que le L^angus- Hfolium^ pendant la période de 2500 à 1200 ans avant notre ère. \037L'extension par les Aryens aurait marché plus au n-ord que •celle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps de la guerre •de Troie, on tirait encore les belles étoffes de Lin de la Colchide, \0371. A. Braim, Die Pflanzenreste des Egyptischen Muséums in Bertirit in- ^, 1817, p. 4. \0372. RoselliDi, pi. 35 et 36, cité par Un^er, Bot. Streifzûge, n® 4, p. 62. \0373. W. Schimper, Ascherson, Boiesier, Schweinfurth, cités dans Al. BrauD, /. c, p. 4. \0374. Heer, Ueb. d. Flachs, p. 26. \0375. Maspero, Histoire ancienne des peuples de t Orient, éd. % Patî», 1878, p. 13 et suivantes. \0376. Journal of the f^yal asiaiic «oe., vol. 13 p. 271, cité daes Heer, i. c, p. 6. \0377. Maspero, p. 213 et suivantee. \037\035\013

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JUTE 103 \037c'est-à-dire de cette région au pied du Caucase, où Ton a trouvé de nos jours le Lin annuel ordinaire sauvage. Il ne semble pas que les Grecs aient cultivé la plante à cette époque J. Les Aryens en avaient peut-être déjà introduit la culture dans la région voi- sine du Danube. Cependant j'ai noté tout à l'heure que les restes des lacustres de Laybach et Mondsee n'ont indiqué aucun Lin. Dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne, les Romains tiraient de très beau Lin d'Espagne ; cependant les noms de la |)lante dans ce pays ne font pas présumer que les Phéniciens en aient été les introducteurs. Il n'existe pas en Europe un nom oriental du Lin, venant ou de l'antiquité ou du moyen âge. Le nom arabe Kattan^ Kettane ou Kittane, d'origine persane , s'est propagé vers l'ouest seulement jusqu'aux Kabiles d'Algérie '. \037L ensemble des faits et des probabilités me parait conduire à quatre propositions, acceptables jusqu'à'nouvelles découvertes: \0371. Le Linum angustifolium, ordinairement vivace, rarement bisannuel ou annuel, spontané depuis les îles Canaries jusqu^à la Palestine et au Caucase, a été cultivé en Suisse et dans le nord de l'ItaUe par des populations plus anciennes que les con- quérants de race aryenne. Sa culture a été remplacée par celle •du lin annuel. \0372. Le Lin annuel (L, usitatissimutn), cultivé depuis 4 ou 5000 ans au moins dans la Mésopotamie, l'Assyrie et l'Egypte était spon- tané et Test encore dans des localités comprises entre le golfe Persique, la mer Caspienne et la mer Noire. \0373. €e Lin annuel paraît avoir été introduit dans le nord de •l'Europe par les Finnois (de race touranienne) ; ensuite dans le •reste de l'Europe par les Aryens occidentaux, et peut-être, çà et ià, par lesi Phéniciens; enfin dans la péninsule indienne par les Aryens orientaux, après leur séparation des occidentaux. \0374. Ces deux formes principales ou états du Lin existent dans lies cultures et sont probablement spontanées dans leurs localités actuelles depuis au moins 5000 ans. Il n'est pas possible de •deviner leur état antérieur. Leurs transitions et variations sont si nombreuses qu'on peut les considérer comme une espèce, pour- yue de deux ou trois races ou variétés héréditaires, ayant elles- .mêmes des sous-variétés. \037Jvte. — Corchorus capsularts et Corchorus oluorius^ Linné. \037Les fils de Jute, qu'on importe en grande quantité depuis quelques années, surtout en Angleterre, se tirent de la tige de ces deux Corchorus, plantes annuelles de la famille des Tiliacées. 'On emploie aussi leurs feuilles comme légume. \0371. Les textes grecs sont cités surtout dans Lenz, Botanik der Alten Grie- chen und Rœmer, p. 672; Hehn, Ctdturpfîanzen und Hcmsthiere^^d. 3, .p. i44. \0372. Ad. Pictet, /. c. \0373. Dictionnaire français- berbère, 1 vol. in-8«, 1844. \037\035\013

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104 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037Le C, capsularis a un fruit presque sphérique, déprimé au sommet et bordé de côtes longitudinales. On peut en voir une bonne figure coloriée dans Touvrage de Jacquin fils, Fclogse, pi. 119. Le C. olitoriuSy au contraire, a un fruit allongé, comme une silique de crucifère. Il est figuré dans le Botanical magazine , t. 2810, et dans Lamarck, Illustr,, t. 478. \037Les espèces du genre sont distribuées assez également dans les régions chaudes d'Asie , d'Afrique et d'Amérique ; par consé- quent, l'origine de chacune ne peut cas être présumée. Il faut la chercher dans les flores et les herbiers, en s' aidant de données historiques ou autres. \037Le Corchorus capsularis est cultivé fréquemment dans les îles de la Sonde, à Ceylan, dans la péninsule indienne, au Bengale^ dans la Chine méridionale, aux îles Philippines * ; en général dans l'Asie méridionale. Forster n'en parle pas dans son volume sur les plantes usitées par les habitants des îles de la mer Paci- fique, df'où l'on peut inférer que, lors du voyage de Gook, il y a un siècle, la culture ne s'en était pas répandue dans cette direc- tion. On peut même soupçonner, d après cela, qu'elle ne date pas d'une époque très reculée dans les îles de l'archipel Indien. \037Blume dit que le Corchorus capsularis croît dans les terrains marécageux de Java, près de Parang *, et je possède deux échan- tillons de Java qui ne sont pas donnés pour cultivés '. Thwaites l'indique à Ceylan comme « très commun » **. Sur le continent indien, les auteurs en parlent plutôt comme d'une espèce cul- tivée au Bengale et en Chine. Wight, qui a donné une bonne figure de la plante , n'indique aucun lieu de naissance. Edgeworth * , qui a vu de près la flore du district dfe Banda, indique « les champs ». Dans la flore de l'Inde anglaise, M. Masters, qui a rédigé l'article des Tiliacées, d'après les her- biers de Kew, s'exprime ainsi : « Dans les parties les plus chaudes de l'Inde; cultivé dans la plupart des pays tropicaux ®. » J'ai un échantillon du Bengale qui n'est pas donné pour cultivé. Loureiro dit : c sauvage, et cultivé dans la province de Canton en Chine ', » ce qui signifie probablement sauvage en Cochinchine et cultivé dans la province de Canton. Au Japon, la plante croît dans les terrains cultivés •. En somme, je ne suis pas persuadé que l'espèce existe, à l'état vraiment spontané, au nord de Cal- cutta. Elle s'y est peut-être semée çà et là par suite des cultures. \037\035\0131. Rumphius, Amàoin,, vol. 5, p. 212; Roxburgh, Fi. indica, 2, p. 581 Loureiro, FI. cochinch., 1, p. 408, etc., etc. \0372. Blume, Bijdragen, 1, p. 110. \0373. Zollinger, n«» 1698 et 2761. \0374. Thwaites, Enum. Zeylan,^ V' ^^ \0375. Edgeworth, Linnsan Soc. jourrl.j IX. \0376. Masters, dans Hooker, FL ind., 1, p. 397. \0377. Loureiro, FL cochinch., 1, p. 408. \0378. Franchet et Savatier, Enum.y 1, p. 66. \037\035\013r* \037\035\013

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JUTE 108 \037Le C. capsularis a été introduit dans divers pays intertropi- caux d'Afrique ou même d'Amérique, mais il n'est cultivé en grand, pour la production des fils de jute, que dans l'Asie méri- dionale, surtout au Bengale . \037Le Cor chorus olitorius est plus usité comme légume que pour les fibres. Hors d'Asie, il est employé uniquement pour les feuilles. C'est une des plantes potagères les plus communes des Egyptiens et Syriens modernes, qui la nomment en arabe Melokychy mais il n'est pas probable que les anciens en aient eu connaissance, car on ne cite aucun nom hébreu *. Les habitants actuels de la Crète la cultivent sous le nom de Mouchlia ', évidemment tiré de l'arabe, et les anciens Grecs ne la connaissaient pas. \037D'après, les auteurs ', ce Corchorus est spontané dans plu- sieurs provinces de l'Inde anglaise. Thwaites dit qu'il est com- mun dans les parties chaudes de Ceylan, mais à Java Blume l'indique seulement dans les décombres (in ruderatis). Je ne le vois pas mentionné en Cochinchine et au Japon. M. Boissier [FI. or.) a vu des échantillons de Mésopotamie, de l'Afghanistan, de Syrie et d'Anatolie, mais il donne pour indication générale : • Culta et in ruderatis subspontanea. » On ne connaît pas de nom sanscrit pour les deux Corchorus cultivés *. \037Quant à l'indigénat en Afrique, M. Masters, dans Oliver, Flora of tropical Africa (1, p. 262), s'exprime ainsi : « Sauvage, ou cul- tivé comme légume dans toute l'Afrique tropicale. » Il rapporte à la même espèce deux plantes de Guinée que G. Don avait dé- crites comme différentes et sur la spontanéité desquelles il ne savait probablement rien. J'ai un écnantillon du Cordofan re- cueilli par Kotschy, n® 45, « au bord des champs de Sorgho. ». Le seul auteur, à ma connaissance, qui affirme la spontanéité est Peters. Il a trouvé le C. olitorius <k dans les endroits secs et aussi dans les prés aux environs de Seha et de Tette. » Schwein- furth ne l'indique dans toute la région du Nil que comme cul- tivé *. Il en est de même dans la flore de Sénégambie de Guille- min, Perrotet et Richard. \037En résumé, le C. olitorius paraît spontané dans les régions d'une chaleur modérée de l'Inde occidentale, du Cordofan et probablement de quelques pays intermédiaires. Il se serait ré- pandu du côté de Timor etjusque dans l'Australie septentrionale (Bentham^ FL austr,)^ en Afrique et vers l'Anatolie à la suite d'une culture qui ne date peut-être pas de plus loin que l'ère chré- tienne, même dans son point d'origine. Malgré ce qu'on répète dans beaucoup d'ouvrages, la culture de \0371. Rosenmûller, Bibl. Naturgeschichte. \0372. Von Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 53. \0373. Masters, dans Hooker, FL hrit, India, 1, p. 397; Aitchison, CataL Ptinjab, p. 23; Roxburgb, FI. ind.y 2, p. 581. \0374. Pid dindon, Index. \0375. Schwemfurth, Beitràge z. FI. /Ethiop.y p. 264. \037\035\013

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106 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037cette plante est rarement indiquée en Amérique. Je note cepen- dant que, d'après Grisebaeh *, elle a amené à la Jamaïque une naturalisation hors des jardins^ comme cela se présente souvent pour les plantes annuelles cultivées. \037Sumac. — Rhu$ Coriaria^ Linné. \037Oo cultive cet arbuste en Espagne et en Italie *, pour faire ^iécher les jeunes branches, avec les feuilles, et en faire une pou- dre, qui se vend aux tanneurs. J'en ai vu naguère une planta- tion en Sicile, dont les produits s'exportaient en Amérique. Comme les écorces de chêne deviennent plus rares et qu'on re- cherche beaucoup les matières tannantes, il est probable que cette culture s'étendra ; d'autant plus qu'elle convient aux loca- lités sèches et stériles. En Algérie, en ^u^i^^lîe, au Gap, dans la république Argentine, ce serait peut-être une intcoductijon à essayer ^. \037Les anciens se servaient des fruits comme assaisonnement, un peu acide, de leurs mets, et l'usage s'en est conservé çà et là ; mais je ne vois pas de preuve qu'ils aient cultivé l'espèce. \037Elle croit spontanément aux Canaries et à Modère, dans la région de la mer Méditerranée et de la mer Noire, de préfé- rence sur les rocailles et dans les terrains desséchés. En Asie, son habitation s'étend jusqu'au midi du Caucase, à la mer Cas- pienne et la Perse ^. L'espèce est assez commune pour qu'on ait commencé à l'employer avant de la cultiver. \037Sumac h est le nom persan et tartare^, Jtous^ JRhus (prononcez Rhous) l'ancien nom chez les Grecs et les Romains ®. Une preuve de la persistance de certains noms vulgaires est qu'en français ■on dit le Roiuc ou Roure des corroyeurs. \037Cat. — Catha edulis^ Porskal. — Celastrus eduKs^ Vahl. \037Cet arbuste, de la famille des Célastracées, est cultivé beau- coup en Abyssinie, sous le nom de Tckut ou Tchatj et dans l'Arabie Heureuse sous celui de Cat ou Gat» On mâche ses feuilles, à l'état frais, comme celles du Coca en Amérique. ESiles ont les mêmes propriétés excitantes et fortifiantes. Celles des pieds non cultivés ont un goût plus fort et peuvent môme eni- vrer. Botta a vu dans le Yemen des cultures de Cat aussi impor- \0371. Grisebaeh, Flora of àritish India, p. 97. \0372. Bosc, Diclionn, d'agric, au mot Sumac. \0373. Les conditions et procédés de culture du Sumac ont fait Tobjet d*uu mémoire important de M. Inzenga, traduit dans le Bulletin de la Société d'acclimatation de février 1877. Dans les Transactions of the bot. Soc. of Edinburgh, 9, p. 341^ on peut voir l'extrait d'un premier mémoire de Fau- teur sur le même sujet. \0374. Ledebour, FI. ross,, 1, p. 509; Boissier, FI. orient. ^ 2, p. 4. \0375. Nemnich, Polygl, Lextcon, 2, p. 1156; Âinslie, Mat, med. md.. J, p. 414. \0376. Fraas, Syn. fl, rlass,, p. 85. \037\035\013

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SUMAC, GâT, maté, coca 107 \037tantes que celles du café, et il note qu'un cheikh obligé de recevoir poliment beaucoup de visiteurs achetait pour iOO francs de feuilles par jour ^ En Abyssinie, on emploie aussi les feuilles en infusion comme une sorte de thé '. Malgré la passion avec laquelle on recherche les excitants, cette espèce ne s'est pas répandue dans les pays voisins où elle réussirait, comme le Belouchistan, Tlnde méridionale, etc. \037Le Gatha est spontané en Abyssinie '. On ne Ta pas encore trouvé tel en Arabie. Il est vrai que l'intérieur du pays est à peu près inconnu aux botanistes. Les pieds non cultivés dont parle Botta sont-ils spontanés et aborigènes, ou échappés des cul- tures et plus ou moins naturalisés ? C'est ce qu'on ne peut dire d'après son récit. Peut-être le Catha a-t-il été introduit d' Abys- sinie avec le caféier, qu'on n'a pas vu davantage spontané en Arabie. \037Maté. — Ilex paraguariensis, Saint-Hilaire. \037Les habitants du Brésil et du Paraguay font usage, depuis un temps immémorial, des feuilles de cet arbuste, comme les Chi- nois de celles du thé. Ils les récoltent surtout dans les forêts hu- mides de l'intérieur, entre les 208 et 30e degrés de latitude sud, et le commerce les transporte séchées, à de grandes distances, dans la plus grande partie de l'Amérique méridionale. Ces feuilles renferment, avec de l'arôme et du tannin, un principe analogue à celui du thé et du café ; cependant on ne les aime guère, dans les pays où le thé de Chine est répandu. Les planta- tions de Maté ne sont pas encore aussi importantes que l'exploi- tation des arbustes sauvages, mais elles pourront augmenter à mesure que la population augmentera. D'ailleurs la préparation est plus facile que celle du thé, parce qu'on ne roule pas les feuilles. \037Des figures et descriptions de l'espèce, avec de nombreux dé- tails sur son emploi et ses propriétés, se trouvent dans les ouvrages de Saint-Hilaire, sir W. J. Hooker et de Martius *. \037Coca. — Erythroxylon Coca, Lamarck. \037Les indigènes du Pérou et des provinces voisines, du moins dans les parties chaudes et humides, cultivent cet arbuste, dont ils mâchent les feuilles, comme on fait dans llnde pour le Bétel. L'usage en est très ancien. Il s'était répandu même dans \0371. Forskal, Flora mgypto-arab., p. 65; Riehard, Tentamen fl, aàjj^,, 1, p. 134, t. 30; Botta, Archives du Muséum, 2^ p. 73. \0372. Hochstetter, dans F/ora» 1841, p. 663. \0373. Schweinfurth et Ascberson, Aufzdhlung, p. 2«3; Oliver, Flora of tro- pical Africa, 1, p. 364. \0374. Aug. de Saint-Hilaire, Mém. du Muséum, 9, p. 351, Ann, se, nat., 3* série, 14, p. 52; Hooker, london jow^nal ofèotany, 1, p. 34;delifortius, Flora brofiliensis, vol. IT, part. 1, p. 119. \037\035\013

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i08 PLANTES CGLTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037les régions élevées, où l'espèce ne peut pas vivre. Depuis qu'on a au extraire la partie esseutielle du Coca el qu'on a reconnu ses avantages comme tonique, propre à faire supporter des fali- goea sans avoir les inconvénients dos boissons alcooliques, il est probable qu'on essayera d'en répandre la culture, soit en Amérique, soit ailleurs. Ce sera, par exemple, dans la Guyane, l'archipel Indien ou les vallées de Sikkim et Assam, dans l'Inde. car il faut de l'humidité dans l'air et de la chaleur. La gelée surtout est nuisible â l'espèce. Les meilleures localités sont sur les pentes de collines, où l'eau ne séjourne pas. Une tentative faite autour de Lima n'a pas réussi, à cause de la rareté des pluies et peut-être d'une chaleur insuffisante '. \037Je ne répéterai pas ici ce qu'on peut trouver daos plusieurs excellentes publications sur le Coca * ; je dirai seulement que la patrie primitive de l' espèce, en Amérique, n'est pas encore suf- fisamment certaine. Le D Gosse a constaté que les anciens auteurs, tels que Joseph de Jussteu, de LamarcK et Cavanilles, n'avaient vu que des échantillons cultivés. Mathews en avait récolté au Pérou dans le ravin {quebrada) de Chiucbao ', ce qui parait devoir être une locabté hors des cultures. On cite aussi comme spontanés des échantillons de Cuchero, rapportés par Poeppig • ; mais le voyageur lui-même n'était pas assuré de la condition spontanée ^. D'Orbigny pense avoir vu le Coca sau- vage sur un coteau de la Bolivie orientale '. Enfin M. André n eu l'obligeance de me communiquer les Erythroxjlon de sou herbier, et j'ai reconnu le Coca dans plusieurs échantillons de la vallée de la rivière Cauca, dans la Nouvelle-Grenade, portant l'indication : en abondance, spontané ou subsponlanê. M. Triana cependant ne reconnaît pas 1 espèce comme spontanée dans son pays, la Nouvelle- Grenade '. L'extrême importance au Pérou, soua le régime des Incas, comparée à la rareté de l'emploi à la Nouvelle-Grenade, fait penser que les localités de ce dernier pays sont en effet des cultures, et que l'espèce est originaire seulement de la partie orientale du Pérou et de la Bolivie, cou- forménienl aux indications de divers voyageurs susnomm és. \037Indigotier des teinturiers. — Indigofera linctoria, Linné. \037II a un nom sanscrit, Nili '. Le nom latin Indicuvt montre \037que les Homains connaissaient l'indigo pour une substance \0371. Martioel, dans le Bull, de la Soc. tfacdimalolioii, 1871, [j. U9. \0372. Ed particulier dans le résumé très Lien Tait du D' Gtisse, intitulé : Uonoçraphie dp l'Ëruihrraylon Coea, br. in-B", ISGl (tirée à part des tiém, de l'Àead. de Bmrelln, vol. 131. \0373. lloolier, Comjmnion io ikf Bat. tnag., S, p. 2^.

  • . Peyritsch, dans Flora Irrasil., (asc. Si, p. Iîi6.

\0375. HMkec i. c. \0376. GoBse, Jfonofr., p. 13. \0377. TrisDa et Planchon. dans Àim. >c. vol., aér. 4, vol. IM, p. 338. B. Boibiirgh, Flnm indira. 3, \>. 37P. \037\035\013

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INDIGOTIERS, HENNÉ 109 \037venant de llnde. Quant à la qualité spontanée de la plante, Roxburgh dit : « Lieu natal inconnu, car, quoique commune maintenant à l'état sauvage dans la plupart des provinces de rinde, elle n'est pas éloignée ordinairement des endroits où elle est cultivée actuellement ou l'a été. » Wight et Royle, qui ont publié des figures de l'espèce, n'apprennent rien à cet égard, et les flores plus récentes de l'Inde mentionnent la plante comme cultivée *. Plusieurs autres Indigofera sont spontanés dans l'Inde. On a trouvé celui-ci dans les sables du Sénégal ', mais il n'est pas indiqué dans d'autres localités africaines, et il est souvent cultivé au Sénégal, ce qui me fait présumer une naturalisation. L'existence d'un nom sanscrit rend l'origine asiatique assez pro- bsJ)le. \037Indigotier argenté. — Indigofera argentea, Linné. \037Celui-ci est décidément spontané en Abyssinie, Nubie. Kor- dofan et Sennaar ^ On le cultive en Egypte et en Arabie. D'après cela, on pourrait croire que c'est l'espèce dont les anciens Egyp- tiens tiraient une couleur bleue *, mais ils faisaient peut-être venir l'indigo de l'Inde, car la culture en Egypte ne remonte probablement pas au delà du moyen âge *. \037Une forme un peu différente que Roxburgh désignait comme espèce (Indigofera cœrulea), et qui paraît plutôt une variété, est sauvage dans les plaines de la péninsule indienne et du Belou- chistan. \037Indigotiers d'Amérique. \037Il existe probablement un ou deux Indigofera originaires d'Amérique, mais mal définis, souvent mélangés dans les cul- tures avec les espèces de l'ancien monde et naturalisés hors des cultures. La synonymie en est trop incertaine pour que j'ose faire quelque recherche sur leur patrie. Quelques auteurs ont pensé que 1'/. Anil de Linné était une de ces espèces. Linné dit cependant que sa plante était de l'Inde (Mantissa, p. 273). La teinture bleue des anciens Mexicains était tirée d'un végétal bien différent des Indigofera, d'après ce que raconte Hernandez ®. \037Henné. — Lawsonia alba , Lamarck (Lawsonia inermis et L. spinosa de divers auteurs). L usage des femmes de l'Orient de se teindre les ongles en \0371. Wight, Icônes, t. 365; Royle, ///. Himal, t. 195; Baker, dans Flora of briiisn Indiaj 2, p. 98; Brandis, Forest flora, p. 136. \0372. Guillemin, Perrottet et Richard, Flora Seneg, tentamen, p. 178. \0373. Richard, Tentamen fl. abyss., 1, 184; Oliver, FI. of trop. Africa, 2, p. 97; Schweinfurth et Ascherson, Aufzdhlung^ p. 256. \0374. Unger, Pflanzend, alten Mgyptens, p. 66; Pickering, Chronol. arrang. p. 443. \0375. Reynier, Economie des Juifs, p. 439; des Egyptiens, p. 354. \0376. Hemandez, Thés., p. 108. \037\035\013

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no PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037rouge avec le suc tiré des feuilles du Henné remonte à une grande antiquité. La preuve en est dans les anciennes peintures et momies égyptiennes. \037Il est difficile de savoir quand et dans quel pays on a com- mencé à cultiver l'espèce pour subvenir aux nécessités de cette mode aussi ridicule que persistante, mais cela peut remonter à une époque très ancienne, puisque les habitants de Babylono, de Ninive et des villes d'Egypte avaient des jardins. Les érudits pourront constater si lusage de teindre les ongles a commencé en Egypte sous telle ou telle dynastie, avant ou après certaines communications avec les peuples orientaux. Il suffit, pour notre but , de savoir que le Lawsonia , arbuste de la famille des Lythracées, est plus ou moins spontané dans les régions chaudes de TAsie occidentale et de TAfrique, au nord de l'équateur. \037J'en possède des échantillons venant de l'Inde, de Java, de Timor, même de Chine * et de Nubie, qu'on ne dit pas recueillis sur des pieds cultivés, et d'autres échantillons de Ja Guyane et des Antilles, qui proviennent sans doute d'importations de Tespèce. Stoks Ta trouvé indigène dans le Belouchistan *. Rox- burgh le regardait aussi comme spontané sur la côte de Goro- mandel ^ et Thwaites * l'indique pour Ceylan d'une manière qui fait supposer une espèce spontanée. M. Glarke ^la dit « très commune et cultivée dans l'Inde, peut-être sauvage dans la \037f)artie orientale ». Il est possible qu'elle se soit répandue dans 'Inde, hors de la patrie primitive, comme cela est arrivé au XVII® siècle à Amboine ^ et plus récemment peut-être aux Antilles % à la suite de cultures, car la plante est recherchée pour le parfum de ses fleurs, outre la teinture, et se propage beaucoup par ses graines. Les mêmes doutes s'élèvent sur l'in- digénat en Perse, en Arabie, en Egypte (pays essentiellement cultivé), en Nubie et jusqu'en Guinée, où des échantillons ont été recueillis ®. Il n'est pas fort improbable que l'habitation de cet arbuste s'étendit de l'Inde à la Nubie ; cependant c'est tou- jours un cas assez rare qu'une telle distribution géographique. Voyons si les noms vulgaires indiquent quelque chose. \037On attribue à l'espèce un nom sanscrit, Sakachera • ; mais, comme il n'a laissé aucune trace dans les divers noms des lan- gues modernes de l'Inde, je doute un peu de sa réalité. Le nom f)ersan Hanna s'est répandu et conservé plus que les autres Hina des Indous, Henneh et Alhenna des Arabes, Kinna des \0371. Fortune, n» 32. \0372. Aitchison, Catal. ofPunjaby etc., p. 60; Boissier, FI, or,, 2, p. 744. \0373. Roxburgh, FI. ind., 2, p. 258. \0374. Thwaites, Enuni. Ceyl., p. 122. \0375. Clarko. dans Hooker, FI. brit. India, 2, p. 573. \0376. Rumpnius, Amb., 4, p. 42. \0377. Gri?ebach, FI. brit. \V. Ind., 1, p. 271. \0378. Oliver, FI. oftrop. Africa, 2, p. 483. \0379. Piddington, Index io plants of India. \037\035\013

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TABAC m \037Grecs modernes). Celui de Cypros^ usité parles Syriens du temp» de Dioscoride *, n'a pas eu la même faveur. Cie détail vient à l'appui de Topinion que l'espèce était originairement sur le& connns de la Perse et de l'Inde, ou en Perse, et que l'usage^ ainsi que la culture, ont avancé jadis de Test à l'ouest, d'Asie en Afrique. \037Tabac. — Nicotiana Tabacum, Linné, et autres Nicotiana. \037A l'époque de la découverte de l'Amérique, l'usage de fumer, de priser ou chiquer était répandu dans la plus grande partie de ce vaste continent. Les récits des premiers voyageurs, re- cueillis d'une manière très complète par le célèbre anatomiste Tiedemann % montrent que dans l'Amérique méridionale on ne fumait pas, mais on prisait ou chiquait, excepté dans la région de la Plata, de l'Uruguay et du Paraguay, où le Tabac n'était employé d'aucune manière. Dans l'Amérique du Nord, depuis l'isthme de Panama et les Antilles jusqu'au Canada et en Cali- fornie, l'usage de fumer était général, avec des circonstances qui indiquent une grande ancienneté. Ainsi on a trouvé des pipes> dans les tombeaux des Atztecs au Mexique ' et dans les tertres (motmds) des Etats-Unis. Elles y sont en grand nombre et d'un travail extraordinaire . Quelques-unes représentent des animaux étrangers à l'Amérique du Nord *. \037Comme les Tabacs sont des plantes annuelles, qui donnent une immense quantité de graines, il était aisé de les semer et de les cultiver ou de les naturaliser plus ou moins dans le voi- sinage des habitations, mais il faut remarquer qu'on employait des espèces différentes du genre Nicotiana, dans diverses régions de rAméri(jue, ce qui indique des origines différentes. \037Le Nicotiana Taoacum^ ordinairement cultivé, était l'espèce la plus répandue et quelquefois la seule usitée dans l'Amérique méridionale et aux Antilles. Ce sont les Espanols qui ont intro- duit l'usage du tabac dans la Plata, l'Uruguay et le Paraguay ^; par conséquent il faut chercher l'orgine de la plante plus au nord. De Martius ne pensait pas qu'elle fût indigène au Brésil ®, et il ajoute que les anciens Brésiliens fumaient les feuilles d'une espèce de leur pays appelée par les botanistes Nicotiana Lang- sdorffîi. Lorsque j'ai examiné la question d'origine en 1855 ^,. \0371. Dioscorides, 1, cap. 124; Lenz, Bot. d. Alterk.y p. 177. \0372. Tiedemann, Geschichte des Tabacks in-8», 1854. Pour le Brésil, voir Martius, Beitriige zur Ethnogmphie und Sprachkunde Amerikas, 1, p. 719. \0373. Tiedemann, p. 17, pi. 1. \0374. Les desaiiis de ces pipes sont reproduits dans Touvrage récent de M . de NadaiUac, Les premiers hommes et les temps préhistorwuet, vol. 2. p. 45 et 48. \0375. Tiedemann, p. 38, 39. \0376. Martius, Sifst, mat. med. bras., p. 120; Ft. bras.^ vol. X, p. 191. \0377. A. de Candolle, Géogr, bot, raisonnée, p. 849. \037\035\013

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m PLANTES CULTIVEES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037je n'avais pu connaître d'autres échantillons de N. Tabacum paraissant spontanés que ceux envoyés par Blanchet, de la pro- vince de Bania, sous le n* 3223, a. Aucun auteur, avant ou après cette époque, n'a été plus heureux, et je vois que MM. Flûc- kiger et Hanbury, dans leur excellent ouvrage sur les drogues d'origine végétale *, disent positivement : « Le tabac commun est originaire du nouveau monde, et cependant on ne Ty trouve pas aujourd'hui à l'état sauvage. » J'oserai contredire cette assertion, quoique la qualité de plante spontanée soit toujours contestable quand il s'agit d'une espèce aussi facile à répandre hors des plantations. \037Je dirai d'abord qu'on rencontre dans les herbiers beaucoup d'échantillons récoltés au Pérou, s^ns indication qu'ils fussent cultivés ou voisins des cultures. L'herbier de M. Boissier en •contient deux, de Pavon, venant de localités différentes ^. Pavon dit dans sa flore (vol. 2, p. 16) que l'espèce croît dans les forêts humides et chaudes des Andes péruviennes, et qu'on la cultive. Mais, ce qui est plus significatif, M. Edouard André a recueilli dans la république de l'Equateur, à Saint-Nicolas, sur la pente occidentale du volcan Gorazon, dans une forêt vierge, loin de toute habitation, des échantillons, qu'il a bien voulu me communiquer et qui sont évidemment le N. Tabacum à taille élevée (2 à 3 mètres) et à feuilles supérieures étroites, longue- ment acuminées, comme on les voit dans les planches de Hayne et de Miller ^. Les feuilles inférieures manquent. La fleur, qui donne les vrais caractères de l'espèce, est certainement du N. Tabacum^ et il est bien connu que cette plante varie dans les cultures sous le rapport de la taille et de la largeur des feuilles*. \037La patrie primitive s'étendait-elle au nord jusqu'au Mexique, au midi vers la Bolivie, à l'est dans le Venezuela? C'est très possible. \037Le Nicotiania rustica^ Linné, espèce à fleurs jaunâtres, très diff'érente du Tabacum ^, et qui donne un tabac grossier, était plus souvent cultivé chez les anciens Mexicains et les indigènes au nord du Mexique. Je possède un échantillon rapporté de Californie par Douglas, en 1839, époque à laquelle les colons étaient encore rares, mais les auteurs américains n'admettent \0371 . Flûckiger et Hanburr, Histoire des drogues d*origine végétale, traduc- tion en français, 1878, yoI. 2, p. 150. \0372. L'un d'eux est classé sous le nom deMco^. fruticosa, qui, selon moi, est la même espèce, à taille élevée, mais non ligneuse, comme le nom le ferait croire. Le N. auriculata Bertero est aussi le Tabacum, d'après mes échantillons authentiques. \0373. Hayne, Arzneikunde Gewachse, vol. 12, t. 41; Miller, Gardener's dict,, figures, t. 186, f. 1. \0374. La capsule est tantôt plus courte que le calice et tantôt plus longue, sur le même individu, dans les échantillons de M. André. \037o. Voir les figures de iV. rustica dans Plée, Types de familles naturellet de France, Solanées; BuUiard, Herbier de France ^ t. 289. \037\035\013

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TABAC 113 \037pas la plante comme spontanée^ et le D^* Asa Gray dit qu'elle se sème (fans les terrains vagues *. G*est peut-être ce qui était arrivé pour des échantillons de Therbier Boissier, que Pavon a récoltés au Pérou et dont il ne parle pas dans la flore péru- vienne. L'espèce croit abondamment autour de Gordova, dans la république Argentine ', mais on ignore depuis quelle époque. D'après l'emploi ancien de la plante et la patrie des espèces les \0378 lus analoeues, les probabilités sont en faveur d'une origine du [exique, du Texas ou de Californie. \037Plusieurs botanistes, même des Américains, ont cru l'espèce de l'ancien monde. G'est bien certainement une erreur, quoique la plante se répande çà et là, même dans nos forêts et quelque- fois en abondance ', à la suite des cultures. Les auteurs du XVI* siècle en ont parlé comme d'une plante étrangère, in- troduite dans les jardins et qui en sortait quelquefois ^. On la trouve dans quelques herbiers sous les noms de N. tatarica^ turcica ou sibirica^ mais il s'agit d'échantillons cultivés dans les jardins, et aucun botaniste n'a rencontré l'espèce en Asie ou sur les confins de l'Asie, avec l'apparence qu'elle ftit spontanée. \037Geci me conduit à réfuter une erreur plus générale et plus tenace, malgré ce que j'ai démontré en 1855, ceUe de considérer quelques espèces mal décrites d'après des échantillons cultivés, comme originaires de l'ancien monde, en particulier d'Asie. Les preuves de l'origine américaine sont devenues si nombreuses et si bien concordantes que, sans entrer dans beaucoup de détails, je puis les résumer de la manière suivante : \037A. Sur une cinquantaine d'espèces du genre Nicotiana trouvées à l'état sauvage, deux seulement sont étrangères à l'Amérique, savoir : 1" le ïv. suaveolens^ de la Nouvelle-Hollande, auquel on réunit maintenant le iV. rotundifolia du même pays, et celui que Ventenat avait appelé par erreur N, undulata; 2^ le N. fragrans Hooker {Bot. mag., t. 4865), de l'île des Pins, près de la Nou- A^elle-Galédonie, qui diffère bien peu du précédent. \037B. Quoique les peuples asiatiques soient très amateurs de tabac et que dès une époque reculée ils aient recherché la fumée de certaines plantes narcotiques, aucun d'eux n'a employé le Tabac antérieurement à la découverte de l'Amérique. Tiedemann Ta très bien démontré par des recherches approfondies dans les écrits des voyageurs du moyen âge *. Il cite même pour une époque moins ancienne et qui a suivi de près la découverte de TAmé- rique, ceHe de 1540 à 1603, plusieurs voyageurs dont quelques- \0371. Asa Gray, Synoptical flora ofN, A, (1878), p. 241. \0372. Martin de Moussy, Descript. de larép. Argentine, 1, p. 196. \0373. Bùlliard, l. c. \0374. Cœsalpinus, lib. VIII, cap. 44; Batihin, Hist., 3, p. 630. \0375. Tiedemann, Geschichte des Tabaks (1854), p. 208. Deux ans aupara- vant, Volz, Beitrage zur CuUurgeschichtâ, avait réuni déj& un très grand nombre de faits sur Fintroduction da Tabac dans divers pays. \037De Candolle. 8 \037\035\013

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114 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037uns étaient des botanistes, tels que Belon et Rauwolf, qui ont parcouru l'empire turc et la Perse, observant les coutumes avec beaucçup d'attention, et qui n'ont pas mentionné une seule fois le Tabac. Evidemment il s'est introduit en Turquie au commen- cement du XVII® siècle, et les Persans l!ont reçu très vite par les Turcs. Le premier Européen qui ait dit avoir vu fumer en Perse est Thomas Herbert, en 1626. Aucun des voyageurs suivants n'a oublié de mentionner l'usage du narguilé comme bien établi. Olearius décrit cet appareil, qu'il avait vu en 1633. La première mention du Tabac dans l'Inde est de 1605 \ et il est probable que l'introduction en est venue par les Européens. Elle com- mençait à Arracan et au Pégu en 1619, d'après le voyageur Methold '. Il s'est élevé quelques doutes à l'égard de Java, parce que Rumphius, observateur très exact, qui écrivait dans la seconde moitié du xvn« siècle, a dit ' que, selon la tradition de quelques vieillards, le tabac était employé comme médica- ment avant l'arrivée des Portugais en 1496, et que l'usage de fumer avait seul été communiqué par les Européens. Rum- phius ajoute, il est vrai, que le nom Tabaco ou Tambuco, ré- pandu dans toutes les localités, est d'origine étrangère. Sir Stamford Raffles * , à la suite de nombreuses recherches histo- riques sur Java, donne au contraire Tannée 1601 pour la date de l'introduction du tabac à Java. Les Portugais avaient bien découvert les côtes du Brésil de 1500 à 1504; mais Vasco de Gama et ses successeurs allaient en Asie par le Gap ou la mer Rouge, de sorte qu'ils ne devaient guère établir des communica- tions fréquentes ou directes entre l'Amérique et Java. Nicot avait vu la plante en Portugal en 1560; ainsi les Portugais l'ont portée en Asie probablement dans la seconde moitié du xvi® siècle. Thunberg affirme * que l'usage du Tabac a été introduit au Japon par les Portugais, et, d'après d'anciens voyageurs que cite Tiedemann, c'était au commencement du xvii® siècle. Enfin les Ghinois n'ont aucun signe original et, ancien pour indiquer le Tabac; leurs dessins sur porcelaines, dans la collection de Dresde, montrent fréquemment depuis l'année 1700 et jamais auparavant des détails relatifs au Tabac ^ ; enfin les sinologues s'accordent à dire que les ouvrages chinois ne mentionnent pas cette plante avant la fin du xvi* siècle '. Si Ton fait attention à la rapidité avec la(|uelle l'usage du tabac s'est répandu partout où il a été introduit, ces renseignements sur l'Asie ont une force incontestable. \0371. D'après iin auteur anonyme indien, cité par Tiedemann, p. 229. \0372. Tiedemann, p. 234. \0373. RumphiuB, Herb, Amboin,, 5, p. 225. \0374. Raffles, Description of Java, p. 85. \0375. Thunberg, Flora jaj^nica, p. 91. \0376. Klemm, cité dans Tiedemann, p. 256. \0377. Stanislas Julien, dans de Gandolle, Géographie bot. rais., p. 851 ; Bret- Schneider, Study and value ofchinese botanical works, p. 17. \037\035\013

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TABAC 115 \037C. Les noms vulgaires du Tabac coiifirment une origine améri- caine. S'il Y avait eu des espèces indigènes dans l'ancien monde, il existerait une infinité de noms différents; mais au contraire les noms chinois, japonais, javanais, indiens, persans, etc., dérivent des noms américains Petum^ ou Tabak^ Tahok, Tamboc, légèrement modifiés. Piddington, il est vrai, cite des noms sanscrits, Dhumrapatra et Tamrakouta * ; mais je tiens d'Adolphe Pictet que le premier de ces noms, qui n'est pas dans le diction- naire de Wilson, signide feuille à fumer et paraît d'une compo- sition moderne, tandis que le second n'est probablement pas plus ancien et semble quelque modification moderne des noms américains. Le mot arabe Docchan veut dire simplement fumée *. \037Enfin nous devons chercher ce que signifient deux Nicotiana qu'on prétend asiatiques. L'une, appelée par Lehmann Nicotiana chinensis^ venait du botaniste russe Fischer; qui la disait de Chine. Lehmann l'avait vue dans un jardin; or on sait à quel \037Îioint les origines des plantes cultivées par les horticulteurs sont réquemment erronées, et d'ailleurs, d'après la description, il semble que c'était simplement le N. Tabacum^ dont on avait reçu des graines, peut-être de Chine '. La seconde espèce est le N.perstcUy de Lindl^y, figurée sans le Botanicalregister (pi. 1592), dont les graines avaient été envoyées d'Ispahan à la Société d'horticulture de Londres comme celles du meilleur Tabac cultivé en Perse, celui de Schiraz. Lindley ne s'est pas aperçu que c'était exactement le N. alata, figuré trois ans auparavant par Link et Otto * d'après une plante du jardin de BerUn. Celle-ci venait de graines du Brésil méridional, envoyées par Sello. C'est une espèce certainement brésilienne , à coroUe blanche, fort allongée, voisine du N. suaveolens de la Nouvelle- Hollande. Ainsi le Tabac cultivé quelquefois en Perse, concur- remment avec l'ordinaire et qu'on a dit supérieur pour le parfum, est d'origine américaine, comme je l'avais prévu dans ma Géographie botanique en 1855. Je ne m'explique pas com- ment cette espèce a été introduite en Perse. Ce doit être par des ^graines tirées d'un iardin ou venues, par hasard, d'Amérique, et il n'est pas probable que la culture en soit habituelle en Perse, car Olivier et Bruguière, ainsi que d'autres naturalistes qui ont vu les cultures de Tabac dans ce pays, n'en font aucune mention. Par tous ces motifs, il n'existe point d'espèce de Tabac \0371. Piddington, Index, \0372. Forskal, p. 63. \0373. Lehmann, Historia Nicotinarum, p. 18. L^expression de suffruticosa 'est une exagération appliquée aux Tabacs, qui sont toujours annuels. J'ai déjà dit que le N. suffruticosa des auteurs est le N. Tahacum. \0374. Link et Otto, Icônes plant, rar. horti ber., in-4, p. 63, t. 32. Sen- dtner, dans Flora brasil.^ vol. 10, p. 167, décrit la môme plante de Sello, à ce qu'il semble, d'après des échantillons envoyés par ce voyageur, et Grisebacb, Symbole fl, argent, ^ p. 243, mentionne le N, alata dans la province dJEntrerios de la république Argentine. \037\035\013

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116 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037originaire d'Asie. Elles sont toutes d'Amérique, excepté les If. iuaveolens, de la Nouvelle Hollande, et N. fragrans, de l'Ile des Pins, au sud de la Nouvelle-Calédonie. \037Plusieurs Nkotinna, auires que les Tabacum et rusiica, ont été cultivés çà et là par des sauvages ou, comme curiosité, par des Européens. II est singulier qu'on s'occupe ai rarement de ces essais, au moyen desquels on obtiendrait peut-être des tabacs très \037Earticulîers, Les espèces à fleura blanches donneraient proba- lement des tabacs légers et parfumés, et comme certains fumeura recherchent les tabaca les plus forts, les plus désagréa- bles poasible aux personnes qui ne fument pas, je leur recom- manderai le rficotiana angustifolia, du Chili, que les indigènes appellent Tabaco del Diafîlo ', \037Canneller. — Cinnamomum zeylaniewn, Breyn. \037Le petit arbre, de la famille des Lauracées, dont l'écorce des jeunes rameaux est la cannelle du commerce, existe en grande quantité dans les forêts de Ceylan. Certaines formes qui se trouvent sauvages dans l'Inde continentale étaient regardées autrefois comme autant d'espèces distinctes, mais les botanistes anglo-indiens s'accordent à les réunir avec celle de Ceylan î. \037Les écorces du Cannelîer et d'autres Cinnomomum non cul- tivés, oui produisent le caasia ou cassia de Chine, ont été l'objet a'un commerce important dès les temps les plus reculés, MM. Pliickiger et Hanbury ' ont traité ce point historique avec une érudition si complète que nous devons simplement renvoyer à leur ouvrage. Ce qui noua importe, à notre point de vue, c'est de constater combien la culture du cannelier est moderne relati- vement à l'exploita tien de l'espèce. C'est seulement de 176& à 1770 qu'un colon de Ceylan, appelé de Koke, soutenu par le gouverneur de l'ile, Falck, fit des plantations qui réussirent à merveille. Elles ont diminué depuis quelques années à Ceylan;. mais on en a fait ailleurs, dans les pays tropicaux de l'ancien et du nouveau monde. L'espèce se naturalise facilement hors des cultures ', parce que les oiseaux en recherchent les fruits- avec avidité et sèment les graines dans les forêts. \037Bamlé. — Ckina grass, des Anglais, — Boekmena nivea; Hooker et Arnott. \037La culture de cette précieuse Urticacée a été introduite dai le midi des Etats-Unis et de la France, depuis une trentaine d'années; mais le commerce avait fait connaître auparavant]Ia \037\035\013. FlBckiger et Hanbui% Hiiloire des drogues d'oriffine végétale, trid. \037\035\013

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GANNELIER, RAMIÉ, CHANVRE 117 \037valeur extraordinaire de ses fibres, plus tenaces que le chanvre et, dans certains cas, flexibles comme la soie. On peut lire dans plusieurs ouvrages des détails intéressants sur la manière de cultiver la plante et d'en extraire les fils *. Je me bornerai à préciser ici, le mieux que je pourrai, Torigine géographique. \037Dans ce but, il ne faut pas se fier aux phrases assez vagues de la plupart des auteurs, ni aux étiquettes des échantillons dans les herbiers, car il est arrivé souvent qu'on n'a pas distingué les pieds cultivés , échappés des cultures ou véritablement sauvages, et qu'on a oubué aussi la diversité des deux formes Boehrneria nivea [Urtica nivea, Linné, et Boehmeria ienacissima^ Gaudichaud, ou B. candicans, Hasskarl), qui paraissent deux variétés d'une même espèce, à cause des transitions notées par quelques botanistes. Il y a même une sous-variété, à feuilles vertes des deux côtés, cultivée par les Américains et par M. de Malartic dans le midi de la France. \037La forme anciennement connue (Urtica nivea L.), à feuilles très blanches en dessous, est indiquée comme croissant en Chine et dans quelques pays voisins. Linné dit qu'elle se trouve sur les murs en Chine, ce qui s'appliquerait à une plante des décombres, originaire des cultures ; mais Loureiro ' dit : Habitat, et abundanter colitur in Cochinchina et China, et, selon M. Ben- tham ^, le collecteur Champion l'a trouvée, en abondance, dans les ravins de l'île de Hong-Kong. D'après MM. Franchet et Savatier *, elle existe au Japon, dans les taillis et les haies [in fruticetis umbrosis et sepibus). Blanco * la dit commune aux îles Philippines. Je ne trouve aucune preuve qu'elle soit spontanée à Java, Sumatra et autres îles de l'archipel Indien. Rumphius ' ne la connaissait que comme plante cultivée. Roxburgh ^ la croyait native de Sumatra, ce que Miquel * ne confirme pas. \037Les autres formes n'ont été trouvées nulle part sauvages, ce qui appuie l'idée que ce sont des variétés survenues dans les cultures. \037Chanvre. — Cannabis saliva^ Linné. \037Le chanvre est mentionné, avec ses deux états, mâle et femelle, dans les plus anciens ouvrages chinois^ en particulier dans le Shu-King, écrit 500 ans avant Jésus-Christ *. Il a des \0371. Comte de Malartic, Journal d'aoric, pratique, 7 déc. 1871, 1872, v. 2, ji« 31 ; de La Rogue, ibid,, n. 29, Bull, Soc, d'acclimat,, juiUet 1872, p. 463; Vilmorin, Bon jardinier, 1880, part. 1, p. 700; Vetillart, Etudes sur les fibres végét. textiles , p. 99, d1. 2. \0372. Loureiro, Flora cochincn,, 2, p. 683. \0373. Bentham, Flora Hongkong:, p. 331. \0374. Franchet et Sa.va.iJer'y Enum, plant , Jap,, 1, p. 439. \0375. Blaùco, Flom de Filip.y éd. 2, p. 484. \0376. Rumphius^ Âmboin., 5, p. 214. \0377. Roxburgh, FL ind,, 3, p. 590. \0378. Miqael, Sumatra, éd. ailem., p. 170. \037^. Bretschneider, Value ofchinese botanical works, p. 5, 10, 48. \037\035\013

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118 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037noms sanscrits, Banga et Gangika * orthographiés Bhanga et Gunjika par Piddington *. La racine de ces noms ang ou an se retrouve dans toutes les langues indo-européennes et sémitiques modernes : Bang en hindou et persan, Gang a en bengali ', Hanf en allemand, Memp en anglais, Kanas en celtique et bas-breton moderne *, Cannabis en grec et en latin, Cannab en arabe-^. \037D'après Hérodote (né en 484 avant Jésus-Christ), les Scythe» employaient le Chanvre, mais de son temps les Grecs le connais- saient à peine *. Hiéron II, roi de Syracuse, achetait le chanvre de ses cordages pour vaisseaux dans la Gaule, et Lucilius est le premier écrivain romain qui ait parlé de la plante (100 ans avant Jésus Christ). Les livres hébreux ne mentionnent pas le Chanvre ^. Il n*entrait pas dans la composition des efnveloppes de momies chez les anciens Egyptiens. Même à la fin du xviif siècle, on ne cultivait le Chanvre, en Egypte, que pour le hachich, matière enivrante ^. Le recueil des lois judaïques appelé Mischna, fait sous la domination romaine, parle de fees propriétés textiles comme d'une chose peu connue *. Il est assez probable que les Scythes avaient transporté cette plante de l'Asie centrale et de la Russie à l'ouest, dans leurs migrations, qui ont eu lieu vers l'an 1500 avant Jésus-Christ, un peu avant la guerre de Troie. Elle aurait pu s^introduire aussi par les invasions anté- rieures des Aryens en Thrace et dans l'Europe occidentale ; mais alors ritalie en aurait eu connaissance plus tôt. On n*a pas trouvé le Chanvre dans les palafittes des lacs de Suisse " et du nord de l'Italie ". \037Ce qu'on a constaté sur l'habita tion du Cannabis sativa con- corde bien avec les données historiques et linguistiques. J'ai eu» l'occasion de m'en occuper spécialement dans une des mona- graphies du Prodromus^ en 1869 *^. \037L'espèce a été trouvée sauvage, d'une manière certaine, au midi de la mer Caspienne *', en Sibérie, près de l'Irtysch, dans le désert des Kirghiz, au delà du lac Baical, en Daourie (gouver- nement d'Irkutsk). Les auteurs l'indiquent dans toute la Russie méridionale et moyenne, et au midi du Caucase^*, mais la qualité \0371. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, vol. 3, p. 772. \0372. Piddington, Index. \0373. Roxburgh, ibid, \0374. Reynier, Economie des Celtes, p. 448; Legonidec, Dictionn. bas-breton, \0375. J. Humbert, autrefois professeur d'arabe à Genève, m'a indiqué Kan- nab, Kon-mab, Hon-nab, Hen-nab, Kanedir, selon les locdités. \0376. Athénée, cité par Hehn, Culturpflanzen, p. 168. \0377. Rosenmûller, Handb. bibL Alterk, \0378. Forskal, Flora; Delile, Flore d'Egypte, \0379. Reynier, Economie des Arabes, p. 434. \03710. Heer, Ueber d, Flachs, p. 25. \037U. Sordelli, Notizie sulL staz, di Lagozza, 1880. \03712. Vol. XVI, sectio 1, p. 30. \03713. De Bunge, Bull. Soc, bot, de Fr,, 1860, p. 30, \03714. Ledebour, F/ora rowîca, 3, p. 634. \037\035\013

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MURIER BLANC 119 \037spontanée y est moins sûre, attendu que ces pays sont peuplés et que les graines de Chanvre peuvent se répandre aisément hors iardins. L'ancienneté de la culture en Chine me fait croire que rhabitation s'étend assez loin vers Test, quoique les botanistes ne raient pas encore constaté *. M. Boissier indique Fespèce en Perse comme « presque spontanée ». Je doute qu'elle y soit indigène, parce que les Grecs et les Hébreux l'auraient connue plus tôt si elle l'était. \037Mûrier blanc. — Morus alba, Linné. \037Le Mûrier dont on sert le plus communément en Europe pour Téducatioil des vers à soie est le Morus alba. Ses variétés, très nombreuses, ont été décrites avec soin par Seringe * et plus récemment par M. Bureau '. La plus cultivée dans llnde, le Morus indica^ Linné [Morus alba, v&r. indica, Bureau), est sauvage dans le Punjab et à Sikim, d'après Brandis, inspecteur général des forêts de l'Inde anglaise *. Deux autres variétés, serrata et cuspidata, sont aussi indiquées comme sauvages dans diverses provinces de Tlnde septentrionale ^. L'abbé David a trouvé en Mongolie une variété parfaitement spontanée, décrite sous le nom de Mongolica par M. Bureau, et le D^'Bretschneider ® cite un nom Yen, d'anciens auteurs chinois, pour le Mûrier sauvage. Il ne dit pas, il est vrai, si ce nom s'applique au Mûrier blanc : Pe (blanc)-iSan^ (Mûrier), des cultures chinoises '. L'ancienneté de la culture en Chine * et au Japon, ainsi que la quantité de formes différentes qu'on y a obtenues, font croire que la patrie primitive s'étendait à l'est jusqu'au Japon, mais on connaît peu la flore indigène de la Chine méridionale, et les auteurs les plus dignes de confiance pour les plantes japonaises n'affirment pas la qualité spontanée. MM. Franchet et Savatier ' disent : « cul- tivé depuis un temps immémorial et devenu sauvage çà et là. » Notons aussi que le Mûrier blanc paraît s'accommoder surtout des pays montueux et tempérés, par où Ton peut croire qu'il aurait été jadis introduit du nord de la Chine dans les plaines du midi. On sait que les oiseaux recherchent ses fruits et en portent les graines à de grandes distances dans des localités incultes, ce qui empêche de constater les habitations vraiment anciennes. \0371. M. de Bunge a trouvé le Chanvre dans le nord de la Chine, mais dans des décombres {Enum., b? 338). \0372. Seringe, Description et culture des Mûriers, \0373. Bureau, dans de Candolle, Prodromxis, 17, p. 238. \0374. Brandis, The forest flora of north-west and central India, 1874, p» 408. Cette variété a le iruit noir, comme le Morus nigra. \0375. Bureau, l, c, d'après des échantillons de divers vovageurs. \0376. Bretschneider, Study and value of chinese bot. v}orks, p. 12. \0377. Ce nom est dans le Pent-sao, d'après Ritter, Erdkunde, 17, p. 489. \0378. D'après Platt, Zeitschrift d. Gesellsch. Erdkunde, 1871, p. 162, la cul- ture remonte & 4000 ans avant J.-C. \0379. Franchet et Savatier, Enumeratio plantarum Japoniœ, 1, p, 433. \037\035\013

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120 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES 00 FEUILLES \037Cette facililé de naluralisalion explique sans doute la présence, à des époques successives, du Mûrier blanc dans l'Asie occi- dentale et le midi de l'Europe. Elle a dû agir surtout depuis que des moines eurent apporté le ver à soie à. Constantînople, sous Justinieu, dans le vi" siècle, et que graduellement la sériculture s'est propagée vers l'ouest. Cependant Targioni a constaté que le mûrier noir, M. nigra, étail seul connu en Sicile et en Italie, lorsque l'industrie de la soie s'est introduite en 1148 en Sicile et deux siècles plus tard en Toscane '. D'après le même auteur, l'inlroduclion du Mûrier blanc en Toscane date, au plus tôt, de l'aDuêc 1340. De la même manière, l'indualrie de la soie peut avoir commencé en Chine, parce que le ver à soie s'y trouvait Daturellement; mais il est Irès probable que l'arbre existait aussi dans l'Inde septentrionale, où tant de voyageurs l'ont trouvé à l'état sauvage. En Perse, en Arménie et dans l'Asie Mineure, \e le crois plutôt naturalisé depuis une époque ancienne, contrai- rement à l'opinion de Griscbach, qui le regarde comme origi- naire de la région de la mer Caspienne {Végét. du globe, trad, française, 1, p. 424). M. fioissier ne le cite pas comme spontané dans ces pays '. M. Buhse " l'a trouvé en Perse, près a'Brivan et de Baschnaruschin, et il ajoute : u naturalisé en abondance dans le Gbilan et le Masenderan. s La flore de Russie par Ledebour * indique de nombreuses localités autour du Caucase, sans parler de spontanéité, ce qui peut signifier une espèce na- turalisée. En Crimée, en Grèce et en Italie, il est seulement à l'état de culture '. Une variété lalarica, souvent cultivée dans le midi de la Russie, s'est naturalisée près du Volga '. \037Si. le Mûrier blanc n'existait pas primitivement en Perse et vers la mer Caspienne, il doit y avoir pénétré depuis longtemps. Je citerai pour preuve le nom de 7'ut, Tuth, Tula, qui est persan, arane, turc et lartare. Il y a un nom sanscrit, Tuta ', qui doit se rattacher à la même racine que le nom persan; mais on ne connaît pas de nom hébreu, ce qui vient à l'appui de l'idée d'une extension successive vers l'Asie occidentale. \037Ceux de mes lecteurs qui désirent des renseignements plus détaillés sur l'introduction des Mûriers et des vers à soie les trouveront surtout dans les savants ouvrages de Targioni et de Hilter que j'ai cités. Les découvertes faites récemment par divers botanistes m'ont permis d'ajouter des données plus \0371. Ant. TarKioni, Cenni stot-ici suUa iittrod. di varie piaule nelV agncoU . toscana, p. 188. \037%. BoUaier, Flora orient., 4, p. 1153. \0373. Buhfle, Aufzàklung der Ti-anseaucasien und Periien Pflanzea, p. 203. \037i. Ledebour, FL ros3., 3, p. 643. \037B. Sleven, Verzeiehniss d. tawùch. Malbinn, p. 313; Ueldreich, Pflanien des attUt/ten Ebene, p. 508; Bertoloni, PI. iiai., 10, p. (77; Carnel, Fl. Tôt- fana, p. Ht. \0376. Bureau, l. c. \0377, Boibargb, Fl. ind.; Piddington, Index, \037\035\013

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MURIER NOIR 121 \037précises que celles de Ritter sur roriçine, et, s'il y a quelques contradictions apparentes entre nos opinions sur d'autres points, cela vient surtout de ce que Fillustre géographe a considéré une foule de variétés comme des espèces, tandis que les botanistes les ont réunies après un examen attentif. \037Mûrier noir. — Monts nigra^ Linné. \037Il est plus recherché pour ses fruits que pour ses feuilles, et, d'après cela, je devrais Ténumérer dans la catégorie des arbres fruitiers. Cependant on ne peut guère séparer son histoire de celle du Mûrier blanc. D'ailleurs on emploie sa feuille dans beaucoup de pays pour l'élève des vers à soie, sans se laisser arrêter par la qualité inférieure du produit. \037Le Mûrier noir se distingue du blanc par plusieurs caractères, indépendamment de la couleur noire du fruit, qui se trouve également chez certaines variétés du M. alba *. Il n'a pas une infinité de formes comme celui-ci, ce. qui peut faire présumer une culture moins ancienne, moins active, et une patrie primi- tive moins étendue. \037Les auteurs grecs et latins, même les poètes, ont souvent mentionné le Morus nigra, qu'ils comparaient au Fictis Syco- morus^ et (ju'ils confondaieat même dans l'origine avec cet arbre égyptien. Les commentateurs répètent depuis deux siècles une foule de passages qui ne laissent aucun doute à cet égard, mais ne présentent guère d'intérêt en eux-mêmes '. Ils ne four- nissent aucune preuve sur l'origine de l'espèce, qu'on présume de Perse, à moins de prendre au sérieux la fable de Pyrame ei Thisbé, dont la scène était en Babylonie, d'après Ovide. \037Les botanistes n'ont pas constaté d'une manière bien certaine rindigénat en Perse. M. Boissier, qui possède plus de matériaux que personne sur l'Orient, se contente de citer Hohenacker comme ayant trouvé le M, nigra dans les forêts de Lenkoran, sur la côte méridionale de la mer Caspienne, et il ajoute : « pro- bablement spontané dans la Perse septentrionale vers la mer Caspienne ^ ». Avant lui, Ledebour, dans sa flore de Russie, indiquait, d'après divers voyageurs, la Crimée et les provinces au midi du Caucase *; mais Steven nie que l'espèce existe en Crimée autrement qu'à l'état de culture ^. M. de Tchihatcheff et C Koch ^ ont trouvé des pieds de Mûrier noir dans des localités \0371 . Reichenbacb a publié de bonnes figures des deux espèces dans ses icônes florx germ,, t. 657 et 658. \0372. Fraas, Synopsis fl, class., p. 236; Lenz, Botanik d. alten Griechen und /Rœwer, p. 419; Kitter, Erâkunde, 17, p. 482; Hehn, Culturpflanzen, éd. 3, p. 336, sans parler d'auteurs plus anciens. \0373. Boissier, Flora orient, y 4, p. H53 (publiée en 1879). \0374. Ledebour, Fl. ross.y 3, p. 641. \0375. Steven, Verzeichniss d. taurischen Halbins, Fflanzen, p. 313. \037j6. Tchihat«beff, traduction de Grisebach, Végétation du globe, 1, p. 424. \037\035\013

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122 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037élevées et sauvages d'Arménie. II est bien probable que, dans la région au midi du Caucase et de la mer Caspienne, le Morus nigra est spontané, originaire, plutôt que naturalisé. Ce qui me le fait croire, c'est : i** qu'il n'est pas connu, même à l'état cul- tivé, dans llnde, en Chine ou au Japon; 2® qu'il n'a aucun nom sanscrit; 3° qu'il s'est répandu de bonne heure en Grèce, pays dont les communications avec l'Arméme ont été anciennes. \037Le Monts nigra s'était si peu propagé au midi de la Perse qu'on ne lui connaît pas, d'une manière certaine, un nom hébreu ni même un nom persan distinct de celui du Morus alba. On le cultivait beaucoup en Italie, jusqu'à ce qu'on eût reconnu la supériorité du Mûrier blanc pour la nourriture des vers à soie. En Grèce, le Mûrier noir est encore le plus cultivé *. Il s'est na- turalisé çà et là dans ces pays et en Espagne *. \037I \037Maguey. — Agave americana, Linné. \037Cette plante ligneuse, de la famille des Amaryllidées, est cultivée, depuis un temps immémorial, au Mexique, sous les noms de Maguey ou Metl^ pour en extraire, au moment où se développe la tige florale, le vin dit pulque, Humboldt a décrit clairement cette culture ^ et il nous dit ailleurs ^ que l'espèce croit dans toute l'Amérique méridionale, jusqu'à 1600 toises d'élévation. On la cite ^ dans la Jamaïque, à Antigua, à la Domi- nique, à Cuba;mais il faut remarquer qu'elle se multiplie facile- ment de drageons et qu'on la plante volontiers loin des habitations, pour en former des haies ou en tirer le fil appelé pite, ce qui em» pèche de savoir dans quel pays elle existait primitivement. Transportée depuis longtemps dans la région de la mer Médi- terranée, on la rencontre avec toutes les apparences d'une espèce indigène, quoique son origine ne soit pas douteuse ®. Probable- ment, d'après les emplois variés qu'on en faisait au Mexique avant l'arrivée des Européens, c'est de là qu'elle est sortie. \037Canne à sucre. — Saccharum officinarum^ Linné. \037Les origines de la Canne à sucre, de sa culture et de la fabri- cation du sucre ont été l'objet d'un travail très remarquable du géopraphe Karl Ritter ^ Je n'ai pas à le suivre dans les détails \0371. Heldreich. Nutzpflanzen Ch^iechenlands, p. 19. \0372. Bertoloni, F/ora ital., 10, p. 179; Visiani, FI. dalmat.^ i, p. 220; Will- komm et Lange^ Prodr. fl. hisp,, 1, p. 250. \0373. De Humboldt, Nouvelle-Espagne, éd. 2, p. 487. \0374. De Hnmboîdt, dans Kuntn, Nova Gênera, 1, p. 297. \0375. Grisebach, Flora ofbrit. W. India, p. 582. \0376. Alph. de CandoUe, Géogr. bot. raisonnée, p. 739; H. Hoffmann, dans Regel, Garienflora, 1875, p. 70. \0377. K. Ritter, Ueber die geographische Verbreitung des Zuckerrohrs, 1840, in-4, 108 pag. (d'après Pritzel, Tnes. lit. bot.); Die cultur des Ztickerr^hrs]. Saccharum, in Asien^ Geoar. Verbi^eitung, etc., etc., in-8^, 64 pages, 8€Uis date. C'est une monographie pleine d'érudition et de jugement, digne de \037\035\013

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AGAVE, CANNE A SUCRE 123 \037uniquement agricoles et économiques; mais pour l'habitation primitive de l'espèce, qui nous intéresse particulièrement, c'est le meilleur guide, et les faits observés depuis quarante ans ap* puient, en générai, ou confirment ses opinions. \037La Canne à sucre est cultivée aujourd'hui dans toutes les régions chaudes du globe, mais il est démontré par une foule de témoir gnaçes histëriques qu'elle a été employée d'abord dans l'Asie méridionale, d'où elle s'est répandue en Afrique et plus tard en en Amérique. La question est donc de savoir dans quelles parties du continent, ou des îles du midi de TAsie, la plante existe ou existait quand on a commencé à s'en servir. \037Ritter a procédé selon les bonnes méthodes pour arriver à une solution. \037Il note d'abord que toutes les espèces connues à l'état sau- vage et rapportées, avec sûreté, au genre Saccharum, croissent dans l'Inde, excepté une qui est en Egypte *. On a décrit depuis cinq espèces des îles de Java, la Nouvelle-Guinée, Timor ou les Philippines *. La probabilité est toute en faveur de l'origine en Asie si l'on part des données de la géographie botanique. \037Malheureusement aucun botaniste n'avait trouvé à l'époque de Ritter et n'a encore trouvé le Saccharum ofûcinarum sauvage dans l'Inde, dans les pays adjacents ou dans l'Archipel au midi de l'Asie. Tous les auteurs anglo-indiens, Roxburgh, Wallich, Royle, etc. , et plus récemment Aitchison ' ne mentionnent la plante que comme cultivée. Roxburgh, qui a herborisé si long- temps dans l'Inde, dit expressément : « Where wild I do not know. » La famille des Graminées n'a pas encore paru dans \^ flore de sir J. Hooker. Pour l'île de Ceylan, Thwaites a si peu trouvé l'espèce spontanée qu'il ne l'énumère pas même comme plante cultivée *. Rumphius, qui a décrit soigneusement la culture dans les possessions hollandaises, ne dit rien sur la patrie de l'espèce. Miquel, Hasskarl, Blanco (FL Filip.) ne parlent d'aucun échantillon sauvage dans les îles de Sumatra, Java ou les Phi- lippines. Grawfurd aurait voulu en découvrir et n'y est pas par- venu ^. Lors du voyage de Cook, Forster ne trouva la Canne à sucre qu'à l'état de plante cultivée dans les petites îles de la mer Pacifique *. Les indigènes de la Nouvelle Calédonie cultivent une quantité de variétés de la Canne et en font un usage cou- la belle épocfue de la scieDce allemaDde, lorsque les ouvrages anglais ou français étaient cités par tous les auteurs, avec le même soin que. les allemands. \0371. Kunth, Enumei^atio plantarum (1838), vol. 1, p. 474. Il n'existe pas de travail descriptif moins ancien pour la famille des Graminées, ni pour le genre Saccharum. \0372. Miquel, Flora India hatavm (1855) vol., 3, p. 511. \0373. Aitchison, Catalogue of Punjab and Sindn plants, 1869, p. 173. \0374. Thwaites, Enum. Ceylonix. \0375. Grawfurd, Indian archip,, 1, p. 475. \0376. Forster, Planta çsculentœ. \037\035\013

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■124 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037tiauel en suçant la matière sucrée; mais Vieillard ' a eu soin de dire : «De ce qu'on rencontre fréquemment au milieu des brous- sailles et même sur les montagnes des pieds isolés de Saccharum officinarum, on aurait Lort d'en conclure que cette plante est indigène, car ses pieds, faibles et rachitiques, accusent simple- ment d'anciennes plantations, ou proviennent de fragments de Cannes oubliés par les naturels, qui voyagent rarement sans avoir un morceau de canne à sucre à la main. » En 1861, M. fien- tham, qui avait à sa disposition les riches herbiers de Kew, s'exprimait ainsi dans la Dore de l'île de Hongkong ; » Nous n'avons aucune preuve authentique ef certaine d'une localité où la Canne à sucre ordinaire soit spontanée, n \037Je ne sais cependant pourquoi Rilter et tout le monde a négligé une assertion de Loureiro dans la flore de Cochinchine * : <( Habitat, et colitur abundantissime in omnibus provinciis regni Gochinchinensis : simul in aliquibus imperii sinensis, sed miuori 'ïopia. » Le mot habitat, séparé du reste par une virgule, est bien afârmatif. Loureiro n'a pas pu se tromper sur le Saccharum officinartim, qu'il voyait cultivé autour de lui et dont il ënumëre les principales variétés. Il doit avoir vu des pieds spontanés, au moins en apparence. Peut-être venaient-ils de quelque culture du voisinage, mais je ne connais rien qui rende invraisemblable la spontanéité dans cette partie chaude et humide du continent asiatique. \037Forskal * a cité l'espèce comme spontanée dans les montagnes de l'Arabie Heureuse, sous un nom qu'il croit indien. Si elle était d'Arabie, elle se serait répandue depuis longtemps en Egypte, et les Hébreux l'auraient connue. \037Hoxhurghavait reçu au jardin botanique de Galculta, en 1796, et avait introduit dans les cultures du Bengale, un Saccharum qu'il a nommé S. sinense et dont il a publié une ûgure dans son grand ouvrage des Planta Coromandelianœ fvol. 3, pi, 232). Ce n'est peut-être qu'une forme du S. officinarum, et Jailleurs, l'omme elle n'est connue qu'à l'état cultivé, elle n'apprend rien sur la patrie soit de cette l'orme, soit des autres. \037Quelques botanistes ont prétendu que la canne à sucre fleurit plus souvent en Asie qu'en Amérique ou en Afrique, et même que sur les bords du Gange elle donne des graines *, ce qui se- rait, d'après eux, une preuve d'indigénat. Macfadyen le dit sans fournir aucune preuve. C'est une assertion qu'il a reçue, à la Jamaïque, de quelque voyageur; mais sir W. Hooker a soin d'ajouter en note ; « Le D' Roxburgh, malgré sa longue rési- dence au bord du Gange, n'a jamais vu de graines de la canne à \037). VieiLiard, Ann. des ic. nat., iérie *, vol. )6, p. 32, \0372. Loureiro, FI. Cochinch., éd. a, voL d, p. 66. \0373. Forakal, Fi. Mgypto-arabim, p, 103. \0374. Macfadyun, On thi- botanical characters of ihe sugar cane, dans Hooker Bot. mifcell. I, p. 101; Mayoûck, Fi. Barbad., p. 50: \037\035\013

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CANNE A SUCRE 135 \037sucre. » Elle fleurit et surtout fructifie rarement, comme en gé- néral les plantes qu'on multiplie par boutures ou drageons, et, si quelque variété de la canne était disposée à donner des graines, elle serait probablement moins productive de sucre, et bien vite on Tabondonnerait. Rumphius, meilleur observateur que beau- coup de botanistes modernes et qui a si bien décrit la canne cultivée dans les îles hollandaises, fait une remarque intéres- sante ^ « Elle ne produit jamais de fleurs ou de graines, à moins qu'elle ne soit restée pendant quelques années dans un endroit pierreux. » Ni lui, ni personne, à ma connaissance, n'a décrit ou figuré la graine. Au contraire, les fleurs ont été souvent figu- rées, et j'en ai un bel échantillon de la Martinique '. Schacht est le seul qui ait donné une bonne analyse de la fleur, y compris le pistil ; il n'a pas vu la graine mûre *. De Tussac *, qui adonné une analyse fort médiocre, parle de la graine, mais il ne Ta vue que jeune, à l'état d'ovaire. \037A défaut de renseignements précis sur l'indigénat, les moyens accessoires, historiques et linguistiques, de prouver l'origine asiatique, ont de l'intérêt. Ritter les donne avec soin. Je me con- tenterai de les résumer. \037Le nom de la canne à sucre en sanscrit était Ikshu, Ikshura ou Ikshava ; mais le sucre se nommait Sarkara ou Sakkara^ et tous les noms de cette substance dans nos langues européennes d'origine aryenne, à partir des anciennes comme le grec, en sont clairement dérivés. C'est un indice de l'origine asiatique et de Tancienneté du produit de la canne dans les régions méri- dionales de TAsie avec lesquelles le pleuple parlant le vieux sanscrit pouvait avoir eu des rapports commerciaux. Les deux mots sanscrits sont restés en bengali sous la forme de IkeiAkh^, Mais dans les autres langues, au delà de Tlndus, on trouve une variété singulière de noms, du moins quand elles ne descendent pas de celle des Aryens, par exemple : Panchadara en telinga, Kyam chez les Birmans, A/ta en Gochinchinois, Kan et Tche ou Tsche en chinois, et plus au midi, chez les peuples malais, Tubu ou Tabu^ pour la plante, et Gw/a, pour le produit. Cette diver- sité montre une ancienneté très grande de la culture dans les régions asiatiques, où déjà les indications botaniques font pré- sumer l'origine de l'espèce. \037L'époque d'introduction de la culture en divers pays concorde avec ridée d'une origine de l'Inde, de la Gochinchine ou de l'archipel Indien. \037En effet, les Chinois ne connaissent pas la canne à sucre depuis un temps très reculé, et ils l'ont reçue de l'ouest. Ritter contredit \0371. Rumphias, Amboiny vol. 5, p. 186. \0372. Hahn, n" 480. \0373. Schacht, Madeira und Teneriffe, t. 1. \0374. Tussac (de), Flcrre des Antilles^ 1, p. 153, pi. 23. \0375. Piddingtoû, Index. \037\035\013

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126 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES \037les auteurs qui avaient admis une culture très ancienne, et j'en vois la confirmation la plus positive dans l'opuscule du D*' Bret- schneider, rédigé àPéking avec les ressources les plus complètes sur la littérature chinoise *. «Je n'ai pu découvrir, dit-il, aucune allusion à la canne à sucre dans les plus anciens livres chinois (les cinq classiques^. » Elle paraît avoir été mentionnée pour la première fois par les auteurs du ii* siècle avant J.-G. La pre- mière description se trouve dans le Nan-fang-tsao-mu-chuang, au rv® siècle : « Le Chê-chê^ Kan-chê {Kan^ doux; chê, Bambou) croît, dit-il, en Gochinchine {Kiaochi). Il a plusieurs pouces de circonférence et ressemble au Bambou. La tige, rompue par fragments, est mangeable et très douce. Le jus qu'on entire est séché au soleil. Après quelques jours, il devient du sucre (ici un caractère chinois composé), qui se fond dans la bouche.... Dans l'année 286 (de Père chrétienne), le royaume de Funan (dans llnde, au delà du Gange) envoyait du sucre en tribut. » Selon le Pent-sao, un empereur qui a régné dans les années 627 à 650 de notre ère avait envoyé un homme dans la province indienne de Bahar, pour apprendre la manière de fabriquer le sucre. \037Il n'est pas question dans ces ouvrages de spontanéité en Ghine, et au contraire l'origine cochinchinoise , indiquée par Loureiro, se trouve appuyée d'une manière inattendue. L'habi- tation primitive la plus probable me parait avoir été de la Go- chinchine au Bengale. Peut-être s'étendait-elle dans les îles de la Sonde et les Moiuques, dont le climat est très semblable ; mais il y a tout autant de raisons de croire à une introduction an- cienne venant de Gochinchine ou de la péninsule jni alaise. \037La propagation de la canne à sucre à l'occident de l'Inde est bien connue. Le monde gréco-romain avait une notion approxi- mative duroseau (calamus), que les Indiens se plaisaient à sucer et duquel ils obtenaient le sucre *. D'un autre côté, les livres hébreux ne parlent pas du sucre ^, d'où l'on peut inférer que la culture de la canne n'existait pas encore à l'ouest de l'Indus à l'époque de la captivité des Juifs àBabylone. Ge sont les Arabes, dans le moyen âge, qui ont introduit cette culture en Egypte, en Sicile et dans le midi de l'Espagne *, où elle a été florissante, jusqu'à ce que l'abondance du sucre des colonies ait obligé d'y renoncer. Don Henrique transporta la canne à sucre de Sicile à Madère, d'où elle fut portée aux îles Ganaries en 1503 ^. De ce \0371. Bretschneider, On the study and value of chinese botan, works* etc.. p. 45-47. \0372. Voir les citations de Strabon, Dioscoride, Pline, etc., dans Lenz, Botanik der G^Hechen und Rômer, 1859, p. 267; Fingerhut, dans Flora, 1839, vol. 2, p. 529 ; et beaucoup d'autres auteurs. \0373. Rosenmûller, Handbuch bibl. Alterk. \0374. Calendrier rural de Harib, écrit dans le x« siècle pour TEspagne, tra- duit par Dureau de La Malle, dans sa Climatologie de l'Italie et de l'Anda- lousie y p. 71. \0375. Von Buch, Canar. Insein, \037\035\013

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CANNE A SUCRE 127 \037point, elle fut introduite au Brésil dans le commencement du XVI® siècle *. Elle a été portée à Saint-Domingue vers Tan 1520 et peu après au Mexique * ; à la Guadeloupe en 1644, à la Mar- tinique vers 1650, à Bourbon dès Torigine de la colonie ^. La va- riété dite d'O'taîti — qui n'est point spontanée dans cette île — et qu'on appelle aussi de Bourbon, a été introduite dans les colonies françaises et anglaises à la fin du siècle dernier et au commencement du siècle actuel *. \037Les procédés de culture et de préparation du sucre sont dé- crits dans un très grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels on peut recommander les suivants : en français : de Tussac, Flore des Antilles, 3 vol. in-folio, Paris, 1808, vol. 1, p. 151-182; en anglais : Macfadyen, dans Hooker, Botanical miscellanies, in-8% 1830, vol. 1, p. 103-116. \0371. Piso, Brésil, y, 49. \0372. Humboldt, Nouv .-Espagne, éd. 2, vol. 3, p. 34. \0373. Notices sfatistiq. sur les colonies françaises^ 1, p. 207, 29, 83. \0374. Macfadyen, dans Hooker, Jlft^oe^/., 1, p. 101; Maycock, FI. Barbad,, p. 50. \037\035\013

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CHAPITRE III \037PLANTES CULTIVÉES POUR LES FLEURS OU LES ORGANES \037QUI LES ENVELOPPENT \037\035\013Giroflier. — Caryophyllus aromaticus, Linné. \037La partie de cette Myrtacée qu*on emploie dans Téconomie domestique sous le nom de clou de girofle est le calice, surmonté du bouton de la fleur. \037Quoique la plante ait été souvent décrite et très bien figurée, d'après des échantillons cultivés, il y a du doute sur sa nature à 1 état sauvage. J*en ai parlé dans ma Géographie botanique raisonnée en 1855, mais il ne paraît pas que la question ait fait le moindre progrès depuis cette époque , ce qui m'engage à reproduire simplement ce que j'avais (fit. \037« Le Giroflier doit être originaire des Moluques, ainsi que le dit Rumphius ^ car la culture en était limitée il y a deux siècles à quelques petites îles de cet archipel. Je ne vois cependant aucune preuve qu'on ait trouvé le véritable Giroflier, à pédon- cules et boutons aromatiques, dans un état spontané. Rum- phius regarde comme la même espèce une plante qu'il décrit et figure * sous le nom de Caryophyllum sylvestre et qui se trouve spontanée dans toutes les Moluques. Un indigène lui avait dit que les Girofliers cultivés dégénèrent en cette forme, et Rumphius lui-même avait trouvé un de ces Girofliers sylvestres dans une ancienne plantation de Girofliers cultivés. Cependant sa planche 3 diffère de la planche 1 du Giroflier cultivé, par la forme des. feuilles et des dents du calice. Je ne parle pas de la planche 2, qui paraît une monstruosité du Giroflier cultivé. Rumphius dit que le Giroflier sylvestre n'a aucune qualité aromatique (p. 13) ; or, en général, les pieds sauvages d'une espèce ont les propriétés aromatiques plus développées que celles des pieds cultivées. Sonnerat ' publie aussi des figures du vrai Giroflier et d'un faux \0371. II, p. 3. \0372. II, tab. 3. \0373. Sonnerat, Voy, Nouv,'Guinée, tab. 19 et 20. \037\035\013

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GIROFLIER — HOUBLON 129 \037Giroflier, d'une petite île voisine de la terre des Papous. 11 est aisé de voir que son faux Giroflier diff'ère complètement par les feuilles obtuses du vrai Giroflier et aussi des deux Girofliers de Rum- phius. Je ne puis me décider à réunir ces diverses plantes, sau- vages et cultivées, comme le font tous les auteurs *. Il est sur- tout nécessaire d'exclure la planche 120 de Sonnerat, qui est admise dans le Botanical Magazine, On trouve dans cet ouvrage, dans le Dictionnaire d'agriculture et dans les dictionnaires d'his- toire naturelle Texposé historique de la culture du Giroflier et de son transport en divers pays. \037S'il est vrai, comme le dit Roxburgh 2, que la langue sans- crite avait un nom, Luvunga^ pour le clou de girofle, le com- merce de cette épice daterait d'une époque bien ancienne, même en supposant que le nom fût plus moderne que le vrai sanscrit. Je doute de sa réalité, car les Romains auraient eu connaissance d'un objet aussi facile à transporter, et il ne paraît pas qu'on en ait reçu en Europe avant l'époque de la découverte des Molu- ques par les Portugais. \037Houblon. — Humulus Lupulus^ Linné. \037Le Houblon est spontané en Europe depuis l'Angleterre et la Suède jusque sur les montagnes de la région de la mer Méditer- ranée, et en Asie jusqu'à Damas, jusqu'au midi de la mer Caspienne et de la Sibérie orientale '; mais on ne l'a pas trouvé dans l'Inde, le nord de la Chine et la région du fleuve Amour. \037Malgré l'apparence tout à fait sauvage du Houblon en Europe, dans des localités éloignées des cultures, on s'est demandé quel- quefois s'il n'est pas originaire d'Asie '*. Je ne pense pas qu'on puisse le prouver, ni même que cela soit probable. La circonstance que les Grecs et les Latins n'ont pas parlé de l'emploi du Hou- blon pour la bière s'explique aisément par le fait qu'ils connais- saient bien peu cette boisson. Si les Grecs n'ont pas mentionné la plante, c'est simplement peut-être parce qu'elle est rare dans leur pays. D'après le nom italien, Lupulo, on soupçonne que Pline en a parlé, à la suite d'autres légumes, sous le nom de Lwpus sa- lictarius ^. Que l'usage de brasser avec le Houblon se soit répandu seulement dans le moyen âge, cela ne prouve rien, si ce n'est que l'on employait jadis d'autres plantes, comme on le fait encore dans certaines localités. Les Celtes, les Germains, d'autres peuples \0371. Thunberg, Diss., II, p. 326; de Candolle, Prodr., IIÏ, p. 262 ; Hooker, Bot, mag., tab. 2749 ; Hasskarl, Cat. h, Bogor, alt.y p. 261. \0372. Roxburgh, Flora indica^ éd. 1832, vol. 2, p. 494. \0373. Alph. de UandoUe, dans Prodromi^, vol. 16, sect. i, p. 29; Boissier, FI, orient,, 4, p. 1152; Hohenacker, Enum. plant. Talysch, p. 30 ; Buhse, Aufzàhlung Transcaucasien, d. 202. \0374. Hehn, Nutzpflanzen una Hausthiere in ihren ûbergang aits Asien, éd. 3, p. 415. \0375. Pline, Hist, 1. 21, c. 15. Il mentionne à cet endroit l'Asperge, et l'on sait que les jeunes pousses de Houblon se mangent de la même manière. \037De Candolle. 9 \037\035\013

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130 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FLEURS \037du Nord et même des peuples du Midi qui avaient la vigne fai- saient de la bière * soit d'orge, soit d'autres grains fermentes, avec addition, dans certains cas, de matières végétales diverses, par exemple d'écorce de chêne, de Tamarix^ ou de fruits du Myrica Gale *. Il est très possible qu'ils n'aient pas remarqué de bonne heure les avantages du Houblon et qu'après en avoir eu connaissance ils aient employé le Houblon sauvage avant de le cultiver. La première mention d'une houblonnière est dans l'acte d'une donation faite par Pépin, père de Gharlemagne, en 768 ^. Au XIV® siècle, c'était une culture importante en Allemagne, mais en Angleterre elle a commencé seulement sous Henri VIII *. Les noms vulgaires du Houblon ne fournissent que des indi- cations en quelque sorte négatives sur l'origine. Il n'y a pas de nom sanscrit ^, ce qui concorde avec l'absence de Pespèce dans la région de l'Himalaya et fait présumer que les peuples aryens ne l'avaient pas remarquée et utilisée. J'ai cité jadis ® quelques- uns des noms européens, en montrant leur diversité, quoique certains d'entre eux puissent dériver d'une souche commune. M. Hehn a traité de leur étymologie en philologue et a montré combien elle est obscure ; mais il n'a pas mentionné des noms tout à fait éloignés de Humle^ Hopf ou Hop et Chmeli, des lan- gues Scandinaves, gothiques et slaves, par exemple Apini en lette, Apwynis en lithuanien, Tapen esthonien,^/w5f en illyrien "'j qui ont évidemment d'autres racines. Cette diversité vient à l'appui de l'idée d'une existence de l'espèce en Europe antérieu- rement à l'arrivée des peuples aryens. Plusieurs populations différentes auraient distingué, nommé et utilisé successivement la plante, ce qui confirme l'extension en Europe et en Asie avant Pusage économique. \037Carthame. — Carthamus tinctorius^ Linné. \037La Composée annuelle appelée Carthame est une des plus anciennes espèces cultivées. On se sert de ses fleurs pour colorer en jaune ou en rouge, et les graines donnent de l'huile. \037Les bandes qui entourent les momies des anciens Egyptiens sont teintes de Carthame ^, et tout récemment on a trouvé des fragments de la plante dans les tombeaux découverts à Deir el Bahari ^. La culture doit aussi être ancienne dans l'Inde, puis- \0371. Tacite, Go^mania, cap. 25 ; Pline, i. 18, c. 7 ; Hehn, Kulturpflanzeny etc., éd. 3, p. 125-137. \0372. Volz, Èeitràge zur Culturgeschichte, p. 149. \0373. Volz, ihid. \0374. Beckmann, Erfindunqen, cité par Volz. \0375. Piddington, Index; Fick, Wôrterb. Indo-Gei'm. Sprachen^ 1, Ursprache. \0376. A. de Candolie, Géogr, bot. rais., p. 857. \0377. Dictionnaire manuscrit compilé d'après les flores, par Moritzi. \0378. Unger, Die Pflanzen des alten jEgyptens, p. 47. \0379. Schweinfurth, lettre adressée à M. Boissier, en 1882. \037\035\013

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CARTHAME — SAFRAN 131 \037qu 'on indique deux noms sanscrits, Cusumbha et Kamalottara, dont le premier a laissé plusieurs descendants dans les langues actuelles de la péninsule *. Les Chinois ont reçu le Garthame seulement au ii« siècle avant Jesus-Christ. C'est Chang-kien qui le leur a apporté de la Bactriane ^. Les Grecs et les Latins ne l'ont probablement pas connu, car il est très douteux que ce soit la plante dont ils ont parlé sous le nom de Cnikos ou •Cnicus ^. Plus tard, les Arabes ont beaucoup contribué à ré- pandre la culture du Garthame, qu'ils appellent Qorton, Kurtum, •d'où Carthame, ou Usfur, ou Ihridh^ ou Morabu *, diversité qui indique une existence ancienne dans plusieurs contrées de l'Asie occidentale ou de TAfrique. Les progrès de la chimie me- nacent cette culture, comme beaucoup d'autres ; mais elle sub- siste encore dans le midi de l'Europe, en Orient, dans l'Inde et •dans toute la région du Nil ^. \037Aucun botaniste n'a trouvé le Garthame dans un état vrai- ment spontané. Les auteurs l'indiquent avec doute comme ori- ginaire ou de rinde ou d'Afrique, en particulier d'Abyssinie ; mais ils ne l'ont vu absolument qu'à l'état cultivé ou avec l'apparence d'être échappé des cultures ®. M. Glarke ^ ancien directeur du jardin de Calcutta, qui a revu depuis peu les Com- posées de l'Inde, admet l'espèce à titre de cultivée seulement. Le résumé des connaissances actuelles sur les plantes de la région du Nil, en y comprenant l'Abyssinie, par MM. Schwein- furth et Ascherson ^, indique également l'espèce comme cultivée, et les listes de plantes du voyage récent de Rohlfs n'indiquent pas non plus le Garthame spontané ®. \037L'espèce n'ayant été trouvée sauvage ni dans l'Inde ni en Afrique et sa culture ayant existé cependant depuis des mil- liers d'années dans ces ceux pays, j'ai eu l'idée de chercher l'ori- gine dans la région intermédiaire. Ce procédé m'a réussi dans 3' autres cas. \037Malheureusement, l'intérieur de TArabie est presque inconnu, et Forskal, qui a visité les côtes du Yemen, n apprend rien sur le Garthame. Il en est de même des opuscules publiés sur les plantes de Botta et de Bové. Mais un Arabe, AbuAnifa, cité par Ebn Baithar, auteur du xiii® siècle, s'est exprimé comme suit ^^ : \0371. Piddington, Index. \0372. Bretschneider, Study and value, etc., p. 15. \0373. Voir Targioni, Cenni storici, p. 108. \0374. Forskal, Flora segypt., p. 73; Ebn Baithar, trad. allemande, 2, p. 196, -293; 1, p. 18. \0373. Voir Gasparin, Cours d'agriculture ^ 4, p. 217. \0376. Boissier, FI. orient., 3, p. 710 ; Oliver, Flora of tropical Africa^ ■ i, p. 439. \0377. Clarke, Compositx indicœ, 1876, p. 244. \0378. Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlung, p. 283. 0. Rohlfs, «"w/ra, in-8, 1881. \03710. Ebn Baithar, 2, p. 106. \037\035\013

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132 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FLEURS \037« f/5^Mr. Cette plante fournit des matériaux pour la teinture. Il y en a de deux sortes, une cultivée et une sauvage, qui crois- sent toutes les deux en Arabie et dont on appelle les graines Elkurthum. » Abu Anifa peut bien avoir eu raison. \037Safi:*an. — Crocus sativus, Linné. \037La culture du Safran est très ancienne dans l'Asie occidentale. Les Romains vantaient le Safran de Cilicie ; ils le préféraient à celui cultivé en Italie *. L'Asie Mineure, la Perse et le Cachemir sont depuis longtemps les pays qui en exportent le plus. Llnde le reçoit aujourd'hui du Cachemir*. Roxburgh et Wallich ne l'indiquent pas dans leurs ouvrages. Les deux noms sanscrits mentionnés par Piddington 3 s'appliquaient probablement à la substance du Safran importé de l'ouest, car le nom Kasînira- jamma semble indiquer le pays d'origine, Cachemir. L'autre nom est Kunkuma. On traduit ordinairement le mot hébreu Karhom par Safran, mais il doit s'appliquer plutôt au Garthame, d'après le nom actuel de cette dernière plante en arabe. D'ail- leurs, on ne cultive pas le Safran en Egypte ou en Arabie \ Le nom grec est ^ Krokos, Safran, qui se retrouve dans toutes nos langues modernes d'Europe, vient de l'arabe Sahafaran ®, Zafran '. Les Espagnols, plus près des Arabes, disent Azafran, Le nom arabe lui-même vient de Assfar, jaune. \037De bons auteurs ont indiqué le C. sativus comme spontané en Grèce % et en Italie, dans les Abruzzes ®. M. Maw, qui prépare une monographie du genre Crocus, basée sur de longues obser- vations dans les jardins et les herbiers, rapporte au C. sativus six formes spontanées dans les montagnes, a'îtalie au Kurdistan. Aucune, selon lui *^, n'est identique avec la plante cultivée; mais certaines formes, décrites sous d'autres noms (C. Orsimi, C, Cart- wrightianus, C. Thomasii) en diffèrent à peine. Elles sont dltalie et de Grèce. \037La culture du Safran, dont les conditions sont exposées dans le Cours d'agriculture de Gasparin et dans le Bulletin de la So- ciété d^ acclimatation de 1870, devient de plus en plus rare en Europe et en Asie ". Elle a eu quelquefois pour effet de natu- raliser, au moins pendant quelques années, l'espèce dans des localités où elle semble sauvage. \037\. Pline, L 21, c. 6. \0372. Royle, ///. Him., p. 372. \0373. Index, p. 25. \0374. D'après Forskal, Delile, Reynier, Scliweinfurtli et Ascherson [Aufzàhlung). \0375. Théophraste, Hist.* \. 6, c. 6. \0376. J. Bauhin, Hist., H, p. 637. \0377. Royle, L c. \0378. Sibthorp, Prodr.; Fraas, Syn. fl. class., p. 292. \0379. J. Gay, cité par Babington, Af«n. Brit. ft. \03710. Maw, dans Gardeners' chronicle^ 1881, vol» 16. \03711. Jacquemont, Voy., HT, p. 238. \037\035\013

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CHAPITRE IV \037\035\013PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS * \037\035\013Pomme Ganelle. — Anona squamosa^ Linné. — En anglais Sweet sopy Sugar apple *. \037La patrie de cette espèce et d'autres Anona cultivés a suscité des doutes qui en font un problème intéressant. Je me suis efforcé de les résoudre en 1855. L'opinion à laquelle je m'étais arrêté alors se trouve confirmée par les observations des voya- geurs faites depuis, et, comme il est utile de montrer à quel point des probabilités basées sur de bonnes méthodes condui- sent à des assertions vraies, je transcrirai ce que j'ai dit '; après quoi je mentionnerai ce qu'on a trouvé plus récemment. \037« Robert Brown établissait en 1818 le fait que toutes les espèces du genre Anona, excepté VAnona senegalensis, sont d'Amérique et aucune d'Asie. Aug. de Saint-Hilaire * dit que, d'après Vellozo, TA. squamosa a été introduit au Brésil, qu'il y est connu sous le nom de Pinha, venant de la ressemblance avec les cônes de pins, et d'Ata, évidemment emprunté aux noms Attoa et Atis, qui sont ceux de la même plante en Asie et qui appartiennent aux langues orientales. Donc, ajoute de Saint-Hilaire, les Portugais ont transporté VA . squamosa de leurs possessions de l'Inde dans celles d'Amérique, etc. » Ayant fait en 1832 une revue de la famille des Anonacées ^, je fis re- marquer combien l'argument botanique de M. Brown devenait \0371. Le mot fruit est employé ici .dans le sens vulgaire, pour toute {)artie charnue qui grossit après la floraison. Dans le sens strictement botanique, les Anones, Fraises, Pommes d'Acajou, Ananas et le fruit de l'Arbre à pain ne sont pas des fruits. \0372. Dans l'Inde anglaise Ctistard apple; mais c'est le nom de VAnona mu- ricata en Amérique. VA squamosa est figuré dans Descourtilz, Flore des Antilles^ 2, pi. 83 ; Hooker, Botanical magazine, t. 3095, et Tussac, Flore des Antilles, 3, pi. 4. \0373. A. de GandoUe, Géographie botanique raisonnée, p. 859. \0374. Aug. de Saint-Hilaire, Plantes usuelles des Brésiliens, 6« livr., p. 5. \0375. Alpn. de CandoUe, dans Mém, Soc. phys. et d*hist, nat. de Gemve. \037\035\013

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134 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037de plus en plus fort, car, malgré Taugmentation considérable des Anonacées décrites, on ne pouvait citer aucun Anona et même aucune Anonacée à ovaires soudés qui fût originaire d'Asie. J'admettais * la probabilité que l'espèce venait des Antil- les ou de la partie voisine du continent américain; mais par inattention j'attribuai cette opinion à M. Brown, qui s'était borné à revendiquer une origine américaine en général ^. \037« Depuis, des faits de diverse nature ont confirmé cette ma- nière de voir. \037« V Anona squamosa a été trouvé sauvage en Asie, avec l'ap- parence plutôt d'une plante naturalisée; en Afrique, et surtout en Amérique, avec les conditions d'une plante aborigène. En effet, d'après le D^ Royle ^, cette espèce a été naturalisée dans plusieurs localités de l'Inde ; mais il ne Ta vue, avec l'appa- rence d'une plante sauvage, que sur les flancs de la montagne où est le fort de Adjeegurh, dans le Bundlecund, parmi des pieds de Teck. Lorsqu'un arbre aussi remarquable, dans un pays aussi exploré par les botanistes, n'a été signalé que dans une seule localité hors des cultures, il est bien probable qu'il n'est pas originaire du pays. Sir Joseph Hooker l'a trouvé dans l'île de Santiago, du Cap-Vert, formant des bois sur le sommet des col- lines de la vallée de Saint-Dominique *. Comme l'A. squamosa n'est qu'à l'état de culture sur le continent voisin *^; que même il n'est pas indiqué en Guinée par Thonning ^, ni au Congo \ ni dans la Sénégambie ^, ni en Abyssinie ou en Egj'pte, ce qui montre une introduction récente en Afrique; enfin, comme le& îles du Gap- Vert ont perdu une grande partie de leurs forêts primitives, je crois dans ce cas à une naturalisation par des graines échappées de jardins. Les auteurs s'accordent à dire l'espèce sauvage à la Jamaïque. On a pu autrefois négliger l'as- sertion de Sloane ^ et de P. Brown *°, mais elle est confirmée par Mac-Padyen ". De Martius a trouvé l'espèce dans les forêts de Para ^% localité assurément d'une nature primitive. Il dit même : « Sylvescentem in nemoribus paraënsibus inveni, » d'où l'on peut croire que les arbres formaient à eux seuls une forêt. Splitgerber *^ l'avait trouvée dans les forêts de Surinam, mais il \0371. Mém. Soc. phy. et d'hist. nat. de Genève^ p. 19 du mém. tiré à part. \0372. Voyez Botany of Congo et la traduction allemande "des œuvres de Brown, qui a des tables alphabétiques. \0373. Royle, III. Himal., p. 60. \0374. Webb, dans FI. Nigr., p. 97. \0375. Ibid., p. 204. \0376. Thonning, PL Guin. \0377. Brown, Congo, p. 6. \0378. Guillemin, Perrottet et Richard, Tentamen fl. Seneg. \0379. Sloane, Jam., II, p. 168. 10; P. Brown, Jam,, p. 257. \03711. Mao-Fadyen, Fl. Jam., p. 9. \03712. De Martius, Fl. Bras., fesc. 2, p. 15. \03713. Splitgerber, Nede7^l. Kruidk. Arch.y 1, p. 230. \037\035\013

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POMME GâNELLE 135 \037dit an spontanea ? Le nombre des localités dans cette partie de l'Amérique est assez significatif. Je n'ai pas besoin de rappeler qu'aucun arbre, pour ainsi dire, vivant ailleurs que sur les côtes, n'a été trouvé véritablement aborigène à la fois dans l'Asie, l'Afrique et l'Amérique intertropicales *. L'ensemble de mes re- cherches rend un fait pareil infiniment peu probable, et, si un arbre était assez robuste pour ofî'rir une telle extension, il serait excessivement commun dans tous les pays intertropicaux. \037« D'ailleurs les arguments historiques et linguistiques se sont aussi renforcés dans le sens de l'origine américaine. Les détails donnés par Rumphius ^ montrent que VAnona squamoso. était une plante nouvellement cultivée dans la plupart de îles de l'archipel Indien. Forster n'indique aucune Anonacée comme cultivée dans les petites îles de la mer Pacifique '. Rheede * dit l'A. squamosa étranger au Malabar, mais transporté dans l'Inde, d'abord par les Chinois et les Arabes, ensuite par les Portugais. Il est certain qu'il est cultivé en Chine et en Gochin- chine ^, ainsi qu'aux Philippines ®; mais depuis quelle époque? C'est ce que- nous ignorons. Il est douteux que les Arabes le cultivent ^ Dans llnde on le cultivait du temps de Roxburgh *, qui n'avait pas vu l'espèce spontanée, et qui ne mentionne qu'un seul nom vulgaire de langue moderne (bengali), le nom Ata, qui est déjà dans Rheede. Plus tard, on a cru reconnaître le nom Gunda-Gatra comme sanscrit*; mais le D*" Royle ** ayant consulté le célèbre Wilson, auteur du dictionnaire sans- crit, sur l'ancienneté de ce nom, il répondit qu'il avait été tiré du Sabda chanrika, compilation moderne comparative- ment. Les noms de Ata^ Ati se trouvent dans Rheede et Rum- phius **. Voilà sans doute ce qui a servi de base à l'argumenta- \0371. A. de Candolle, Géogr, bot, raisonnée, chap. X. \0372. Rumphius, 1, p. 139. \0373. Forster, Plantœ esculentœ. \0374. Rheede, Malah,^ lïl, p. 22. \0375. Loureiro, FL coch., p. 427. \0376. Blanco, FI. Filip, \0377. Gela dépend de l'opinion qu'on se formera sur I'^. glabra^ Forsk. (A.asiatica B. Dun., Anon., p. 71 ; A, Forskalii, D C, Syst^. 1 , p. 472), qui était cultivé quelquefois dans les jardins de l'Egypte, lorsque Forskal visita ce pays, sous le nom de Keschta, c'est-à-dire lait coagulé. La rareté de sa cul- ture et le silence des anciens auteurs montrent que c'était une introduction moderne en Egypte. Ebn Baithar (trad. allem. de Sontheimer, 2 vol., 1840) médecin arabe du xm' siècle, ne parle d'aucune Anonacée et ne mentionne pus de nom de Keschta. Je ne vois pas comment la description et la figure de Forskal {Descr,, p. 102, ic. tab. 15) diffèrent de l'-^. squamosa. L'échan- tillon de Coquebert, cité dans le Sysiema, concorde assez avec la planche de Forskal ; mais, comme il est en fleur et que la planche donne le fruit, l'identité ne peut être bien prouvée. \0378. Roxburgh, FI. Ind., éd. 1832, v. 2. p. 657 \0379. Piddington Index, 6 p. \03710. Royle, ///. Him., p. 60. \03711. Rheede et Rumphius, 1, p. 139. \037\035\013

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136 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037tion de Saint-Hilaire ; mais un nom bien voisin est donné au Mexique à VAnona squamosa. Ce nom est Ate^ Ahate de Pa- nucho, qui se trouve dans Hernandez * avec deiix figures assez semblables et assez médiocres, qu'on peut rapporter ou à VA, squamosa, avecDunal *, ou à TA. Cherimolia, avec de Martius ^. Oviedo emploie le nom de Anon *. Il est très possible que le nom de Ata soit venu au Brésil du Mexique et des pays voisins. Il se peut aussi, je le reconnais, qu'il vienne des colonies portu- gaises des Indes orientales. De Martius dit cependant l'espèce importée des Antilles *. Je ne sais s'il en a eu la preuve ou si elle résulte de l'ouvrage d'Oviedo, qu'il cite et que je ne puis consulter. L'article d'Oviedo, transcrit dans Marcgraf ^, décrit l'A. squamosa sans parler de son origine. \037« L ensemble des faits est de plus en plus favorable à l'origine américaine. La localité où l'espèce s'est montrée le plus spon- tanée est celle des forêts de Para. La culture en est ancienne en Amérique , puisque Oviedo est un des premiers auteurs (1535) \0372ui aient écrit sur ce pays. Sans doute la culture est aussi d'une ate assez ancienne en Asie, et voilà ce qui rend le problème curieux. Il ne m'est pas prouvé cependant qu'elle soit antérieure à la découverte de l'Amérique, et il me semble qu'un arbre fruitier aussi agréable se serait répandu davantage dans l'an- cien monde, s'il y avait existé de tout temps. On serait d'ailleurs fort embarrassé d'expliquer sa culture en Amérique au com- mencement du xvi« siècle en supposant une origine de l'ancien monde. \037Depuis que je m'exprimais ainsi , je remarque les faits sui- vants publiés par divers auteurs. \0371° L'argument tiré de ce qu'aucune espèce du genre Anona n'est asiatique est plus fort que jamais. L'A. asiatica, Linné, reposait sur des erreurs (voir ma note, dans Géogr. bot.^ p. 862). L'A. obtusifoUa, Tussac, FI. des Antilles, \, p. 191, pi. 28, cultivé jadis à Saint-Domingue, comme d'origine asia- tique, est peut-être fondé sur une erreur. Je soupçonne qu'on a dessiné la fleur d'une espèce (A. muricata) et le fruit d'une autre* (A. squamosa). On n'a point découvert d 'Anona en Asie, mais on en connaît aujourd'nui quatre ou cinq en Afrique, au lieu d'une ou deux % et un nombre plus considérable qu'autrefois en Amérique. \0371. Hernandez, p. 348 et 454. \0372. Dunal, Mém. Anon., p. 70. \0373. De Martius, FI. bras., fasc. 2, p. 15. \0374. De là vient le nom de genre Anona^ que Linné a changé en Annona, (provision), parce qu'il ne voulait aucun nom des langues barbares et qu'il ne craignait pas les jeux de mots. \0375. De Martius, /. c. \0376. Marcgraf, Brasil, p. 94. \0377. Voir Baker, Flora of Mauritius, p. 3. L'identité admise par M. Oliver, Flora oftrop. Africa, 1, p. 16, de Y A. palustris d'Amérique avec celui de \037\035\013

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COROSSOL 137 \0372^ Les auteurs de flores récentes d'Asie n'hésitent pas à con- sidérer les Anona, en particulier VA. squamosa, qu'on rencontre çà et là avec l'apparence spontanée, comme naturalisés autour des cultures et des établissements européens *. \0373° Dans les nouvelles flores africaines déjà citées, l'A. squa- mosa et les autres, dont je parlerai tout à l'heure, sont indiqués toujours comme des espèces cultivées. \0374** L'horticulteur Mac Nab a trouvé VA. squamosa dans les plaines sèches de la Jamaïque ^, ce qui confirme les anciens auteurs. Eggers * dit celle espèce commune dans les taillis (thickets) des îles Saint-Croix et Vierges. Je ne vois pas qu'on l'ait trouvée sauvage à Cuba. \0375** Sur le continent américain, on la donne pour cultivée *. Cependant M. André m'a communiqué un échantillon, d'une localité pierreuse de la vallée de la Magdelena, qui paraît ap- partenir à cette espèce et être spontané. Le fruit manque, ce qui rend la détermination douteuse. D'après la note sur Téti- quette, c'est un fruit délicieux, analogue à celui de l'A. squa- mosa. M. Warming ^ cite l'espèce comme cultivée à Lagoa- Santa, du Brésil. Elle parait donc plutôt cultivée ou naturalisée à Para, à la Guyane et dans la Nouvelle-Grenade, par un eff'et des cultures. \037En définitive, on ne peut guère douter, ce me semble, qu'elle ne soit d'Amérique et même spécialement des Antilles. \037GorossoL — Anona muricata, Linné . — En Anglais Sour sop. \037Cet arbre fruitier ^, introduit dans toutes les colonies des pays tropicaux, est spontané aux Antilles; du moins, on a cons- taté son existence dans les îles de Cuba, Saint-Domingue, la Jamaïque et dans plusieurs des petites îles ^ Il se naturalise \0373uelquefois sur le continent de l'Amérique méridionale, près es habitations ^. M . E. André en a rapporté des échantillons \037Sénégambie, me paraît très extraordinaire, quoiqu'il s'agisse d'une espèce croissant dans des marais, c'est-à-dire offrant peut-être une habitation vaste. \0371. Booker, Flom of brit. India^ 1, p. 78 ; Miquel, Flora indo-batava, 1, part. 2, p. 33; Kurz, forest flora of brit. Burma, 1, p. 46; Stewart et Brandis, Foresl of India, p. 6. \0372. Grisebach, Flora of brit. W. India^ p. 5. \0373. Eggers, Flora of St-Croix and Virgin islands^ p. 23. \0374. Triana et Planchon, Prodr. fl. novo-granatensiSy p. 29 ; Sagot, Journ. soc. d^hortic.j 1872. \0375. Warming, Symbole ad fl. bras.. 16, p. 434. \0376. Figuré dans Descourtilz, Fl. méd. des Antilles, 2, pi. 87, et dans Tussac, Fl. des Antilles, 2, pi. 24. \0377. Richard, Plantes vasculaires de Cuba, p. 29; Swartz, Obs., p, 221 : P. Brown, Jamaïque, p. 255; Mac-Fadyen, Fl. Jamaïq., p. 7; Eggers^ Fl. of Sainte-Croix, p. 23 ; Grisebach Fl. brit. W. India, p. 4. \0378. Martius, Fl. brasil., fasc. 2, p. 4; Splitgerber, Plant, de Surinam, dans JNederl. Kruidk. Arch., 1, p. 226. \037\035\013

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138 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037de la région de la Gauca, dans la Nouvelle-Grenade, mais il n'affirme pas qu'ils soient spontanés, et je vois que M. Triana (Prodr. fl. granat.) le mentionne comme cultivé seulement. \037Cœur de bœuf. — Anona reticulata^ Linné. — En anglais Cus- tard apple (dans les Antilles), Bullocks* heart (dans l'Inde). \037Cet Anona^ figuré dans Descourtilz, Flore médicale des An- tilles, 2, pi. 82 et dans le Botanical magazine, pi. 2912, est spon- tané aux Antilles, par exemple dans les îles de Cuba, la Jamaïque, Saint-Vincent, la Guadeloupe, Saint-Croix, les Bar- bades * et encore dans l'île de Taboga, de la baie de Panama ^ et dans la province d'Antioquia, de la Nouvelle-Grenade '. Si dans ces dernières localités il est aussi sauvage que dans les Antilles, son habitation s'étend probablement dans plusieurs des Etats de l'Amérique centrale et de la Nouvelle-Grenade. \037Quoique le fruit du Cœur de bœuf soit peu estimé, on a intro- duit l'espèce dans la plupart des colonies des régions tropicales. Rheede et Rumphius l'avaient vu déjà dans les plantations de l'Asie méridionale. D'après Welwitscn, il se naturalise, hors des jardins, dans le pays d'Angola, de l'Afrique occidentale *, ce qui est arrivé aussi dans l'Inde anglaise ^ . \037Cherimolia. — Anona Cherimolia, Lamarck. \037Le Cherimolia^ ou Chirimoya, n'est pas cultivé dans les colo- nies aussi généralement que les espèces précédentes, malgré l'excellence de son fruit. C'est probablement ce qui fait qu'on n'a pas encore publié du fruit même une figure moins mauvaise que celle de Feuillée {Obs. 3, pi. 17), tandis que la fleur est bien représentée dans la planche 2011 du Botanical magazine^ sous le nom d'A. tripetala. \037Voici comment je m'exprimais en 1855 sur l'origine de l'es- pèce ^ : \037« Le Cherimolia est indiqué, par de Lamarck et Dunal, comme croissant au Pérou ; mais Feuillée, qui en a parlé le premier ^, le mentionne comme cultivé. Mac-Fadyen ^ le dit abondant sur les montagnes de Port-Royal, de la Jamaïque ; mais il ajoute qu'il est originaire du Pérou et doit avoir été introduit depuis longtemps, d'où il semble que l'espèce est cultivée dans les plantations des parties élevées plutôt que spontanée. Sloane n'en \0371. Richard, /. c. ; Mac-Fadyen, /. c; Grisebach, /. c. ; Eggers, /. c. ; Swartz, Obs,, p. 222 ; Maycock, Fl. Barbad., p. 233. \0372. Seeman, Botany of Herald, p. 75. \0373. Triana et Planchon, Prodr. Fl. Novo-granatensis, p. 29. \0374. Oliver, Flotta of tropical Africa, 1, p.' 15. \0375. Sir J. Hooker, Flora brit. India, 1, p. 78. \0376. De Candolle, Géogr. bot. rais., p. 863. \0377. Fenillée, Obs., III, p. 23, t. 17. \0378. Mac-Fadyen, Fl. Jam., p. 10. \037\035\013

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ORANGERS ET CITRONNIERS 139 \037parle pas. MM. de Humboldt et Bonpiand Tont vu cultivé dans le Venezuela et la Nouvelle-Grenade ; de Martius au Brésil *, où les graines en avaient été obtenues du Pérou. L'espèce est cultivée aux îles du Cap- Vert et sur la côte de Guinée ^ ; mais il ne parait pas qu'on Fait répandue en Asie. Son origine américaine est évidente. Je n'oserais pourtant pas aller plus loin et affirmer qu'elle est du Pérou, plutôt que de la Nouvelle-Grenade ou même du Mexique. On la trouvera probablement sauvage dans une de ces régions. Meyen ne Ta pas rapportée du Pérou '. » \037Mes doutes sont dimmués aujourd'hui, grâce à une communi- cation obligeante de M. Ed. André. Je dirai d'abord que j'ai vu des échantillons du Mexique, recueillis par Botteri et par Bour- geau, et que les auteurs indiquent souvent l'espèce dans cette région, aux Antilles, dans l'Amérique centrale et la Nouvelle- Grenade. Ils ne disent pas, il est vrai, qu'elle y soit sauvage. Au contraire, ils notent qu'elle est cultivée, ou qu'elle s'échappe des jardins et se naturalise *. Grisebach affirme qu'elle est spon- tanée du Pérou au Mexique, sans en donner la preuve. M. André a récolté, dans une vallée du sud-ouest de l'Equateur, des échantillons qui se rapportent bien à l'espèce, autant qu'on peut l'affirmer sans voir les fruits. Il ne dit rien de la qualité spontanée, mais le soin avec lequel il indique dans d'autres cas les plantes cultivées ou venant peut-être des cultures me fait croire qu'il a regardé ses échantillons comme spontanés. Claude Gay dit que l'espèce est cultivée au Chili depuis un temps immé- morial ^. Cependant Molina, qui mentionne plusieurs arbres fruitiers des anciennes cultures du pays, n'en parle pas ^. \037En résumé je regarde comme très probable que l'espèce est indigène dans l'Equateur et peut-être, dans le voisinage, au Pérou. \037Orangers et citronniers. — Citrus^ Linné. \037Les différentes formes de citrons, limons, oranges, pample- mousses, etc., cultivés dans les jardins ont été l'objet de travaux remarquables de quelques horticulteurs, parmi lesquels il faut citer en première ligne Gallesio et Risso \ Les difficultés étaient très grandes pour observer et classer tant de formes. On avait obtenu d'assez bons résultats, mais il faut convenir que la mé- thode péchait par la base, puisque les végétaux observés étaient \0371. De Martius, FI. brasil.^ fasc. 3, p. 15. \0372. Hooker, FL Nigr., p. 205. \0373. Nov, act. nat. cur., XIX, suppl. 1. \0374. Richard, Plant, vase, de Cuba ; Grisebach, FI. bint. W. Ind. islanda; Uemsley, Biologia centrali-amer.^ p. H8; Kunth, in Humb. et Bonpiand. Nova Gen., 5, p. 57 ; Triana et Planchon., Prodr. fl, Novo-Granat., p. 28. \0375. Gay, Flora chil.j 1, p. 66.. \0376. Molina, traduction française. \0377. Gallesio, Traité du Citinis, in-8, Paris, 18H ; Risso et Poiteau, Histoire naturelle des Orangers, 1818, in-folio, 109 planches. \037\035\013

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140 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037uniquement cultivés , c'est-à-dire plus ou moins factices et \037E eut-être, dans certains cas, hybrides. Les botanistes sont plus eureux maintenant. Grâce aux découvertes des voyageurs dans rinde anglaise, ils peuvent distinguer des espèces spontanées, par conséquent réelles et naturelles. D'après sir Joseph Hooker \ qui a lui-même herborisé dans l'Inde, c'est à Brandis * qu'on doit le meilleur travail sur les Citrus de cette région. Il le suit dans sa flore. Je ferai de même, à défaut d'une monographie du genre , et en remarquant aussi qu'il reste à rapporter le mieux possible aux espèces spontanées la multitude des formes qui ont été décrites dans les jardins et figurées depuis deux siècles ^. \037Les mêmes espèces, et d'autres peut-être, existent probable- ment à l'état sauvage en Gochinchine et en Chine ; mais on ne l'a pas encore constaté sur place ni au moyen d'échantillons examinés par des botanistes. Peut-être les ouvrages importants de M. Pierre, qui commencent à paraître, nous feront-ils savoir ce qu'il en est pour la Gochinchine. Quant à la Ghine, je citerai le passage suivant du D"" Bretschneider *, qui a de l'intérêt, vu les connaissances spéciales de l'auteur : « Les oranges, dont il y s. une grande variété en Ghine, sont comptées par les Ghinois dans le nombre des fruits sauvages. On ne peut pas douter que la plupart ne soient indigènes et cultivées depuis des temps an- ciens. La preuve en est que chaque espèce ou variété porte un nom distinct, est en outre représentée le plus souvent par un <;aractère particulier, et se trouve mentionnée dans les Shu-king, Rh-ya et autres anciens ouvrages. » \037Les hommes et les oiseaux dispersent les graines d'Aurantia- €ées, d'où résultent des extensions d'habitation et des naturali- sations dans les régions chaudes des deux mondes. On a pu le remarquer en Amérique dès le premier siècle après la con- quête ^, et maintenant il s'est formé des bois d'orangers même dans le midi des Etats-Unis. \037Pompelmouse. — Citrus decumana, WilJdenow. — Skad- dock^ des Anglais. \037Je parlerai d'abord de cette espèce, parce qu'elle a un carac- tère Dotanique plus distinct que les autres. Elle devient un \0371. Hooker, Flora ofbritish India^ 1, p. 515. \0372. Stewart et Brandis, The forest of north-west and central India^ 1 vol. iii-8, p. 50. \0373. Pour arriver à un travail de ce genre, le premier pas serait de publier de bonnes figures des espèces spontanées, montrant en particulier leurs fruits, qu'on ne voit pas dans les herbiers. On pourrait alors dire quelles \037sont, dans les. planches de Risso, de Duhamel et autres, celles qui s'appro- chent le plus des types sauvages. \0374. Bretschneider, On the stuay and value ofchinese botanical works, p. 55. .). Acosta, Hist. nat. des Indes, traduction française, 1598, p. 187. \037\035\013

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CÉDRATIER, CITRONNIER, LIMONIER Ui \037plus grand arbre, et elle est seule à avoir les jeunes pousses et le dessous des feuilles pubescents. Le fruit est sphérique ou à peu près, plus gros qu'une orange, quelquefois même aussi gros qu'une tête d'homme. Le jus est d'une acidité modérée, la peau remarquablement épaisse. On peut voir de bonnes figures du fruit dans le nouveau Duhamel, 7, pi. 42, et dans Tussac, Flore des Antilles, 3, pi. 17, 18. \037Le nombre des variétés dans l'archipel du midi de l'Asie in- dique une ancienne culture. On ne connaît pas encore d'une manière bien précise le pays d'origine, parce que des pieds qui paraissent indigènes peuvent venir de naturalisations, suites d'une culture fréquente. Roxburgh dit qu'à Calcutta on avait reçu l'espèce de Java *, et Rumphius * la croyait originaire du midi de la Chine. Ni lui ni les botanistes modernes ne l'ont vue à l'état sauvage dans l'archipel Indien '. En Chine, l'espèce a un nom simple, Yu ; mais le signe caractéristique * paraît trop com- pliqué pour une plante véritablement indigène. Selon Loureiro, cet arbre est commun en Chine et en Cochinchine, ce qui ne veut pas dire qu'il y soit spontané ^. C'est dans les îles à 1 est de l'archipel Indien qu'on trouve le plus d'indices d'une exis- tence sauvage. Forster ^ disait déjà autrefois de cette espèce : « très commune dans les îles des Amis. » Seemann ' est plus affirmatif pour les îles Fidji : « Extrêmement commune, dit-il, et couvrant le bord des rivières. » \037Il serait singulier qu'un arbre aussi cultivé dans toute l'Asie méridionale se fût naturalisé à ce point dans certaines îles de la mer Pacifique, tandis que cela n'a guère été vu ailleurs. Il en est probablement originaire, ce qui n'empêche pas qu'on le trouvera peut-être sauvage dans d'autres îles plus rapprochées de Java. \037Le nom de Pompelmouse est hollandais (Pompelmoes), Celui de S haddock vient de ce qu'un capitaine de ce nom avait ap- porté le premier l'espèce aux Antilles ^. \037Cédratier, Citronnier^ Limonier. — Citrus medica, Linné. \037Cet arbre, de même que l'Oranger ordinaire, est glabre dans toutes ses parties. Son fruit, plus long que large, est surmonté, dans la plupart des variétés, par une sorte de mamelon. Le sue est plus ou moins acide. Les jeunes pousses et les pétales sont \0371. Roxburgh, Floj^a indica, éd. 1532, 3, p. 393. \0372. Rumphius, Hortus amboinensis, 2, p. 98. \0373. Miquel, Fhra indo-batava, 1, part. 2, p. 526. \0374. Bretschneider, /. c. \0375. Loureiro, FL Cochinch., 2, p. 572. Pour une autre espèce du genre il sait bien dire qu'elle est cultivée et non cultivée, p. 569. \0376. Forster, Deplantis esculentis oceani australis, p. 35. \0377. Seemann, Flora Vitiensis, p. 33. \0378. Plukenet, Almagestes, p. 239; Sloane, Jamaïque, l, p. 41. \037\035\013

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142 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037«  \037fréquemment teintés de rouge. La peau du fruit est souvent bos- selée, très épaisse dans certaines sous-variétés *. \037Brandis et sir Joseph Hooker distinguent quatre variétés cul- tivées : \037\035\013!• CitrtLS medica proprement dit (Cédratier des Français ; Citron des Anglais; Cedro des Italiens); à gros fruit non sphérique, dont la peau, très aromatique, est couverte de bosselures, et dont le suc, peu abondant, n'est pas très acide. D'après Brandis, il se nommait Vijapûra en sanscrit. \0372" Citrus medica Limonum (Citronnier des Français ; Lemon des Anglais) ; à fruit moyen, non sphérique, et suc abondant, acide. \03730 C. medica acida [C. acida Roxburgh) ; à petites fleurs, fruit ordinaire- ment petit, de forme variable, et suc très acide. D'après Brandis, il se nommait Jambira en sanscrit. \0374« Citrus medica Limetta (C. Limetta et C. Lumia de Risso); à fteurs semblables à celles de la variété précédente, mais à fruit sphérique et suc doux, pas aromatique. Dans rinde, on le nomme Sweet Lime, c est-à-dire Limon doux. \037\035\013Le botaniste Wight affirme que cette dernière variété est tsauvage dans les monts Nilghiris, de la péninsule indienne. D'autres formes, qui se rapportent plus ou moins exactement aux trois autres variétés, ont été trouvées par plusieurs bota- nistes anglo-indiens *, à l'état sauvage, dans les régions chaudes au pied de l'Himalaya, du Garwal au Sikkim, dans le sud-est à Ghittagong et Burma, enfin au sud-ouest dans les Ghats occiden- taux et les monts Satpura. Il n'est pas douteux, d'après cela, que l'espèce ne soit originaire de l'Inde, et même sous diflfé- rentes formes, dont l'ancienneté se perd dans la nuit des temps préhistoriques. \037Je doute que sa patrie s'étende vers la Chine ou les îles de l'archipel asiatique. Loureiro mentionne le Citrus medica^ en Cochinchine, seulement comme cultivé, et Bretschneider nous apprend que le Lemon a des noms chinois qui n'existent pas dans les anciens ouvrages et qui ont des signes compliqués dans l'écriture, ce qui indique une espèce plutôt étrangère. Il peut, dit-il, avoir été introduit. Au Japon, l'espèce est seulement cultivée '. Enfin plusieurs des figures de Rumphius montrent des variétés cultivées dans les îles de la Sonde, mais dont aucune n'est considérée par l'auteur comme vraiment sauvage et ori^- naire du pays. Pour indiquer la localité, il se sert quelquefois de l'expression in hortis sylvestribus^ qu'on peut traduire par « les bosquets ». En parlant de son Lemon Sussu fvol. 2, pi. 25), qui est un Citrus medica à fruit ellipsoïde acide, il dit qu'on l'a introduit à Amboine, mais qu'il est plus commun à Java : « le \0371. Cédrat à sros fruit du nouveau Duhamel, 7, p. 68, pi. 22. \0372. Royle, III, Hitnalaya, p. 129 ; Brandis, Forest flora, p. 52 ; Hooker, Flora ofbrit. India, 1, p. 514. \0373. Franchet et Savatier, Enum, plant, Japonix, p. 129. \037\035\013

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CÉDRATIER, CITRONiNIER, LIMONIER 143 \037plus souvent dans les forêts. » Ce peut être Teffet d'une natura- lisation accidentelle, par suite des cultures. Miquel, dans sa flore moderne des Indes hollandaises *, n'hésite pas à dire que les C. medica et Limonum sont seulement cultivés dans TArchipel. \037La culture des variétés plus ou moins acides s'est répandue de bonne heure dans TAsie occidentale, du moins dans la Méso- potamie et la Médie. On ne peut guère en douter, puisque deux formes avaient des noms sanscrits, et que d'ailleurs les Grecs ont eu connaissance du fruit par les Mèdes, d'où est venu le nom de Citrus medica, Théophraste * en a parlé le premier, sous le nom de Pomme de Médie et de Perse, dans une phrase souvent répétée et commentée depuis deux siècles ^. Elle s'ap- plique évidemment au Citrus medica; mais, tout en expliquant de quelle manière on sème la graine dans des vases, pour les transplanter ensuite, l'auteur ne dit pas si cela se pratiquait en Grèce ou s'il décrivait un usage des Mèdes. Probablement, les Grecs ne cultivaient pas encore le Cédratier, car les Romains ne l'avaient pas dans leurs jardins au commencement de l'ère chrétienne. Dioscoride , né en Gilicie et qui écrivait dans le i®"" siècle, en parle * à peu près dans les mêmes termes que Théophraste. On estime que l'espèce a été cultivée en Italie dans le m® ou le iv® siècle, après des tentatives multipliées *. Palladius, dans le v« siècle, en parle comme d'une culture bien établie. \037L'ignorance des Romains de l'époque classique au sujet des plantes étrangères à leur pays les a fait confondre, sous le nom de lignum citreum, le bois du Citrus, avec celui du Cedrus, dont on faisait de fort belles tables, et qui était un Cèdre ou un Thuya, de la famille toute différente des Conifères. \037Les Hébreux ont dû avoir connaissance du Cédratier avant les Romains, à cause de leurs rapports fréquents avec la Perse, la Médie et les contrées voisines. L'usage des Juifs modernes de se présenter à la synagogue, le jour des Tabernacles, un cé- drat à la main, avait fait croire que le mot Hada}) du Lévitique signifiait citron ou cédrat ; mais Risso a montré, par la compa- raison des anciens textes, que ce mot signifie un beau fruit ou le fruit d'un bel arbre. Il croit même que les Hébreux ne connais- saient pas le Citronnier ou Cédratier au commencement de notre ère, parce que la version de Septante traduit Hadar par fruit d'un très bel arbre. Toutefois les Grecs ayant vu le Cédratier en Médie €t en Perse du temps de Théophraste, trois siècles avant Jésus - €hrist, il serait singulier que les Hébreux n'en aient pas eu \0371. Miquel, Flora indo-hat., 1, part. 2, p. 528. \0372. Theophrastes, 1. 4, c. 4. \0373. Bodœus dans Theophrastes, éd. 1644, p. 322, 343; Risso, Traité du Citrus, p. 198 ; Targioni, Cenni storici, p. 196. \0374. Dioscorides, 1 , p. 166. \0375. Targioni, /. c. \037\035\013

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144 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037connaissance lors de leur captivité à Babylone. D'ailleurs This- torien Josèphe dit que, de son temps, les Juils portaient à leur fête des pommes de Perse, mahim persicum, et c'est on des noms du cédrat chez les Grecs. \037Les variétés à fruit très acide, comme le Limonum et Vacida^ n'ont peut-être pas attiré l'attention aussi promptement que le Cédratier, cependant l'odeur aromatique intense, dont parlent ThéophrasteetDioscoride, parait les indiquer. Ce sont les Arabes qui ont étendu beaucoup la culture du Limonier ^Citronnier des Français) en Afrique et en Europe. D'après Gallesio, ils l'ont portée, dans le x« siècle de notre ère, des jardins de l'Oman en Palestine et en Egjpte. Jacques de Vitrj', dans le xin« siècle, décrit très bien le limon, qu'Û avait vu en Palestine. Un auteur, appelé Falcando, mentionne, en 1260, des c Lumias » très aci- des, qu'on cultivait autour de Païenne, et la Toscane les avait aussi à la même époque * . \037OraDgr^r. — Citi^s Aurantwm, Linné (excl. var. y). Cih^s Aurantium Risso. \037Les Orangers se distinguent des Pompelmouses (C decumana) par l'absence complète de poils sur les jeunes pousses et sur les feuilles, par un fruit moins gros, toujours de forme sphérique, par la peau de ce fruit moins épaisse ; et des Cédratiei^ (C. me- dica) parles fleurs entièrement blanches, le fruit jamais allongé, sans mamelon au sommet, à peau peu ou point bosselée, mé- diocrement adhérente avec la partie juteuse. \037Ni Risso dans son excellent traité du Citrus, ni les auteurs mo- dernes, comme Brandis et sir Joseph Hooker, n'ont pu indiquer un autre caractère que la saveur pour distinguer l'Oranger à fruits plus ou moins amers, soit Bigaradier, de YOrangerpro- prement dit, à fruit doux. Cette diflerence me paraissait si peu de chose, au point de vue botanique, lorsque j'ai étudié la ques- tion d'origine en 1855, que j'inclinais à considérer, avec Risso, les deux sortes d'Orangers comme de simples variétés. Les au- teurs actuels anglo-indiens font de même. Ils ajoutent une troisième variété, qu'ils nomment Bergamia, i^out Isl Bergamote, dont la fleur est plus petite et le firuit sphérique ou pyriforme, plus petit que l'orange commune , aromatique et légèrement acide. \037Cette dernière forme n'a pas été trouvée sauvage et me parait plutôt un produit de la culture. \037On demande souvent si les oranges douces donnent quand on les sème des oranges douces, et les bigarades des oranges amè- res. C'est assez indifi'érent au point de vue de la distinction en espèces ou variétés, car nous savons que, dans les deux règnes, tous les caractères sont plus ou moins héréditaires, que certaines \0371. Targioni, /. c, p. 217. \037\035\013

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ORANGER 145 \037variétés le sont si habituellement qu'il faut les nommer des races et que la distinction en espèces doit, par conséquent, se baser sur d'autres considérations, comme l'absence de formes intermédiaires ou le défaut de fécondation croisée donnant des produits eux-mêmes féconds. La question ne manque cependant pas d'intérêt dans le cas actuel, et je répondrai que les expé- riences ont donné des résultats parfois contradictoires. \037Gallesio, excellent observateur, s'exprime de la manière sui- vante : « J'ai semé pendant une longue suite d'années des pépins d'orange douce, tantôt pris sur des arbres francs, tantôt sur des orangers greffés sur bigaradier ou sur limonier. J'ai tou- jours eu des arbres à fruits doux. Ce résultat est constaté depuis plus de soixante ans par tous les jardiniers du Finalais. Il n'y a pas un exemple d'un bigaradier sorti de semis d'orange douce, ni d'un oranger à fruits doux sorti de la semence de bigara- dier En 1709, la gelée ayant fait périr les orangers de Finale, \037on avait pris l'habitude d'élever des orangers à fruits doux de semences ; il n'y eut pas une seule de ces plantes qui ne portât des fruits à jus doux *. » \037Mac-Fadyen dit, au contraire, dans sa flore de la Jamaïque : « C'est un fait établi, familier à tous ceux qui ont vécu quelque temps dans cette île, que la graine des oranges douces donne très souvent des arbres à fruits amers (bitter), ce dont des exem- ples bien prouvés sont arrivés à ma connaissance personnelle. Je n'ai pas ouï dire cependant que des graines d'orange amère aient jamais donné des fruits doux Ainsi, continue judi- cieusement l'auteur, l'oranger amer était le type primitif*. » Il prétend que dans les sols calcaires l'oranger doux se conserve de graines, tandis que dans les autres sols, à la Jamaïque, il donne 4es fruits plus ou moins acides (sour) ou amers (bitter). Duchas- saing dit qu'à la Guadeloupe les graines d'oranges douces donnent souvent des fruits amers ', tandis que, d'après le D"* Ernst, à Caracas, elles donnent quelquefois des fruits acides, mais non amers *. Brandis raconte qu à Khasia, dans l'Inde, autant qu'il a pu le vérifier, les vergers très étendus d'orangers doux vien- nent de graines. Ces diversités montrent le degré variable de rhérédité et confirment l'opinion qu'il faut voir dans les deux sortes d'orangers deux variétés, non deux espèces. \037Je suis obligé cependant de les énumérer l'une après l'autre, pour expliquer leur origine et l'extension de leur culture à di- verses époques. \0371® Bigaradier , Arancio forte des Italiens , Pomeranze des Allemands. — Citrus vulgans, Risso — C. Aui^antium var. Biga- radia^ Brandis et Hooker. \0371. GaUesio, Traité du Citrus, p. 32, 67, 355, 357. \0372. Mac-Fadyen, Flora of Jamaica^ p. 129 et 130. \0373. Cité dans Grisebach, Veget, Karaiben, p. 34. \0374. Emst, dans Seeman, Jouim, of bot., 1867, p. 272. \037De Candolle. ' 10 \037\035\013

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146 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Il était inconnu aux Grecs et aux Romains, de même que l'oranger doux. Comme ils avaient eu des relations avec Tlnde et Ceyian, Gallesio présume que ces arbres n'étaient pas culti- vés de leur temps dans la partie occidentale de l'Inde. Il a étudié, sous ce point de vue, les anciens voyageurs et géogra- phes, tels que Diodore de Sicile, Néarque, Arianus, et n'a trouvé chez eux aucune mention des orangers. Cependant le sanscrit avait un nom pour l'orange, Nagarunga^ Nagrunga^, C'est même de là qu'est venu le mot Orange, car les Hindous en ont fait Narungee (prononcez Naroudjï) d'après Royle, Nerunga d'après Piddington, les Arabes Narunj, d'après Gallesio, les Ita- liens ]\aranzi, Arangi, et dans le moyen âge on a dit en latin Arancium^ Arangium, puis Aurantium ^. Mais le nom sanscrit s'appliquait-il à l'orange amère ou à l'orange douce? Le philo- logue Adolphe Pictet m'a donné jadis un renseignement curieux sur ce point. Il avait cherché dans les ouvrages sanscrits les noms significatifs donnés à l'orange ou à l'oranger et en avait trouvé 17, qui tous font allusion à la couleur, l'odeur, la qualité acide (dantacatha, nuisible aux dents), le lieu de croissance, etc., jamais- à une saveur douce ou agréable. Cette multitude de noms ana- logues à des épithètes montre un fruit anciennement connu ^ mais d'une saveur bien différente de l'orange douce. D'ailleurs les Arabes, qui ont transporté les orangers vers l'Occident, ont connu d'abord l'orange amère, lui ont appliqué le nom Narunj % et leurs médecins, dès le x^ siècle, ont prescrit le suc amer du Bigaradier *. Les recherches approfondies de Gallesio montrent que l'espèce s'était répandue depuis les Romains du côté du golfe Persique, et à la fin du ix® siècle en Arabie, par l'Oman, Bas- sora, Irak et la Syrie, selon le témoignage de l'auteur arabe Massoudi. Les croisés virent le Bigaradier en Palestine. On le cultivait en Sicile dès l'année 1002, probablement à la suite des incursions des Arabes. Ce sont eux qui l'ont introduit en Espagne, et vraisemblablement aussi dans l'Afrique orientale. Les Portugais le trouvèrent établi sur cette côte lorsqu'ils dou- blèrent le Cap, en 1498 ^ \037Rien ne peut faire présumer que l'orange amère ou douce existât en Afrique avant le moyen âge, car la fable du jardin, des Hespérides peut concerner une Aurantiacée quelconque, et chacun peut la placer où il veut, l'imagination des anciens étant d'une fertilité singuHère. \0371. Roxburgh, FI. ind., éd. 1832, v. 2, p. 392 ; Piddington, Index. \0372. Gallesio, p. 122. \0373. Dans les langues modernes de Tlnde, le nom sanscrit a été appliqué à l'orange douce, selon le témoignage de Brandis, par une de ces transpo- sitions qui sont fréquentes dans le langage populaire. \0374. Gallesio, p. 122, 247, 248. \037o. Gallesio, p. 240. M. Goeze, Beitrag zur Kenntniss der OrangengewachsCy 80, 1874, p. 13, cite d'anciens voyageurs portugais pour le même fait. \037\035\013

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ORANGER Ul \037Les premiers botanistes anglo-indiens tels que Roxburgh, Royle, Griffith, Wight, n'avaient pas rencontré le Bigaradier sauvage ; mais toutes les probabilités indiquaient la région orien- tale de rinde comme sa patrie primitive. Le D' Wallich a men- tionné la localité de Sillet \ sans affirmer la spontanéité. Après lui, sir Joseph Hooker * a vu l'oranger amer bien certainement spontané dans plusieurs districts au midi de l'Himalaya, de Garwal et Sikkim à Khasia. Son fruit était sphérique ou un peu déprimé, de deux pouces de diamètre, très coloré, non mangeable, d'une saveur (si je me souviens bien, dit l'auteur) dégoûtante (mawkish) et amère. Le Citrus fusca, de Loureiro ^, semblable, a'aprèslui, à la planche 23 de Rumphius, et spontané en Cochinchine et en Chine, pourrait bien être le Bigaradier, dont l'habitation s'étendrait vers l'est. \0372° Oranger à fruit doux, Arancio dolce des Italiens, Apfekine des Allemands — Citrus Auraritium sinense, Gallesio, \037Selon Royle *, il existe des oranges douces, sauvages, à Sillet et dans les Nilghiries, mais l'assertion n'est pas accompagnée de détails qui permettent de lui donner de l'importance. D'après le même auteur, l'expédition de Turner avait cueilli des orange» sauvages « délicieuses » à Buxedwar, localité au nord-est de Rungpoor, dans le Bengale. D'un autre côté, les botanistes Brandis et sir Joseph Hooker ne mentionnent pas l'oranger doux comme spontané dans l'Inde anglaise. Ils le disent seule-, ment cultivé. Kurz n'en parle pas du tout dans sa flore fores- tière du pays Burman anglais. Plus à l'est, en GochinchinCy Loureiro ^ a décrit un C Aurantium à pulpe moitié acide moitié douce (acido-dulcis), qui parait être l'oranger à fruits doux et qui « habite à l'état cultivé et non cultivé en Cochin- chine et en Chine ». Je rappelle que les auteurs chinois consi- dèrent les orangers, en général, comme des arbres de leur pays; mais on manque d'informations précises sur chaque espèce ou variété, au point de vue de Tindigénat. \037D'après l'ensemble de ces documents, l'oranger à fruit doux parait originaire de la Chine méridionale et de la Cochinchine^ avec une extension douteuse et accidentelle, par un effet de» semis, dans la région de l'Inde. \037Cherchons dans quels pays sa culture a commencé et com- ment elle s'est propagée. Il en résultera peut-être plus de lu- mière sur l'origine et sur la distinction des Orangers propre- ment dits d'avec les Bigaradiers. \037Un fruit aussi gros et aussi agréable au goût que l'orange \0371. Wallich, List, n* 6384. \0372. Hooker, FI. of brit. India, 1, p. 515. \0373. Loureiro, FL cochinch.j p. 571. \0374. Royle, lllustr. of Himalaya, p. 160. Il cite Turaer, Voyage au Thibet. p. 20 et 387. \0375. Loureiro, FL cochinch, p. 569. ' \037\035\013

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148 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037douce n'a guère pu exister dans une région sans que Thomme ail essayé de le cultiver. Les semis en sont faciles et donnent presque toujours la même qualité recherchée. Les anciens voya- geurs ou historiens ne peuvent pas non plus avoir négligé Timpor- tation d'un arbre fruitier aussi remarquable. Sur ce point histo- rique, les études faites par Gallesio, dans les anciens ouvrages, ont donné des résultats extrêmement intéressants. \037Il prouve d'abord que les orangers apportés de l'Inde, par les Arabes, en Palestine, en Egypte, dans le midi de l'Europe et sur la côte orientale de l'Afrique, n'étaient pas l'oranger à fruit doux. Jusqu'au xv* siècle, les ouvrages arabes et les chroniques ne parlent que d'oranges amères ou aigres. Cependant, lorsque les Portugais arrivèrent dans les îles de l'Asie méridionale, ils trou- vèrent des orangers à fruits doux, et ce ne fut pas pour eux, à ce qu'il semble, une nouveauté. Le Florentin qui accompagnait Vasco de Gama et qui a publié la relation du voyage dit : c Sonvi melarancie assai^ ma tutte dolci » (Il y a beaucoup d'oranges, mais toutes douces). Ni ce voyageur ni ceux qui suivirent ne témoignèrent de la surprise en goûtant un fruit aussi agréable. Gallesio en infère que les Portugais n'ont pas été les premiers à rapporter les oranges douces de l'Inde, où ils arrivèrent en 1498, ni de Chine, où ils parvinrent en 1518. D'ailleurs une foule d'écrivains du commencement du xvi* siècle parlent de l'orange .douce comme d'un fruit déjà cultivé en Italie et en Espagne. Il y a plusieurs témoignages pour les années 1523 et 1525. Gallesio s'arrête à l'idée que l'orange douce a été introduite en Europe vers le commencement du xv® siècle * ; mais Targioni cite, d'après Valeriani, un statut de Fermo, du xiv® siècle, dans lequel il est question de cédrats, oranges douces^ etc. ^, et les renseignements recueillis récemment sur l'introduction en Espagne et dans le Portugal par M. Goeze ', d'après d'anciens auteurs, concordent avec cette même date. Il me parait donc probable que les oran- ges reçues plus tard, de Chine, par les Portugais, étaient seule- ment meilleures que celles connues auparavant en Europe, et que les noms vulgaires d'oranges de Portugal et de Lisbonne sont dus à cette circonstance. \037Si l'orange douce avait été cultivée très anciennement dans l'Inde, elle aurait eu un nom spécial en sanscrit, les Grecs en au- raient eu connaissance dès l'expédition d'Alexandre, et les Hé- breux l'auraient reçue de bonne heure par la Mésopotamie. On aurait certainement recherché, cultivé et propagé ce fruit dans l'empire romain, de préférence au Limonier, au Cédratier et au \0371. Gallesio, p. 321. \0372. La date de ce Siatuto est donnée par Targioni à la page 205 des Cenni storici comme étant l'année 1379, et à la page 213 comme 1309. L'errata ne dit rien sur cette différence. \0373. Goeze, Ein Beitrag zur Kenntniss der Orangengewàchse, Hambourg, 1874, p. 26. \037\035\013

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mângostân 149 \037Bigaradier. Son existence dans Flnde doit donc être moins an- cienne. \037Dans Tarchipel Indien, l'oranger doux était considéré comme venant de Chine *. Il se trouvait peu répandu dans les îles de la mer Pacifique à Tépoque du voyage de Gook *. \037Nous revenons ainsi, par toutes les voies, à Tidée que la va- riété douce de l'oranger est sortie de Chine et de Cochinchine, et qu'elle s'est répandue dans l'Inde peut-être vers le commen- cement de l'ère chrétienne . A la suite des cultures, elle a pu se naturaliser dans beaucoup de localités de l'Inde et dans tous les pays tropicaux, mais nous avons vu que les semis ne don- nent pas toujours l'oranger à fruit doux. Ce défaut d'hérédité, dans certains cas, est à l'appui d'une dérivation du Bigaradier en Oranger doux, qui serait survenue, à une époque lointaine, en Chine ou en Cochinchine , et aurait été propagée soigneuse- ment à cause de sa valeur horticole. \037Mandarines. — Citrus nobilis, Loureiro. \037Cette espèce, caractérisée par son fruit plus petit que l'orange ordinaire, bosselé à la surface, sphérique, mais déprimé en dessus, et d'une saveur particulière, est maintenant recherchée en Europe, comme elle l'a été dès les temps les plus anciens en Chine et en Cochinchine. Les Chinois la nomment Kan ^. Rum- phius l'avait vue cultivée dans toutes les îles de la Sonde * et dit qu'elle venait de Chine, mais elle ne s'était pas répandue dans l'Inde. Roxburgh et sir Joseph Hooker ne la mentionnent pas, mais M. Clarke m'apprend que sa culture a pris une grande extension dans le district de Khasia. Elle était nouvelle dans les jardins d'Europe, au commencement du xix^ siècle, lorsque Andrews en publia une bonne figure dans le Botanist repository (pi. 608). \037D'après Loureiro '*, cet arbre, d'une taille moyenne, habite en Cochinchine, et aussi, ajoutjB-t-il, en Chine, bien qu'il ne l'ait pas vu à Canton. Ce n'est pas une information précise sous le rapport de la qualité spontanée, mais on ne peut pas supposer une autre origine. Selon Kurz *, l'espèce est seulement cultivée dans la Birmanie anglaise. Si cela se confirme, la patrie serait bornée à la Cochinchine et à quelques provinces de la Chine. \037Mangostan. — Garcinia Mangostana, Linné. \037Le Botanical magazine a publié une bonne figure (pi. 4847) \0371. Rumphius, Amboin., 2, c. 42. \0372. Forster, Plantse esculentâe, p. 35. \0373. Bretschneider, On the value of chinese bot, works, p. 11. \0374. Rumphius, Amboin., 2, pi. 34, 35, où cependant la forme du fruit n'est pas ceUe de notre Mandarine. \037\035\0135. Loureiro, FI. cochinch., p. 570. \0376. Kurz, Forest flora of britUh Burma. \037\035\013

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480 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037de cet arbre, de la famille des Gultifères, dont le fruit est consi- déré comme un des meilleurs qui existent. Il exige un climat très chand, car Roxburgh n'a pas pu l'obtenir au delà du 23* 1/2 degré de latitude dans l'Inde % et transporté à la Jamaïque, il n'a donné que des fruits médiocres *. On le cultive dans les îles de la Sonde, la péninsule malaise et à Geylan. \037L'espèce est certainement spontanée dans les forêts des îles de la Sonde ^ et de la péninsule malaise *. Parmi les plantes cuir tivées, c'est une des plus locales, soit pour l'habitation originelle, soit dans la culture. Il est vrai qu'elle appartient à l'une de ces familles où l'aire moyenne des espèces est le plus restreinte. \037Abricotier d'Amérique. — Mammea americana, Jacquin. \037De la famille des Guttifères, comme le Mangostan, cet arbre exige aussi beaucoup de chaleur. Les Anglais l'appellent Mamey ou Mammee, Quoique fort cultivé dans les Antilles et dans les parties les plus chaudes du Venezuela ^, on ne l'a guère trans- porté ou il n'a pas réussi en Asie et en Afrique, si l'on en juge par le silence de la plupart des auteurs. \037Il est certainement indigène dans les forêts de la plupart des Antilles ^. Jacquin l'indique aussi sur le continent voisin, mais je n'en vois pas de confirmation chez les auteurs modernes. \037La meilleure figure publiée est celle de la Flore des Antilles de Tussac, 3, pi. 7, à l'occasion de laquelle l'auteur donne beau- coup de détails sur l'emploi du fruit. \037Gombo. — Hibiscus esculentus, Linné. \037Les fruits, encore jeunes, de cette Malvacée annuelle sont un des légumes les plus délicats des pays tropicaux. La Flore des Antilles de Tussac contient une Délie planche de l'espèce et donne tous les détails qu'un gourmet peut désirer sur la ma- nière de préparer le caloulou^ si cher aux créoles des îles fran- çaises. \037Lorsque j'ai essayé autrefois "^ de comprendre d'où vient cette plante, cultivée dans l'ancien et le nouveau monde, l'absence de tout nom sanscrit et le fait que les premiers auteurs sur la flore indienne ne l'avaient pas vue spontanée m'avaient fait écarter Thypothèse d'une origine asiatique. Cependant la flore moderne \0371. Royle, ///. Himalaya, p. 133, et Roxburgh, Flora indica, 2, p. 6l8. \0372. Mac-Fadyen, Floi^a of Jamaïca, p. 134. \0373. Rumphius, Amboin., 1, p. 133; Miquel, Plantée Junghun., 1, p. 290; Flora indO'batava, 1, part. 2, p. 506. \0374. Hooker, FI. ofbrUish India, 1 p. 260. \0375. Emst, dans Seemann, Journal of botany, 1867, p. 273 ; Triana et Plan- chon, Prodr, il. Novo-Granat., p. 285. \0376. Sloane, /amatca, 1. p. 123: Jacquin, Amer., p. 268; Grisebach, FI. of brit. W. India, p. 118. \0377. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 768. \037\035\013

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VIGNE 151 \037de l'Inde anglaise * Tayant indiquée comme « probablement native d'origine », j*ai dû faire de nouvelles recherches. \037Quoique l'Asie méridionale ait été bien explorée depuis trente ans, on ne cite aucune localité dans laquelle le Gombo serait spontané ou quasi spontané. Il n'y a même pas d'indice d'une eulture ancienne en Asie. C'est donc entre l'Afrique et l'Amé- rique qu'il faut hésiter. \037La plante a été vue spontanée aux Antilles par un bon obser- vateur *, mais je ne découvre aucune assertion semblable venant d'un autre botaniste, soit pour les îles, soit pour le continent américain. Le plus ancien auteur sur la Jamaïque, Sloane ^, n'avait vu l'espèce qu'à l'état de culture. Marcgraf * l'avait observée dans les plantations du Brésil, et comme il mentionne un nom du Congo et d'Angola, Qulllobo, dont les Portugais avaient fait Quingomho^ l'origine africaine se trouve par cela même indiquée. \037MM. Schweinfurth et Ascherson ^ ont vu la plante spontanée dans la région du Nil, en Nubie, Kordofan, Sennaar, Abyssinie et dans le Bahr-el-Abiad, où on la cultive,- il est vrai. D autres voyageurs sont mentionnés pour des échantillons recueillis en Afrique ^, mais on ne dit pas si les plantes étaient cultivées ou spontanées et loin des habitations. Nous serions toujours dans le doute si MM. Flûckiger et Hanbury ^ n'avaient fait une décou- verte bibliographique qui tranche la question. Les Arabes appel- lent le Gombo Bamyah ou Bâmiaty et Abul-Abbas-Elnabati, qui avait visité l'Egypte bien avant la découverte de l'Amérique, en 1216, a décrit très clairement le Gombo, cultivé alors par les Egyptiens. \037Malgré Torigine, certainement africaine, il ne semble pas que l'espèce ait été cultivée dans la basse Egypte avant l'époque de a domination arabe. On n'en a pas trouvé de preuve dans les monuments anciens, quoique Rosellini ait cru reconnaître la iplante dans une figure, qui en est bien différente, selon Unger *. L'existence d'un seul nom dans les langues modernes de l'Inde, d'après Piddington , appuie l'idée d'une propagation vers J'Orient depuis Tère chrétienne. \037Vigne. — Vitis vinifera^ Linné. \037La vigne croît spontanément dans l'Asie occidentale tempérée, \0371. Flora of british India, 1, p. 343. \0372. Jacquin, Observationes, 3, p. 11. \0373. Sloane, Jamaica, 1, p. 223. \0374. Marcgraf, Hist. plant., p. 32, avec figures. \0375. Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlung, p. 265, sous le nom d'Abel* moschus. \0376. Oliver, Flora of tropical A frica, 1, p. 207. \0377. Flûckiger et Hanbury, Drogues, trad. franc., 1, p. 182. La description est dans Ebn Baithar, trad. de aondtheimer, 1, p. 1J8. \0378. Unger, Die Pflanzen des alten JSgyptem, p. 50. \037\035\013

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152 PLANTES X2ULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037TEurope méridionale, TAlgérie et le Maroc *. C'est surtout dans le Pont, en Arménie, au midi du Caucase et de la mer Caspienne, qu'elle présente l'aspect d'une liane sauvage, qui s'élève sur de grands arbres et donne beauconp de fruits, sans taille ni cul- ture. On mentionne sa végétation vigoureuse dans l'ancienne Bactriane, le Caboul, le Cachemir et même dans le Badak- chan, situé au nord de l'Indou-Kousch *. Naturellement, on se demande là, comme ailleurs, si les pieds que l'on rencontre ne viennent pas de graines transportées des plantations par les oiseaux. Je remarque cependant que les botanistes les plus dignes de confiance, ceux qui ont le plus parcouru les provinces transcaucasiennes de la Russie, n'hésitent pas sur la spontanéité et l'indigénat de l'espèce dans cette région. C'est en s' éloignant vers llnde et l'Arabie, l'Europe et l'Afrique septentrionale qu'on trouve le plus souvent dans les flores l'expression que la vigne est « subspontanée », peut-être sauvage, ou devenue sauvage (verwildert, selon le terme expressif des Allemands). \037La dissémination par les oiseaux a dû commencer de très bonne heure, dès que les baies de l'espèce ont existé, avant la culture, avant la migration des plus anciens peuples asiatiques^ peut-être avant qu'il existât des nommes en Europe et même en Asie. Toutefois la fréquence des cultures et la multitude des formes de raisins cultivés ont pu étendre les naturalisations et introduire dans les vignes sauvages des diversités tirant leur origine de la culture. A vrai dire, les agents naturels, comme le& oiseaux, le vent, les courants, ont toujours agrandi les habita- tions des espèces, indépendamment de l'homme, jusqu'aux limites qui résultent, dans chaque siècle, des conditions géogra- phiques et physiques et de l'action nuisible d'autres végétaux et d'animaux. Une habitation absolument primitive est plus ou moins un mythe ; mais des habitations successivement étendues ou restreintes sont dans la force des choses. Elles constituent des patries plus ou moins anciennes et réelles, à condition que l'espèce s'y soit maintenue sauvage, sans l'apport incessant de^ nouvelles graines. \037Pour ce qui concerne la vigne, nous avons des preuves d'une ancienneté très grande en Europe, comme en Asie. \037Des graines de vigne ont été trouvées sous les habitations lacustres de Castione, près de Parme, qui datent de l'âge du bronze ^, dans une station préhistorique du lac de Varèse *, et \0371. Grisebach, La végétation du globe, traduct. française par de Tchihat- cheft, 1, p. 162, 163, 442; Miinby, Catal. Alger, \ Bail, FI. maroccanx spici- legium, p. 392. \037' 2. Adolphe Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2, vol. l,p. 295, cite plusieurs voyageurs pour ces régions, entre autres Wood, Journey ta the- sources of the Oxus. \0373. Elles sont figurées dans Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, p. 24, f. 11. \0374. Ragazzoni, dans Rivista arch. délia pi^ov. di Como, 1880, fasc. 17, p. 30 et suivantes. \037\035\013

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VIGNE 183 \037dans la station lacustre de Wangen, en Suisse, mais dans ce der- nier cas à une profondeur incertaine ^ Bien plus! Des feuilles de vigne ont été trouvées dans les tufs des environs de Mont- pellier, où elles se sont déposées probablement avant Tépoque historique *, et dans ceux de Meyrargue, en Provence, certaine- ment préhistoriques, quoique postérieurs à Fépoque tertiaire des géologues '. \037Dans le pays qu^on peut appeler le centre et qui est peut-être le plus ancien séjour de Tespèce, le midi du Caucace, un bota- niste russe, Kolenati *, a fait des observations très intéressantes sur les différentes formes de vignes, soit spontanées, soit culti- vées. Je regarde son travail comme d'autant plus significatif que l'auteur s'est attaché à classer les variétés suivant les carac- tères de la pubescence et de la nervation des feuilles, choses absolument indifférentes aux cultivateurs et qui doivent repré- senter, par conséquent, beaucoup mieux les états naturels de l'espèce. D'après lui, les vignes sauvages, dont il a vu une im- mense quantité entre la mer Noire et la mer Caspienne, se grou- pent en deux sous-espèces, qu'il décrit, qu'il assure pouvoir reconnaître à distance, et qui seraient le point de départ des vignes cultivées, au moins en Arménie et dans les environs. 11 les a reconnues autour du mont Ararat, dans une zone où l'on ne cultive pas la vigne, où même on ne pourrait pas la cultiver. D'autres caractères, par exemple la forme et la couleur des rai- sins, varient dans chacune des deux sous-espèces. Nous ne pou- vons entrer ici dans les détails purement botaniques du mé- moire de Kolenati, non plus que dans ceux du travail plus récent de Regel sur le genre Vitls ^ ; mais il est bon de constater qu'une espèce cultivée depuis un temps très reculé et qui a maintenant peut-être 2000 formes décrites dans les ouvrages offre, quand elle est spontanée dans la région où elle est très ancienne, et a probablement offert avant toute culture, au moins deux formes principales, avec d'autres d'une importance moin- dre. Si l'on étudiait avec le même soin les vignes spontanées de la Perse et du Cachemir, du Liban et de Grèce, on trouverait peut-être d'autres sous-espèces d'une ancienneté probablement préhistorique. \0371. Heer, l. c, \0372. Planchon, Etude sur les tufs de Montpellier, 1864, p. 63. \0373. De Saporta, La flore des tufs quaternaires de Provence, 1867, p. 15 et 27. \0374. Kolenati, dans Bulletin de la Société impériale des naturalistes dp Moscou, 1846, p. 279. \0375. Regel, dans Acta horti imp. petrop., 1873. Dans cette revue abrégée du \037genre, M. Regel énonce l'opinion que les Vitis vinifera sont le produit ybride et altéré par la culture de deux espèces sauvages, F. vulpina et F. Labrusca; mais il n'en donne pas de preuves, et ses caractères pour les deux espèces sauvages sont bien peu satisfaisants. U est fort à désirer que les vignes d'Asie et d'Europe, spontanées ou cultivées, soient compa- rées dans leurs graines, qui fournissent d'excellentes distinctions, d'après les travaux d'Engelmann sur les Vignes d'Amérique. \037\035\013

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154 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037L'idée de recueillir le jus des raisins et de profiter de sa fer- mentation a pu naître .chez différents peuples, principalement dans l'Asie occidentale, où la Vigne abondait et prospérait. Adolphe Pictet *, qui a discuté, après de nombreux auteurs, mais d'une manière plus scientifique, les questions d'histoire, de lin- guistique et même de mythologie concernant la Vigne chez les peuples de l'antiquité, admet que les Sémites et les Aryas ont également connu l'usage du vin, de sorte qu'ils ont pu l'intro- duire dans tous les pays où ils ont émigré, jusqu'en Egypte, dans l'Inde et en Europe. Ils ont pu le faire d'autant mieux qu'ils trouvaient la plante sauvage dans plusieurs de ces contrées. \037Pour l'Egypte, les documents sur la culture de la Vigne et la vinification remontent à 5 ou 6000 ans *. Dans l'ouest, la propa- gation de la culture par les Phéniciens, les Grecs et les Romains est assez connue ; mais, du côté oriental de l'Asie, elle s'est faite tardivement. Les Chinois, qui cultivent à présent la Vigne dans leurs provinces septentrionales, ne la possédaient pas antérieu- rement à l'année 122 avant notre ère ^. On sait qu'il existe plu- sieurs Vignes spontanées dans le nord de la Chine, mais je ne puis admettre avec M. Regel que la plus analogue à notre Vigne, le Vitis Amurensis^ de Ruprecht, appartienne à notre espèce. Les graines dessinées dans le Gartenfbra, 1861, pi. 33, en sont trop différentes. Si le fruit de ces vignes de l'Asie orientale avait quelque valeur, les Chinois auraient bien eu l'idée d'en tirer parti. \037Jujubier commun. — Zizyphtisvulgarisjhamsirck. \037D'après Pline *, le Jujubier aurait été apporté de Syrie à Rome, par le consul Sextus Papinius, vers la fin du règne d'Au- guste. Les botanistes remarquent cependant que l'espèce est <îommune dans les endroits rocailleux d'Italie ^ et que d'ailleurs — chose singulière — on l'a pas encore trouvée sauvage en Syrie, bien qu'elle y soit cultivée, de même que dans toute la région qui s'étend de la mer Méditerranée à la Chine et au Japon ®. \037La recherche de l'origine du Jujubier, comme arbre spon- tané, vient à l'appui du dire de Pline, malgré les objections que je viens de mentionner. D'après les collecteurs de plantes et les \0371. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes., édition 2, vol. 1, p. 298 à. 321. \0372. M. Delchevaierie, dans VlUustration horticole, 1881, p. 28. Il men- tionne surtout le tombeau de Phtah-Hotep, qui vivait à Memphis, quatre mille ans avant Jésus-Christ. \0373. Bretschneider, On the value and study of chinese botanical works, p. 16. \0374. Pline, Hist., 1. 15, c. U. \0375. Bertoioni, FL ital.y 2, p. 665; Gussone, Synopsis FI. sicul«, 2 p. 276. \0376. Willkomm et Lange, Prodr. FI. hispanicse, 3 p. 480 ; Desfontaines, FI. Allant., 1, p. 200; Boissier, FL orient., 2, p. 12; J. Hooker, FI. of brit. India, 1, p. 633; Bunge, Enum. plant, chin., p. 14; Franchet et Savatier, Enum. plant. Japon., 1, p. 81. \037\035\013

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JUJUBIER COMMUN 155 \037auteurs de flores l'espèce paraît plus spontanée et anciennement cultivée à Test qu'à l'ouest de sa grande habitation actuelle. Ainsi, pour le nord de la Chine, M. de Bunge dit qu'elle est « très commune et très incommode (à cause de ses épines) dans les endroits montueux. » Il a vu la variété sans épines dans les jardins. Le'D Bretschneider * mentionne les jujubes comme un des fruits les plus recherchés par les Chinois, qui appellent l'espèce du nom simple de Tsao, Il indique aussi les deux formes, épi- neuse et non épineuse ; la première sauvage ^. L'espèce manque au midi de la Chine et dans l'Inde proprement dite , à cause de la chaleur et de Thumidité du climat. On la retrouve sauvage dans le Punjab au nord-ouest de l'Inde anglaise, puis en Perse «t en Arménie. \037Brandis ' énumère sept noms différents du Jujubier commun (ou de ses variétés ?) dans les langues modernes de l'Inde, mais on ne connaît aucun nom sanscrit. D'après cela, l'espèce a peut- être été introduite de Chine dans l'Inde, à une époque pas très éloignée, et des cultures elle serait devenue sauvage dans les provinces très sèches de l'ouest. Le nom persan est Anob^ chez les Arabes Unab, On ne connaît pas de nom hébreu, nouvel in- dice que l'espèce n'est pas très ancienne dans l'Asie occidentale. \037Les anciens Grecs n'ont pas parlé du Jujubier commun, mais seulement d'une autre espèce, Zizyphus Lotus. C'est du moins l'opinion du commentateur et botaniste moderne Lenz *. Il faut convenir que le nom grec moderne, Pritzuphuia^ n'a aucun rapport avec les noms attribués jadis dans Théophraste ou Dios- coride à quelque Zizyphus, mais approche du nom latin Zizy- />Aw5 (le fruit Zizyphum) de Pline, qui n'est pas dans les auteurs plus anciens et semble d'une nature orientale plus que latine. M. de Heldreich ^ n'admet pas que le Jujubier soit spontané en Grèce, et d'autres le disent « naturalisé, subspontané, » ce qui confirme l'hypothèse d'une existence peu ancienne. Les mêmes motifs s'appliquent à l'Italie. L'espèce peut donc s'y être natu- ralisée depuis l'introduction dans les jardins dont PUne a parlé. \037En Algérie, le Jujubier est seulement cultivé ou « subspon- tané ^ ». De même en Espagne. Il n'est pas mentionné dans le Maroc, ni aux îles Canaries, ce qui fait supposer une existence peu ancienne dans la région de la mer Méditerranée. \037Il me paraît donc probable que l'espèce est originaire du nord de la Chine; qu'elle a été introduite et. s'est naturalisée dans TAsie occidentale après l'époque de la langue sanscrite, il y a peut-être 2500 ou 3000 ans; que les Grecs et les ïlomains \0371. Bretschneider, On the studv, etc., p. 11. \0372. Le Zizyphus chinensis de juasieurs auteurs est la même espèce. \0373. Brandis, Fore5< flora of brit. India, p. 84. \0374. Lenz, Botanik der Alten, p. 651. \0375. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 57. \0376. Munby, Catal., éd. 2, p. 9. \037\035\013

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156 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Font reçue au commencement de notre ère, et que ces derniers Tout portée en Barbarie et en Espagne, où elle s'est naturalisée partiellement, d'une manière souvent douteuse, à la suite des^ cultures. \037Jujubier Lotus. — Zizyphus Lotus ^ Desfontaines. \037Le fruit de ce Jujubier ne mérite pas d'attirer l'attention, si ce n'est au point de vue historique. C était, dit-on, la nourriture des Lotophages, peuple de la côte de Lybie, dont Homère et Hérodote * ont parlé avec plus ou moins d'exactitude. H fallait qu'on fût bien pauvre ou bien sobre dans cette contrée, car une baie de la grosseur d'une petite cerise, fade ou médiocrement sucrée, ne contenterait pas des hommes ordinaires. \037Rien ne prouve que les Lotophages eussent l'habitude de cul- tiver ce petit arbre ou arbuste. Hs en recueillaient sans doute les fruits dans la campagne, car l'espèce est assez commune dans l'Afrique septentrionale. Une édition de Théophraste porte cependant qu'il y avait des Lotos sans noyaux, ce qui suppose une culture 2. On les plantait dans les jardins, comme cela se fait encore de nos jours en Egypte '; mais il ne semble pas que l'usage en ait été fréquent, même chez les anciens. \037Du reste, il a été émis des opinions très différentes sur le Lotos des Lotophages *, et il ne faut pas insister sur un point aussi obscur, où l'imagination d'un poète et Tignorance popu- laire ont pu jouer un grand rôle. \037Le Jujubier Lotus est sauvage maintenant^ dans les localités arides, depuis l'Egypte jusqu'au Maroc, dans le midi de l'Espa- gne, àTerracine et autour de Palerme ^ Dans ces localilés ita- liennes isolées, c'est le résultat probablement de cultures. \037Jujubier de l'Inde ^. — Zizyphus Jujuba^ Lamarck. — Ber^ des Hindous et Anglo-Indiens. — Masson, à l'île Maurice. \037Ce Jujubier est cultivé plus au midi que le commun^ mais dans une étendue de pays non moins grande. Le fruit ressemble tantôt à une cerise avant maturité, tantôt à une olive, comme on peut le voir dans la planche publiée par Bouton dans Hooker, Journal of botany^ 1, pi. 140. Le nombre des variétés \0371. Odyssée, \. 1, r. 84; Hérodote, 1. 4, p. 177; traduits dans Lenz, Botanik der Alten, p. 653. \0372. Théopbraste, Uist,, 1. 4, c. 4, éd. de 1644. L'édition de 1613 ne con- tient pas les mots relatifs à ce détail. \0373. Schweinfurth et Ascherson, Beitr., zur Flora ^Ethiopiens, p. 263. \0374. Voir l'article sur le Caroubier. \0375. Desfontaines, FI. atlant., 1, p. 200; Munby, Calai. Alger., éd. 2. p. 9; BaU, Spicil. FI. Maroc, p. 301 ; Willkomm et Lange, Prodr, fl. hisp., 3, p. 481 ; Bertoloni, Fl. ital., 2. p. 664. \0376. Ce nom, peu usité, est a^à dans Bauhin, sous la forme de Jujuba indica. \037\035\013

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JUJUBIER DE L'INDE 187 \037connues indique une très ancienne culture. Celle-ci s'étend au- jourd'hui de la Chine méridionale, de l'archipel indien et de Queensland en Australie, par TArabie et l'Egypte, jusqu'au Maroc et même au Sénégal, en Guinée et dans l'Angola *. Elle se voit également à l'île Maurice, mais il ne paraît pas qu'on l'ait introduite jusqu'à présent en Amérique, si ce n'est au Brésil, d'après un échantillon de mon herbier*. Le fruit est préférable à la jujube ordinaire, d'après ce que disent les auteurs. \037Quelle était l'habitation de l'espèce avant toute culture? Ce n'est pas aisé à savoir, parce que les noyaux se sèment facile- ment et naturalisent la planté hors des jardins ^. \037Si nous nous laissons guider par la fréquence à l'état sau- vage, il semble que le pays des Burmans et l'Inde anglaise seraient la* patrie ancienne. Je possède dans mon herbier plu- sieurs échantillons recueillis par Wallich dans le royaume bur- man, et Kurz l'a vue fréquemment dans les forêts sèches de ce pays, autour d'Ava et de Prome *, Beddone admet l'espèce comme spontanée dans les forêts de l'Inde anglabe, mais Brandis l'a trouvée seulement dans des localités de ce genre où il y avait eu des établissements d'indigènes *. Avant ces auteurs, dans le XVII® siècle, Rheede * décrivait cet arbre comme spontané au Malabar, et les botanistes du xvi« siècle l'avaient reçu du Bengale. \037A l'appui de cette origine indienne, il faut mentionner l'exis- tance de trois noms sanscrits et de onze autres noms dans les langues indiennes modernes . \037L'introduction à Amboine, dans la partie orientale de l'Ar- chipel, était récente lorsque Rumphius y séjournait ^, et il dit lui-même que l'espèce est indienne. Peut-être était-elle ancien- nement à Sumatra et dans d'autres îles rapprochées de la péninsule malaise. Les anciens auteurs chinois n'en ont pas parlé ; du moins Bretschneider ne l'a pas connu. L'extension et les naturalisations au midi et à l'est du continent indien parais- sent donc peu anciennes. \037En Arabie et en Egypte, l'introduction doit être encore plus récente. Non seulement on ne connaît aucun nom ancien, mais Forskal, il y a cent ans, et Delile, au commencement du siècle actuel, n'ont pas vu l'espèce, dont Schweinfurth a parlé récem- ment comme cultivée. Elle doit s'être répandue d'Asie à Zan- \0371. Sir J. Hooker, Flora of brit, India, 1, p. 632 ; Brandis, Forest fiora of India, l,p. 87; Bentham, F/, austral., 1, p. 412; Boissier, FL orient,, 2, p. 13; Oliver, FI, of tropical Africa, 1, p. 379. \0372. Venant de Martius, n- 1070, du Cabo frio. \0373. Bouton, /. c. ; Baker, FI, of Mauritim, p. 61 ; Brandis, /. c, \0374. Kurz, Forest flora of Burma, 1^ p. 266. \0375. Beddone, Forest flora of Indta, 1, pi. 149 (représentant le fruit sau- vage, plus petit que le cultivé) ; Brandis, l, c. \0376. Bteede, 4, pi. 141. \0377. Piddin^ton, Index, \0378. Rumphius, Amb,, 2, pi. 36. \037\035\013

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188 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037guebar, et de proche en proche au travers de l'Afrique ou par la navigation des Européens jusqu'à la côte occidentale. Ce serait même assez récent , puisque Robert Brown {Bot. of Congo) et Thonning n'ont pas eu connaissance de l'espèce en Guinée *. \037\035\013Pommier d'Acajou. — Anacardium occidentale, Linné. — CasheWy des Anglais. \037Les assertions les plu» fausses ont été émises autrefois sur l'origine de cet arbre ^, et, malgré ce que j'en ai dit en 1855 ^, je les vois reproduites çà et là. \037Le nom français de Pommier d'Acajou est aussi ridicule que possible. 11 s'agit d'un arbre de la famille des Térébintacées (soit Anacardiacées), très différente des Rosacées et des Méliacées auxquelles appartiennent les Pommiers et l'Acajou. La partie que Ton mange ressemble plus à une poire qu'aune pomme, et, Dotaniquement parlant, ce n'est pas un fruit, mais le pédoncule ou support du fruit, lequel ressemble à une grosse fève. Les deux noms, français et anglais, dérivent d'un nom des indi- gènes du Brésil, Acajù, Acajaiba, cité par d'anciens voyageurs *. \037L'espèce est certainement spontanée dans les forêts de l'Amé- rique intertropicale et même dans une grande étendue de cette région, par exemple au Brésil, à la Guyane, dans Tisthme de Panama et aux Antilles ^. Le D' Ernst ^ la croit originaire seulement de la contrée voisine du fleuve des Amazones, bien qu'il la connaisse aussi de Cuba, Panama, l'Equateur et la Nou- velle-Grenade. Il se fonde sur ce que les auteurs espagnols du temps de la conquête n'en ont pas parlé, preuve négative, qu'il faut prendre pour une simple probabilité. \037Rheede et Rumphius avaient aussi indiqué cet arbre dans l'Asie méridionale. Le premier le dit commun au Malabar '. L'existence d'une même espèce tropicale arborescente en Asie et en Amérique était si peu probable qu'on a soupçonné d'abord quelque différence spécifique ou au moins de variété, qui ne s'est pas confirmée. Divers arguments, historiques et linguisti- ques, m'avaient démontré une origine étrangère à l'Asie. D'ail- leurs Rumphius, toujours exact , parlait d'une introduction \0371. Le Zizyphus abt/ssinicus, Hochst., paraît une espèce dififérente. \0372. Tiissac, Flore aes Antilles, 3, p. 55 (où se trouve une excellente figure, pi. 13), dit que c'est une espèce des Indes orientales, aggravant ainsi l'erreur de Lmné, qui l'avait crue d'Amérique et d'Asie. \0373. Géographie botanique raisonnée, p. 873. \0374. Pisô et Marcgraf, nistoria rerum naturalium Brasilise, 1648, p. 57. \0375. Voir Piso et Marcçraf, /. c. ; Aublet, Guyane, p. 392 ; Seeman, Botany ofthe Herald, p. 106 ; jacquin, Amérig,, p. 124 ; Mac Fadyen, PI. Jamaïc.^ p. 119 ; Grisebach, FI. of brit. W. India, p. 176. \0376. Ernst, dans Seemann, Journal ofàot., 1867, p. 273. \0377. Rheede, Malabar, 3, pi. 54. \037\035\013

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MANGUIER 189 \037ancienne, par les Portugais, d'Amérique dans l'archipel asiati- que *. Le nom malais qu'il cite, Cadju^ est américain; celui usité à Amboine signifiait friiit de Portugal ; celui de Macassar était tiré d'une ressemblance avec le fruit du Jambosa. L'es- pèce, dit Rumphius, n'était pas très répandue dans les îles; Garcia ab Orto ne l'avait pas trouvée à Goa en 1550, mais Acosta l'avait vue ensuite à Couchin, et les Portugais l'avaient multipliée dans l'Inde et l'Archipel indien. D'après Blume et Miquel, l'espèce est seulement cultivée à Java. Rheede dit, il est vrai, qu'elle abonde au Malabar (provenit ubique), mais il cite un seul nom qui paraisse indien, Kapa-rnava, et les autres dérivent du nom américain. Piddington n'indique aucun nom sanscrit. Enfin les botanistes anglo-indiens, après avoir hésité sur l'origine, admettent aujourd'hui l'importation d'Amérique à une époque déjà ancienne. Ils ajoutent que l'espèce s'est natu- ralisée dans les forêts de l'Inde anglaise '. \037L'indigénat en Afrique est encore plus contestable, et il eàt aisé d'en montrer la fausseté. Loureiro ' avait vu l'espèce sur la côte orientale de ce continent, mais il la supposait d'origine américaine. Thonningne l'a pas vue en Guinée, et Brovv^n ne l'indiquait pas au Congo *. Il est vrai que l'herbier de Kew a \037\035\013reçu des échantillons de ce dernier pays et des îles du golfe de Guinée, mais M. Oliver parle de l'espèce comme cultivée ^. Un \037\035\013\013'Afrique intertropicale était indigène dans cette partie du monde. \037Mangaier. — Mangifera indica^ Linné. \037De la même famille que le Pommier d'Acajou, cet arbre donne cependant un véritable fruit, de la forme et de la couleur à peu près de l'abricot ^. \037On ne peut douter qu'il ne soil originaire de l'Asie méri- dionale ou de l'archipel indien auand on voit la multitude des variétés cultivées dans ces pays, la quantité des noms vulgaires anciens, en particulier un nom sanscrit ', et l'abondance dans les jardins du Bengale, de la péninsule indienne et de Ceylan,^ même à l'époque de Rheede. Du côté de la Chine la culture en était moins répandue, car Loureiro la mentionne seulement en Gochinchine. D'après Rumphius *, elle avait été introduite, de \0371. Rumphius, Herb. Amboin., 1, p. 177, 178. \0372. Beddone, Flora sylvatica^ t. 163 ; Hooker, Flora ofbrit, India, 2, p. 20. \0373. Loureiro, FI. cocfiinch., p. 304. \0374. Brown, Congo, p. 12 et 49. \0375. Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 443. \0376. Voir la planche 4510 du Botanical magazine. \0377. Roxbur^h, Flora indica, éd. 2, vol. 2, p. 435; Piddington, Ijidex. \0378. Rumphius, Herb. Amboin., 1, p. 95. \037\035\013

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160 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037mémoire d'homme, dans certaines îles de l'archipel asiatique. Porster ne la mentionne pas dans son opuscule sur les fruits des îles de la mer Pacifique, lors de l'expédition de Gook. Le nom vulgaire aux Philippines, Manga *, montre une origine étran- \037gère, car c'est le nom malais et espagnol. Le nom vulgaire à eylan est Ambe, analogue au sanscrit Amra et d'où viennent les noms persan et arabe Amb *, les noms modernes indiens, et peut-être les noms malais Mangka^ Manga^ Manpelaan^ indiqués par Rumphius. U y a cependant d'autres noms usités dans les îles de la Sonde, des Moluques et en Cochinchine. La variété de ces noms fait présumer une introduction ancienne dans l'ar- chipel Indien, contrairement à Topinion de Rumphius. \037Les Mangifera que cet auteur avait vus sauvages dans Tîle de Java et le Mangifera sylvatica que Roxburgh avait découvert à Sillet sont d'autres espèces; mais le véritable Manguier est indiqué par les auteurs modernes comme spontané dans les forêts de Geylan, les districts au pied de THimalaya, surtout vers l'est, dans l'Arracan, le Pégu et les lies Andaman '. Mic[uel ne l'indique comme sauvage dans aucune des îles de l'archipel malais. Malgré l'habitation à Geylan et les indications moins affirmatives, il est vrai, de sir J. Hooker, dans la Flore de l'Inde anglaise, l'espèce est probablement rare ou seulement natura- lisée dans la péninsule indienne. La grosseur des graines est telle que les oiseaux ne peuvent pas les transporter, mais la fréquence de la culture amène une dispersion par l'homme. Si le Manguier est seulement naturalisé dans l'ouest de l'Inde anglaise, ce doit être depuis longtemps, vu l'existence d'un nom sanscrit. D'un autre côté les peuples de l'Asie occidentale doi- vent l'avoir connu assez tard, puisqu'ils n'ont pas transporté l'espèce en Egypte ou ailleurs vers l'ouest. \037Aujourd'hui, on la cultive dans l'Afrique intertropicale et même aux îles Maurice et Seychelles, où elle s'est un peu natu- ralisée dans les forêts *. • \037L'introduction en Amérique a eu lieu d'abord au Brésil, car c'est de là qu'on fit venir des graines à la Barbade dans le milieu du siècle dernier ^. Un vaisseau français transportait des pieds de cet arbre de Bourbon à Saint-Domingue, en 1782, lorsquil fut pris par les Anglais, qui les portèrent à la Jamaïque, où il réussit à merveille. Quand les plantations de café furent aban- données, lors de l'émancipation des esclaves, le Manguier, dont \0371. Blanco, FI. filip., p. 181. \0372. Rum];)hiu3, /. c. ; Forskal, p. cvii. \0373. Thwaites, Enum. plant. Ceyl.y p. 75 ; Stuart et Brandis, Forest flora, p. 126 ; Hooker, Flora of brit. India, 2 p. 13 ; Kurz, Forest flora of brit. Burma, 1, p. 304. \0374. Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 442 ; Baker, Flora of Mauritius and Seychelles, p. 63. \0375. Hughes, Barbadoes, p. 177. \037\035\013

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FRAISIER 161 \037les nègres jetaient partout des noyaux, forma dans cette île des forêts, qui sont devenues une richesse à cause de leur ombrage et comme moyen de nourriture *. 11 n'était pas encore cultivé à Gayenne dans le temps d'Aublet, à la fin du xviii* siècle, mais actuellement il y a des mangues de première qualité dans cette colonie. Elle sont greffées et Ton observe que leurs semis don- nent des fruits meilleurs que ceux tirés des pieds francs *. \037Evi. — Spondias dulcis, Forster. \037Arbre de la famille des Anacardiacées, indigène dans les îles de la Société, des Amis et Fidji '. Les naturels faisaient une grande consommation de ses fruits à Tépoque de l'expédition du capitaine Cook. Ils ressemblent à un gros pruneau, couleur de pomme, et contiennent un noyau hérissé de longues pointes crochues *. Le goût en est excellent, disent les voyageurs. Ce n'est pas un des arbres fruitiers le plus répandus dans les co- lonies tropicales. On le cultive pourtant aux îles Maurice et Bourbon, sous le nom primitif polynésien Bvi ou Bévi ^, et aux Antilles. Il a été introduit à la Jamaïque, en 1782, et de là à Saint-Domingue. L'absence dans beamcoup de contrées chaudes d'Asie et Afrique tient probablement à ce que l'espèce a été dé- couverte seulement il y a un siècle, dans de petites îles sans communications avec l'étranger. \037Fraisier. — Fragaria vesca, Linné. \037Notre Fraisier commun est une des plantes les plus répandues dans le monde, en partie, il est vrai, grâce à la petitesse de ses graines que les oiseaux, attirés par le corps charnu sur lequel elles se trouvent, transportent à de grandes distances. \037Il est spontané en Europe, depuis les îles Shetland et la La- ponie ^ jusque dans les parties montueuses du midi : à Madère, en Espagne, en Sicile et en Grèce '. On le trouve aussi en Asie, depuis la Syrie septentrionale et l'Arménie ^, jusqu'en Daourie. Les fraisiers de l'Himalaya et du Japon *, que divers auteurs ont rapportés à cette espèce, n'en sont peut-être pas *°, et cela me \0371. Mac-Fadyen, F/ora ofJamaïca^ p. 221 ; sir J. Hooker, Discours à V Insti- tution royale, traduit dans Ann. se. nat., série 6, vol. 6, p. 320. \0372. Sagot^ Jovimal de la Soc. centr. d*agric. de France, 1872. \0373. Forster, De plantis esculentis insularum oceani australis, p. 33 ; See- mann, Flora Vitiensis, p. 51 ; Nadaud, Enum. des plantes de Taïti, p. 75. \0374. Voir bonne figure coloriée, dans Tussac, Flore des Antilles, 3, pi. 28. \0375. Bojer, Hortus mauritianus, p. 81. \0376. H.-C. Watson, Compendium Cybele brit., 1 p. 160 ; Fries, Summa veg. Scand., p. 44. \0377. Lowe, Manual fl. of Madeira, p. 246 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hiw. 3, p. 224 ; Moris, Fl. sardoa, 2, p. 17. \0378. Boissier, /. c. \0379. Ledebour, Fl. rossica, 2, p. 64. \03710. Gay, ibia. ; Hooker, Fl. brit. India, 2, p.^344 ; Franchet et Savatier, Enum. pi. Japon., 1, p. 129. . j \037De Candollk. |li \037\035\013

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162 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037fait douter de l'habitation en Chine donnée par un mission- naire *. II est spontané en Islande *, dans le nord -est des États- Unis ', autour du fort Gumberland et sur la côte nord-ouest *, peut-être même dans la Sierra Nevada de Californie ^. L'habita- tion s'étend donc autour du pôle arctique, à l'exception de la Sibérie orientale et de la région du fleuve Amour, puisque l'espèce n'est pas citée par M. Maximowicz dans ses Primitiœ florœ amu- rensis. En Amérique l'habitation se prolonge sur les hauteurs du Mexique, car le Fragaria mexicana, cultivé au Muséum et exa- miné par J. Gay, est le F. vesca. Il existe aussi autour de Quito, d'après le même botaniste, très compétent dans la question *. \037Les Grecs et les Romains n'ont pas cultivé le fraisier. C'est probablement dans le xv*' ou le xvi« siècle que la culture s'en est introduite, Champier, au xvi® siècle, en parlait comme d'une nouveauté dans le nord de la France ', mais elle existait déjà dans le midi et en Angleterre ^. \037Transporté dans les jardins des colonies, le fraisier s'est natu- ralisé dans quelques localités fraîches, loin des habitations. C'est arrivé à la Jamaïque ®, dans l'île Maurice *^, et plus encore dans l'île de Bourbon, où dès pieds avaient été mis par Com- merson dans la plaine élevée dite des Cafres. Bory Saint- Vin- cent raconte qu'en 1801 il y avait trouvé des espaces tout rouges de fraises et qu'on ne pouvait les traverser sans se teindre les pieds d'une véritable marmelade, mêlée de fange volcanique ". Il est probable qu'en Tasmanie, à la Nouvelle-Zélande et ail- leurs on verra des naturalisations semblables. \037Le genre Fragaria a été étudié avec plus de soin que beau- coup d'autres par Duchesne fils, le comte de Lambertye, Jacques Gay et surtout Mme Eiisa Vilmorin, dont l'esprit d'observation était si digne du nom qu'elle portait. Un résumé de leurs tra- vaux, avec d'excellentes planches coloriées, se trouve dans le Jardin fruitier du Muséum ^ par M. Decaisne. De grandes diffi- cultés ont été surmontées par ces auteurs pour distinguer les variétés et les hybrides qu'on multiplie dans les jardms^ des véritables espèces, et pour établir celles-ci sur de bons carac- \0371. Perny, Propag. de la foi, cité dans Decaisne, Jardin fruitier du Mus., p. 27 ; J. Gay, ihid., p. 27, n'indique pas la Chine. \0372. Babington, Journal of Linn. soc, 11, p. 303 ; Gay, /. c. \0373 A. Gray, Botany oftne northeim States, éd. 1868, p. 15Ô. \0374. Sir W. Hooker, FI. bor. amer., 1, p. 184. \0375. A. Gray, Bot. of California, 1, p. 176. *' \0376. J. Gay, dans Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, Fraisier,' p. 30. \0377. Le Grand d'Aussy, Histoire de la vie privée des Français, 1, p. 233 et 3. \0378. Olivier de Serres, Théâtre dagric., p. 511 ; Gerara, d'après Phillips, Pomarium britannicum, p. 334. \0379. Purdie, dans Hooker, London journal of botany, 1844, p. 515. \03710. Bojer, Hortus mauntianus, p. 127. \03711. Bory Saint-Vincent, Comptes rendus de VAcad, des se. 1836, sem, 2, p. 109. \037\035\013

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CERISIER DES OISEAUX 163 \037tères. Quelques Fraisiers dont les fruits étaient médiocres ont été abandonnés, et les plus beaux maintenant sont le résultat du croisement des espèces de Virginie et de Chili, dont je vais parler. \037Fraisier de Virginie. — Fragaria virginiana^ Ehrahrt. — Fraisier écarlate des jardins français. \037Cette espèce, indigène au .Canada et dans les États-Unis orientaux, et dont une variété s'étend vers l'ouest jusqu'aux montagnes Rocheuses, peut-être même jusqu'à l'Orégon *, a été introduite dans les jardins anglais en 1629 ^. On la cultivait beaucoup en France dans le siècle dernier; mais ses hybrides avec d'autres espèces sont maintenant plus estimés. \037Fraisier du Chili. — Fragaria CAi/omsis, Duchesne. \037Espèce commune dans le Chili méridional, à Conception, Val- divia et Chiloe *, et souvent cultivée dans ce pays. Elle a été apportée en France, par Frezier, dans l'année 1715. Cultivée alors au Muséum d'histoire naturelle de Paris, elle s'est ré- pandue bientôt en Angleterre et ailleurs. Grâce à ses fruit» énormes, d'une saveur excellente, on a obtenu par divers croise- ments, surtout avec le F. virgïniana, les fraises Ananas, Victoria, Trollope, Rubis^ etc., si recherchées à notre époque. \037Cerisier des oiseaux. — Prunus avium, Linné. — Sûss- A:ir5cA6aMm des Allemands. \037J'emploie le mot Cerisier parce qu'il est usuel et sans incon- vénient pour les espèces ou variétés cultivées, mais l'étude des •espèces voisines non cultivées confirme l'opinion de Linné que les Cerisiers ne peuvent pas être séparés, comme genre, des Pru- niers. \037Toutes les variétés de Cerisiers cultivés se rapportent à deux espèces, qu'on trouve à l'état sauvage, savoir : 1® Prunus avium, Linné, d'une taille élevée, à racines ne poussant pas de reje- tons, ayant le dessous des feuilles pubescent, le fruit d'une saveur douce ; 2° Prunus Cerasus, Linné, moins élevé, poussant des rejetons sur les racines, à feuilles entièrement glabres et fruit plus ou moins acide ou amer. \037La première de ces espèces, de laquelle on pense que les Bi- garreautiers et Merisiers sont provenus, se trouve sauvage en Asie : dans les forêts du Ghilan (nord de la Perse), des pro- \037\035\0131. Asa Gray, Manual ofboL of the northm States, éd. 1868, p. 155; Botany of Califomiay 1, p. 177. \0372. Phillips, Pomarium brit., p. 335. \0373. Cl. Gay, Hist. Chili, Botanica, 2, p. 305. \037\035\013

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164 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037vinces russes du midi du Caucase et de TArménie * ; en Europe : dans le midi de la Russie, et généralement depuis la Suède méridionale jusque dans les parties montueuses de la Grèce, de ritalie et de l'Espagne '. Elle existe même en Algérie ^ . \037A mesure qu'on s'éloigne de la région située au midi de la mer Caspienne et de la mer Noire, l'habitation du Cerisier des oiseaux paraît moins fréquente, moins naturelle et déterminée davantage, peut-être, par les oiseaux qui recherchent avidement ses fruits et les portent de proche en proche *. On ne peut pas douter qu'elle s'est naturalisée de cette manière, à la suite des cultures, dans le nord de l'Inde ^^ dans beaucçup de plaines du midi de l'Europe, à Madère ^, et çà et là aux États-Unis '; mais il est probable que pour la plus grande partie de l'Europe cela est arrivé dans des temps anciens, préhistoriques, attendu que les oiseaux agissaient avant les premières migrations des peu- ples, avant même qu'il y eût des hommes en Europe. L'habita- tion se serait étendue dans cette région lorsque les glaciers ont diminué. \037Les noms vulgaires dans les anciennes langues ont été l'objet d'un savant article d'Adolphe Pictet ®, mais on ne peut rien en déduire sous le rapport de l'origine, et d'ailleurs les diverses espèces ou variétés ont été souvent confondues dans la nomen- clature populaire. Il est bien plus important de savoir si l'ar- chéologie nous apprend quelque chose sur la présence du Ceri- sier des oiseaux en Europe, dans les temps préhistoriques. \037M. Heer a figuré des noyaux du Prunus avium dans son mémoire sur les palafîttes de la Suisse occidentale '. D'après ce qu'il a bien voulu m'écrire, en date du 14 avril 1881, ces noyaux venaient d'une tourbe au-dessus des anciens dépôts de l'âge de pierre. M. de Mortillet *° a constaté des noyaux semblables dans les habitations palafittes du lac de Bourget d'une époque peu reculée, postérieure à l'âge de pierre. M. le D»* Gross nren a communiqué de la station, également peu ancienne, de Cor- celette, dans le lac de Neuchâtel, et MM. Strobel et Pigorini en ont découvert dans la c terramare » de Parme **. Ce sont toujours des stations moins anciennes que l'âge de pierre et \0371. Ledebour, FL ross., 2, p. 6; Boissier, FL orient., 2, p. 649. \0372. Ledebour, l c. ; Fries, Summa Scandiv. p. 46 ; Nyman, Conspecttts fl. europ. p. 213 ; Boissier, /. c; Willkomm et Lange, Proar. fL hisp,, 3, p. 245. \0373. Monby, Catal. Alg,, éd. 2, p. 8. \0374. Gomme les cerises mûrissent après la saison où les oiseaux émigrent, c'est surtout dans le voisinage des plantations qu'ils dispersent les- noyaux. \0375. Sir J. Hooker, FL of brit. India. \0376. Lowe, Manual of Madeira, p. 235. \0377. Darlington, FL cestrica, éd. 3, p. 73. \0378. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 281. \0379. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 24, fig. 17, 18, et p. 26. \03710. Dans Perrin, Etudes préhistoriques sur ta Savoie, p. 22. il. Atti Soc. itaL se. nat., vol. 6. \037\035\013

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CERISIER COMMUN OU GRIOTTIER 168 \037peut-être d'un temps historique. Si Ton ne découvre pas des noyaux plus anciens de cette espèce en Europe, il deviendra vraisemblable que la naturalisation n'est pas antérieure aux migrations des Aryas. \037Cerisier commun ou Griottier. — Prunus Cef^asus, Linné — Cerasus vulgaris^ Miller. — Baumweichsel, Sauerkirschen, des Allemands. Sour cherry, des Anglais. \037Les Cerisiers de Montmorency, les Griottiers et quelques autres catégories des horticultures proviennent de cette espèce *. \037Hohenacker * a vu le Prunus Cerasus à Lenkoran, près de la mer Caspienne, et C. Koch ^ dans les forêts de l'Asie Mineure, ce qui veut dire, d'après le pays qu'il a parcouru, dans le nord- est de cette contrée. D'anciens auteurs l'ont trouvé à Elisa- bethpol et Erivan, d'après Ledebour *. Grisebach ^ l'indique au mont Olympe de Bithynie et ajoute qu'il est presque spontané dans les plaines de la Macédoine. L'habitation vraie et bien ancienne paraît s'étendre de la mer Caspienne jusqu'aux envi- rons de Constantinople ; mais, dans cette contrée même, on ren- contre plus souvent le Prunu>s avium. En effet, M. Boissier et M. de Tchihatcheff ne paraissent pas avoir vu le Prunus Ce- rasus même dans le Pont, quoiqu'ils aient reçu ou rapporté plusieurs échantillons du Pr. avium ^. \037Dans l'Inde septentrionale, le Pr, Cerasus est seulement à l'état cultivé '. Les Chinois ne paraissent pas avoir eu connais- sance de nos deux Cerisiers. On peut croire, d'après cela, que l'introduction dans l'Inde n'est pas fort ancienne, et ce qui le confirme, c'est l'absence de nom sanscrit. \037Nous avons vu que le Pr, Cerasus est presque spontané ea Macédoine, d'après Grisebach. On l'avait dit spontané en Crimée, mais Steven * ne l'a vu que cultivé, et Rehmann * ne mentionne dans la Russie méridionale comme spontanée que l'espèce voisine appelée Pr. chamœcerasus^ Jacquin. Je doute beaucoup de la qualité spontanée dans toute localité au nord du Caucase. Même en Grèce, où Fraas disait avoir vu cet arbre sauvage, M. de Heldreich le connaît seulement comme cultivé*^. En Dalmatie ", \0371. Pour les variétés si nombreuses et qui ont des noms vulgaires si variables selon les provinces, on peut consulter le nouveau Duhamel, vol. o, où se trouvent de bonnes figures coloriées. \0372. Hohenacker, Plantée Talysch., p. 128. \0373. Koch, Dendrologie, 1, p. 110. \0374. Ledebour, FI. ross.y 2, p. 6. \0375. Grisebach, Spicilegium fi, rumelicse, p. 86. \0376. Boissier, FI. orientalis, 2, p. 649 ; Tchihatcheff, ^5 2e Mineure, Bot,,^, 198. \0377. Sir J. Hooker, FI. of brit. India, 2, p. 313. \0378. Steven, Verzeichniss Halbinselm, etc., p. 147. \0379. Rehmann, Verhandl. Nat. Ver. Brunn, X, 1871. \03710. Heldreich, Niitzpflanzen Gtiechenlands, p. 69; Pflanzen d, attisch. EbenCy p. 477. \037U. Visiani, FI, Dalmat., 3, p. 258. \037\035\013

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166 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037on trouve, à Tétat bien spontané, une variété particulière ou espèce voisine, le Prumus Marasca, dont le fruit sert à fabriquer le marasquin. Le Pr. Cerasus est sauvage dans les districts mon- tueux de l'Italiç * et dans le centre de la France ^ ; mais plus loin, dans Touest, le nord et en Espagne, on ne cite plus l'es- pèce que comme cultivée, se naturalisant çà et là sous la forme souvent de buisson. Evidemment l'apparence en Europe est — plus que pour le Cerisier des oiseaux — celle d'un arbre d'origine étrangère médiocrement établi. \037En lisant les passages de Théophraste, Pline et autres anciens auteurs souvent cités ^, aucun ne parait s'appliquer au Prunus^ Cerasus, Le plus significatif, celui de Théophraste, convient au Prunus avium , à cause de la grandeur de l'arbre, caractère distinctif d*avec le Prunus Cerasus *. Kerasos étant le nom du Cerisier des oiseaux dans Théophraste , comme aujourd'hui Kerasaia chez les Grecs modernes, je remarque un signe lin- guistique d'ancienneté du Prunus Cerasus : les Albanais, des- cendants des Pélasges, désignent celui-ci sous le nom de Vyssiney ancien nom qui se retrouve dans l'allemand Wecksel et l'italien Visciolo ^ Gomme les Albanais ont aussi le nom Kerasie^ pour le Pr, avium ^ on peut croire que leurs ancêtres ont distingué et nommé les deux espèces depuis longtemps, peut-être avant l'arrivée des Hellènes en Grèce. \037Autre signe d'ancienneté : Virgile dit en parlant d'un arbre : \037Pullulât ab radice aliis densissima sylva Ut cerasis ulmisque. {Georg., II, 17.) \037Ce qui s'applique au Pr, Cerasus, non au Pr, avium. \037On a trouvé à Pompeia deux peintures de Cerisier, mais il ne paraît pas qu'on puisse savoir exactement si elles s'appliquent à Tune ou à l'autre des deux espèces ^. M. Comes les indique sous le titre du Prunus Cerasus. \037Quelque découverte archéologique serait plus probante. Le& noyaux des deux espèces présentent une différence dans le sillon qui n'a pas échappé à la sagacité de MM. Heer et Sordelli, Malheureusement, on n'a trouvé dans les stations préhistoriques dltalie et de Suisse qu'un seul noyau, attribuable au Prunus \0371. Bertoloni, FI. it,, 5, p. 131. \0372. Lecoq et Lamotte, Catal. du plateau central de la France, p. 148. \0373. Theophrastes, Hist. plant. y 1. 3, c. 13 ; Pline, 1. 15, c. 25, et autres cités dans Lenz, Botanik der Alten, p. 710. \0374. Une partie des expressions qui suivent dans Théophraste résulte d'une confusion avec d'autres arbres. 11 dit en particulier que le noyau est mol. \0375. Ad. Pictet, /. c, cite des formes du même nom en persan, turc, russe, et fait dériver de là notre nom français de Guigne, transporté à des variétés^ \0376. Schouw, Die Erde, p. 44 ; Cornes, ///. deïle piante, etc.. in-4, p. 56. \037\035\013

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CERISIER COMMUN OU GRIOTTIER 167 \037Cerasus, et encore la couchç de laquelle on Ta sorti n'a pas été suffisamment constatée. 11 parait que c'était une couche non archéologique *. \037D'après l'ensemble de ces données, un peu contradictoires et * assez vagues, je suis disposé à admettre que le Prunus Cerasus était connu et se naturalisait déjà au commencement de la civi- lisation grecque, et un peu plus tard en Italie, avant l'époque à laquelle LucuUus apporta un Cerisier de l'Asie Mineure. \037On pourrait écrire des pages en citant les auteurs , même modernes, qui attribuent, à la suite de Pline, l'introduction du Cerisier en Italie à ce riche Romain, l'an 64 avant l'ère chré- tienne. Puisque l'erreur se perpétue, grâce à sa répétition inces- sante dans les collèges classiques, il faut dire encore une fois qu'il y avait des Cerisiers — au moins celui des oiseaux — en Italie avant LucuUus, et que l'illustre gourmet n'a pas dû recher- cher l'espèce à fruits acides ou amers. Je ne doute pas qu'il n'ait gratifié les Romains d'une bonne variété cultivée dans le Pont et que les cultivateurs ne se soient empressés de la propager par la greffe, mais c'est à cela que s'est borné le rôle de Lu- cuUus. \037D'après ce qu'on connaît maintenant de Gérasonte et des an- ciens noms des Cerisiers, j'oserai soutenir, contrairement à l'opinion commune, qu'il s'agissait d'une variété du Cerisier des oiseaux, comme, par exemple, le Bigarreau tier ou le Merisier, dont le fruit charnu est de saveur douce. Je m'appuie sur ce que Kerasos, dans Théophraste, est le nom du Prunus aviuin, lequel est de beaucoup le plus commun des deux dans l'Asie Mineure. La ville de Cerasonte en avait tiré son nom, et il est probable que l'abondance du Prunus avium dans les forêts voi- sines avait engagé les habitants à chercher les arbres qui don- naient les meilleurs fruits, pour les planter dans leurs jardins. Assurément, si LucuUus a apporté de beaux bigarreaux, ses compatriotes, qui connaissaient à peine de petites cerises sau- vages, ont pu s'exclamer et dire : « C'est un fruit que nous n'avions pas. » Pline n'a rien affirmé de plus. \037Je ne terminerai pas sans énoncer une hypothèse sur les deux Cerisiers. Us diffèrent peu de caractères, et, chose bien rare, le» deux patries anciennes le mieux constatées sont semblables (de la mer Caspienne à l'Anatolie occidentale). Les deux espèces se sont répandues vers l'ouest, mais inégalement. Celle qui est la plus commune dans le pays d'origine et la plus robuste {Pr, avium) a été plus loin, à une époque plus ancienne, et s'est mieux natu- ralisée. Le Prunus Cei^asus est donc peut-être une dérivation de l'autre, survenue dans un temps préhistorique. J'arrive adnsi,. par une voie différente, à une idée émise par M. Caruel ^ ; seu- \0371. Sordelli, Plante delta torbiera di Lagozza^ p. 40. \0372. Caruel, Flora toscana, p. 48. \037\035\013

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168 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037lement, au lieu de dire qu'on ferait, peut-être bien de réunir les deux espèces , je les vois actuellement distinctes et me con- tente de présumer une descendance, que du reste on ne pourra pas facilement démontrer. \037Pruniers cultivés. \037Pline parle de Timmense quantité de prunes qu'on connaissait à son époque. « Ingens turba prunorum *. » Aujourd'hui, les hor- ticulteurs en comptent plus de trois cents. Quelques botanistes ont essayé de les rapporter à des espèces sauvages distinctes, mais ils ne sont pas toujours d'accord, et surtout, d'après les noms spécifiques, ils semblent avoir des idées très différentes. La diversité roule sur deux points : tantôt sur la descendance probable de telle ou telle forme cultivée, et tantôt sur la dis- tinction des formes spontanées en espèces ou variétés. \037Je n'ai pas la prétention de classer les innombrables formes cultivées, et je crois ce travail assez inutile au point de vue des questions d'origine géographique, car les différences existent surtout dans la forme, la grosseur, la couleur et le goût du fruit, c'est-à-dire dans des caractères que les horticulteurs ont eu intérêt à propager quand ils se sont présentés et même à créer autant qu'ils ont pu le faire. Mieux vaut s'attacher aux distinc- tions des formes observées dans l'état spontané, surtout à celles dont les hommes ne tirent aucun avantage et qui sont restées probablement ce qu'elles étaient avant qu'il y eût des jardins. \037C'est depuis une trentaine d'années seulement que les bota- nistes ont donné des caractères vraiment comparatifs pour les trois espèces ou races qui existent dans la nature *. On peut les résumer de la manière suivante : \037\035\013Prunus domestica, Linné; arbre ou arbuste élevé, non épineux; jeunes rameaux glabres ; fleurs naissant en même temps que les feuilles, à pédi- celles ordinairement pubescents ; fruit penché, oblong, d'une saveur douce. \037Prunus insititia, Linné ; arbre ou arbuste élevé, non épineux ; jeunes rameaux pubescents veloutés; fleurs naissant en même temps que les feuilles, à pédicelles finement pubescents ou glabres; fruit penché, glo- buleux ou légèrement ellipsoïde, d'une saveur douce. \037Prunus spinosaj Linné ; arbuste très épineux, à rameaux étalés à angle droit ; jeunes rameaux pubescents ; fleurs épanouies avant la naissance des feuilles ; pédicelles glabres ; fruit dressé, globuleux, de saveur acerbe. \037Evidemment, cette troisième forme, si commune dans nos haies, s'éloigne des deux autres. Aussi, à moins de vouloir interpréter, par hypothèse, ce qui a pu arriver avant toute ob- \0371. Pline, mst.j 1. 15, c. 13. \0372. Koch, Synopsis fl. gemi., éd. 2, p. 228 ; Cosson et Germain, Flore des environs de Pans, 1, p. 165. \037\035\013

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PRUNIER DOMESTIQUE 169 \037servation, il me paraît impossible de considérer les trois formes comme constituant une seule espèce, à moins qu'on ne montre des transitions de Tune à Tautre dans les organes que la culture n'a pas altérés, ce qu'on n'a pas fait jusqu'à présent. Tout au plus peut-on admettre la fusion des deux premières catégories. Les deux formes à fruit naturellement doux se présentaient dans quelques pays. Elles ont dû tenter les cultivateurs, plus que le Prunus spinosa, dont le fruit est acerbe. C'est donc à elles qu'il faut s'efforcer de rapporter les Pruniers cultivés. Je vais en parler, pour plus de clarté, comme de deux espèces * . \037Prunier domestique. — Prunus domestica^ Linné. — Zwet- chen des Allemands. \037Plusieurs botanistes ^ l'ont trouvé, à l'état sauvage, dans toute TAnatolie, la région au midi du Caucase et la Perse septentrio- nale, par exemple autour du niont Elbrouz. \037Je ne connais pas de preuve pour les localités du Cachemir, du pays des Kirghis et de Chine, dont il est question dans quel- ques flores. L'espèce en est souvent douteuse, et il s'agit plutôt du Prunus insititia; dans d'autres cas, c'est la qualité de plante spontanée, ancienne, qui est incertaine, car évidemment des noyaux ont été dispersés à la suite des cultures. La patrie ne paraît pas s'étendre jusqu'au Liban, quoique les prunes culti- vées, à Damas aient une réputation qui remonte au temps de Pline. On croit que Dioscoride ' a désigné cette espèce sous le nom de Coccumelea de Syrie ^ croissant à Damas. Karl Koch raconte que des marchands des confins de la Chine lui ont affirmé la fréquence de l'espèce dans les forêts de la partie occi- dentale de l'empire. Les Chinois cultivent, il est vrai, divers Pruniers depuis un temps immémorial, mais on ne les connaît pas assez pour en juger, et l'on ignore s'ils sont vraiment indi- gènes. Aucun de nos Pruniers n'ayant été trouvé sauvage au Japon ou dans la région du fleuve Amur, il est assez probable que les espèces vues en Chine sont diff'érentes des nôtres. Cela paraît aussi résulter de ce que dit Bretschneider *. \037L'indigénat du Pr, domestica est très douteux pour l'Europe. Dans les pays du Midi, où il est mentionné, on le voit surtout dans les haies, près des habitations, avec les apparences d un arbre à peine naturalisé, maintenu çà et là par un apport inces- sant de noyaux hors des plantations. Les auteurs qui ont vu l'espèce en Orient n'hésitent pas à dire qu'elle est subspontanée. \0371. HudsoQ, Flora anglica (1778), p. 212, les réunit sous le nom de Prumts communis. \0372. Ledebour, FI. ross.y 2, p. 5 ; Boissier, FI. orient y 2, p. 652 ; K. Koch, Dendrologie, 1, p. 94 ; Boissier et Buhse, Aufzœhl Transcaucas., p. 80. \0373. Dioscorides, /. c, 174 ; Fraas, FI, class.^ p. 69. \0374. Bretschneider, On the study^ etc. y p. 10. \037\035\013

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170 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Praas *■ affirme qu'elle n'est pas sauvage en Grèce, ce qui est confirmé par M. de Heldreich ^ pour l'Attique ; Steve» l'affirme également pour la Grimée ^ SU en est amsi près de l'Asie Mineure, à plus forte raison faut-il l'admettre pour le reste de l'Europe. \037Malgré l'abondance des Pruniers cultivés jadis par les Ro- mains, les peintures de Pompeia n'en indiquent aucune sorte *. \037Le Prunus domestica n'a pas été trouvé non plus dans le& restes des palafittes d'Italie, de Suisse et de Savoie, où Ton a rencontré cependant des noyaux des Prunus insititia et spinosa. \037De ces faits et du petit nombre de mots attribuables à l'espèce dans les auteurs grecs, on peut inférer que sa demi-naturalisa- tion ou quasi-spontanéité en Europe a commencé tout au plu& depuis 2000 ans. \037On rattache au Prunier domestique les pruneaux, prunes Damas et formes analogues. \037Prunier proprement dit. — Prunus insititia ^ Linné ^. — Pflauenbaum et Haferschlehen des Allemands. \037Il existe, à l'état sauvage, dans le. midi de l'Europe ®. On Ta trouvé également en Gilicie, en Arménie, au midi du Gaucase et dans la province de Talysch, vers la mer Gaspienne ^ G 'est sur- tout dans la Turquie d'Europe et au midi du Gaucase qu'il parait bien spontané. En Italie et en Espagne il l'est peut-être moins, quoique de bons auteurs, qui ont vu la plante sur place, n'en doutent pas. Quant aux parties de l'Europe situées au nord des Alpes, jusqu'en Danemark, les localités indiquées sont pro- bablement le résultat de naturalisations à la suite des cultures. L'espèce s'y trouve ordinairement dans les haies, non loin des habitations, avec une apparence peu spontanée. \037Tout cela s'accorde assez bien avec les données historiques et archéologiques. \037Les anciens Grecs distinguaient les Coccumelea de leur pays d'avec ceux de Syrie % d'où l'on a inféré que les premiers étaient les Prunus insititia. C'est d'autant plus vraisemblable que les Grecs modernes l'appellent Coromeleia ^. Les Albanais disent \0371. Fraaa, Syn, fl. class.^ p. 69. \0372. Heldreich, Pflanzen attischen Eàene. \0373. Steven, Verzeichniss Halbinseln, 1, p. 472. \0374. Cornes, ///. plante pompeiane. \0375. Insititia veut dire étranger. C'est un nom bizarre, puisque toute plante est étrangère ailleurs que dans son pays. \0376. Wilkomm et Lan^e, Prodr. fl. hisp., 3, p. 244 ; Bertoloni, Fl. ital. 5, p. 135; Grisebach, Sptcilegium fl. Rumel.^ p. 85; Heldreich, J^utzpfL Grie- chenlands, p. 68. \0377. Boissier, FL orient.^ 2, p. 651 ; Ledebour, Fl. ross., 2, p. o; Hoheua- cker, Plantx Talysch, p. 128 \0378. Dioscorides, /., c, 173; Fraas, /. c. \0379. De Heldreich, Nutzpflanzeii Grieche?il., p. 68. \037\035\013

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ABRICOTIER 171 \037Coromhilé *, ce qui fait supposer une ancienne origine venant des Pélasges. Du reste, il ne faut pas insister sur les noms vul- gaires des Pruniers que chaque peuple a pu donner à l'une ou à Fautre des espèces, peut-être aussi à telle ou telle variété cultivée, sans aucune règle. En général, les noms sur lesquels on a beaucoup écrit dans les ouvrages d*érudition me paraissent s'appliquer à la qualification de prune ou prunier, sans avoir un sens bien précis. \037On n'a pas encore trouvé des noyaux de Prunus insititia dans les « terramare » d'Italie, mais M. Heer en a décrit et figuré qui proviennent des palafittes de Robenhausen *. Aujourd'hui^ dans cette partie de la Suisse, l'espèce ne semble pas indigène, mais nous ne devons pas oublier que, d'après l'histoire du lin, les lacustres du canton de Zurich à l'époque de la pierre entre- tenaient des communications avec l'Italie. Ces anciens Suisses n'étaient pas difficiles sur le choix de leur nourriture, car ils récoltaient aussi les baies du Prunellier [Prunus spinosa)^ qui nous paraissent immangeables. Probablement ils les faisaient cuire, en marmelade. \037\035\013Abricotier. — Prunus Armeniaca^ Linné. — Armeniaca vul- g arts ^ Lamarck. \037Les Grecs et les Romains ont reçu l'Abricotier au commence- ment de l'ère chrétienne. Inconnu du temps de Théophraste,. Dioscoride ^ le mentionne sous le nom de mailon armeniacon. Il dit que les latins l'appelaient Praikokion. C'est effectivement un des fruits mentionnés brièvement par Pline * sous le nom de Prœcocium, motivé par la précocité de Tespèce ^. L'origine arménienne était indiquée par le nom grec, mais ce nom pou- vait signifier seulement que l'espèce était cultivée en Arménie. Les botanistes modernes ont eu, pendant longtemps, de bonnes raisons pour la croire spontanée dans ce pays. Pallas, Gùl- denstaedt et Hohenacker disaient l'avoir trouvée autour du Caucase, soit au nord, sur les rives du Terek, soit au midi, entre la mer Caspienne et la mer Noire ®. M. Boissier ^ admet ces localités, sans s'expliquer sur la spontanéité. Il a vu un échantillon recueilli par Hokenacker près d'Elisabethpol. D'un \0371. De Heldreich, /. c. \0372. Heer, Pflanzen der Pfahlbauieriy p. 27, fig. 16, c. \0373. Dioscoride?, 1. 1, c. 165. \0374. Pline, 1. 2, c. 12. \0375. Le nom latin a passé dans le erec moderne {Pinkokkia). Les noms espagnol {Albaricoque) , français {Aoricot)y etc., paraissent venir d'arbor prsecox ou Prœcociuniy tandis que les mots vieux français, Armègne, ita- lien Armenillij etc., viennent de Mailon armeniacon. Voir d'autres détails sur les noms de l'espèce dans ma Géographie bot. raisonnée, p. 880. \0376. Ledebour, FI. ro55., 2, p. 3. \0377. Boissier, FI, orient.^ 2, p. 652, \037\035\013

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172 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037autre côté, M. de Tchihatcheff *, qui a traversé l'Anatolie et FArménie à plusieurs reprises, ne parait pas avoir vu l'Abricotier sauvage, et ce qui est plus significatif encore, Karl Koch, qui a parcouru la région au midi du Caucase avec l'intention d'ob- server ce genre de faits, s'exprime de la manière suivante * : « Patrie inconnue. Du moins, pendant mon séjour prolongé en Arménie, je n'ai trouvé nulle part l'Abricotier sauvage, et même je ne l'ai vu cultivé que rarement. » \037Un voyageur, W.-J. Harailton ^, disait bien l'avoir trouvé spontané près d'Orgou et d'Outch Hisar, en Anatolie ; mais cette assertion n'a pas été vérifiée par un botaniste. \037Le prétendu Abricotier sauvage des ruines de Balbeck, décrit par Eusèbe de Salle *, est absolument différent de l'Abricotier ordinaire d'après ce qu'il dit de la feuille et du fruit. M. Boissier et les divers collecteurs qui lui ont envoyé des plantes de Syrie et du Liban ne paraissent pas avoir vu l'espèce. Spach ^ prétend qu'elle est indigène en Perse, mais sans en donner aucune preuve. MM. Boissier et Buhse ^ n'en parlent pas dans leur énu- mération des plantes de la Transcaucasie et cfe Perse. \03711 est inutile de chercher l'origine en Afrique. Les Abricotiers que Reynier ^ dit avoir vus « presque sauvages » dans la Haute Egypte devaient venir de noyaux jetés hors des cultures, comme cela se voit en Algérie *. MM. Schweinfurth et Ascherson ®, dans leur catalogue des plantes d'Egypte et Abyssinie,ne mentionnent l'espèce que comme cultivée. D'ailleurs, si elle avait existé jadis dans le nord de l'Afrique, les Hébreux et les Romains en auraient eu connaissance de bonne heure. Or il n'y a pas de nom hébreu, et Pline dit que l'introduction à Rome datait de trente années lorsqu'il écrivait son livre. \037Poursuivons notre recherche du côté de l'Orient. \037Les botanistes anglo-indiens *^ s'accordent à dire que l'Abri- cotier, généralement cultivé dans le nord de l'Inde et au Thibet, n'y est pas spontané ; mais ils ajoutent qu'il tend à se naturaliser ou qu'on le trouve sur l'emplacement de villages abandonnés. MM. Schlagintweit ont rapporté plusieurs échantillons du nord- ouest de l'Inde et du Thibet, que M. A. Wesmael ** a vérifiés; \0371. Tchihatcheff, Asie Mineure^ Botanique, vol. 1. \0372. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 87. \0373. Nouv. ann. des voyages, févr. 1839, p. 176. \0374. E. de Salle, Voyage, i, p. 140. \0375. Spach, Hist. des vég. phanérog., 1, p. 389. \0376. Boissier et Buhse, Aufzàhlung der aufeine Reise, etc, iii-4, 1860. \0377. Reynier, Economie des Egyptiens, p. 371. \0378. Munby, CataL, FI. d Algérie, p. 49 ; éd. 2. \0379. Schweinfurth et Acherson, Beitrœge zur flora éthiopiens, in-4, 1867, p. 259. \03710. Royle, ///. of Himalaya, p. 205 ; Aitchison, Catal. of Punjab and Sindh, p. 56 ; sir J. Hooker, FI. of bvit, India, 2, p. 313 ; Brandis, For^st flora of N. W. and central India, 191. \03711. Wesmael, dans Bull. Soc. bot. Belgiq., 8, p. 219. \037\035\013

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ABRICOTIER 173 \037mais, d'après ce qu'il a bien voulu m'écrire, il ne peut pas affimer la qualité spontanée, l'étiquette des collecteurs ne don- nant aucune information à cet égard. \037Roxburgh ^, qui ne négligeait pas les questions d'origine, dit en parlant de l'Abricotier ; « natif de Chine aussi bien que de l'ouest de l'Asie. » Or je lis dans le curieux opuscule du D' Bret- schneider', rédigé à Pékin, le passage suivant, qui me paraît tran- cher Ja question en faveur de l'origine chinoise ; Sing^ comme on le sait bien, est l'abricot {Prunus Armeniaca) , Le caractère (un signe chinois imprimé p. 10) n'existe, comme indiquant un fruit, ni dans le Shu-King ou les Shi-King, Gihouli, etc. ; mais le Shan-hai King dit que plusieurs Sing croissent sur les collines (ici un caractère cninois). En outre, le nem de l'abricot est représenté par un caractère particulier, ce qui peut démontrer qu'il est indigène en Chine. » Le Shan-hai-King est attribué à l empereur Yû, qui vivait en 2205-2198 avant Jésus-Christ. De- caisne ^, qui a soupçonné le premier l'origine chinoise de l'abri- cot, avait reçu récemment du Dr Bretschneider des échantillons accompagnés de la note suivante : « N" 24, Abricotier sauvage des montagnes de Peking, où il croît en abondance. Le fruit est petit (2 cent. 1/2 de diamètre). Sa peau est jaune et rouge; sa chair est jaune rougeâtre, d'une saveur acide, mais mangeable. — No 25, noyaux de l'Abricotier cultivé aux environs de Peking. Le fruit est deux fois plus gros que le sauvage *. » Decaisne ajou- tait dans la lettre qu'il avait bien voulu m'écrire : « La forme et la surface des noyaux sont absolument semblables à celles de nos petits abricots; ils sont lisses et non rugueux. » Les feuilles qu'il m'a envoyées sont bien de l'Abricotier. \037On ne cite pas l'abricotier dans la région du fleuve Amur, ni au japon ^ Peut-être le froid de l'hiver y est-il trop rigoureux. Si l'on réfléchit au défaut de communications, dans les temps anciens, entre la Chine et l'Inde, et aux assertions de Findigénat de l'espèce dans ces deux pays, on est tenté de croire au premier aperçu que la patrie ancienne s'étendait du nord-ouest de l'Inde à la Chine. Cependant, si l'on veut adopter cette hypo- thèse, il faut admettre aussi que la culture de l'Abricotier se serait répandue bien tard du côté de l'ouest. On ne lui connaît en efl"et aucun nom sancrit ni hébreu, mais seulement un nom hindou, Zard-alu, et un nom persan, Mischmisch^ qui a passé dans \037\035\0131. Roxburgh, FL ind.y éd. 2, v. 2, p. 501. \0372. Bretschneider , On the study and value of chinese works of botany^ p. 10 et 49. \0373. Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, vol. 8, article Abricotier. \0374. Le D' Bretschneider confirme ceci dans son opuscule récent : Notes on àotanical questions, p. 3. \0375. Le. Prunus At^mentaca de Thunber^ est le Pr. Mume de Sieboid et Zuccarini. L'Abricotier n'est pas mentionné dans VEnumeratio, etc, de Franchet et Savatier. \037\035\013

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174 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037l'arabe *. Comment supposer qu'un fruit aussi excellent et qui s'obtient en abondance dans l'Asie occidentale se serait répandu si lentement du nord-ouest de Tlnde vers le monde gréco- romain? Les Chinois le connaissaient deux ou trois mille ans avant l'ère chrétienne. Chang-Kien était allé jusqu'en Bactriane, un siècle avant cette ère, et il est le premier qui ait fait con- naître l'Occident à ses compatriotes *. C'est peut-être alors que l'Abricotier a été connu dans l'Asie occidentale et qu'on a pu le cultiver et le voir se naturaliser, çà et là, dans le nord-ouest de l'Inde et au pied du Caucase, par l'effet de noyaux jetés hors des plantations. \037Amandier. — Amygdalus commwwis, Linné. — Pininispecies, Bâillon. — Pruntts Amygdalus, Hooker fils. \037L'Amandier se présente, avec l'apparence tout à fait spontanée ou quasi spontanée, dans les parties chaudes et sèches de la région méditerranéenne et de l'Asie occidentale tempérée. Comme les noyaux sortis des cultures naturalisent facilement l'espèce, il faut recourir à des indications variées pour deviner la patrie ancienne. \037Ecartons d'abord l'idée d'une origine de l'Asie orientale. Les flores japonaises ne parlent pas de l'amandier. Celui que M. de Bunge a vu cultivé dans le nord de la Chine, était le Persica Davidiana ^, Le D"^ Bretschneider *, dans son opuscule classique, nous apprend gu'il n'a jamais vu l'Amandier cultivé en Chme, et que la compilation publiée sous le nom de Pent-sao, dans le x« ou XI® siècle de notre ère, le décrit comme un arbre du pays des Mahométàns, ce qui signifie le nord-ouest de l'Inde ou la Perse. \037Les botanistes anglo-indiens ^ disent que l'Amandier est cultivé dans les régions fraîches de l'Inde, mais quelques-uns ajoutent qu'il n'y prospère pas et qu'on fait venir beaucoup d'amandes de Perse ^. On ne connaît aucun nom sanscrit, ni même des langues dérivées du sanscrit. Evidemment, le nord-ouest de l'Inde est hors de la patrie originelle de l'espèce. \037Au contraire, de la Mésopotamie et du Turkestan jusqu'en Algérie, il ne manque pas de localités dans lesquelles d'excel- lents botanistes ont trouvé l'Amandier tout à fait sauvage. M. Boissier "^ a vu des échantillons recueillis dans les rocailles en \037\035\0131. Piddington, /wo^a: ; Roxburgh, FL ind.,\. c. ;Forskal, FI. Bgypt, ; De- lile, ///. Egypt. \0372. BretschDeider, On the study and value of chinese botanical works, \0373. Bretschneider, Early european researches. p. 149. \0374. Bretschneider, Study and value^ etc.,]a. 10, et Early researches^ p. 149. \0375. Brandis, Fo?^€st flora ; sir J. Hooker, FI. of brit India, 3, p. 313. \0376. Roxburgh, FI. tnd., éd. 2, vol. 2, p. 500; Royle, ///. HimaL, p. 204. \0377. Boissier, FI. or,, 3, p. 641. \037\035\013

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AMANDIER 175 \037Mésopotamie, dans TAderbijan, le Turkestan, le Kurdistan et dans les forêts de TAntiliban. Karl Koeh * ne l'a pas rencontré à l'état sauvage au midi du Caucase, ni M. de Tchihatcheff en Asie Mineure. M. Gosson * a trouvé des bois naturels d'Aman- diers près de Saïda, en Algérie. On le regarde aussi comme sauvage sur les côtes de Sicile et de Grèce '; mais là, et plus encore dans les localités où il se montre en Italie, en France ou en Espagne, il est probable ou presque certain que c'est le résultat de noyaux dispersés par hasard à la suite des cul- tures. \037L'ancienneté d'existence dans l'Asie occidentale est prouvée par le fait de noms hébreux, Sckaked, Luz ou Lus (qui est encore le nom arabe Louz), et de Schekedim, pour l'amande *. Les Persans ont un autre nom, Badam, dont j'ignore le degré d'ancienneté. Théophraste et Dioscoride ^ mentionnent l'Aman- dier sous un nom tout différent, Amugdalai^ traduit par les latins en Amygdalus, On peut en inférer que les Grecs n'avaient pas reçu l'espèce de l'intérieur de l'Asie, mais l'avaient trouvée chez eux ou au moins dans l'Asie Mineure. L'Amandier est figuré plusieurs fois dans les peintures découvertes à Pom- peia *. Pline ^ doute que l'espèce fût connue en Italie du temps de Caton, parce qu'elle était désignée sous le nom de noix grecque. Il est bien possible que l'Amandier eut été introduit des îles de la Grèce à Rome. On n'a pas trouvé d'amandes dans ies « Terramare » du Parmesan, même dans les couches supé- rieures. \037J'avoue que le peu d'ancienneté de l'espèce chez les Romains et l'absence de naturalisation hors des cultures en Sardaigne et en Espagne * me font douter de l'indigénat sur la côte septen- trionale d'Afrique et en Sicile. Ce sont plutôt, à ce qu'il semble, des naturalisations remontant à quelques siècles. A l'appui de cette hypothèse, je remarque le nom berbère de l'amande Talouzet ', qui se rattache évidemment à l'arabe Louz^ c'est-à- dire à la langue des conquérants venus après les Romains. Au contraire, dans l'Asie occidentale et même dans certains points de la Grèce, on peut regarder l'indigénat comme préhistorique, \037\035\0131. K. Koch, Detidrologie, 1, p. 80 ; Tchihatcheff, Asie Mineure, Bota- nique, 1, p. 108. \0372. Ann, des se. nat., 8érie 3, vol. 19, p. 108. \0373. Gussone, Synopsis fl, siculse^ 1, p. 552 ; de Heldreich, Nutzpflanzen Oriechenland'Sf p. 67. \0374. Hiller, Hierophyton^ 1, p. 215 ; RosenmûUer, Handb. bibl, Alterk,, 4, p. 263. \0375. Théophrastes, Hist, 1. 1, c. U, 18, etc. ; Dioscorides, 1. 1, c. 176. \0376. Schouw, Die Erde, etc.; Cornes, ///. piante nei dipinti pompeiani. p. 13.' \0377. Pline, Hist., 1. 16, c. 22. \0378. Moris, Flora Sardoa, 2, p. 5; WiUkomm et Lauge, Prodr. Fl. Jiisp., 3, p. 243. \0379. Dictionnaire français-berbère^ 1844. \037\035\013

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476 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037je ne dis pas primitif, car tout a été précédé de quelque chose. \037Notons, en terminant, que la différence des amandes douces et amères était déjà connue des Grecs et même des Hé- breux. \037\035\013Pêcher. — Amygdalus Perslca, Linné. — Persica vulgarisy Miller. — Pj^nus Persica , Bentham et Hooker. \037Je citerai Farticle * dans lequel j'avais naguère indiqué la pêche comme originaire de Chine, contrairement à l'opinion qui régnait alors et que des personnes, peu au courant de la science, continuent à reproduire. Je donnerai ensuite les faits découverts depuis 1855. \037« Les Grecs et les Romains ont reçu le Pécher à peu près au commencement de l'ère chrétienne. » Les noms de Persica^ Ma- lum persicum indiquaient d'où ils l'avaient tiré. Je ne reviens pas sur ces faits bien connus ^. \037On cultive aujourd'hui divers Pêchers dans le nord de l'Inde ^; mais, chose remarquable, on ne leur connaît aucun nom sans- crit * : d'où l'on peut inférer une existence et une culture peu anciennes dans ces régions. Roxburgh, ordinairement si explicite pour les noms indiens modernes, ne mentionne que des noms arabes et chinois. Piddington n'indique aucun nom indien, et Royle donne seulement des noms persans. \037Le Pêcher ne réussit pas ou exige de très grands soins pour réussir dans le nord-est de l'Inde ^. En Chine, au contraire, sa culture remonte à la plus haute antiquité. Il existe dans ce pays une foule dldées superstitieuses et de légendes sur les pro- priétés de diverses variétés de pêches * ; le nombre de ces va- riétés est très considérable ^; en particulier, on y trouve la \0371. Alph. de Candolle, Géogr, bot. rais,, p. 881. \0372. Theophrastes, H/«^., IV, c. IV; Dioscorides, L 1, c. CLXIV; Pline, édit. de Genève, 1. XV, c. XIII. \0373. Royle, ///. Him., p. 204. \0374. Roxburgh, FL Ina., 2» édit., II, p. 500; Piddington, Index; Royle, /. c. \0375. Sir Jos. Hooker, Joum, of bot,, 1850, p. 54. \0376. Rose, chef du commerce nuançais à Canton, les avait recueillies d'après des manuscrits chinois, et Noisette {Jard, fruit., 1, p. 76) a transcrit textuellement une partie de son mémoire. Ce sont des mits dans le genre de ceux-ci : Les Cfhinois considèrent les pêches allongées en pointe et bien rouges d'un côté comme le symbole d'une longe vie. Eji consé- quence de cette antique persuasion, ces pêches entrent dans tous les or- nements, en peinture et en sculpture, et siu'tout dans les présents de congratulations, etc. Selon le livre de Chin-noug-king, la pêche Yu prévient la mort ; si Ton n'a pas pu la manger à temps, elle préserve au moins le corps de la corruption jusqu'à la fin du monde. On cite toigours la pêche dans les fruits d'immortalité dont on a bercé les espérances de Tsmchi-Hoang, de Vouty, des Han et autres empereurs qui prétendaient à l'immortalité, etc. \0377. Lindley, Trans. hort, soc, V, p. 121. \037\035\013

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PÉCHER 177 \037forme singulière de la pêche déprimée *, qui parait s'éloigner plus qu'aucune autre de l'état naturel de l'espèce; enfin, un nom simple, celui de 7b, est donné à la pêche ordinaire *. \037« D'après cet ensemble de faits, je suis porté à croire que le Pécher est originaire de Chine plutôt que de l'Asie occidentale. S'il avait existé de tout temps en Perse ou en Arménie, la con- naissance et la culture d'un arbre aussi agréable se seraient répandues plus tôt dans l'Asie Mineure et la Grèce. L'expédition d'Alexandre est probablement ce qui l'avait fait connaître à Théophraste (322 avant J.-C.) , lequel en parle comme d'un fruit de Perse. Peut-être cette notion vague des Grecs remonte- t-elle à la retraite des Dix mille (401 avant J.-G.) ; mais Xéno- phon ne mentionne pas le Pêcher. Les livres hébreux n'en font aussi aucune mention. Le Pêcher n'a pas de nom en sanscrit, et cependant le peuple parlant cette langue était venu dans l'Inde du nord-ouest, c'est-à-dire de la patrie ordinairement pré- sumée pour l'espèce. En admettant cette patrie, comment expli- quer que ni les Grecs des premiers temps de la Grèce, ni les Hébreux, ni le peuple parlant sanscrit, qui ont tous rayonné de la région supérieure de l'Euphrate ou communiqué avec elle, n'auraient pas cultivé le Pêcher ? Au contraire, il est .très possi- ble que des noyaux d'un arbre fruitier cultivé de toute ancien- neté en Chine aient été portés, au travers des montagnes, du centre de l'Asie en Cachemir, dans la Bouckarie et la «Perse. Les Chinois avaient découvert cette route depuis un temps très reculé. ^L'importation aurait été faite entre l'époque de l'émi- gration sanscrite et les relations des Perses avec les Grecs. La culture du Pêcher, une fois établie dans ce point, aurait mar- ché facilement, d'un côté vers l'occident, de l'autre, par le Caboul, vers le nord de l'Inde, où elle n'est pas très ancienne. \037« A l'appui de l'hypothèse d'une origine chinoise, on peut ajouter que le Pêcher a été introduit de Chine en Cochinchine ^, et que les Japonais donnent à la pêche le nom chinois de Tao *. M. Stanislas Julien a eu l'obligeance de me lire en français quelques passages de V Encyclopédie japonaise (liv. LXXXVI, p. 7), où le Pêcher Tao est dit un arbre des contrées occidentales, chose qui doit s'entendre des parties intérieures de la Chine, rela- tivement à la côte orientale, puisque le fragment est tiré d'un auteur chinois. Le Tao est déjà dans les livres de Confucius, au V® siècle avant l'ère chrétienne, et même dans le Rituel, du x« siècle avant Jésus-Christ. La qualité de plante spontanée \037i. Trans. horU soc. Lond., IV, p. 512, tab. 19. \0372. Roxburgh, /. c. \0373. Loureiro, FL coch,, p. 386. \0374. Kœmpfer, Amoen., p. 798 ; Thunber^, FI. Jap,, p. 199. \037Kœmpfer et Thunberg indiquent aussi le nom de Momu, mais M. de Siebola (F/. Jap., i, p. 29) attribue un nom assez semblable, Mume^ à an Prunier, Prunus Mume, Sieb. et Z. \037De Gândolle. 12 \037\035\013

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178 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037n'est pas spécifiée dans V Encyclopédie dont je viens de parler; mais, à cet égard, les auteurs chinois sont peu attentifs. \037Après quelques détails sur les noms vulgaires de la pêche dans diverses langues, je disais : « L'absence de noms sanscrits et hébreux reste le fait le plus important, duquel on peut inférer une introduction dans l'Asie occidentale venant de plus loin, c'est-à-dire de Chine. » \037« Le Pécher a été trouvé spontané dans plusieurs points de l'Asie; mais on peut toujours se demander s'il y était d'origine primitive, ou par le fait de la dispersion des noyaux provenant de pieds cultivés . La question est d'autant plus nécessaire que ces noyaux germent facilement et que plusieurs des modifica- tions du Pêcher sont héréditaires **. Des pieds en apparence spontanés ont été trouvés fréquemment autour du Caucase. Pallas * en a vu sur les bords du Terek, où les habitants lui donnent un nom qu'il dit persan, Scheptala^. Les fruits en sont velus, âpres (austeri), peu charnus, à peine plus gros que ceux du Noyer; la plante petite. Pallas soupçonne que cet arbuste provient de Pêchers cultivés. Il ajoute qu'on le trouve en Crimée, au midi du Caucase et en Perse; mais Marshall Bieberstein, C.-A. Meyer et Hohenacker n'indiquent pas de Pécher sauvage autour du Caucase. D'anciens voyageurs, Gmelin, GûldenstaBdt et Georgi, cités par Ledebour, en ont parlé. C. Koch * est le seul botaniste moderne qui dise avoir trouvé le Pêcher en abondance dans les provinces caucasiennes. Ledebour ajoute cependant avec prudence : Est-il spontané? Les noyaux que Bruguière et Olivier avaient apportés d'Ispahan, qui ont été semés à Paris et ont donné une bonne pêche Velue, ne venaient pas, comme le disait Bosc ^, d'un Pêcher sauvage en Perse, mais d'un arbre des jardins d'Ispahan ®. Je ne connais pas de preuves d'un Pé- cher trouvé sauvage en Perse, et, si des voyageurs en indiquent, on peut toujours craindre qu'il ne s'agisse d'arbres semés. Le docteur Royle ^ dit que le Pêcher croît sauvage dans plusieurs endroits du midi de l'Himalaya, notamment près de Mussouri; mais nous avons vu que^dans ces régions la culture n'en est pas ancienne, et ni Roxburgh ni le Flora nepalensis de Don n'indi- quent de Pêcher sauvage. M. Bunge • n'a trouvé dans le nord de la Chine que des pieds cultivés. Ce pays n'a guère été exploré, et les légendes chinoises semblent indiquer quelquefois des Pé- \037\035\0131. Noisette, Jard. fr., p. 77 ; Trans. Soc, hort. Lond., IV, p. 513. \0372. Pallas, FI. ross., p. 13. \0373. Shuft-aloo (prononcez Schouft-alou), est le mot persan de la pêche lisse, d'après Royle (///. Him., p, 204). \0374. Ledebour, fV. ross, 1, p. 3. Voir, p. 18J, l'opinion subséquente de Koch. \0375. Bosc, Dict, d'agr., IX, p. 481. \0376. Thouin, Ann. Mus,, VUl, p. 433. \0377. Royle, IlL Him., p. 204. \0378. Bunge, Enum, plant, chin., p. 23. \037\035\013

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PÉCHER 179 \037chers spontanés. Ainsi, le Ckou-y-ki, d'après l'auteur cité pré- cédemment, porte : « Quiconque mange des pêches de la mon- tagne de Kouoliou obtient une vie éternelle. » Pour le Japon, Thunberg * dit ; « Grescit ubique vulgaris, praecipue juxta Nagasaki. In omni horto colitur ob elegantiam florum. » Il semble, d'après ce passage, que l'espèce croît hors des jardins et dans les jardins: mais peut-être il s'agit seulement, dans le premier Cas, de Pêchers cultivés en plein vent. \037« Je n'ai rien dit encore de la distinction à établir entre les dif- férentes variétés ou espèces de Pêchers. C'est que la plupart sont cultivées dans tous les pays, du moins les catégories bien tran- chées que l'on pourrait considérer comme des espèces botani- ques. Ainsi la grande distinction des pêches velues et des pèches lisses, sur laquelle on a proposé deux espèces (Persica vulgaris, Mill, et P, lœvis^ D G.) se trouve au Japon * et en Europe, ainsi que dans la plupart des pays intermédiaires^. On accorde moins d'importance aux distinctions fondées sur l'adhérence ou non- adhérence de la peau superficielle, sur la couleur blanche, jaune ou rouge de la chair, et sur la forme générale du fruit. Les deux grandes catégories de pêches, velues et lisses, offrent la plupart de ces modifications, et cela en Europe, dans l'Asie occidentale et probablement en Chine. Il est certain que dans ce dernier pays la forme varie plus qu'ailleurs, car on y voit, comme en Europe, des pèches allongées, et de plus des pêches dont je parlais tout à l'heure, qui sont entièrement dépri- mées, où le sommet du noyau n'est pas même recouvert de chair*. La couleur y varie aussi beaucoup ^. En Europe, les variétés les plus distinctes , en particulier les pêches lisses et velues, à noyau adhéreat ou non adhérent, existaient déjà il y a trois siècles, car J. Bauhin les énumère avec beau- coup de clarté ^, et avant lui Dalechamp, en 1587, indiquait aussi les principales '. A cette époque, les pêches lisses étaient appelées Nucipersica^ à cause de leur ressemblance de forme, de grosseur et de couleur avec le fruit du Noyer. C'est dans le même sens que les Italiens les appellent encore Pescanoce, \037« J'ai cherché inutilement la preuve que cette pêche lisse existât chez les anciens Romains. Pline *, qui mélange dans sa compilation des Pêchers, des Pruniers, le Laurus Persea et d'autres arbres peut-être, ne dit rien qui puisse s'entendre d'un \0371. Thunberg, FI. Jap., p. 199. \0372. Thunberg, FL Jap,,^. 199. \0373. Les relations sur la Chine, que j'ai consultées, ne parlent pas de la pêche lisse ; mais^ comme elle existe au Japon, il est infiniment probable qu'elle est aussi en Chine. \0374. Noisette, /. c; Trans, Soc, hort,, IV, p. 512, tab. 19. \0375. Lindley, Trarts. hort. Soc, V, p. 122. Q. J. Bauhin, Hist., 4, p. 162 et 163. \0377. Dalechamp, Hist., 1, p. 295. \0378. Pline, 1. XV, ch. 12 et 13. \037\035\013

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180 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037fruit pareil. On a cru quelquefois le reconnaître dans les Tuberes dont il parle *. C'était un arbre apporté de Syrie du temps d'Au- guste. 11 y avait des Tuberes blanches et des rouges. D'autres (Tuberes? ou Mala?) des environs de Vérone étaient velues. Le reste du chapitre paraît concerner les Mala seulement. Des vers élégants de Pétrone, cités par Dalechamp 2, prouvent clairement que les Tuberes des Romains du temps de Néron étaient un fruit glabre; mais ce pouvait être le Jujubier (Zizyphus), le Diospyros^ ou quelque Crataegus, aussi bien que le Pêcher à fruit lisse. Cha- que auteur, à l'époque de la Renaissance, a eu son opinion à cet égard ou s'est mis à critiquer l'assertion des autres ^. Peut-être y avait- il des Tuberes de deux ou trois espèces, comme le dit Pline, et Tune d'elles, qui se greffait sur les Pruniers *, était-elle la pêche lisse? Je doute qu'on puisse jamais éclaircir cette ques- tion ^, \037« En admettant même que le Nuciperslca eût été introduit en Europe seulement au moyen âge, on ne peut se refuser à cons- tater le mélange dans les cultures européennes depuis plusieurs siècles, et au Japon depuis un temps inconnu, de toutes les qua- lités principales de pêches. Il semble que ces qualités diverses se soient produites partout au moyen d'une espèce primitive, qui aurait été la pêche velue. S'il y avait eu d'origine deux espèces, ou elles auraient été dans des pays différents, et leur culture se serait établie séparément, ou elles auraient été dans le même pa^'s, et dans ce cas il est probable que les anciens transports auraient introduit ici une des espèces, ailleurs l'autre. » \037J'insistais, en 1855, sur d'autres considérations pour appuyer l'idée que la pèche lisse ou Brugnon (Nectarine des Anglais) est issue du Pêcher ordinaire; mçiis Darwin a cité un si grand nombre de cas dans lesquels une branche de Nectarine est sortie tout à coup d'un Pêcher à fruit velu, qu'il est inutile d'en parler davantage. J'ajouterai seulement que le Rrugnon a toutes les apparences d'un arbre factice. Non seulement on ne l'a cas trouvé sauvage, mais il ne se naturaUse pas hors des jardins, et chaque pied dure moins que les Pêchers ordinaires. C'est une forme affaiblie. \037« La facilité, disais-je, avec laquelle nos Pêchers se sont mul- tipliés de semis en Amérique et ont donné, sans le secours de la greffe, des fruits charnus, quelquefois très beaux, me fait croire que l'espèce est dans un état naturel, peu altéré par une \0371. Pline, Dediv. gen, maloimm, 1. 2, c. 14. \0372. Dalechamp, Hist., 1, p. 358. \0373. Dalechamp, /. c; Malthioli, p. 122; Cflesalpinua, p. 107; J. Bauhin, p. 163, etc. \0374. PJine, 1. 17, c. 10. \0375. Je u'ai pas pu découvrir un nom italien de fruit glabre ou autre qui dérive de tuber ou tuberes. C'est une chose singulière, car, en général,, les anciens noms de fruits se sont conservés sous quelque forme. \037\035\013

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PÊCHER 181 \037longue culture ou par des fécondations hybrides. En Virginie et dans les Etats voisins, on a des pêches provenant d'arbres semés, non greffés, et leur abondance est si grande qu'on est obligé d'en faire de Teau-de-vie *. Sur quelques pieds, les fruits sont magnifiques *. A Juan-Fernandez, dit Bertero ', le Pêcher est si abondant, qu'on ne peut se faire une idée de la quantité de fruits qu'on en récolte ; ils sont en général très bons, malgré l'état sauvage dans lequel ils sont retombés. D'après ces exemples, il ne serait pas surprenant que les Pêchers sau- vages, à fruits médiocres, trouvés dans l'Asie occidentale, fus- sent tout simplement des pieds naturalisés sous un climat peu favorable, et que l'espèce fût originaire de Chine, où la culture paraît la plus ancienne. » \037Le Dr Bretschneider *, entouré à Peking de toutes les res- sources de la littérature chinoise, après avoir lu ce qui précède, s'est contenté de dire : « Tao est le Pêcher. De Candolle pense que la Chine est le pays natal de la Pêche. Il peut avoir raison (He maybe right). » \037L'ancienneté d'existence et la spontanéité de l'espèce dans l'Asie occidentale sont devenues plus douteuses qu'en 1855. Les botanistes anglo-indiens parlent du Pêcher comme d'un arbre uniquement cultivé % ou cultivé et se naturalisant dans le nord- ouest de l'Inde, avec une apparence spontanée ®. M. Boissier ' cite des échantillons recueillis dans le Ghilan et au midi du Caucase, mais il n'affirme rien quant à la qualité spontanée, et Karl Koch *, après avoir parcouru cette région, dit en parlant du Pêcher : « Patrie inconnue, peut-être la Perse. » M. Boissier a vu des pieds qui se sont établis dans les gorges du mont Hymette, près d Athènes. \037Le Pêcher se répand avec facilité dans les pays où on le cul- tive, de sorte qu'on a de la peine à savoir si tel individu est d'origine naturelle, antérieure à la culture, ou s'il est naturalisé; mais c'est en Chine qu'on a certainement commencé à le planter; c'est là qu'on en a parlé deux mille ans avant l'introduction •dans le monde gréco-romain, un millier d'années peut-être avant l'introduction dans les pays de langue sanscrite. \037Le groupe des Pêchers (genre ou sous-genre) se compose maintenant de cinq formes, que Decaisne ^ considérait comme -des espèces, mais que d'autres botanistes appelleront volontiers \0371. Braddick, Trans. hort. Soc, Lond,y 2, p. 205. \0372. Ibid., pi. 13, \0373. Bertero, dans Ann. se. nat., XXI, p. 350. \0374. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical work., sp. 10. \0375. Sir J. Hooker, FL ofbrit. India, 2, p. 313. \0376. Brandis, Forest flora, etc., p. 191. \0377. Boissier, Flora orientalis, 2, p. 640. \0378. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 83. \037"9. Decaisne, Jardin fruitier au Muséum, Pêchers, p. 42. \037\035\013

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182 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037des variétés. L'une est le Pécher ordinaire, la seconde est le Pécher à fruit lisse, que nous jsavons être issu du premier; la troisième est le Pécher à fruit déprimé {P . platycarpa^ Decaisne). cultivé en Chine, et les deux dernières sont indigènes en Chine {P. Simonii^ Decaisne, et P, ûavidii^ Carrière) ; c'est donc un groupe essentiellement de Chine. \037Il est difficile, d'après cet ensemble de faits, de ne pas ad- mettre pour le Pécher ordinaire l'origine chinoise que j'avai& supposée jadis d'après des documents moins nombreux. L'ar- rivée en Italie au commencement de Tère chrétienne est con- firmée aujourd'hui par Tabsence de noyaux de pêches dans le& terramare, ou habitations lacustres de Parme et de Lombardie, et par la présence du Pêcher dans les peintures des maison» riches de Pompeia *. \037lime reste à parler d'une opinion émise autrefois par A. Knight et soutenue par plusieurs horticulteurs, que le Pécher serait une modification de l'Amandier. Darwin ^ a réuni les documents à l'appui de cette idée, sans oublier d'en citer un qui lui a paru contraire. Cela se résume en : 1° une fécondation croisée, qui a donné à Knight des résultats assez douteux; 2° des formes intermédiaires, quant à l'abondance de la chair et au noyau, obtenues de semis de pêches ou, par hasard, dans les cultures, formes dont la pêche-amande est un exemple connu depuis longtemps. Decaisne ^ signalait des différences entre l'Aman- dier et le Pêcher dans la taille et dans la longueur des feuilles, indépendamment des noyaux. Il traite l'idée de Knight de « sin- gulière hypothèse ». \037La géographie botanique est contre cette hypothèse , car l'Amandier est un arbre originaire de l'Asie occidentale, qui n'existait pas autrefois dans le centre du continent asiatique et dont l'introduction en Chine, comme arbre cultivé, ne remonte pas au delà de l'ère chrétienne. Les Chinois, de leur côté, possé- daient, depuis des milliers d'années, différentes formes du Pêcher ordinaire et en outre les deux formes spontanées dont j'ai parlé. L'Amandier et le Pêcher étant partis de deux régions très éloignées l'une de l'autre, on ne peut guère les considérer comme une même espèce. L'un était cantonné en Chine, l'autre en Svrie et Anatolie. Le Pêcher, après avoir été transporté de Chine dans l'Asie centrale et, un peu avant l'ère chrétienne, dans l'Asie occidentale, ne peut pas avoir produit alors l'Amandier, puisque ce dernier arbre existait déjà dans le pays des Hébreux. Et, si l'Amandier de l'Asie occidentale avait produit le pêcher, com- ment celui-ci se serait-il trouvé en Chine à une époque très reculée, tandis qu'il manquait au monde gréco-romain? \0371. ComeSf Illustr, piante nei dipinti Pompeiani, ])» 14. \0372. Darwin, On variationSy etc, 1, p. 338. \0373. Decaisne, /. c, p. 2. \037\035\013

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POIRIER COMMUN 183 \037' Poirier coQimun. — Pyrus communis Linné. \037Le Poirier se montre à Tétat sauvage dans toute l'Europe tempérée et dans TAsie occidentale, en particulier en Anatolie, au midi du Caucase et dans la Perse septentrionale *, peut-être même dans le Gachemir, mais ceci est très douteux ^. Quelques vauteurs admettent que l'habitation s'étend jusqu'en Chine. Gela tient à ce qu'ils considèrent le Pyrus sinensis, Lindley, comme appartenant à la même espèce. Or l'inspection seule des feuilles, où les dentelures sont terminées par une soie fine, m'a convaincu de la diversité spécifique des deux arbres ^. \037Notre Poirier sauvage ne diffère pas beaucoup de certaines variétés cultivées. Il a un fruit acerbe, tacheté, de forme amincie dans le bas ou presque sphérique, sur le même pied *. Pour beaucoup d'autres espèces cultivées, on a de la peine à distinguer les individus venant d'une origine sauvage de ceux que le hasard des transports de graines a fait naître loin des habitations. Dans le cas actuel, ce n'est pas aussi difficile. Les Poiriers se trouvent souvent dans les forêts, et ils atteignent une taille élevée, avec toutes les conditions de fertilité d'une plante indigène ^. Voyons cependant si, dans la vaste étendue qu'ils occupent, on peut soup- çonner une existence moins ancienne ou moins bien établie dans certaines contrées que dans d'autres. \037On ne connaît aucun nom sanscrit pour la poire, d'où il est permis d'affirmer que la culture dans le nord-ouest de l'Inde date d'une époque peu ancienne, et que l'indication, d'ailleurs trop vague, de pieds spontanés dans le Gachemir, n'a pas d'impor- tance. Il n'y a pas non plus de noms hébreux ou araméens ^, mais cela s'explique par le fait que le Poirier ne s'accommode pas des pays chauds dans lesquels ces langues étaient parlées. \037Homère , Théophraste et Discoride mentionnent le Poirier sous les noms d'Ocknai, Apios ou Ackras, Les Latins l'appelaient Pirus ou Pyrus ^, et ils en cultivaient un grand nombre de \0371. Ledebour, FI. ross., 2, p. 94; et surtout Boissier, FI, orient, , 2, p. 653, qui a vérifié plusieurs échRUtillons. • \0372. Sir J. Hooker, FI. brit. India, 2, p. 374. \0373. Le P. sinensis décrit par Lindley est mal figuré quant aux dentelures des feuilles dans la planche du Botamcal register^ et au contraire parfîûtement bien dans celle du Jardin fruitier du Muséum, de Decaisne. G est la même espèce que le P. ûssuriehsis, Maximowicz, de l'Asie orientale. \0374. 11 est figuré très bien dans le nouveau Duhamel, 6, pi. 59, et dans Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, pi. \, fig. B et G. Le P. Balansx, pi. 6, du môme ouvrage, paraît semblable, selon l'observation de M. Bois- sier. \0375. G'est le cas, par exemple, dans les forêts de la Lorraine, d'après les observations de Godron, De l'origine probable des Poiriers cultivés, br. in-^ 8% 1873, p. 6. \0376. RosenmûUer, Bibl, Altertk.^Lb-w, Àramaeische Pflanzennamen, 1881. \0377. L'orthographe Pyrus, adoptée par Linné, se trouve dans Pline, ffis' toria, ed, 1631, p. 301. Quelques botanistes ont voulu raffiner en écrivant Pirus, et il en résulte que, pour une recherche dans un livre moderne, il faut consulter l'index dans deux endroits, ou risquer de croire que les \037\035\013

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184 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037variétés, du moins à l'époque de Pline. Les peintures murales de Pompeia montrent souvent cet arbre avec son fruit *. \037Les lacustres de Suisse et d'Italie récoltaient les pommes sauvages en grande quantité , et dans ces provisions il s'est trouvé quelquefois, mais rarement, des poires. M. Heer en a figuré une des stations de WangenetRobenhausen, sur laquelle on ne peut se méprendre. C'est un fruit aminci dans le bas, ayant 28 millimètres de long et i 9 de large, coupé longitudinalement de manière à montrer une chair fort peu épaisse autour de la partie cartilagineuse centrale ^. On n'en a pas trouvé dans les stations du lac du Bourget, en Savoie. Dans celles de Lombardie, le professeur Ragazzoni ' a trouvé une poire, coupée en long, ayant 25 millimètres sur 16. Elle était à Bardello, dans le lac de Varèse. Les poires sauvages figurées dans le Nouveau Duhamel ont 30-33 millimètres, sur 30-32, et celles du Laristan, figurées dans le Jardin fruitier du Muséum sous le nom de P, Balansae^ qui me paraissent de la même espèce et d'origine bien spontanée, ont 26-27 millimètres sur 24-25. Dans ces poires sauvages ac- tuelles la chair est un peu plus épaisse, mais les anciens lacus- tres avaient fait sécher leurs fruits après les avoir coupés en long, ce qui doit en avoir diminué l'épaisseur. Les stations indiquées n'accusent la connaissance ni des métaux ni du chanvre ; mais, vu leuréloignement de localités plus civilisées des temps anciens, surtout lorsqu'il s'agit de la Suisse, il est possible que les restes découverts ne soient pas antérieurs à la guerre de Troie ou à la fondation de Rome. \037J'ai cité trois noms de l'ancienne Grèce et un nom latin, mais il y en a beaucoup d'autres : par exemple, en arménien et géorgien, Pauta; en hongrois, Vatzkor; dans les langues slaves, Gruscha (russe), Brusska (bohème), Ki^uska (illyrien). Des noms analogues au Pyrus des Latins se trouvent dans les langues celtiques :Feir ^irlandais), Per (cymrique et armoricain) *. Je laisse les linguistes laire des conjectures sur l'origine plus ou moins aryenne de plu- sieurs de ces noms et du Bim des Allemands, mais je note leur diversité et multiplicité comme un indice d'existence fort ancienne de l'espèce depuis la mer Caspienne jusqu'à l'Atlantique. Les Aryas n'ont sûrement pas emporté dans leurs migrations vers l'ouest des poires ou des pépins de poires ; mais, s'ils ont retrouvé en Europe un fruit qu'ils connaissaient, ils lui auront donné le nom ou les noms usités chez eux, tandis que d'autres noms an- Poiriers ne soDt pas dans Touvrage. £a tout cas le nom des anciens est un nom vulgaire, mais le nom vraiment botanique est celui de Linné, fon- dateur de la nomenclature adoptée, et Linné a écrit Pyrus. \0371. Comès, ///. piante dipinii Pompeiani, p. 59. \0372. Heer, Pfahlbauten, p. 24, 26, fig. 7. \0373. Sordelli, Notizie staz. lacustre ai Lagozza, p. 37. \0374. Nemnich, Polyglott. Lexicon Naturgesch.; Ad. Pictet, Origines indo-euro» péennes, 1, p. 277; et mon Dictionnaire manuscrit de noms vulgaires. \037\035\013

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POIRIER SAUGER 188 \037térieurs ont pu continuer dans quelques pays. Comme exemple de ce dernier cas, je citerai deux noms basques du Poirier, Udarea et Madaria *, qui n'ont aucune analogie avec les noms asiatiques ou européens déjà connus. Les Basques étant proba- blement des Ibères subjugués et refoulés vers les Pyrénées par les Celles, l'ancienneté de leur langue est très grande, et, pour l'espèce en question, il est clair qu'ils ri'ont pas reçu les noms des Celtes ou des Romains. \037En définitive, on peut regarder l'habitation actuelle du Poirier de la Perse septentrionale à la côte occidentale de l'Europe tem- pérée , principalement dans les régions montueuses , comme préhistorique et même antérieure à toute culture. Il faut ajouter néanmoins que dans le nord de l'Europe et dans les îles britan- niques la fréquence des cultures a dû étendre et multiplier des naturalisations d'une époque relativement moderne, qu'on ne peut guère distinguer maintenant. \037Je ne saurais me ranger à l'hypothèse de Godron , que les nombreuses variétés cultivées proviennent d'une espèce asiatique inconnue *. Il semble qu'elles peuvent se rattacher, comme le dit Decaisne, au P. communis ou au P. nivalis^ dont je vais parler, en admettant les effets de croisements accidentels, de la culture et d'une longue sélection. D'ailleurs on a exploré l'Asie occi- dentale assez complètement pour croire qu'elle ne renferme pas d'autres espèces que celles déjà décrites. \037Poirier Sauger. — Pyrus nivalis, Jacquin. \037On cultive en Autriche, dans le nord de l'Italie et dans plusieurs départements de l'est et du centre de la France, un Poirier qui a été nommé par Jacquin Pyrus nivalis ^, à cause du nom allemand Sckneebirn, motivé par l'usage des paysans autrichiens d'en consommer les fruits quand la neige couvre les montagnes. On le nomme en France Poirier Sauger^ parce que les feuilles ont en dessous un duvet blanc qui les fait ressembler à la Sauge. Decaisne * regardait toutes les variétés de Saugers comme dérivant du Pyrus Kotschyana , Boissier ^ , qui croît spontanément dans l'Asie Mineure. Celui-ci prendrait alors le nom de nivalisy qui est le plus ancien. \037Les Saugers cultivés en France pour faire du poiré sont de- venus sauvages, çà et là, dans les forêts ^ Ils constituent la \0371. D'après une liste de noms de plantes communiquée par M. d'Abadie à M. le professeur Clos, de Toulouse. \0372. Godron, l. c, p. 28. \0373. Jacquin, tlora austriaca, 2, p. 4, pi. 107. \0374. Decaisne, Jardin fruitier du Muséum, Poiriers, pi. 21. \0375. Decaisne, ibid.^ pi. 18, et introduction, p. 30. Plusieurs variétés de Saugers, dont quelques-unes ont de gros fruits, sont figurées dans le même ouvrage. \0376. Boreau, Flore du centre de la France, éd. 3, v. 2, p. 236. \037\035\013

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186 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037masse des Poiriers dits à cidre, qui se distinguent par la saveur acerbe du fruit, indépendamment des caractères de la feuille. \037Les descriptions des Grecs et des Romains sont trop impar^ faites pour qu'on puisse constater s'ils possédaient cette espèce. On peut le présumer cependant, puisqu'ils faisaient du cidre K \037Poirier de Chine. — Py rus sinensls JÂndley *. \037J'ai déjà mentionné cette. espèce, voisine du Poirier commun, qui est sauvage en Mongolie et Manchourie ' et qu'on cultive soit en Chine soit en Japon. \037Son fruit, plus beau que bon, est employé pour compotes. Il est trop nouveau dans les jardins européens pour qu'on' ait cher- ché à le croiser avec nos espèces, ce qui arrivera peut-être sans qu'on le veuille. \037Pommier. — Pyrus Malus, Linné. \037Le Pommier se présente à l'état sauvage dans toute l'Europe (à l'exception de l'extrême nord), dans l'Anatolie, le midi du Caucase et la province persane de Ghilan *. Près de Trébizonde, le botaniste Bourgeau en a vu toute une petite forêt ^. Dans les montagnes du nord-ouest de l'Inde, il parait sauvage (appa- rently wild), selon l'expression de sir J. Hooker, dans sa flore de l'Inde anglaise. Aucun auteur ne le mentionne en Sibérie, en Mongolie ou au Japon ^. \037En Allemagne, on trouve deux formes spontanées, l'une à feuilles et ovaires glabres, l'autre à feuilles lameuses en dessous, et Koch ajoute que cette pubescence varie beaucoup '. En France, des auteurs très exacts signalent aussi deux variétés spontanées^ mais avec des caractères qui ne concordent pas complètement avec ceux de la flore d'Allemagne ^ Cette diversité s'expliquerait si les arbres spontanés dans certaines provinces proviennent dé variétés cultivées, dont les pépins auraient été dispersés. Là question qui se présente est donc de savoir jusqu'à quel degré \0371. Palladius, De re imstica^ L 3, c. 25. On employait pour cela « Pîra sylvestria, vel asperi generis. » \0372. Le Goignassier de Chine avait été appelé par Thouin Pyrus sinensis. Malheureusement Lindley a donné le même nom à un véritable Pyrus. \037^ 3. Decaisne [Jardin fruitier du Muséum^ Poiriers, pi. 5) a vu des échan- tillons de ces deux pays. MM. Franchet et Savatier rindiquent, au Japoo^ seulement comme cultivé. \0374. Nyman, Conspectus florx europesp, p. 240; Ledebour, Flora ro$sicay. 2, p. 96; Boissier, Flora orient. ^ 2, p. 656; Decaisne, Nouvelles Arch. Mus, 10, p, 153. \0375. Boissier, /. c. \0376. Maximowicz, Primitix ussur. ; Regel, Opit florin etc, sur les plantes de rUssuri, de Maak; Schmidt, Reisen Amur; Franchet et Savatier, Enum. Jap., n'en parlent pas. Bretschneider cite un nom chinois qu'il dit s'appli- quer à d'autres espèces. \0377. Koch, Synopsis fl. germ,^ 1, p. 261. \0378. Boreau, Flore du centre de la France , éd. 3, vol. 2, p, 23t>. \037\035\013

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POMMIER 187 \037respèce est probablement ancienne et originelle en divers pays, et s il n'y a pas une patrie plus ancienne- que les autres, étendue graduellement par des semis accidentels de formes altérées par des croisements et par la culture. \037Si l'on demande dans quel pays on à trouvé le Pommier avec l'apparence la plus indigène, c'est la région de Trébizonde au Ghilan qu'il faut citer. La forme qu'on y rencontre sauvage est à feuilles laineuses en dessous, à pédoncule court et fruit doux *, qui répond au Malus communis de France, décrit par Boreau. Voilà un indice que la patrie préhistorique s'étendait de la mer Caspienne jusque près de TEurope. \037Piddington citait, dans son Index, un nom sanscrit pour le Pommier, mais Adolphe Pictet * nous apprend que ce nom^ S^ba, est industani et provient du persan Sêb, Sêf, L'absence de nom plus ancien dans l'Inde fait présumer que la culture^ actuellement fréquente, dans le Cacnemir et le Thibet, et sur- tout celle dans les provinces du nord-ouest ou du centre de l'Inde sont plus anciennes. Le Pommier n'était probablement connu que des Aryas occidentaux. \037Ceux-ci ont eu, selon toute probabilité, un nom basé sur Aô, Af^ Av, Ob, car on remarque ce radical dans plusieurs langues européennes d'origine aryenne. Ad. Pictet cite : en irlandais Abatl, Ubhal;en cymrique, Afal; en armoricain, Aval; en ancien allemand, Aphal; en anglo-saxon, Appel; en Scandinave, Apli% en lithuanien, Obolys;en ancien slave, Iabluko;en russe, /aô/oA:o. Il semble, d'après cela, que les Aryas occidentaux, ayant trouvé le Pommier sauvage ou déjà naturalisé dans le nord de l'Europe, auraient conservé le nom sous lequel ils le connaissaient. Les Grecs ont dit Mailea ou Maila, les Latins Malus, Malum^ mots d'une origine fort incertaine, dit Ad. Pictet. Les Albanais, qui remontent aux Pélasges, disent Mole ^. Théophraste * mentionne des Maila sauvages et cultivés. Je citerai enfin un nom tout par- ticulier des Basques (anciens Ibères?), Sagara, qui fait supposer une existence en Europe antérieure aux invasions aryennes. \037Les habitants des « terramare » de Parme et des palafittes des lacs de Lombardie, de Savoie et de Suisse faisaient grand usage des pommes. Ils les coupaient toujours en long et les con- servaient desséchées, comme provisions pour l'hiver. Les échan- tillons sont souvent carbonisés, à la suite d'incendies, mais on reconnaît d'autant mieux alors la structure interne du fruit. M. Heer ^, qui a montré une grande sagacité dans l'observation de ces détails, distingue dans les pommes des lacustres suisses, d'une époque où ils n'avaient pas de métaux, deux variétés \0371. Boissier, l, c. \0372. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, 1, p. 276. \0373. De Heldreich, Nutzpflanzen GriechenlanS^ p. 64 \0374. Théophraste, De causis, 1. 6, cap. 24. \0375. Heer, Pfahlbauten, p. 24. f. 1-7. \037\035\013

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188 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037quant à la grosseur. Les plus petites ont un diamètre longitu- dinal de 15 à 24 millimètres et environ 3 millimètres de plus en travers (à Tétat séché et carbonisé) ; les plus grosses, 29 à 32 millimètres sur 36 de large (à Tétat séché, non carbonisé). Ces dernières répondent à une pomme des vergers de la Suisse aile* mande appelée aujourd'hui Campaner. Les pommes sauvages en Angleterre, flgurées dans YEnglish botany^ pi. 179, ont 17 milli- mètres de hauteur sur 22 millimètres de largeur. Il est possible que les petites pommes des lacustres fussent sauvages ; cependant leur abondance dans les provisions peut en faire douter. M. le D"^ Gross m'a communiqué deux pommes des palafittes moins anciens du lac de Neuchâtel, qui ont (à Fétat carbonisé) Tune 17, Tautre 22 millimètres de diamètre longitudinal. A Lagozza, en Lombardie, M. Sordelli * indique pour une pomme 17 milli- mètres de long sur 19 de large, et pour une autre 19 sur 27. Dans un dépôt préhistorique du lac de Varèse, à Bardello, M. Ragazzoni a trouvé une pomme un peu plus grosse que les autres parmi celles d'une provision. \037D'après l'ensemble de ces faits, je regarde l'existence du Pom- mier en Europe, à l'état sauvage et à l'état cultivé, comme pré- historique. Le défaut de communications avec l'Asie avant les invasions aryennes fait supposer que l'arbre était aussi indigène en Europe que dans l'Anatolie, le midi du Caucase et la Perse septentrionale, et que la culture a commencé partout ancien- nement. \037Cognassier. — Cydonia vulgaris^ Persoon. \037Il est spontané, dans les bois, au nord de la Perse, près de la mer Caspienne, dans la région au midi du Caucase et en Anato- lie ^.Quelques botanistes Pont recueilli aussi en Crimée et dans le nord de la Grèce, avec des apparences de spontanéité ', mais on peut déjà soupçonner d'anciennes naturaUsations dans ces parties orientales de l'Europe, et plus on avance vers l'Italie, surtout vers le sud-ouest de l'Europe et l'Algérie, plus il est probable que l'espèce y est naturalisée, d'ancienne date, autour des villages, dans les haies, etc. \037On ne connaît pas de nom sanscrit pour le Cognassier, d*où Ton peut inférer que l'habitation ne s'étendait pas vers le centre de TAsie. 11 n'y a pas non plus de nom hébreu, quoique l'espèce soit sauvage sur le mont Taurus *. Le nom persan est Haivah ^, mais je ne sais s'il remonte au zend. Le même nom existe en russe, Aiva^ pour le Cognassier cultivé, tandis que le nom de la \0371. Sordelli, Sulle piajite délia stazione délia Lagozza^ p. 35. \0372. Boissier, FI. onent., 2, p. 656; Ledebour, FI. ross., 2, p. 55. \0373. Steven, VerzeicUniss Taurien, p. 150; Sibthorp, Prodr. fl, grsecx^ 1, p. 344. \0374. Boissier, l. c. \0375. Nemnich, Polygl. Lexicon. \037\035\013

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GRENADIER 189 \037plante sauvage est Armud^ qui vient de l'arménien Armuda *. Les Grecs avaient greffé sur une variété commune, Strution, une qualité supérieure venant de Cydon, dans Tile de Crète, d'où est venu le nom de xuSwviov {kudônion), traduit par Malum cotoneum des Latins, par Cydonia et tous les noms européens tels que Codogno en italien, Coudougner et plus tard Coing en français, Quitte en allemand, etc. 11 y a des noms polonais, Pigwa^ slave, Tunja ^, et albanais (pélasge?) Ftua ', qui diffèrent tota- lement des autres. Cette variété de noms fait présumer une connaissance ancienne de l'espèce à l'ouest de sa patrie origi- nelle, et le nom albanais peut même indiquer une existence antérieure aux Hellènes. \037Pour la Grèce, l'ancienneté résulte aussi des superstitions ,^ mentionnées par Pline et Plutarque, que le fruit du <]ognassier éloignait les mauvaises influences, et de ce qu'il entrait dans les rites du mariage prescrits par Solon. Quelques auteurs ont été jusqu'à soutenir que la pomme disputée par Junon , Vénus et Minerve était un coing. Les personnes que ces questions peuvent intéresser trouveront des indications détaillées dans le mémoire de M. Comès sur les végétaux figurés dans les peintures de Pom- peia *. Le Cognassier y est représenté deux fois. Ce n'est pas surprenant puisque cet arbre était déjà connu du temps d& Caton ^. \037La probabilité me paraît être une naturalisation dans l'Europe orientale avant l'époque de la guerre de Troie. \037Le coing est un fruit que la culture a peu modifié. Il est aussi acerbe et acide à l'état frais que du temps des anciens Grecs. \037Grenadier. — Punica Granatum, Linné. \037Le Grenadier est sauvage dans les endroits rocailleux de la Perse, du Kurdistan, de l'Afghanistan et du Béloutchistan ^. Burnes en a vu des bois entiers dans le Mazanderan, au midi de la mer Caspienne '. Il parait également spontané au midi du Caucase ^. Vers l'ouest, c'est-à-dire dans l'Asie Mineure, la Grèce, en général dans la région de la mer Méditerranée, dans l'Afrique septentrionale et à Madère, l'apparence est plutôt que l'espèce se serait naturalisée à la suite des cultures et de la dis- persion des pépins par les oiseaux. Beaucoup de flores du midi de l'Europe en parient comme d'une espèce « subspontanée » \0371. Nemnich, Polygl. Lexicon. \0372. Nemnich, /. c. \0373. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands^ p. 64. \0374. In-4% Napoli, 1879. \0375. Cato, De re imstica, 7, c. 2. \0376. Boissier, FI. orient. j 2, p. 737; sir Joseph Hooker, FI. of british Indiay 2, p. 581. \0377. Cité d'après Royle, III. Himal., p. 208. \0378. Ledebour, FI, rossicay 2, p. 104. \037\035\013

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490 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037OU « naturalisée ». Desfontaines, dans sa Flore atlantique, l'in- diquait comme spontanée en Algérie, mais les auteurs subsé- quents la disent plutôt naturalisée *. Je doute de la qualité spontanée dans le Béloutchistan, où le voyageur Stocks Ta récoltée ^, car les botanistes anglo-indiens n'admettent pas comme certain Tindigénat à l'est de llndus, et je remarqjie rsJîsence de l'espèce dans les collections du Liban et de la Syrie - que M. Boissier cite toujours avec soin. \037En Chine, le Grenadier n'est qu'à l'état cultivé. Il y a été introduit, de Samarkande, par Ghang-Kien, un siècle et demi avant l'ère chrétienne ^ \037La naturalisation dans la région de la mer Méditerranée est si commune qu'on peut l'appeler une extension de l'ancienne habitation. 'Probablement elle date d'un terme reculé, car la culture de l'espèce remonte à une époque très ancienne dans l'Asie occidentale. ' . . • \037Voyons si les documents historiques et linguistiques peuvent apprendre quelque chose à cet égard. \037Je note d'abord l'existence d'un nom sanscrit, Darimba^ d'où viennent plusieurs noms de llnde moderne *. On peut en conclure que l'espèce était connue depuis longtemps dans les pays qui ont été traversés par les Aryas, lors de leur marche vers l'Inde. \037Le Grenadier est mentionné plusieurs fois dans l'Ancien Testa- ment sous le nom de Rimmon ^, qui est l'origine du nom arabe jRummân ou Rumân, C'était un des arbres fruitiers de la Terre promise, et les Hébreux l'avaient apprécié dans les jardins d'Egypte. Beaucoup de localités de la Palestine avaient reçu leur nom de cet arbuste, mais les textes n'en parlent que comme d'une espèce cultivée. Les Phéniciens faisaient figurer la fleuret le fruit du Grenadier dans leurs cérémonies religieuses, et la déesse Aphrodite l'avait planté elle-même dans l'île de Chypre*^, ce qui fait supposer qu'il ne s'y trouvait pas alors. Les Grecs avaient connaissance de l'espèce déjà à l'époque d'Homère. Il en est question deux fois dans VOdyssée^ comme d'un arbre des jardins des rois de Phseacie et Phrygie. Ils l'appelaient Roia ou Roa^ que les érudits disent venir du nom syriaque et hébreu ^, et aussi Sidai ®, qui paraît venir des Pelasges, car le nom albanais actuel est Sège ®. Rien ne peut faire supposer que l'espèce fut \037\035\0131. Munby, FI. d'Alger, p. 49; Bail, Spicilegium florx maroccanse, p. 458. \0372. Boissier, l. c. \0373. Bretschneider, On study, etc., p. 16. \0374. Piddington, Index. \0375. RoseDmûlIer, Biblische Naturgeschichte, 1, p. 273; Hamilton, La bota- nique de la Bible, Nice, 1871, p. 48. \0376. Hehn, Culiur und Hatisthiere aus Asien, éd. 3, p. 106. \0377. Hehn, ibid. \0378. Lenz, Botanik d. alten Griechen und Rcpmer, p. 681. \0379. De Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64. \037\035\013

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POMME ROSE 191 \037spontanée en Grèce, où maintenant Fraas et Heldreich affirment qu'elle est uniquement naturalisée *. \037Le Grenadier entrait aussi dans les légendes et les cérémonies du culte des plus anciens Romains *. Caton parle de ses pro- priétés vermifuges. Selon Pline ', les meilleures grenades étaient de Carthage. Le nom de Malum punicum en avait été tiré ; mais on n'aurait pas dû croire, comme cela est arrivé, que l'espèce fût originaire de l'Afrique septentrionale. Très probablement les Phéniciens l'avaient introduite à Carthage, longtemps avant les rapports des Romains avec cette ville, et sans doute elle y était cultivée, comme en Egypte. \037Si le Grenadier avait été jadis spontané dans l'Afrique septen- trionale et le midi de l'Europe il aurait eu chez les Latins des noms plus originaux que Granatum (venant de granum?) et Malum punicum. On aurait peut-être à citer quelques noms lo- caux, dérivés d'anciennes langues occidentales, tandis que le nom sémite Rimmon a prévalu soit en grec, soit en arabe, et se trouve même, par l'influence arabe, chez les Berbères *. Il faut admettre «que l'origine africaine est une des erreurs causées par les mauvaises désignations populaires des Romains. \037On a trouvé dans le terrain pliocène des environs de Meximieux des feuilles et fleurs d'un Grenadier que M. de Saporta ^ décrit comme une variété du Punica Granatum actuel. Sous cette forme, l'espèce a donc existé, antérieurement à notre époque, avec plusieurs espèces les unes éteintes , les autres existant encore aujourd'hui dans le midi de l'Europe et d'autres enfin restées aux îles Canaries, mais la continuité d'existence jusqu'à nos jours n'en est pas pour cela démontrée. \037En résumé, les arguments botaniques, historiques et linguis- tiques s'accordent à faire considérer l'espèce actuelle comme originaire de la Perse et de quelques pays adjacents. La culture en a commencé dans un temps préhistorique, et son extension dans l'antiquité, vers l'occident d'abord et ensuite en Chine, a causé des naturalisations qui peuvent tromper sur la véritable origine, car elles sont fréquentes, anciennes et durables. \037J'était arrivé à ces conclusions en 1855 ^, ce qui n'a pas em- pêché de reproduire dans quelques ouvrages Terreur de l'origine africaine. \037Pomme rose. — Eugenia Jambos^ Linné. — Jambosa vul- garisy de Candolle Petit arbre, de la famille des Myrtacées. Il est cultivé au- \0371. Fraas, FL class,y p. 79; Heldreich, l. c. \0372. Helm, /. c. \0373. Pline, 1. 13, c. 19. \0374. Dictionnaire français-berbère^ publié par le gouvemement français. \0375. De Saporta, BulL soc, géol. de France du 5 avril 1869, p. 767, 769L \0376. Géogr. bot, tHiisonnée, p. 891. \037\035\013

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192 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037jourd'hui dans les régions tropicales de l'ancien et du nouveau monde pour l'élégance de son feuillage, autant peut-être que pour son fruit, dont la chair, qui sent la rose, est par trop mince. On peut en voir une figure excellente et une bonne des- cription dans le Botanical magazine, pi. 3356. La graine renferme une matière vénéneuse K \037Gomme la culture de cette espèce était ancienne en Asie, on jie pouvait pas douter qu'elle ne fût asiatique, mais on ne savait pas bien où elle existe à l'état sauvage. L'assertion de Loureiro, qui la disait habiter en Gochinchine et dans plusieurs localités de llnde, méritait confirmation. Quelques documents modernes viennent à l'appui *. Le Jambos est spontané à Sumatra et ailleurs dans les îles hollandaises de l'archipel Indien. Kurz ne l'a pas rencontré dans les forêts de la Birmanie anglaise, mais lorsque Rheede vit cet arbre dans les jardins du Malabar il remarqua (^u'on l'appelait Malacca-Schambu, ce qui montre bien une origine de la péninsule malaise. Enfin Brandis le dit spontané dans le Sikkim, au nord du Bengale. L'habitation naturelle s'étend probablement des îles de l'archipel Indien à la Gochinchine, et même au nord-est de l'Inde, où cependant il s'est peut-être naturalisé à la suite des cultures et par l'action des oiseaux. La naturalisation s'est en effet opérée ailleurs, par exemple à Hong-Kong, dans les îles Seychelles, Maurice et Rodriguez, ainsi que dans plusieurs des îles Antilles '. \037Jamalac ou Jambosier de Malacca. Eugenia malaccensis^ Linné. — Jambosa malaccensis, de Gandolle. \037Espèce voisine de V Eugenia Jambos, mais différente par la disposition de ses fleurs et par son fruit obovoïde, au heu d'être ovoïde, c'est-à-dire ayant la partie la plus étroite près de son point d'attache, comme serait un œuf sur son petit bout. Le fruit est plus charnu et sent aussi la rose, mais on l'estime beau- coup *, ou assez peu % suivant les pays et les variétés. Celles-ci sont nombreuses. Elles diffèrent par la couleur rosée ou rouge des fleurs et la grosseur, la forme et la couleur des fruits. \037Gette multiplicité de variétés montre une ancienne culture dans 'l'archipel Indien, d'où l'espèce est originaire. Gomme confirmation, il faut noter que Forster la trouva établie dans les îles de la mer Pacifique, de Taïti aux Sandwich, lors du voyage de Gook ^. \0371. Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 5, pi. 315. \0372. Miquel, Sumatra, p. 118; Flora Indiœ batavse, 1, p. 425; Blume, Mu- séum Lugd.-Bat., 1, p. 93. \0373. Hooker, Flora of brit, India, 2, p. 474 ; Baker, Flora of Mauritius, etc. p. 115; Grisebach, FI. ofbrit, W. Indian islands, p. 235. * \0374. Rumphius, Jm6o//i., 1, p. 121, t. 37. \0375. Tussac, Flore des Antilles, 3, p. 89, pi. 25. \0376. Forster, Plantée esculentée, p. 36. \037\035\013

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GOYAVIER 193 \037Le Jambosier de Malacca est spontané dans les forêts de l'ar- chipel asiatique et de la presqu'île de Malacca * . \037D'après Tussac, il a été apporté de Taïti à la Jamaïque en 1793. Maintenant il s'est répandu et naturalisé dans plusieurs des îles Antilles, de même qu aux îles Maurice et Seychelles *. \037Goyavier. — Psidium Guayava, Raddi. \037Les anciens auteurs, Linné et après lui quelques botanistes ont admis deux espèces dans cet arbre fruitier de la famille des Myrtacées, l'une ayant les fruits ellipsoïdes ou sphériques à chair rouge, Psidium. pomiferum; l'autre à fruit pyriforme et chair blanche ou rosée, plus agréable au goût. De semblables diversités sont analogues à ce que nous voyons dans les poires, les pommes et les pêches; aussi a-t-on soupçonné de bonne heure qu'il valait mieux considérer tous ces Psidium comme une ^eule espèce. Raddi a pour ainsi dire constaté l'unité lorsqu'il a vu, au Brésil, des fruits pyriformes et d'autres presque ronds sur le même arbre '. Aujourd'hui, la majorité aes botanistes, surtout de ceux qui ont observé les Goyaviers dans les colonies, suit l'opinion de Raddi *, vers laquelle j'inclinais déjà, en 1855, par des raisons tirées de la distribution géographique '. \037Low •, qui a conservé dubitativement, dans sa flore de Ma- dère, la distinction en deux espèces, assure que chacune se conserve par les graines. Ce sont, par conséquent, des races, comme dans nos animaux domestiques et dans beaucoup de plantes cultivées. Chacune de ces races comprend des variétés '. \037Les Goyaviers, lorsqu'on veut étudier leur origine, présentent au plus haut degré une difficulté qui existe dans beaucoup d'arbres fruitiers de cette nature : leurs fruits charnus, plus ou moins aromatiques, attirent les animaux omnivores, qui rejet- tent leurs graines dans les endroits les plus sauvages. Celles des tîoyaviers germent rapidement et fructifient dès la troisième ou quatrième année. La patrie s'est donc étendue et s'étend encore par des naturalisations, principalement dans les contrées tropicales qui ne sont pas très chaudes et humides. \037«  \0371. Blume, Muséum Lugd.-Bat., 1, p. 91; Miquel, FL Indue hatavx^ 1, p. 411 ; Hooker, FI. brit, India, 2, p. 412. \0372. Grisebach, FI, of brit W. India, p. 235 ; Baker, FL of Mauritius, j?. 115. \0373. Raddi, Di alcune specie di Pero indiano, m-4, Bologna, 1821, p. 1. \0374. Martius, Syst. mat. medicx bras., p. 32; Blume, Muséum Lugd.-Bat,, 1, p. 71 ; Hasskarl, dans Flora, 1844, p. 589 ; sir J. Hooker, Flora of brit, India, 2, p. 468. \0375. Géogr. bot. raisonnée, p. 893. \0376. Low, A manual flora of Madeira, p. 266, \0377. Voir Blume, /. c; Descourtilz, Flore médicale des Antilles, 2, p. 20, où se trouve une figure du Goyavier pvriforme; Tussac, Flore des An- tilles, 2, p. 92, qui contient une bonne planche de la forme arrondie. Ces "deux derniers ouvrages renferment des détails intéressants sur la manière 4'employer les goyaves, sur la végétation de Fespèce, etc. \037De Candolle. 13 \037\035\013

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194 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Pour simplifier la recherche des origines, j'éliminerai d'abord l'ancien monde, car il est assez évident que les Goyaviers sont venus d'Amérique. Sur une soixantaine d'espèces du genre Psidium, toutes celles qu'on peut regarder comme suffisamment étudiées sont américaines. Les botanistes, depuis le xvi« siècle, ont trouvé, il est vrai, des Psidium Guayava (variétés pomiferum et pyriferum)^ plus ou moins spontanés dans les îles de TArchipel Indien et l'Asie méridionale \ mais tout fait présumer que c'était le résultat de naturalisations peu anciennes. On admet- tait pour chaque localité une origine étrangère; seulement on hésitait sur la provenance asiatique ou américaine. D'autres considérations justifient cette idée. Les noms vulgaires en ma- lais sont d,érivés du mot américain Guiava, Les anciens auteurs chinois ne parlent pas des Goyaviers, bien que Loureiro les ait dits sauvages en Gochinchine il y a un siècle et demi. Forster ne les mentionne pas comme cultivés dans les îles de la mer Pacifique lors du voyage de Cook, ce qui est assez significatif quand on pense à la facilité de cultiver ces arbres et à leur dis- persion inévitable. Aux îles Maurice et Seychelles, personne ne doute de leur introduction et naturalisation récentes '. \037Nous aurons plus de peine à découvrir dé quelles parties de l'Amérique les Goyaviers sont sortis. \037Dans le siècle actuel, ils sont certainement spontanés, hors des cultures, aux Antilles, au Mexique, dans l'Amérique cen- trale, le Venezuela, le Pérou, la Guyane et le Brésil ', mais depuis quelle époque? Est-ce depuis que les Européens en ont répandu la culture? Est-ce antérieurement, à la suite des trans- ports par les indigènes et surtout par les oiseaux? Ces ques- tions ne paraissent avoir fait aucun progrès depuis que j'en ai parlé en 1855 *. Cependant, aujourd'hui, avec un peu plus d'expérience dans ces sortes de problèmes, et Tunité spécifique des deux Goyaviers étant reconnue, j 'essayerai d'indiquer ce qui me paraît le plus vraisemblable. \037J. Acosta^, un des premiers auteurs sur l'histoire naturelle du nouveau monde, s'exprime sur le Goyavier pomiforme de la manière suivante : « Il y a en Saint-Domingue et es autres îles, des montagnes toutes pleines de Goyavos, et disent, qu'il n'y avait point de telle sorte d'arbres avant que les Espagnols y arrivassent, mais qu'on les y a apportés de je ne sais où. » Ce serait donc plutôt du continent que l'espèce serait originaire. Acosta dit bien qu'elle croit en terre ferme, et il ajoute que les goyaves du Pérou ont une chair blanche bien préférable à \0371. Riimphiiis, Amhoin., 1, p. 141, 142; Rheede, HorL malab,, 3, t. 34. \0372. Bojer, Hortus mauritianits ; Baker, Flora of Mauritius, p. 112. \0373. Toutes les flores, et Berg, dans Flora brastliensis^ vol. 14, p. 196. \0374. Géogr, bot. raisonnée, p. 894 et 895. \0375. Acosta, Hist. nat, et morale des Indes orient, et occid,, traduction fran- çaise, 1598, p. 175, au verso. \037\035\013

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GOURDE, GOUGOURDE, CALEBASSE 195 \037celle des fruits rouges. Ceci fait présumer une culture ancienne sur le continent. Hernandez * avait vu les deux formes sponta- nées au Mexique, dans les endroits chauds des plaines et des montagnes, près de Quauhnaci. 11 donne une description et une figure très reconnaissable du Ps. pomiferum, Pison et Marcgraf* avaient aussi trouvé les deux Goyaviers sauvages au Brésil dans les plaines; mais ils notent qu'ils se répandent facilement. Marc- graf dit qu'on les croyait originaires du Pérou, ou de TAmé- rique septentrionale, ce qui peut s'entendre des Antilles ou du Mexique. Evidemment l'espèce était spontanée dans une grande partie du continent lors la découverte de l'Amérique. Si l'habi^ tation a été une fois plus restreinte, il faut croire que c'était à une époque bien plus ancienne. \037Les noms vulgaires différaient chez les peuples indigènes. Au Mexique, on dx^BÎi Xalxocotl ; au Brésil, l'arbre s'appelait Âraca- Iba et le fruit Araca-Guaeu; enfin le nom Guajavos ou Guajava est cité par Acosta et Hernandez à l'occasion des Goyaviers du Pérou et de Saint-Domingue, sans que l'origine en soit indiquée exactement. Cette diversité de noms confirme l'hypothèse d une très ancienne et vaste habitation. \037D'après ce que disent les premiers vovageurs. d'une origine étrangère à Saint-Domingue et au Brésif, — assertion dont il est permis cependant de douter, — je soupçonne que l'habita- tion la plus ancienne était du Mexique à la Colombie et au Pérou, et qu'elle s'est peut-être agrandie du côté du Brésil avant la découverte de l'Amérique, et dans les îles Antilles après cette époque. L'état de l'espèce le plus ancien, qui se montre le plus à l'état sauvage, serait la forme à fruit sphérique, âpre et fortement coloré. L'autre forme est peut-être un produit de la culture . \037Gourde ^, Gougrourde, Calebasse. — Lagenaria vulgaris, Seringe. — Cucurbita lagenaria^ Linné. \037Le fruit de cette Cucurbitacée a pris différentes formes dans les cultures; mais, d'après l'ensemble des autres parties de la plante, les botanistes n'admettent qu'une espèce, divisée en plusieurs variétés *. Les plus remarquables sont la Gourde des pèlerins^ en forme de bouteille; la Cougourde, dont le goulot est allongé; la Gourde massue ou trompette, et la Calebasse, ordinairement grande et peu étranglée. D'autres variétés moins répandues ont le fruit turbiné ou déprimé et fort petit, comme \0371. Hernandez, Novse Hispaniœ Thesaurits, p. 85. \0372. Pison, Hist, hrasiL, p. 74; Marcgraf, ihid,, p. 105. \0373. En anglais, le mot Gourd s'applique au Potiron (Cucurbita maxima). C'est un des exemples de la confusion des noms vulgaires, et de la préci- sion supérieure des noms scientifiques. \0374. Naudin, Annales des se, nat.j série 4; vol. 12, p. 91; Cogniaux, dans nos Mon, Phan,, 3, p. 417. \037\035\013

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196 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037la Gourde tabatière. On reconnaît toujours Tespèce à sa fleur blanche^ et à la dureté de la partie extérieure du fruit, qui permet de l'employer comme vase pour les liquides ou réservoir d'air, propre à soutenir les nageurs novices. La chair intérieure est tantôt douce et mangeable, tantôt amère et même purgative. \037Linné * disait l'espèce américaine. De Gandolle * J'a considérée comme probablement d'origine indienne, et la suite a confirmé cette opinion. \037On a trouvé, en effet, le Lagenaria vulgaris sauvage au Ma- labar et dans les forêts humides de Deyra Doon '. Roxburgh * le considérait bien comme spontané dans l'Inde, quoique les flores subséquentes l'aient dit seulement cultivé. Enfin Rum- phius ^ indique des pieds sauvages, sur le bord de la mer, dans une localité des îles Moluques. Les auteurs mentionnent ordinai- rement la pulpe comme amère dans ces individus sauvages, mais elle l'est quelquefois aussi dans les formes cultivées. La langue sanscrite distinguait déjà la Gourde ordinaire, Ulavou, et une autre, amère, Kutou-Toumbi, à laquelle A. Pictet attribue aussi le nom Tiktaka ou Titkikâ *. Seemam ^ a vu l'espèce « cul- tivée et naturalisée » aux îles Fidji. Thozet l'a recueillie sur la côte de Queensland, en Australie *, mais c'était peut-être le résultat de cultures dans le voisinage. Les localités de llnde continentale paraissent plus sûres et plus nombreuses que celles des îles du midi de l'Asie. \037L'espèce a été trouvée, également sauvage, en Abyssinie, dans la vallée de Hieha, par Dillon, et parmi des buissons et des rocailles d'une autre localité, par Schimper ®. \037De ces deux régions de l'ancien monde, elle s'est répandue dans les jardins de tous les pays tropicaux et des pays tempérés ayant une chaleur estivale suffisante. Parfois elle s'est natu- ralisée hors des cultures, comme on l'a observé en Amérique *®. \037Le plus ancien ouvrage chinois mentionnant la Gourde est celui de Tchong-tchi-chou, du i«' siècle avant Jésus-Ghrist, cité dans un ouvrage du v® ou vi» siècle, selon le D«* Bretschn^ider **. \0371. Linné, Species plantarum, p. 1434, sous Gucurbita. \0372. A. P. de Gandolle, Flore française (1805), vol. 3, p. 692. \0373. Rheede, Malabar, 8, pi. 1, 5; Royle, ///. Himal., p. 218. \0374. Roxburgh, Flora indica, éd. 1832, v. 3, p. 719. \0375. Rumphius, Amboin.y vol. 5, p. 397, t. 144. \0376. l^iddmgton, Index, au mot Gucurbita lagenaria (en changeant la cacographie anglaise) ; Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 3, vol. 1, p. 386. \0377. Seemann, Flora Vitiensis, p. 106. \0378. Bentham, Flora australiensiSy 3, p. 316. \0379. Décrite - d'abord sous le nom de Lagenaria idolatnca, A. Richard, Tentamen fl. abyss,, i, p. 293, et ensuite Naudin et Gogniaux ont reconnu l'identité avec le L. vulgaris. \03710. Torrey et Gray, Flora of North America, 1, p. 543; Grisebach, Flora ofbritish W. India islandSy p. 288. \03711. Bretschneider, lettre du 23 août 1881. \037\035\013

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GOURDE, COUGOURDE, CALEBASSE 197 \037Il s'agit dans ce cas de plantes cultivées. Les formes actuelles des jardins de Peking sont la Gourde massue, qui est mangeable, et la Gourde bouteille. \037Les auteurs grecs n'ont pas mentionné cette plante, mais les Romains en ont parlé depuis le commencement de Tempire. Elle est assez clairement désignée par des vers souvent cités * du livre X de Columelle. Après avoir décrit les différentes formes du fruit : \037dabit illa capacem, \037Nariciœ picis. aut Actsei mellis Hymetti, \037Aut hd)iiem lymphis hamulam, Bacchove lagenam, \037Tum pueros eadem fluviis innare docebit. \037Pline ' parle d'une Gucurbitacée dont on faisait des vases et des barriques pour le vin, ce qui ne peut s'appliquer qu'à celle-ci. \037Il ne parait pas que les Arabes en aient eu connaissance de bonne heure, caribn Alawâm et Ibn Baithar n'en ont rien dit '. Les commentateurs des livres hébreux n'ont pu attribuer aucun nom d'une manière positive à cette espèce, et cependant le climat de la Palestine était bien de nature à populariser Tusage des Gourdes, si on les avait connues^Il me parait assez douteux, d'après cela, que les anciens Egyptiens aient possédé cette plante, malgré une figure unique de feuilles, vue dans une tombe, qui lui a été attribuée quelquefois *. Alexandre Braun, Ascherson et Magnus, dans leur savant mémoire sur les restes de plantes égyptiennes du musée de Berlin ^, indiquent plu- sieurs Gucurbitacées sans mentionner celle-ci. Les premiers voyageurs modernes, comme Rauv^olf *^, en 1574, l'ont vue dans les jardins de Syrie, et la Gourde dite des pèletHnSy figurée, en 1539, par Brunfels, était probablement connue dès le moyen âge en Terre sainte. \037Tous les botanistes du xvi« siècle ont donné des figures de cette espèce, plus souvent cultivée alors, en Europe, qu'elle ne Test aujourd'hui. Le nom ordinaire dans ces vieux ouvrages était Cameraria, et l'on distinguait trois formes de fruits. A la couleur blanche de la fleur, toujours mentionnée, on ne peut douter de l'espèce. Je remarque aussi une figure, très mauvaise, il est vrai, où la fleur manque, mais où le fruit est exactement \037\035\0131. Tragus, Stirp.y p. 285; Ruellius, De natura stirpium, p. 498; Naudin, /• c. \0372. Pline, Hisi, planU, 1. 19, c. 5. \0373. Ibn Alawâm^ d'après E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 60; Ibn Baithar^ trad. de Sondtheimer. \0374. Unger, Pflanzen des alten JEgyptens, p. 59 ; Pickering, Chronol, arran^ g entent, p. 137. \0375. In-8, 1877, p. 17. \0376. Rauwolf, Flora orient., p. 125. \037\035\013

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198 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037la gourde des pèlerins, qui présente ce grand intérêt d'avoir paru avant la découverte de l'Amérique. C'est la planche 46 de VHerbarius Patavias impressus, in-4o, 1485, ouvrage rare. \037Malgré certains synonymes des auteurs, je ne crois pas que la Gourde ait existé en Amérique avant l'arrivée des Européens. Le Taquera de Piso * et le Cucurbita lagende forma de Marc- graf * sont peut-être bien le Lagenaria vulgaris, comme le disent les monographes ^, et les échantillons du Brésil cités par eux doivent être certains, mais cela ne prouve pas que l'espèce fût dans le pays avant le voyage d'Americ Vespuce, en 1504. Depuis lors jusqu'aux voyages de ces deux botanistes, en 1637 et 1638, il s'est écoulé un temps bien plus long qu'il ne faut le supposer pour l'introduction et la diffusion d'une espèce annuelle^ cu- rieuse de forme, facile à cultiver et dont les graines conservent longtemps la faculté de germer. Elle peut même s'être natura- lisée à la suite des cultures, comme cela s'est vu ailleurs. A plus forte raison le Cucurbita Siceratia Molina, attribué tantôt à l'espèce actuelle et tantôt au Cucurbita maxima *, peut-il avoir été introduit au Chili, entre 1538, époque de la découverte de ce pays, et 1787, date de l'édition en italien de Molina. Acosta ^ parle aussi de Calebasses dont les Péruviens se servaient comme de coupe ou de vase, mais l'édition espagnole de son livre est de 1591, plus de cent ans après la conquête. Parmi les naturalistes ayant indiqué l'espèce le plus rapprochée de la découverte de l'Amérique (1492) estOviedo ^, qui avait visité la terre ferme et, après un séjour à Vera-Paz, était revenu en Europe en 1815, mais était retourné à Nicaragua en 1539 ^ D'après la compila- tion de Ramusio ®, il a parlé de zuccke, cultivées en quantité aux Antilles et à Nicaragua à l'époque de la découverte de l'Amérique et dont on faisait usage comme de bouteilles. Les auteurs de flores de la Jamaïque, au xvii^ siècle, ont dit l'espèce cultivée dans cette île. P. Brov^ne ^ cependant indique une grande Gourde cultivée et une petite, sauvage, ayant une pulpe amère et purgative. \037Enfin, pour les Etats-Unis méridionaux, EUiott *® s'exprimait ainsi en 1824 : « Le L. vul^afis se trouve rarement dans les bois et n'est certainement pas mdigène. Il paraît avoir été apporté par les anciens habitants de notre pays d'une contrée plus \0371. Piso, Indix utriusoue. etc., éd. 1658, p. 264. \0372. Marcgraf. Hist nai. ÉrasUix, 1648, p. 44. \0373. Naudin, /. c. ; Gogniaux, dans Flora brasiL, fasc, 78, p. 7, et dans de CandoUe, Monoqr. Phaner., 3, p. 418. \0374. Cl. Gay, Flora Chilena, 2, p. 403. \0375. los, Acosta, trad. française, p. 167. \0376. Pickering, Chronol, arrang., p. 861. \0377. Pickering, /. c. \0378. Ramusio, vol. 3, p. 112. \0379. P. Brown, Jamaica, éd. 2, p. 354. \03710. EUiott, Sketch of the botany of S. Carolina and Georgia, 2, p. 663. \037\035\013

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POTIRON 199 \037chaude. Maintenant, l'espèce est devenue spontanée autour des habitations, particulièrement dans les îles de la mer. » L'expres- sion : habitants de notre pays, aTair de signifier les colons plutôt ■que les indigènes. Entre la" découverte de la Virginie, par Cabot «n 4497, ou les voyages de W. Raleigh en 4584, et les flores des botanistes modernes, il s'est écoulé plus de deux siècles, et les indigènes auraient eu le temps de répandre la culture de l'espèce, s'ils l'avaient reçue des Européens. Mais le fait même de la culture par les Indiens à Tépoque des premières relations sur leur compte est douteux. Torrey et Gray * l'avaient men- tionné comme certain dans leur flore, publiée en 1830-40, et plus tard le second de ces habiles botanistes *, dans un article sur les Gucurbitacées connues des indigènes, ne cite pas le Ca- labash ou Lagenaria. Je remarque la même omission dans un autre article spécial, sur le même sujet, publié plus récem- ment ^. \037Potiron. — Cucurbita maxima, Duchesne. \037En commençant l'énumération des espèces du genre Cucur- àita, je dois expliquer que la distinction, autrefois très difficile, des espèces, a été fondée par M. Naudin * d'une manière scienti- fique, au moyen d'une culture assidue des variétés et d'expé- riences sur leur fécondation croisée. Il nomme espèces les groupes de formes qui ne peuvent pas se féconder mutuellement ou dont les produits n'ont pas été féconds et stables, et races ou variétés les formes qui se croisent entre elles et donnent des produits féconds et variés. La suite des expériences ^ l'a averti que l'établissement des espèces sur cette base n'est pas sans exceptions, mais dans le genre Cucurbita les faits physiologi- ques concordent avec les différences extérieures. M. Naudin a établi les véritables caractères distinctifs des Cucurbita maximd et C. Pepo, La première a les lobes de la feuille arrondis, les pédoncules à surface unie et les lobes de la corolle recourbés 'a l'extérieur ; la seconde a les lobes de la feuille aigus, les pé- doncules marqués de côtes et sillons, la corolle rétrécie à la base, avec les lobes presque toujours dressés. \037Les principales formes du Cucurbita maxima sont le Potiron jaune^ qui atteint quelquefois un poids énorme ^, le Potiron turban ou Giraumon, le Courgeron^ etc. \037Les noms vulgaires et des anciens auteurs ne cadrant pas avec les définitions botaniques, il faut se défier des assertions \0371. Torrey et Gray, Flora ofN. America^ 1, p. 544. \0372. A. Gray, dans American journal of science, 1857, vol. 24, p. 442. \0373. TrumbuU, dans Bulletin ofthe Torrey club of botany, vol. 6, ann. 1876, p. 69. \0374. Naudin, dans Annales des se, nat.^ série 4, vol. 6, p. 5; vol. 12, p. 84. \0375. Ann, se. nat., série 4, vol. 18, p. 160, vol. 19, p. 180. \0376. Jusqu'à 100 kilogr., d'après Le bon jardinier , 1850, p. 180. \037\035\013

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200 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037répandues autrefois sur les origines et sur Tintroduction de la culture de telle ou telle courge à certaine époque ou dans cer- taines contrées. C'est une des raisons pour lesquelles, quand je me suis occupé du sujet, en 1855, la patrie de ces plantes était restée pour moi inconnue ou très douteuse. Aujourd'hui, on peut scruter mieux la question. \037D'après sir Joseph Hooker *, le Cucurbita maxima a été trouvé par Barter sur les bords du Niger, en Guinée, « avec l'appa- rence indigène » (apparently indigenous) , et par Welwitsch dans TAngola, sans aifirmation de la qualité spontanée. Je ne vois aucune indication de spontanéité dans les ouvrages sur TAbyssinie, l'Egypte ou autres pays africains dans lesquels on cultive communément l'espèce. Les Abyssins se servent du mot Dubba, qui s'applique, en arabe, aux Courges, dans un sen& très général. \037Longtemps on a soupçonné une origine indienne, en s'ap- puyant sur des noms tels que Courge dmde^ donnés par des bo- tanistes du XVI® siècle, et, en particulier, sur le Pepo maximus indiens^ figuré par LobeP, qui rentre bien dans l'espèce actuelle ; mais c'est un genre de preuve bien faible, car les indications vulgaires d'origine sont souvent fausses. Le fait est que si les Potirons sont cultivés dans l'Asie méridionale, comme ailleurs entre les tropiques, on n'a pas rencontré la plante à l'état sau- vage '. Aucune espèce semblable ou analogue n'est indiquée dans les anciens ouvrages chinois, et les noms modernes des Courges et Potirons cultivés actuellement en Chine montrent une origine étrangère méridionale *. Il est impossible de savoir à quelle espèce s'appliquait le nom sanscrit Kurkarou, attribué par Roxburgh au Cucurbita Pepo, et l'incertitude n'est pas moins grande au sujet des Courges, Potirons et Melons cultivés par les Grecs et les Romains. On n'a pas constaté la présence d'un Po- tiron dans l'ancienne Egypte. Peut-être en cultivait-on dans ce pays et dans le monde gréco-latin? Les Pepones dont Charle- magne ordonnait la culture dans ses fermes ^ étaient ou l'espèce actuelle ou le Cucurbita Pepo ; mais aucune figure ou descrip- tion reconnaissable de ces plantes n'a été donnée avant le XVI® siècle. \037Ceci pourrait faire présumer une origine américaine. L'exis- tence, à l'état spontané, en Afrique, est bien une objection, car les espèces de la famille des Cucurbitacées sont très locales ; mais il y a des arguments en faveur de l'Amérique, et je dois les \0371. Hooker, Floy^a of tropical Africa^ 2, p. 555. \0372. Lobel, Icônes, t. 641. La figure est reproduite dans Dalecbamp , Hist., 1, p. 626. \0373. Clarke. dans Hooker, Flora of british India, 2, p. 622. \0374. Bretscnneider, lettre du 23 août 1881 \0375. La Uste est dans E. Meyer, Geschichte dei" Botanik, 3, p. 401. Les Cu- curbita dont il parle également devaient être la Gourde, Lagenarîa, \037\035\013

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POTIRON 201 \037examiner avec d'autant plus de soin qu'on m'a reproché aux Etats-Unis de n'en avoir pas tenu suffisamment compte. \037D'abord, sur dix espèces connues du genre Cucurbita, six sont certainement spontanées en Amérique (au Mexique ou en Cali- fornie), mais ce sont des espèces vivaces, tandis que les Courges cultivées sont annuelles. \037La plante nommée Jurumu par les Brésiliens, figurée par PisonetMarcgraf *, est rapportée par les modernes au Cucurbita maxima. La planche et les courtes explications des deux auteurs conviennent assez, mais il parait que c'était une plante cultivée. Elle peut avoir été apportée d'Afrique ou d'Europe par les Européens, entre la découverte du Brésil, en 1504, et les voyages des auteurs sus-mentionnés, qui ont eu lieu en 1637 et 1638. Personne n'a trouvé l'espèce sauvage dans l'Amérique méridio- nale ou septentrionale. Je ne rencontre dans les ouvrages sur le Brésil, la Guyane, les Antilles aucun indice de culture ancienne ou d'existence spontanée, soit d'après les noms, soit d'après des traditions ou opinions plus ou moins précises. Aux Etats-Unis, les savants qui connaissent le mieux les langues et les usages des indigènes, par exemple le D"^ Harris autrefois, et M. Trum- bull plus récemment *, ont soutenu que les Gucurbitacées appe- lées Squash par les Anglo-Américains et Macock ou Cashaw, Cushaw par d'anciens vojrageurs en Virginie, répondent à des Courges. M. Trumbull dit que Squash est un mot indien. Je n'en doute pas, d'après son assertion, mais ni les plus habiles linguistes ni les voyageurs du xvii® siècle ' qui ont vu les indigènes pourvus de fruits appelés dans leurs livres Citrouilles, Courges, Pompions^ Gourdes^ n'ont pu donner la preuve que ce fût telle ou telle des espèces reconnues distinctes aujour- d'hui par les botanistes. Cela nous apprend seulement que les indigènes, un siècle après la découverte de la Virgime, vingt à quarante ans après la colonisation par W. Raleigh, faisaient usage de certains fruits de Cucurbitacées. Les noms vulgaires sont encore si confus aux Etats-Unis que le D' Asa Gray, en 1868, indique Pumpkin et Squash comme répondant à des espèces de Cucurbita *, tandis que Darlington * attribue le nom de Pumpkin à la Courge ordmaire {Cucurbita Pepo), et celui de Squash aux variétés de celle-ci qui rentrent dans les formes Melopepo des anciens botanistes. Ils n'attribuent pas un nom vulgaire, particulier et certain, au Potiron {Cucuroita maxima). \037En définitive, sans ajouter une foi implicite à l'indigénat sur les \0371. Piso, Brasil., éd. 1658, p. 264; Marcgraf, éd. 1648, p. 44. \0372. Harris, American Journal, 1857, vol. 24, p. 441; Trumbull, Bull, of To)-re\\*s Club^ 1876, vol. 6, p. 69. \0373. Champlam, en 1604; btrachey, en 1610; etc. \0374. Asa Gray, Botany of the northem states, éd . 1868, p. 186. \0375. Darlington, Flora cestrica, 1853, p. 94 . \037\035\013

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202 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037bords du Niger, fondé sur le dire d'un seul voyageur, je persiste à croire l'espèce originaire de l'ancien monde et introduite en Amérique par les Européens. \037Courge Pépon. — Citrouille. — Cucurbita Pepo et C, Melo- pepo, Linné. \037Les auteurs modernes comprennent dans le Cucurbita Pepo la plupart des formes désignées sous ce nom par Linné et en outre celles qu'il nommait C Melopepo. Ces formes sont excès : sivement variées quant aux fruits, ce qui montre une très an- cienne culture. On remarque dans leur nombre : la Courge ou Citrouille des Patagons^ à fruits cylindriques énormes ; la Courge sucrière, dite du Brésil; la Courge à la moelle ou Vegetaàle marrow des Anglais, à petits fruits allongés ; les Barbérines, à fruits bosselés; le Pâtisson ou Bonnet d'électeur, à fruit conique, surbaissé et lobé d'une manière bizarre, etc. Il ne faut attacher aucune valeur aux noms de pays dans ces désignations de va- riétés, car nous avons vu souvent qu'ils expriment autant d'er- reurs que de vérités. Les noms botaniques rapportés à l'espèce par M. Naudin et M. Gogniaux sont nombreux, par suite de la mauvaise habitude qui existait il n'y a pas longtemps de décrire comme espèces des formes uniquement de jardins, sans tenir compte des effets prodigieux de la culture et de la sélection sur l'organe pour lequel on cultive une plante. \037La plupart des variétés existent dans les jardins des régions chaudes ou tempérées de l'ancien et du nouveau monde. L'ori- gine de l'espèce est regardée comme douteuse. J'hésitais, en 185S *, entre l'Asie méridionale et la région de la mer Médi- terranée. MM. Naudin et Gogniaux ^ admettent comme probable l'Asie méridionale, et les botanistes des Etats-Unis, de leur côté, ont donné des motifs pour croire à une origine américaine. La question mérite d'être examinée d'une manière précise. \037Je chercherai d'abord quelles formes, rapportées aujourd'hui à l'espèce, ont été indiquées comme croissant quelque part à l'état spontané. \037La variété ovee, Cucurbita ovifera^ Linné, avait été recueillie^ jadis par Lerche, près d'Astrakhan; mais aucun botaniste du siècle actuel n'a confirmé ce fait, et il est probable qu'il s'agis- sait d'une plante cultivée. D'ailleurs Linné n'affirme pas la qua- lité spontanée. J'ai consulté toutes les flores asiatiques et afri- caines sans trouver la moindre indication d'une variété qui fût sauvage. De l'Arabie, ou même de la côte de Guinée au Japon, l'espèce ou les formes qu'on lui rapporte sont toujours dites cul- tivées. Pour l'Inde, Roxburgh l'avait remarqué jadis, et ce n'est \0371. Géogr, bot, raisonnée^ p. 902. \0372. Naudin, Ann, se. nat., série 5, vol. 6, p. 9; Gogniaux, dans de Can- dolle, Monogr, Phaner., 3, p. 546. \037\035\013

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COURGE PÉPON 203 \037sûrement pas sans de bons motifs que M. Glarke, dans la flore récente de l'Inde anglaise, n'indique aucune localité hors des cultures. \037Les faits sont tout autres en Amérique. \037Une variété texana^ Cucurbita texana, Asa Gray *, très voi- sine de Vovata, d'après cet auteur, et qu'on rapporte sans hésita- tion aujourd'hui au C. Pepo, a été trouvée par Lindheimer « au bord des fourrés et dans les bois humides , sur les rives du Guadalupe supérieur, avec les apparences de plante indigène. » Le D"^ Asa Gray ajoute que c'est peut-être un effet de naturalisa- tion. Cependant, comme il existe plusieurs espèces du genre Cucurbita sauvages au Mexique et dans le sud-ouest des Etats- Unis, on est amené naturellement à tenir, l'assertion du collec- teur pour bonne. Il ne paraît pas que d'autres botanistes aient trouvé cette plante au Mexique ou aux Etats-Unis. Elle n'est mentionnée ni dans la Biologia centrali-americana de Hemsley, ni dans la flore récente de la Californie du D' Asa Gray. \037Quelques synonymes ou échantillons de l'Amérique méridio- nale, attribués au C. Pepo, me paraissent bien douteux. Il est impossible de savoir ce que Molina ^ a entendu sous les noms de C Siceratia et C, mammeata^ qui paraissent d'ailleurs avoir été des plantes cultivées. Deux espèces décrites brièvement dans le voyage de Spix et Martius f2, p. 536) et rapportées aussi au €. Pepo ^, sont indiquées, à l'occasion de plantes cultivées, sur les bords du Rio Francisco. Enfin Téchantillon de Spruce, 2716, du Rio Uaupès, affluent du Rio Negro, que M. Çogniaux * ne dit pas avoir vu et qu'il a rapporté d'abord au C. Pepo^ ensuite au C, moschata^ était peut-être cultivé ou naturalisé à la suite de quelque transport ou culture, malgré la rareté des habitants de cette contrée. \037Les indications botaniques sont donc en faveur d'une origine mexicaine ou du Texas. Voyons si les documents historiques sont conformes ou contraires à cette idée. \037Il est impossible de savoir si tel nom sanscrit, grec ou latin ■de Courge, s'applique à l'une des espèces plutôt qu à une autre. La forme du fruit est souvent la même, et les caractères distinc- tifs ne sont jamais mentionnés par les anciens. \037Aucune Courge n'est figurée dans ïHerbarius Pataviae impressus, de 4485, antérieur à la découverte de l'Amérique; mais les auteurs du xvi* siècle ont publié des planches qui s'y rapportent. Je citerai les trois formes de Pepones figurées à la page 406 de Dodoens, édition de 1557. Une quatrième, Pepo rotundus major, ajoutée dans l'édition de 1616, me paraît ren- trer dans le C maxitna. Dans la figure du Pepo oolongus de \037\, A. Gray, Plantss Lindheimerianœ, part. 2, p. 193. \0372. Molina, Hist, nat, du Chiliy p. 377. \0373. Çogniaux, /. c, et Flora brasiL, fasc. 78, p. 21. \0374. Çogniaux, FI. bras, et Monogr. Phan,, 3, p. 547. \037\035\013

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204 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Jjohel j Icônes ^ 641, le caractère du pédoncule est nettement accusé. Les noms donnés à ces plantes expriment une origine étrangère ; mais les auteurs ne pouvaient rien affirmer à cet égard, d'autant plus que le nom Inde signifiait ou FAsie méri- dionale ou r Amérique. \037Ainsi les données historiques ne contredisent pas l'opinion d'une origine américaine, sans l'appuyer cependant. \037Si l'habitation spontanée se confirme en Amérique, on pourra dire désormais que les Courges cultivées par les Romains et dans le moyen âge étaient le Cucurbita maxima et celles des indigènes de l'Amérique du Nord, dans le xviP siècle, vues par divers voyageurs, le Cucurbita Pepo, \037Courge masquée, ou melonnée. — Cucurbita moschata, Duchesne. \037Le Bon jardinier cite comme principales formes de cette espèce les Courges muscade de Provence^ pleine de Napks et de Barbarie. Il va sans dire que ces noms ne signifient rien pour l'origine. L'espèce est facile à reconnaître par sa pubescence légère et douce, le pédoncule du fruit pentagone, épaté au sommet, le fruit plus ou moins couvert d'une efflorescence glauque, à chair copieuse, plus ou moins musquée. Les lobes du calice sont souvent terminés par un limbe foliacé *. Cultivée dans tous les pays tropicaux, elle s'avance moins que les autres Courges dans les pays tempérés. \037M. Cogniaux * soupçonne qu'elle est du midi de l'Asie, sans en donner la preuve. J'ai parcouru les flores de l'ancien et du nouveau monde et n'ai pu découvrir nulle part la mention d'un état vraiment spontané. Les indications qui en approchent le plus sont : i* en Asie, dans l'île de Bangka, un échantillon vérifié par M. Cogniaux et que Miquel ^ ne dit pas cultivé ; 2® en Afrique , dans l'Angola , des échantillons que Welwitsch dit tout à fait spontanés, mais « à la suite probablement d'une introduction * » ; 3° en Amérique, cinq échantillons du Brésil, de la Guyane ou de Nicaragua, mentionnés par M. Cogniaux, sans qu'on sache s'ils étaient cultivés, naturalisés ou spontanés. Ce sont des indices tout à fait légers, et l'opinion des auteurs le confirme. Ainsi, pour l'Asie, Rumphius, Blume, Clarke fdans Flora of brit, India)^ et, pour l'Afrique, Schweinfurth (dans Baker, Tropical flora), n'ont vu la plante absolument que cul- tivée. En Chine, la culture n'est pas ancienne '. En Amérique, les flores mentionnent très rarement l'espèce. \0371. Voir l'excellente planche de Wight, Icônes, t. 507, aoua le nom faux de Cucurbita maxima, \0372. Cogniaux, dans Monogr. Phaner., 3, p. 547. \0373. Miquel, Sumatra, aoiis le nom de Gymnopetalum, p. 332. \0374. Cogniaux, Ibid. \0375. Bretschneider, lettre du 23 août 1881. \037\035\013

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MELON â05 \037On ne connaît aucun nom sanscrit, et les noms indiens, malais \037\035\013\013bonne planche (vol. 8, pi. 2). Il ne paraît pas que les botanistes du xvi® siècle aient connu \037\035\013cette espèce, car la figure de Dalechamp {Hist., 1, p. 616), que Seringe lui a attribuée, n*en a pas les caractères, et je ne puis découvrir aucune autre figure qui lui ressemble. \037Courge à feuilles de figuier. — Cucurbita ficifoliay Bouché. — Cticurbita melanosperma, Braun. \037Il s'est introduit, depuis une trentaine d'annéejs, dans les jar- dins, une Courge à graines noires ou quelquefois brunes, qui diffère des autres espèces cultivées en ce qu elle est vivace. On l'appelle quelquefois Melon de Siam. Le Bon jardinier dit qu'elle vient de Chine. Le D»- Bretschneider ne m'en a pas parlé dans la lettre de 4881, où il énumère les Courges cultivées par les Chinois. \037Jusqu'à présent, aucun botaniste ne l'a trouvée à l'état spon- tané. Je doute beaucoup qu'elle soit originaire d'Asie, car toutes les espèces connues de Cucurbita vivaces sont du Mexique ou de Californie. \037Melon. — Cucumis Melo, Linné. \037La question de Torigine du Melon a changé complètement depuis les travaux de M. Naudin. Le mémoire qu'il a publié, 6n 1859, dans les Annales des sciences naturelles, série 4, vo- lume 11, sur le genre Cucumis, est aussi remarquable que celui 5ur le genre Cucurbita, Il rend compte d'observations et d'ex- périences, suivies pendant plusieurs années, sur la variabilité des formes et la fécondation croisée d'une multitude d'espèces, races ou variétés venant de toutes les parties du monde. J'ai parlé ci-dessus (p. 199) du principe physiologique sur lequel il croit pouvoir distinguer des groupes de formes qu'il nomme des espèces, quoique certaines exceptions se soient manifestées et rendent le critère de la fécondation moins absolu. Malgré ces cas exceptionnels, il est évident que si des formes voisines se croisent facilement et donnent des produits féconds, comme cela se voit, par exemple, dans l'espèce humaine, on est obligé de les regarder comme constituant une seule espèce. \037Dans ce sens, le Cucumis Melo, d'après les expériences et observations faites par M. Naudin sur environ deux mille indi- vidus vivants, constitue bien une espèce, laquelle comprend un nombre extraordinaire de variétés et même de races, c'est-à-dire de formes qui se conservent par hérédité. Ces variétés ou races peuvent se féconder entre elles et donnent des produits variés et \037\035\013

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206 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037variables. Elles sont classées par l'auteur dans dix groupes^ qu'il appelle Cantaloups^ Melons brodés^ Sucrins, Melons d'hiver^ serpents^ forme de concombre, Chito^ Dudaïm, rouges de Perse et sauvaaes, chacun contenant des variétés ou races voisines les unes aes autres. Celles-ci ont été nommées de 25 à 30 manières différentes par des botanistes qui, sans s'inquiéter des transi- tions de forme, de la faculté de croisement ou du peu de fixité dans la culture, ont désigné comme espèces tout ce qui diffèi'e plus ou moins dans un temps et un lieu donnés. \037Il résulte de là que plusieurs formes qu'on avait trouvées à Tétat sauvage et qu'on décrivait comme espèces doivent être les types ou souches des formes cultivées, et M. Naudin fait la réflexion très juste que ces formes sauvages plus ou moins diffé- rentes l'une de l'autre ont pu donner des produits cultivés diffé- rents. C'est d'alitant plus probable qu'elles habitent quelquefois des pays assez éloignés, comme l'Asie méridionale et l'Afrique tropicale, de sorte que les diversités de climat, combinées avec l'isolement, ont pu créer et consolider les différences. Voici les formes que M. Naudin énumère comme sauvages : 1** Celles de l'Inde, qui ont été nommées par Willdenow Cm- cumis puhescens, et par Roxburgh C. turbinatus ou C, Maderas^ patanus. Leur habitation naturelle est l'Inde anglaise dans toute son étendue et le Belouchistan. La qualité spontanée est évi- dente, même pour des voyageurs non botanistes *. Les' fruits varient de la grosseur d'une prune à celle d'un citron. Ils sont unis, rayés ou bariolés à l'extérieur, parfumés ou sans odeur. La chair en est sucrée, fade ou aigrelette, différences qui rap- pellent beaucoup celles des Cantaloups cultivés. D'après Rox- burgh, les Indiens récoltent les fruits du turbinatus et du Made- raspatanuSy qu'ils ne cultivent pas, mais dont ils aiment la saveur. Si l'on consulte la flore la plus récente de l'Inde anglaise, où M. Clarke a décrit les Cucurbitacées (2, p. 619), il semble que cet auteur ne s'accorde pas avec M. Naudin sur les formes m- diennes spontanées, quoique tous deux aient examiné les nom- breux échantillons de l'herbier de Kew. La différence d'opinion, plus apparente que réelle, tient à ce que l'auteur anglais rapporte à une espèce voisine, Cucumis trigonus, Roxburgh, certainement sauvage, les formes que M. Naudin classe dans le Cucumis Melo. M. Cogniaux ^, qui a vu depuis les mêmes échan- tillons, attribue seulement le C. turbinatus au trigonus. La dis- tinction spécifique des C, Melo et C, trigonus est mcdheu- reusement obscure, d'après les caractères donnés par les trois auteurs. La principale différence est que le Melo est annuel, l'autre vivace, mais cette durée ne parait pas bien constante. \0371. Gardener's chronide^ articles signés : J. H. H., 1857, p. 153 : 1858, p. 130. \0372. Cogniaux, dans Monogr, Phaner,, 3, p. 485. \037\035\013

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MELON 207 \037M. Glarke lui-même dit que le C Melo est peut-être dérivé par la culture du C. trlgonus^ c'est-à-dire, selon lui, des formes attribuées par Naudin au C, Melo, \037Les expériences faites pendant trois années consécutives par M. Naudin * sur des produits du Cucumis trigonus fécondé par le Melo paraissent appuyer lopinion d'une diversité spécifique admissible, car, si la fécondation a eu lieu, les produits ont été divers de formes et sont revenus souvent à Tun des ancêtres primitifs. \0372* Les formes africaines. M. Naudin n'a pas eu des échantil- lons en assez bon état et assez certains sous le rapport de la spontanéité, pour affirmer d'une manière positive r habitation en Afrique. Il l'admet avec hésitation. Il attribue à l'espèce des formes cultivées ou d'autres spontanées, dont il n'a pas vu les fruits. Après lui, sir Joseph Hooker * a eu des échantillons plus probants. Je ne parle pas de ceux de la région du Nil, qui sont probablement cultivés ', mais de plantes recueillies par Barter, en Guinée, dans les sables au bord du Niger. Thonning * avait déjà trouvé dans les sables, en Guinée, un Cucumis, qu'il avait nommé arenanus^ et M. Gogniaux ^, après avoir vu un échantillon rapporté par ce voyageur, l'a classé dans le C. Melo^ comme le pensait sir Joseph Hooker. Les nègres mangent le fruit de la plante recueillie par Barter. L'odeur est celle d'un melon vert frais. Dans la plante de Thonning, le fruit est ovoïde, de la grosseur d'une prune. Ainsi, en Afrique, comme dans rinde, l'espèce a des petits fruits à l'état spontané, ce qui n'est pas extraordinaire. Le Dudaïm s'en rapproche, parmi les va- riétés cultivées. \037La majorité des espèces du genre Cucumis est en Afrique ; une faible minorité se trouve en Asie ou en Amérique. D'autres espèces de Gucurbitacées sont disjointes entre l'Asie et l'Afrique, quoique les habitations soient ordinairement dans cette famille continues et restreintes. Le Cucumis Melo a peut-être été une fois spontané de la côte occidentale d'Afrique jusque dans llnde, sans intervalle, comme la Coloquinte [Citrullus Colocynthis), de la même famille. \037J'ai parlé jadis de la spontanéité douteuse du Melon au midi du Gaucase, d'après d'anciens auteurs. Les botanistes subsé- quents ne l'ont pas confirmée. Hohenacker, qui avait trouvé, disait-on, l'espèce autour d'Elisabethpol, n'en fait aucune men- tion dans son opuscule sur les plantes de la province de Ta- lysch. M. Boissier n'admet pas le Cucumis Melo dans sa flore orientale. Il dit seulement qu'il se naturalise avec facilité dans \0371. Naudin, Ann. se. nat., série 4, vol. 18, p. 171. \0372. Hooker, dans Flora of tropical AfHca, 2, p. 546. \0373. Schweinfurth et Ascherson, Aufzxhlung, p. 267. \0374. Schumacher et Thonning, Guineiske plantenj p. 426. \0375. Cogniaux, l. c, p. 483. \037\035\013

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208 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037les décombres et les terrains abandonnés. La même chose a été observée ailleurs, par exemple dans les sables de TUssuri, dans l'Asie orientale. Ce serait une raison pour se défier de la localité des sables du Niger, si la petitesse des fruits dans cet endroit ne rappelait les formes spontanées de Tlnde. \037La culture du Melon, ou de diverses variétés du Melon, a pu commencer séparément dans Tlnde et en Afrique. \037Son introduction en Chine parait dater seulement du viii« siècle de notre ère, d'après l'époque du premier ouvrage qui en ait parlé *. Comme les relations des Chinois avec la Bactnane et le nord-ouest de l'Inde, par l'ambassade de Chang-Kien, remontent au ip siècle avant Jésus-Christ, il est possible que la culture de l'espèce ne fût pas alors très répandue en Asie. La petitesse du fruit spontané n'encourageait pas. On ne connaît aucun nom sanscrit, mais un nom tamoul, probablement moins ancien, Molam 2, qui ressemble au nom latm Melo. \037Il n'est pas prouvé que les anciens Egyptiens aient cultivé le Melon. Le fruit figuré par Lepsius • n'est pas reconnaissable. Si la culture avait été usuelle et ancienne dans ce pays, les Grecs et les Romains en auraient eu connaissance de bonne heure. Or il est douteux que le Sikua d'Hippocrate et de Théophraste, ou le Pepôn de Dioscoride, ou le Melopepo de Pline fussent le Melon. Les textes sont brefs et insignifiants; Galien * est moins obscur, lorsqu'il dit qu'on mange l'intérieur des Melopepones^ mais non des Pepones, On a beaucoup disserté sur ces noms *, mais il faudrait des faits plutôt que des mots. La meilleure preuve que j'aie pu découvrir de l'existence du Melon chez les Romains est un fruit figuré très exactement dans la belle mo- saïque des fruits au musée du Vatican. Le D»* Comes certifie, en outre, que la moitié d'un Melon est représentée dans un dessin d'Herculanum ®. L'espèce s'est introduite dans le monde gréco- romain probablement à l'époque de l'empire, au commence- ment de l'ère chrétienne. La qualité en était, je suppose, mé- diocre, vu le silence ou les éloges modérés des auteurs, dans un pays où les gourmets ne manquaient pas. Depuis la Renaissance, une culture plus perfectionnée et des rapports avec l'Orient et l'Egypte ont amené de meilleures variétés dans les jardins. Nous savons cependant qu'elles dégénèrent assez souvent, soit par des intempéries ou de mauvaises conditions du sol, soit par un croisement avec des variétés inférieures de l'espèce. \0371. Bretschneider, lettre du 26 août 1881. \0372. PiddingtOD^ Index. \0373. Voir la copie dans Unger, Pflanzen des alten Mgyptens, fig. 25. \0374. Galien, De alimentiSj 1. 2, c. 5. \0375. Voir toutes les Flores de Virgile, et Naudin, Ann. se, nat., série 4 yol. 12, p. 111. ' \0376. Comes, ///. mante nei dipinti pompeianij in-4, p. 20, d'après Museo nazion.j vol. 3, pi. 4. \037\035\013

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PASTÈQUE 209 \037F^astèqne. — Citrutlus vulgaris , Schrader — Cucurbita Citrullus, Linné. \037L'origine de la Pastèque^ appelée aussi Melon cTeau, a été longtemps méconnue ou inconnue. D'après Linné, c'était une plante du midi de Tltalie ^ L'assertion était tirée de Matthiole, sans faire attention que cet auteur disait l'espèce cultivée. Seringe *, en 1828, la supposait d'Afrique et de l'Inde, mais il n'en donnait aucune preuve. Je l'ai crue de l'Asie méridionale, à cause de sa culture très commune dans cette région. On ne la connaissait pas à l'état spontané. Enfin on Ta trouvée indigène dans l'Afrique intertropicale, en deçà et au delà de l'éguateur •, ce qui tranche la question. Livingstone * a vu des terrains qui en étaient littéralement couverts. L'homme et plusieurs espèces d'animaux recherchaient ces fruits sauvages avec avidité. Ils sont ou ne sont pas amers, sans que rien le montre à l'extérieur. Les nègres frappent le fruit avec une hache et goûtent le suc pour savoir sll est bon ou mauvais. Cette diversité dans des plantes sauvages, végétant sous le même climat et dans le même sol, est propre à faire réfléchir sur le peu de valeur du caractère dans les Gucurbitacées cultivées. Du reste, l'amertume fréquente de la Pastèque n'a rien d'extraordinaire, puisque l'espèce la plus voisine est la Coloquinte {CitruUus Colocynthis), M. Naudin a obtenu des métis féconds d'un croisement entre une Pastèque amère, spontanée au Gap, et une Pastèque cultivée, ce qui con- firme l'unité spécifique accusée par les formes extérieures. \037On n'a pas trouvé l'espèce sauvage en Asie. \037Les anciens Egyptiens cultivaient la Pastèque. Elle est figurée dans leurs dessins *. C'est déjà un motif pour croire que les Israélites connsdssaient l'espèce et l'appelaient Abbatitchim^ comme on le dit; mais en outre le mot arabe Battich, Batteca^ qui dérive évidemment du nom hébreu, est le nom actuel de la Pastèque. Le nom français vient de l'hébreu, par l'arabe. Une preuve de l'ancienneté de la plante dans la culture du nord de l'Afrique est le nom berbère, Tadellaàt ^, trop différent du nom arabe pour n'être pas antérieur à la conquête. Les noms espa- gnols Zandria^ Cindria et de l'île de Sardaigne Sindria ^, que je ne puis rapprocher d'aucun autre, font présumer aussi une an- cienne culture dans la région méditerranéenne occidentale. En Asie, la culture s'est répandue de bonne heure, car on connaît un \037\035\0131. Habitat in Apulia, Calabria, Sicilia. (Linné, Species, éd. 1763, p. 1435.) \0372. Seringe, dans Prodromus, 3, p. 301. \0373. Naudin, Ann, se, nat, , série 4, vol. 12, p. 101 ; sir J. Hooker, dans Oliver, Flora of tropical Africa. 2, p. 549. \0374. Traduction française, p. 56. \0375. Unger a copié les fifi^res de Fouvrage de Lepsins, dans son mémoire Die Pflanzen des alten JEçyptens, fig. 30, 31, 32. \0376. Dictionnaire français-berbère ^ au mot Pastèque. \0377. Moris, Flora saraoa. \037De Candolle. 14 \037\035\013

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210 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037nom sanscrit, Chaya-jmla ^ mais les Chinois n*ont reçu la plante qu'au x® siècle de Tère chrétienne. Ils la nomment Si kua, qui veut dire melon de l'ouest '. \037La Pastèque étant annuelle mûrit, au delà des tropiques, dans les pays où Tété est suffisamment chaud. Les Grecs modernes la cultivent beaucoup et la nomment Carpousea ou Carpousia ^, mais on ne trouve pas ce mot dans les auteurs de Tantiquité, ni même dans le grec de la décadence et du moyen âge ^. C'est un mot commun avec le Karpus des Turcs de Constantinople ^, qui se trouve aussi en russe sous la forme de Arbus * et en bengali et hindoustani sous celle de Tarbuj^ Turbouz '. Un autre nom de Constantinople, cité par Forskal, Chimonico, se trouve en alba- nais, Chimico ^. L'absence d'un ancien nom grec qu'on puisse attribuer avec sûreté à l'espèce fait présumer qu'elle s'est intro- duite dans le monde gréco-romain à peu près au commencement de l'ère chrétienne. Le poème Copa^ attribué à Virgile et Pline, en a peut-être parlé (livre 49, cap. 5), comme le présume Naudin, mais c'est douteux. \037Les Européens ont transporté le Melon d'eau en Amérique, où maintenant on le cultive du Chili jusqu'aux Etats-Unis. Le Jacé des Brésiliens, figuré dans Pison et Marcgraf, est évidem- ment introduit, car le premier de ces auteurs dit la plante cul- tivée et quasi naturalisée ^. \037Concombre. — Cucumis sativus, Linné. . Malgré la différence bien visible du Melon et du Concombre, ou Cornichon^ qui appartiennent tous deux au genre CucumiSy les cultivateurs supposent que des croisements de ces espèces peuvent avoir lieu et nuisent quelquefois aux qualités du Melon. M. Naudin *• s'est assuré par expérience que cette fécondation n'est pas possible, et il a montré ainsi que la distinction des deux espèces est bien fondée. \037Le pays d'origine du Cucumis sativus était réputé inconnu par Linné et de Lamarck. En 1805, Willdenow " a prétendu que c'était la Tartarie et l'Inde, sans en fournir aucune preuve. Les botanistes subséquents n'ont pas confirmé cette indication. \037\ . Piddington, Index, \0372. Bretschneider, Study and value , etc^ p. 17. \0373. Heldreich, Pflanzen d. attischen Ebene, p. ^9i ; Nutzpflanzen Gnechen- lancTs, p. 50. \0374. Lançkavel. Botanik der spateren Griechen, \0375. Forskal, Flora œgypto-arabica, part. 1, p. 34. \0376. Nemnich, PolygL Lexicon, 1, p. 1309. \0377. Piddington, Index; Pickering, Chronological arrangement, p. 72. \0378. Heldreich, Nutzpflanzen, p. 50. \0379. tt Sativa planta et tractu temporis quasi nativa facta, » (Piso, éd. 1658, p. 233.) \03710. Naudin, dans Ann» se. nat,, série 4, vol. 11, p. 31. \03711. Willdenow, Species, 4, p. 615. \037\035\013

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CONCOMBRE âll \037Lorsque j'ai examiné la question, en 1855, on n'avait trouvé l'es- pèce sauvage nulle part. D'après divers motifs, tirés de son ancienne culture en Asie et en Europe, et surtout de l'existence d'un nom sanscrit, Soukasa ^ je disais : « La patrie est probable- ment le nord-ouest de l'Inde, par exemple le Caboul ou quel- que pays adjacent. Tout fait présumer qu'on la découvrira un jour dans ces régions encore mal connues. » \037C'est bien ce qui s'est réalisé, si l'on admet, avec les auteurs actuels les mieux informés, que le Cucumis Hardwickii, Royle rentre dans les formes du Cucumis sativus. On peut voir dans l'ouvrage intitulé Illustrations of Himalayan plants de Royle, p. 220, pi. 47, une figure coloriée de ce Concombre récolté au pied des monts Himalaya. Les tiges, feuilles et fleurs sont tout à fait celles du C sativus. Le fruit, ellipsoïde et lisse, aune saveur amère; mais dans le Concombre cultivé il y a des formes analo- gues, et l'on sait que dans d'autres espèces de la famille, par exemple dans la Pastèque, la pulpe est douce ou amère. Sir Josepn Hooker, après avoir décrit la variété remarquable de Concombre dite de Sikkim ^, ajoute que la forme Hardwickiiy spontanée de Kumaon à Sikkim, et dont il a recueilli des échan- tillons, ne diffère pas plus des plantes cultivées que certaines variétés de celles-ci ne diffèrent les unes des autres, et M. Go- gniaux, après avoir vu les plantes de Therbier de Kew, adopte cette opinion '. \037Le Concombre, cultivé depuis au moins trois mille ans dans l'Inde, a été introduit en Chine seulement au deuxième siècle avant Jésus-Christ, lors du retour de Chang-Kien, envoyé en Bactriane *. Du côté occidental, la propagation de l'espèce a marché plus vite. Les anciens Grecs cultivaient le Concombre sous le nom de Sikuos ^j qui est resté dans la langue moderne, sous la forme de Sikua, Les Grecs actuels disent aussi Aggouria, d'une ancienne racine des langues aryennes, appliquée quelque- fois à la Pastèque, et qui se retrouve pour le Concombre dans le bohème Agurka, l'allemand Gurke, etc. Les Albanais (Pélasges?) ont un tout autre nom, Kratsavets ^, qu'on reconnaît dans le slave Krastavak, Les Latins appelaient le Concombre Cucumis. Ces noms divers montrent l'ancienneté de l'espèce en Europe. Je citerai même un nom esthonien, Uggurits^ Ûkkurits^ Urits '. 11 ne semble pas finnois, mais plutôt emprunté à la mèrre racine aryenne que Aggouria, Si le Concombre était parvenu €n Europe \037i. Piddiûgton, Index. \0372. Botanical magazine, pi. 6206. \0373. Cogûiaux, dans de uandolle, Monogr. Phanér., 3, p. 499. \0374. Bretschneider, lettres des 23 et 26 août 1881. \0375. Theophrastes, Hist., 1. 7, c, 4; Lenz, Botanik der alten Griechen und Roemer^ p. 492. \0376. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenland's, p. 50. \0377. Nemnich, Polygl. Lexicon, 1, p. 1306. \037\035\013

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212 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037avant les Aryens on aurait peut-être quelque nom particulier dans la langue basque, ou Ton aurait trouvé des graines dans les habitations lacustres de Suisse et Savoie, mais cela ne s'est pas présenté. Les peuples voisins du Caucase ont des noms tout différents du grec : en tartare Kiar, en Kalmouk Chaja^ en arménien Karan *. Le nom Chiar existe aussi en arabe pour quelque variété de Concombre *. Ce serait donc un nom touranien, antérieur au sanscrit, par où la culture dans l'Asie occidentale aurait plus de 3000 ans. \037On dit communément que le Concombre était le Kischsckuim, un des fruits d'Egypte regrettés par les Israélites dans le désert ^. Je ne vois cepenoant aucun nom arabe, parmi les trois cités par Forskal, qui se rattache à celui-ci, et jusqu'à' présent on n'a pas trouvé d'indication de la présence du Concombre dans l'ancienne Egypte. \037Concombre Angoria. — Cucumis Anguria, Linné. \037Cette petite espèce de Concombre est désignée dans le Bon jardinier sous le nom de Concombre Arada. Le fruit, de la gros- seur d'un œuf, est très épineux. On le mange cuit ou conservé au vinaigre. Comme la plante est productive, sa culture est fré- quente dans les colonies américaines. Descourtilz et sir J. Hooker en ont publié de bonnes figures coloriées, et M. Cogniaux une planche contenant des analyses détaillées de la fleur *. \037L'indigénat aux Antilles est affirmé par plusieurs botanistes. P. Browne', dans le siècle dernier, appelait la plante Petit Con- combre sauvage (à la Jamaïque). Descourtilz s'est servi des expressions suivantes : « Le Concombre croit partout naturelle- ment, et principalement dans les savanes sèches et près des rivières dont les rives offrent une riche végétation. » Les habi- tants l'appellent Concombre marron. Grisebach ® a vu des échantil- lons de plusieurs autres îles Antilles et parait admettre leur qua- lité spontanée. M. E. André a trouvé 1 espèce sur le bord de la mer, dans les sables, à Porto-Cabello, et Burchell, dans le même genre de stations, au Brésil, dans une localité non désignée, ainsi que Riedel, près de Rio-de-Janeiro ^. Pour une infinité d'autres échantillons recueillis dans l'Amérique orientale, du Brésil à la Floride, on ne sait s'ils étaient spontanés ou cultivés. \037Une plante spontanée, du Brésil, fort mal dessinée dans Piso *, \0371. Nemùich, ibid, \0372. Forskal, Flora x^ypt., p. 76. \0373. Rosenmûller, Biblische Alterthunskunde^ \, p. 97; Hamilton, Bota- nique de la Bible, p. 34. \0374. Descourtilz, FÎortf médicale des Antilles^ 5, pi. 329; Hooker, Botanical magazine, t. 5817; Cogniaux, dans Flora brasiliensis, fasc. 78, pi. 2. \0375. Browne, Jamaïca, éd. 2, p. 353. \0376. Grisebach, Flora of british W. India islands, p. 288. \0377. Cogniaux, L c. \0378. Guanerva-oba, dans Piso, BrasiL, éd. 1658, p, 264; Marcgraf, éd. \037\035\013

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y^ BENINGASÂ 213 \037est citée comme appartenant à Tespèce, mais j'en doute beau- coup. \037\035\013\013sidéré de \037tous ,^ _,- \037d'Afrique. Il s'est demandé si celui-ci n'aurait point été intro- duit en Amérique par les nègres, comme beaucoup d'autres plantes qui s'y sont naturalisées. Cependant, n'ayant pu trouver aucune plante africaine qui fût semblable, il s'est rangé à l'opi- nion des auteui's. Sir Joseph Hooker, au contraire, incline à croire le C, Anguria une forme cultivée et modifiée de quelque espèce africaine voisine des C. prophetarum et C. Figarei^ bien que ceux-ci soient vivaces. En faveur de cette hypothèse, j'ajou- terai que : 4" le nom de Concombre marron^ donné dans les Antilles françaises, indique une plante devenue sauvage, car tel est le sens pour les nègres marrons; 2® la grande extension en Amérique, du Brésil aux Antilles, toujours sur la côte où la traite des nègres a été le plus active, parait un indice d'origine étrangère. Si l'espèce était américaine, antérieure à la décou- verte, avec une habitation d'une pareille étendue elle se serait trouvée aussi sur la côte occidentale d'Amérique et dans l'inté- rieur, ce qui n'est pas. \037La question ne sera résolue que par une connaissance plus complète des Cucumis d'Afrique, et par des expériences de fécon- dation, si quelqu'un a la patience et l'habileté nécessaires pour opérer sur le genre Cucumis comme M. Naudin sur les Cucur- bita. \037En terminant, je ferai remarquer la bizarrerie du nom vul- gaire des Etats-Unis pour l'Anguria : Jérusalem Cucumber, Con- combre de Jérusalem '. Prenez ensuite les noms populaires pour guide dans la recherche des origines I \037Beninoasa. — Benincasa hispida, Thunberg. — Benincasa cerifera^ Savi. \037Cette espèce, qui constitue à elle seule le genre Benincasa, ressemble tellement aux Courges que d'anciens auteurs l'avaient prise pour la Courge Pépon *, malgré l'efflorescence cireuse de la surrace du fruit. Elle est d'une culture générale dans les pays tropicaux. On a peut-être eu tort de la négliger en Europe après l'avoir essayée, car M. Naudin et le Bon jardinier s'accordent à la recommander. \037\035\0131648, p. 44, sans figure, en parle sous le nom de Cucumis sylvestris Bra- silix, \0371. Naudin, Ann, se, nat.^ série 4, vol. H, p. 12. \0372. Darlington, Agricultural botany, ç. 58. \0373. C'est le Cucurbita Pepo de Loureiro et de Roxburgh. \037\035\013

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214 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037C'est le Cumbalam de Rheede, le Camolenga de Rumphius, qui l'avaient vue au Malabar et dans les îles de la Sonde seu- lement cultivée, et en avaient donné des figures. \037D'après plusieurs ouvrages, même récents*, on pourrait croire que jamais elle n'a été trouvée à l'état spontané ; mais, si Ton fait attention aux noms divers sous lesquels on Fa décrite, il en est autrement. Ainsi les Cucurbita hispida^ Thunberg, et Lagenaria dasystemoriy Miquel, d'après des échantillons authentiques vus par M. Gogniaux ^, sont des synonymes de l'espèce, et ce sont des plantes sauvages au Japon ^, Le Cucurbita litt07*aiis^ Hasskarl *, trouvé dans des broussailles au bord de la mer, à Java^ et le Gymnopetatum septemlobum^ Miquel, aussi à Java, sont le Benin- casa, d après M. Gogniaux. De même le Cucurbita vacua, Mueller * et le Cucurbita pruriens^ Forster, dont il a vu des échantillons authentiques trouvés à Rockhingham , en Australie et aux îles de la Société. M. Nadeaud ® ne parle pas de cette dernière. On peut soupçonner des naturalisations temporaires dans les îles de la mer Pacifique et le Queensland, mais les localités de Java et du Japon paraissent très certaines. Je crois d'autant plus à cette dernière que la culture du Benincasa en Chine remonte à une haute antiquité '. \037Luffa cylindrique. — Momordica cylindrica, Linné. — Luffa cylindrica^ Rœmer. \037M. Naudin • s'exprime ainsi : « Le Luff'a cylindrica^ auauel on a conservé dans quelques-unes de nos colonies le nom indien de Pétole^ est probablement originaire de l'Asie méridionale, mais peut être il l'est aussi de l'Afrique, de l'Australie et des îles de rOcéanie. On le trouve cultivé par la plupart des peuples des pays chauds, et il paraît s'être naturalisé dans beaucoup de lieux où sans doute il n'existait pas primitivement. » M. Go- gniaux ' est plus affirmatif. « Espèce indigène, dit-il, dans toutes les régions tropicales de l'ancien monde ; souvent cultivée et subspontanée en Amérique, entre les tropiques. » \037En consultant les ouvrages cités par ces deux monographes et les herbiers, on trouve la qualité de plante sauvage certifiée quelquefois d'une manière positive. \0371. Clarke, daDS Flora ofbritish India^ 2, p. 616. \0372. Gogniaux, dans de CandoUe, Monogr, Planer,, 3, p. 513. \0373. Thunberg, FI, jap„ p. 322; Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap,^ 1, p. 173. \0374. Hasskarl, Catal. horti bogor.. aller, p. 190; Miquel, Flora indo-batava. \0375. Mueller, Fragm., 6, p. 1*86; Forster, Prodr. (sans descr,); Seemann, Journal of bolany, 2, p . 50. \0376. Nadeaud, Plantes usuelles des Tahitiens ; Enumération des plantes indu gènes à Tatti. \0377. Breitschneider, lettre du 26 août 1881. \0378. Naudin, dans Ann. se. nat., série 4, vol. 12, p. 121, \0379. Gogniaux, dans Monogr. Phanewg., 3, p. 458. \037\035\013

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LUFFA ANGULEUX 215 \037En ce qui concerne TAsie *, Rheede Fa vue dans les sables, les forêts et autres lieux du Malabar ; Roxburgh la dit spontanée dans l'Hindoustan, Kurz dans les forêts du pays des Birmans ; Thwaites à Geylan. J'en possède des échantillon&de Geylan et de Khasia. On ne connaît aucun nom sanscrit, et le D"" Bretschneider, dans son opuscule On the study^ etc.j et dans ses lettres ne mentionne aucun Luffa cultivé ou spontané en Chine. Je présume par con- séquent que la culture n est pas ancienne, même dans Tlnde. \037En Australie , Tespèce est spontanée au bord des rivières du Queensland *, et d'après cela il est probable qu'on la trouvera spontanée dans l'archipel asiatique, où Rumphius, Miquel,etc., en parlent seulement comme d'une plante cultivée. \037Les herbiers renferment un grand nombre d'échantillons re- cueillis dans l'Afrique tropicale, de Mozambique à la côte de Guinée, et jusqu'au pays d'Angola, mais les collecteurs ne pa- raissent pas avoir indiqué si c'étaient des échantillons spon- tanés ou cultivés. Dans l'herbier Delessert, Heudelot a inaiqué les environs de Galam , dans les terrains fertiles. Sir Joseph Hooker ^ les cite, sans rien affirmer. MM. Schweinfurth et As- cherson *, toujours attentifs à ces questions, donnent l'espèce pour uniquement cultivée dans la région du Nil. Geci est assez curieux, parce que la plante ayant été vue, dans le xvii* siècle, dans les jardins d'Egypte, sous le nom arabe de Luff ^, on a nommé le genre Luffa et l'espèce Luff^a aegyptiaca. Les monu- ments de 1 ancienne Egypte n en ont ofifert aucune trace. L'ab- sence de nom hébreu est encore une raison de croire que la culture s'est introduite en Egypte au moyen âge. On la pratique aujourd'hui dans le Delta, non seulement pour le fruit, mais encore pour expédier les graines, dites de courgettes, dont la décoction sert à adoucir la peau. \037L'espèce est cultivée au Brésil, à la Guyane, au Mexique, etc. ; mais je n'aperçois aucun indice qu'elle soit indigène en Améri- que. Il paraît qu'elle s'est naturalisée çà et là, par exemple dans le Nicaragua, d'après un échantillon de Levy. \037En résumé l'origine asiatique est certaine, l'africaine fort dou- teuse, celle d'Amérique imaginaire, ou plutôt l'effet d'une natu- ralisation . \037Luflà angruleux. — Papengay. — Luffa acutangula , Roxburgh. L'origine de cette espèce, cultivée, comme la précédente, dans \0371. Rheede, Hort. malabar., 8, p. 15, t. 8; RoxburgU, FI. ind.j 3, p. 714, 715, sous le nom deL. clavata; Kurz, Contrib.,2, p. 100; Thwaites, Enum, \0372. Mueller, Fragmenta^ 3, p. 107; Bentham, Flora austral., S, p, 317, sous des noms synonymes de L. cylindrica d'après Naudin et Cogniaux. \0373. Hooker, dans Flora of tropical Africa, 2, p. 530. \0374. Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlungt p. 268. 0. Forskal, FL œgypt., p. 75. \037\035\013

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216 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037tous les pays tropicaux, n'est pas bien claire, d'après MM. Nau- din et Gogniaux '. Le premier indique le Sénégal, le second \037\035\013\013par M. Glarke, dans la flore de sir J. Hooker. Rheede ' avait vu la plante autrefois dans les sables du Malabar. L'habitation naturelle parait limitée, car Thwaites à Geylan, Kurz dans la Birmanie anglaise et Loureiro pour la Gochinchine et la Ghine ^, ne citent l'espèce que comme cultivée, ou venant dans les dé- combres, près des jardins. Rumphius ^ l'appelle une plante du Bengale. Aucun Lufia n'est cultivé depuis longtemps en Ghine^ d'après une letttre du D^ Bretschneider. On ne connaît pas de nom sanscrit. Ge sont autant d'indices d'une mise en culture pas très ancienne en Asie. \037Une variété à fruit amer est commune dans l'Inde anglaise ^ à l'état spontané, car on n'a aucun intérêt à la cultiver. Elle existe aussi dans les îles de la Sonde. G'est le Luffa amaruy Roxburgh, et le L. sylvestris, Miquel. LeZ. subangulata, Miquel, est une autre forme, croissant à Java, que M. uogniaux réunit également, sur la vue d'échantillons certains. \037M. Naudin n'explique pas d'après quel voyageur la plante serait sauvage en Sénégambie ; mais il dit que les nègres l'appel- lent Papenaaye^ et, comme ce nom est celui des colons de l'île de France \ il est probable qu'il s'agit au Sénégal d'une plante cultivée, peut-être naturalisée autour des habitations. Sir Joseph Hooker, dans le Flora of tropical A frica, indique l'espèce, sans donner la preuve qu'elle soit spontanée en Afrique, et M. Go- gniaux est encore plus bref. MM. Schw^einfurth et Ascherson* ne l'énumèrent pas, soit comme spontanée, soit comme cultivée, , dans la région de l'Egypte , la Nubie et l'Abyssinie. Il n'y a aucune trace d'ancienne culture en Egypte. \037L'espèce a été envoyée souvent des Antilles, de la Nouvelle- Grenaae, du Brésil et autres localités d'Amérique ; mais on n'a pas d'indice qu'elle y soit ancienne, ni même qu'elle s'y trouve à distance des jardins, dans un état vraiment spontané. \037Les conditions ou probabilités d'origine et de date de culture sont, comme on voit, semblables pour les deux Luffa cultivés. A l'appui de l'hypothèse que ces derniers ne sont pas originaires \0371. Naudin, Ann, se, nat,, sér. 4, y. 12, p. 122; Cogniaux, dans Monogn Phaner,f 3, p. 459. \0372. Linné, Species, p. 1436, sous le nom de Cucumis acutangulus. \0373. Rheede, Hort, malab,^ 8, p. 13, t. 7. \0374. Thwaites, Enum, Ceylan., p. 126; Kurz, Contrib,, 2, p. 101; Loureiro,, FI. Cochinch.y p. 727. \0375. Rumphius, Amboin.y 5, ç. 408, t. 149 \0376. Clarke, dans Flora of hriiish India, 2, p. 614. \0377. Bojer, Horitis mauritianus, \0378. Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlungj p. 268. \037\035\013

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CHAYOTE 217 \037d'Afrique, je dirai que les quatre autres espèces du genre sont ou asiatiques ou américaines, et, comme indice de plus que la culture des LufTa n'est pas très ancienne, j'ajoute que la forme du fruit a varié beaucoup moins que dans les autres Gucurbi- tacées cultivées. \037Trichosantlies serpent. — Trlchosanthes anguina, Linné. \037Gucurbits^cée annuelle, grimpante, remarquable par sa corolle frangée. On l'appelle dans l'Ile Maurice Petole, d'un npm usité à Java. Le fruit, allongé en quelque sorte comme un légume charnu de Légumineuse , est recherché dans l'Asie tropicale pour être mangé cuit, comme des concombres. \037Les botanistes du xvii® siècle l'ayant reçu de Chine, se sont figurés que la plante y est indigène, mais elle y était probable- ment cultivée. Le D^ Bretschneider * nous apprend que le nom chinois, Mankua^ signifie Concombre des barbares au sud. La patrie doit être l'Inde ou l'archipel indien. Aucun auteur cepen- dant n'affirme l'avoir trouvée dans un état clairement spontané. Ainsi M. Clarke se borne à dire dans la flore de l'Inde anglaise (2, p. 610^ : « Inde, cultivé. » M. Naudin ', avant lui, disait : « Habite 1 Inde orientale, où on la cultive beaucoup pour ses fruits. Elle se présente rarement à l'état sauvage. » Rumphius ^ n'est pas plus afflrmatif pour Amboine. Lourelro et Kurz en ce qui concerne la Cochinchine et le pays des Birmans, filume et Miquel pour les îles au midi de l'Asie, n'ont vu que la plante cultivée. Les 39 autres espèces du genre sont toutes de l'ancien monde, entre la Chine ou le Japon, l'Inde occidentale et l'Aus- tralie. Elles sont surtout dans l'Inde et l'archipel. Je regarde l'origine indienne comme la plus probable. \037L'espèce a été portée à l'île Maurice, où elle se sème autour des cultures. Ailleurs elle s'est peu répandue. On ne lui connaît aucun nom sanscrit. \037Ghayote. — Sechium eduk, Swartz. \037On cultive cette Cucurbitacée, dans l'Amérique intertropi- cale, pour ses fruits, qui ont une forme de Poire et le goût d'un Concombre. Ils ne contiennent qu'une graine, de sorte que la chair est abondante. \037L'espèce constitue à elle seule le genre Sechium. On en trouve des échantillons dans tous les herbiers, mais ordinairement les collecteurs n'ont pas indiqué s'ils étaient cultivés, naturalisés ou vraiment spontanés^ avec l'apparence d'être originaires du pays. Sans parler d'ouvrages dans lesquels on prétend que cette plante vient des Indes orientales, ce qui est tout à fait faux, plusieurs des plus estimés mentionnent pour origine la \0371. Bretschneider, On study, etc., p. 17. \0372. Naudin, Ann, se, nat., série 4, vol. 18, p 190. \0373. Rumphius, Amboin,, 5, pi. 148. \037\035\013

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218 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Jamaïque *. Cependant P. Browne*, dans le milieu du siècle dernier, disait positivement qu'elle y est à Tétat de culture, et avant lui Sloane n'en a pas parlé. Jacquin ® dit qu'elle « habite et qu'on la cultive à Cuba )», et Richard a copié cette phrase dans la flore de R. de La Sagra, sans ajouter quelque preuve. M. Naudin * a dit : « Plante du Mexique », mais il ne donne pas les motifs de son assertion. M. Gogniaux ^, dans sa ré- cente monographie, cite un grand nombre d'échantillons re- cueillis du Brésil aux Antilles, sans dire qu'il en ait vu aucun qualifié de spontané. Seemann ® a vu la plante cultivée à Pa- nama, et il ajoute une remarque importante, si elle est exacte : c'est que le nom de Chayote, usité dans l'isthme, est une cor- ruption d'un nom atztec, Chayotl. Voilà un indice d'ancienne existence au Mexique, mais je ne trouve pas ce nom dans Her- nandez, l'auteur classique sur les plantes mexicaines antérieures à la conquête. La Chayote n'était pas encore cultivée à Cayenne il y a dix ans '. Au Brésil, rien ne fait présumer une ancienne culture. L'espèce n'est pas mentionnée dans les anciens auteurs, tels que Piso et Marcgraf, et le nom Chuchu^ donné comme bré- silien ', me paraît venir de Chocko, usité à la Jamaïque, lequel est peut-être une corruption du mot mexicain. \037Les probabilités sont, en résumé : 1® une origine du Mexique méridional et de l'Amérique centrale; 2® un transport aux Antilles et au Brésil à peu près dans le xvni« siècle. \037On a introduit plus tard l'espèce dans les jardins de Tile Maurice et récemment en Algérie, où elle réussit à merveille ^. \037Opuntia Figue d'Inde. — Opuntia Ficus indica^ Miller. \037La plante grasse, de la famille des Cactacées, sur laquelle vient le fruit appelé dans le midi de l'Europe Figue d^Inde^ n'a aucun rapport avec les Figuiers , ni le fruit avec la figue. Il n'est pas originaire de l'Inde, mais d'Amérique. Tout est faux et ridicule dans ce nom vulgaire. Cependant Linné en ayant fait un nom botanique. Cactus Ficus indica^ rapporté ensuite au genre Opuntia^ il a fallu conserver le nom spécinque, pour éviter les changements, sources de confusion, et rappeler la dénomina- tion populaire. Les formes épineuses et plus ou moins dépour- vues d'épines ont été désignées par quelques auteurs comme des espèces distinctes, mais un examen attentif porte à les réunir ". \0371. Grisebach, Flora ofbrit, W. India IslandSy p. 286. \0372. Browne, jamaica, p. 355. \0373. Jacquin, Stirp. amer, hist,, p. 259. \0374. Naiidin, Ann. se, nat.j série 4, vol. 18, p. 205. \0375. Dans Monogr. Phanev., 3. p. 902. \0376. Seemann, Bot, ofHerala, p. 128. \0377. Sagot, Journal de la Soc, a*hwHic, de France, 1872. \0378. Gogniaux, Flora brasil., fasc. 78. \0379. Saffot, l. c, 19. \03710. Webb et Berthelot, Phytographia canariensis, sect. I, p. 208. \037\035\013

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GROSEILLIER À MAQUEREAUX 219 \037L'espèce existait, à l'état spontané et cultivé, au Mexique, avant l'arrivée des Espagnols. Hernandez * en décrit neuf va- riétés, ce qui montre l'ancienneté de la culture. L'une d'elles, à peu près sans épines, paraît avoir nourri plus spécialement que les autres l'insecte appelé cochenille, qu'on a transporté avec la plante aux îles Canaries et ailleurs. On ne peut pas savoir jusqu'où s'étendait l'habitation en Amérique avant que l'homme eût transporté les fragments de la plante, en forme de raquette, et'les fruits^ qui sont deux moyens faciles de propagation. Peut- être les individus sauvages dans la Jamaïque et autres îles Antilles dont parlait Sloane *, en 1725, étaient-ils le résultat d'une introduction par les Espagnols. Assurément Tespèce s'est naturalisée dans cette direction aussi loin que le climat le lui per- met, par exemple jusqu'à la Floride méridionale ^. • \037C'est une des premières plantes que les Espagnols aient trans- portées dans le vieux monde, soit en Europe, soit en Asie. Son apparence singulière frappait d'autant plus l'attention qu'au- cune espèce de la famille n'avait encore été vue *. Tous les botanistes du xvi« siècle en ont parlé, et en même temps la plante s'est naturalisée dans le midi de l'Europe et en Afrique à mesure qu'on se mettait à la cultiver. C'est en Espagne que rOpuntia a d'abord été connu sous le nom américain de Tm%a^ et probablement se sont les Maures qui l'ont porté en Barbarie, quand on les a chassés de la Péninsule. Ils le nommaient Figue de chrétien ^. L'usage d'entourer les propriétés de Figuiers d'Inde, comme clôture, et la valeur nutritive des fruits, assez fortement sucrés, ont déterminé l'extension autour de la mer Méditerranée et en général dans les pays voisins des tropic^ues. \037L'élève de la cochenille, qui nuisait à la production des fruits ^, est en pleine décadence depuis la fabrication des matières colo- rantes par des procédés chimiques. \037Groseillier & maquereaux. — Rxhes Grossularia et R. Vva- crispUy Linné. \037Les formes cultivées présentent ordinairement un fruit lisse ou qui porte quelques gros poils raides, tandis que le fruit de la forme sauvage (R. Uva-crispa) a des poils mous et moins longs ; mais on a constaté souvent des intermédiaires, et il a été prouvé, par expérience, qu'en semant des graines du fruit cultivé on obtient des pieds ayant des poils ou sans poils '. Il n'y a, par conséquent, qu'une seule espèce, qui a donné par la culture une \0371. Hernandez, Thésaurus Novœ Hispanise, p.78. \0372. Sloane, Jamaica^ 2, p. 150. \0373. Chapman, Flora of south. United states, p. 144. \0374. Le Cactos des Grecs était tout autre chose. \0375. Steinheil, dans Boissier, Voyage bot, en Espagne ^ 1, p. 25. \0376. WeJbb et Berthelot, Phyt, canar, \0377. Robson, cité dans English botany, planche 2057. \037\035\013

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220 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037variété principale et plusieurs sous- variétés quant à la grosseur, la couleur ou la saveur du fruit. \037Ce Groseillier croît spontanément dans toute l'Europe tem- pérée, depuis la Suède méridionale jusque dans les parties mon- tueuses de TEspagne centrale, de l'Italie et de la Grèce *. On le mentionne aussi dans l'Afrique septentrionale, mais le dernier catalogue* publié des plantes d'Algérie ^ l'indique seulement dans les montagnes d'Aurès, et M. Bail en a trouvé une variété assez distincte dans l'Atlas du Maroc ^. Il existe dans le Cau- case * et, sous des formes plus ou moins différentes, dans l'Hima- laya occidental ^. \037Les Grecs et les Romains n'ont pas parlé de cette espèce, qui est rare dans le midi et qu'il ne vaut guère la peine de planter là où les raisins mûrissent. C'est surtout en Allemagne , en Hollande et en Angleterre qu'on l'a cultivée, depuis le xvi* siè- cle ®, principalement pour assaisonnement, d'où viennent les noms de Gooseberry en anglais et de Groseille à mciquereaux en français. On en fait aussi une sorte de vin. \037La fréquence de la culture dans les îles Britanniques et les lieux où on le trouve, qui sont souvent près des jardins, ont fait naître chez plusieurs botanistes anglais l'idée d'une naturalisa- tion accidentelle. C'est assez probable pour l'Irlande  ; mais, comme il s'agit d'une espèce essentiellement européenne, je ne vois pas pourquoi en Angleterre, où la plante sauvage est plus commume, elle n'aurait pas existé depuis l'établissement de la plupart des espèces de la flore britannique, c'est-à-dire depuis la fin de l'époque glaciaire, avant la séparation de l'île d'avec le continent. Phillips cite un vieux nom anglais tout particulier, Feaherry ou Feaôes, qui vient à l'appui d'une ancienne exis- tence, de même que deux noms gallois *, dont je ne puis cepen- dant pas attester l'originalité. \037Groseillier rouge. — fiibes rubrum, Linné, \037Le Groseillier ordinaire, rouge, est spontané dans l'Europe septentrionale et tempérée, de même que dans toute la Sii>érie ^ jusqu'au Kamtschatka, et en Amérique du Canada et du Ver- mont à l'embouchure de la rivière Mackensie *®. \037Comme le précédent, il était inconnu aux Grecs et aux Ro- \0371. Nyman, Conspecttis fl. europex, p. 266 ; Boissier, FI. or., 2, p. 815. \0372. Miinby, Catal., éd. 2, p. 15. \0373. Bail, Spicilegium fl, marocc, p. 449. \0374. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 194 ; Boissier, /. c. \0375. Clarke, dans Hooker, FÎ. brit. India, 2, p. 410. \0376. Phillips, Account of fi^its, p. 174. \0377. Moore et More, Contrib, to the Cybebe hibernica, p. 113. \0378. Davies, Welsh botanology, p. 24. \0379. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 199. \03710. Torrev et Gray, Fl. N. Am.y 1, p. 150. \037\035\013

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GROSEILLIER ROUGE 221 \037mains, et la culture s'en est introduite dans le moyen âge seule- ment. La plante cultivée diffère à peine de la plante sauvage. L'origine étrangère pour le midi de l'Europe est attestée par le nom Groseille a outremer^ donné en France % au xvi« siècle. A Genève, la Groseille se nomme encore vulgairement Raisin de mare^ et, dans le canton de Soleure, Meertrûbli. Je ne sais pour- quoi on s'est imaginé, il y a trois siècles, que l'espèce venait d'ou- tremer. Peut-être doit-on l'entendre dans ce sens, qu'elle aurait été importée par les Danois et les Normands, ou que ces peuples du nord, venus par mer, en auraient introduit la culture. J'en doute, cependant, car le Ribes rubrum est spontané dans presque toute la Grande-Bretagne * et en Normandie • ; les Anglais, qui ont eu des rapports fréquents avec les Danois, ne le cultivaient pas encore en 1557, d'après une liste des fruits de cette époque rédigée par Th. Tusser et publiée par Phillips *, et même du temps de Gerarde, en 1597 *, la culture en était rare et la plante n'avait pas de nom particulier ® ; enfin, il y a des noms français et bretons qui font supposer une culture antérieure aux Normands dans l'ouest de la France. \037Les vieux noms de cette contrée nous sont indiqués dans le Dictionnaire de Ménage. Selon lui, on appelait les groseilles rouges, à Rouen Gardes^ à Caen Grades^ dans la basse Nor- mandie Gradilles^ et dans son pays, en Anjou, Castilles, Ménage fait venir tous ces noms de rubius, rubicus, etc., par une suite de transformations imaginaires, du mot ruber, rouge. Legonidec ' nous apprend que les Groseilles rouges se nomment aussi Kas- tilez (avec / mouillée) en Bretagne, et il fait venir ce nom de Castille, comme si un fruit fort peu connu en Espagne et abon- dant dans le nord pouvait venir de la péninsule. Ces mots, répandus à la fois en Bretagne et hors de Bretagne, me semblent d'une origine celte, et à l'appui je dirai que, dans le Dictionnaire de Legonidec lui-même, gardiz signifie en breton rude, âpre, piquant, aigre, etc., ce qui fait deviner l'étymologie. Le nom générique Ribes a donné lieu à d'autres erreurs. On avait cru reconnaître une plante appelée ainsi par les Arabes ; mais ce mot vient plutôt d'un nom très répandu dans le nord pour le Gro- seillier, Ribs en danois ^, Risp et Resp en suédois •. Les noms slaves sont tout différents et assez nombreux. \037\035\0131. Dodoneus, p. 748. \0372. Watson, Cybele brit, \0373. Brebisson, Flore de Normandie^ p. 99. \0374. Phillips, Account of fruits, p. 136. \0375. Gérard, Herbal, p. 1143. \0376. Celui de Currant est venu plas tard, par suite de Tanalogie avec les raisins de Gorinthe (Phillips, ib.), \0377. Legonidec, Diction, celto- breton. \0378. Moritzi, Dict, inéd, des noms vulgaires, \0379. Linné, Flora suecica, n. 197. \037\035\013

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222 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Groseillier noir. — Cassis. — Bibes nigmm, Linné. \037Le Cassis existe à l'état spontané dans l'Europe septentrionale, depuis l'Ecosse et la Laponie jusque dans le nord de la France et de l'Italie ; en Bosnie S en Arménie *, dans toute la Sibérie, et la région du fleuve Amour, et dans THimalaya occidental '. Il se naturalise souvent, par exemple, dans le centre de la France *. \037Les Grecs et les Romains ne connaissaient pas cet arbuste^ qui est propre à des pays plus froids que les leurs. D'après la diversité de ses noms dans toutes les langues, même antérieures aux Aryens, du nord de l'Europe, il est clair qu'on en recher- chait les fruits à une époque ancienne, et qu'on a probablement commencé à le cultiver avant le moyen âge. J. Bauhin ^ dit qu'on le plantait dans les jardins en France et en Italie, mais la plupart des auteurs du xvi® siècle n'en parlent pas.- On trouve dans V Histoire de la vie privée des Français, par Le Grand d'Aussy , publiée en 1782, vol. 1, p. 232, cette phrase assez curieuse : « Le Cassis n'est guère cultivé que depuis une quarantaine d'années, et il doit cette sorte de fortune à une brochure intitulée Cultvre du cassis, dans laquelle l'auteur attribuait à cet arbuste toutes les vertus imaginables. » Plus loin (vol. 3, p. 80), l'auteur revient sur l'usage fréquent du ratafia de cassis depuis la brochure en Question. Bosc, toujours exact dans ses articles du Dictionnaire a' agriculture, parle bien de cet engouement, au nom Groseillier, mais il a soin de dire : c On le cultive de très ancienne date, pour son fruit, qui a une odeur particulière, agréable aux uns, désa- gréable aux autres et passe pour stomachique et diurétique. » Il est employé dans la fabrication des liqueurs appelées ratafia et cassis K \037Olivier. — Oka europsea, Linné. \037L'Olivier sauvage, désigné dans les livres de botanique comme variété sylvestris ou Oleaster, se distingue de l'arbre cultivé par un fruit plus petit, dont la chair est moins épaisse. On obtient \0371. Watson, Compend, Cybele, 1, p. 177; Pries, Summa veg. Scandinaxix, p. 39 ; Nyman, Conspectus flot'ée europeœ, p. 266. \0372. Boissier. FL o?*., 2, p. 815. \0373. Ledebour, FI, ross,, p. 200 ; Maximovicz, Primitiœ fl. Amur, p. 119 ; Clarke, dans Hooker, FL hrit, India, 2, p. 411. \0374. Boreau, Flore du centre de la France, éd. 3, p. 262. \0375. Bauhin, Hist. plant., 2, p. 99. \037\035\013\013qu \037pas Forigine. Je De l'ai pas trouvé dans les livres de bôtaniqi \037milieu du xviii*' siècle. Mon recueil manuscrit de noms vulgaires ne pré- sente pas, sur pins de quarante noms de cette espèce dans différentes lan- gues ou patois, un seul nom analogue. Buchoz, dans son Dictionnaire des plantes, 1770, 1, p. 289, appelle la plante le cassis ou cassetier des Poi- tevins. L'ancien nom français était poivrier ou groseillier noir. Le Diction- naire de Larousse dit gu'on fabriquait des liqueurs estimées à Cassis, en Provence. Serait-ce Torigine du nom? \037\035\013

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OLIVIER 323 \037de meilleurs fruits par le choix des graines, les boutures ou les greffes de bonnes variétés. \037L'Okaster existe aujourd'hui dans une vaste région à Test et à Touest de la Syrie, depuis le Punjab et le Belouchistan \ jusqu'en Portugal et même à Madère, aux lies Canaries et au Maroc ^; et, dans la direction du midi au nord, depuis FAtlas jusqu'au midi de la France, l'ancienne Macédoine, la Grimée et le Caucase ^. Si l'on compare ce que disent les voyageurs et les auteurs de flores, il est aisé de voir que sur les frontières de cette habitation on a souvent des doutes à l'égard de la qualité spontanée et indigène , c'est-à-dire très ancienne , de l'espèce. Tantôt, elle se présente à l'état de buissons, qui fructi- fient peu ou point, et tantôt, par exemple en Crimée, les pieds sont rares, comme s'ils avaient échappé, par exception, aux effets destructeurs d'hivers trop rigoureux qui ne permettent pas un établissement déOnitif. En ce qui concerne l'Algérie et le midi de la France, les doutes se sont manifestés dans une discussion, entre des hommes très compétents, au sein de la Société bota- nique ^. Ils reposent sur le fait incontestable que les oiseaux transportent fréquemment les noyaux d'olives dans les endroits non cultivés et stériles, où la forme sauvage de VOleaster se produit et se naturalise. \037La question n'est pas bien posée lorsqu'on se demande si les Oliviers de telle ou telle localité sont vraiment spontanés. Dans une espèce ligneuse qui vit ^ussi longtemps et qui repousse du pied guand un accident l'a atteinte, il est impossible de savoir l'origine des individus qu'on observe. Ils peuvent avoir été semés par l'homme ou les oiseaux à une époque très ancienne^ car on connaît des Oliviers de plus de mille ans. L'effet de ces semis est une naturalisation, qui revient à dire une extension de l'ha- bitation. Le point à examiner est donc de savoir quelle a été la patrie de l'espèce dans les temps préhistoriques très anciens, et comment cette patrie est devenue de plus en plus grande à la suite des transports de toute nature. Ce n'est pas la vue des Oliviers actuels qui peut résoudre cette question. 11 faut chercher dans quels pays a commencé la culture et comment elle s'est propagée. Plus elle a été ancienne dans une région, plus il est probable que l'espèce s'y trouvait à l'état sauvage depuis les événements géologiques antérieurs aux faits de l'homme pré- historique. \037\035\0131. Aitchison, Catalogue^ p. 86. \0372. Lowe, Manual flora of Madeira, 2, p. 20 ; Webb et Berthelot, Hist, nat. des Canaries, Géogr. bot., p. 48 ; Bail, Spicilegium florœ maroccanx^ \037p. 565. \0373. Gosson, Bull, Soc. bot. France, 4, p. 107, et 7, p. 31 ; Grisebach, Spi- cilegium florœ rumelicœ, 2, jp. 71 ; Steven, Verzeichniss d. taurischen Hal- binseln, p. 248 ; Ledeboar, fl. ross., p. 38. \0374. Bulletin, 4, p. 107. \037\035\013

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334 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Les plus anciens livres hébreux parlent de roiivier, Sait ou Zeit^ sauvage et cultivé *. C'était un des arbres promis de la terre de Canaan. La plus ancienne mention est dans la Genèse, où il est dit que la colombe lâchée par Noé rapporta une feuille d'Olivier. Si Ton veut tenir compte de cette tradition accompa- gnée de détails miraculeux, il faut ajouter que, d'après les dé- couvertes de Térudition moderne, le mont Ararat de laBible devait être à Torient du mont Ararat actuel d'Arménie, qui s'appelait anciennement Masis. En étudiant le texte de la Genèse, François Lenormand ' reporte la nlontagne en question jusqu'à THindou- kousch, et même aux sources de llndus. Mais alors il la suppose près du pays des Aryas, et cependant l'Olivier n'a pas de nom sanscrit, pas même du sanscrit dont les langues indiennes sont dérivées '. Si l'Olivier avait existé dans le Punjab, cemme main- tenant, les Aryo-Indiens, dans leurs migration^ vers le midi, l'au- raient probablement nommé, et s'il avait existé dans le Mazan- déran, au midi de la mer Caspienne, comme aujourd'hui, les Aryens occidentaux l'auraient peut-être connu. A ces indices négatifs, on peut objecter seulement que l'Olivier sauvage n'attire pas beaucoup l'attention et que l'idée d'en extraire de l'huile est peut-être venue tardivement dans cette partie de l'Asie. \037D'après Hérodote *, la Babylonie ne produisait pas d'Oliviers et ses habitants se servaient d'huile ae Sésame. Il est certain qu'un pareil pays, souvent inondé, n'était pas du tout favorable à l'Olivier. Le froid l'exclut des plateaux supérieurs et des montagnes du nord de la Perse. \037J'ignore s'il existe un nom zend, mais le nom sémitique Sait doit remonter à une grande ancienneté, car il se retrouve à la fois en persan moderne, Seitun *, et en arabe, Zeitun^ Sj'etun • ; il est même dans le turc et chez les Tartares de Crimée, Seitun ^, ce qui pourrait faire présumer une origine touranienne ou de l'époque très reculée du mélange des peuples sémitiques et tou- raniens. \037Les anciens Egyptiens cultivaient l'Olivier, qu'ils appelaient Tat *. Plusieurs botanistes ont constaté la présence de rameaux ou de feuilles d'Olivier dans les cercueils de momies *. Rien \037\035\013\. Rosenmûller^ Handbuch der bihlischen Âlterthitmskunde, y oL 4, p. 2o8, et Hamilton, Botanique de la Bible^ p. 80, où les passages sont iacuqués. \0372. Fr. Lenormand, Manuel de P histoire ancienne de l*Orient, i%G9, voL 1, p. 31. \0373. Fick, Wôrterôuch. — l^iddingion, Index, ne mentionne qa*un nom hin- doustani^ Julpai. \0374. Hérodote, Hist,, 1. 1, c. 193. \0375. Boissier, Flora or,, 4, p. 36. \0376. Ebn Balthar/trad. allem., p. 569; Forskal, Plant, Egypt., p. 49. \0377. Boissier, Z. c. ; Steven, /. c. \0378. Unger, Die Pflanzen d. alten jEgyptens, p. 45. \0379. De CandoUe, PhysioL végét,, p. 696; Al. Braun, l. c, p. 12; Pl^yte, cité par Braun et par Ascherson, Sitzber. Naturfor, Ges,, 15 mai iZTJ. \037\035\013

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OLIVIER 225 \037n'est plus certain, quoique M. Hehn ait dit récemment le con- traire, sans alléguer aucune preuve à l'appui de son opinion *. Il serait intéressant de savoir sous quelle dynastie avaient été déposés les cercueils les plus anciens dans lesquels on a trouvé des rameaux d'Olivier. Le nom égyptien, tout différent du nom sémite, indique une existence plus ancienne que les pre- mières dynasties. Je citerai tout à Tiieure un fait à l'appui cle cette grande antiquité. \037Selon Théophraste *, il y avait beaucoup d'Oliviers et l'on récoltait beaucoup d'huile dans la Gyrénaïque, mais il ne dit pas que l'espèce y fût sauvage, et la circonstance qu'on récoltait beaucoup d'huile fait présumer une variété cultivée. La contrée basse et très chaude entre l'Egypte à l'Atlas n'est guère favorable à une naturalisation de l'Olivier hors des plantations. M. Krahk, botaniste très exact, dans son voyage à Tunis et en Egypte, ne l'a vu nulle part à l'état sauvage ^ bien qu'on le cultive dans les oasis. En Egypte, il est seulement cultivé, d'après MM. Schwein- furth et Ascherson, dans leur résumé de la flore de la région du Nil*. \037La patrie préhistorique s'étendait probablement de la Syrie vers la Grèce, car l'Olivier sauvage est très commun sur la côte méridionale de l'Asie Mineure. Il y forme de véritables forêts *. C'est sans doute là et dans l'Archipel que les Grecs ont pris de bonne heure connaissance de cet arbre. S'ils ne l'avaient pas vu chez eux, s'il l'avaient reçu des peuples sémites, ils ne lui au- raient pas donné un nom spécial, Flaia, dont les Latins ont fait Olea, L'Iliade et \ Odyssée mentionnent la dureté du bois d'Oli- vier et l'usage de s'oindre le corps avec son huile. Celle-ci était d'un emploi habituel pour la nourriture et l'éclairage. La my- thologie attribuait à Minerve la plantation de l'Olivier dans l'Attique, ce qui signifie probablement l'introduction de variétés cultivées et de procédés convenables pour l'extraction de l'huile. Aristée avait introduit ou perfectionné la manière de presser le fruit. \037Ce même personnage mythologique, du nord de la Grèce, avait porté, disait-on, l'Olivier en Sicile et en Sardaigne. Les Phéniciens, à ce qu'il semble, ont pu s'en acquitter comme lui et de très bonne heure, mais, à l'appui de l'introduction de l'espèce ou d'une variété perfectionnée par les Grecs, je dirai que dans les îles de la Méditerranée le nom sémite Zeit n'a laissé aucune trace. C'est le nom gréco-latin qui existe comme en Italie ^, tandis que sur la côte voisine d'Afrique et en Espagne ce sont \0371. Hehn, Kulturpflanzen, éd. 3, p. 88, ligne 9. \0372. Theophrastes^ Hist. plant. ^ 1. 4, c. 3, a la fin. \0373. Kralik, dans Bull, Soc. bot, Fr.y 4, p. 108. \0374. Schweinfurth et Ascherson, Beiiràge zur flora éthiopiens y p. 281. \0375. Balansa. BulL Soc. bot. de France, 4, p. 107. \0376. Moris, Flora sardoa, 3, p. 9 ; Bertoloni, Flora ital., 1, p. 46. \037De Cândolle. 15 \037\035\013

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3S6 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037des noms égyptien ou arabe, comme je rexpUqaerai dans un instant. \037Les Romains ont connu TOlivier plus tard que les Grecs. D*après Pline \ ce serait seulement à l*époqae de Tarquin rAncien, en 627 avant J.-G., mais probablement Fespèce exis- tait déjà dans la Grande Grèce, comme en Grèce et en Sicile. D^ailleurs Pline voulait parler peut-être de TOlivier cultivé. \037Un fait assez singulier, qui n'a pas été remarqué et discuté \037{>ar les philologues, est que le nom berbère de l'Olivier et de 'olive a pour racine Taz ou Tas, analogue au Tat des anciens E^ptiens. Les Kabaïles de la division d'Alger, d'après le Dic- tionnaire français-berbère, publié par le gouvernement français, appellent TOlivier sauvage Tazebboujt^ Tesettka Ou' ZebbouJ et rOlivier greffé Tazemmourty Tasettka Ou' zemmour. Les Touaregs, autre peuple berbère, disent Tamahinet*. Ce sont bien des indices d'ancienneté de l'Olivier en Afrique. Les Arabes ayant conquis cette contrée et refoulé les Berbères dans les montagnes et le désert, avant également soumis l'Espagne à l'exception du pays basque, les noms dérivés du sémitique Zeit ont prévalu même dans l'espagnol. Les Arabes d'Alger disent Zenboudje pour l'Olivier sauvage, Zitoun pour l'olivier cultivé ', Zit pour Thuile d'olive. Les Andalous appellent l'olivier sauvage Azebucke et le cultivé Aceytuno ^. Dans d'autres provinces, on emploie concuremment le nom d'origine latine, OHuio^ avec les noms arabes ^. L'huile se dit en espagnol aceyte^ oui est presque le nom hébreu; mais les hmles saintes s^ppellent oUoê santoi^ parce qu'elles se rattachent à Rome. Les Basques se servent du nom latin de l'Olivier. \037D'anciens voyageurs aux îles Canaries, par exemple Bontier, en 1403, mentionnent l'Olivier dans cet archipel, oii les botanistes modernes le regardent comme indigène ^. Il peut avoir été inbtH duit par les Pnéoiciens, s'il n'existait pas antérieurement. On ignore si les Guanches avaient des mots pour olivier et huile. Webb et Berthelot n'en indiquent pas dans leur savant chapitre sur la langue des aborigènes \ On peut donc se livrer à diffé- rentes conjectures. Il me semble que l'huile aurait joué un rôle important chez les Guanches s'ils avaient possédé l'Olivier, et qu^l en serait resté quelque trace dans la langue actuelle popu- laire. A ce point de vue, la naturaUsation aux Canaries n'est peut-être pas aussi ancienne que les voyages des Phéniciens. Aucune feuille d'Olivier n'a été trouvée jusqu'à présmit dans \0371. Pline, /Tw^, 1. 15, c. 1. \0372. Uuveyrier. Les Touaregs du nord (1864), p. 17». \0373. Munby, Flore de V Algérie, p. 2 ; Debeaux, Catal. Boghêr^ p. 68. \0374. Boissier, Voyage bot. en Espagne , éd. 1, 2, p. 407. \0375. Willkomm et Lange, ?rodr, fl. hùpan,, 2, p. 672. \0376. Webb et Bertbelot, Hist, nat. des Canaries f Géog, bot., p. 47 «t 48. \0377. Webb et Berthelot, Ibid,, Ethnographie, p. 18S. \037\035\013

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CAÏNITIBR 2S7 \037les tufs de la France méridionale, de la Toscane et de la Sicile, où Ton a constaté le laurier, le myrte et autres arbustes actuelle* ment vivants. C'est un indice, jusqu'à preuve contraire, de natu- ralisation subséquente. \037L'Olivier s'accommode bien des climats secs, analogues à celui de la Syrie ou de l'Algérie. Il peut réussir au Gap, dans plusieurs régions de TAmérique, en Australie, et sans doute il y deviendra spontané quand on le plantera plus souvent. La lenteur de sa croissance, la nécessité de le greffer ou de choisir des rejetons d'une bonne variété, surtout la concurrence d'autres espèces oléifères ont retardé jusqu'à présent son expansion, mais un arbre qui donné des produits sur les sols les plus ingrats ne peut pas être négligé indéfiniment. Même dans notre vieux monde, où il existe depuis tant de milliers d^années, on doublera sa production quand on voudra prendre la peine de greffer les pieds sauvages, à l'imitation des Français en Algérie. \037Galnltier. — Chrysophyllum Caînito^ Linné. \037Le Gaïnitier ou Ciàimitier , Star apple des Anglais , ap- partient à la famille des Sapotacées. il donne un fruit assez estimé dans l'Amérique tropicale, quoique les Européens ne l'aiment pas beaucoup. Je ne vois pas qu'on se soit occupé de l'introduire dans les colonies d'Afrique ou d'Asie. De Tussac en a donné une bonne figure dan^ sa flore des Antilles, vol. 2, pi. 9. \037Seemann ^ a vu le Chysophyllum Caïnito sauvage dans plu- sieurs endroits de Pisthme de Panama. De Tussac^ colon de Saint-Domingue, le regardait comme spontané dans les forêts des Antilles, et Grisebach ' le dit spontané et cultivé à la Jamaï- que, Saint-Domingue, Antigoa et la Trinité. Avant lui, Sloane le considérait comme échappé des cultures à la Jamaïque, et Jacquin s'iest servi d'une expression vague en disant : « Habite à la Martinique et à Saint-Domingue '. » \037Galmito. — Lucuma Caîmito, Alph. deCandoUe. \037Il ne faut pas confondre ce Caîmito, du Pérou, avec le Chry- sophyllum Caïnito des Antilles. Tous deux appartiennent à la famille des Sapotacées, mais leurs fleurs et leurs graines diffè- rent. Celui-ci est figuré dans Ruiz et Pavon, Flora peruviana^ vol. 3, pi. 240. \037Cultivé au Pérou on l'a transporté à Ega, sur le fleuve des Amazones, et à Para, où communément on le nomme Abi ou Abiu *. \037D'après Ruiz et Pavon, il est sauvage dans les parties chaudes du Pérou, au pied des Andes. \0371. Seemann, Bofany of Herald, jp, 166. \0372. Grisebach. Flora of briHsh W. Ind. uiand», p. 398. \0373. Sloane, Jamaïqwe, 2, p. 170 ; Jacquin, Amer,, p. 52. \0374. Flora brasil., vol. 7, p. 88. \037\035\013

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228 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037Mammei ou Mammei-Sapote. — Lucuma mammosa, Gsertner. \037Cet arbre fruitier, de l'Amérique tropicale et de la famille des Sapotacées, a donné lieu dans les ouvrages de botanique à plu- sieurs méprises *. Il n'a pas encore été figuré d'une manière complète et satisfaisante, parce que les colons et les voyageurs le croient trop connu pour en envoyer des échantillons bien choisis, qu'on puisse décrire dans les herbiers. C'est du reste une négligence assez fréquente lorsqu'il s'agit de plantes cultivées. \037Le Mamnaei est cultivé aux Antilles et dans certaines régions chaudes du continent américain. M. Sagot nous dit qu'il ne Test pas à Cayenne, mais bien dans le Venezuela *. Je ne vois pas qu'on Tait transporté en Afrique ou en Asie, si ce n'est aux îles Philippines ^. C'est à cause, probablement, de la saveur trop fade de son fruit. \037Humboldt et Bonpland l'ont trouvé sauvage dans les forêts des missions de l'Orénoque "*. Tous les auteurs l'indiquent dans les Antilles, mais comme cultivé, ou sans affirmer qu'il soit spontané. Au Brésil il est uniquement dans les jardins. \037Sapotillier — Sapota Achras, Miller. \037Le' fruit du Sapotiller est le plus estimé de la famille des Sa- potacées et l'un des meilleurs des régions intertropicales. Une Sapotille plus que mûre, dit Descourtilz dans sa flore des An- tilles, est fondante et ofire les doux parfums du miel, du jasmin et du muguet. L'espèce est très bien figurée dans le Botanical Magazine^ pi. 3111 et 3112, ainsi que dans Tussac, Flore des An- tillesy 1, pi. 5. On Ta introduite dans les jardins de l'île Maurice, de l'archipel asiatique et de Hnde, depuis l'époque de Rum- phius et Rheede, mais personne ne doute de son origine améri- caine. \037Plusieurs botanistes Pont vue à l'état spontané dans les forêts de l'isthme de Panama, de Gampêche ^, du Venezuela ® et peut- être de la Trinité ^. A la Jamaïque, du temps de Sloane, elle existait seulement dans les jardins ^. Il est bien douteux qu'elle soit sauvage dans les autres Antilles , quoique peut-être des graines jetées çà et là l'aient naturalisée jusqu'à un certain de- gré. Dans les plantations, les jeunes pieds ne sont pas faciles à élever, d'après Tussac. \0371. Voir la synonymie dans Flora brasiliensis^ vol. 7, p. 66. \0372. Sagot, dans Journal Soc. d'hort. de France^ 1872, p. 347. \0373. Blanco, FI. de Filipinas, sous le nom d'Achras Lucuma. \0374. Nova gênera, 3, p. 240. \0375. Dampier et Liissan, dans Sloane, Jamaïca, 2, p. 172; Seemann, Bol. of Herald, p. 166. \0376 Jacquin, Amer., p. 59; Humboldt et Bonpland, Nova gênera, 3, p. 239. \0377. Grisebach, Flora of brit W. Ind,, p. 399. \0378. Sloane, L c. \037\035\013

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AUBERGINE. — PIMENTS 229 \037Aubergine. — Solarium Melongena, Linné. — Solarium escu- lentum^ Dunal. \037L'Aubergine a un nom sanscrit, Vartta^ et plusieurs noms que Piddington, dans son Index ^ regarde comme à la fois sanscrits et bengalis, tels que Bong, Bartakou, Mahoti^ Hingoli, Wallich, dans son édition de la flore indienne de Roxburgh, indique Vartta^ Varttakou, Yarttaka^ Bunguna^ d'oùrindustanii&î/n^an. \037On ne peut douter, d'après cela, que l'espèce ne fût connue dans l'Inde depuis un temps très reculé. Rumphius Tavait vue dans les jardins des îles de la Sonde et Loureiro dans ceux de la Gochinchine. Thunberg ne la mentionne pas au Japon, quoique maintenant on en cultive plusieurs variétés dans ce pays. Les Grecs et les Romains n^en avaient pas connaissance, et aucun botaniste n'en a parlé en Europe avant le commence- ment du xvu* siècle *, mais la culture a dû se propager vers l'Afrique avant le moyen âge. Le médecin arabe Ebn Baithar *, qui écrivait au xiii® siècle, en a parlé, et il cite Rhasès, qui vivait dans le ix« siècle. Rauwolf ' avait vu la plante dans les jardins d'Alep, à la fin du xvi® siècle. On l'appelait Melanzana et Beden- giam. Ce nom arabe, que Forskal écrit Badindjan, est commun avec rhindustani Badanjan^ donné par Piddington. Un indice d'ancienneté dans l'Afrique septentrionale est l'existence chez les Berbères ou Kabyles de la province d'Alger * d'un nom, Tabend- Jalts, qui s'éloigne asssez du nom araoe. Les voyageurs mo- dernes ont trouvé l'Aubergine cultivée dans toute la région du Nil et sur la côte de Guinée ^. On l'a transportée en Amérique. \037La forme cultivée du Solarium Melongena n'a pas été trouvée jusqu'à présent à l'état sauvage, mais les botanistes sont assez d'accord pour considérer les Solarium insanum, Roxburgh^ et S, incanum, Linné, comme appartenant à la môme espèce . On ajoute même d'autres synonymes, conformément à une étude faite par Nées d'Esenbeck sur de nombreux échantillons ^. Or le S, msanum parait avoir été trouvé sauvage dans la province de Madras et à Tong-Dong, chez les Birmans. La publication prochaine des Solanées dans la flore de l'Inde anglaise de sir J. Hooker donnera probablement sur ce point des détails plus précis. \037Piments. — Poivre de Gayenne. — Capsicum, Le genre Capsicum, dans les meilleurs ouvrages de botanique, est encombré d'une multitude de formes cultivées, qu'on n'a \0371. Dunal, Histoire des Solarium, p. 209. • \0372. Ebû Baithar, trad. allemande, 1, p. 116. \0373. Rau'wolf, Flora orient., édit. Groningue, p. 26. \0374. Dictionn, français- berbère, publié par le gouYemement français. \0375. Thonning, sous le nom de S. edule ; Hooker. Niger Flora, p. 473 \0376. Transactions of the Linnean society, 17, p. 48 ; Baker, Flora of Mauri- tins, p. 215. \037\035\013

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230 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037\035\013f. \037\035\013as vues à Tétat sauvage et qui diffèrent surtout par la durée de a tige — chose assez variable — ou par la forme du fruit, carac- tère de peu de valeur dans des plantes cultivées précisément pour les fruits. Je parlerai des deux espèces le plus souvent cul- tivées, mais je ne puis m^empècher d émettre Topinion qu'au- cun Gapsicum n'est originaire de l'ancien monde. Je les crois tous d'origine américaine, sans pouvoir le démontrer d'une ma- nière complète. Voici mes motifs. \037Des fruits aussi apparents, aussi faciles à obtenir dans les jar- dins, et d'une saveur si agréable aux habitants des pays chauds se seraient répandus très vite dans l'ancien monde s'us avaient existé au midi de l'Asie, comme on le suppose quelquefois. Us auraient des noms dans plusieurs des langues anciennes. Cepen- dant les Romains, les Grecs et même les Hébreux n'en avaient pas connaissance. Ils ne sont pas mentionnés dans les anciens livres chinois ^ Les insulaires de la mer Pacifique ne les culti- vaient pas lors du voyage de Gook ', malgré leur proximité des îles de la Sonde, où Rumphius mentionnait leur emploi très habituel. Le médecin araoe Ebn Baithar, qui a recueilli au xin* siècle tout ce que les Orientaux avaient dit sur les plantes officinales, n'en parle pas. \037Roxburgh ne connaissait aucun nom sanscrit pour les Gapsi- cum. Plus tard, Piddington a cité pour le C. frutescens un nom, Bran-maricha^ qu'il dit sanscrit ^ ; mais ce nom, qui roule sur comparaison avec le poivre noir (Muricha^ Murichung)^ est^i vraiment ancien? Gomment n'aurait-il laissé aucune trace dans les noms des langues indiennes dérivées du sanscrit *? \037La qualité spontanée, ancienne, des Gapsicum est toujours incertaine, à cause de la fréquence des cultures; mais elle me parait plus souvent douteuse en Asie que dans l'Amérique méri- dionale. Les échantillons indiens décrits par les auteurs les plus dignes d'attention viennent presque tous des herbiers de la com- pagnie des Indes, dans lesquels on ne sait jamais si une plante paraissait vraiment sauvage, si elle était loin des habitations, dans les forêts, etc. Pour les localités de l'archipel asiatique, les auteurs indiquent souvent les décombres, les haies, etc. \037Examinons de plus près chacune des espèces ordinairement cultivées. \037Piment annueL — Capsicum anmium, Linné. \037Gette espèce a reçu dans nos langues européennes une infinité de noms différents 5, qui indiquent tous une origine étrangère et la ressemblance de saveur avec le poivre. En français, on dit \037i. Bretschneider, On the study, etc., p. 17. \0372. For»ter, De plantis escukniis imutarum, etc. \0373. Piddington, Index. \0374. Piddington, au mot Capsicum. \0375. Nemnicn, Lexicon^ indique douze noms firançais et huit allemands. \037\035\013

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PUENT. — TOIATE tH \037souvent Poivre de Gainée , mais aussi Poivre du Brésil , dinde, etc., dénominations auxquelles il est impossible d'attri- buer de l'importance. La culture s'en est répandue en Europe dès le XTi® siècle. G*est un des Piments que Piso et Marcgraf ^ avaient vus cultivés au Bré^ sous le nom de Quija ou Quiya. lis ne disent rien sur sa provenance. L'espèce paraît avoir été cultivée d'ancienne date aux Antilles, où elle est désignée par plusieurs noms caraïbes *. \037Les botanistes qui ont le plus étudié les Gapsîcums^ ne parais- sent pas avoir rencontré dans les herbiers un seul échantillon qu'on puisse croire spontané. Je n'ai pas été plus heureux. \037Selon les probid>Uités, la pairie originaire est le Brésil. \037Le C, gros9um Willdenow paraît one forme de la méiae es- pèce. On le cultive dans l'Inde, sous le nom de Kafree^murick et Kaffree^ilbf, mais Roxburgh ne le regardait pas comme d'origine indienne *. \037Piment arbrteseaxi. — Capitcum fruiescens, Willdenovr. \037Cette espèce, plus élevée et plus ligneuse à la base que le C annuunty est généralement cultivée dans les régions cfaandes du nouveau et de l'ancien monde. On en tire la glus grande partie du Poivre de Caymme à l'usage des Anglus, ma» oe nom s'étend quelquefois aux produits d'autres Piments. \037L'auteur le plus attentif à l'origine des plantes indiennes, Rox- burgh, ne le donne point pour spontané dans llnde. Selon Blume, il s'est naturalisé dans l'archipel indien, dans les haies ^. \037Au contraire, en Amérique, où la culture est ancienne, on Ta trouvé plusieurs fois dans des forêts, avec l'apparence indigène. De Martius Ta apporté des bords de l'Amazone, Pœppig de la province de Maynas du Pérou orientai, et Blanchet de la pro- vince de Bahia *. Ainsi la patrie s'étend de Bahia au Pérou oriental, ce qui explique la diffusion dans l'Amérique méri- dionale en général. \037Tomate. — Lycopersicum esctUentum, Miller. \037La Tomate ou Pomme d'amour appartient à un genre de Solanées dont toutes les espèces sont américaines ^. Elle n'a point de nom dans les anciennes langues d'Asie, ni même dans les langues modernes indiennes '. Elle n'était pas encore cul- tivée au Japon du temps de Thunberg, c'est-à-dire il y a un \0371. Piso, p. 107 ; Marcgraf, p 39. \037â. Oescoortilc, Fiore médicale des Antilles, 6, pi. 423. \0373. Fingerliatti, Mùnographia gen. Capsici, p. 12 ; Seadtner, dans Flora 6ftMtl., vol. 16, p. 147. \0374. Roxburgh. FL ind., éd. Wall., 2, p. 260 ; éd., 1W2, 2, p. 574. \0375. Blume, Byrfr. 2, p. 704. \0376. Sendtner, dans Flora bras,, 10, p. 143. \0377. Alph. de Candolle. Prodr., 13, s. 1. p. 26. \0378. Roxburgh, FI. Jndica, éd. 1832, vol. 1, p. 565 ; Piddington, index. \037\035\013

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232 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037siècle, et le silence des anciens auteurs sur la Chine montre que rintroduction y est moderne. Rumphius * Tavait vue dans les jardins de Tarchipel asiatique. Les Malais l'appelaient Tomatte; mais c'est un nom américain, car C. Bauhin désigne l'espèce comme Tumatle Americanorum. Rien ne fait présumer qu elle fût connue en Europe avant la découverte de T Amérique. \037Les premiers noms donnés par les botanistes, au xvi® siècle, font supposer qu'on avait reçu la plante du Pérou *. Elle a été cultivée sur le continent américain avant de l'être aux Antilles, car Sloane ne la mentionne pas à la Jamaïque, et Hughes ' dit qu'elle a été apportée du Portugal à la Barbade, il n y a guère plus d'un siècle. Humboldt regardait la culture des Tomates comme ancienne au Mexique *. Je remarque cependant que le premier ouvrage sur les plantes de ce pays (Hernandez, Historia) n*en fait pas mention. Les premiers auteurs sur le Brésil, Piso et Marcgraf, n'en parlent pas non plus, quoique l'espèce soit aujourd'hui cultivée dans toute l'Amérique intertropicale. Nous revenons ainsi, par exclusion, à l'idée d'une origine péruvienne, au moins pour la culture. \037De Martius ^ a trouvé la plante spontanée dans les environs de Rio-de- Janeiro et de Para, mais échappée peut-être des jar- dins. Je ne connais aucun botaniste qui Tait trouvée vraiment sauvage, dans l'état que nous connaissons, avec ses fruits plus ou moins gros, bosselés et à côtes renflées ; mais il n'en est pas de même de la forme à petits fruits sphériques, appelée L. cera- si forme dans certains ouvrages de botanique et considérée, ce me semble ®, avec raison, dans d'autres ouvrages, comme apparte- nant à la même espèce. Celle-ci est sauvage sur le littoral du Pérou % à Tarapoto, dans le Pérou oriental ® et sur les confins du Mexique et des Etats-Unis vers la Californie ®. Elle se natu- ralise quelquefois dans les déblais, près des jardins ***. C'est ainsi probablement que l'habitation s'est étendue, du Pérou, au nord et au midi. \037Avocatier. — Persea aratissima^ Gaertner. \037L'Avocat, Alligator pear des Anglais, est un des fruits les plus \0371. Rumphius, Amboin., 5, p. 416. \0372. Mala peruviana, Pomi ael Peru, dans Bauhin, Hist,^ 3, p. 621. \0373. Hughes, Barbadoes, p. 148. \0374. Humboldt, Nouv.-Espagne, éd. 2, vol. 2, p. 472. \0370. Floj'a brasil.^ vol. 10, p. 126. \037T ^1 J-. __ •-- -. j- 1. ,1 . 1 * ^ dans \037Hum- \037trouvée \037sauvage dans le Venezuela. \0377. Ruiz et Pavon, Flov. pefniv.^ 2, p. 37. \0378. Spruce, n. 4143, dans YHerbiev Boissier. \0379. Asa Gray, Bot, of Califomia, 1, p. 538. \03710. Baker, Flora of Mauritius, p. 216. \037\035\013\013

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AVOCATIER. — PAPAYER 233 \037estimés dans les pays tropicaux. Il appartient à la famille des Lauracées. Son apparence est celle d une poire contenant un gros noyau, comme cela se voit bien dans les figures de Tussac, Flore des Antilles^ 3, pi. 3, et du Botanical Magazine, pi. 4580. \037Rien de plus ridicule que les noms vulgaires. Celui d'Alligator vient on ne sait d'où. Celui d'Avocat est une corruption d'un nom mexicain, Ahuaca ou Aguacate. Le nom botanique Persea n'a rien de commun avec le Persea des Grecs, qui était un Cordia, \037D'après Glusius *, en 1601, l'Avocatier était un arbre fruitier d'Amérique, introduit en Espagne, dans un jardin; mais, comme il s'est beaucoup répandu dans les colonies de l'ancien monde et que parfois il devient presque spontané ^, on peut se tromper sur 1 origine. Cet arbre n'existait pas encore dans les jardins de l'Inde anglaise au commencement du xix® siècle. On l'avait apporté dès le milieu du xviiie dans l'archipel de la Sonde % et en 1750 aux îles Maurice et Bourbon *. \037En Amérique, l'habitation actuelle, à l'état spontané, est sin* gulièrement vaste. On a trouvé l'espèce dans les forêts, au bord des fleuves et sur le littoral de la mer depuis le Mexique et les Antilles jusqu'à la région des Amazones '^. Elle n'a pas toujours eu cette grande extension. P. Browne dit formellement que l'Avocatier a été introduit du continent à la Jamaïque, et Jac- quin pensait de même pour les Antilles en général ®. Piso et Marcgraf ne l'ont pas mentionnée au Brésil, et de Martius n'in- dique aucun nom brésilien. \037Lors de la découverte de l'Amérique, l'Avocatier était certai- nement cultivé et indigène au Mexique, d'après Hernandez. Au Pérou, d'après Acosta ', on le cultivait sous le nom de Palto, qui était celui d'un peuple du Pérou oriental, chez lequel il abondait *. Je ne connais pas de preuve qu'il fût spontané sur le littoral péruvien. \037Papayer. — Carica Papaya, Linné. — Papaya vulgaris, de GandoUe. \037Le Papayer est une grande espèce vivace, plutôt qu'un arbre. 11 a une sorte de tronc juteux, terminé par une touff'e de \0371. Glusius, Historitty'^. 2. \0372. Par exemple à Madère, d'après Grisebach, FI. ofbriL W. India, p. 280; aux îles Maurice, Seychelles et Rodriguez, d'ajprès Baker, Flora, p. 290. \0373. 11 n'est pas dans Rumphius. \0374. Aublet, Guyane, 1, p. 364. \0370. Meissner, dans Prodromus, vol. 15, sect. 1, p. 52, et Flora brasil., vol. 5, p. 158. Pour le Mexique : Hernandez, p. 89. Pour le Venezuela et Para : Nées, Laurineœ, p. 129. Pour le Pérou oriental : Pœppig, Exsicc, TU par Meissner. \0376. P. Browne, Jamaïca, p. 214 ; Jacquin, Obs.y 1, p. 38. \0377. Acosta, Hist. nat. des Indes, édit. 1598, p. 176. \0378. Laet, Hist nouv. monde, 1, p. 325; 341. \037\035\013

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S34 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037feuilles dans le genre des choux-cavaliers, et les fruits, qui res- semblent aux melons, sont suspendus au-dessous des feuilles ^ On le cultive maintenant dans tous les pays tropicaux, même jusqu'aux 3(K32^ degrés de latitude. Il se natundise facilement hors des plantations. C'est une des causes pour lesquelles on Ta dit et on persiste à le dire originaire d'Asie ou d'Afrique, tan- dis que Rooert Brown et moi avons démontré, en 1818 et 1855, son origine américaine '. Je répéterai les arguments contre l'ori- gine supposée de l'ancien monde. \037L'espèce n'a pas de nom sanscrit. Dans les langues mo- dernes de l'Inde, on la nomme d'après le nom américain Pctnaya^ qui dérive du nom caraïbe Ababat '. D'après Rumphius \ les ha- bitants de Tarchipel indien la regardaient comme d'origine exotique, introduite par les Portugais, et lui donnaient des noms exprimant l'analogie avec d'autres plantes ou une importation de l'étranger. Sloane ^, au commencement du xvm« siècle, cite plusieurs de ses contemporains d'après lesquels on t'avait trans- portée des Indes occidentales en Asie et en Afrique, Forster ne l'avait pas aperçue dans les plantations des lies de la mer Paci- fique lors du voyage de Gook. Loureiro ^, au milieu du xvui* siè- cle, l'avait vue aans les cultures de la Ghine, de la Gochinchine et du Zanguebar. Une plante aussi avantageuse et aussi particulière d'aspect se serait répandue depuis des milliers d'années dans l'ancien monde si elle y avait existé. Tout porte à croire au'elle a été introduite sur les côtes occidentales et orientales a' Afri- que et en Asie, depuis la découverte de l'Amérique. \037Toutes les espèces de la famille sont américaines. Celle-ci doit avoir être cultivée du Brésil aux Antilles et au Mexique avant l'arrivée des Européens, puisque les premiers auteurs sur les productions du nouveau monde en ont parlé ^ \037Marcgraf avait vu souvent des pieds mâles (toujours plus nom- breux que les femelles) dans les forêts du Brésil, tanois que les pieds femelles étaient dans les jardins. Glusius, qui a donné le premier une figure de la plante ^, dit qu'elle avait été dessinée en 1607 à la < baie des Toaos Santos » (province de Bcdiia). Je ne connais pas d'auteur moderne qui ait confirmé l'habitation au \037\035\0131. Voir les belles planches de Tussac, Flore des Antilles, 3, p. 45, pi. 10 et 11. Le Papayer appartient à la petite famiUe des Paptyacéea, réninie par oaelqoes Botanistes anx Passiflorées et par d'autres aox Bizaoées. \0372. R. Brown, BoUxMf of CongOj p. 52 ; A. de CandoUe, Géogr. M. rai- sonnée^ p. 917. \0373. Sagoty Journal de la Société centrale d'hùrticulture de France, 1872. \0374. Rumphius, Amàoin., i, p. 147. \0375. Sloane, JamaXca, p. 165. \0376. Loureiro, Flora Coch%ndi.y p. 772. \0377. Marcgraf, BrasiL, p. 103, et Fisc, p. 159, pour le Brésil; XioMiiea, dans Marcgraf et Hernandes, Thésaurus^ p. te, poar le Mexique ; ce dernier pour Saint-Domingue et le Mexique. \0378. Clusius, Curx posterioreSt p. 79, 80. \037\035\013

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FIGUIER 235 \037Brésil. De Martius ne mentionne pas l'espèce dans son diction- naire sur les noms de fruits en langue des Tupis ^ On ne la cite pas comme spontanée à la Guyane et dans la Colombie. P. Browne * affirme, au contraire, la qualité spontanée à la Jamaïque, et avant lui Ximenes et Hemandez Favaient affirmée pour Saint-Domingue et le Mexique. Oviedo * parait avoir vu le Papayer dans TAmérique centrale, et il cite pour Nicaragua le nom vulgaire Olocoton, Cependant MM. Correa de Mello et Spruce, dans leur mémoire important sur les Papayacées, après avoir beaucoup herborisé dans la région des Amazones, au Pérou et ailleurs, regardent le Papayer comme originaire des lies Antilles et ne pensent pas qu'il soit sauvage nuUe part sur le continent. J'ai vu * des échantillons rapportés des bouches de la rivière Manate en Floride, de Puebla au Mexique et de Colombie ; mais les étiquettes ne portent aucune remarque sur la qualité spontanée. Les indices, comme on voit, sont nombreux pour les bords du golfe du Mexique et les Antilles. L'habitation au Brésil, fort isolée, est suspecte. \037Figuier. — Ficus Carica, Linné. \037L'histoire du Figuier présente beaucoup d'analogie avec celle de l'Olivier en ce qui concerne l'origine et les limites géogra- phiques. Son habitation, comme espèce spontanée, a pu s'éten* dre par un effet de la dispersion des graines à mesure que la culture s'étendait. Cela parait probable, car les graines traver- sent intactes les organes digestifs de l'homme et des ani- maux. Cependant on peut citer des pays dans lesquels on cul- tive le figuier depuis au moins un siècle sans qu'il se soit naturalisé de cette manière. Je ne parle pas de l'Europe au nord des Alpes, où l'arbre exige des soins particuUers et mûrit mal ses fruits, même ceux de la première portée, mais par exemple de rinde, du midi des Etats-Unis, de l'Ile Maurice et du Chili, où, d'après le silence des auteurs de flores, les faits de quasi spontanéité paraissent rares. \037De nos jours, le Figuier est spontané ou presque spontané dans une vaste région dont la Syrie est à peu près le milieu, savoir de la Perse orientale ou même de l'Afghanistan, au travers de toute la région de la Méditerranée, jusqu aux îles Canaries ^. Du midi au nord, cette zone varie de âo à 40-42o de latitude environ, suivant les circonstances locales. En général, le Figuier \0371. Martius, Beitr. z. Ethnographe, 2, p. 418. \0372. P. Browne, Jamatca, éd. 2, p. 360. La première édition, que je n*ai pas vue, est de 1756. \0373. Le passage d*Oviedo est traduit en anglais par Correa de Mello et Spruce, dans leur mémoire. Journal of the proceedings of the Linnean Society, 10, p. 1. \0374. Prodr,, 15, s. 1, p» 414. \0375. Boissier, rlora orientalis, 4, p. 1154; Brandis, Forett flora of India^ p. 418; W^D et Berthelot, Bist. nat. des Canaries^ Botanique, 'S, p. 257. \037\035\013

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236 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037s'arrête, comme l'Olivier, au pied du Caucase et des montagnes de l'Europe qui bordent le bassin de la mer Méditerranée, mais il se montre à l'état presque spontané, sur la côte sud-ouest de la France, grâce à la douceur des hivers *. \037Voyons si les documents historiques et linguistiques font pré- sumer dans l'antiquité une habitation moins vaste. \037Les anciens Egyptiens appelaient la figue Teb *, et les plus anciens livres des Hébreuxparlent du Figuier, soit sauvage, soit cultivé, sous le nom de Teenah ^, qui a laissé sa trace dans l'arabe Tin ^. Le nom persan est tout autre, Unjir; mais je ne sais s'il remonte au zend. Piddington mentionne, dans son JndeXj un nom sanscrit, Udumvara, queRoxburgh, très soigneux dans ces sortes de questions, n'indique pas, et qui n'aurait laissé aucune trace dans les langues modernes de l'Inde, à en juger d'après quatre noms cités par ces auteurs. L'ancienneté d'existence à l'orient de la Perse me semble un peu douteuse jusqu'à ce que le nom attribué au sanscrit ait été vérifié. Les Chinois ont reçu le Figuier de Perse, mais seulement au hui- tième siècle de notre ère ^. Hérodote ® dit que les Perses ne man- quaient pas de figues, et Reynier, qui a fait des recherches scrupuleuses sur les usages de cet ancien peuple, ne mentionne pas le Figuier. Cela prouve seulement que l'espèce n'était pas utilisée et cultivée, mais elle existait peut-être à l'état sauvage. \037Les Grecs appelaient le Figuier sauvage Erineos et les Latins Caprificus. Homère mentionne dans ï Iliade un pied de cet arbre qui existait près de Troie ^ M. Hehn affirme ® que le Figuier cultivé ne peut pas être venu du Figuier sauvage, mais tous les botanistes sont d'une opinion contraire ®, et, sans parler des dé- tails floraux sur lesquels ils s'appuyent, je dirai que Gussone a obtenu des mêmes graines des pieds de la forme Caprificus et \0371. M. le comte de Solms-Laubach, dans une savante dissertation (Her- kunft, Domestication^ etc, des Feigenbaums, in-4, 1882), a 4xmstaté sur place des faits de ce genre, déjà indiqués par divers auteurs. Il D*a pas trouvé les graines pourvues d'embryons (p. 64), ce qu'il attribue à l'absence de l'insecte (Blastophaga), qui vit ordinairement dans la figue sauvage et favorise la fécondation d'une fleur à l'autre dans l'intérieur du fruit. On assure cependant que la fécondation s'opère quelquefois sans le secours de l'insecte. \0372. Chabas, Mélanges egyptoL, série 3 (1873), vol. 2, p. 92. \0373. Rosenmuller, Bibl. Alterthumskunae^ 1, p. 285; Reynier, économie /m- fjlique des Arabes et des Juifs y p. 470 (pour la Micbna).' \0374. Forskal. FL segypto-arab., p. 125. M. de Lagarde {Revue crit. d'hist., 27 février 1882) dit que ce nom sémite est très ancien. \0375. Bretschneider, dans Solms, /. c, p. 51 . \0376. Hérodote, 1, 71. \0377. Lenz, Botanik der Griechen^ p. 421, cite quatre vers d'Homère. Voir aussi Hehn, Culturpflanzen, éd. 3, p. 84. \0378. Hehn, Cultuvpflanzen, éd. 3, p. 513. \0379. Il ne faut pas s'attacher aux divisions exagérées faites par Gasparini dans le Ficus Carica, Linné. Les botanistes qui ont étudié le Figuier après lui conservent une seule espèce et énumèrent dans le Figuier sauvage plusieurs variétés. Elles sont mnombrables pour les formes cultivées. \037\035\013

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FIGUIER 237 \037de l'autre K La remarque faite par plusieurs érudits qu'il n'est pas question dans V Iliade de la figue cultivée, Sukai^ ne prouve donc pas Tabsence du Figuier en Grèce àTépoque de la guerre de Troie. C'est dans l'Odyssée que la figue douce est mentionnée par Homère, et encore d une manière assez vague. Hésiode, dit M. Hehn, n'en parle pas, et Archilochus (700 ans avant J.-C.) est le premier qui en ait mentionné clairement la culture chez les Grecs, à Paros. D'après cela, l'espèce existait à l'état sauvage en Grèce, au moins dans l'Archipel, avant l'introduc- tion de variétés cultivées originaires d'Asie. Théophraste et Dioscoride mentionnent des Figuiers sauvages et cultivés *. \037Remus et Romulus, selon la tradition, auraient été nourris sous un pied de Ficus qu'on appelait ruminalis^ de rumens ma- melle *. Le nom latin Ficus, que M. Hehn, par un effort d'érudi- tion, fait venir du grec Sukai *, fait aussi présumer une existence ancienne en Italie, et l'opinion de Pline est positive à cet égard. Les bonnes variétés cultivées ont été introduites plus tard chez les Romains. Elles venaient de Grèce, de l'Asie Mineure et de Syrie. Du temps de Tibère, comme aujourd'hui, les meilleures figues venaient de l'Orient. \037Nous avons appris au collège comment Gaton avait exhibé en plein sénat des figues de Garthage encore fraîches, comme preuve de la proximité du pays qu'il détestait. Les Phéniciens avaient dû transporter de bonnes variétés sur la côte d'Afrique et dans les autres colonies de la mer Méditerranée, même jus- qu'aux îles Canaries, mais le Figuier sauvage peut avoir existé antérieurement dans ces pays. \037Pour les Canaries, nous en avons une preuve par des noms guanches, Arahormaze et Achormaze, figues vertes, Tahareme- nen et Tehakunemen, figues sèches. Les savants Webb et Ber- thelot ^, qui ont cité ces noms et qui avaient admis l'unité d'ori- gine des Guanches et des Berbères, auraient vu avec plaisir chez les Touaregs, peuples berbères, le mot Tahart pour Figuier ®, et dans le dictionnaire français-berbère, publié depuis eux, les noms Taôeksist pour figue fraîche et Tagrourt pour Figuier. Ces vieux noms, d'origine plus ancienne et plus locale que l'arabe, parlent en faveur d une habitation très ancienne dans le nord dé l'Afri- que jusqu'aux Canaries. \037Le résultat de notre enquête est donc de donner pour habi- \037\035\0131. Gussone, Enum. plant, Inarimensium, p. 301. \0372. Pour l'ensemble de Thistoire du Figuier et de Topération, d'une utilité douteuse, qui consiste à répandre des Uaprificus à insectes parmi les pieds cultivés (caprification), voir la dissertation de M . le comte de Solms. \0373. Pline, Hist, 1. 15, c. 18. \0374. Hehn, l, c, p. 512. \0375. Webb et Berthelot, /. c, Ethnographie y p. 186, 187; Phytographie, 3, p. 257. \0376. D'après Duveyrier, Les Touaregs du nord, p. 193. \037\035\013

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238 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037tation préhislorique du Figuier la réçion moyenne et méridio- nale de la mer Méditerranée, depuis la Syrie jusqu'aux îles \037Canaries. \037On peut avoir du doute sur l'ancienneté des Figuiers mainte- nant dans le midi de la France ; mais un fait bien curieux doit être mentionné. M. Planchon a trouvé dans les tufs quaternaires de Montpellier et M. le marquis de Saporta * dans ceux des Ayga- lades, près de Marseille, et dans le terrain quaternaire de La Celle, près de Paris, des feuilles et même des fruits du Ficus Carica sauvage avec des dents d'Elephas primigenius, et des feuilles de végétaux, dont les uns n'existent plus, et d'autres comme le Laurus canariensis^ sont restés aux îles Canaries. Ainsi le Figuier a peut-être existé sous sa forme actuelle, dans un temps aussi reculé. Il est possible qu'il ait péri dans le midi de la France, comme cela est arrivé certainement à Paris; après quoi il serait revenu à Fétat sauvage dans les localités du midi. Peut-être les Figuiers dont Webb et Berthelot avaient vu de vieux individus dans les endroits les plus sauvages des Canaries des- cendaient-ils de ceux qui existaient à l'époque quaternaire. \037Arbre À pain. — Artocarpus incisa^ Linné. \037L'Arbre à pain était cultivé dans toutes les îles de l'archipel asiatique et du grand Océan voisines de l'équateur, depuis Su- matra jusqu'aux îles Marquises, lorsque les Européens ont commencé de les visiter. Son fruit est constitué, comme dans l'Ananas, par un assemblage de feuilles florales et de fruits soudés en une masse charnue plus ou moins sphérique, et, comme dans l'Ananas encore, les graines avortent dans les variétés cultivées les plus productives '. On fait cuire des tranches de cette soi*te de fruit pour les manger. \037Sonnerat ' avait transporté l'Arbre à pain à l'île Maurice, où l'intendant Poivre avait eu soin de le répandre. Le capitaine Bliçh avait pour mission de le transporter dans les Antilles an- glaises. On sait qu'une révolte de son équipage l'empêcha de réussir la première fois, mais dans un secoua voyage il fut plus heureux. En janvier i793, il débarqua 150 pieds dans l'île de Saint-Vincent, d'où l'on a répandu l espèce dans plusieurs loca- lités de l'Amérique équinoxiale *. \037Rumphius ^ avait vu l'espèce à l'état sauvage dans plusieurs \0371. Planchon, Etude sur les tufs de Montpellier^ p. 63; de Saporta, La flore des tufs quaternaires en Provence, dans les Comptes rendus de la 33* session du Congrès scientifique de France^ et à part, p. 27, Bull. Soc, geo- log., 1873-74, d. 442. \0372. Voir les nelles planches publiées dans Tussac, Flore des AfUiUe8,$ vol. 2, pi. 2 et 3 ; et Hooker, Botanical magazine , t. 2869-2871. \0373. Voyage à la Nouvelle-Guinée^ p. 100. \0374. Hooker, /. c. \0375. RumphiuS; Herb. Amboin,, 1, p. 112, pi. 33. \037\035\013

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àRBRB a pain. — JACQUIBR 339 \037des lies de la Sonde. Les auteurs modernes, moins attentifs ou n'ayant observé qae des pieds cultivés, ne s*expliquent pas à cet égard. Pour les îles Fidji, Seemam* dit : « Cultivé et selon toutes les apparences sauvage dans quelques localités >. Sur le con- tinent du midi de TAsie il n'est pas même cultivé, le climat n'étant pas assez chaud. \037Evidemment, l'Arbre à pain est originaire de Java, Amboine et tles voisines; mais Fancienneté de sa culture dans toute la ré^on insulaire, prouvée par la multitude des variétés, et la facilité de sa propagation par des drageons et des boutures empêchent de connaître exactement son histoire. Dans les îles de l'extrémité orientale, comme 0-Taïti, certaines fables et tra- ditions font présumer une introduction qui ne serait pas très ancienne, et l'absence de graines le confirme '. \037Jacquier ou Jack. — Artocarpus integrifolia^ Linné. \037Le fruit du Jacquier, plus gros que ceiui de l'Arbre à pain, car il pèse jusqu'à 80 livres, est suspendu aux branches d'un arbre de 30 à 50 pieds de hauteur '. Si le bon La Fontaine l'avait connu, il n'aurait pas écrit sa fable du gland et de la citrouille. \037Le nom vulgaire est tiré des noms indiens Jaca ou Tsjaka, \037Le Jacquier est cultivé depuis longtemps dans l'Asie méridio- nale, du Punjab à la Chine, de l'Himalaya aux îles Moluques. Il no s'est pas introduit encore dans les petites îles plus à l'onent, comme 0-Taïti, ce qui fait présumer une date moins ancienne dans l'archipel indien que sur le continent asiatique. Du côté nord- ouest de l'Inde, la culture ne date peut-être pas non plus d'une époque très reculée, car on n'est pas certain de l'existence d'un nom sanscrit. Roxburgh en cite un, Punusùy mais après lui Piddington ne l'admet pas dans son Index. Les Persans et les Arabes ne semblent pas avoir connu l'espèce. Son fruit énorme les aurait pourtant frappés si l'espèce avait été cultivée près de leurs frontières. Le D' Bretschneider ne parle pas d'Artocarpus dans son opuscule sur les plantes connues des anciens Ghinob, d'où l'on peut inférer que vers la Chine, comme dans les autres directions, le Jacquier n'est pas un arbre répandu depuis une époque très ancienne. \037La première notion sur son existence à l'état sauvage est donnée par Rheede dans des termes contestables : « Cet arbre croit partout au Malabar et dans toute Tlnde. > Le vénérable auteur confondait peut-être l'arbre planté et l'arbre spontané. Après lui cependant, Wight a trouvé l'espèce, à plusieurs re- \0374. Seemann, Flora Vitiensis, p. 255. \0372. Seemann, /. c; Nadeaud, Ènum, des plantes indigènes de T(M, p. 44; Id., Plantes usuelles des Tahitiens,jû, 24. \0373. Voir les planches de Tnssac, Flore des Antilles, pi. 4, et Hooker, Bcia- nical magazine, t. 2833, 2834. \037\035\013

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240 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037prises, dans la péninsule indienne, notamment dans les Ghats occidentaux, avec toute Tapparence d'un arbre indigène sauvage. On le plante beaucoup à Ceylan ; mais Thwaites, la meilleure autorité pour la flore de cette île, ne le reconnaît pas comme spontané. Dans l'archipel au midi de L'Inde, il ne l'est pas non plus, selon l'opinion générale. Enfin, Brandis en a trouvé des \037i, pays des Birmans, toujours à proximité pas trouvé spontané dans le Burman anglais *. Ainsi l'espèce est originaire du pied des montagnes occiden- \037\035\013X aiXJliax XI.UUIIC/J , ^b u^ xot u i^a,Aii.v-J^vrJiAJxu.gu^ . vru xa 1X11/1 UUUlt \037aussi au Brésil, dans les îles Maurice, Seychelles et Rodriguez ^. \037Dattier. — Phœnix dactyliferay Linné. \037Le Dattier existe, depuis les temps préliistoric[ues, dans la zone .sèche et chaude qui s'étend du Sénégal au bassin de llndus, principalement entre les 15« et 30® degrés de latitude. On le voit çà et là plus au nord, en raison de circonstances exceptionnelles et du but qu'on se propose en le cultivant. En effet, au delà du point où les fruits mûrissent chaque année, il y a une zone dans laquelle ils mûrissent mal ou rarement, et une dernière limite jusqu'à laquelle l'arbre vit encore, mais sans fructifier ni même fleurir. Le tracé de ces limites a été donné d'une manière complète par de Martius, Garl Ritter et moi- même *. Il est inutile de les reproduire ici, le but du présent ouvrage étant d'étudier les origines. \037En ce qui concerne le Dattier, nous ne pouvons guère nous appuyer sur l'existence plus ou moins constatée d'individus vraiment sauvages ou, comme on dit, aborigènes. Les dattes se transportent facilement; leurs noyaux germent quand on les sème dans un terrain humide, près d'une source ou d'une rivière, et même dans des fissures de rochers. Les habitants des oasis ont planté ou semé des Dattiers dans des localités favora- bles où l'espèce existait peut-être avant les hommes, et quand un voyageur rencontre des arbres isolés, à distance des habita- tions, il ne peut pas savoir s'ils ne viennent pas de noyaux jetés par les caravanes. Les botanistes admettent bien une variété \0371. Rheede, Malabar, 3, p. 18; Wight, Icônes, 2, num. 678; Brandis, Forest flora of India, p. 426; Kurz, Forest flora of brit, Burma, p. 432. \0372. Tussac, l. c. \0373. Baker, Flora of Mauritius, etc., p 282. \0374. De Martius, Gênera et species Palmarum, in-folio, vol. 3, p. 257; G. Ritter, Erdkunde, 13, p. 760 ; Aiph. de Gandolle, Géographie botanique raisonnée, p. 343. \037\035\013

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DATTIER 341 \037sylvestris, c'est-à-dire sauvage, à baies petites et acerbes ; mais c'est peut-être l'effet d'une naturalisation peu ancienne dans un sol défavorable. Les faits historiques et linguistiques auront plus de valeur dans le cas actuel, quoique sans doute, vu l'ancienneté des cultures, ils ne puissent donner que des indications probables. \037D'après les antiquités égyptiennes et assyriennes, ainsi que les traditions et les ouvrages les plus anciens, le Dattier existait en abondance dans la région qui s'étend de TEuphrate au Nil. Les monuments égyptiens contiennent des fruits et des dessins de cet arbre *. Hérodote, à une époque moins reculée (v® siècle avant Jésus-Christ), parle des bois de Dattiers qui existaient en Babylonie ; plus tard Strabon s'est exprimé d 'une manière analogue sur ceux d'Arabie, par où il semble que l'espèce était plus commune qu'à présent et plus dans les conditions d'une essence forestière naturelle. D'un autre côté Garl Ritter fait la remarque ingé- nieuse que les livres hébreux les plus anciens ne parlent pas des Dattiers comme donnant un fruit recherché pour la nourriture de l'homme. Le roi David, vers l'an 1000 avant Jésus-Christ, environ sept siècles après Moïse, n'énumère pas le Dattier au nombre des arbres qu'il convient de planter dans ses jardins. Il est vrai qu'en Palestine, sauf à Jéricho, les dates ne mûrissent guère. Plus tard, Hérodote dit des Dattiers de Babylonie, que la majorité seulement des çîeds donnait de bons fruits, dont on faisait usage. Ceci paraît indiquer le commencement d'une cul- ture perfectionnée au moyen de la sélection des variétés et du transport des fleurs mâles au milieu des branches de pieds fe- melles, mais cela signifie peut-être aussi qu'Hérodote ne connais- sait pas l'existence des pieds mâles. \037A l'occident de l'Egypte, le Dattier existait probablement depuis des siècles ou des milliers d'années quand Hérodote les a mentionnés. H parle de la Libye. Aucun document historique n'existe pour les oasis du Sahara, mais Pline * mentionne les Dattiers des îles Canaries. \037Les noms de l'espèce témoignent d'une grande ancienneté soit en Asie, soit en Afrique, attendu qu'ils sont nombreux et fort différents. Les Hébreux appelaient le Dattier Tamar et les anciens Egyptiens Beq '. L'extrême diversité de ces mots, d'une grande antiquité, fait présumer que les peuples avaient trouvé l'espèce indigène et peut-être déjà nommée dans l'Asie occidentale et en Egypte. La multiplicité des noms persans, arabes et ber- bères, est incroyable *. Les uns dérivent du mot hébreu, les autres de sources inconnues. Hs s'appliquent souvent à des états différents du fruit ou à des variétés cultivées différentes, ce qui \0371. Unger, Pflanzen cf.. ait» JEgyptens^ p. 38, \0372. Pline, Hist., 6, c. 37. \0373. Unger, /. c. \0374. Voir C. Ritter, /. c. \037De Candolle. 16 \037\035\013

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242 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037montre encore d'anciennes cultures dans divers pays. Webb et Berthelot n'ont pas découvert un nom du Dattier dans la langue des Guanches, et c'est bien à regretter. Le nom grec, Phœnix, se rapporte simplement à la Phénicie et aux Phéniciens, possesseurs du Dattier ^ Les noms Dactylus et Datte sont des dérivés de Dachel^ dans un dialecte hébreu *. On ne cite aucun nom sanscrit, d'où Ton peut inférer que les plantations de Dat- tiers ne sont pas très anciennes dans linde occidentale. Le climat indien ne convient pas à l'espèce ^. Le nom hindustani, Khurma^ est emprunté au persan. \037Plus à l'est, le Dattier a été longtemps inconnu. Les Chinois l'ont reçu de Perse, au iip siècle de notre ère, et plus tard à dif- férentes reprises, mais aujourd'hui ils l'ont abandonné ^. En général, hors de la région aride qui s'étend de l'Euphrate au midi de l'Atlas et aux Canaries, le Dattier n'a pas réussi sous des latitudes analogues, ou du moins il n'est pas devenu un objet important de culture. Il aurait de bonnes conditions d'exis- tence en Australie et au Cap, mais les Européens, qui ont colonisé ces pays, ne se contentent pas, comme les Arabes, de figues et de dattes pour leur nourriture. J'estime, en définitive, que dans les temps antérieurs aux premières dynasties égyptiennes le Dattier existait déjà, spontané ou semé çà et là par des tribus errantes, dans la zone de l'Euphrate aux Canaries, et qu'on s'est mis à le cultiver plus tard jusqu'au nord-ouest de l'Inde, d'un côté, et aux îles du Cap-Vert ^, de l'autre, de sorte que l'habitation natu- relle est restée à peu près la même environ 5000 ans. Qu'était-^lle à une époque antérieure? C'est ce que des découvertes paléonto- logiques apprendront peut-être un jour. \037Bananier; — Musa sapientum et M» paradisiaca, Linné. — M. sapientum, Brown. \037On regardait assez généralement le Bananier, ou les Bana- niers, comme originaires de l'Asie méridionale et comme trans- portés en Amérique par les Européens, lorsque M. de Humboldt est venu jeter des doutes sur l'origine purement asiatique. Il a cité, dans son ouvrage sur la Nouvelle-Espagne ®, d'anciens auteurs d'après lesquels le Bananier aurait été cultivé en Amé- rique avant la découverte. \037Il convient que, d'après Oviedo ^ le Père Thomas de Ber- \0371. Hehn, Cullurpflanzen^ éd. 3, p. 234. \0372. C. Ritter, /. c, p. 828. \0373. D'après Roxburgh, Royle, etc. \0374. Bretschneider, On stuay^ etc., p. 31, \0375. D'après Schmidt, Flora d. Cap-Verd Insein, p. 168, le Dattier est rare dans ces îles et D'y est certainement pas sauvage. Au contraire, dans quel- ques-unes des lies Canaries, il a toutes les apparences d'un arbre indigène, d'après Webb et Berthelot, Hist, nat, des Canaries, Botanique, 3, p. 289. \0376. De Humboldt, Nouvelle-Espagne, 1" édit., II, p. 360. \0377. Oviedo, Hist, nat., 1556, p. 112-114. Le premier ouvrage d'Ovicdo est \037\035\013

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BANANIER 243 \037langas aurait transporté, en 1516, des îles Canaries à Saint- Domingue, les premiers Bananiers, introduits de là dans d'autres îles et sur la terre ferme ^ Il reconnaît que, dans les relations de Colomb, Alonzo Negro, Pinzon, Vespuzzi et Cortez, il n'est jamais question de Bananier. Le silence de Hernandez» qui vivait un demi-siècle après Oviedo, l'étonné et lui paraît une négligence singulière, « car, dit-il *, c'est une tradition con- stante au Mexique et sur toute la terre ferme que le Platano arton et le Dominico y étaient cultivés longtemps avant l'arrivée des Espagnols. » L'auteur qui a marqué avec le plus de soin les différentes époques auxquelles Tagriculture américaine s'est enrichie de productions étrangères, le Péruvien Garcilasso de la Vega ', dit expressément que, du temps des Incas, le maïs, le quinoa, la pomme de terre, et dans les régions chaudes et tem- pérées les Ijananes faisaient la base de la nourriture des indi- gènes. Il décrit le Musa de la vallée des Andes; il distingue même l'espèce plus rare, à petit fruit sucré et aromatique, le Dominico, de la banane commune ou Arton. Le Père Acosta * affirme aussi, auoique moins positivement, que le Musa était cultivé par les Américains avant l'arrivée des Espagnols. Enfin M. de Humboldt ajoute d'après ses propres observations : « Sur les rives de l'Orénoque, du Cassiquaire ou de Béni, entre les montagnes de l'Esmeralda et les rives du fleuve Carony, au milieu des forêts les plus épaisses, presque partout où l'on dé- couvre des peuplades indiennes qui n'ont pas eu des relations avec les étaljlissements européens, on rencontre des plantations de Manioc et de Bananiers. » M. de Humboldt, en conséquence, a émis l'hypothèse qu'on aurait confondu plusieurs espèces ou variétés constantes de Musa, dont quelques-unes seraient origi- naires du nouveau monde. \037Desvaux s'empressa d'examiner la question spécifique, et dans un travail vraiment remarquable publié en 1814 ^ il a regardé tous les Bananiers cultivés pour leurs fruits comme une seule espèce. Dans cette espèce, il distingue 44 variétés, qu'il dispose en deux séries, les Bananes à gros ft'uits (7 à 15 pouces de longueur) et celles à petits fruits (1 à 6 pouces) appelées vul- gairement figues bananes, R. Brown en 1818, dans son ouvrage sur les plantes du Congo, p. 51, soutient aussi qu'aucune cir- constance dans la structure des Bananiers cultivés en Asie et en Amérique n'empêche de les considérer comme appartenant à \037de 1526. C'est le plus ancien voyageur naturaliste cité par Oryander {Bibl. banks.) pour TAmérique. \0371. J'ai lu ce passage également dans la traduction d'Oviedo par Ramusio, vol. 3, p. 115. \0372. De Humboldt, Nouvelle-Espagne, 2« édit., p. 385. \0373. Garcilasso de la Vega, Commentarios reaies, 1, p. 282. \0374. Acosta, Hist. nat. de Indias, 1608, p. 250. \0375. Desvaux, Joum. bot.^ IV, p. 5. \037\035\013

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244 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037une seule espèce. Il adopte le nom de Musa sapientum, qui me paraît effectivement préférable à celui de M. paradisiaca^ adopté par Desvaux, parce que les variétés à petits fruits fer- tiles rapportées au M. sapientum L. semblent plus près de Tétat des JUusa spontanés qu'on a trouvés en Asie. \037Brown remarque, sur la question d'origine, que toutes les autres espèces du genre Musa sont de l'ancien monde ; que per- sonne ne dit avoir trouvé en Amérique, dans l'état sauvage, des variétés à fruits fertiles, comme cela est arrivé en Asie; enfin, que Piso et Marcgraf ont regardé le Bananier comme introduit du Congo au Brésil. Malgré la force de ces trois arguments^ M. de Humboldt, dans la seconde édition de son Bssai sur la Nouvelle- Espagne (2, p. 397), n'a pas renoncé complètement à son opinion. Il dit que le voyageur Caldcleugh * a trouvé chez les Puris la tradition établie que, sur les bords du Prato, on cul- tivait, longtemps avant les communications avec les Portugais, une petite espèce de banane. Il ajoute qu'on trouve dans les langues américaines des mots, non importés, pour distinguer le fruit du Musa, par exemple Pa7^uru en tamanaque, etc., Arata en maypure. J'ai lu aussi dans le voyage de Stevenson * qu'on aurait trouvé dans les huacas, ou tombeaux péruviens antérieurs à la conquête, des lits de feuilles des deux Bananiers cultivés habituellement en Amérique; mais, comme ce voyageur dit avoir vu dans ces huacas des fèves * et que la fève est cer- tainement de l'ancien monde, ses assertions ne méritent guère confiance. M. Boussingault * pensait que le Platano arton au moins est originaire d'Amérique, mais il n'en a pas donné de preuve. Meyen, qui avait aussi été en Amérique, n'ajoute aucun argument à ceux qui étaient connus avant lui °. Il en est de même du géographe Ritter ^, qui reproduit simplement pour l'Amérique les faits indiqués par de Humboldt. \037D'un autre côté, des botanistes qui ont visité l'Amérique plus récemment n'hésitent pas sur l'origine asiatique. Je citerai Seemann pour l'isthme de Panama, Ernst pour le Venezuela et Sagot pour la Guyane '. Les deux premiers insistent sur l'ab- sence de noms pour le Bananier dans les langues du Pérou et du Mexique. Piso ne connaissait aucun nom brésilien. De Mar- tius * a indiqué depuis, dans la langue tupi du Brésil, les noms- Pacoba ou Bacoba. Ce même nom Bacove est usité, selon \0371. Caldcleugh, Trav. in S. Amej\^ 1825, 1, p. 23. \0372. StevensoD, Trav. in S. Amer.^ 1, p. 328. \0373. Steveoson, Trav. in S. Amei\, 1, p. 363. \0374. Boussingault, dans C. r. Acad. se. Paris t 9 mai 1836. \0375. Meyen, Pflanz. geog.^ 18.36, p. 383. \0376. Ritter, Erdkunde, 4, p. 870 et suiv. \0377. Seemann, Botany of Herald, p. 213; Ernst, dans Seemann, Joutmal of hotany, 1867, p. 289; Sagot, dans Journal de la Société cThortic. de France j 1872, p. 226. \0378. Martius, Ethnogr. Spi'achenkunde America'St p. 123. \037\035\013

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BANANIER 245 \037M. Sagot, par les Français à la Guyanne. Il a peut-être pour origine le nom Bala ou Palan ^ du Malabar, à la suite d'une introduction par les Portugais, depuis le vojrage de Piso. \037L'ancienneté et la spontanéité du Bananier en Asie sont des faits incontestables. Il a plusieurs noms sanscrits *. Les Grecs, les Latins et ensuite les Arabes en ont parlé comme d'un arbre fruitier remarquable de l'Inde. Pline * en parle assez claire- ment. Il dit que les Grecs de l'expédition d'Alexandre l'avaient vu dans l'Inde, et il cite le nom Pala^ qui existe encore au Ma- labar. Les sages se reposaient sous son ombre et en mangeaient les fruits. De là le nom de Musa sapientum des botanistes. Musa est tiré de l'arabe Mouz ou Mauwz^ qu'on voit déjà au xiii« siècle dans Ebn Baithar. Le nom spécifique paradisiaca vient des hypothèses ridicules qui faisaient jouer au Bananier un rôle dans l'histoire d'Eve et du paradis. \037Il est assez singulier que les Hébreux et les anciens Egyptiens ^ n'aient pas connu cette plante indienne. C'est un indice qu'elle n'était pas dans l'Inde depuis un temps' très reculé, mais plutôt originaire de l'archipel indien. \037Le Bananier offre dans le midi de l'Asie, soit sur le continent, soit dans les îles, un nombre de variétés immense ; la culture de ces variétés remonte dans l'Inde, en Chine, dans l'archipel indien à une époque impossible à apprécier; elle s'était étendue jadis, même dans les îles de la mer Pacifique * et sur la côte occidentale d'Afrique ^ ; enfin les variétés portaient des noms distincts dans les langues asiatiques les plus séparées, comme le sanscrit, le chinois, le malais. Tout cela indique une ancienneté prodigieuse de culture, par conséquent une existence primitive en Asie, et une diffusion contemporaine avec celle des races d'hommes ou antérieure. \037On dit avoir trouvé le Bananier spontané en plusieurs points. €ela mérite d'autant plus d'être noté que les variétés cultivées ne donnant souvent pas de graines et se multipliant par divi- sion, l'espèce ne doit guère se naturaliser par semis hors des cultures. Roxburgh l'avait vu dans les forets de Ghittagong ®, sous la forme du M. sapientum, Rumphius ' décrit une variété à petits fruits sauvage dans les îles Philippines. Loureiro * parle probablement de la même sous le nom de if. seminifera a^restis^ -qu'il oppose au M, seminifera domestica, et qui serait donc \0371. Roxburf^h et Wallich, FI. ind., 2, p. 485 ; Piddington, Index, \0372. Pline, Hist., 1. 12, c. 6. \0373. Unger, /. c, et Wilkinson, 2, p. 403, ne le mentionnent pa?. Lé fiana- jnier se cultive aujourd'hui en Egypte. \0374. Forster, Plant, esc, p. 28. \0375. Clusius, Exot.y p. 229; Brdwn, Bot. Congo, p. 51. \0376. Roxburgh, Covom.» tab. 275; FI. ind., l. c. \0377. Rumphius, Amb., 5, p. 139. S. Loureiro, F/, coch., p. 791. \037\035\013

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246 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037spontanée en Gochinchine. Blanco indique aussi un Bananier sauvage aux Philippines *, mais sa description est insuffisante. Finlayson * a trouvé le Bananier sauvage, en abondance, dans la petite île de Pulo Ubi, à l'extrémité sud du pays de Siam. Thwaites ' a vu la forme du M, sapientum dans les forêts ro- cailleuses du centre de Tîle de Ceylan et n'hésite pas à dire que c'est la souche des Bananiers cultivés. Sir J. Hoolter et Thomson * l'ont trouvé sauvage à Khasia. \037En Amérique, les faits sont tout autres. On n'y a jamais vu le Bananier sauvage, excepté à la Barbade ^, mais là c'est un arbre qui ne mûrit pas ses fruits et qui est par conséquent, selon les probabiUtés, le résultat de variétés cultivées peu abon- dantes en semences. Le Wild plantain de Sloane ^ paraît une plante très difiFérente des Musa. Les variétés qu'on prétend pou- voir être indigènes en Amérique sont au nombre de deux seu- lement, et en général on y cultive infiniment moins de variétés 2 n'en Asie. La culture du Bananier est, on peut dire, récente ans une grande partie de l'Amérique, car elle ne remonte guère à plus de trois siècles. Piso ' dit positivement que la plante a été importée au Brésil et n'avait pas de nom brésilien. Il ne dit pas d'où elle venait. Nous avons vu que, d'après Oviedo, l'espèce a été apportée des Canaries à Saint-Domingue. Ceci, joint au silence de Hernandez, généralement si exact pour les plantes utiles, spontanées ou cultivées, du Mexique, me per- suade que le Bananier manquait lors de la découverte de l'Amé- rique à toute la partie orientale de ce continent. \037Existait- il dans la partie occidentale, sur les bords de la mer Pacifique? C'est très mvraisemblable quand on pense aux com- munications qui existaient entre les deux côtes, vers l'isthme de Panama, et à l'activité avec laquelle les indigènes avaient ré- pandu dans toute l'Amérique les plantes utiles, comme le ma- nioc, le maïs, la pomme de terre, avant l'arrivée des Européens. Le Bananier, dont ils font tant de cas depuis trois siècles, qui se multiplie si aisément par les drageons, qui a une apparence si frappante pour le vulgaire, n'aurait pas été oublié dans quel- ques villages au milieu des forêts ou sur le littoral. \037Je conviens que l'opinion de Garcilasso, descendant des L^icas, auteur qui a vécu de 1530 à J568, est d'une certaine importance lorsqu'il dit que les indigènes connaissaient le Bananier avant la conquête. Ecoutons cependant un autre écrivain très digne d'attention, Joseph Acosta, qui avait été au Pérou et que M. de \0371. Blanco, FL, 1" édit., p. 247. \0372. Finlayson, Joum, to Siam 1826, p. 86, d'après Ritter, Erdk.y 4, p. 878. \0373. Thwaites, Enum, plant. Ceylan, p. 321. \0374. D'après Aitchison, CataL of Punjab, p. 147. \0375. Hughes, Barb., p. 182 ; Maycock, FI. Barb., p. 396. \0376. Sloane, Jamaica, 2, p. 148. \0377. Piso, édit. 1648, Hist. nat., p. 75. \037\035\013

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BANANIER 247 \037Humboldt invoque à Tappui du précédent. Ses expressions me conduisent plutôt à une opinion différente *. Il s'exprime ainsi dans la traduction française de 1598 * : « La cause pour la- quelle les Espagnols l'ont appelé plane (car les naturels n'avaient point de tel nom) a été, comme es autres arbres, pour autant qu'ils ont trouvé quelque ressemblance de l'un à Vautre i. Il montre combien le plane (Platanus) des Anciens était différent. Il décrit très bien le Bananier, et ajoute que cet arbre est très commun aux Indes (ici, cela veut dire en Amérique], « quoiqu'ils \037disent (les Indiens) que son origine soit venue d Etniopie Il y \037a une espèce de petits planes blancs et fort délicats, lesquels ils appellent en l'Èspagnolle ' Dominique. Il y en d'autres qui sont plus forts et plus gros, et d'une couleur rouge. Il n'en croit point au Pérou, mais on les y apporte des Indes *j comme au Mexique de Guemavaca et des autres vallées. En la terre ferme et en quelques îles, il y a des grandes planares, qui sont comme bosquetaux (bosquets) très épais. » Assurément, ce n'est pas ainsi que s'exprimerait l'auteur pour un arbre fruitier d'origine américaine. Il citerait des noms américains, des usages américains. Il ne dirait surtout pas que les indigènes les regar- dent comme d'origine étrangère. La diffusion dans les terres chaudes du Mexique pourrait bien avoir eu lieu entre l'époque de la conquête et celle où écrivait Acosta, puisque Hernandez, dont les recherches consciencieuses remontent aux premiers temps de la domination espagnole à Mexico (quoique publiées plus tard à Rome), ne dit pas un mot du Bananier ^. L'histo- rien Prescott a vu d'anciens ouvrages ou manuscrits, selon les- quels les habitants de Tumbez auraient apporté à Pizarre des bananes lorsqu'il débarqua sur la côte du Pérou, et il croit aux feuilles trouvées dans les huacas, mais il ne cite pas ses preuves ^. Quant à l'argument des cultures faites par les indigènes, à \0371. De Humboldt a cité l'édition espagnole de 1608. La première édition est de 1591. Je n'ai pu consulter que la traduction française de Regnault, qui est de 1598 et qui a tous les caractères de l'exactitude, indépendam- ment du mérite au point de vue de la langue française. \0372. Acosta, traduction, 1. 4, c. 21. \0373. C'est-à-dire probablement à Hispaniola, soit Saint-Domingue, car, s'il avait voulu dire en langue espagnole, on aurait traduit par castillan et sans lettre capitale. Voyez d'ailleurs la page 168 de l'ouvrage. \0374. Il y a ici probablement une faute d'impression pour Andes, car le mot Indes n'a pas de sens dans ce passage. Le même ouvrage dit, page 166, qu'il ne vient pas d'Ananas au Pérou, mais qu'on les y apporte des Andes, et, page 173, que le cacao vient des Andes. Cela signifiait donc les régions chaudes. Le mot Andes a été appliqué ensuite à la chaîne des monta!gnes, par une transposition bizarre et malheureuse. \0375. J'ai parcouru l'ouvrage en entier pour m'en assurer. \0376. Prescott, Conquête au Pérou, édit. de Baudry, 164, 183. L'auteur a consulté des sources précieuses, entre autres un manuscrit de Montesinos, de 1527, mais il ne cite pas ses autorités pour chaque fait, et se borne à des indications vagues et collectives qui sont loin de suffire. \037\035\013

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248 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS \037l'époque actuelle, dans des contrées de TAmérique 1res sépa- rées des établissements européens, il m'est difficile d'admettre que depuis trois siècles des peuplades soient restées absolument isolées et n'aient pas reçu un arbre aussi utile, par l'intermé- diaire des pays colonisés. \037En résumé, voici ce qui me parait le plus probable : une introduction faite de bonne heure par les Espagnols et les Por- tugais à Saint-Domingue et au Brésil, ce qui suppose, j'en con- viens, une erreur de Garcilasso quant aux traditions des Péru- viens. Si cependant des recherches ultérieures venaient à prouver que le Bananier existait dans quelques parties de l'Amérique avant la découverte par les Européens, je croirais à une introduction fortuite, pas très ancienne, par l'effet d'une communication inconnue avec les îles de la mer Pacifique ou avec la côte de Guinée, plutôt qu'à l'existence primitive et simultanée du Bananier dans les deux mondes. La géographie botanique tout entière rend cette dernière hypothèse impro- bable, je dirai presque impossible à admettre, surtout dans un genre non partagé entre les deux mondes. \037Enfin , pour terminer ce que j'ai à dire du Bananier , je remarquerai combien la distribution des variétés est favorable à l'opinion de l'espèce unique, adoptée, dans des vues de bota- nique pure, par Roxburgh, Desvaux et R. Brown. S'il existait \037\035\013\013la Chine, et la troisième de l'Inde. Au contraire, toutes les va- riétés sont géographiquement mélangées. En particulier, les deux qui sont ie plus répandues en Amérique diffèrent sensible- ment 1 une de l'autre et se confondent chacune avec des variétés asiatiques, ou s'en rapprochent beaucoup. \037Ananas. — Ananassa sativa, Lindley. — Bromelia Ananas, Linné. \037Malgré les doutes énoncés par quelques auteurs l'Ananas doit être une plante d'Amérique, introduite de bonne heure, par les Européens, en Asie et en Afrique. \037Nana était le nom brésilien *, d'où les Portugais avaient fait Ananas. Les Espagnols avaient imaginé le nom de Pinas, à cause de l'analoçie de forme avec le cône du Pin pignon *. Tous les premiers écrivains sur l'Amérique en parlent '. Hernandez dit que l'Ananas habite les endroits chauds de Haïti et du Mexique. Il mentionne un nom mexicain , Matzatli, On- avait \0371. Marcçraf, Brasil., p. 33. \0372. Oviedo, trad. de Ramusio, 3, p. 113; Jos. Acosta, Hist, nat. des Indes , trad. franc., p. 166. \0373. Thevet, Pison, etc. ; Hernandez, Thés, p. 341. \037\035\013

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ANANAS 249 \037apporté un fruit d'Ananas à Charles-Quint, qui s'en défia et ne voulut pas le goûter. \037Les ouvrages des Grecs, des Romains et des Arabes ne font aucune allusion à cette espèce, introduite évidemment dans l'ancien monde depuis la découverte de l'Amérique. Rheede *, au XVII® siècle, en était persuadé ; mais ensuite Rumphius ' a contesté, parce que, disait-il, l'Ananas était cultivé de son temps dans toutes les parties de l'Inde, et qu'on en trouvait de sauvages aux Gélèbes et ailleurs. Il remarque cependant l'ab- sence de nom asiatique. Celui indiqué par Kheede au Malabar est tiré évidemment d'une comparaison avec le fruit du Jac- quier et n'a rien d'original. C'est sans doute par erreur que Piddinglon attribue un nom sanscrit à l'Ananas, car ce nom même, Anarush^ paraît venir d'Ananas. Roxburgh n'en connais- sait point, et le dictionnaire de Wilson ne mentionne pas le nom &'Anarush. Royle ' dit que l'Ananas a été introduit dans le Bengale en 1594. D'après Kircher *, les Chinois le cultivaient dans le xvije siècle , mais on pensait qu'il leur avait été apporté du Pérou. \037Clusius 5, en 1599, avait vu des feuilles d'Ananas apportées de la côte de Guinée. Cela peut s'expliquer par une introduction depuis la découverte de l'Amérique. Robert Brown parle de l'Ananas à l'occasion des plantes cultivées du Congo, mais il regarde l'espèce comme américaine. \037Quoique 1 Ananas cultivé ait ordinairement point ou peu de graines, il se naturalise quelquefois dans les pays chauds. On en cite des exemples aux îles Maurice, Seychelles et Rodriguez ^, dans l'archipel indien, dans l'Inde ' et dans quelques parties de l'Amérique où probablement il n'était pas indigène, par exemple aux Antilles. \037On l'a trouvé sauvage dans les terres chaudes du Mexique si l'on peut se fier à la phrase d'Hernandez), dans la province e Veraguas *, près de Panama, dans la vallée du Haut-Oré- noque ®, à la Guyane *° et dans la province de Bahia **. \037\035\013s \037\035\0131. Rheede, Hort, malab., 11, p. 6. \0372. Rumphius, Amboin., 5, p. 228. \0373. Royle, ///., p. 376. \0374. Kircher, Chine illustrée, trad. de 1670, p. 253. \0375. Clusius, Exotic., cap. 44. \0376. Baker, Flora of Mauritim. \0377. Royle, /. c. \0378. SeemauQ, Bot. of Herald, p. 215. \0379. Humboldt, Nouv.-Esp.; 2» édit., 2, p. 478. \03710. Gardener*s chron,, 1881, vol. 1, p. 657. \037il. Martius, lettre à A. de CandoUe, Géogr, bot, rais., p. 927. \037\035\013

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CHAPITRE V \037\035\013PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037\035\013Art. 1^ — Crralnes nnirlilTes. \037Cacaoyer. — Theohroma Cacao, Linné. \037Les Theobroma, de la famille des Byttnériacées, voisine des Malvacées, forment un genre de 15 à 18 espèces, toutes de TAmérique intertropicale, principalement des parties les plus chaudes du Brésil, de la Giwane et de TAmérique centrale. \037Le Cacaoyer ordinaire, Theobroma Cacao ^ est un petit arbre, spontané dans les forêts du fleuve des Amazones, de rOrénoque * et de leurs affluents jusqu'à une élévation d'à peu près 400 mè- tres. On le cite également, comme sauvage, dans lîle de la Tri- nité, voisine des bouches de l'Orénoque *. Je ne trouve pas de preuve qu'il soit indigène dans les Guy ânes, bien que cela pa- raisse probable. Beaucoup d'anciens auteurs l'indiquent comme spontané et cultivé, à l'époque de la découverte de l'Amérique, de Panama à Guatimala et Gampèche ; mais les nombreuses citations réunies par Sloane ' font craindre qu'ils n'aient pas vérifié suffisamment la condition spontanée. Les botanistes mo- dernes s'expriment vaguement à cet égard, et en général ils ne mentionnent le Cacaoyer dans cette région et aux Antilles qu'à l'état cultivé. G. Bernoulli ^, qui avait résidé à Guatimala, se borne à ces mots : « Spontané et cultivé dans toute l'Amérique tropicale, » et Hemsley ^, dans sa revue des plantes du Mexique et de l'Amérique centrale, faite en 1879, d'après les riches \0371. Humboldt, Voy,^ 2, p. 5il; Kunth, dans Humboldt et Bonpland» Nova gênera, 5, p. 316 ; Martius, Ueber den Cacao, dans Bûchner, Repert. Pharm. \0372. Schach, dans Grisebach, Flora ofbritish W. India islands, p. 91. \0373. Sloane, Jamaïque^ 2, p. 15. \0374. 6. Bernoulli, Uebersicht der Arten von Theobroma, p, 5. \0375. Hemsley, Biologia centrali-americana, part. 2, p. 133. \037\035\013

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CACAOYER -— LI-TSCHI 251 \037matériaux de Therbier de Kew, ne cile aucune localité où l'es- pèce soit indigène. Elle a peut-être été introduite dans TAmé- rique centrale et dans les parties chaudes du Mexique, par les Indiens, avant la découverte de TAmérique. La culture peut ravoir naturalisée çà et là, comme on dit que cela est arrivé à la Jamaïque *. A l'appui de cette hypothèse, il faut remarquer que M. Triana ^ indique le Cacaoyer seulement comme cultivé dans les parties chaudes de la Nouvelle-Grenade, pays situé entre la région de TOrénoque et Panama. \037Quoi qu'il en soit, l'espèce était cultivée dans l'Amérique cen- trale et le Yucatan lors de la découverte de l'Amérique. Les graines étaient envoyées dans les régions hautes du Mexique, et même elles y servaient de monnaie, tant on en faisait cas. L'usage de boire du chocolat était général. Le nom de cette excellente boisson est mexicain. \037Les Espagnols ont transporté le Cacaoyer d'Acapulco aux îles Philippines en 1674 et 1680 ^. Il y réussit à merveille. On le cultive aussi dans les îles de «la Sonde. Je présume qu'il réussi- rait sur les côtes de Zanzibar et de la Guinée, mais il ne convient pas de l'essayer dan^ les pays qui ne sont pas très chauds et humides. \037. Une autre espèce, le Theobroma bicolor , Humboldt et Bon- land, se trouve mélangée avec le Cacaoyer ordinaire dans les cultures américaines. Ses graines sont moins estimées. D'un autre côté, elle n'exige pas autant de chaleur et peut vivre, jus- qu'à 950 mètres d'élévation dans la vallée de la Magdelana. Elle abonde, à l'état spontané, dans la Nouvelle-Grenade ^. BernouUi assure qu'elle est seulement cultivée à Guatimala, quoique les habitants la nomment « Cacao de montagne ». \037Li-Tschi. — Nephelium Lit-chi, Cambessèdes. \037La graine de cette espèce et des deux qui suivent est revêtue d'une excroissance charnue (arille), très sucrée et parfumée, qu'on mange volontiers en prenant du thé. \037Comme, en général, les Sapindacées, les Nephelium sont des arbres. Celui-ci est cultivé dans la Chine méridionale, l'Inde et l'archipel asiatique, depuis un temps qu'on ne peut préciser. Les auteurs chinois ayant vécu à Peking n'ont connu le Li-Tschi que tardivement, au m* siècle de notre ère ^. L'introduction dan& le Bengale date de la fin du xviii* siècle ^. \037Tout le monde admet que l'espèce est du midi de la Chine, et Blume ' ajoute de la Cochinchine et des Philippines, mais il ne \0371. Grisebach, /. c. \0372. Triana et Planchon, Prodr, Florse Novo-Granaiensis^ p. 208. \0373. Blanco, Flora de Filipinas, éd. 2, p. 420. \0374. Kuntli, dans Humboldt et Bonpland, /. c. ; Triana, /. c. \0375. Bretschneider, lettre du 23 août 1881. \0376. Roxburgh, FI. indica, 2, p. 269. \0377. Blume, Rumphia, 3, p. I(i6. \037\035\013

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252 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037paraît pas qu'aucun botaniste Tait trouvée dans les conditions d'un arbre vraiment spontané. Cela tient probablement à ce que les parties méridionales de la Chine, du côté de Siam, ont été peu visitées. En Cochinchine, et dans le pays de Burma, à Chittagong, le Li-Tschi est seulement cultivé *. \037Long^n. — Nephelium Longana^ Cambessèdes. \037Cette seconde espèce, très souvent cultivée dans l'Asie méri- dionale, comme le Li-Tschi, est sauvage dans l'Inde anglaise, de Ceylan et Concan jusque dans les montagnes à Test du Bengale et au Pégou *. \037Les Chinois Font transportée dans l'archipel asiatique depuis quelques siècles seulement. \037Ramboutan. — Nephelium lappaceum, Linné. \037On le dit sauvage dans l'archipel indien, où il doit être cultivé depuis longtemps, d'après le nombre considérable de ses va- riétés. Un nom malais, cité par Blume, signifie arbre sauvage. Loureiro le dit spontané en Cochinchine et à Java. Cependant je ne vois pas de confirmation pour la Cochinchine dans, les ou- vrages modernes, ni même pour les îles. La nouvelle flore de rinde anglaise ^ l'indique à Singapore et Malacca, sans affirmer la qualité indigène, sur laquelle les étiquettes d'herbiers n'ap- prennent ordinairement rien. Assurément, l'espèce n'est pas spontanée sur le continent asiatique, malgré les expressions vagues de Blume et Micjuel à cet égard *, mais il est plus pro- bable qu'elle est originaire de l'archipel malais. \037Malgré la réputation des Li-Tschis et Ramboutans, dont les fruits peuvent s'exporter, il ne paraît pas qu'on ait introduit ces arbres dans les colonies tropicales d'Afrique ou d'Amérique, si ce n'est peut-être dans quelques jardins, comme objets ae cu- riosité. \037Pistachier. — Pistacia vera^ Linné. \037Le Pistachier, arbrisseau de la famille des Térébintacées, croît naturellement en Syrie. M. Boissier ^ l'a trouvé au nord de Damas, dans l'Antiliban. Il en a vu des échantillons de Mésopo- tamie, mais sans pouvoir affirmer leur qualité spontanée. Le même doute existe sur des rameaux recueillis en Arabie, dont quelques auteurs ont parlé. Pline et Galien ^ savaient déjà que \0371. Loureiro, Flora Cochinch., p. 233; Kurz, Forest flora ofbritish Burma, p. 293. \0372. Roxburgh, Flora indica, 2, p. 271 ; Thwaites, Enum, ZeylanUe, p. 58; HierD, dans Flora of brit, India, 1, p. 688. \0373. Hiern, dans Flora of brit, India, 1, p. 687. \0374. Blume, Rumphia, 3, p. 103; Miquel, Flora indo-batava, 1, p. 554. \0375. Boissier. Flora orient,, 2, p. 5. \0376. Pline, Hist, nat., 1. 13, c. 15; 1. 15, c. 22 ; Galien, De alimentis, 1. 2, c. 30. \037\035\013

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PISTACHIER — FÈVE 283 \037la plante est de Syrie. Le premier nous dit qu'elle a été intro- duite en Italie, par Vitellius, à la fin du règne de Tibère, et de là en Espagne, par Flavius Pompée. \037Il n'y a pas de raison de croire que la culture du Pistachier fût ancienne dans son pays d'origine, mais elle est pratiquée de nos jours en Orient, de même qu'en Sicile et à Tunis. Dans le midi de la France et en Espagne, elle n'a guère d'importance. \037Fève. — Faba vulgaris^ Moench, — Vicia Faba^ Linné. \037Linné, dans son meilleur ouvrage descriptif, YHortus cliffor- tianus , convient que l'origine de cette espèce est obscure , comme celle de beaucoup de plantes anciennement cultivées. Plus tard, dans son Species^ qu'on cite davantage, il a dit, sans en donner aucune preuve, que la fève « habite en Egypte ». Un voyageur russe de la fin du siècle dernier, Lerche, Ta trouvée sauvage dans le désert Mungan, du Mazanderan, au midi de la mer Caspienne *. Les voyageurs qui ont herborisé dans cette région l'ont quelquefois rencontrée», mais ils ne la mentionnent pas dans leurs ouvrages ', si ce n'est Ledebour, qui n'est pas exact dans la citation sur laquelle il s'appuie *. Bosc ^ a prétendu qu'Oli- vier avait trouvé la Fève sauvage en Perse. Je n'en vois pas la confirmation dans le Voyage d'Olivier, et en général Bosc paraît avoir cru un peu légèrement que ce voyageur avait trouvé beau- coup de nos plantes cultivées dans l'intérieur de la Perse. Il le dit du Sarrasin et de l'Avoine, dont Olivier n'a pas parlé. \037La seule indication, outre celle de Lerche, que je découvre dans les flores, est d'une localité bien diff'érente. Munby ^ men- tionne la Fève, comme spontanée, en Algérie, à Oran. Il ajoute qu'elle y est rare. Aucun auteur, à ma connaissance, ne l'a citée dans l'Afrique septentrionale. M. Gosson, qui connaît mieux que personne la flore d'Algérie, m'a certifié n'avoir vu ou reçu aucun échantillon de Fève sauvage du Nord de l'Afrique. Je me suis assuré qu'il n'y en a pas dans l'herbier de Munby, mainte- \0371. Lerche, Nova acta Acad. cxsareo-Leopold., vol. 5, appendix, p. 203, publié en 1773. M. Maximowicz (lettre du 23 février. 1882) m'apprend ç[ue l'échantillon de Lerche existe dans l'herbier du jardin impérial de Saint- Pétersbourg. Il est en fleur et ressemble en tout à la Fève cultivée, moins la taille, qui est à peu près d'un demi-pied. L'étiquette mentionne la loca- lité et la spontanéité, sans autre observation. \0372. Il y a dans le même herbier des échantiUons transcaucasiens, mais plus grands de taille et qu'on ne dit pas spontanés. \0373. Marschall Bieberstein, Flora Caucaso-Taurica ; C.-A. Meyer, Verzeich- nm ; Hohenacker, Enum. plant, Talysch; Boissier, FL orientalis, p. 578; Buhse et Boissier^ Plant. Transcaucasiœ. \037\035\013\013Willdenow. \0375. Bosc, Dict, d*agric„ 5, p. 512. \0376. Munby, Catalogus plant, in Algeria sponte nascentium, éd. 2, p. 12. \037\035\013

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284 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037nant à Kew. Comme les Arabes cultivent beaucoup la Fève, elle se rencontre peut-être accidentellement hors des cultures. Il ne faut pas oublier cependant que Pline (1.18, c. 12) parle d'une Fève sauvage en Mauritanie; mais il ajoute qu'elle est dure et qu'on ne peut pas la cuire, ce qui fait douter de l'espèce. Les bota- nistes qui ont écrit sur l'Egypte et la Gyrénaïque, en particulier les plus récents \ donnent la Fève pour cultivée. \037Cette plante est seule à constituer le genre Faba. On ne peut donc invoquer aucune analogie botanique pour présumer son origine. C'est à l'histoire de la culture et aux noms de l'espèce qu'il faut recourir si l'on veut deviner le pays où elle était an- ciennement indigène. \037Mettons d'abord de côté une erreur qui venait d'une mauvaise interprétation des ouvrages chinois. Stanislas Julien avait cru que la fève était une des cmq plantes que l'empereur Chin-Nong, il y a 4600 ans, avait ordonné de semer en grande solennité chaque année ^. Or, d'après le D"" Bretschneider ^, qui est en- touré à Peking de toutes les ressources possibles pour savoir la vérité, la graine, analogue à une fève, que sèment les empereurs dans la cérémonie ordonnée est celle du Soja (Dolicho Soja), et la Fève a été introduite en Chine, de l'Asie occidentale, un siècle seulement avant l'ère chrétienne, lors de l'ambassade de Chang- Kien. Ainsi tombe une assertion qu'il était difficile de concilier avec d'autres faits, par exemple avec l'absence de culture an- cienne de la Fève dans l'Inde et de nom sanscrit, ou même de quelque langue moderne indienne. \037Les anciens Grecs connaissaient la Fève, qu'ils appelaient Kuamos et quelquefois Kuamos de Grèce, Kuamos ellenikos, pour la distinguer de celle d'Egypte, oui était la graine d'une espèce aquatique toute différente, le Nelumbium. h Iliade parle déjà de la Fève comme d'une plante cultivée *, et M. Virchow en a trouvé des graines dans les fouilles faites à Troie ^. Les Latins l'appelîdent Faba, On ne trouve rien dans les ouvrages de Théo- phraste, Dioscoride, Pline, etc., qui puisse faire croire que la plante fût indigène en Grèce ou en Italie. Elle y était ancienne- ment connue, puisque dans le vieux culte des I^mains on devait mettre des fèves dans les sacrifices le jour de la déesse Garna, d'où le nom de Fabarise calendse ^. Les Fabius tiraient peut-être leur nom de Faba, et le chapitre XII du livre 18 de Pline montre, à n'en pouvoir douter, le rôle ancien et important de la fève en Italie. \0371 . Schweinfurth et Ascherson, Aufzdhlungy p. 256 ; Rohlfs, Kufra, un vol. iii-8*>. \0372. Loiseleur-Deslongchamps , Considérations sur les céréales , part, i , p. 29. \0373. Bretschoeider, On study and value of chinese bot, works, p. 7 et 15. \0374. Iliade, 13, v. 589. \0375. Wittmack, Sitz. beiHcht Vereins, Brandenb., 1879. \0376. Novitius Dictionnarium, au mot Faba. \037\035\013

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FÈVE 255 \037Le mot Faba se retrouve dans plusieurs des langues aryennes de l'Europe, avec des modifications que les philologues seuls peuvent reconnaître. N'oublions cependant pas l'observation très juste d'Adolphe Pictet * que, pour les graines de céréales et de Légumineuses, on a souvent transporté des noms d'une espèce à l'autre, ou que certains noms étaient tantôt génériques et tantôt spécifiques. Plusieurs graines, de forme analogue, ont été appe- lées Kuamos par les Grecs ; plusieurs haricots différents (Pha- selus, Dolichos) portent le même nom en sanscrit, et Faba^ en ancien slave Éobu^ en ancien prussien Babo, en armoricain Fav, etc., peut fort bien avoir été employé pour des pois, hari- cots, ou autres graines de ce genre. Ne voyons-nous pas de nos jours appeler, en style commercial, le café une fève? C'est donc avec raison que Pline ayant parlé d'îles fabarix^ où se trou- vaient des Fèves en abondance, et ces îles étant situées dans l'océan septentrional, on a pensé qu'il s'agissait d'un certain pois sauvage appelé en botanique Pisum maritimum. \037Les anciens habitants de la Suisse et de l'Italie, à l'époque du bronze, cultivaient une variété à petites graines du I^aba vul- gans. M. Heer ' la désigne sous le nom de Celtica nana^ parce que la graine a de 6 à 9 millimètres de longueur, tandis que celle de notre Fève actuelle des champs (Fèverolle) en a 10 à 12. Il a comparé les échantillons de Montelier sur le lac de Morat et de l'île de Saint-Pierre du lac de Bienne, avec d'autres de Parme de la même époque. M. de Mortillet a trouvé dans les lacustres contemporains du lac du Bourget la même petite fève, qu'il dit fort semblable à une variété cultivée aujourd'hui en Espagne '. \037La Fève était cultivée chez les anciens Egyptiens *. Il est vrai que, jusqu'à présent, on n'en a pas trouvé des graines ou vu des figures dfans les cercueils ou monuments. La cause en est, dit-on, qu'elle était réputée impure ^. Hérodote * s'exprime ainsi : « Les Egyptiens ne sèment jamais de Fèves dans leurs terres, et, s'il en vient, ils ne les mangent ni crues ni cuites. Les prêtres n'en peuvent pas même supporter la vue ; ils s'imaginent que ce légume est impur. » La Fève existait donc en Egypte, et proba- blement dans les endroits cultivés, car les terrains qui pouvaient lui convenir étaient généralement en culture. Peut-être la popu- lation pauvre et celle de certains districts n'avaient pas les mêmes préjugés que les prêtres. On sait que les superstitions différaient suivant les. nomes, Plutarque et Diodore de Sicile ont \037\035\0131. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes ^ éd. 2, vol. 1, p. 353. \0372. Heer, Pflanzen, der PfahlbaïUen, p. 22, iig. 44-47. \0373. Perrin, Etude préhistorique sur la Savoie, p. 2. \0374. Delile, Plant, cuit, en Egypte, p. 12 ; Reynier, Economie des Egyptiens et Carthaginois, p. 340 ; Unger, Pflanzen d, alten MgyptenSy p. 64 ; Wil- kinson, Manners and customs of ancient EgyptianSy 2, p. 402. \0375. Reynier, /. c, cherche à en deviner les motifo. \0376. Hérodote, Histoire, traduction de Larcher, vol. 2, p. 32. \037\035\013

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256 \037\035\013PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037\035\013mentionné la culture de la Fève en Egypte, mais ils écrivaient 500 ans après Héi'oclote. \037On trouve deux fois dans l'Ancien Testament ' le mot Pol, qui a été traduit par fève, à cause des traditions conservées par le Talmud et du nom arabe foui, fol ou fui, qui est celui de la fève. Le premier des deux versets fait remonter la connaissance de l'espèce par les HébreoK à l'an mille avant Jésua-Christ. \037Je signalerai enSn un indice d'ancienne existence de la Fève dans le nord de l'Afrique. C'est le nom berbère Ibiou, au pluriel labouen, usité chez les Kabyles de la province d'Alger '. II ne ressemble nullement au nom sémitique et remonte peut-être à une grande antiquité. Les Berbères habitaient jadis la Mauri- tanie, où Pline prétend que l'espèce était sauvage. On ignore si les Guanches, peuple berbère des Iles Canaries, connaissaient la fève. Je doute que les Ibères l'aient eue, car leurs descendants supposés, les Basques, se servent du nom Bahn ', répondant au Faba des Romains. \037D'après ces documents, la culture de la fève est préhistorique en Europe, en Egypte et en Arabie. Elle a été introduite en Eu- rope, probablement par les Aryens occidentaux, lors de leurs premières migrations {Pélaages, Celtes, Slaves). C'est plus tard qu'elle a été portée en Chine, un siècle avant l'ère chrétienne, plus, tard encore au Japon ; et tout récemment dans l'Inde. \037Quant ft l'habitalion spontanée, il est possible qu'elle ait été double il y a quelques milliers d'années, l'un des centres étant au midi de la mer Caspienne, l'autre dans l'Afrique septentrio- nale. Ces sortes d'habitations, que j'ai appelées disjointes et dont je me suis beaucoup occupé naguère *, sont rares dans les plantes Dicotylédones; mais il en existe des exemples précisé- mont dans les contrées dont je viens de parler ". Il est probable que l'habitation de la Fève est depuis longtemps en voie de di- minution et d'extinction. La nature de la plante appuie cette hypothèse, car ses graines n'ont aucun moyen de dispersion, et les rongeurs ou autres animaux peuvent s'en emparer avec faci- lité. L'habitation dans l'Asie occidentale était peut-être moine limitée jadis que maintenant, et celle en Afrique, à l'époque de Pline, s'étendait peut-être plus ou moins. La lutte pour l'exis- tence, défavorable à cette plante, comme au Maïs, I aurait can- tonnée peu à peu et l'aurait fait disparaître, si l'homme ne l'avait sauvée en la cultivant. \037La plante qui ressemble le plus à la Fève est le Vicia narbo- iiensis. Les auteurs qui n'admettent pas le genre Faba, dont les \037). Samuel, II, c. n, v. 28; Eïecliiel, c. 4, t. S. \0372. Dicl. franiais-berbère, publié par le gouvernement franeaia. \0373. Note communiquée k M. Clae par M. d'Abadie. \0374. A. de Candolle, Géographie 6otonir{ue raùonnée, cliap. X. \0375. Le Rhododendron ponticum ne se trouve plus que duns l'Asie Mineure et au tnidi de la péainanle espagnole. \037\035\013

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LENTILLE 257 \037caractères sont assez peu distincts du Vicia, rapprochent ces deux espèces dans une même section. Or le Vicia narbonensis est spontané dans la région de la mer Méditerranée et en Orient, jusqu'au Caucase, à la Perse septentrionale et la Mésopotamie *. Son habitation n'est pas disjointe, mais elle rend probable, par analogie, l'hypothèse dont j'ai parlé. \037Iientille. — Ervum Lens, Linné. — Lens esculenta, Moench. \037Les plantes qui ressemblent le plus à la Lentille sont classées par les auteurs tantôt dans le genre Frvum^ tantôt dans un genre disimciy Lens, et quelquefois dans le genre Cicei^; mais les espèces de ces groupes mal définis sont toutes de la région méditerra- néenne ou Je l'Asie occidentale. C'est une indication pour l'ori- gine de la plante cultivée. Malheureusement, on ne retrouve plus la Lentille dans un état spontané, du moins qu'on puisse affir- mer être tel. Les flores du midi de l'Europe, de l'Afrique septen- trionale, d'orient et de l'Inde la citent toujours comme cultivée, ou venant dans les champs, après ou parmi d'autres cultures. Un botaniste * l'a vue dans les provinces au midi du Caucase, « cul- tivée et presque spontanée çà et là autour des villages. » Un autre ^ 1 indiquait vaguement dans la Russie méridionale, mais les flores plus récentes ne le confirment pas. \037Voyons si l'histoire et les noms de cette plante indiquent plus clairement son origine. \037Elle est cultivée depuis un temps préhistorique en Orient, dans la région de la mer Méditerranée, et même en Suisse. D'après Hérodote, Théophraste, etc., les anciens Egyptiens en faisaient un grand usage. Si leurs monuments n'en ont pas fourni la preuve, c'est peut-être que la graine en était réputée commune et grossière, comme la fève. L'Ancien Testament la mentionne trois fois, sous le nom dUAdcischum ou Adaschim^ qui doit bien signifier Lentille, car le nom arabe est Ads * ou Adas ^. La couleur rouge du fameux potage d'Esaû n'a pas été comprise par la plupart des auteurs. Reynier •, qui avait séjourné en Egypte, confirme une explication donnée jadis par l'historien Josèphe : les lentilles étaient rouges, parce qu'elles étaient mondées. La pratique des Egyptiens, dit Reynier, est encore de dépouiller ces graines de leur écorce, et dans ce cas elles sont d'un rouge pâle. Les Berbères ont reçu des Sémites pour la lentille le nom Ajies '. \037Les Grecs cultivaient la Lentille : Fakos ou Fakai. Il en est \0371. Boissier, FI. orient. , 2, p. 577. \0372. C.-A. Meyer, Verzeichniss pi. caucas,, p. 147. \0373. Georgi, dans Ledebour, FI, ross. \0374. Forsk^, FI. «gypt.; Delile, Plant, cuit, en Egypte, p. 13. \0375. Ebn Baithar, 2, p. 134. \0376. Reynier, Economie publique et rurale des Arabes et des Juifs. Genève, 1820, p. 429. \0377. Dictionn. français-berbère, in-8*, 1844. \037De Candolle. 17 \037\035\013

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288 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037question déjà dans Aristophane, comme servant de nourriture aux pauvres *. Les Latins l'appelaient Lens^ mot d'une origine inconnue, qui est évidemment lié au nom ancien slave Lesha, illyrien Lechja^ lithuanien Lenszic ^. La diversité des noms grec et latin est une indication que l'espèce a peut-être existé en Grèce et en Italie, avant d'y être cultivée. Une autre preuve d'existence ancienne en Europe est qu'on a trouvé des lentilles dans les habitations lacustres de l'île Saint-Pierre, du lac de Bienne', qui sont, il est vrai, de l'époque du bronze. L'espèce peut avoir été tirée d'Italie. \037D'après Théophraste *, les habitants de la Bactriane (Bouc- Itharie actuelle) ne connaissaient pas le Fakos des Grecs. Aaolphe Pictet cite un nom persan, Mangu ou Margu; mais il ne dit pas si c'est un nom ancien, qui se trouve, par exemple, dans le Zend- avesta. Il admet pour la Lentille plusieurs noms sanscrits, Ma- sura, Renuka^ Mdngalya^ etc., tandis que les botanistes anglo- indiens, Roxburgh et Piddington, n'en connaissaient aucun ^. Gomme ceux-ci mentionnent un nom analogue hindustani et bengali, Mussour^ on peut croire que Masura exprime bien la Lentille, tandis que mangu des Persans rappelle l'autre nom, Mangalya, Roxburgh et Piddington ne donnant aucun nom dans les autres langues de l'Inde, on peut présumer que la lentille n'était pas connue dans ce pays avant l'arrivée du peuple de langue sanscrite. Il n'est pas question de l'espèce dans les ancien» ouvrages chinois; du moins, le D' Bretschneider n'en parle ni dans son opuscule de 1870, ni dans les lettres plus détaillées qu'il m'a écrites récemment. \037En résumé, la lentille paraît avoir existé dans l'Asie occidentale tempérée, en Grèce et en Italie quand les hommes ont eu l'idée de la cultiver , dans un temps préhistorique très ancien, et l'ont portée en Egypte. La culture paraît s'être étendue, à une époque moins reculée, mais à peine historique, à l'ouest et à l'est, c'est-à-dire en Europe et dans l'Inde. \037Pois chiche. — Cicer anetinum, Linné. \037On connaît quinze espèces du genre Cicer, qui sont toutes de l'Asie occidentale ou de la Grèce, à l'exception d'une, qui est d'Abyssinie. La probabiUté est donc très grande que l'espèce cultivée vient des pays entre la Grèce et l'Himalaya, appelés vaguement l'Orient. ^ \037Elle n'a pas été trouvée, d'une manière certaine , dans les conditions d'une plante spontanée. Toutes les flores du midi de \0371. Hehn, Culturpflanzen, etc.y éd. 3, vol. 2, p. 188. \0372. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes , éd. 2, vol. 1, p. 364 ; Hehn, /. c. \0373. Heer, Pflanzen d. Pfahlbauten, p. 23, fig. 49. \0374. Theophrastes, Hist,^ 1. 4, c. 5. \0375. Roxburgh. FL ind., éd. 1832, v. 3, p. 324 ; Piddington, Index. \037\035\013

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POIS CHICHE 959 \037l'Europe, d'Egypte et de l'Asie occidentale jusqu'à la mer Cas- pienne et rinde en parlent comme d'une espèce cultivée ou de» champs et de terrains cultivés. On l'a indiquée quelquefois * en Crimée, et au nord et surtout au midi du Caucase, comme à peu près spontanée ; mais les auteurs modernes bien informés ne le croient pas ^. Cette quasi spontanéité peut faire présumer seu- lement une origine d'Arménie et des pays voisins. \037La culture et les noms de l'espèce jetteront peut-être quelque jour sur la question. \037Le Pois chiche était cultivé chez les Grecs, déjà du temps d'Homère, sous le nom de Erebinthos ^ et aussi de Krios *, à cause de la ressemblance de la graine avec une tète de bélier. Les Latins l'appelaient Cicer^ origine des noms modernes dans le midi de l'Europe. Ce nom existe aussi chez les Albanais, des- cendants des Pélasges, sous la forme de Kikere ^. L'existence de noms aussi différents indique une plante très anciennement connue et peut-être indigène dans le sud-est de l'Europe. \037Le Pois chiche n'a pas été trouvé dans les habitations lacustres de Suisse, Savoie ou Italie. Pour les premières, ce n'est pas sin- gulier; le climat n'est pas assez chaud. \037Un nom commun cnez les peuples du midi du Caucase et de \037. la mer Caspienne est en géorgien iVaûhuda, en turc et arménien \037Nachius, Nachunt, en persan Nochot ®. Les linguistes pourront \037dire si c'est un nom très ancien et s'il a quelque rapport avec \037le nom sanscrit Chennuka. \037Le Pois chiche est si souvent cultivé en Egypte depuis lespre- miers temps de l'ère chrétienne ' qu'on le suppose avoir été également connu des anciens Egyptiens. Il n'en existe pas de preuve dans les figures ou les dépôts de graines de leurs monu- ments, mais on, peut supposer que cette graine, comme la fève et la lentille, était réputée vulgaire ou impure. Reynier ^ pensait que le Ketsechy mentionné par Esaïe dans l'Ancien Testament, était peut-être le pois chiche ; mais on attribue ordinairement ce nom à la Nielle {Nigella sativa) ou au Vicia sativa^ sans en être . sûr ^. Comme les Arabes appellent le Pois chiche d'un nom tout différent, OmnoSy Homos^ qui se retrouve chez les Kabyles sous \037\035\0131. Ledebour, FI. ross., 1, p. 660, d'après Pallas, Falk et C. Koch. \0372. Boissier, FL orient,-, 2, p. 560; Steven, Vevzeichniss des taurischen Hab- linseln, p. 134. \0373. Iliade, 1. 13, v. 589 ; Theophrastes, Hist,, 1. 8, c. 3. \0374. Dioscorides, 1. 2, c. 126. \0375. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, -p. 71. \0376. Nemnich, Polyghtt, Lexicon^ 1, p. 1037 ; Bunge, dans Gœbels Reise, 2, p. 328. \0377. Clément d'Alexandrie, Strom., 1, 1, cité d'après Reynier, Economie des Egyptiens et Carthaginois, p. 343. \0378. Reynier, Economie des Arabes et des Juifs, p. 430. \0379. Rosenmûller,. Biàl. Alterth., 1, p. 100; Hamilton, Botanique de la Bible, p. 180. \037\035\013

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260 PLANTES CULTIVÉES POUR LECB8 GRAINES \037la l'orme Hammez ', il n'est pas probable que le Ketsech des Juifs fut la même plante. Ces détails me font soupçonner que l'espace était inconnue aux anciens Egyptiens et Israélites. Elle s'est peut-être répandue chez eux de Grèce ou d'Italie, vers le commencement de notre ère. \037L'introduction a été plus ancienne dans l'Inde, car on connaît lin nom sanscrit et plusieurs noms, analogues ou différents, dans les langues modernes '. Bretschneider ne mentionne pas l'espèce en Chine. \037Je ne connais aucune preuve de l'ancienneté de la culture en Espagne; cependant le nom castillan Garbanzo, usité aussi par les Basques sous la forme Garbantzua et en français sous celle de Garvance, n'étant ni latin ni arabe, peut remonter à une date plus ancienne que la conquête romaine. \037Les données botaniques, liistoriques et linguistiques s'accor- dent à faire présumer une habitation antérieure à la culture dans les pays au midi du Caucase et au nord de la Perse. Les Aryens occidentaux (Pélasges, Hellènes) ont peut-être introduit ia plante dans l'Europe méridionale, où cependant il y a quel- que probabilité qu'elle était également indigène. Les Aryens orientaux l'ont portée dans l'Inde. La patrie s'étendait peut-être de la Perse à la Grèce, et maintenant l'espèce n'existe plus que dans les terrains cultivés, où l'on ne sait pas si elle provient de pieds originairement sauvages ou de pieds cultivés, \037Lupin. — Lnpinus albus, Linné. \037Les anciens Grecs et Romains cultivaient cette Légumineuse pour l'enfouir, comme engrais vert, et à cause des graines, qui sont bonnes pour nourrir les bœufs et dont l'bomme fait aussi usage. Les expressions de Thëophraste, Dioscoride, Caton , Varron, Pline, etc., citées par les modernes, se rapportent à ia culture ou aux propriétés médicales des graines et n'indiquent pas s'il s'agissait du Lupin à fleurs blanches (Z.. albus] ou de celui à fleurs bleues {L. kirsutui\, qui croît spontanément dans le midi de l'Europe. D'après Fraas^ ce dernier est cultivé aujour- d'hui dans la Morée ; mais M. de Heldreich * dit que dans l'Attique c'est le L, albua. Comme en Italie on cultive depuis longtemps celui-ci, il est probable que c'est le Lupin des anciens. On le cul- tivait beaucoup dans le xvi° siècle, surtout en Italie ', et de l'Ecluse constate l'espèce, car il la nomme Lupinus sativus aibo flore '. L'ancienneté de la culture en Espagne est indiquée par \0371. RbuwoU, fi. orient., n. 220; Forslial, FI. sgypt., p. 81; Dietionnai'-e fra nça is-berbèi'e. \0372. Roïburgti, Fi. inrf,, 3, p. 324 ; Piddington, Indej-, \0373. Voir Fraeis, FI. cIosk., p lit ; Len«, Bol. der Allen, p. 73. i. Heldreich, Nutzp/lanzen GrieckenL, p. 69. \037B. Olivier de Serre», Théâtre de l'agric, éd. 1529, p. 88. \037S. Clasius, HiHoria plant., 2, p, 238. \037\035\013

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LUPIN — TERMIS 261 \037l'existence de quatre noms vulgaires différents, suivant les pro- vinces ; mais la plante y existe seulement à Fétat cultivé ou pres- que spontané, dans les champs et les endroits sablonneux *. \037En Italie, l'espèce a été indiquée, par Bertoloni, sur les collines de Sarzane. Cependant M. Garuel ne pense pas qu'elle y soit spontanée, non plus que dans d'autres localités de la pénin- sule *. Gussone * est très affirmatif pour la Sicile. Il indique la plante : « sur les collines arides et sablonneuses, et dans les prés (in herbidis) ». Enfin Grisebach * l'a trouvée dans la Tur- quie d'Europe, près de Ruskoï, et d'Urville ^, en abondance, dans des bois près de Gonstantinople. Castagne le confirme dans un catalogue manuscrit que je possède. M. Boissier ne cite aucune localité pour l'Orient ; il n'est pas question de l'espèce dans rinde, mais des botanistes russes l'ont recueillie au midi du Caucase, sans que l'on sache si c'était bien dans des condi- tions de spontanéité ^. On découvrira peut-être d'autres localités entre la Sicile, la Macédoine et le Caucase. \037Termis. — Lupinus Terrais^ Forskal. \037On cultive beaucoup en Egypte, et même dans l'île de Crète, cette espèce de Lupin, si voisine du L. albus qu'on a proposé quelquefois de les réunir . La différence la. plus apparente est que la fleur du Termis est bleue dans sa partie supérieure. La tige est plus haute que dans le L. albus. On fait usage des grai- nes, comme de celles du Lupin ordinaire, après les avoir fait macérer, à cause de leur amertume. \037Le L. Termis est spontané dans les sables et sur les collines en Sicile, en Sardaigne et en Corse**; en Syrie et en Egypte, sui- vant M. Boissier *; mais, selon MM. Schweinfurth et Acherson, il serait seulement cultivé en Egypte *^. Hartmann l'a vu sau- vage dans la haute Egypte ". Unger " l'indique parmi les espèces cultivées chez les anciens Egyptiens, mais il ne cite ni échan- tillon ni figure. Wilkinson ** sq borne à dire qu'on l'a trouvé dans les tombeaux. \037Aucun Lupin n'est cultivé dans l'Inde et n'a de nom en sans- crit; on en vend des graines dans les bazars sous le nom de Tourmus (Royle, IlL,ç. 194). \0371. Willkomm et Lange, FI. hisp., 3, p. 466. \0372. Caruel, FI. toscana, p. 136. \0373. Gus3one, Florx siculœ synopsis, éd. 2, vol. 2, p. 266. \0374. Grisebach, Spicil. FI. rwwe/., p. 11. \0375. D'Urville, Enum., p. 86. \0376. Ledebour, FL ross.f 1, p. 510. \0377. Caruel, FI. tosc, p. 136. \0378. Gussone, FL sic. syn.^ 2, p. 267 ; Moris, FI. Sardoa, 1, p. 596 \0379. Boissier, FI. orient., 2, p. 29 \03710. Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlung, etc., p. 257. \03711. Schweinfurth, Plantx nilot. a Hartmann coll., p. 6. \03712. Unger, Pflanzen d. ait. jEgypten., p. 65. \03713. Wilkinson, Manners and customs of anciéht Egyptians^ 2, p. 403. \037\035\013

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362 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Le nom Terrais ou Tertnus^ des Arabes, est celui du Lupin des Grecs, Termos, On peut soupçonner que les Grecs l'ont reçu des Egyptiens. L'espèce ayant été connue dans Tancienne Egypte, il est assez singulier qu'on ne mentionne aucun nom hébreu *. Elle a peut-être été introduite en Egypte après l'époque du sé- jour des Juifs. \037Pois des champs. — Pois gris. — Bisaille. — Pisum arvense, Linné. \037Il s'agit ici du Pois que l'on cultive en grand, pour ses grai- nes, et quelquefois comme fourrage. Bien que son apparence et ses caractères botaniques permettent de le distinguer assez faci- lement du Pois des jardins potagers, les auteurs grecs et ro- mains le confondaient ou ne se sont pas expliqués clairement à son égard. Leurs ouvrages ne prouvent pas qu'il fût cultivé de leur temps. On ne Ta pas trouvé dans les lacustres de Suisse, Savoie et Italie. Une légende de Bobbio, en 930, dit que les paysans italiens appelaient un grain Heràilia, et l'on a conclu de là que c'était le Rubiglia actuel, soit Pisum sativum des bota- nistes *. L'espèce est cultivée en Orient et jusque dans l'Inde septentrionale ^. Pour ce dernier pays, ce n'est pas une culture ancienne, car on ne connaît pas de nom sanscrit, et Piddington cite un seul nom dans une des langues modernes. \037Quoi qu'il en soit de l'introduction de la culture, l'espèce existe, à l'état bien spontané, en Italie, ,non seulement dans les baies et près des cultures, mais aussi dans des forêts et lieux incultes des montagnes*. Je ne découvre aucune indication ana- logue positive dans les flores d'Espagne, d'Algérie, de Grèce et d'Orient. On a dit la plante indigène dans la Russie méridio- nale ; mais tantôt la qualité spontanée est très douteuse et tantôt c'est l'espèce elle-même qui n'est pas certaine, par confusion avec le Pisum sativum ou le P, elattus,- Royle admettait Tindi- génat dans l'Inde septentrionale, mais il est le seul parmi leè botanistes anglo-indiens. \037Pois des Jardins, petit Pois. — Pisum sativum^ Linné. \037Le pois de nos jardins potagers est plus délicat que celui des champs. Il craint la gelée et la sécheresse. Probablement son habitation naturelle, avant la culture, était plus méridionale et restreinte. \037Le fait est qu'on ne l'a pas encore trouvé dans un état spon- tané, soit en Europe, soit dans l'Asie occidentale d'où l'on pré- \0371. Rosenmûller, BibL Alterth,^ vol. 1. \0372. Muralori, Antich, ital., 1, p. 347; Diss., 24; cité par Targioni, Cenni storiciy p. 31 . \0373. Boissier, FI. orient. y 2, p. 623 ; Royle, ///. Himal., p. 200. \0374. Bertoloni, FI, ital., 7, p. 419 ; Caruel, FI. tosc.y p. 184 ; Gussone, FL siculx synopsis, 2, p. 279; Moris, FI. sardoa, i, p. 577. \037\035\013

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POIS DES JARDINS ' 263 \037sume qu'il est sorti. L'indication de Bieberstein pour la Grimée n'est pas exacte, selon Steven, qui a résidé dans le pays *. Peut- être les botanistes ont passé à côté de son habitation . Peut-être la plante a disparu de son lieu d'origine. Peut-être encore elle n'est qu'une modification du Pisum arvense^ obtenue dans les cultures. Cette dernière opinion était celle d'Alefeld ', mais ce qu'il a publié est si bref qu'on ne peut rien en conclure. Cela se borne à dire qu'ayant cultivé un grand nombre de formes de pois des champs et des jardins, il a jugé qu'elles appartiennent à la même espèce. Darwin * avait appris, par un intermédiaire-, que André Knight avait croisé le Pois des champs avec un Pois de jardin appelé Pois de Prusse, et que les produits avaient paru complètement fertiles. Ce serait bien une preuve de l'unité spécifique, mais il faudrait pourtant plus d'observations et plus d'expériences. Provisoirement, dans cette recherche des origines géographiques, je suis obligé de considérer les deux formes séparément, et dans ce but j'examinerai la question du Pisum sativum des jardins. \037Les botanistes, qui distinguent beaucoup d'espèces dans le genre Pisum, en admettent huit, qui sont toutes d'Europe ou d'Asie. \037Le Pisum sativum était cultivé chez les Grecs, du temps de Théophraste *. Ils l'appelaient Pisos ou Pison. Les Albanais, descendants des Pelasges, l'appellent Pizelle ^. Les Latins di- saient Pisum ^. Cette uniformité de nomenclature fait supposer que les Aryens arrivés en Grèce et en Italie connaissaient là plante et l'avaient peut-être apportée avec eux. Les autres lan- gues d'origine aryenne présentent plusieurs mots pour le sens générique de Pois; mais il est évident, d'après la savante dis- sertation d'Adolphe Pictet j qu'on ne saurait appliquer aucun de ces noms au Pisum sativum en particulier. Même quand une des langues modernes, slave ou bretonne, a limité le sens au Pois des jardins, il est très possible que jadis, à l'origine de ces langues, le mot ait signifié Pois des champs ou Lentille ou quelque autre Légumineuse. \037On a retrouvé le petit Pois ^ dans les restes des habitations lacustres de Page de bronze, en Suisse et en Savoie. La graine €st sphérique, en quoi l'espèce diffère du Pisum arvense. Elle «st plus petite que celle de nos Pois actuels. M. Heer dit l'avoir \0371. Steven, Verzeichniss, p. 134, \0372. Alefeld, Botanische Zeitung, 1860, p. 204. \0373. Darwin, Variations of animais and plants under domestication^ p. 326. \0374. Theophrastes, Hist., 1. 8, c. 3, 5. \0375. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 71. \0376. Pline, Hist.^ 1. 18, c. 7, 12. Il s'a^git bien du Pisum sativum, car l'au- teur dit qu'il supporte très mal le froid. \0377. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes y éd. 2, vol. 1, p. 359. \0378. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten^ 23, fig. 48 ; Perrin, Etudes préhistoriq, ^ur la Savoie^ p. 22. \037\035\013

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264 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037vue aussi de l'âge de la pierre, à Moosseedorf ; mais il est moins affirmatif et ne donne des figures que du Pois moins ancien de l'île de Saint-Pierre. Si l'espèce remonte à Tâge de pierre en Suisse, ce serait une raison de la regarder comme antérieure aux peuples aryens. \037Il n'y a pas d'indication de culture du Pisum sativum dans l'ancienne Egypte ou chez les Hébreux. Au contraire, il a été cultivé depuis longtemps dans llnde septentrionale, s'il avait, comme le dit Piddington, un nom sanscrit, Barenso, et s*il est désigné par plusieurs noms, très différents de celui-ci, dans les langues mdiennes actuelles *. On Ta introduit en Chine de TAsie occidentale. Le Pent-saOy rédigé à la fin du xvi* siècle de notre ère, le nomme Pots mahométan *. \037En résumé, l'espèce paraît avoir existé dans TAsie occidentale, peut-être du midi du Caucase à la Perse, avant d'être cultivée. Les peuples aryens l'auraient introduite en Europe, mais elle était peut-être dans Flnde septentrionale avant l'arrivée des Aryens orientaux. \037Elle n'existe peut-être plus à l'état spontané, et quand elle s'offre dans les champs, quasi spontanée, on ne dit pas qu'elle ait une forme modifiée qui se rapproche des autres espèces. \037Soja. — Dolichos Soja^ Linné. — Glycine Soja, Bentham. \037La culture de cette Légumineuse annuelle remonte, en Chine et au Japon, à une antiquité reculée. On pouvait le présumer d'après la multitude des emplois de la graine et le nombre im- mense des variétés. Mais, en outre, on estime que c'est un des farineux nommés Shu dans les ouvrages chinois contemporains de Gonfucius, quoique le nom moderne de la plante soit Ta-tou '. Les graines sont à la fois nutritives et fortement oléagineuses, ce qui permet d'en tirer des préparations analogues au beurre, à rhuile et au fromage dans la cuisine japonaise et chinoise *. Le Soja est cultivé aussi dans l'archipel indien, mais à la fin du XVII® siècle il était encore rare à Amboine*, etForster ne l'avait pas vu dans les îles de la mer Pacifique, lors du voyage de Cook. Dans llnde, il doit être d'une introduction moderne, car Roxburgh n'avait vu la plante qu'au jardin botanique de Cal- cutta, où elle provenait des Moluques *. On ne connaît pas de noms vulgaires indiens ^. D'ailleurs si la culture était ancienne \037\035\0131. PiddingtOD, Index, Roxburgh ne parle pas d'un nom sanscrit. \0372. Bretschneider, Study and value of chinese botanical works, p. 16. \0373. Bretschneider, ibid,^ p. 9. \0374. Voir Pailleux, dans le Bullelin de la Société d'acclimatation, sept, et oct. 1880. \0375. Rumphius, Amb., vol. 5, p. 388. \0376. Roxburgh, Flora indica, 3, p. 314. \0377. Piddington^ Index. \037\035\013

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SOJA 265 \037dans rinde, elle se serait propagée vers Touest, en Syrie et en Egypte, ce qui n'est pas arrivé. \037Kaempfer * avait publié jadis une excellente figure du Soja, et on le semait depuis un siècle dans les jardins botaniques d'Eu- rope, lorsque des renseignements plus nombreux sur la Chine et le Japon suscitèrent, il y a une dizaine d^années, un zèle extraor- dinaire pour rintroduire dans nos pays. C'est surtout dans l'Autriche-Hongrie et en France que des essais ont été faits en grand et qu'on les a résumés dans des ouvrages très dignes d'être consultés '. Faisons des vœux pour que le succès réponde à ces efforts, mais nous ne devons pas nous écarter du but de nos recherches. Occupons-nons donc ici de l'origine probable de l'espèce. \037Linné a dit dans son Specles : c Habitat in India ; x) après quoi il renvoie à Kaempfer, qui a parlé des plantes du Japon, et à sa propre flore de Ceylan, où l'on voit que la plante était cultivée dans cette île. La flore moderne de Ceylan, par Thwaites, n'en fait aucune mention. Evidemment il faut avancer vers l'Asie orientale pour trouver l'origine à la fois de la culture et de l'espèce. Loureiro dit qu'elle habite en Cochinchine et qu'on la cultive souvent en Chine ^ Je ne vois pas de preuve qu on l'ait trouvée sauvage dans ce dernier pays, mais on l'y découvrira peut-être, vu l'ancienneté de la culture. Les botanistes russes * ne l'ont rencontrée dans le nord de la Chine et vers le fleuve Amour qu'à l'état de plante cultivée. Elle est certainement spontanée au Japon ^. Enfin, Junghuhn ® l'a récoltée à Java sur le mont Gunung-Gamping, et l'on rapporte à la même espèce une plante envoyée aussi de Java par Zollinger, sans qu'on sache si elle était vraiment spontanée ^. Un nom malîiis, Ka- delee ^, tout à fait difl'érent des noms vulgaires japonais et chi- nois, appuie l'indigénat à Java. \037En résumé, d'après les faits connus et les probabilités histo- riques et linguistiques, le Soja était spontané de la Cochin- chme au Japon méridional et à Java lorsque d'anciens habi- tants, à une époque très reculée, se sont mis à le cultiver, à l'employer de différentes manières pour leur nourriture, et en ont obtenu des variétés, dont le nombre est remarquable, sur- tout au Japon. \037\, Kœmpfer, Amœn. exot., p. 837, pi. 838. \0372. Haberlandt, Die Sojabohne, in-8«, Vienne, 1878, extrait en français par M. Pailleux, /. c. \0373. Loureiro, FI. coch.y 2. p. 538. \0374. Bunge, Enum, plant, Chin,, n» 118; Maximowicz, Primitiœ fl, Amur., p. 87. \0375. Miquel, Prolusio, dans Ann. Mus, Lugd,-Bat., 3, p. 52 ; Franchet et Savatier, Enum. plant, Jap,y 1, p. 108. \0376. Junghuhn. Plantx Jungh., p. 255. \0377. Le Soja angustifolia, Miquel; voir Hooker, Fl. brit, Ind.f 2, p. 184. \0378. Rumphius, l. c. \037\035\013

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266 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037. Cajan. — Cnjanus indicus^ Sprêngel. — Cytisus Cajan, Linné. \037Cette Légumineuse, très souvent cultivée dans les pays tropi- caux, est de la nature des arbustes; mais elle fructifie dès la première année, et dans quelques pays on aime mieux la cul- tiver comme une plante annuelle. Ses graines sont un article im- Ï)ortant de la noui'riture des nègres ou des indigènes, tandis que es colons européens ne les recherchent guère, si ce n'est pour les manger avant maturité, comme nos petits pois. \037La plante se naturalise avec une grande facilité dans de mau- vais terrains, hors des cultures, même aux Antilles, d'où elle n*est certainement pas originaire *. \037A l'île Maurice, elle se nomme Ambrevade; dans les colonies anglaises, Doll, Pigeon-Pea, et dans les Antilles anglaises ou françaises, Pois d'Angola^ Pois de Congo ^ Pois pigeon. \037Chose singulière, pour une espèce répandue dans les trois continents, les variétés ne sont pas nombreuses. On en signale deux, basées uniquement sur la couleur jaune ou teintée de rouge des fleurs, qui ont été regardées quelquefois comme des espèces distinctes, mais que des observations plus attentives ramènent à une seule, conformément à l'opinion de Linné '. Le petit nombre des variations obtenues, même dans l'organe pour lequel on cultive l'espèce, est un indice de culture pas très an- cienne. C'est cependant ce qu'il faut chercher, car l'habitation préculturale est incertaine. Les meilleurs botanistes ont sup- posé tantôt rinde et tantôt l'Afrique inter tropicale. M. Bentham, qui a beaucoup étudié les Légumineuses, croyait en 1861 à l'origine africaine, et en 1865 il inclinait plutôt vers l'origine asiatique ^. Le problème est donc assez intéressant. \037Et d'abord il ne peut pas être question d'une origine améri- caine. Le Cajan a été introduit aux Antilles de la côte d'Afrique par la traite des nègres, comme l'indiquent les noms vulgaires déjà cités * et l'opinion unanime des auteurs de flores améri- caines. On l'a porté également au Brésil, à la Guyane et dans toutes les régions chaudes du continent américain. \037La facilité avec laquelle cet arbuste se naturalise empêcherait, à elle seule, d'accorder beaucoup de poids au dire oes collec- teurs, qui l'ont trouvé plus ou moins spontané en Asie ou en Afrique, et de plus ces assertions ne sont pas précises. Généra- lement elles sont accompagnées de doutes. La plupart des \0371. De Tussac, Flore des Antilles, vol. 4, p. 94, pL 32 ; Grisebach, FI, of brit, w. Ind., 1, p. 191. \0372. Voir sur cette question Wight et Amott, Prodr. fl, penins. ind., p. 256; Klotzsch, dans Peters, Reise nach Mozamoique, 1, p. 36. La variété a fleur jaune est figurée dans Tussac, l. c; celle à fleur colorée de rouge, dans le Botanical register, 1845, pi. 31. \0373. Beutham, Flora Hongkongensis, p. 89; Flora brasil,, vol. 15, p. 199* Bentham et Hooker, Gen,, T, p. 541. ' \0374. De Tussac, Flore des Antilles; Jacquin, Obs., p. 1. \037\035\013

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CAJAN 267 \037anteurs de flores de Tlnde continentale n'ont vu la plante qu'à l'état cultivé *. Aucun, à ma connaissance, n'affirme la qualité spontanée. Pour l'île de Ceylan, Thwaites ^ s'exprime ainsi : < On dit qu'elle n'est pas réellement sauvage, et les noms du pays paraissent le confirmer. » Sir Jos. Hooker, dans sa flore de l'Inde anglaise, dit : « Sauvage ? et cultivée jusqu'à 6000 pieds dans l'Himalaya. » Loureiro ^ l'indique cultivée et non cul- tivée « en Gochinchine et en Chine. » Les auteurs chinois ne paraissent pas en avoir parlé, car l'espèce n'est pas nommée dans l'opuscule du D»* Bretschneider, On study^ etc . Dans les îles de la Sonde, elle est mentionnée comme cultivée, et même assez rarement à Amboine, à la fin du dix-septième siècle, d'après Rumphius *. Forster ne Tavait pas vue dans les îles de la mer Pacifique lors du voyage de Gook, mais Seemam nous apprend que les missionnaires l'ont introduite depuis peu dans les jar- dins des îles Fidji ^ Tout cela fait présumer une extension peu ancienne de la culture à l'est et au midi du continent asiatique. Outre la citation de Loureiro, je vois qu'on indique l'espèce sur la montagne de Magelang, de l'île de Java ®; mais, en supposant une véritable et ancienne spontanéité dans ces deux cas, il serait bien extraordinaire qu'on ne trouvât pas également l'espèce dans beaucoup d'autres localités asiatiques. \037L'abondance des noms indiens et malais ' montre une culture assez ancienne. Piddington indique même un nom sanscrit, ArkukUy que Roxburgh ne connaissait pas, mais il ne donne au- cune preuve à l'appui de son assertion. Le nom peut avoir été simplement supposé, d'après les noms hindou et bengali Vrur et Orol. On ne connaît pas de nom sémitique. \037En Afriqne, le Gajan est signalé souvent de Zanzibar à la côte de Guinée \ Les auteurs le disent cultivé, ou ne s'expliquent pas à cet égard, ce qui semble indiquer des échantillons quelque- fois spontanés. En Egypte, la culture est toute moderne, du xixe siècle ®. \037En résumé, je doute que l'espèce soit vraiment spontanée en Asie et qu'elle s'y trouve depuis plus de 3000 ans. Si les anciens peuples l'avaient connue, elle serait arrivée à la connaissance des Arabes et des Egyptiens avant notre époque. Au contraire, dans l'Afrique équatoriale, il est possible qu'elle existe, sauvage ou •cultivée, depuis un temps très long, et qu'elle soit arrivée en \037r \0371. Rheede, Roxburgh, Kurz, Burm. ftora, etc, \0372. Thwaites, Enum. j)lant. Ceylan. \0373. Loureiro, FI. cochinch.y p. 565. \0374. Rumphius, Amb.^ vol. 5, t. 135. \0375. Seemann, Flora Vitiensis^ p. 74. \0376. Junshuhn, Plantée Jungh., fasc. 1, p. 241. \0377. Pidaington, Index ; Rheede, Malab.y 6, p. 23 ; etc. \0378. Pickering, Chronol. arrangement of plants^ p. 442; Peters, Reise^ p. 36; R. Brown, Bot. of Congo, p. 53 ;' Oliver, Flora of tropical Africa, 2, p. 216. \0379. Bulletin de la Soc. d'acclimatation, 1871, p. 663. \037\035\013

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268 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Asie par d'anciens voyageurs faisant le trafic de Zanzibar à llnde et Geylan. \037Le genre Cajanus n*a qu'une espèce, de sorte qu'on ne peut invoquer aucune analogie de distnbution géographique pour le croire d'Asie plutôt que d'Afrique, ou vice versa. \037Caroubier *. — Ceratonia Siliqua^ Linné. \037On sait à quel point les fruits ou légumes du Caroubier sont recherchés dans les parties chaudes de la région de la mer Médi- terranée, pour la nourriture des animaux et même de l'homme. De Gasparin ^ a donné des détails intéressants sur le traitement, les emplois et l'habitation de l'espèce, envisagée comme arbre cultivé. Il note qu'elle ne dépasse pas au nord la limite où l'on peut avoir l'oranger sans abri. Ce bel arbre, à feuilles persis- tantes, ne s'accommode pas non plus des pays très chauds, sur- tout quand ils sont humides. Il aime le voisinage de la mer et les terrains rocailleux. Sa patrie, d'après de Gasparin, est « probablement le centre de l'Afrique, Denham et Clapperton, dit-il, l'ont trouvé dans le Bournou. > Cette preuve me paraît insuffisante, car, dans toute la région du Nil et en Abyssinie, le Caroubier n'est pas sauvage ou même n'est pas cultivé *. R. Brown n'en parle pas dans son mémoire sur les plantes du voyage de Denham et Clapperton. Plusieurs voyageurs l'ont vu dans les forêts de la Cyrénaïque, entre le littoral et le plateau; mais les habiles botanistes qui ont dressé le catalogue des plantes de ce pays ont eu soin de dire * : « Peut-être indigène. » La plupart des botanistes se sont contentés de mentionner l'es- pèce dans le centre et le midi de la région méditerranéenne, depuis le Maroc et l'Espagne jusqu'à la Syrie et l'Anatolie, sans scruter beaucoup si elle est indigène ou cultivée, et sans abor- der la question de la véritable patrie, antérieure à la culture. Ordinairement, ils indiquent le Caroubier comme a cultivé et subspontané ou presque naturalisé ». Cependant il est donné pour spontané en Grèce, par M. de Heldreich; en Sicile, par Gussone et Bianca; en Algérie, par Munby ^, et je cite là des auteurs qui ont vécu assez dans ces divers pays pour se former une opinion vraiment éclairée. \037M. Bianca remarque cependant que le Caroubier n'est pas toujours vigoureux et productif dans les localités assez res- \0371. Enuméré ici pour ne pas le séparer d'autres légumineuses cultivées pour les graines seulement. \0372. De Gasparin, Cours d* agriculture^ 4, p. 328 . \0373. Schweinfurlh et Ascherson, Aufzàhlung^ p. 255 ; Richard, Tentamen florx abyssinicse. \0374. Ascnerson, etc., dans Rohls, Kufra, 1, vol. in-8% 1881, p. 519. \0375. Heldreich, Nutzpflanzén Griechenlands, p. 73, Die Pflanzen der atti- schen Ebene , p. 477; Gussone, Synopsis fl. siculse, p. 646; Bianca, // Cm^rubo^ dans Giomale d'agricoltura italiana, 1881 ; Munby, Catal. pL in Alger, spont,, p. 13. \037\035\013

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CAROUBIER 269 \037treintes où il existe en Sicile, dans les petites îles adjacentes et sur la côte dltalie. Il s'appuie, en outre, sur le nom italien Carrubo, presque semblable au nom arabe, pour émettre l'idée d'une introduction ancienne dans le midi de lEurope, Tes- pèce étant originaire plutôt de Syrie ou de l'Afrique sep- tentrionale. A cette occasion, il soutient^ comme probable, l'opinion de Hœfer et de Bonne S d'après laquelle le Lotos des Lotophages était le Caroubier, dont la fleur est sucrée et le fruit d'un goût de miel, conformément aux expressions d'Homère. Les Lotophages habitant la Gyrénaïque, le Caroubier devait croître en masse dans leur pays. Pour admettre cette hypo- thèse, il faut croire qu'Hérodote et Pline n'ont pas connu la plante d'Homère, car le premier a décrit le Lotos comme ayant une baie de Lentisque et le second comme un arbre qui perd ses feuilles en hiver ^. \037Une hypothèse sur une plante douteuse dont a parlé jadis un poète ne peut guère servir de point d'appui dans un raisonne- ment sur des faits d'histoire naturelle. Après tout, le Lotos d Ho- mère était peut-être... dans le jardin fantastique des Hespé- rides. Je reviens à des arguments d'un genre plus sérieux, dont M. Bianca a touché quelques mots. \037Le Caroubier est désigné dans les langues plus ou moins anciennes par deux noms : l'un grec, Keraunia ou Kerateia ^; l'autre arabe, Chimub ou Charûb, Le premier exprime la forme du légume, analogue à certaines cornes médiocrement recour- bées. Le second signifie un fruit allongé (légume), car on voit dans l'ouvrage de Ëbn Baithar * que quatre autres Légumineuses sont désignées par ce même nom, avec une épithète. Les Latins n'avaient pas de nom spécial pour le Caroubier. Ils se servaient du mot grée, on de l'expression Siliqua, Siliqua graeca^ c'est-à- dire fruit allongé de Grèce ^. Cette pénurie de noms est l'indice d'une habitation jadis restreinte et a'une culture qui ne remonte probablement pas à des temps préhistoriques. Le nom grec s'est conservé en Grèce. Le nom arabe existe aujourd'hui chez les Kabyles, qui disent Kharroub pour le fruit, Takharrout pour l'arbre ^, comme les Espagnols disent Algarrobo. Chose singu- Uère, les Italiens ont pris aussi le nom arabe, Curraboy Carubio, d'où vient notre nom français Caroubier, Il semble qu'une intro- duction se serait faite, par les Arabes, dans le moyen âge, \0371. Hœfer, Histoire de la botanique, de la minéralogie et de la géologie, 1 vol. in-12, p. 20 ; Bonné\ Le Caroubier ou l'arbre des Lotophages^ Alger, 1869 (cite d'après Hœfer). Voir, ci-dessus, rarticle du Jujubier. \0372. Pline, HisL, 1. 16, c. 30. \0373. Théophraste^ Hist, plant,, 1. 1, c. 11; Diosôorides, 1. 1, c. 155 ; Fraas, \037\035\013Syn.fl. class., p. 65 \0374. Ébn Baithar, traa. auem., i, p. ^54; rorsKai, i'iora «gypt \0375. Golumna, cité dans Lenz, Bot. der Alten Griech. und Rcem,, p. 733 ; \037\035\013Baithar, trad. allem., 1, p. 354; Forskal, Flora «gypt,, p. 77. \037\035\013Pline, Hist,, 1. 13, c. 8. 6. Dict. français-berbère, au mot Caroube. \037\035\013

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270 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037depuis Tépoque romaine, où l'on employait un nom différent. \037Ces détails appuient Tidée de M. Bianca d'une origine plu& méridionale que la Sicile. D'après Pline, l'espèce était de Syrie, lonie, Gnide et Rhode, mais il ne dit pas si dans ces localités elle était sauvage ou cultivée. \037Selon le même auteur, le Caroubier n'existait pas en Egypte. On a cru cependant le reconnaître dans des monuments bien antérieurs à l'époque de Pline, et même des égyptologues lui ont attribué deux noms égyptiens, Kontrates ou Jiri *. Lepsius a donné la figure d'un légume qui paraît bien une caroube, et le botaniste Kotschy ayant rapporté une canne, sortie d'un cercueil, s'est assuré, par l'observation au microscope, qu'elle est de bois de Caroubier *. On ne connaît aucun nom hébreu de cette espèce, dont l'Ancien Testament ne parle pas. Le Nou- veau en fait mention, avec le nom grec, dans la parabole de l'enfant prodigue. La tradition des chrétiens d'Orient porte que saint Jean se serait nourri de Caroubes dans le désert, et c'est de là que dans le moyen âge on a tiré des noms, comme Pain de Saint-Jean, et Johannis brodbaum, pour le Caroubier. \037Evidemment, cet arbre a pris de l'importance au commence- ment de l'ère chrétienne, et ce sont les Arabes qui l'ont surtout propagé vers l'Occident. S'il avait existé antérieurement en Algérie, chez les Berbères, et en Espagne, on aurait conservé des noms antérieurs à l'arabe, et l'espèce aurait probablement été introduite aux Canaries par les Phéniciens. \037Je résume l'ensemble des données comme suit : \037Le Caroubier était spontané à l'orient de la mer Méditerranée, probablement sur la côte méridionale d'Anatolie et en Syrie, peut-être aussi dans la Cyrénaïque. Sa culture a commencé depuis les temps historiques. Les Grecs l'ont étendue dans leur pays et en Italie ; mais plus tard les Arabes s'en sont occupés davantage et l'ont propagée jusqu'au Maroc et en Espagne. Dans tous ces pays, l'espèce s'est naturaUsée çà et là, sous une forme moins pro- ductive, qu'on est obUgé de grefifer pour avoir de meilleurs fruits. \037Jusqu'à présent, on n'a pas trouvé le Caroubier fossile dans les tufs et dépôts quaternaires de l'Europe méridionale. Il est seul de son espèce, dans le genre Ceratonia, qui est assez excep- tionnel parmi les Légumineuses, surtout en Europe. iUen ne peut faire supposer qu'il ait existé dans les anciennes flores ter- tiaires ou quaternaires du sud-ouest de l'Europe. \037Haricot commim. — Phaseolus vulgaris Savi. \037Lorsque j'ai voulu m'occuper, en 1855 ^, de l'origine des /^A&- \0371. Lexicon oxon., cité dans Pickerin^, Chronoîogical hist. of plants, p. 141. \0372. Le dessin est reproduit dans Unger, Pfianzen des alten jEgyptenSj fig. ^. L'observation qu'il cite de Kotschy aurait besoin d*être connnnée par un anatomiste spécial. \0373. A. de CandoUe. Géogr, boL raisonnée^ p. 961. \037\035\013

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HARICOT COMMUN 271 \037seolus et Doliehos^ la distinction des espèces était si peu avancée et les flores de pays tropicaux si rares que j'avais dû laisser de côté plusieure questions. Aujourd'hui, grâce à des mémoires de M. Bentham et de M:: George von Martens * complétant ceux anté- rieurs de Savi ^, les Légumineuses des pays chauds sont mieux connues ; enfin tout récemment des graines tirées des tombeaux péruviens d'Ancon, examinées par M. Wittmack, ont modifié complètement le problème des origines. \037Voyons d'abord ce qui concerne le Haricot commun. Je par^ lerai ensuite d'autres espèces, sans énumérer toutes celles qui se cultivent, car plusieurs d'entre elles sont encore mal définies. \037Les botanistes ont cru pendant longtemps que le Haricot corn- mu m était originaire de l'Inde. Personne ne l'avait trouvé sau-. vage, ce qui est encore le cas actuellement; et l'on s'était figuré une origine indienne, quoique l'espèce fût cultivée aussi en Afrique et en Amérique dans les régions tempérées ou chaudes, du moins dans celles qui ne sont pas d'une chaleur excessive et humide. Je fis ^remarquer qu'elle n'a pas de nom sanscrit et que les jardiniers du xvi® siècle appelaient souvent le Haricot fève turque. Persuadé en outre, comme tout le monde, que les Grecs avaient cultivé cette plante, sous les noms deFasioloseiDoHckoSy j'émis l'hypothèse qu'elle était originaire de l'Asie occidentale, non de l'Inde, George de Martens adopta cette manière de voir. \037Il s'en faut de beaucoup cependant que les mots Dolichos de Théophraste, Fasiolos de Dioscoride, Faseolus et Pkasiolus des Romains ^ soient assez définis dans les textes pour qu'on puisse les attribuer avec sûreté au Phaseolus vulgans. Plusieurs Légu- mineuses cultivées se soutiennent par les vrilles dont parlent les auteurs et présentent des gousses et des graines qui se ressem- blent. Le meilleur argument pour traduire ces noms par Pha- seolus vvlgaris est que les Grecs actuels et les Italiens ont dea^ mots dérivés de Fasiolos pour notre haricot commun. Les Grecs modernes disent Fasoulia et les Albanais (Pélasges ?) Fasulé; les Italiens Fagiolo. On peut craindre pourtant une transposition de nom d'une espèce de Pois, de Vesce, de Gesse ou d'un Haricot anciennement cultivé au Haricot commun actuel. Il faut être assez hardi pour déterminer une espèce de Phaseolus d'après une ou deux épithètes dans un auteur ancien, quand on voit la peine que donne la distinction des espèces aux botanistes mo- dernes avec les plantes mêmes sous les yeux. On a voulu cepen- dant préciser que le Dolichos de Théophraste était notre haricot à rames, et le Fasiolos le haricot nain de nos cultures, qui cons- \0371. Bentham, dans Ann. wiener Muséum^ vol. 2; Martens (George von). Die Gartenbohnen, m-4o, Stuttgard, 1860 ; éd. 2, 1869. \0372. Savi, Osserv. sopra Phaseolus i Dolichos^ 1, 2, 3. \0373. Théophraste, Hist,^ 1. 8, c. 3; Dioscorides, 1. 2, c. 130; Pline, HisLy 1. 18, c. 7, 12, interprétés par Fraas, Synopsis fl. class,, p. 52 ; Lenz» Botanik d. alten Griecnen und Rœmer, p. 731 ; Mertens, /. c, p. 1. \037\035\013

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272 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037tituent les deux races actuelles principales du Haricot commun, avec une immense quantité de sous-races quant aux gousses et aux graines. Je me contenterai de dire : C'est probable. \037Si le Haricot commun est arrivé jadis en Grèce, il n'a pas été une des premières introductions, car le Faseolus n'était pas en- core à Rome du temps de Gaton, et c'est seulement au com- mencement de Tempire que les auteurs latins en ont parlé. M. Virchow a rapporté des fouilles faites à Troie plusieurs graines de Légumineuses, que M. Wittmack * certifie être les es- pèces suivantes : ¥èye(Faoa vulgaris), Pois des jardins {Pisum sativum), Ers [Ervum Ervilia\ et peut-être Jarosse? [Lathyrus Ckera), mais aucun Haricot. De même, dans les habitations des anciens lacustres de Suisse, Savoie, Autriche et Italie, on n'a pas encore trouvé le Haricot. \037Il n'y a pas non plus de preuves ou d'indices de son existence dans l'ancienne Egypte. On ne connaît pas de nom hébreu répon- dant à ceux de Dolichos ou Phaseolus des botanistes. Un nom moins ancien, car il est arabe, Loubia^ se trouve en Egypte, pour le Dolichos Lubia^ et en hindoustani, sous la forme Loba^ pour le Phaseolus vulgaris ^. Quant à cette dernière espèce, Pid- dington n'indique dans les langues modernes de l'Inde que deux noms, tous deux hindoustanis , Loba et Bakla. Ceci, joint à l'absence de nom sanscrit, fait présumer une introduction peu ancienne dans l'Asie méridionale. Les auteurs chinois ne men- tionnent pas le Haricot commun (Ph. vulgaris) ', nouvel indice d'une introduction peu ancienne dans llnde , et aussi en Bac- triane, d'où les Chinois ont tiré des légumes dès le u^ siècle avant notre ère. \037Toutes ces circonstances me font douter que l'espèce ait été connue en Asie avant l'ère chrétienne. L'argument des noms grec moderne et italien pour le Haricot, conformes à /(smo/os, a besoin d'être apptiyé de quelque manière. On peut dire en sa fa- veur qu'il a été employé dans le moyen âge, probablement pour le Haricot commun. Dans la liste des légumes que Charlemagne ordonnait de semer dans ses fermes, on trouve le Fasiolum *, sans explication. Albert le Grand décrit sous le nom de Faseolus une Légumineuse qui parait êtrele Haricot nain de notre époque *. Je remarque d'un autre côté que des auteurs du xv® siècle ne parlent d'aucun Faseolus ou nom analogue. C'est le cas de Pierre \0371. Wittmack, Bot, Vereins Brandenb., 19 déc. 1879. \0372. Delile, Plantes cultivées en Egypte, p. 14 ; Piddington, Index. \0373. BretschDeider n'en fait mention ni dans son opuscule On study, etc^ ni dans les lettres qu'il m'a adressées. \0374. E. Meyer, Gescnichte der Botanik, 3, p. 404. \0375. « Faseolus est species leguminis et grani, guod est in guantitate parum minus quam Faba, et in figura est columnare sicut teibsi, et herba ejus minor est aliquantulum quam herba Fabse. Et sunt faseoli multorum colomm, sed quodlibet granorum habet maculam nigram in loco cotyledonis. » (Jessen, Albert! Magni, De vegetabilibus^ éd. critica^ p. 515.) \037\035\013

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HARICOT COMMUN 273 \037Crescenzio * etMacer Floridus*. Au contraire, après la découverte de rAmérique, dès le xvi® siècle, tous les auteurs publient des figures et dfes descriptions du Phaseolus vulgaris, avec une infi- nité de variétés. \037Il est douteux que sa culture soit très ancienne dans TAfrique tropicale. Elle y est indiquée moins souvent que celle d'autres espèces des genres Dolichos et Phaseolus. \037Personne ne songeait à chercher l'origine du Haricot commun en Amérique, lorsque tout récemment des découvertes singulières ont été faites de fruits et de graines dans les tombeaux péruviens d'Ancon, près de Lima. M. de Rochebrune ^ a publié une liste des espèces de diverses familles d'après une collection de MM. de Gessac et L. Savatier. Dans le nombre se trouvent trois Haricots, dont aucun, selon l'auteur, n'est le Phaseolus vulgaris; mais M. Wittmack *, qui a étudié les Légumineuses rapportées de ces mêmes tombeaux par les voyageurs Reiss et Stubel, dit avoir constaté la présence de plusieurs variétés du Haricot commun, parmi d'autres graines appartenant au Phaseolus lunatuslÀnné. Il les a identifiées avec les variétés du Ph. vulgaris appelées par les botanistes oblongus purpureus (Martens) , ellipticus prœcox (Alefeld) et ellipticus atrofuscus (Alefeld), qui sont de la catégo- rie des Haricots nains ou sans rames. \037Il n'est pas certain que les sépultures en question soient toutes antérieures à l'arrivée des Espagnols. L'ouvrage de MM. Reiss et Stubel, actuellement sous presse, donnera peut-être des expli- cations à cet égard; mais M. Wittmack admet, d'après eux, qu'une partie des tombeaux n'est pas ancienne. Je suis frappé cependant d'un fait qui n'a pas été remarqué. Les cinquante espèces de la liste de M. Rochebrune sont toutes américaines. Je n'en vois pas une seule qu'on puisse soupçonner d'origine européenne. Evidemment, ou ces plantes et graines ont été dépo- séesavant la conquête, ou dans certains tombeaux, quisont peut- être d'une époque subséquente, les habitants ont eu soin de ne pas mettre des espèces d'origine étrangère. C'était assez natu- rel, selon leurs idées, puisque l'usage de ces dépôts de plantes n'est pas venu de la religion catholique, mais remonte aux cou- tumes et opinions des indigènes. La présence du Haricot commun parmi ces plantes uniquement améncaines me parait donc signi- ficative, quelle que soit la date des tombeaux. \037On peut objecter que des graines sont insuffisantes pour déter- miner l'espèce d'un Phaseolus, et qu'on cultivait dans l'Amé- \0371. P. Grescens, traduction française de 1539. \0372. Macer Floridus, éd. 1485, et commentaire par Ghoulant, 1832. \0373. De Rochebrune, Actes de la Société linnéenne de Bordeaux y vol. 33, janvier 1880, dont j'ai vu l'analyse dans Botanisches Centralblatt^ 1880, p. 1633. \0374. Wittmack, Sitzungsbericht des bot, Vereins Brandenburg, 19 déc. 1879, et lettre particulière de lui. \037De Gândolle. 18 \037\035\013

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274 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037rique méridionale, avant l'arrivée des Espagnols, plusieurs \037Slantes de ce genre, qui ne sont pas encore bien connues, [olina * parle de treize on quatorze espèces {ou variétés?) cul- tivées jadis, au Chili seulement. \037M. Wittmack insiste sur l'emploi fréquent et ancien des Haricots dans divers pays de l'Amérique méridionale. Celaprouve au moins que plusieurs espèces y étaient indigènes et cultivées. Il cite le témoignage dé Joseph Acosta, un des premiers écrivains après la conquête, d'après lequel les Péruviens « cultivaient des légumes qu'ils appelaient Frtsoles et Palares, dont ils usaient comme les Espagnols de Garbanzos (Pois chiche). Fèves et Len- tilles. Je n'ai point reconnu, ajoute-t-il, que ceux-ci ni autres légumes d'Europe s'y soient trouvés avant que les Espagnols y entrassent; » Frisole, Fajol, Fasoler sont des noms espagnols du haricot commun, par corruption du latin Faseltts^Fasolus, Faseo- Ris. Palier est américain. \037Qu'il me soit permis à l'occasion de ces noms d'expliquer l'ori- gine du nom français Haricot. Je l'ai cherchée autrefois 2, sans la trouver; mais je signalais le fait que Tournefort{/nsii^, p. 415) s'en est servi le "premier ^. Je faisais remarquer en outre l'exis- tence du mot Arachos (apaxoç) dans Théophraste, pour une sorte de Vicia probablement, et du mot Harenso, en sanscrit, pour le Pois commun. Je repoussais l'idée, peu vraisemblable, que le nbm d'un légume vînt du plat de viande appelé haricot ou iaricot de mduton, comme l'aveit dit un auteur anglais. Je critiquais en- suite Bescherelle, qui faisait venir Haricot du celte, tandis que les noms bretons de la plante diffèrent totalement et signifient fève menue (fa-muniid):, ou sorte de pois [Pu-ram), Littré^ dans son Dictionnaire, a cherché aussi l'étymologie de ce nom. Saûs. avoir eu connaissance de mon article^ il incline vers la supposition que haricotvlégume, vient du ragoût, attendu que ce dernier est plteahciew dans la<langue et qu'on peut voir une certaine res- semblance entre lûgrainedu haricot et les morceaux de viande du ragoût, ou encore que cette graine convenait à l'assaisonne- ment du plat. Il est sûr que le légume s'appelait en français Paiéole ouPaséole^ d» nom latin Jusque vers la fin du xvii« siècle ; mais lé' hasard m'a= fait tomber sur la:, véritable origine du mot haricot. C'est un nom italien; Araco^ qui se trouve dans Durante et dans Matthioli, exilBiin Araeus niger *, pouriunelégumineuse que les modernes rapportent àla*Gess&Ochrus {Lathyrm Ochrus). Il n'est pas surprenant qu'un nom italien du xviib siècle ait été \0371. Molina (Essai sur t*hist. nat. du Chili, trad. française, p. 101) cite les Phaseoins^ qu'il nomme Pallar et Asellus, et la Flore du Chili de Q. Gay ajoute, avec peu d'éclaircissement, le Ph. Cumingii^ Bentham. \0372- A. de GandoUe, Géogr. bot, raisonnée, p. 691. \0373. Toumefort. Eléments (1694), 1, p. 328; Jnstit.y p. 415. \0374. Durante, aerbario nuovo, 1585, p. 39; Matthioli, éd. Valgris, p. 322; Targioni, Dizionario bot, ital., 1, p. 13. \037\035\013

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\013HARICOT DE LIMA 275 \037transporté par des cultivateurs français du siècle suivant à une autre légumineuse et qu'on ait changé ara en ari. C'est dans la limite des erreurs qui se font de nos jours. D'ailleurs VAracos ou Arachos a été attribué parles commentateurs à plusieurs légumi- neuses des genres Latnyrus, Vicia, etc. Durante donne pour sy- \037bien Avant \037du mot grec avait un accent rude, ce qui n'est pas le cas, du moins \037dans le&J)ons auteurs. \037Je résume cet article en disant : 1° Le Phaseolus vulgaris n'est pas cultivé depuis longtemps dans l'Inde, le sud-ouest de l'Asie et l'Egypte. 2° On n'est pas complètement sûr qu'il fut cpnnu en Europe avant la découverte de l'Amérique. 3° A cette époque- le nombre des variétés s'est accru subitement dans les jardins d'Eu- rope et tous les auteurs ont commencé d'en parler. ¥ La majorité des espèces du genre existe dans l'Amérique méridionale. 5° Des graines qui paraissent appartenir à cette espèce ont été trouvées datns des tombeaux j)éruviens d'une date un peu incertaine, mé- langées avec beaucoup d'espèces toutes américaines. \037Je n'examine pas si le Phaseolus vulgaris existait, avant la mise en culture, dans l'ancien et le nouveau monde également, parce que les exemples de cette nature sont excessivement rares parmi les plantes phanérogames, non aquatiques, des pays tro- picaux. Il n'en existe peut-être pas une sur mille, et encore on p^ut soupçonner souvent quelque transport du fait de l'homme *. Il faudrait du moins, pour aborder cette hypothèse à l'égard du Ph, vtdgaris^ qu'il eût été trouvé en apparence sauvage dans l'ancien et le nouveau monde, mais cela n'est pas arrivé. S'il avait eu une habitation aussi vaste, on en aurait des indices par des individus vraiment spontanés dans des régions très éloignées les unes des autres sur le même continent. C'est ce qu'on voit dans Tçspèce suivante, Ph. lunatus. \037Haricot courbé. — Phaseolus lunatus^ linné. \037Haricot de Lima. — Phaseolus lunatus macrocarpus^ Ben- tham. — Phas. inamœnus,liinné. \037Ce Haricot, de même que la variété dite de Lima, est si répandu dans tous les pays tropicaux qu'on l'a décrit, sans s'en douter, sous plusieurs noms^. Toutes ses formes se rapportent à deux groupes, dont Linné faisait deux espèces. La plus commune maintenant dans les jardins est celle appelée, depuis le com- mencement du siècle. Haricot de Lima, Elle se distingue par sa \0371. Feuillée, Hist, des plantes médicinales du Pérouy etc, in-4«, 1725, p. 54, \0372 . Â. de Candolle, Géogr, bot, raisonnée, chapitre des espèces ditthointes. \0373. Phaseolus bipunctatiis Jacq., inamœQas Linné, paberulusj&unth, saccharatus Mac-Fadyen, etc., etc. \037\035\013

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276 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037taille élevée et par la grandeur de ses légumes et de ses graine*. Sa durée est de plusieurs années dans les pays qui lui sont favo- rables. \037Linné croyait son Phaseolus lunatus du Bengale, et l'autre forme, d'Afrique, mais il n'en a donné aucune preuve. Pendant un siècle, on a répété ce qu'il avait dit. Maintenant, M. Bentham *, attentif à ces questions d'oriçine, regarde l'espèce et sa variété comme certainement américames ; il émet seulement des doute» sur la présence en Afrique et en Asie comme plante spontanée. \037Je ne vois aucun indice quelconque d'ancienneté d existence en Asie. Non seulement la plante n'a jamais été trouvée sauvage, mais elle n'a pas de noms dans les langues modernes de l'Inde ou en sanscrit ^. Elle n'est pas mentionnée dans les ouvrages chinois. Les Anglo-Indiens l'appellent, comme le Haricot commun, French bean ', ce qui montre à quel point la culture en est mo- derne* \037En Afrique, elle est cultivée à peu près partout entre les tro- piques. Cependant MM. Schweinfurth et Ascherson * ne la men- tionnent pas en Abyssinie, Nubie ou Egypte. M. Oliver ^ cite beaucoup d'échantillons de Guinée et de l'Afrique intérieure, sans préciser s'ils étaient spontanés ou cultivés. Si l'on suppose l'espèce originaire ou d'introduction très ancienne en Afrique^ elle se serait répandue vers l'Egypte et dans l'Inde. \037Les faits sont tout autres dans l'Amérique méridionale. M. Bentham cite deâ échantillons spontanés de la région du fleuve des Amazones et du Brésil central. Ils se rapportent sur- tout à la grande forme {macrocarpus). Cette même variété est abondante dans les tombeaux péruviens d'Ancon, d'après M. Witt- mack *. C'est évidemment une espèce du Brésil, que la culture a répandue et peut-être naturalisée çà et là, depuis longtemps, dans l'Amérique tropicale. Je croirais volontiers qu'elle a été introduite en Guinée par le commerce des esclaves, et qu'elle a gagné de cette côte l'intérieur du pays et la côte de Mozam- bique. \037Haricot à feuille d'Aconit. — Phaseolus aconitifolius , Willdenow. \037Espèce annuelle, cultivée dans l'Inde, comme fourrage, et dont les graines sont comestibles, mais peu estimées. Le nom hindustani est Moût, chez les Sikhs Moth, Elle ressemble au Pha^ seolus trilobus^ qui est cultivé pour la graine. \0371. Bentham, dans Flora brasîLj vol. 15, p. 181. \0372. Roxburffh, Piddington, etc. \0373. Royle, fil. Himalaya, p. 190. \0374. Aufzàhlung, p. 257. \0375. Oliver, Flora of tropical AfHca, p. 192. \0376. Wittmack, Sitz. her. bot. Vej^eins Brandenburg, 19 déc. 1879. \037\035\013

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LABLAB 277 \037Le Phaseolns aconitifolius est spontané dans l'Inde anglaise, de Geylan à l'Himalaya *. \037L'absence de nom sanscrit et de noms divers dans les langues modernes de Tlnde fait présumer une culture peu ancienne. \037Haricot trilobé. — Pkaseolus trilobus, Willdenow. \037Une des espèces le plus ordinairement cultivées dans l'Inde *, du moins depuis quelques années, car Roxburgh ', à la fin du XVIII® siècle, ne l'avait vue qu'à l'état spontané. Tous les auteurs s'accordent à dire qu'elle est sauvage au pied de l'Himalaya et jusqu'à Geylan. Elle existe aussi en Nubie, en Abyssinie et au Zambèse *, et l'on ne dit pas si elle y est cultivée ou spontanée. \037Piddington cite un nom sanscrit et plusieurs noms dans les langues modernes de l'Inde, ce qui fait présumer une culture ou une connaissance de l'espèce depuis au moins trois mille ans. \037Mungo. — Pkaseolus Mungo^ Linné. \037Espèce généralement cultivée dans l'Inde et dans la région du Nil. Le nombre considérable de ses variétés et l'existence de trois noms différents dans les langues indiennes actuelles font présumer une date de mille ou deux mille ans au moins pour la culture, mais on ne cite aucun nom sanscrit ^. En Afrique, elle est probablement peu ancienne. \037Les botanistes anglo-indiens s'accordent à dire qu'elle est spontanée dans l'Inde. \037Lablab. — Dolichos Lablab^ Linné. \037On cultive beaucoup cette espèce dans l'Inde et l'Afrique tro- picale. Roxburgh compte jusqu'à sept variétés, ayant des noms indiens. Piddington cite, dans son Index ^ un nom sanscrit, Schimbi, qui se retrouve dans les langues modernes. La culture a donc peut-être au moins trois mille ans de date. Cependant l'espèce ne s'est pas répandue anciennement en Chine et dansr l'Asie occidentale ou l'Egypte, du moins je n'en découvre aucune trace. Le peu d'extension de plusieurs de ces Légumineuses co- mestibles hors de l'Inde, dans les temps anciens, est un fait assez singulier. Il est possible que leur culture ne remonte pas bien haut. \037Le Lablab est incontestablement spontané dans l'Inde et même, dit-on, à Java *, Il s'est naturalisé aux îles Seychelles, à \0371. Roxburgh, PL ind.^ éd. 1832, v. 3, p. 299 ; Aitchison, CataL ofPunjab, p. 48; sir J. Hooker, FL of brit, India, 2, p. 202. \0372. Sir J. Hooker, Flora of british India, 2, p. 201. \0373. Roxburgh, Flora indica, 3, p. 299. \0374. Scbweinfurth, Beitr, z. Flora éthiopiens, p. 15; Aufzàhlung^p, 257; Oliver, Flora of tropical Africa, p. 194. \0375. Voiries auteurs cités pour le P. trilobus, \0376. Sir J. Hooker, Flora of brit. India^ 2, p. 209; Jungbuhn^ Plantx Junghun., fasc. 2, p. 240. \037\035\013

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278 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037la suite de cultures *. Les indications des auteurs ne permettent pas de dire qu'il soit spontané en Afrique '. \037é \037Lubia. — Dolichos Lubia, Forskal. \037Cette espèce, cultivée en Egypte sous le nom de Lubia ^ Loubya Loubyé, d'après Forskal etDelile ', est peu connue des botanistes. D'après le dernier de ces auteurs, elle existe aussi en Syrie, en Perse et dans 1 Inde ; mais je n'en vois nullement la confirmatîon dans les ouvrages modernes sur ces deux pays, MM. Schwein- furth et Ascherson * Vadmettent bien comme espèce distincte, cultivée dans la région du Nil. Jusqu'à présent, personne ne l'a trouvée à l'état spontané. \037On ne connaît aucun Dolichos ou Phaseolus dans les monu- ments de l'ancienne Egypte. Nous verrons d'autres indices, tirés des noms vulgaires, conduisant aussi à l'idée que ces plantes se sont introduites dans l'agriculture égyptienne après l'époque des Pharaons. \037Le nom Lubia est appliqué par les Berbères, sans changement, et en Espagne sous la fornie Alubia, au Haricot commun, Pha- seolus vulgaris ^, Quoique les deux genres Dolichos et Phaseolus se ressemblent beaucoup, c'est un exemple du peu de valeur des noms vulgaires pour la constatation des espèces. \037Je rappellerai ici que Loba est un des noms du Phaseolus vul^ garis en hindustani, et que Lobia est celui du Dolichos sinensis dans la même langue ^. \037Les orientalistes feront bien de chercher si Lubia est ancien dans les langues sémitiques. Je ne vois pas qu'on cite un nom analogue en hébreu et il se pourrait que les Araméens ou les Arabes eussent pris Lubia du Lobos (Xo^oc) des Grecs, qui signi- fiait une partie saillante, comme le lobe de l'oreille, un fruit de la nature de ceux des légumineuses et plus particulièrement, selon Galien, le Phaseolus vulgaris, Lobion (Xoptov),dansDiosco- ride, est le fruit du Phaseolus vulgaris^ du moins selon l'opinion des commentateurs '. Il a continué dans le grec moderne avec le même sens, sous la forme de Loubion ®. \037Voandzou. — Glycine subterranea, Linné fils. — Voandzeia subterraneaj du Fetit-Thouars. \0371. Baker, FI. of Mauritius, p. 83, \0372. Oliver, FI. oftrop. Africa, 2, p. 210. \0373; Forskal, DescHpt., p. 133; Défile, Plant, cuit, en Egypte, p. 14. \0374. Schweinfurth et Ascherson, Auftàhlun^^ p. 256, \0375. Dictionn, français-berbère, au mot haricot; Willkomm et Lange^ Prodr, fl. hisp.y 3, p. 324. Le Haricot commun n'a pas moins de cinq noms différents dans la péninsule espagnole. \0376. Piddington, Index. \0377. Lenz, Éotanik der alten Griechen und Rômer, p. 732. \0378. Lançkavel, Botanik der spàteren Griechen, p. 4; Heldreich, Nutzpflanzen Griecheniand's, p. 72. \037\035\013

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SARRASIN OU BLÉ NOIR 279 \037Les plus anciens voyageurs à Madagascar avaient remarqué cette Légumineuse annuelle, que les habitants cultivent pour en manger le fruit ou les graines, comme des pois, haricots, etc. Elle ressemble à TArachide, en particulier par la circonstance que le support de la ileur se recourbe et enfonce le jeune fruit ou légume dans le sol. La culture en est répandue dans les jar- dins, surtout de TAfrique tropicale, et moins communémeni; de l'Asie méridionale *. Il ne semble pas qu'on la pratique beaucoup en Amérique' *, si ce n'est au Brésil, où elle se nomme Mandubi d Angola . \037Les anciens auteurs sur l'Asie ne la mentionnent pas. C'est donc en Afrique qu'il faut chercher l'origine. Loureiro * l'avait vue sur la côte orientale de ce continent et du Petit-Thouars à Madagascar, mais ils ne disent pas qu'elle y fût spontanée. Les auteurs de la flore de Sénégambie ^ l'ont décrite comme cultivée et (c probablement spontanée » dans le pays de Galam. Enfin MM. Schweinfurth et Ascherson ® Font trouvée à l'état sauvage, au bord du Nil, de Ghartum à Gondokoro. Malgré la possibilité d'une naturalisation par suite de la culture, il est extrêmement probable que la plante est spontanée dans l'Afrique intertro- picale. \037Sarrasin ou blé noir. — Polygonum Fagopyrum^ Linné. — Fagopyrum esculentum^ Moench. \037L'histoire de cette espèce est devenue très claire depuis quel- ques années. \037Elle croît naturellement en Mandschourie, sur les bords du fleuve Amour \ dans la Daourie et près du lac Baïkal *. On l'indique aussi en Chine et dans les montagnes de l'Inde sep- tentrionale *, mais je ne vois pas que la qualité de plante sau- vage y soit certaine. Roxburgh ne l'avait vue dans le nord de l'Inde qu'à l'état cultivé, et le D*^ Bretschneider *° regarde l'indi- génat comme douteux pour la Chine. La culture n'y est pas ancienne, car le premier auteur qui en a parlé écrivait dans la \037\035\013période du x« au xii* siècle de l'ère chrétienne. Dans l'Himalaya, on cultive le Sarrasin, sous les \037\035\013noms de Ogal \037\035\0131. Sir J. Hooker, Flora of brit, India, 2 p. 205; Miquel, Flora indo- batava^ 1 p. 175. \0372. Linné fils, Decad.f 2, pi. 19, paraît avoir confondu l'espèce avec VArachis, et il indique, à cause de cela peut-être, le Voandzeta comme cultivé de son temps à Surinam. Les auteurs actuels sur TÂmérique ne l'ont pas vu ou* ont négligé d'en parler. \0373 . Gardener's Chronicle, 4 sept. 1880. \0374. Loureiro, Flora cochinch., 2, p. 523. \0375. Guillemin, Perrottet, Richard, Florâs Senegambiae tentamen, p. 254. \0376. Aufzâhlung^ p. 259. \0377. Maximovncz, Primitix fl, amur.y p. 236. \0378. Ledebour, FI. ross.^ 3, p. 517. \0379. Meissner, dans Proar., 14, p. 143. \03710. Bretschneider, On study, etc., p. 9. \037\035\013

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280 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037OU Ogla et Kouton *. Gomme il n'existe pas de nom sanscrit \037{)Our cette espèce, ni pour les suivanfes, je doute beaucoup de 'ancienneté de leur culture dans les montagnes de l'Asie cen- trale. Il est certain que les Grecs et les Romains ne connaissaient pas les Fagopyrum, Ge nom grec a été fait par les botanistes modernes, à cause de la ressemblance de forme de la graine avec le fruit du Hêtre, de la même façon qu'on dit en allemand Buchweitzen * et en italien Faagina. \037Les langues européennes d origine aryenne n'ont aucun nom de cette plante indiquant une racine commune. Ainsi les Aryens occidentaux ne connaissaient pas plus l'espèce que les orientaux de langue sanscrite, nouvel indice qu'elle n'existait pas autrefois dans l'Asie centrale. Auiourd'hui encore, elle n'est probablement \037Sas connue dans le nora de la Perse et en Turquie, puisque les ores ne la mentionnent pas '. Bosc a mis dans le Dictionnaire d'agriculture qu'Olivier l'avait vue sauvage en Perse, mais je ne puis en trouver la preuve dans la relation imprimée de ce natu- raliste. \037L'espèce est arrivée en Europe, au moyen âge, par laTartarie et la Russie. La première mention de âa culture en Allemagne, se trouve dans un registre du Mecklembourg, en 1436 ♦. Au XVI* siècle, elle s'est répandue vers le centre de l'Europe, et dans les terrains pauvres, comme ceux de la Bretagne, elle a pris une \037glace importante. Reynier, ordinairement très exact, s'était guré que le nom Sarrasin venait du celte ' ; mais M. Le Gall m'a écrit naguère que les noms bretons signifient simplement blé de couleur noire [Ed-du) ou froment noir {Gtoinis-au), Il n'y a pas de nom original dans les langues celtiques, ce qui nous parait naturel auiourd'hui que nous connaissons l'origine de l'espèce *. Quand la plante s'est introduite en Belgique, en France, et qu'on l'a connue même en Italie, c'est-à-dire au xvi® siècle, le nom de Blé sarrasin ou San^asin a été communément adopté. Les noms vulgaires sont quelquefois si ridicules, si légèrement donnés, qu'on ne peut pas savoir, dans le cas actuel, si le nom vient de la couleur de la graine, qui était celle attribuée aux Sarrasins, ou de l'introduction, qu'on supposait peut-être venir des Arabes ou des Maures. On ignorait alors que l'espèce n'est pas du tout connue dans les pays au sud de la mer Méditerranée, ni même en Syrie et en Perse. Il est possible qu'on ait adopté lïdée d'une origine méridionale, à cause du nom Sarrasin, \0371. Madden, Trans. of Edinb, bot. Soc, 5, p. 118. \0372. Le nom anglais Buckwheat et le nom français de quelques localités, Buscail, viennent de l'allemand. \0373. Boissier, FI. orientalis; Buhse et Boissier, Pflanzen Transcaucasien. \0374. Pritzel, Sitzungs bericht Naturforsch. freunde zu Berlin, 15 mai 1866. \0375. Rejnier, Economie des Celtes, p. 425. \0376. J'ai discuté plus en détail les noms vulgaires dans la Géographie bota- nique raisonnée, p. 953. \037\035\013

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SARRASIN ÉMARGINÉ 381 \037motivé parla couleur. L'origine méridionale a été admise jusqu'à la fin du siècle dernier et même dans le siècle actuel *. Reynier Ta combattue le premier, il y a plus de cinquante ans. \037Le Sarrasin s'échappe quelquefois des cultures et devient quasi spontané. Plus on avance vers son pays d'origine, plus cela se voit fréquemment, et il en résulte qu'on aurait de la peine à déterminer la limite, comme plante spontanée, sur les confins de l'Europe et de l'Asie, dans 1 Himalaya ou en Chine. Au Japon, ces demi-naturalisations ne sont pas rares *. \037Sarrasin ou Blé noir de Tartarie. — Polygonum tata- ricum, Linné. — Fagopyrum tataricum^ Gaertner. \037Moins sensible au froid que le Sarrasin ordinaire, mais don- nant un grain médiocre, on le cultive quelquefois en Europe et en Asie, par exemple dans l'Himalaya ^. C'est une culture peu ancienne. Les auteurs des xvi* et xvii® siècles n'ont pas men- tionné la plante ; c'est Linné qui en a parlé, un des premiers, comme originaire de Tartarie. Roxburgh et Hamilton ne l'avaient » pas vue dans l'Inde septentrionale au commencement du siècle actuel, et je ne la trouve pas indiquée en Chine et au Japon. \037Elle est bien spontanée en Tartarie et en Sibérie, jusqu'en Daourie * ; mais les botanistes russes ne l'ont pas trouvée plus à l'est, par exemple dans la région du fleuve Amour ^, \037Comme cette plante est arrivée par la Tartarie dans l'Europe orientale, après le Sarrasin ordinaire, c'est celui-ci qui porte dans plusieurs langues slaves le nom de Tatrika, Tatarka ou Tattar^ qui conviendrait mieux, vu l'origine, au Sarrasin de Tar- tarie. \037Il semble que les peuples aryens ont dû connaître cette espèce, et cependant on ne mentionne aucun nom dans les langues indo-européennes. Jusqu'à présent on n'en a pas trouvé de trace dans les restes des habitations lacustres en Suisse ou en Savoie. \037Sarrasin émarginé. — Polygonum emarginatum, Roth. — Fagopyrum emarginatum, Meissner. \037Cette troisième espèce de Sarrasin est cultivée dans les par- ties hautes et orientales du nord de l'Inde, sous le nom de Pha- para ou Phaphar ^, et en Chine '. \037Je ne vois pas de preuve positive qu'on l'ait trouvée sauvage. \0371. Nemnich, Polyglott. Lexicon,p. 1030; Bosc, DicL d'agric^ 11, p. 379. \0372. Franchet et Savatier, Enum, plant, Japoniœ^ 1, p. 403. \0373. Royle, ///. HimaL, p. 317. \0374. Gmelin, Flora sibirica^ 3, p. 64 ; Ledebour, Flora rossica^ 3 p. 516. \0375. Maximowicz, PnmiYfâ?; Regel, Opit flori, etc. ; Schmidt, Reisen in Amur, n'en parlent pas. \0376. Royle, III HimaL, p. 317; Madden, Tram. bot. Soc. Edinb,, 5, p. 118. \0377. Roth, Catalecta botanica, 1, p. 48. \037\035\013

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282 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Roth dit seulement qu'elle « habite en Chine » et que ses graines sont employées pour la nourriture. Don *, qui en a parlé le pre- mier parmi les botanistes anglo-indiens, dit qu'on la regarde à peine comme spontanée. Elle n'est pas indiquée dans les ou- vrages sur la région du fleuve Amour, ni au Japon. D'après le pays où on la cultive, il est probable qu'elle est sauvage dans l'Himalaya oriental et le nord-ouest de la Chine. \037Le genre Fagopyrum a huit espèces, qui sont tautes de l'Asie tempérée. \037Quinoa. — Chenopodium Quinoa, Willdenow. \037Le Quinoa était une des bases de la nourriture des indigènes^ de la Nouvelle-Grenade, du Pérou et du Chili, dans les parties élevées et tempérées, à l'époque de la conquête. La culture en a continué dans ces pays, par habitude et à cause de l'abon- dance du produit. \037On a distingué de tout temps le Quinoa à feuillage coloré et le Quinoa à feuillage vert et graines blanches *. Celui-ci a été considéré par Moquin ^ comme une variété d'une espèce, mal connue, qu'on croit asiatique; mais j'estime avoir bien démontré que les deux Quinoa d'Amérique sont des races, probablement fort anciennes, d'une même espèce *. On peut soupçonner que la moins colorée, qui est en même temps la plus farineuse, est une dérivation de l'autre. \037Le Quinoa b^anc donne une graine très recherchée à Lima, d'après les informations contenues dans le Botanicàl magaz^lne, où l'on peut en voir une bonne figure (pi. 3641). Les feuillet sont un légume analogue à l'épinard ^. •^' •* \037Aucun botaniste n'a mentionné le Quinoa dans un état spon- tané ou quasi spontané. L'ouvrage le plus récent et le plus complet sur un des pays dans lesquels on cultive l'espèce, la flore du Chili par Cl. Gay, n'en parle que comme d'une plante cultivée. Le Père Feuillée et Humboldt se sont exprimés de la même manière, en ce qui concerne le Pérou et la Nouvelle- Grenade. C'est peut-être à cause du peu d'apparence de la plante et de son aspect de mauvaise herbe des jardins que les collecteurs ont négligé d'en rapporter des échantillons sau- vages. \037Kiery. — Amarantus frumentaceus^ Roxburgh. Plante annuelle, cultivée dans la péninsule indienne, pour sa petite graine farineuse, qui est dans quelques localités la prin- \0371. Don, Prodr. fl. nepal., p. 74. \0372. Molina, Hist. nat, du Chili, p» 101. \0373. Moquin, dans Prodromus, 13, seet. 1, p. 67. \0374. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 952. \0375. Bon jardinier, 1880, p. 562. \037\035\013

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CHATAIGNIER 283- \037cipale nourriture des habitants *. Les champs de cette espèce, de couleur rouge Où dorée, produisent un très bel effet ^. \037D'après ce que dît Roxburgh, le D' Buchanan Tavait « décou- « verte sur les collines de Mysore et Coimbatore », ce qui paraît indiquer un état sauvage. \037UAmarantus spedosus^ cultivé dans les jardins et figuré dan& le Botanical Magazine^ pi. 2227, parait la même espèce. Hamilton Ta trouvé au Népaul ^. \037On cultive sur les pentes de THimalaya une variété, ou espèce voisine, appelée Amarantus Anardana, Wallich *, jusqu'à pré^ sent mal définie par les botanistes. \037D'autres espèces sont employées comme légumes. Voir ci-des- sus, page 80, Amdrantus gangetlcits. \037■ \037Gh&taignier. — Castanea vulgaris, Lamarck. \037Le Châtaignier, de la famille des Gupulifères, a une habitation naturelle assez étendue, mais disjointe. Il constitue des forêts ou des bois dans les pays montueux de la zone tempérée, de la met Caspienne au Portugal. On l'a trouvé aussi dans les montagnes de l'Edough en Algérie et, plus récemment, vers la frontière de.Tu- nisie (lettre de M. Letourneux). Si Ton tient compte des variétés appelées Japonica et Americcma:, il existe aussi au Japon et dans la partie tempérée de l'Amérique septentrionale ^. On Ta semé ou planté dans plusieurs localités de l'Europe méridionale et occidentale, et maintenant il est difficile de savoir s'il y est spontané ou cultivé. La culture principale cependant consiste dans l'opération de greffer de bonnes variétés sur l'arbre de qualité médiocre. Dans ce but, on recherche surtout la variété qui donne les marrons^ c'est-à-dire les fruits contenant une seule graine, assez grosse, et non deux ou trois petites séparées par des membranes, comme cela se voit dans l'état naturel de l'espèce. \037Les Romains, du temps de Pline *, distinguaient déjà huit variétés, mais on ne peut pas savoir, d'après le texte de cet auteur, s'ils possédaient le marron. Les meilleures châtaignes venaient de Sarde (Asie Mineure) et du pays napolitain. Olivier de Serres ', dans le xvi® siècle, vante les châtaignes Sardonne et Tuscanes^ qui donnaient les marrons dits de Lyon *. Il regarde \0371. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, v. 3, p. 609; Wight, Icônes, pi. 720; Aitchison, Punj'ab, p. 130. \0372. Madden, Trans. of the Edinb, bot. Soc, 5, p. 118. \0373. Don, Prodr. fl. nepal.^ p. 76. \0374. Wallich. List, n» 6903; Mequin, dans D C. Prodr., 13, sect. 2, p. 256. \0375. Pour plus de détails, voir mon article dans le Prodromm, vol. 16, sect. 2, p. 114, et Boissier, Fl, orientât 4, p. 1173. \0376. Pline, Hist, nat„ 1. 19, c. 23. \0377. Olivier de Serres, Théâtre de Vagriculture, p. 114. \0378. Aujourd'hui, les marrons de Lyon viennent surtout du Dauphiné et du Vivarais. On e;i récolte aussi dans le Var, au Luc (Gasparin, Traité d'agtncult., 4, p. 744;. \037\035\013

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284 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037ces variétés comme venant d'Italie, et Targioni * nous apçrend que le nom marrone ou marone était usité dans ce pays déjà au moyen âge (en 1170). \037Froment et formes ou espèces voisines. \037Les innombrables races de blé proprement dit, dont les grains se détachent naturellement à maturité de leur enveloppe, ont été classées par Vilmorin * en quatre groupes, qui constituent suivant les auteurs des espèces distinctes ou des modifications du froment ordinaire. Je suis obligé de les distinguer pour l'étude de leur histoire, mais celle-ci, comme on le verra, appuie l'opinion d'une espèce unique ^. \037I. Froment ordinaire. — Triticum vulgare^ Villars. — Tri- ticum hybernum et TV. adstivum^ Linné. \037D'après les expériences de l'abbé Rozier et, plus tard, de Tessier, la distinction des blés d'automne et de mars n'a pas d'importance. « Tous les froments, dit ce dernier agronome *, suivant les pays, sont ou de mars ou d'automne. Ils passent tous, avec le temps, à l'état de blé d'automne ou de blé de mars, comme je m'en suis assuré. Il ne s'agit que de les y accoutumer peu à peu, en semant graduellement plus tard qu'on ne le fait les blés d'automne et plus tôt les blés de mars ». Le fait est que, dans le nombre immense des races de blé que l'on cultive, quel- ques-unes souffrent davantage des froids de l'hiver, et alors i habitude s'est établie de les semer au printemps ^. Pour la ques- tion d'origine, nous n'avons^ guère à nous occuper de ces distinc- tions, d'autant plus que la plupart des races obtenues remontent à des temps très reculés. \037La culture du froment peut être qualifiée de préhistorique dans l'ancien monde. De très vieux monuments de TEgypte, antérieurs à l'invasion des Pasteurs, et les livres hébreux mon- trent cette culture déjà établie, et, quand les Egyptiens ou les Grecs ont parlé de son origine, c'est en l'attribuant à des per- sonnages fabuleux, Isis, Gérés, et Triptolème *. En Europe, les \0371. Targioni, Cenm «^oreci, p. 180. \0372. L. Vilmorin, Essai d*un catalogue méthodique et synonymique des froments^ Paris, 1850. \0373. Les meilleures figures de ces formes principales de froment se trouvent dans Metzger, Europsei^iche Cerealien, in-folio, Heidelberg, 1824; et dans Host, Graminese^ in-foL, vol. 3. \0374. Tessier, Dict. d'agric, 6, p. 198. \0375. Loiseleur-Deslongchamps, Considérations sur les céréales^ 1 vol. in-8o, p. 219. \0376. Clés points d'érudition ont été traités d'une manière très savante et très judicieuse par quatre auteurs : Link, Veber die altère Geschichte der Getreide Arten^ dans Abhandl. der Berlin, Akad.. 1816, vol. 17, p. 122; 1826, p. 67, et dans Die Urwelt und dos Alterthum, deuxième édit., Berlin, 1834, p. 399; Reynier, Economie des Celtes et des Germains, 1818, \037\035\013

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FROMENT ORDINAIRE 285 \037plus anciens lacustres de la Suisse occidentale cultivaient un blé à petits grains que M. Heer * a décrit attentivement et figuré sous le nom de Triticum vulgare antiquorum. D'après un en- semble de divers faits, les premiers lacustres de Rohenhausen étaient au moins contemporains de la guerre de Troie et peut- être plus anciens. La culture de leur blé s'est maintenue en Suisse jusqu'à la conquête romaine, d'après des échantillons trouvés à Buchs. M. Regazzoni Ta découvert également dans les débris des lacustres de Varèze et M. Sordelli dans ceux de Lagozza, en Lombardie *. Unger a trouvé la même forme dans une brique de la pyramide de Dashur, en Egypte, qui date, selon lui, de l'année 3359 avant Jésus-Christ (Unger, Bot, Streifzûge^ VII; Ein Ziegel, etc., p. 9). Une autre variété {Triticum vulgare corn- pactum muticum, Heer) était moins commune en Suisse, dans le premier âge de la pierre, mais on l'a trouvée plus souvent chez des lacustres moins anciens de la Suisse occidentale et d'Italie '. Enfin une troisième variété intermédiaire a été trouvée à Aggte- lek, en Hongrie, cultivée lors de l'âge de pierre *. Aucune n'est identique avec les blés cultivés de nos jours. On leur a substitué des formes plus avantageuses. \037Pour les Chinois, qui cultivaient le froment 2700 ans avant notre ère, c'était un don du ciel ^. Dans la cérémonie annuelle du semis de cinq graines instituée alors par l'empereur Shen- Nung ou Chin-Nong, le froment est une des espèces, les autres étant le Riz, le Sorgho, le Setaria italica et le Soja. \037L'existence de noms différents pour le blé dans les langues les plus anciennes confirme la notion d'une très grande anti- quité de culture. Il y a des noms chinois Mai, sanscrits Sumana et Gôdkûma, hébreu Chittahy égyptien ^r, guanche Yrichen^ sans parler de plusieurs noms dans les langues dérivées du sanscrit primitif ni d'un nom basque Ogaia ou Okhaya, qui remonte peut-être aux Ibères ^, et de plusieurs noms finlandais, tartare, turc, etc. ', qui viennent probablement de noms toura- niens. Cette prodigieuse diversité s'expliquerait par une vaste habitation s'il s'agissait d'une plante sauvage très commune, mais le blé est dans des conditions tout opposées. On a de la \037\035\013B. 417; Dureau de La Malle, Ann, des se. nat,, vol. 9, 1826; et Loiseleur eslongchamps, Considérations sur les céréales, 18 i2, partie 1, p. 52. \0371. 0. Heer, Pjflanzen des Pfahlbauten^ p. 13, pi. 1, fig. 14-18. \0372. Sordelli, Sulle fiante délia torbiera di Lagozza, p. 31. \0373. Heer, l, c, Sordelli, l, c, \0374. Nyary, cité par Sordelli, /. c. \0375. Bretscnneider, Study and value ofchinese botanical works, p. 7 et 8. \0376. Bretschneider, /. c; Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 328; Rosenmûller, Bibliscne Naturgesch, 1, p. 77; Pickering, Chronol, ai^angement, p. 78 ; Webb et Berthelot, CanaHes, part, Ethno» -^raphie, p. 187; d'Abadie, Notes mss. sur les noms basques; de Gharencev, \037ecnerches sur les noms basques, dans Actes Soc, philolog., 1*' mars 1869. \0377. Nemnich, Lexicon, p. 1492. \037\035\013g \037\035\013

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286 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037peine à constater sa présence à l'état sauvage dans quelques points de l'Asie occidentale, comme nous allons le voir. S'il avait été très répandu avant d'être mis en culture, il en serait resté des descendants, çàet là, dans des pays éloignés. Les noms multiples des langues anciennes doivent donc tenir plutôt à l'ancienneté extrême de la culture dans les régions tempérées d'Asie, d'Europe et d'Afriaue, ancienneté plus grande que celle des langues réputées les plus anciennes. \037Quelle était la patrie de l'espèce, avant sa mise en culture, dans l'immense zone qui s'étend de la Chine aux îles Canaries? On ne peut répondre à cette question que par deux moyens : 1** l'opinion des auteurs de l'antiquité ; 2** la présence plus ou moins démontrée, du blé à l'état sauvage, dans tel ou tel pays. \037D'après le plus ancien de tous les historiens, Bérose, prêtre de Chaldée, dont Hérodote a conservé des fragments, on voyait dans la Mésopotamie, entre le Tigre et l'Eupbrate, le froment sauvage (Frumentum agreste) *. Les versets de la Bible sur l'abondance du blé dans le pays de Canaan, en Egypte, etc., ne prouvent rien, si ce n'est qu'on cultivait la plante et qu'elle produisait beaucoup. Strabon ^, né cinquante ans avant Jésus- christ, dit que, d'après Aristobulus, dans le pays des Musicani (au bord de l'Indus par 25^ lat.), il croissait spontanément un grain très semblable au froment. Il dit aussi ^ qu'en Hircanie (le Ma- zanderan actuel) le blé qui tombe des épis se semait de lui-même. €ela se voit un peu partout aujourd'hui, et l'auteur ne précise pas le point important de savoir si ces semis accidentels conti- Duaient sur place de génération eq génération. D'après Y Odys- sée ^ le blé croissait en Sicile sans le secours de l'homme. Que peut signifier ce mot d'un poète et encore d'un poète dont l'existence est contestée? Diodore de Sicile, au commence- ment de l'ère chrétienne, dit la même chose et mérite plus de <iOQfiance, puisqu'il était SiciUen. Cependant il. peut bien s'être abusé sur la qualité spontanée, le blé étant cultivé généralement alors en Sicile. Un autre passage de Diodore ^ mentionne la tradition qu^Osiris trouva le blé et l'orge croissant au hasard parmi les autres plantes, à Nisa, et Dureau de La Malle a prouvé que cette ville était en Palestine. De tous ces témoignages, il me paraît que ceux de Bérose et Strabon, pour la Mésopotamie et l'Inde occidentale, sont les seuls ayant cfuelque valeur.- \037Les cinq espèces de graines de la cérémonie instituée par l'empereur Chin-Nong sont regardées par les érudits cfainois \037\035\0131. G. Svncelli, Chronogr,^ fol. 1652, p. 28. \0372. Strabon, éd. 1707, vol. 2, p. 1017. \0373. Ibid., vol. 1, p. 124, et 2, p. 776. \0374. Odyssée, 1. 9, v. 109. \0375. Diodore, traduction de Terasson, 2, p. 186, 190. \037\035\013

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FROMENT ORDINAIRE 287 \037comme natives de leur pays *, elle D' Bretschneider ajoute que les communications de la Chine avec l'Asie occidentale datent seulement de l'ambassade de Chang-kien, dans le deuxième siècle avant Jésus-Christ. Il faudrait cependant une assertion plus positive pour croire le blé indigène en Chine, car une plante qui était cultivée dans l'Asie occidentale deux ou trois mille ans avant l'époque de Ghin-Nong et dont les graines sont si faciles à transporter a pu s'introduire dans le nord de la Chine, par des voyageurs isolés et inconnus, de la même ma- nière que des noyaux d'abricot et de pèche ont probablement passé de Chine en Perse, dans les temps préhistoriques. \037Les botanistes ont constaté que le froment n'existe pas au- jourd'hui en Sicile à l'état sauvage *. Quelquefois il s'échappe hors des cultures, mais on ne l'a pas vu persister indéfiniment ^. La plante que les habitants appellent froment sauvage, Frumentu sarvaggiu^ qui couvre des oistricts non cultivés, est V^Egilops ovata, selon le témoignage de M. Inzença *. \037Un zélé collecteur, M. Balansa, croyait avoir trouvé le blé, au mont Sipyle, de l'Asie Mineure, « dans des circonstances où il était impossible de ne pas le croire spontané ^, » mais la plante qu'il a rapportée est un Epeautre, le Triticum monococcum, d'après un botaniste très exact qui l'a examinée *. Avant lui, Olivier ^, étaùt sur la rive droite de l'Euphrate, au nord-ouest d'Anah, pays impropre à la culture, « trouva dans une sorte de ravin le froment, l'orge et Tepeaulre, » et il ajoute : « que nous avions déjà vus plusieurs fois en Mésopotamie. » \037D'après Linné *, Heintzelmann avait trouvé le blé dans le pays des Baschkirs, mais personne n'a confirmé cette assertion, et aucun botaniste moderne n'a vu l'espèce vraiment spontanée autour du Caucase ou dans le nord de la Perse. M. de Bunge ^, dont râttention avait été provoquée sur ce point, déclare qu'il n'a vu aucun indice faisant croire que les céréales soient origi- naires de ces pays. Il ne paraît même pas que le blé ait une ten- dance, dans ces régions, à lever accidentellement hors des cul- tures. Je n'ai découvert aucune mention de spontanéité dans l'Inde septentrionale, la Chine ou la Mongolie. \037En résumé, il est remarquable que deux assertions aient été données de l'indigénat en Mésopotamie, à un intervalle de vingt- trois siècles, l'une jadis par Bérose et l'autre de nos jours par \0371. Bretschneider, /. c, p. 15. \0372. Parlatore, FI. ital., 1, p. 46 et 508. Son assertion est d'autant pUip digne d'attention qu'il était Sicilien. \0373. Strobl, dans Flora, 1880, p. 348. \0374. Inzenga, Annal, agricult, sicil, \037o. Bull, de la Soc, bot, de France, 1854, p. 108. \0376. J. Gay, BulL Soi: bot, de Franccy 1860, p. 30. \0377. Olivier, Voy. dans YEmpire oMoman (1807), vol, 3, p. 460. 8 Linné, Sp, plant,, éd. 2, vol. 1, p. 127. \0379. Bunge, Bull. Soc. bot. France, 1860, p. 29. \037\035\013

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288 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Olivier. La région de TEuphrate étant à peu près au milieu de la . zone de culture qui s'étendait autrefois de la Chine aux îles Canaries, il est infiniment probable qu'elle a été le point prin- cipal de rhabitation dans des temps préhistoriques très anciens. Peut-être cette habitation s'étendait-elle vers la Syrie, vu la ressemblance du climat ; mais à l'est et à l'ouest de l'Asie occi- dentale le blé n'a probablement jamais été que cultivé, antérieu- rement, il est vrai, à toute civilisation connue. \037II. Gros blé, Petanielle ou Foulard. — Triticum turgidum et TV. compositum, Linné. \037Parmi les noms vulgaires, très nombreux, des formes de cette catégorie, on remarque celui de Blé d! Egypte, Il paraît qu'on le cultive beaucoup actuellement dans ce pays et dans toute la région du Nil. A.-P. de Candolle * dit avoir reconnu ce blé parmi des graines tirées des cercueils de momies anciennes, mais il n'avait pas vu les épis. Unger • pense qu'il était cultivé par les an- ciens Egyptiens et n'en donne cependant aucune preuve basée sur des dessins ou des échantillons retrouvés. Le fait qu'on n'a pu attribuer à cette espèce aucun nom hébreu ou araméen ^ me paraît significatif. Il prouve au moins que les formes si éton- nantes, à épis rameux, appelées communément Blé de miracle, Blé d'abondance^ n'existaient pas encore dans les temps anciens, car elles n'auraient pas échappé à la connaissance des Israélites. On ne connaît pas davantage un nom sanscrit ou même des noms indiens modernes, et je ne découvre aucun nom persan. Les noms arabes que Delile * attribue à l'espèce concernent peut- être d'autres formes de blé. Il n'existe pas de nom berbère ^. De cet ensemble il me paraît découler que les plantes réunies sous le nom de Triticum turgidum^ et surtout leurs variétés à épis rameux, ne sont pas anciennes dans l'Afrique septentrio- nale ou dans l'Asie occidentale. \037M. Oswald Heer *, dans son mémoire si curieux sur les plantes des lacustres de l'âge de pierre en Suisse, attribue au TV. turgidum deux épis non ramifiés, l'un à barbes, l'autre à peu près sans barbes, dont il a publié des figures. Plus tard, dans une exploration des palafittes de Robenhausen, M. Messicommer ne l'a pas rencontré, quoique les provisions de grains y fussent très abondantes '. MM. Strœbel et Pigorini disent avoir trouvé « le blé à grano grosso duro » (TV. turgidum) dans les palafittes \0371. De Candolle, PhysioL bot,, 2, p. 696. \0372. Unger, die Pflanzen d. alten hgyptens,^. 31. \0373. Voir RosenmûUer, Bibl, Naturgesch., et Lôw, Aramxische Pflanzen- nameny 1881. \0374. Delile, Plantes cuit, en Egypte, p. 3; Florse JEgypt. illustr,, p. 5. \0375. Dict français-berbère, publié par le gouvernement. \0376. Heer, Pflanzen d. PfMbauten, p. 5, fig. 4 ; p. 52, fig. 20. \0377. Messicommer, dans Fliyra, 1869, p. 320. \037\035\013

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BLÉ DE POLOGNE 289 \037du Parmesan *. Du reste, M. Heer * regarde cette forme comme une race du froment ordinaire, et M. Sordelli paraît incliner -vers la même opinion. \037Fraas soupçonne que le Krithanias de Théophraste était le Triticum turgldum, mais ceci est absolument incertain. D'après M. de Heldreich ^, le Gros blé est d'introduction moderne en Grèce. Pline * a parlé brièvement d'un blé à épis rameux, don- nant cent grains^ qui devait être notre Blé de miracle. \037Ainsi les documents historiques et linguistiques concourent à faire regarder les formes du Triticum turgidum comme des mo- difications du froment ordinaire, obtenues dans les cultures. La forme à épis rameux ne remonte peut-être pas beaucoup plus haut que 1 époque de Pline. \037Ces déductions seraient mises à néant si Ton découvrait le Triticum turgidum à l'état sauvage, ce qui n'est pas encore arrivé d'une manière certaine. Malgré G. Koch ^, personne n'ad- met qu'il croisse, hors des cultures, à Gonstantinople et dans l'Asie Mineure. L'herbier de M. Boissier, si riche en plantes d'Orient, n'en possède pas. Il est indiqué comme spontané en Egypte par Mftf. Schweinfurth et Ascherson, mais c'est par suite d'une erreur typographique ®. \037in. Blé dur. — Triticum durum, Desfontaines. \037Cultivé depuis longtemps en Barbarie, dans le midi de la Suisse et quelquefois ailleurs, il n'a jamais été trouvé à l'état sauvage. \037Dans les difiFérentes provinces d'Espagne, il ne porte pas jnoins d'une quinzaine de noms , et aucun ne dérive du nom arabe Quemah, usité en Algérie ^ et en Egypte ®. L'absence de noms dans plusieurs autres pays et surtout de noms originaux est bien frappante. C'est un indice de plus en faveur d'une dérivation du froment ordinaire, obtenue en Espagne et dans le nord de l'Afrique, à une époque inconnue, peut-être depuis l'ère chrétienne. \037IV. Blé de Pologne. — Triticum polonicum, Linné. Cet autre blé dur, à grains encore plus allongés, cultivé surtout dans l'Europe orientale, n'a pas été trouvé sauvage. \0371. Cités d'après Sordelli, Notizie sull. Lagozza, p. 32. \0372. Heer, /. c.,p. 50. \0373. Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 5. \0374. Pline, Hist, 1. 18, c. 10. \0375. Koch, Linnsea, 21, p. 427. \0376. Lettre de M. Ascherson, en 1881. \0377. Dictionn, maniLScrit des noms vulgaires. \0378. Debeaux, Catal. des plantes de Boghar, p. 110. \0379. D'après Delile, L c, le blé se nomme Qamh, et un blé corné, rouge, i^anih-anmar. \037De Cândolle. 19 \037\035\013

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290 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Il a, en allemand, un nom original, Ganer, Gommer^ Gûmmer *, et en d'autres langues des noms qui ne se rattachent qu'à des personnes ou à des pays desquels on avait tiré les semences. On ne peut douter que ce ne soit une forme obtenue dans les cul- tures, probablement dans l'Europe orientale, à une époque inconnue, peut-être assez moderne. \037Conclusion sur runité spécifique de ces races princlpaks. \037Nous venons de montrer que l'histoire et les noms vulgaires des grandes races de froments sont en faveur d'une dérivation, contemporaine de l'homme, probablement pas très ancienne, de la forme du blé ordinaire, peut-être du blé à petits grains cul- tivés jadis par les Egyptiens et par les lacustres de Suisse et d'Italie. M. Alefeld^ était arrivé à l'unité spécifique des Triticum vulgare^i turgidum et durum au moyen de l'observation atten- tive de leurs formes cultivées dans des conditionsi semblables. Les expériences de M. Henri Vilmorin ^ sur les fécondations artificielles de ces blés conduisent au même résultat. Quoique l'auteur n'ait pas encore vu les produits de plusieurs généra- tions, il s'est assuré que les formes principales les plus distinctes se croisent sans peine et donnent des produits fertiles. Si la fécondation est prise pour une mesure du degré intime d'affinité qui motive le groupement d'individus en une seule espèce, on ne peut pas hésiter dans le cas actuel, surtout avec l'appui des considérations historiques dont j'ai parlé. \037Sur les prétendus Blés de montie. \037Avant de terminer cet article, je crois convenable de dire que jamais une graine quelconque sortie d'un cercueil de l'ancienne Egypte et semée par des horticulteurs scrupuleux n'a germé. Ce n'est pas que la chose soit impossible, car les graines se conser- vent d'autant mieux qu'elles sont plus à l'abri de l'air et des variations de température ou d'humidité, et les monuments égyptiens présentent assurément ces conditions ; mais, en faity les essais de semis de ces anciennes graines n'ont jamais réussi. L'expérience dont on a le plus parlé est celle du comte de Ster- berg, à Prague *. Il avait reçu des graines de blé qu'un voya- geur, digne de foi, assurait provenir d'un cercueil de momie. Deux de ces graines ont levé, disait-on ; mais je me suis assuré qu'en Allemagne les personnes bien informées croient à quelque supercherie, soit des Arabes, qui glissent quelquefois des graines \0371. Nemnich, Lexicon, p. 1488. \0372. Alefeld, Botanische Zeitung, 1865, p. 9. \0373. H. Vilmorin, Bulletin de la Société botanique de France, 1881, p. 35^, \0374. Journal Flora^ 1835, p. 4. \037\035\013

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l'épeautre 291 \037modernes dans les tombeaux (même du Maïs, plante améri- caine!), soit des employés de Thonorable comte de Sternberg. Les graines répandues dans le commerce sous le nom de Blé de momie n'ont été accompagnées d'aucune preuve quant à l'an- cienneté d'origine . \037Epeautrê et formes ou espèces voisines ^ \037Louis Vilmorin ', à l'imitation de Seringe dans son excel- lent travail sur les Céréales ^, a réuni en un groupe les bJés dont les grains, à maturité, sont étroitement contenus dans leur enveloppe, ce qui oblige à faire une opération spéciale pour les en dégager, — caractère plus agricole que botanique. Il énumère ensuite les formes de ces blés vêtus^ sous trois noms, qui répondent à autant d'espèces de la plupart des botanistes. \037I. Epeautrê, Grande Epeautrê. — Tnti(mmSpelta^li\xmé, \037L 'Epeautrê n'est plus guère cultivé que dans le midi de l'Alle- magne et la Suisse allemande. Autrefois, il n'en était pas de même. \037Les descriptions de céréales par les auteurs grecs sont telle- ment brèves et insignifiantes qu'on peut toujours hésiter sur le sens des noms qu'ils emploient. Cependant, d'après les usages dont ils parlent, les érudits * estiment que les Grecs ont appelé l'Epeautre d'abord Olyra^ ensuite Zeia, noms qui se trouvent dans Hérodote et Homère. Dioscoride ^ distingue deux sortes de Zêta, qui paraissent répondre aux Triticum Spelta et TV. mono* coccum. On croit que l'Epeautre était le Semen (grain par excel- lence) et le Far, de Pline, dont il dit que les Latins se sont nourris pendant 360 ans, avant de savoir confectionner du pain ^. Comme l'Epeautre n'a pas été trouvé chez les lacustres ae Suisse ou d'Italie, et que les premiers cultivaient des formes voisines, appelées T'r. dicoccum et TV. monococcum '^ il est possible que le Far des Latins fut plutôt une de celle-ci. \037L'existence du véritable Epeautrê dans l'ancienne Egypte et dans les pays voisins me paraît encore plus douteuse. uOlyra des Egyptiens, dont parle Hérodote, n'était pas YOlyra des Grecs. Quelques auteurs ont supposé que c'était le riz, Ôryza *. Quant à l'Epeautre, c'est une plante qu'on ne cultive pas dans des pays aussi chauds. Les modernes, depuis Rauwolf jusqu'à nos jours, \0371 . Voir les planches de Metzger et de Host, dans les ouvrages cités tout à l'heure. \0372. Essai d'un catalogue méthodique des froments^ Paris, 1850. \0373. Seringe, Monographie des céréales de la Suisse^ in-8», Berne, 1818. \0374. Fraas, Smopsis fl. class.^ p. 307; Lenz, Botanik d, AUén^ p. 257. \0375. Dioscorides, Mai, med., 2, 111-115. \0376. Pline, Hist,, I. 18, c. 7; Targioni, Cenni stonci, p. 6. \0377. Heer, /. c, p. 6; Unger, Pflanten d* alten Mgypt., p. 32. \0378. Delile, Plantes cultivées en Egypte, p. 5. \037\035\013

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292 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037ne Font pas vue dans les cultures d'Egypte *. On ne Ta pas trouvée dans les monuments égyptiens. C'est ce qui m'avait fait supposer ^ que le mot hébreu Kussemeth^ qui se trouve trois fois dans la Bible ^, ne devrait pas s'appliquer à TEpeautre, con- trairement à l'opinion des hébraïsants *, J'avais présumé que c'était peut-être la forme voisine appelée Tr. monococcum^ mais celle-ci n'est pas non plus cultivée en Egypte. \037L'Epeautre n'a pas de nom en sanscrit ni même dans les lan- gues modernes de l'Inde et en persan *^, à plus forte raison en chi- nois. Les noms européens, au contraire, sont nombreux et témoi- gnent d'une ancienne culture, surtout dans l'Europe orientale : Spelta en ancien saxon, d'où Epeautre; Dinkel en allemand moderne ; Orkisz en polonais, Pobla en russe ^ sont des noms qui paraissent venir de racines bien différentes. Dans le midi de l'Europe, les noms sont plus rares. Il faut citer cependant un nom espagnol, des Asturies, Escandia ', mais je ne connais pas de nom basque. \037Les probabiUtés historiques et surtout linguistiques sont en faveur d'une origine de l'Europe orientale tempérée et d'une partie voisine de l'Asie. Voyons si la plante a été découverte à l'état spontané. \037Olivier, dans un passage déjà cité *, dit l'avoir trouvée plu- sieurs fois en Mésopotamie, en particulier sur la rive droite de l'Euphrate, au nord d'Anah, dans une localité impropre à la culture. Un autre botaniste, André Michaux, l'avait vue, en 1783, près de Hamadan, ville de la région tempérée de Perse. D'après bureau de La Malle, il en avait envoyé des graines à Bosc, qui les ayant semées à Paris en avait obtenu l'Epeautre ordinaire ; mais ceci me paraît douteux, car Lamarck en 1786 ® et Bosc lui- même, dans le Dictionnaire d'agriculture^ article Epeautre, pu- blié en 1809, n'en disent pas un mot. Les herbiers du Muséum, à Paris, ne contiennent aucun échantillon des céréales dont parle Olivier. \037Il y a, comme on voit, beaucoup d'incertitude sur l'origine de l'espèce à titre de plante spontanée. Ceci m'engage à donner plus d'importance à l'hypothèse que l'Epeautre serait dérivé, par la culture, du froment ordinaire, ou serait sorti d'une \037\035\0131. Reynier, Econ, des Eayptiens, p. 337; Bureau de La Malle, Ann, se. nat., 9, p. 72; Schweinfurtn et Ascherson, l, c. Le Tr Spelta de Forskal n'est admis par aucun auteur subséquent. \0372. Géogr. oot raisonnée^ p. 933. \0373. Exode, IX, 32; Esaie, XXVIII, 25; Ezéchiel, IV, 9. \0374. Rosenmûller, Bibl. Alterthumskunde, 4, p. 83; Second, trad. de V An- cien Test, y 1874. \0375. Ad. Pictet, Les oHgines indo-européennes ^ éd. 2, vol. 1, p. 348. \0376. Ad. Pictet, l. c. ; Nemmich, Lexicon, \0377. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 1, p. 107. \0378. Olivier, Voyage, 1807, vol. 3, p. 460. \0379. Lamarck, Dict. encycL, 2, p. 560. • \037\035\013

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LOCULAR 293 \037forme intermédiaire, à une époque préhistorique pas très an- cienne. Les expériences de M. H. Vilmorin * viennent à l'appui, car les croisements de TEpeautre par le Blé blanc velu et vice versa ont donné des « métis, dont la fertilité est complète, avec mélange des caractères des deux parents, ceux de TEpeautre ayant cependant quelque prépondérance *. \037II. Amidonier. — Triticum dlcoccum^ Schrank. — Tnticum amyleum^ Seringe. \037Cette forme (Emmer ou JE mer ^ des Allemands), cultivée sur- tout en Suisse pour Tamidon, supporte bien les hivers rigou- reux. Elle contient deux graines dans chaque épillet, comme le véritable Epeautre. \037M. Heer * rapporte à une variété du Tr, dicoccum un épi trouvé, en mauvais état, dans la station lacustre' de Wangen, en Suisse. M. Messikommer en a trouvé depuis à Robenhausen. \037On ne Ta jamais vu spontané. La rareté de noms vulgaires est frappante. Ces deux circonstances, et le peu de valeur des carac- tères botaniques propres à le distinguer du TV. Spelta, doivent le faire considérer comme une ancienne race cultivée de celui-ci. \037III. Lociilar, Engrain. — Triticum monococcum^ Linné. Le Locular^ Engrain commun ou Petit Epeautre, Einkom des \037Allemands, se distingue des précédents par une seule graine dans Tépillet et par d'autres caractères, qui le font considérer par la majorité des botanistes comme une espèce véritablement distincte. Les expériences de M. H. Vilmorin appuient jusqu'à présent cette opinion, car il n'est pas parvenu à croiser le Triti- cum monococcum avec les autres Epeautres ou froments. Gela peut tenir, comme il le remarque lui-même, à quelque détail dans la manière d'opérer. Il se propose de renouveler les tenta- tives, et réussira peut-être. En attendant, voyons si cette forme d'Epeautre est d'ancienne culture et si on l'a trouvée quelque part dans un état spontané. \037Le Locular s'accommode des sols les plus mauvais et les plus rocailleux. Il est peu productif, mais donne d'excellents gruaux. On le sème surtout dans les pays de montagnes, en Espagne, en France et dans l'Europe orientale, mais je ne le vois pas mentionné en Barbarie, en Egypte, dans l'Orient, ou dans l'Inde et en Chine. \037On a cru le reconnaître, d'après quelques mots, dans le Tiphai de Théophraste ^. Dioscoride * est plus facile à invoquer, car il distingue deux sortes de Zeia^ Tune ayant deux graines, l'autre \0371. H. Vilmorin, Bull, de la Soc. bot. de France^ 1881, p. 858. \0372. Heer, Pflanzen d. Pfahlàauten^ fig., p. 5, fig. 23, et p. 15. \0373. Fruaa, Sj/nopsis fl. class., p. 307. \0374. Dioscondes, Mat. med., 2, c. III, 155. \037\035\013

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294 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037une seule. Celle-ci serait le Locular. Rien ne prouve qu'il fût ha- bituellement cultivé chez les Grecs et les Latins. Leurs descen- dants ne l'emploient pas aujourd'hui *. \037Il n'a pas de nom sanscrit, ni même persan ou arabe. J'ai éinis jadis l'hypothèse que le Kussemeth des Hébreux pourrait se rapporter à cette plante, mais cela me parait maintenant difficile à soutenir. \037Marschall Bieberstein * avait indiqué le Tr. monococcum spon- tané, au moins sous une forme particulière, en Grimée et dans le Gaucase oriental. Aucun botaniste n'a confirmé cette asser- tion. Steven ^, qui vivait en Grimée, déclare qu'il n'a jamais vu l'espèce autrement que cultivée par les Tartares. D'un autre côté, la plante que M. Balansa a récoltée, dans un état spontané, près du mont Sipyle, en Anatolie, est le Tr. monococcum, d'après J. Gay *, lequel assimile à cette forme le Triticum bœoticmn, Boissier, spontané dans la plainne de Béotie * et en Servie ^. \037En admettant ces faits, le Triticum monococcum serait origi- naire de Servie, Grèce et Asie Mineure, et, comme on n'est pas parvenu à le croiser avec les autres Epeautres ou les froments, on a raison de l'appeler une espèce, dans le sens linnéen. \037Quant à la séparation des froments à grains libres et des Epeau- tres, elle serait antérieure aux données historiques et peut-être aux . coramencements de toute agriculture. Les froments se seraient montrés les. premiers, en Asie; les Epeautres ensuite, plutôt dans l'Europe orientale et l'Anatolié. Enfin, parmi les Epeautres, le Tr, monococcum serait la forme la plus ancienne, dont les autres se seraient éloignées, à la suite de plusieurs milliers d'années de culture et de sélection. \037Qtfge & deux rangs. — Hordeum distichon^ Linné. \037Les Orges sont au nombre des plus anciennes plantes cultivées. Gomme elles ont à peu près la même manière de vivre et les mômes emplois, il ne faut pas s'attendre à trouver chez les au- teurs de l'antiquité et dans les langues vulgaires la précision qui permet de reconnaître les espèces admises par les botanistes. Dans beaucoup de cas, le nom Orge a été pris dans un sens vague \0371. Heldreich, Nutzpflanzen d. Grichenlands . \0372. M. Bieberstein, Flora tauro-caucasica, vol. 1, p. 85. \0373. Steven, Verzeichniss taur. Halbinseln Pflanzen, p. 354. \0374. Bull. Soc. bot, de France, 1860, p. 30. \0375. Boissier, Diaanoses, sériel, vol. 2, fasc. 13, p. 69. \0376. Balansa, 1854, n. 137, dans X'Hei^bier Boissier, où l'on voit aussi uu échantillon trouvé dans les champs en Servie et une variété à barbes brunes envoyée par M. Pancic, croissant dans les prés de Servje. Le même botaniste de Belgrade vient de m 'envoyer des échantillons spontanés de Servie que je ne saurais distinguer du Tr. monococcum. H me certifie qu'on ne cultive pas celui-ci en Servie. M. Bentham m'écrit que le Tr. bœoticum, dont lia vu plusieurs échantillons d'Asie Mineure, est, selon lui, la monococcum. \037\035\013

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ORGE A DEUX RANGS 298 \037OU générique. C'est une difficulté dont nous devons tenir compte. Par exemple, les expressions de l'Ancien Testament, de Bérose, de Moïse de Ghorène, Pausanias, Marco Polo, et plus récemment d'Olivier, qui indiquent « Torge spontanée ou cultivée » dans tel ou tel pays, ne prouvent rien, parce qu'on ne sait pas de quelle espèce il s'agit. Même obscurité pour la Chine. Le D*" Bret- scnneider * dit que, d'après un ouvrage publié en l'an 100 de notre ère, les Chinois cultivaient une « Orge », mais il n'expli- que pas laquelle. A l'extrémité occidentale de l'ancien monde les Guanches cultivaient aussi de l'Orge dont on connaît le nom, pas Tespèce. \037L'Orge à deux rangs, sous sa forme ordinaire dans laquelle les grains sont couverts à maturité, a été trouvée sauvage dans l'Asie occidentale, savoir : dans l'Arabie Pétrée *, autour du mont Sinaï ^, sur les ruines de Persépolis *, près de la mer Cas- pienne % entre Lenkoran et Baku, dans le désert de Chirvan et Awhasie, également au midi du Caucase ® et en Turcomanie '. Aucun auteur ne l'indique en Crimée, en Grèce, en Egypte ou à l'orient de la Perse. Willdenow ^ l'indique à Samara, dans le sud-est de la Russie; ce que les auteurs plus récents ne confir- ment pas. La patrie actuelle est donc de la mer Rouge au Cau- case et à la mer Caspienne. \037D'après cela l'Orge à deux rangs devait être une des formes cultivées par les peuples sémitiques et touraniens. Cependant on ne l'a pas trouvée dans les monuments d'Egypte. Il semble que les Aryas ont dû la connaître, mais je n'en vois pas de preuve dans les noms vulgaires ou dans l'histoire. \037Théophraste ^ parle de l'Orge à deuxVangs. Les lacustres de la Suisse. orientale la cultivaient avant de posséder des métaux *® ; mais l'Orge à six rangs était plus commune chez eux. \037La race dans laquelle le grain est nu à maturité (H, distichon nudum^ Linné), qu'on appelle en français de toutes sortes de noms absurdes. Orge à café, 0. du Pérou, etc., n'a jamais été trouvée sauvage. \037VOrge en éventail {Hordeum Zeocrùon, Linné) me parait une forme cultivée de l'Orge à deux rangs. On ne la connaît pas à l'état \037\035\0131. Bret8chneider^ On the study^ etc., p. 8. \0372. Herbier Boissier, échantillon bien déterminé, par Reuter. \0373. Figfiuri et de Notaris, Agrostologiœ segypt, fragm., p. 18. \0374. Plante très maigre, recueillie car Kotschy, n° 290, dont je possède un échantillon. M. Boissier l'a déterminée comme H. distichon, vartetas, \0373. C.-A. Meyer, Verzeichniss, p. 26, d'après des échantillons vua .aussi par Ledebour, FI, ross., 4, p. 327. \0376. Ledebour, l. c. \0377. Re^el, Descr. plant, nov., 1881, fasc. 8, p. 37. \0378. Willdenow, Sp, plant., 1, p. 473. \0379. Theophrastes, Hist, plant., 1. 8, c. 4. \03710. Heer, Pflanzen der PfahlbatUen, p. 13 ; Messicommer, Flora bot, Zei- iung, 1869, p. 320. \037\035\013

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296 ' PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037spontané. Elle n'a pas été trouvée dans les monuments égyp- tiens, ni dans les débris lacustres de Suisse, Savoie et Italie. \037Orge commune. — Hordeum vulgare, Linné. \037L'Orge commune, à quatre rangs, est mentionnée par Théo- phraste *, mais il paraît que dans l'antiquité on la cultivait moins que celles à deux et surtout à six rangs. \037Elle n'a pas été trouvée dans les monuments égyptiens, nr dans les débris des lacustres de Suisse, Savoie et Italie. \037Willdenow * dit qu'elle croît en Sicile et dans le sud-est de la Russie, à Samara ; mais les flores modernes de ces pays ne le confirment nullement. On ne sait pas quelle Orge Ouvier avait vue sauvage en Mésopotamie; par conséquent, Y Hordeum vul- gare n'a pas encore été trouvé à l'état spontané, d'une manière certaine. \037La multitude des noms vulgaires qu'on lui attribue ne signifie rien comme indication d'origine, car il est impossible de savoir dans la plupart des cas si ce sont des noms de l'Orge, en général, ou d'une Orge en particulier cultivée dans tel ou tel pays. \037Orge à six rangs. Escourgeon. — Hordeum hexastichon y Linné, \037C'était l'espèce le plus souvent cultivée dans l'antiquité. Non seulement les Grecs en ont parlé, mais encore elle a été trouvée dans les monuments les plus anciens de l'Egypte ^ et dans les restes des lacustres de Suisse (âge de pierre), de Savoie et d'Italie (âge de bronze) *. M. Heer a même distingué deux variétés dans l'espèce cultivée jadis en Suisse. L'une d'elles répond à l'orge à six rangs figurée sur les médailles de Métaponte, ville de l'Italie méridionale, six siècles avant J.-G. \037D'après Roxburgh *^, c'était la seule Orge cultivée dans l'Inde à la fin du siècle dernier. Il lui attribue le nom sanscrit Yuva^ devenu en bengali Juba, Adolphe Pictet ^ a étudié avec soin les noms sanscrits et des langues indo-européennes qui répondent au mot générique Orge, mais il n'a pas pu suivre dans les dé- tails ce qui concerne chacune des espèces. \037L'Orge a six rangs n'a pas été vue dans les conditions d'une plante spontanée dont un botaniste aurait constaté l'espèce. Je ne l'ai pas trouvée dans l'herbier de M. Boissier, si riche en \0371 Théophraste, Hist.^ L 8, c. 4. \0372. Willdenow, Species plant, y 1, p. 472. \0373. Unger, Pflanzen des alten Mgrjptfns, p. 33; Ein Ziegel der Dashur Pyramide, p. 109. \0374. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. S, fîg. 2 et 3; p. 13, fig. 9; Flora bot. Zeitung, 1869, p. 320; de Mortillet, d'après Perrin^ Etudes préhistoriques sur la Savoie^ p. 23 ; Sordelli, Sulle piante délia torbiera di Lagozza. p. 33- \0375. Roxburgh, FL ind., éd. 1832, v. 1, p. 338. \037C. Ad. Pictet, Origines indo-européen7ies, éd. 2, vol. 1, p. 333. \037\035\013

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SEIGLE 297 \037plantes d'Orient. Il est possible que les Orges sauvages men- tionnées par d'anciens auteurs et par Olivier aient été VHordeum hexastichon, mais on n'en a aucune preuve. \037Sur les Orges en général. \037Nous venons de voir que la seule forme trouvée aujourd'hui spontanée est la plus simple, la moins productive, VHordeum distkhonj dont la culture est préhistorique, comme celle de VH. hexastichon. Peut-être VH. vulgare est-il moins ancien de culture que les deux autres? \037On peut tirer de ces données deux hypothèses : 1° Une déri- vation des Orges à quatre et à six rangs de celle à deux rangs, dérivation qui remonterait aux cultures préhistoriques, anté- rieures à celles des anciens Egyptiens constructeurs des monu- ments. 2o Les Orges à quatre et à six rangs seraient des espèces jadis spontanées, éteintes depuis l'époque historique. Il serait singulier, dans ce cas, qu'il n'en restât aucune trace dans les flores de la vaste région comprise entre l'Inde, la mer Noire et l'Abyssinie, où l'on est à peu près assuré de la culture, au moins de l'Orge à six rangs. \037Seigle. — Secale céréale, Linné. \037Le Seigle n'est pas d'une culture très ancienne, si ce n'est peut-être en Russie et en Thrace. \037-On ne l'a pas trouvé dans les monuments égyptiens, et il n'a pas de noms dans les langues sémitiques, même modernes. Il en est de même en sanscrit et dans les langues indiennes qui dérivent du sanscrit. Ces faits concordent avec la circonstance que le Seigle réussit mieux dans les pays septentrionaux que dans ceux du Midi, où généralement, à notre époque, il n'est pas cultivé. Le D' Bretschneider * pense qu'il est inconnu aux agriculteurs chinois. Il doute de l'assertion contraire d'un au- teur moderne et fait remarquer qu'une céréale mentionnée dans les mémoires de l'empereur Kanghi, qu'on peut soupçonner être cette espèce, signifie d'après son nom Blé apporté de Russie. Or le Seigle, dit-il, est cultivé beaucoup en Sibérie. Il n'en est pas question dans les flores japonaises. \037Les anciens Grecs ne le connaissaient pas. Le premier auteur qui l'ait mentionné dans l'empire romain est Pline ^, qui parle du Secale, cultivé à Turin, au pied des Alpes, sous le nom de Asia. Galien ^, né en 131 de notre ère, l'avait vu cultivé, en Thrace et en Macédoine, sous le nom de Briza. Ces cultures paraissent peu anciennes, du moins en Italie, car on n'a pas^ \0371. Bretschneider, Onstudij, etCy p. 18, 44. \0372. Pline, HisL, 1. 18, c. 16. \0373. Galenus, De alvnentiSj 1, 13, cité d'après Lenz, Bot. d, AUen, p. 259. \037\035\013

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298 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037trouvé de Seigle dans les débris des habitations lacustres du nord de ce pays, de Savoie et de Suisse, même à Tépoque du bronze. M. Jetteies en a recueilli, près d'Olmutz, avec des instruments de ce métal, et M. Heer *, qui a vu les échantillons, en men- tionne d'autres, de l'époque romaine, en Suisse. \037A défaut de preuves archéologiques, les langues européennes montrent une ancienne connaissance du Seigle dans les pays germains, celtes et slaves. Le nom principal, selon Adolphe Pictet *, appartient aux peuples du nord de l'Europe : anglo- saxon Ryge^Rig^ Scandinave Rûgr^ ancien allemand So^^o, an- cien slave Rujt, Roj\ polonais Rez, illyrien Raz, etc. L'origine de ce nom, dit-il, doit remonter à une époque antérieure à la séparation des Germains et des Lithuano-Slaves. Le mot Secale des Latins se trouve sous une forme presque semblable chez les Bretons, Segal, et les Basques, Ceketa, Zekhalea; mais on ne sait pas si les Latins l'ont emprunté aux Gaulois et Ibères ou si inversement ces derniers ont reçu le nom des Romains. Cette seconde hypothèse parait probable, puisque les Gaulois cisalpins du temps de Pline se servaient d'un nom tout différent. Je vois aussi mentionnés un nom tartare, Aresch ^, et un nom ossète, Syl^ SU *, qui font présumer une ancienne culture à l'orient de l'Europe. \037Ainsi les données historiques et linguistiques montrent une origine probable des pays au nord du Danube, et une culture qui remonte à peine au delà de l'ère chrétienne pour l'empire romain, mais plus ancienne peut-être en Russie et en Tartarie. \037L'indication du Seigle spontané telle que la donnent plusieurs auteurs ne doit presque jamais être admise, car il est arrivé souvent qu'on a confondu avec le Secale céréale des espèces vivaces ou dont l'épi se brise facilement, que les botanistes mo- dernes ont distinguées avec raison ^ Beaucoup d'erreurs qui en provenaient ont été éliminées sur l'examen des échantillons originaux. D'autres peuvent être soupçonnées. Ainsi je ne sais ce qu'il faut penser des assertions de L. Ross, qui disait avoir trouvé le Seigle sauvage dans plusieurs localités de l'Anatolie *, et du voyageur russe, Ssaewerzoff, qui l'aurait vu dans le Tur- kestan '. Ce dernier fait est assez probable, mais on ne dit pas qu'un botaniste ait vérifié la plante. Kunth ^ avait déjà indiqué \0371. Heer, Die Pflanzen der Pfahlàauien, p. 16. \0372. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 2, voL 1, p. 344. \0373. Nemnlch, Lexicon Naturgesch. \0374. Pictet, l. c. \0375. Secale fragile, Bieberstein ; S. anatoUcum, Boissier; S. montanum, Gussone; S. villosum, Linné. J'ai expliqué dans la Géographie botanique^ p. 936, les erreurs qui résultaient de cette confusion, lorsqu'on disait le Seigle spontané en Sicile, en Crète et quelquefois en Russie. \0376. Flora, bot. Zeitung, 1850, p. 520. \0377. Flora, bot Zeitung, 1869, p. 93. \0378. Kunth, Enum.yi, p. 449. \037\035\013

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AVOINE ORDINAIRE ET AVOINE D'ORIENT 299 \037« le désert entre la mer Noire et la mer Caspienne », sans dire d'après quel voyageur ou quels échantillons. L*herbier de M. Bois- sier ne m'a révélé aucun Secale céréale spontané, mais il m'a donné la persuasion qu'un voyageur doit facilement prendre une autre espèce de Seigle pour celle-ci et que les assertions doivent être vérifiées soigneusement. \037A défaut de preuves suffisantes pour des pieds spontanés j'ai fait valoir autrefois, dans ma Géographie botanique raisonnes, un argument de quelque valeur. Le Secale céréale se sème hors des cultures et devient presque spontané dans les pays de l'em- pire d'Autriche \ ce qu'on ne voit guère ailleurs *. Ainsi dans la partie orientale de l'Europe, où l'histoire indique une culture ancienne, le Seigle trouve aujourd'hui les conditions les plus favo- rables pour vivre sans le secours de l'homme. On ne peut guère douter, d'après cet ensemble de faits, qu'il ne soit originaire de la région comprise entres les Alpes d'Autriche et le nord de la mer Caspienne. C'est d'autant plus probable que les cinq ou six autres espèces connues du genre Secale habitent l'Asie occiden- tale tempérée ou le sud-est de l'Europe. \037En admettant cette origine, les peuples aryens n'auraient pas connu l'espèce, comme la linguistique le montre déjà; mais dans leurs migrations vers l'ouest ils ont dû la rencontrer ayant des noms divers, qu'ils auraient transportés çà et là. \037Avoine ordinaire et Avoine d'Orient. — Avena sativa, Linné, et Avena orientalis, Schreber. \037L'Avoine n'était pas cultivée chez les anciens Egyptiens et les Hébreux, mais aujourd'hui on la sème en Egypte '. Elle n'a pas de nom sanscrit, ni même dans les langues modernes <lé l Inde. Ce sont les Anglais qui la sèment quelquefois dans <;e pays, pour en notirrir leurs chevaux *. La plus ancienne men- tion de l'Avoine en Chine est dans un ouvrage historique sur les annéîcs 618 à 907 de l'ère chrétienne; elle s'applique à la variété appelée par les botanistes Avena sativa nuda *. Les an- ciens Grecs connaissaient bien le genre Avoine, qu'ils appe- laient Bromos ®, comme les Latins l'appelaient Avena; mais ces noms s'appliquaient ordinairement aux espèces qu'on ne cultive pas et qui sont de mauvaises herbes mélangées avec les céréales. Rien ne prouve qu'ils aient cultivé l'Avoine ordinaire. La re- \0371. Sadier, FI. pesth., 1, p. 80; Host, FI. austr., 1, p. 177; Baumgarten, FI. transylv.y 3, p. 225; Neilreich, FI. VFfew,p. 58 ; Visiani, FI. dalmat.^ 1, p. 97 ; Farkas, FI. croatica, p. 1288. \0372. M. Strobl l'a vu cependant autour de l'Etna, dans les bois, par «uite de l'introduction dans la culture au xvni® siècle. [Œster. bot, zeit. 1881, p. 159.) \0373. Schweinfurth et Ascherson, Beitt'àge zur Flora jEthiopiens, p. 298. \0374. Royle, ///., p. 419. \0375. Bretschneider, On study, etc., p. 18, 44. \0376. Fraas, Synopsis fl. class., p. 303; Lenz, Botanik der Alten, p. 243. \037\035\013

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300 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037marque de Pline * que les Germains se nourrissaient de farine tirée de cette plante fait comprendre que les Romains ne la cultivaient pas. \037La culture de TAvoine était donc pratiquée anciennement au nord de l'Italie et de la Grèce. Elle s'est propagée plus tard, et partiellement dans le midi de Tempire romain. Il est possible qu'elle fût plus ancienne dans l'Asie Mineure , car Galien * dit que TAvoine abondait en Mysie, au-dessus de Pergame ; qu'on la donnait aux chevaux et que les hommes s'en nourrissaient dans les années de disette. L'Asie Mineure avait reçu jadis une colonie gauloise. \037On a trouvé de l'Avoine dans les restes des habitations lacustres suisses de l'époque du bronze ^, et en Allemagne, près de Wittenberg, dans plusieurs tombeaux des premiers siècles de l'ère chrétienne ou un peu plus anciens *. Jusqu'à présent, les lacustres du nord de l'Italie n'en ont pas présenté, ce aui con- firme l'absence de culture de l'espèce dans le temps de la répu- blique romaine. \037Les noms prouvent encore une ancienne existence au nord et à l'ouest des Alpes et sur les confins de l'Europe, vers le Caucase et la Tartarie. Le plus répandu de ces noms est indiqué par le latin Avenu, l'ancien slave Ovisu, Ovesu^ Ovsa, le russe Ovesu, le lithuanien Awiza^ le letton Ausas, l'ostiaque Abis ^. L'anglais Oats vient, d'après Ad. Pictet, de l'anglo-saxon Ata ou Ate. Le nom basque Ôlba ou Oloa ^ fait présumer une culture très ancienne par les Ibères. \037Les noms celtiques difl'èrent des autres "^ : irlandais, Coirce^ Cuirce, Corca; armoricain Kerch, Les noms tartare Sulu^ géor- gien Kariy hongrois Zab, croate Zob^ esthonien Kaer et autres sont indiqués par Nemnich * comme s'appliquant au mot géné- rique Avoine, mais il n'est pas probable qu'il y eût des noms aussi variés s'il ne s'agissait pas d'une espèce cultivée. Gomme singularité, je note un nom berbère Zekkoum ^, quoique rien ne puisse faire présumer une ancienne culture en Afrique. \037Tout ce qui précède montre combien était fausse l'opinion que l'Avoine est originaire de Tîle de Juan Femandez, opinion qui régnait dans le siècle dernier *° et qui paraît venir d'une asser- tion du navigateur Anson ". Ce n'est pas dans l'hémisphère \0371. Pline, Hist.,l 48, c. 17. \0372. Galenus, De alimentis, 1. c. 12. \0373. Heer, Pflanzen der Ffahlbauteriy p. 6, fig. 24. \0374. Lenz, l. c, p. 245. \0375. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 350. \0376. Notes communiquées par M. Clos. \0377. Ad. Pictet, /. c. \0378. Nemnich, Polyglott, Lexicon Naturgesch., p. 548. \0379. Dict. français- berbère f publié parlé gouvernement français . \03710. Linné, SpecieSy p. 118; Lamarck, Dict. enc, 1, p.431. \03711. Phillips, Cuit. veget,f 2, p. 4. \037\035\013

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AVOINE ORDINAIRE ET AVOINE D'ORIENT 301 \037austral qu'ils faut chercher la patrie de l'espèce, mais évidem- ment dans les pays de l'hémisphère boréal où on Ta cultivée anciennement. Voyons si elle s'y trouve encore dans un état spontané. \037L'Avoine se sème dans les décombres, au bord des chemins et près des endroits cultivés, plus facilement que les autres céréales, et se maintient quelquefois de manière à sembler spon- tanée. Cette remarque a été faite dans des localités très éloi- gnées, comme l'Algérie et le Japon, Paris et le nord de la Chine *. Ce genre de faits doit nous rendre sceptiques sur l'Avoine que Bové dit avoir trouvée dans le désert du mont Sinaï. On a pré- tendu aussi * que le voyageur Olivier avait vu l'Avoine sauvage en Perse, mais il n'en parle pas dans son ouvrage. D'ailleurs plusieurs espèces annuelles qui ressemblent beaucoup à l'Avoine ordinaire peuvent tromper un voyageur. Je ne puis découvrir ni dans les livres ni dans les herbiers l'existence de pieds vraiment spontanés, soit en Asie, soit en Europe, et M. Bentham m'a certifié qu'il n'y en a pas dans les riches herbiers de Kew; mais certainement, comme pour les formes dont je parlerai tout à l'heure, la condition quasi spontanée ou quasi naturalisée est plus fréquente dans les Etats autrichiens, de Dalmatie en Tran- sylvanie ^, que nulle part ailleurs. C'est une indication de l'origine, à ajouter aux probabilités historiques et linguistiques en faveur de l'Europe orientale tempérée. \037UAvena strigosa, Schreber, paraît une forme de l'Avoine ordinaire, d'après des expériences de culture dont parle M. Ben- tham, en ajoutant, il est vrai, qu'elles méritent confirmation *. On peut voir une bonne figure de cette plante dans Host, Icônes Graminum austriacorum^ 2, pi. 56, qui est intéressante à comparer avec la pi. 59 de VA, sativa. Du reste, VAvena strigosa n'a pas été trouvée à Tétat spontané. Elle est en Europe dans les champs abandonnés, ce qui appuie l'hypothèse d'une forme dérivée, par suite de la culture. \037VAvena orientalts, Schreber, dont les épillets penchent d'un seul côté, est aussi cultivée en Europe depuis la fin du xviii« siècle. On ne la connaît pas à l'état spontané. Mélangée souvent avec l'Avoine ordinaire, elle se distingue au premier coup d'oeil. Les noms qu'elle porte en Allemagne, Avoine de Turquie ou de Hongrie, montrent une introduction moderne venant de l'est. Host en a donné une excellente figure [Gram, austr,, 1, pi. 44). \0371. Munby, Catal. Alger. ^ éd. 2, p. 36; Franchet et Savatier, Enum, plant. Jap,,2, p. 175 ; Cosson; FL Paris, 2. p. 637; Bunge, Enum, chin., p. 71, pour la variété nuda, \0372. Lamarck, Dict. encycL, 1, p. 331. \0373. Visiani, FI. dalmat., 1, p. 69; Host, FI. austr., 1, p. 133; Neilreich, FI. Wien., p. 85 ; Baumgarten, Ènum. Transylv., 3, p. 259 ; Farkas^F/. croatica, p. 1277. \0374. Bentham, Handbook of british flora, éd. 4, p. 544. \037\035\013

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302 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Toutes ces Avoines étant cultivées sans qu'on ait découvert ni les unes ni les autres à l'état vraiment spontané, il est bien pro- bable qu'elles proviennent d'une seule forme préhistorique, dont la patrie était l'Europe tempérée orientale et la Tartarie. \037Millet commun. — Panicum miliaceum^ Linné. \037La culture de cette Graminée est préhistorique dans le midi de l'Europe, en Egypte et en Asie. Les Grecs en ont parlé sous lé nom de Kegchros et les Latins sous celui de Milium *. Les lacustres suisses, à l'époque de la pierre, faisaient grand usage du Millet ^. On l'a trouvé aussi dans les restes des pàlafittes du lac de Varèse en Italie ^ Gomme on ne retrouve pas ailleurs des échantillons de ces anciens temps, il est impossible de savoir quel était le Panicum ou le Sorghum mentionné par les auteurs latine, dont les habitants de la Gaule, de la Pannonie et autres pays se nourrissaient. \037Unger * compte le P, miliaceum parmi les espèces de l'an- cienne Egypte, mais il ne paraît pas qu'il en eût des preuves positives, car il n'a indiqué ni monument ou dessin ni graine trouvée dans les tombeaux. On n'a pas non plus de preuves ma- térielles d'ancienne culture en Mésopotamie, dans llnde et en Chine. Pour ce dernier pays, la question s'est élevée de savoir si le Shu, une des cinq céréales que les empereurs sèment en grande cérémonie chaque année, eMePanicum miliaceum, une espèce voi- sine, ou le Sorgho ; mais il paraît que le sens du mot Shu a. varié, et que jadis on semait peut-être le Sorgho ^. \037Les botanistes anglo-mdiens ^ attribuent à l'espèce actuelle deux noms sanscrits, Unoo (prononcez Ounou) et Vreekib-heda (pro- noncez Vrikib'heday, quoique le nom moderne hindou et bengali et le nom telinga Worga soient tout autrçs, Cheena (prononcez China] . Si les noms sanscrits sont réels, ils indiquent une ancienne culture dans l'Inde. On ne connaît pas de nom hébreu ni berbère ^ ; mais il y a des noms arabes, Dokkn, usité en Egypte, et Kosjaejb en Arabie ^ Les noms européens sont variés. Outre les deux noms grec et latin, il y a un nom vieux slave, Proso^, conservé en Russie et en Pologne, un nom vieux allemand, -ffïrsi, et un nom lithua- nien, Sora *^. L'absence de noms celtiques est remarquable. Il \0371. Les passages de Théophraste, Caton et autres sont traduits dans Lenz, Botanik aei' AlteUy p. 232. \0372. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 17. \0373. Regazzoni, Rii\ arch. prov. di Como, 1880, fasc. 7. \0374. Unger, Pflanzen des alten JEgyptens,p. 34. \0375 . Bretschneider, Study and value of chinese bot, works, p. 7, 8, 45. \0376. Ro^urgh, FI, mrf., éd. 1832, p. 310; Piddington, Index, \0377. RosenmûUer, bibl, Allerth.; Dictionn. français-berbère, \0378. Delile, Fl,aoypt,y p. 3; Forskal, Arab , av. \0379. Ad. Pictet, Origines indo-européennes y éd. 2, v. 1, p. 354. \03710. Ad. Pictet, /. c. \037\035\013

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MILLET — PANIC D'iTALlE 30* \037semble que Tespèce aurait été cultivée spécialement dans l'Eu- rope orientale et se serait répandue vers Fouest à la fin de la domination gauloise. Voyons si elle est spontanée quelque part. \037Linné * disait qu'elle habite dans l'Inde, et la plupart des au- teurs le répètent; mais les botanistes anglo-indiens ^ l'indiquent toujours comme cultivée. Elle n'est pas dans les flores du Japon. Au nord de la Chine, M. de Bunge l'a vue seulement cultivée * et M. Maximowicz près de TUssuri, au bord des prés et dans des locali-^ tés voisines des habitations chinoises *. D'après Ledebour^, elle est presque spontanée dans la Sibérie altaïque et la Russie moyenne, et spontanée au midi du Caucase et dans le pays de Talysch. Pour cette dernière localité il cite Hohenaker. Celui-ci cependant dit « presque spontanée » ^. En Grimée, où elle fournit le pain des Tartares, on la trouve çà et là presque spontanée ', ce qui arrive également dans le midi de la France, en Italie et en Au- triche ®. Elle n'est pas spontanée en Grèce ®, et personne ne Ta trouvée en Perse, ou en Syrie. Forskal et Delile 1 ont indiquée en Egypte; mais M. Ascherson ne l'admet pas *®, et Forskal l'in- dique eh Arabie ". \037L'espèce pourrait s'être naturalisée dans ces régions, à la suite d'une culture fréquente, depuis les anciens Egyptiens. Cependant la qualité spontanée est si douteuse ailleurs que la probabilité est bien pour une origine égypto-arabique. \037Panic d'Italie ou Millet & grappe. — Panicum Ualicum^ Linné. — • Setaria italica^ Beauvois. \037La culture de cette espèce a été une des plus répandues dans les parties tempérées de l'ancien monde, à l'époque préhisto- rique. Ses graines servaient à la nourriture de l'homme, tandis que maintenant on les donne surtout aux oiseaux. \037En Chine, c'est une des cinq plantes que l'empereur doit semer chaque année dans une cérémonie publique, selon les ordres donnés par Chen-nung, 2700 ans avant Jésus-Christ *^. Le nom ordinaire est 5îao-rw2* (petit grain), et le nom plus ancien était Ku, mais celui-ci parait s'être appliqué aussi à une espèce bien dif- \037\035\0131. Linné, Species plant, 1, p. 86. \0372. Roxbur^j /. c; Aitchison, Punjab, p. 159. \0373. Bun^e, Enumer., n. 400. \0374. Maxirnowicz, PrimitiaB Amur., p. 330. \0375. Ledebour, FL ross., 4, p. 469. \0376. Hohenacker, Plant, Talysch,, ?.• *^* \0377. Steven, Vei^zeichniss Halbins. Taur,, p. 371. \0378. Mutel, FU franc., k, p. 20; Parlatore, FL ital., 1, p. 122; Visiani, FL dalmat., 1, p. 60; Neilreich, FI. ïSied. OEsterr,, p. 32. \0379. Heldreich, iVwifzp/Z. Griechenl., p. 3; Pflanzen Attisch. Ebene, p. 516. \03710. M. Ascherson m avertit dans une lettre que, dans VAufzàhlung, on a omis par erreur le mot cuit, après le Panicum miliaceum. \03711. Forskal, FL arab., p. civ. \03712. Bretschneidcr, On thestudy and value ofchinese bot. works, p. 7, 8. \037\035\013

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304 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037férente*. Pickering dit l'avoir reconnue dans deux dessins de l'ancienne Egypte 2, et qu'elle est cultivée aujourd'hui sous le nom de Dokn^ mais c'est le nom du Panicum miliaceum. .11 est donc très douteux que les anciens Egyptiens l'aient cultivée. \037On Ta trouvée dans les débris des habitations lacustres de Suisse, dès l'époque de pierre, et à plus forte raison chez les lacustres de l'époque subséquente en Savoie ^. \037Les anciens Grecs et les Latins n'en ont pas parlé, ou du moins on n'a pas pu le certifier d'après ce qu'ils disent de plusieurs Panicum ou Milium, De nos jours, l'espèce est rarement cultivée dans le midi de l'Europe ; elle ne l'est pas du tout en Grèce * par exemple^ et je ne la vois pas indiquée en Egypte, mais elle est fréquente dans l'Asie méridionale ^. \037On attribue à cette Graminée des noms sanscrits Kungoo (pro- noncez Koungou) et Primngoo {Priyoungou)^ dont le premier s'est conservé en bengali ®. Piddington mentionne dans son Index plusieurs autres noms des langues indiennes. Ainslies ^ indique un nom persan, Arzun^ et un nom arabe; mais celui-ci est attribué ordinairement au Panicum miliaceum. Il n'y a pas de nom hébreu, et la plante n'est pas mentionnée dans les ouvrages de botanique sur l'Egypte et TArabie. Les noms européens n'ont •aucune valeur historique. Us ne sont pas originaux et se rap- portent communément à la transmission de l'espèce ou à sa culture dans tel ou tel pays. Le nom spécifique italicum en est un exemple assez absurde, la plante n'étant guère cultivée et point du tout spontanée en Italie. \037Rumphius la dit spontanée dans les îles de la Sonde, sans être bien affîrmatif ^. Linné est parti probablement de cette base pour exagérer et même avancer une erreur , en disant : « Habite les Indes ^. » Elle n'est certainement pas des Indes occidentales. Bien plus, Roxburgh assure qu'il ne l'a jamais vue sauvage dans l'Inde. Les Graminées de la flore de sir J. Hooker n'ont pas encore paru ; mais, par exemple, Aitchison *° indique l'espèce comme uniquement cultivée dans le nord-ouest de l'Inde. La plante d'Australie que Rob. Brown avait dit être cette espèce appartient à une autre ".Au Japon, le P, italicum paraît \037\035\0131. Bretschneider, /. c.,p. 9. \0372. D'après Unger, /. c, p. 34. \0373. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 5, fîg. 7; p. 17, fîg. 28, 29; Perriu, Etvdes préhtstor. sur la Savoie, p. 22. \0374. Heidreich, Nutzpftanz. Crriechenlands, \0375. Roxburgh, FL ind., éd. 1832, vol. 1, p. 302; Rumphius, Àmboyn,, 5, p. 202, t. 75. \0376. Roxburgh, /. c. \0377. Ainslies, Mat. med. ind., i, p. 226. \0378. ObcurritiD Baleya^ etc. (Rumph., 5, p. 202). \0379. Habitat in Indiis (Linné, Sp., 1, p. 83). \03710. Aitchison, CataL of Punjaby p. 162. \03711. Bentham^ Flora austral, , 7, p. 493. \037\035\013

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SORGHO COMMUN 305 \037être spontané, du moins sous la forme appelée germanica par divers auteurs * et les Chinois regardent les cinq céréales de la cérémonie annuelle comme originaires de leur pays. Cependant MM. de Bunge, dans le nord de la Chine; et Maximowicz, dans la région du fleuve Amur, n'ont vu Tespèce que cultivée en grand et toujours sous la forme de la variété germanica '. Pour la Perse ^ la région du Caucase et l'Europe, je ne vois dans les flores que l'indication de plante cultivée, ou cultivée et s'échap- pant quelquefois hors des cultures dans les décombres, les bords de chemins, les terrains sablonneux, etc. *. \037L'ensemble des documents historiques, linguistiques et bota- niques me fait croire que l'espèce existait, avant toute culture, il y a des milliers d'années, en Chine, au Japon et dans l'archipel indien. La culture doit s'être répandue anciennement vers l'ouest, puisque l'on connaît des noms sanscrits, mais il ne parait pas qu'elle se soit propagée vers l'Arabie, la Syrie et la Grèce, et c'est probablement par la Russie et l'Autriche qu'elle est arrivée, de bonne heure, chez les lacustres de l'âge de pierre en Suisse. \037Sorgho commun. — Holcus Sorghum^ Linné. — Andropogon Sorghumy Brotero. — Sorghum vulgare, Persoon. \037Les botanistes ne sont pas d'accord sur la distinction de plusieurs des espèces de Sorgho et même sur les genres à établir dans cette division des Graminées. Un bon travail monogra- phique serait désirable, ici comme pour les Panicées. En atten- dant, je donnerai quelques renseignements sur les principales espèces, à cause de leur extrême importance pour la nourriture de l'homme, l'élève des volailles, et comme fourrages. \037Prenons pour type de l'espèce le Sorgho cultivé en Europe, tel qu'il est figuré, par Host, dans ses Gramineœ attstriacœ (4, pi. 2). C'est une des plantes le plus habituellement cultivées par les Egyptiens modernes, sous le nom de Bourra^ dans l'Afriaue équatoriale, l'Inde, et la Chine*. Elle est si productive dans les pays chauds que d'immenses populations de l'ancien monde s'en nourrissent. \037Linné et tous les auteurs, même nos contemporains, disent u'elle est de l'Inde ; mais, dans la première édition de la flore e Roxburgh, publiée en 1820, ce savant, qu'on aurait bien fait de consulter, affirme qu'il ne Ta pas vue autrement que cultivée. Il fait la même remarque pour les formes voisines (bicolor, sac- \037\035\013a \037\035\0131. Franchet etSavatier, Enum. Japon» ^ 2, p. 262. \0372. Bunge^ Enum,, n. 399; Maximowicz, Pnmitix Amur., p. 330. \0373. Buhse, Aufzàhlung, p. 232. \0374. Voir Parlatore, FL itaL, 1, p. 113; Mutel, FZ./ranc., 4, p. 20, etc., etc. \0375. Delile, Plantes cultivées en Egypte, p. 7; Roxburgh, FL ind., éd. 1832, V. 1, p. 269; Aitchison, Catal. Punjab, p. 175; Bretschneider, On value, etc., p. 9. \037De Cândolle. 20 \037\035\013

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306 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037charatus^ etc.), qu'on regarde souvent comme de simples va- riétés. Aitchison n'a vu aussi le Sorgho que cultivé. L'absence de nom sanscrit rend également Torigine indienne très douteuse. Bretschneider, de son côté, dit le Sorgho indigène en Chine, \037\035\013\013lequel il convient mieux. \037Le Sorgho n'a pas été trouvé dans les restes des palafîttes de Suisse et d'Italie. Les Grecs n'en ont pas parlé. La phrase de Pline * sur un Milium introduit de son temps de l'Inde en Italie a fait croire qu'il s'agissait du Sorgho, mais c'était une plante plus élevée, peut-être l'Jïo/ci/s saccharatm. Le Sorgho n'a pas été trouvé en nature et d'une manière certaine dans les tombeaux de l'ancienne Egypte. Le D' Hannerd a cru le reconnaître d'après quelques graines écrasées que Rosellini avait rapportées de Thèbes '; mais le conservateur des antiquités égyptiennes du Musée britannique, M. Birch, a déclaré plus récemment qu'on n'a pas découvert l'espèce dans les anciens tombeaux '. Pickering dit en avoir reconnu des feuilles, mêlées avec celles du Papyrus. Il dit aussi en avoir vu des peintures, et Lepsius a figuré des dessins qu'il prend, ainsi que Unger et Wilkinson, pour le Durra des cultures modernes *. La taille et la forme de 1 épi sont bien du Sorgho. Il est possible que cette espèce soit le Dochan, men- tionné une fois dans l'Ancien Testament ^ comme une céréale avec laquelle on faisait du pain. Cependant le mot arabe actuel Dochn s applique au Sorgho sucré. \037Les noms vulgaires ne m'ont rien appris, à cause de leur sens ou parce que souvent le même nom a été appliqué à différents Panicum et Sorghum. Je ne puis en découvrir aucun qui soit certain dans les langues anciennes de l'Inde ou de l'Asie occi- dentale, ce qui fait présumer une introduction antérieure de peu de siècles à Tère chrétienne. \037Aucun botaniste n'a mentionné le Durra comme spontané en Egypte ou en Arabie. Une forme analogue est sauvage dans l'Afrique équatoriale ; mais R. Brown n'a pas pu la déterminer exactement *, et la flore de l'Afrique tropicale qui se. publie à Kew ne contient pas encore l'article des Graminées. Il reste donc uniquement l'assertion du D"^ Bretschneider que le Sorgho, de grande taille, est indigène en Chine. Si c'est bien l'espèce, elle \0371. Pline, Hist,, \. 18, c. 7. \0372. Cité par Unger, Die Pflanzen des alten Egyptens^ p. 34. \0373. S. Birch, dans Wilkinson, Manners and customs of ancient Egyptians. 4878, vol. 2, p. 427. \0374. Les dessins de Lepsius sont reproduits dans Unger, /. c, et dans Wilkinson, 1. c. \0375. Ezechiel, 4, 9. \0376. Brown, Bot. of Congo, p. 54. \037\035\013

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SORGHO SUCRÉ 307 \037se serait répandue tardivement vers Touest. Mais les anciens Egyptiens la possédaient, et l'on se demande alors comment ils l'auraient reçue de Chine sans que les peuples intermédiaires en aient eu connaissance? Il est plus facile de comprendre Tindi- génat dans l'Afrique équatoriale, avec transmission préhisto- rique en Egypte, dans l'Inde et finalement en Chine, où la culture ne paraît pas très ancienne, car le premier ouvrage qui en parle date du iv*^ siècle de notre ère. \037A l'appui d'une origine africaine, je citerai l'observation de Schmidt * que l'espèce abonde dans l'île San Antonio de l'ar- chipel du Cap -Vert, dans des localités rocailleuses. Il la croit a complètement naturalisée », ce qui peut-être cache une véri- table origine. \037Sorgho sucré. — Holcus saccharatus, Linné. — Andropogon saccharatus, Roxburgh. — Sorghum sacckaratum, Persoon. \037Cette espèce, plus haute que le Sorgho ordinaire, et à pani- cule diffuse *, est cultivée dans les pays tropicaux pour le grain, qui ne vaut cependant pas celui du Sorgho ordinaire, et dans les régions moins chaudes comme fourrage, ou même pour le sucre assez abondant que renferme la tige. Les Chinois en tirent de l'alcool, mais non du sucre. \037L'opinion des botanistes et du public la fait venir de llnde; mais, d'après Roxburgh, elle est seulement cultivée dans cette région. Il en est de même aux îles de la Sonde, où le Battari est bien Pespèce actuelle. C'est le Kao-liang (grand Millet) des Chinois. On ne le dit pas spontané en Chine. Il n'est pas mentionné dans les auteurs plus anciens que l'ère chrétienne '• D'après ces divers témoignages et l'absence de tout nom sanscrit, l'origine asiatique me paraît une illusion. \037La plante est cultivée maintenant en Egypte moins que le Sorgho ordinaire, et en Arabie, sous le nom de Dochna ou Dochn, Aucun botaniste ne l'a vue spontanée dans ces pays *. On n'a pas de preuve que les anciens Egyptiens Taient cultivée. Hérodote ^ a parlé d'un Millet en arbre, des plaines d'Assyrie. Ce pourrait être l'espèce actuelle, mais comment le prouver? \037Les Grecs et les Latins n'en avaient pas connaissance, du moins avant l'époque de l'empire romain, mais il est possible que ce fût le Millet, haut de sept pieds, dont Pline fait mention ^ comme ayant été introduit de l'Inde, de son vivant. \0371 . Schmidt, Beitrdge zur Flora capvei'dischen Insein, p. 158. \0372. Voir Host, Graminese austriacss, vol. 4, pi. 4. \0373. Roxburgh, FI. ind. éd. 2, vol. 1, p. 271 ; Rumphius, Amboin., 5, p. 194, pi. 75, fig. 1; Miquel, FI. indo-batava, 3, p. 503; Bretschneider, un the value, etc., p. 9 et 46; Loureiro, FI. cochincn., 2, p. 792. \0374. Forskal, Delile, Schweinfarth et Ascherson, i. c. \0375. Hérodote, 1. 1, c. 193. \0376. Pline, Hist., 1. 18, c. 7. Ce pourrait être aussi la variété ou espèce ap- pelée bicolor. \037\035\013

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308 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Probablement il faut chercher Torigine dans TAfrique inter- tropicale, où l'espèce est généralement cultivée. Sir W. Hooker* cite des échantillons des bords du fleuve Nun, qui étaient peut- être sauvages. La publication prochaine des Graminées dans la Flore de l'Afrique tropicale jettera probablement du jour sur cette question. \037L'expansion de la culture de l'Afrique intérieure à l'Egypte, depuis les Pharaons, à l'Arabie, l'archipel indien, et, après l'époque du sanscrit, à l'Inde, enfin à la Chine, vers le commen- cement de notre ère, concorderait avec les indications historiques et n'est pas difficile à admettre. L'hypothèse inverse, d'une trans- mission de Test à l'ouest, présente une foule d'objections. \037Plusieurs autres formes de Sorgho sont cultivées en Asie et en Afrique, par exemple le cemuuSf à épis penchés, dont parle Roxburgh et que Prosper Alpin avait vu en Egypte; le bicolor^ qui par sa taille ressemble au saccharatm; et les niger, rubens^ qui paraissent encore plus des variétés de culture. Aucune n'a été trouvée sauvage, et il est probable qu'un monographe les rattacherait comme de simples dérivations aux espèces sus-men- tionnées. \037Goracan. — Eleusine Coracana, Gaertner. \037Cette Graminée annuelle, qui ressemble aux Millets, est cul- tivée surtout dans l'Inde et l'archipel indien. Elle l'est aussi en Egypte * et en Abyssinie ^ ; mais le silence de beaucoup de botanistes qui ont parlé des plantes de l'Afrique intérieure ou occidentale fait présumer que la culture en est peu répandue sur ce continent. Au Japon * elle s'échappe quelquefois hors des endroits où on la cultive. Les graines mûrissent dans le midi de l'Europe ; mais la plante y est sans mérite, excepté comme fourrage^. \037Aucun auteur ne dit l'avoir trouvée à l'état spontané, en Asie ou en Afrique. Roxburgh ®, le plus attentif à ces sortes de ques- tions, après avoir parlé de sa culture, ajoute : « Je ne l'ai jamais vue sauvage. » Il distingue, sous le nom d*£leu$ine stricta^ une forme encore plus fréquemment cultivée dans l'Inde, qui parait une simple variété du Coracana^ et qu'il n'a également pas rencontrée nors des cultures. \037La patrie nous sera indiquée par d'autres moyens. \037Et d'abord les espèces du genre Eleusine sont plus nombreuses dans l'Asie méridionale que dans les autres régions tropicales. \0371. W. Hooker, Niger Flora, \0372. Schweinfurth et Ascherson, Aufz'dhlung, p. 299. \0373. Bon jardinier, 1880, p. 585. \0374. Franchet et Savatier, Enum, plant, Japon,, 2, p. 172. \0375. Bon jardinier^ ibid. \0376. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, vol. 1, p. 343. \037\035\013

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RIZ 309 \037Outre la plante cultivée, Royle * mentionne d'autres espèces dont les habitants pauvres de l'Inde recueillent les graines dans la campagne. \037D'après V Index de Piddington, il y a un nom sanscrit, Rajika, et plusieurs autres noms dans les langues modernes de l'Inde. Celui de Coracana vient du nom usité à Geylan, Kourakhan '. Dans l'archipel indien, les noms paraissent moins nombreux et moins originaux. \037En Egypte, la culture de cette espèce ne peut pas être ancienne. Les monuments de l'antiquité n'en indiquent aucune trace. Les auteurs gréco-romains, qui connaissaient le pays, n'en ont pas parlé, ni plus tard Prosper Alpin, Forskal, Delile. Il faut arriver à un ouvrage tout récent, comme celui de MM. Schweinfurth et Ascherson, pour trouver l'espèce mentionnée, etje ne puis même, découvrir un nom arabe ^. \037Ainsi toutes les probabilités botaniques, historiques et linguis- tiques concourent à démontrer une origine indienne. \037La flore de l'Inde anglaise, dont les Graminées n'ont pas encore paru, nous dira peut-être si l'on a trouvé la plante spon- tanée dans des explorations récentes. \037On cultive en Abyssinie une espèce très voisine, Ekusine Tocussa^ Fresenius *, plante fort peu connue, qui est peut-être originaire d'Afrique. \037Riz. — Oryza sativa, Linné. \037Dans la cérémonie instituée par l'empereur Ghin-Nong, 2800 ans avant Jésus-Christ, le Riz joue le rôle principal. C'est l'em- pereur régnant qui doit le semer lui-même, tandis que les quatre autres espèces sont ou peuvent être semées par les princes de sa famille ^. Les cinq espèces sont regardées par les Chinois comme indigènes, et il faut convenir que c'est bien probable pour le riz, vu son emploi général et ancien, dans un pays coupé de canaux et de rivières, si favorable aux plantes aquatiques. Les botanistes n'ont pas assez herborisé en Chine pour qu'on sache jusqu'à quel point le Riz s'y trouve hors des cultures; mais Loureiro ® l'a vu dans les marais de la Cochinchine. \037Rumphius et les auteurs modernes sur l'archipel indien l'in- diquent seulement comme cultivé. La multitude des noms et des variétés fait présumer une très ancienne culture. Dans l'Inde \0371. Royle, ///. Himal. plants, \0372. Thwaites, Enum. plant. ZeyL, p. 371. \0373. Plusieurs des synonymes et le nom arabe dans Linné, Delile, etc., s'appliquent au Dactyloctenium mgyptiacum, Willdenow, soit Eletisine .vgt/ptiaca, de quelques auteurs, qu'on ne cultive pas. \0374. Fresenius, Catal. sem, horti Franco f., 1834 ; Beitrage zur Flora Abyssin., p. 141. \037o. Stanislas Julien, dans Loiseleur, Consid, sur les céréales, part. 1, p. 29; Bretschneider, On the study and value of botanical chinese works, p. 8 et 9. 6. Loureiro, FI. cochinch., 1, p. 267. \037\035\013

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310 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037britannique, elle date au moins de l'invasion des Aryas, puisque le Riz a des noms en sanscrit, Vrihi, Arunya S d'où viennent plusieurs noms des langues modernes de Tlnde, et Oruza,^oii Oruzon des anciens Grecs, Rouz ou Arous des Arabes. Théo- \037f^hraste * a parlé du Riz comme cultivé dans llnde. Les Grecs 'avaient connu par l'expédition d'Alexandre. « D'après Aristo - bule, dit Strabon ^, le Riz croît dans la Bactriane, la Babylonie, la Suside, » et il ajoute : a Nous dirons, nous, dans la basse Syrie aussi. » Plus loin, il note que les Indiens s'en nourrissent et en tirent une sorte de vin. Ces assertions , douteuses peut-être pour la Bactriane, montrent une culture bien établie au moins depuis le temps d'Alexandre (400 ans avant Jésus-Christ) dans la région de l'Euçhratç, et depuis le commencement de notre .ère dans les endroits chauds et arrosés de la Syrie. L'Ancien Tes- tament n'a pas parlé du Riz; mais un auteur toujours exact et judicieux, L. Reynier *, a relevé dans les livres du Talmud plu- sieurs passages relatifs à sa culture. On est conduit par ces faits à supposer que les Indiens ont employé le Riz après les Chinois, et qu il s'est répandu vers l'Euphrate encore plus tard, anté- rieurement cependant à l'invasion des Aryas dans l'Inde. Depuis l'existence de cette culture en Babylonie, il s'est écoulé plus de mille ans jusqu'au transport en Syrie, et l'introduction en Egypte a suivi celle-ci, de deux ou trois siècles probablement. En effets il n'y a aucune indication du Riz dans les graines ou les peintures de 1 ancienne Egypte ^ Strabon, qui avait vu ce pays, comme la Syrie, ne dit pas que le Riz fût cultivé de son temps en Egypte, mais que les Garamantes ® le cultivaient, et ce peuple est consi- déré comme ayant habité une oasis au midi de Garthage. L'avaient-ils reçu de Syrie? C'est possible. En tout cas, l'Egypte ne pouvait pas tarder à posséder une culture si bien appropriée à ses conditions particulières d'arrosement. Les Arabes ont introduit l'espèce en Espagne, comme l'indique le nom espagnol Arroz. Les premières cultures de Riz en Italie datent de 1468, près de Pise ^. Celles de la Louisiane sont modernes. \037Lorsque j'ai présumé la culture moins ancienne dans l'Inde qu'en Chine, je n'ai pas entendu (jue la plante n'y fût pas spontanée. Elle appartient à une famille où les habitations des \0371. Piddington, Index; Hehn, Culturpflanzen, éd. 3, p. 437. \0372. Theopnrastes, HisL, L 4, c. 4, 10. \0373. Strabon, Géographie, trad. de Tardieu, 1. 13, c. 1, § 18; 1. lo, c. 1, § 53. . \0374. Reynier, Economie des Arabes et des Juifs (1820), p. 450; Economie publique et rurale des Egyptiens et des Carthaginois (1823), p. 324. \0375. Unger n'en cite aucune. M. S. Birch, en 1878, a mis une note dans l'ouvrage de Wilkinson, Manners and customs of the ancient Eayptians, 2, p. 402, pour dire : « On n'a aucune preuve de la culture du riz, aont on n'a pas trouvé de graines. » \0376. Reynier^ /. e. \0377. Targiom, Cennij p. 24. \037\035\013

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MAÏS 311 \037espèces sont étendues, et en outre les plantes aquatiques ont ordinairement de plus vastes habitations que les autres. Le Riz existait peut-être avant toute culture dans TAsie méridionale, de la Chine au Bengale, comme Tindique la diversité des noms dans les langues monosyllabiques des peuples entre Tlnde et la Chine *. On l'a trouvé hors des cultures dans plusieurs localités de rinde. Roxburgh * l'affirme. Il raconte que le Riz sauvage, appelé Newaree par les Telingas, croit en abondance aux bords des lacs dans le pays des Gircars. Le grain en est recherhé par les riches Indous ; mais on ne le sème pas, parce qu'il est peu productif. Roxburgh ne doute pas que ce ne soit la plante origi- nelle. Thomson * a recueilli un Riz sauvage à Moradabad, dans la province de Dehli. Les raisons historiques appuient Tidée que ces échantillons sont indigènes. Sans cela, on pourrait les sup- poser un effet de la culture habituelle de l'espèce, d'autant plus qu'on a des exemples de la facilité avec laquelle le Riz se sème et se naturalise dans les pays chauds et humides \ Toutefois la combinaison des indices historiques et des probabilités botani- ques tend à faire admettre pour llnde une existence antérieure à la culture. -^- \037Maïs. — Zea Mays^ Linné. \037« Le Maïs est originaire d'Amérique et n'a été introduit dans l'ancien monde que depuis la découverte du nouveau. Je regarde ces deux assertions comme positives, malgré l'opinion contraire de quelques auteurs et le doute émis par le célèbre agronome Bonafous, auquel nous devons le traité le plus complet sur le Maïs ^. » C'est ainsi que je m'exprimais en 1855, après avoir déjà combattu l'idée de Bonafous au moment de la publication de son ouvrage ^. Les preuves se sont renforcées depuis, en fa- veur de l'origine américaine. Cependant on a fait des tentatives dans un sens opposé, et, comme le nom de Blé de Turquie entre- tient une erreur, il est bon de reprendre la discussion avec de nouveaux documents. \037Personne ne conteste que le Maïs était inconnu en Europe du temps de l'empire romain, mais on a prétendu qu'il avait été apporté d'Orient, au moyen âge. L'argument principal reposait sur une charte du xiii^ siècle, publiée par Molinari ^, d'après \0371. Crawfurd, dans Jommal of botany, 1866, p. 324. \0372. Roxburgh, FI. ind,, éd. 1832, v. 2, p. 200. \0373. D'après Aitchison, Catal. Punfab, p. 137. \0374. Nées, dans Martius, FI, brasiL, in-8% 2, p. 518; Baker, FL of Mauri- tins, p. 458. \0375. Bonafous, Hist. nût. agric. et économique du Maïs, un vol. in-folio, Paris et Turin, 1836. \0376. A. de Candolle, Bibliothèque univef^selle de Genève ^ août 1836 ; Géogr. bot, raisonnée, p. 942. \0377. Molinari, Storia d'Incisa, Asti, 1810. \037\035\013

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312 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037laquelle deux croisés, compagnons d'armes de Boniface III, mar- quis de Monferrat, auraient donné en 1204, à la ville d'Incisa, \037un morceau de la vraie croix plus une bourse contenant une \037sorte de grains de couleur d'or et en partie blancs, inconnus dans le pays, qu'ils rapportaient d'Anatolie, où ils s'appelaient Meliga^ etc. L'historien des croisades, Michaux, et ensuite Daru et de Sismondi, ont beaucoup parlé de cette charte; mais le bo- taniste Delile, ainsi que Targioni-Tozzetti et Bonafous lui-même ont pensé qu'il s'agissait de quelque Sorgho et non du Mais. Ces vieilles discussions sont devenues risibles, car M. le comte Riant * a découvert que la charte d'Incisa est une pure fabrication d'un imposteur du siècle actuel! Je cite cet exemple pour montrer combien les érudits, qui ne sont pas naturalistes, peuvent se tromper dans l'interprétation des noms de plantes, et aussi com- bien il est dangereux dans les questions historiques de s'appuyer sur une preuve isolée. \037Les noms de Blé de Turquie^ Blé turc donnés au Maïs dans presque toutes les langues modernes d'Europe ne démontrent pas mieux que la charte dlncisa une origine orientale. Ce sont des noms aussi faux que celui du Coq d'Inde, en anglais Turkey, donné à un oiseau venu d'Amérique. Le Maïs a été appelé en Lorraine en dans les Vosges Blé de Borne, en Toscane Blé de Si- cile, en Sicile Blé d'Inde, dans les Pyrénées Blé d Espagne^ en Provence Blé de Barbarie ou de Guinée, Les Turcs le nomment Blé d'Egypte, et les Egyptiens Dourah de Syrie. Dans ce dernier cas, cela prouve au moins qu'il n'est ni d'Egypte ni de Syrie. Le nom si répandu de Blé de Turquie date du xvi* siècle. Il est venu d'une erreur sur l'origine de la plante, entretenue peut- être par les houppes qui terminent les épis de Maïs, qu'on aurait comparées à la barbe des Turcs, ou par la vieueur de la plante, qui motivait une expression analogue à celle de « fort comme un Turc ». Le premier botaniste chez lequel on trouve le nom de Blé turc est Ruellius ^ en 1536. Bock ou Tragus ', en 1552, après avoir donné une figure de l'espèce, qu'il nomme Frumen- tum turcicum, Welschkom des Allemands, ayant appris par des marchands qu^elIe venait de l'Inde, eut l'idée malheureuse de supposer que c'était un certain Typha de Bactriane, dont les anciens avaient parlé vaguement. Dodoens en 1583, Camerarius en 1588 et Matthiole * rectifièrent ces erreurs et affirmèrent positivement l'origine américaine. Ils adoptèrent le nom de May s, qu'ils savaient américain. \0371. Riant, La charte d'Incisa, broch. in-8», 1877, tirée à part de la Revue des questions historiques, \0372. Ruelliup, De natura stirpium, p. 428 : « Hanc quoniam nostrorum setate e Graecla vel Asia venerit Turcicum frumentum nominant. » Fuch- siu9, p. 824, répète cette phrase, en 1543. \0373. Tragus, Stirpium, etc., éd. 1552, p. 650. \0374. Dodoens, Pemptades, p. 509; Camerarius, Hort,, p. 94; Matthiole, éd. 1570, p. 305. \037\035\013

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MAÏS 313 \037Nous avons vu (p. 291) que le Zea des Grecs était TEpeautre. Bien certainement les anciens n'ont pas connu le Maïs. Les voya- geurs * qui décrivirent les premiers les productions du nouveau monde turent très surpris à sa vue, preuve évidente qu'ils ne Tavaient pas connu en Europe. Hernandez *, parti d'Europe en 1571, suivant les uns, en 1593, suivant d'autres^, ne savait pas qu'à Seville, dès l'année 1500, on avait reçu beaucoup de graines de Maïs pour le mettre en culture. Le fait, attesté par Fée, qui avait vu les registres de la municipalité *, montre bien l'origine américaine, en raison de laquelle Hernandez trouvait le nom de blé de Turquie très mauvais. \037On dira, peut-être, que le Maïs, nouveau pour l'Europe au XVI® siècle, existait quelque part en Asie ou en Afrique avant la découverte de l'Amérique? Voyons ce qu'il faut en penser. \037Le célèbre orientaliste d'Herbelot ^ avait accumulé plusieurs erreurs, relevées par Bonafous et moi-même, au sujet d'un pas- sage de l'historien persan Mirkoud, du xv® siècle, sur une céréale que Rous, fils de Japhet, aurait semée sur les bords de la mer Caspienne et qui serait le Blé de Turquie des modernes. Il ne vaut pas la peine de s'arrêter à ces assertions d'un savant qui n'avait pas eu l'idée de consulter les ouvrages des botanistes de son époque ou antérieurs. Ce qui est plus important, c'est le silence absolu, au sujet du Maïs, des voyageurs qui ont visité l'Asie et l'Afrique avant la découverte de l'Amérique ; c'est aussi l'absence de nom hébreu ou sanscrit pour cette plante ; et enfin que les monuments de l'ancienne Egypte n'en présentent aucun échantillon ou dessin ^. Rifaud, il est vrai, a trouvé une fois un épi de Maïs dans un cercueil de Thèbes, mais on croit que c'est l'effet de quelque supercherie d'Arabe. Si le Maïs avait existé dans l'ancienne Egypte, il se verrait dans tous les monu- ments et aurait été lié à des idées religieuses, comme les autres plantes remarquables. Une espèce aussi facile à cultiver se serait répandue dans les pays voisins. La culture n'aurait pas été aban- donnée, et nous voyons, au contraire, que Prosper Alpin, visitant l'Egypte en 1592, n'en a pas parlé, et que Forskal ', à la fin du XVIII® siècle, mentionnait le Maïs comme encore peu cultivé en Egypte, où il n'avait pas reçu un nom distinct des Sorghos. Ebn Baithar, médecin arabe du xiii* siècle, qui avait parcouru les pays situés entre l'Espagne et la Perse, n'indique aucune plante qu on puisse supposer le Maïs. \0371. P. Martyr, Èrcilla, Jean de Lery, etc., de 1516 à 1578. \0372. Hemanaez, Thés, mexic, p. 242. \0373. Lasègue, Musée Delessert, p. 467. \0374. Fée, Souvenirs de la guette (jCEspagne^ p. 128. \0375. Bibliothèque orientale^ Paris, 1697, au mot Rocs. \0376. Kunth, Ann. se. nat., sér. 1, vol. 8, p. 418 ; Raspail, ibid, ; Unger,* Pflanzen des alten JEgyptens; A. Braun, Pflanzenreste xgypt Mus, in Berlin; WilkinsoD, Manners' and customs of ancient Egyptians, \0377. Forskal, p. LUI. \037\035\013

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3i4 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037J. Crawfurd *, après avoir vu le Maïs généralement cultivé dans Tarchipel indien, sous un nom, Jarung^ qui lui paraissait indi- gène, a cru l'espèce originaire de ces îles. Mais alors comment Rumphius n'en aurait-il pas dit un mot? Le silence d'un pareil auteur fait présumer une introduction depuis le xvii® siècle. Sur le continent indien, le Maïs était si peu répandu dans le siècle dernier, que Roxburgh * écrivait dans sa flore, publiée longtemps après avoir été rédigée : « Cultivé dans différentes parties de l'Inde dans les jardins et seulement comme objet de luxe; mais nulle part sur le continent indien comme objet de culture en grand. » Nous avons vu qu'il n'y a pas de nom sanscrit. \037En Chine, le Maïs est fréquemment cultivé aujourd'hui, en particulier , autour de Péking , depuis plusieurs générations d'hommes ^, quoique la plupart des voyageurs du siècle dernier n'en aient fait aucune mention. Le D"^ Bretschneider, dans son opuscule de 1870, n'hésitait pas à dire que le Maïs n'est pas originaire de Chine ; mais quelques mots de sa lettre de 1881 me font penser qu'il attribue maintenant de l'importance à un ancien auteur chinois dont Bonafous et après lui MM. Hance et Mayers ont beaucoup parlé. Il s'agit de l'ouvrage de Li-chi-Tchin intitulé Phen-thsaO'Kang'Mou , ou Pên-tsao-kiing-mu , espèce de traité d'histoire naturelle, que M. Bretschneider * dit être de la fin du XVI® siècle. Bonafous précise davantage. Selon lui, il a été terminé en 1578. L'édition qu'il en avait vue, dans la biblio- thèque Huzard, est de 1637. Elle contient la figure du Maïs, avec le caractère chinois. Cette planche est copiée dans l'ouvrage de Bonafous, au commencement du chapitre suy la patrie du Maïs. Il est évident qu'elle représente la plante. Le D*" Hance ^ paraît s'être appuyé sur des recherches de M. Mayers, d'après lesquelles d'anciens auteurs chinois prétendent que le Maïs aurait été im- porté de Sifan (Mongolie inférieure, à l'ouest de la Chine), long- temps avant la fin du quinzième siècle, à une date inconnue. Le mémoire contient une copie de la figure du Pên-tsa-kung-mu, auquel il attribue la date de 1597. \037L'importation par la Mongolie est tellement invraisemblable qu'il ne vaut pas la peine d'en parler, et, quant à l'assertion principale de l'auteur chinois, il faut remarquer les dates ou in- certaines ou tardives qui sont indiquées. L'ouvrage a été ter- miné en 1578, selon Bonafous, et selon Mayers en 1597. Si cela est vrai, surtout si la seconde de ces dates est certaine, on peut admettre que le Maïs aurait été apporté en Chine depuis la dé- \0371. Crawfurd, History of the indian archipelago, Edinburgh, 1820, vol. 1 ; Journal of bot., 1866, p. 326. \0372. Roxburgh, Flora indica, éd. de 1832, vol. 3, p. 568. \0373. Bretschneider, On study and value^ etc. y p. 7, 18. \0374. Bretschneider, /. c, p. 50. \0375. L'article est dans le Pharmaceutical journal de 1870. Je ne le connais que par un court extrait, dans Seemann, Journal of botany, 1871, p. 62. \037\035\013

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MAÏS 315 \037couverte de l'Amérique. Les Portugais sont venus à Java en 1496 *, c'est-à-dire quatre années après la découverte de TAmé- rique, et en Chine dès l'année 1516 *. Le voyage de Magellan de TAmérique australe aux îles Philippines a eu lieu en 1520. Pendant les 58 ou 77 années entre 1516 et les dates attribuées aux éditions de l'ouvrage chinois, des graines de Maïs ont pu être portées en Chine par des voyageurs venant d'Amérique ou d'Europe. Le D' Bretschneider m'écrivait récemment que les Chinois n'ont point eu connaissance du nouveau monde avant les Européens, et que les terres situées à l'orient de leur pays, dont il est quelquefois question dans leurs anciens ouvrages, étaient le Japon. Il avait déjà cité l'opinion d'un savant chinois que l'introduction du Maïs près de Peking date des derniers temps de la dynastie Ming, laquelle a fini en 1644. Voilà une date qui s'accorde avec les autres probabilités. \037L'introduction au Japon est probablement plus tardive, puis- que Ksempfer n'a pas mentionné l'espèce ^. \037D'après cet ensemble de faits, le Maïs n'était pas de l'ancien monde. Il s'y est répandu rapidement après la découverte de l'Amérique, et cette rapidité même achève de prouver que, s'il avait existé quelque part, en Asie ou en Afrique, il y aurait joué depuis des milliers d'années un rôle très important. \037Nous allons voir en Amérique des faits qui contrastent avec ceux-ci. \037Au moment de la découverte de ce nouveau continent, le Maïs était une des bases de son agriculture, depuis la région de la Plata jusqu'aux Etats-Unis. Il avait des noms dans toutes les lan- gues *. Les indigènes le semaient autour de leurs demeures tem- poraires, quand ils ne formaient pas une population agglomérée. Les sépultures appelées mounds des indigènes de l'Amérique du Nord antérieurs à ceux de notre temps, les tombeaux des Incas, les catacombes du Pérou renferment des épis ou des grains de Maïs, de même que les monuments de l'ancienne Egypte des grains d'Orge, de blé ou de Millet. Au Mexique, une déesse qui portait un nom dérivé de celui du Maïs (Cinteutl, de Cintli), était comme la Cérès des Grecs, car elle recevait les prémices de la récolte du Maïs, comme la déesse grecque de nos céréales. A Ciisco, les vierges du soleil préparaient du pain de Maïs pour les sacrifices. Rien ne montre mieux l'antiquité et la généralité de la culture d'une plante que cette fusion intime avec les usages religieux d'anciens habitants. Il ne faut cependant pas attribuer à ces indications en Amérique la même importance que dans notre aiîcien monde. La civilisation des Péruviens, sous les \0371. Rumphins, Amboyn,, vol. 5, p. 525. \0372. Malte-Brun, Géographie j 1, p. 493. \0373. Une plante gravée sur une ancienne arme que Siebold avait prise pour le Mais est un Sorgho, d'après Rein, cité par Wittmack, Ueh. antiken Mats. \0374. Voir Martius, Beitràge zur Ethnographie Amerika's, p. 127. \037\035\013

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316 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Incas, et celle des Toltecs et Atztecs au Mexique ne remontent pas à l'antiquité extraordinaire des civilisations de la Chine, de la Chaldée et de l'Egypte. Elle date tout au plus des commen- cements de l'ère chrétienne ; mais la culture du Maïs est plus ancienne que les monuments , d'après toutes les variétés de l'espèce qui s'y trouvaient et leur dispersion dans des régions fort éloignées. \037Voici une preuve plus remarquable d'ancienneté découverte par Darwin. Cet illustre savant a trouvé des épis de Maïs et 18 espèces de coquilles de notre époque enfouis dans, le terrain d'une plage du Pérou, qui est maintenant à 85 pieds au moins au-dessus de la mer *. Ce Maïs n'était peut-être pas cultivé, mais dans ce cas ce serait encore plus intéressant comme indication •de l'origine de l'espèce. \037Quoique l'Amérique ait été explorée par un grand nombre de botanistes, aucun n'a rencontré le Maïs dans les conditions d'une plante sauvage. \037Auguste de Saint-Hilaire ' avait cru reconnaître le type spon- tané dans une forme singulière dont chaque grain est caché en dedans de sa bâle ou bractée. On la connaît à Buenos-Ayres, sous le nom de Pinsigallo. C'est le Zea Mavs tunicata de Saint- Hilaire, que Bonafous a ûguré dans sa planche 5 bis, sous le nom de Zea cryptosperma, Lindley ^ en a aussi donné une des- cription et une figure, d'après des graines venues, disait-on, des montagnes Rocheuses, origine qui n'est pas confirmée par les flores récemment publiées de Californie. Un jeune Guarany, né dans le Paraguay ou sur ses frontières, avait reconnu ce Maïs et dit à Saint-Hilaire qu'il croissait dans les forêts humides de son pays. Comme preuve d'indigénat, c'est très insuffisant. Au- cun voyageur, à ma connaissance, n'a vu cette plante au Pa- raguay ou au Brésil. Mais, ce qui est bien intéressant, on l'a cultivée en Europe, et il a été constaté qu'elle passe fréquem- ment à l'état ordinaire du Maïs. Lindley 1 avait observé après deux au trois années seulement dcaculture, et le professeur von Radie a obtenu d'un même semis 225 épis de la forme tunicata et 105 de forme ordinaire, à grains nus *. Evidemment cette forme, qu'on pouvait croire une véritable espèce, mais dont la patrie était cependant douteuse, est à peine une race. C'est une des innombrables variétés, plus ou moins héréditaires, dont les bo- tanistes les plus accrédités ne font qu'une seule espèce, à cause de leur peu de fixité et des transitions qu'elles présentent fré- quemment. \037Sur l'état du Zea Mays et sur son habitation en Amérique, \0371. Darwin, Variations of animais and plants under domestication, 1, p. 320. \0372. A. de Saint-Hilaire, Ann, se, nat., 16, p. 143. \0373. Lindley, Journal ofthe hortic* Society, \, p. 114. \0374. Je cite ces faits d'après Wittmack, Ueber antiken Mats ans Nord tmd Sied Amerika, p. 87, dans Berlin, anthropolog, Ges,, 10 nov. 1879. \037\035\013

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MAÏS 317 \037avant que l'homme se fût mis à le cultiver, on ne peut faire que des conjectures. Je les énoncerai, selon ma manière de voir, parce qu'elles conduisent pourtant à certaines indications pro- bables. \037Je remarque d'abord que le Maïs est une plante singulière- ment dépourvue de moyens de dispersion et de protection. Les graines se détachent dfifficilement de Tépi, qui est lui-même enveloppé. Elles n'ont aucune aigrette ou aile dont le vent puisse s'emparer. Enfin, quand l'homme ne recueille pas Tépi, elles tombent enchâssées dans leur gangue, appelée rafle, et alors les rongeurs et autres animaux doivent les détruire en qualité, d'autant mieux qu'elles ne sont pas assez dures pour traverser intactes les voies digestives. Probablement, une espèce aussi mal conformée devenait de plus en plus rare, dans quelque région limitée, et allait s'éteindre, lorsqu'une tribu errante de sauvages, s'étant aperçue de ses qualités nutritives, Ta sauvée de sa perte en la cultivant. Je crois d'autant plus à une habitation naturelle restreinte que l'espèce est unique, c'est-à-dire qu'elle constitue ce qu'on appelle un genre monotype. Evidemment les genres de \037Eeu d'espèces et surtout les monotypes ont, en moyenne, une abitation plus étroite que les autres. La paléontologie ap- prendra peut-être un Jour s'il a existé en Amérique plusieurs Zea ou Graminées analogues, dont notre Maïs serait le dernier. Au temps actuel le genre Zea, non seulement est monotype, mais encore est assez isolé dans sa famille. On peut mettre à côté de lui un seul genre, Euchlxna^ de Schrader, dont une espèce est au Mexique et l'autre à Guatemala, mais c'est un genre bien particulier et sans transitions avec le Zea. \037M. Wittmack a fait des recherches curieuses pour deviner quelle variété du Maïs représente, avec une certaine probabilité, la forme d'une époque antérieure aux cultures. Dans ce but, il a comparé des épis et des grains extraits des Mounds de l'Améri- que du Nord , et des tombeaux du Pérou. Si ces monuments avaient montré une seule forme de Maïs, le résultat aurait été significatif; mais il s'est trouvé plusieurs variétés difiTérentes, soit dans les Mounds, soit au Pérou. Il ne faut pas s'en étonner. Ces monuments ne sont pas très anciens. Le cimetière d'Ancon, au Pérou, dont M. Wittmack a obtenu les meilleurs échan- tillons, est à peu près contemporain de la découverte de l'Amé- rique *. Or, à cette époque, le nombre des variétés était déjà considérable, selon tous les auteurs, ce qui prouve une culture beaucoup plus ancienne. \037Des expériences dans lesquelles on sèmerait, plusieurs années \037i. Rochebrune, Recherches ethnographiques sur les sépultures péruviennes d'Ancon, d'après un extrait par Wittmack, dans Uhlworm, Bot, Central- àlatt, 1880, p. 1633, où Ton voit que le cimetière a servi avant et depuis la découverte de rÂmérique. \037\035\013

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318 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037de suite, des variétés de Maïs, dans des terrains non cultivés, montreraient peut-être un retour à quelque forme commune, qu'on pourrait alors considérer comme la souche. Rien de pareil n'a été fait. On a seulement observé que les variétés sont peu stables, malgré leur grande diversité. \037Quant à l'habitation de la forme primitive inconnue, voici les raisonnements qui peuvent la faire entrevoir jusqu'à un certain point. \037Les populations agglomérées n'ont pu se former que dans les pays où se trouvaient naturellement des espèces nutritives faciles à cultiver. La pomme de terre, la batate et le maïs ont joué sans doute ce rôle en Amérique, et les grandes popula- tions de cette partie du monde s'étant montrées d'abord dans les régions situées à une certaine élévation, du Chili au Mexique, c'est là probablement que se trouvait le Maïs sauvage. Il ne faut pas chercher dans les régions basses, telles que le Paraguay, les bords du fleuve des Amazones, ou les terres chaudes de la Guyane, de Panama et du Mexique, puisque leurs habitants étaient jadis moins nombreux. D'ailleurs les forêts ne sont nulle- ment favorables aux plantes annuelles, et le Maïs ne prospère que médiocrement dans les contrées chaudes et humides où l'on cultive le Manioc *. \037D'un autre côté, sa transmission, de proche en proche, est plus facile à comprendre si le point de départ est supposé au centre que si on le place àl'unedesextrémitésderétendue dans laquelle on cultivait l'espèce du temps des Incas et des Toltecs, ou plu- tôt des Mayas, Nahuas et Ghibchasqui les ont précédés. Les mi- grations des peuples n'ont pas marché régulièrement du nord au midi ou du midi au nord. On sait qu'il y en a eu dans des sens divers, selon les époques et les pays *, Les anciens Péruviens avaient à peine connaissance des Mexicains et vice versa^ comme le prouvent leurs croyances et des usages extrêmement diffé- rents. Pour qu'ils aient cultivé de bonne heure, les uns et les autres, le Maïs, il faut supposer un point de départ intermé- diaire ou à peu près. J'imagme que la Nouvelle-Grenade répond assez bien à ces conditions. Le peuple appelé Ghibcha, qui occu- pait le plateau de Bogota lors de la conquête par les Espagnols et se regardait comme autochtone, était cultivateur. Il jouissait d'un certain degré de civilisation, attesté par des monuments que l'on commence à explorer. C'est peut-être lui qui possédait le Maïs et en avait commencé la culture. Il touchait d'un côté aux Péruviens, encore peu civilisés, et de l'autre aux Mayas, qui \0371. Sagot, Culture des céréales de la Guyane française {Journal de la Soc. centr. a/hortic, de France, 1872, p. 94). \0372. M. de Nadaillac, dans son ouvrage intitulé Les premiers hommes et les temps préhistoriques, donne un abrégé du peu que ton sait aujourd'hui sur ces mi^ations et en général sur les anciens peuples d'Amérique. Voir en particulier le vol. 2, chap. 9. \037\035\013

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PAVOT 319 \037occupaient l'Amérique centrale et le Yucatan. Ceux-ci eurent souvent des conflits du côté du nord avec les Nahuas, prédé- cesseurs au Mexique des Toltecs et des Aztecs. Une tradition porte que Nahualt, chef des Nahuas, enseignait la culture du Maïs K \037Je n'ose pas espérer qu'on découvre du Maïs sauvage, quoi- que son habitation préculturale fût probablement si petite que les botanistes ne l'ont peut-être pas encore rencontrée. L'espèce est tellement distincte de toutes les autres et si apparente que les indigènes ou des colons peu instruits l'auraient remarquée et en auraient parlé. La certitude sur l'origine viendra plutôt de découvertes archéologiques. Si l'on étudie un plus grand nombre d'anciens monuments dans toutes les parties de l'Amérique, si l'on parvient à déchiffrer les inscriptions hiéroglyphiques de quelques-uns d'entre eux, et si l'on arrive à connaître les dates des migrations et des faits économiques, notre hypothèse sera justifiée, modifiée ou renversée. \037\035\013Article %. — Graine» serTant à divers asaice». \037Pavot. — Papaver somniferum^ Linné. \037On cultive le Pavot ordinairement pour l'huile, dite huile d^œillette, produite par les graines, et quelquefois, surtout en Asie, pour le suc, qu'on extrait en incisant les capsules et qui fournit l'opium. \037La forme cultivée depuis des siècles séchappe facilement hors des cultures, ou se naturalise à peu près dans certaines localités du midi de l'Europe *. On ne peut pas dire qu'elle existe à l'état vraiment sauvage, mais les botanistes s'accordent à la consi- dérer comme une modification du Pavot appelé Papaver seti- gerum, qui est spontané dans la région de la mer Méditerranée, notamment en Espagne, en Algérie, en Corse, en Sicile, en Grèce et dans l'île de Chypre. On ne l'a pas rencontré dans l'Asie orientale ^ ; par conséquent, si c'est bien l'origine de la forme cultivée, la culture doit avoir commencé en Europe ou dans l'Afrique septentrionale. \037A l'appui de cette réflextion, il se trouve que les lacustres de l'âge de pierre, en Suisse, cultivaient un Pavot qui se rapproche plus du P, setigerum que du somniferum. M. Heer * n'a pas pu découvrir ses feuilles, mais la capsule est surmontée de huit stig- \0371. De Nadaillac, 2, p. 69, qui cite l'ouvrage classique de Bancroft, The native races of the Pacific staies, \0372. Willkomm et Lange, Prodr, fi. hisp», 3, p. 872. \0373. Boissier, FI, orient; Tchihatcheff, Asie mineure; Ledebour, FI. rossica, et autres. \0374. Heer, Pfianzen der Pfahlbauten, p. 32, fig. 65, 66. \037\035\013

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320 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037mates, comme dans le setlgerum, et non de 10 à 12, comme dans le Pavot cultivé. Cette dernière forme, inconnue dans la nature, paraît donc s'être manifestée plus tanl, dans les temps histori- ques. \037On cultive encore le P. setigerum dans le nord de la France, conjointement avec le somniferum^ pour l'huile d'oeillette *. \037Les anciens Grecs connaissaient très bien le Pavot cultivé. Homère, Théophraste et Dioscoride en ont parlé. Ils n'igno- raient pas les propriétés somnifères du suc , et Dioscoride - mentionne déjà la variété à graines blanches. Les Romains cul- tivaient le Pavot avant l'époque répubUcaine, comme le prouve 1 anecdote sur Tarquin. Ils en mêlaient les graines avec la farine dans la panification. \037Les Egyptiens, du temps de Pline ', se servaient du suc de pavot comme médicament, mais nous n'avons aucune preuve \037Sue cette plante ait été cultivée en Egypte plus anciennement *. ans le moyen âge ^ et aujourd'hui, c'est une des principales cul- tures de ce pays, en particulier pour l'opium. Les livres hé- breux ne mentionnent pas l'espèce. D'un autre côté, il existe un ou deux noms sanscrits. Piddigton indique Chosa et Adolphe Pictet Khaskhasa^ qui se retrouve, dit-il, dans le persan Chash- châsh^ Tarménien Chashchash et l'arabe ®. Un autre nom persan est Kouknar ^. Ces noms et d'autres que je pourrais citer, très différents du Maikôn (Mtjxwv) des Grecs, sont un indice de l'ancienneté d'une culture répandue en Europe et dans l'Asie occidentale. Si l'espèce a été cultivée, dans un temps préhisto- rique, d'abord en Grèce, comme cela paraît probable, elle a pu se répandre vers l'est avant l'invasion des Aryens dans l'Inde ; mais il est singulier qu'on n'ait pas de preuve de son extension en Palestine et en Egypte avant l'époque romaine. Il est possi- ble encore qu'en Europe on ait cultivé premièrement la forme sauvage appelée Papaver setigerum^ usitée par les lacustres de Suisse, et que la forme des cultures actuelles soit venue de l'Asie Mineure, où l'espèce était cultivée il y a au moins trois mille ans. Ce qui peut le faire supposer, c'est l'existence du nom grec Maikôn, en dorien Makon, dans plusieurs langues slaves et des peuples au midi du Caucase, sous la forme de Mack *. \037La culture du Pavot a augmenté, de nos jours, dans l'Inde, à cause de l'exportation de 1 opium en Chine, mais les Chinois \0371. De Lauessan, dans la tradnctîon de Flûckiger et Uaobury, Histoire des (it'ùgues d*oriaine végétale, 1, p. 129. \0372. Dioscoriaes, Hist, plant, A. 4, c. 65. \0373. Pline, HisL plant,, 1. 20, c. 18. \0374. Unger, Die Pflanxe als Erregungs uftd Betaùbungsmittel^ p. 47 ; Die Pflanzen des alten ^Egyptens, p. 50. \0375. Ebn Baithar, trad. ailein., 1, p. 64. \0376. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 3, toI. 1, p. 366. \0377. Ainslies, Mat, med. indica, i, p. 326. \0378. Nemnich, PolygL Lexicon, p. 848. \037\035\013

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PAVOT 321 \037cesseront bientôt de chagriner les Anglais en leur achetant ce poison, car ils se mettent à le produire avec ardeur. Plus de la moitié de leur territoire cultive actuellement le Pavot*. L'espèce n'est nullement spontanée dans les régions orientales de l'Asie, et même, pour ce qui est de la Chine, la culture n'en est pas an- cienne ^. \037Le nom Opium, appliqué au médicament tiré de la capsule, remonte aux auteurs grecs et latins. Dioscoride écrivait Opos (Otco;). Les Arabes en ont îaii A fiun ^ et l'ont propagé dans rOrient, jusqu'en Chine. \037MM. Fliickiger et Hanbury * ont donné des détails très développés et intéressants sur l'extraction, le commerce et l'emploi de l'opium dans tous les pays, en particulier en Chine. Cependant je présume que nos lecteurs- liront avec plaisir les fragments qui suivent de lettres de M. le D^ Bretschneider, datées de Péking, 23 août 1881, 28 janvier et 18 juin 1882. Elles don- nent les renseignements les plus certains que les livres chinois, bien interprétés, puissent fournir. \037« L'auteur du Pent-sao-kang-mou, qui écrivait en 1552 et 1578, donne quelques détails concernant le a-fou-yong (c'est Afioun, Opium), drogue étrangère produite par une espèce de Ying sou à fleurs rouges dans le pays de Tien fang (l'Arabie) et employée récemment comme médicament en Chine. Du temps de la dynastie précédente (mongole, 1280-1368), on n'avait pas beaucoup entendu parler du a-fou-yong. L'auteur chinois donne quelques détails sur l'extraction de l'Opium dans son pays natal, mais ne dit pas qu'il soit aussi produit en Chine. Il ne parle pas non plus de l'habitude de le fumer. — Dans le Descriptive Dictionary of the Indian Islands by Crawfurd, p. 312, je trouve le passage suivant : « The earliest account we bave of the use of Opium, not only from the Archipelago, but also for India and China, is by the faithful and intelligent Barbosa ^. He writes the word amfiam, and in bis account of Malacca, enume- rates it among the articles brought by the Moorish and gentile merchants of Western India, to exchange for the cargos of Chi- nese junks. » \037« Il est difficile de fixer d'une façon exacte l'époque à laquelle les Chinois commencèrent à fumer l'Opium et à cultiver le Pavot qui le produit. Comme je l'ai dit, il y a beaucoup de confusion à propos de cette question, et pas seulement les auteurs euro- péens, mais aussi les Chinois de nos jours appliquent le nom de \0371. Martin, dans J5m//. Soc. d'acclimatation, 1872, p. 200. \0372. Sir J. Hooker, Flora of bvitish India, 1, p. 117 ; Bretschneider, Study and value f etc., 47. \0373. Ebn Baithar, 1, p. 64. \0374. Flûckiger et Hanbury, Histoire des drogues d'origine végétale, traduc- tion française, 2 vol. in-8, 1878, vol. 1, p. 97-130. \0375. Barbosa publia son ouvrage en 1516. \037De Candolle. 21 \037\035\013

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322 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Ying sou aussi bien au P. somnifei^m qu'au P. Rhœas, Le P, somniferum^ à présent, est largement cultivé dans toutes les provinces de Tempire chinois et aussi en Mantchourie et en Mon- golie. Williamson yJow^neys in North China, Manchuria^ Mon- Qolia, 1868, 2, p. 65) Ta vu cultivé partout en Mantchourie. On lui racontait que la culture du Pavot rapporte deux fois plus que celle des céréales. Potanin, voyageur russe, qui visita en 1876 la Mongolie septentrionale, a vu d'immenses plantations de Pavot dans la vallée de Kiran (entre 47** et 48« lat.). Gela effraie beaucoup le gouvernement chinois et encore plus les An- glais, qui craignent la concurrence du « native opium ». \037« Vous n'ignorez pas probablement que dans l'Inde et en Perse on mange l'opium, mais on ne le fume pas. L'habitude de fumer cette drogue paraîtrait une invention chinoise et qui n'est pas ancienne. Rien ne prouve que les Chinois aient fumé l'opium avant le milieu du siècle passé. Les missionnaires jé- suites en Chine aux dix-septième et dix-huitième siècles n'en parlent pas. Seul le Père d'Incarville dit, en 1750, que la vente de l'opium est défendue, parce que souvent on en fait usage pour s'empoisonner. \037« Deux édits défendant de fumer l'opium datent d'avant 1730, et un autre, de 1796, parle des progrès du vice en question. Don Sinibaldo de Mas, qui a publié en 1858 un très bon livre sur la Chine, pays qu'il avait habité pendant de longues années en qualité de ministre d'Espagne, prétend que les Chinois ont pris cette habitude du peuple d'Assam, dans le pays où on le fumait depuis longtemps. » \037Une aussi mauvaise habitude est faite pour se répandre ,^ comme l'absinthe et le tabac. Elle s'introduit peu à peu dans les pays qui ont des rapports fréquents avec la Chine. Souhai- tons qu'elle ne gagne pas une proportion aussi forte que chez les habitants d'Amoy, par exemple, où les fumeurs d'opium consti- tituent le chiffre de 15 à 20 0/0 de la population adulte *. \037Rocou. — Bixa Orellana^ Linné. \037La matière tinctoriale appelée Rocou en français, Arnotto en anglais, se tire d'une pulpe de la partie extérieure des graines. \037Les habitants des Antilles, de l'isthme de Darien et du Brésil s'en servaient, à l'époque de la découverte de l'Amérique, pour se teindre le corps en rouge, et les Mexicains pour diverses pein- tures ^. \037Le Bixa, petit arbre de la famille des Bixacées, croît naturel- lement aux Antilles ^ et sur une grande partie du continent amé- \0371. Hughes, Trade Report, cité dans Flûckiger et Hanbury. \0372. Sloane, Jamaica, 2, p. 53. \0373. Sloane, ibid, ; Clos, Ann. se. nat., série 4, vol. 8, p. 260 ; Grisebach, FI. of brit, W. India islaîids, p. 20. \037\035\013

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COTONNIER HERBACÉ 323 \037ricain, entre les tropiques. Les herbiers et les flores abondent en indications de localités , mais ordinairement on ne dit pas si Tespèce était cultivée, spontanée ou naturalisée. Je remarque cependant l'assertion de l'indigénat, par Seemann pour la côte nord-ouest du Mexique et Panama, par M. Triana à la Nouvelle- Grenade, par M. Meyer dans la Guyane hollandaise, et par Piso et Glaussen au Brésil *. Avec une habitation aussi vaste, il n'est pas surprenant que les noms de l'espèce aient été nombreux dans les langues américaines. Celui des Brésiliens, Urucu^ est l'origine de Bocou, \037Il n'était pas bien nécessaire de planter cet arbre pour en obtenir le produit ; cependant Piso raconte que les Brésiliens, au XVI® siècle, ne se contentaient pas des pieds sauvages, et à la Jamaïque, dans le xvii® siècle, les plantations de Rocou étaient communes. C'est une des premières espèces transportées d'Amé- rique dans le midi de l'Asie et en Afrique. Elle s'est naturalisée quelquefois au point que Roxburgh ^ l'avait crue aborigène dans rinde. \037Cotonnier herbacé. — Gossypium herbaceum, Linné. \037Lorsque je cherchais, en 1855, l'origine des cotonniers cul- tivés ^, il régnait une grande incertitude sur la distinction des espèces. Depuis cette époque, il a paru en Italie deux excellents ouvrages sur lesquels on peut s'appuyer, l'un de Parlatore *, ancien directeur du jardin botanique de Florence, l'autre de M. le sénateur Todaro ^^ de Palerme. Ces deux ouvrages sont accompagnés de planches coloriées magnifiques. Pour les co- tonniers cultivés, on ne peut rien désirer de mieux. D'un autre côté, la connaissance des véritables espèces, j'entends de celles qui existent dans la nature, à l'état spontané, n'a pas fait les progrès qu'on pouvait espérer. Cependant la définition des espèces est assez précise dans les publications du D^ Masters ®. Je la sui- vrai donc de préférence. L'auteur se rapproche des idées de Parlatore, qui admettait sept espèces bien connues et deux douteuses, tandis que M. Todaro en compte 54, dont deux seu- lement douteuses, donnant ainsi pour espèces des formes dis- \0371. Seemann, Bot. of Herald^ p. 79, 268; Triana et Planchon, Pi'odr, fl, novo-granaU, ^. 94; Meyer, Essequebo, p. 202; Piso, Hist, nat, Bra$il., éd. 1648, p. 65 ; Glaussen^ dans Clos, /. c. \0372. Roxburgh, Flora indica, 2, p. 581 ; Oliver, Flora of tropical Africa, i, p. 114. \0373. Géographie botanique raisonnée, p. 971. \0374. Parlatore, Le specie dei coioniy texte in-4, planches in-folio, Fi- renze, 1866. \0375. Todaro, Relazione délia coltura dei cotoni in Italia seguita da una mo- nografia dei génère Gossypium, texte grand in-8, planches in-folio, Rome et Palerme, 1877-78; ouvrage précédé de plusieurs autres moins étendus, dont Parlatore avait eu connaissance. \0376. Masters, dans Oliver, Fl<yra of tropical Africa, p. 210 ; et dans sir J. Hooker, Flora ofbritish India, i, p. 346. \037\035\013

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324 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037tinctes par quelque caractère, mais nées et conservées dans les cultures. \037Les noms vulgaires des Cotonniers ne peuvent être d'aucun secours. Ils risquent même de tromper complètement sur les origines. Tel coton dit de Siam vient quelquefois d'Amérique ; tel autre est appelé coton du Brésil ou d'Ava selon la fantaisie ou la croyance erronée des cultivateurs. \037Parlons d'abord du Gossypium herbaceum , espèce ancienne des cultures asiatiques, la plus répandue maintenant en Europe et aux Etats-Unis. Dans les pays chauds, d'où elle provient, sa tige dure quelques années; mais, hors des tropiques, elle devient annuelle, par l'effet du froid des hivers. Sa fleur est ordinaire- ment jaune, avec un fond rouge. Son coton est jaune ou blanc, selon les variétés. \037Parlatore a examiné plusieurs échantillons d'herbiers spon- tanés et en a cultivé d'autres provenant d'individus sauvages dans la péninsule indienne. Il admet en outre l'indigénat dans le pays des Birmans et l'archipel indien, d'après des échantillons de collecteurs qui n'ont peut-être pas assez vérifié la qualité de plante sauvage. \037M. Masters regarde comme certainement spontané, dans le Sindh, une forme qu'il a appelée Gossypium Stocksii, laquelle, dit-il, est probablement l'état sauvage du Gossypium herbaceum. et des autres Cotonniers cultivés dans l'Inde depuis longtemps. M. Todaro, qui n'est pas disposé à réunir beaucoup de formes en une seule espèce, admet cependant l'identité de celle-ci et du G. herbaceum ordinaire. La couleur jaune du coton serait donc l'état naturel de l'espèce. La graine ne présente pas le duvet court qui existe entre les poils allongés dans le G, herbaceum cultivé. \037La culture a probablement étendu l'habitation de l'espèce hors du pays primitif. C'est le cas, je suppose, pour les îles de la Sonde et la péninsule malaise, où certains individus paraissent plus ou moins spontanés. Kurz *, dans sa flore de Burma, men- tionne le G, herbaceum^ à coton jaune ou blanc, comme cultivé, et en même temps comme sauvage dans les endroits déserts et les terrains négligés. \037Le Cotonnier herbacé se nomme Kapase en bengali, Kapas en hindoustani, ce qui montre que le mot sanscrit Karpassi ré- \037Eond bien à l'espèce ^. La culture s'en était répandue de bonne eure dans la Bactriane, où les Grecs l'avaient remarquée lors de l'expédition d'Alexandre. Théophraste ^ en parle d'une ma- nière qui ne peut laisser aucun doute. Le Cotonnier en arbre de l'île de Tylos, dans le golfe Persique, dont il fait mention plus \037\035\0131. Kurz, Forest flora of british Burma j 1, p. 129. \0372. Piddington, Index, \0373. Theophrastes, Hist. planU^ 1. 4, c. S. \037\035\013

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COTONNIER ARBORESCENT 325 \037loin S était probablement aussi le Gossypium herbaceum^ car Tylos n'est pas éloigné de l'Inde, et sous un climat aussi chaud le Cotonnier herbacé est un arbuste. \037L'introduction d'un Cotonnier quelconque en Chine a un lieu seulement au ix^ ou xe siècle de notre ère *, ce qui fait présumer une habitation jadis peu étendue du G. herhaceum au midi et à l'orient de l'Inde. \037La connaissance et peut-être la culture du Cotonnier asiatique s'était propagée dans le monde gréco-romain après l'expédition d'Alexandre, mais avant les premiers siècles de l'ère chrétienne. Si le Byssos des Grecs était le Cotonnier, comme le pensent la plupart des érudits, on le cultivait en Grèce, à Elis, d'après Pau- sanias et Pline ' ; mais Curtius et C. Ritter * considèrent le mot Byssos comme un terme général exprimant des fils, et selon eux il s'agissait dans ce cas d'un lin de grande finesse. Il est évident que la culture du Cotonnier ou manquait, ou n'était pas com- mune chez les anciens. Or, d'après son utilité, elle serait devenue fréquente si elle avait été introduite dans une seule localité de la Grèce, par exemple. Ce sont les Arabes qui l'ont propagée plus tard autour de la mer Méditerranée, comme l'indique le nom Qutn ou Kutn ^, qui a passé dans les langues modernes du midi de l'Europe, sous la forme de Cotone, Coton, Algodon. Eben el Awan, de Séville, qui vivait dans le xii® siècle, décrit la culture telle qu'on la pratiquait de son temps en Sicile^ en Espa- gne et dans 1 Orient ®. \037Le Gossypium herbaceum est l'espèce la plus cultivée aux Etats- Unis '. Elle a été probablement apportée d'Europe. C'était une culture nouvelle il y a cent ans, car on confisqua à Liverpool, en 1774, un ballot de coton venant de l'Amérique septentrionale, par le motif que le Cotonnier, disait-on, n'y croissait pas ®. Le coton à longue soie (See istand) est celui d'une autre espèce, américaine, dont je parlerai tout à l'heure. \037Cotonnier arborescent. — Gossypium arboreum, Linné. \037Il est d'une taille plus élevée et d'une durée plus grande que le Cotonnier herbacé ; les lobes de la feuille sont plus étroits, et des bractées moins laciniées ou entières. La fleur est ordinaire- \0371. Theophrastes, Hist. plant, 1. 4, c. 9. \0372. Bretsclineider, Study and value of chinese botanical works, p. 7. \0373. Pausanias, 1. 5, c. 5; 1. 6, c. 26; Pline, 1. 19, c. 1. Voir Brandes, Baumwolle, p. 96. \0374. C. Ritter, Die oeooraphische Verbreitung der Baumwolle^ p. 25. \0375. 11 est impossible dfe ne pas remarquer la ressemblance de ce nom avec celui du lin en arabe, Kattan ou Kittan; c'est un exemple de la confusion qui se fait dans les noms lorsqu'il existe des analogies entre les produits. \0376. De Lasteyrie, Du Cotonnier^ p. 290. \0377. Torrey et Asa Gray, Flora of North America, 1, p. 230 ; Darlingtou, Agricultural botany, p. 16. \0378. Schouw, Naturschildeimngen, p. 152. \037\035\013

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326 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037mept rosée, avec un fond rouge. Le coton est toujours blanc. D'après les botanistes anglo- indiens, cette espèce n'est pas dans rinde, comme on l'avait cru, et même elle y est rarement cultivée. Sa patrie est l'Afrique intertropicale. On Ta vue spon- tanée dans la Guinée supérieure, TAbyssinie, le Sennar et la haute Egypte *. Un si grand nombre de collecteurs l'ont rap- \037f)ortée de ces divers pays qu'on ne peut guère en douter, mais a culture a tellement répandu et mêlé cette espèce avec les au- tres qu'gn Ta décrite sous plusieurs noms, dans les ouvrages sur l'Asie méridionale. \037Parlatore avait attribué au G, arhoreum des échantillons asia- tiques du G, herbaceum et une plante, très peu connue, que Forskal avait rencontrée en Arabie. Il soupçonnait, d'après cela, que les anciens avaient eu connaissance du G . arboreum aussi bien que du G, herbaceum, A présent qu'on distingue mieux ces deux espèces et qu'on sait l'origine de Tune et de l'autre, ce n'est pas probable. Ils ont connu le Cotonnier herbacé par l'Inde et la Perse, tandis que l'arborescent n'a pu arriver à eux que par l'Egypte. Parlatore lui-même en a fourni une preuve des plus intéressantes. Jusqu'à son travail de 1866, on ne savait pas bien à quelle espèce appartenaient les graines de Cotonnier que Rosellini a trouvées dans un vase des monuments de l'an- cienne Thèbes *. Ces graines sont au musée de Florence. Par- latore les a examinées avec soin et déclare qu'elles appartiennent au Gossypium arboreum ^. Rosellini afQrme qu'il n'a pas pu être victime d'une fraude, attendu qu'il a ouvert, le premier, le tom- beau et le vase. Açrès lui, aucun archéologue n'a vu ou lu des indices de Cotonniers dans les temps anciens de la civilisation égyptienne. Comment serait-il arrivé qu'une plante aussi appa- rente, remarquable par ses fleurs et ses graines, n'eût été ni figurée, ni décrite, ni conservée habituellement dans les tom- beaux si elle était cultivée? Comment Hérodote, Théophraste etDioscoride n'en auraient-ils pas parlé à l'occasion de l'Egypte? Les bandes avec lesquelles toutes les momies sont enveloppées, et qu'on supposait autrefois de coton, sont uniquement de lin, d'après Thomson et une foule d'observateurs habitués à manier le microscope . Je conclus de là que, si les graines trouvées par Rosellini étaient véritablement antiques, elles devaient être une rareté, une exception aux coutumes, peut-être le produit d'un arbre cultivé dans un jardin, ou encore elles pouvaient venir de la haute Egypte, pays où nous savons que le Cotonnier ar- borescent est sauvage . Pline * n'a pas dit que le Cotonnier fût cultivé \0371. Master, dans Oliver, F/om of tropical Âfrica, p. 2H ; Hooker, FI, of brtt. India, 1, p. 347 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlung,, p. 265 (sous le nom de Gossypium nigrum); Parlatore, Specie dei Cotoni, p. 25. \0372. Rosellini, Monum. délia Egizia, p. 2; Mon, civ,y 1, p. 60. \0373. Parlatore, Specie dei Cotoni, p. 16. \0374. Pline, Hist, plant., 1. 19, c. 1. \037\035\013

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COTONNIER ARBORESCENT 327 \037dans la basse Egypte ; mais voici la traduction du passage très remarquable, de lui, qu'on cite souvent : « La partie supérieure de l'Egypte, du côté de l'Arabie, produit un arbuste appelé par quelques-uns Gossipion et par plusieurs autres Xylon, ce qui a fait appeler xylina les fils qu'on en obtient. Il est petit et porte un fruit, semblable à celui de la noix barbue, dont on tisse la laine extraite de l'intérieur. Aucune ne lui est comparable pour la blancheur et la mollesse. » \037Pline ajoute : « Les vêtements qu'on en fait sont les plus recherchés par les prêtres égyptiens. » Peut-être le coton des- tiné à cet usage était-il envoyé de la Haute Egypte, ou bien l'auteur, qui n'avait pas vu la fabrication et ne possédait pas nos microscopes, s'est-il trompé sur la nature des vêtements sacerdotaux, comme nos contemporains qui ont manié des cen- taines d'enveloppes de momies avant de se douter qu'elles n'étaient pas de coton. Chez les Juifs, les robes des prêtres de- vaient, d'après la règle, être en lin, et il n'est pas probable que l'usage à cet égard fût différent de celui des Egyptiens. \037Pollux S né un siècle après Pline et en Egypte, s'exprime (Clairement sur le Cotonnier, dont les fils étaient employés par ses compatriotes; mais il ne dit pas d'où l'arbuste était origi- naire, et l'on ne peut pas savoir si c'était le Gossypium arboreum ou Vherbaceum. On ne voit même pas si la plante était cultivée dans la basse Egypte ou si l'on recevait le coton de la région située au midi. Malgré ces doutes, on peut soupçonner qu'un €otonnier, probablement celui de la haute Egypte, s'était intro- duit récemment dans le Delta. L'espèce que Prosper Alpin avait vue cultivée en Egypte au xvi® siècle était le Cotonnier arbores- <;ent. Les Arabes et ensuite les Européens ont préféré et ont transporté en divers pays le Cotonnier herbacé , plutôt que l'arborescent, qui donne un moins bon produit et demande plus de chaleur. \037Dans ce qui précède, au sujet des deux Cotonniers de l'ancien monde, je me suis servi le moins possible d'arguments tirés des noms grecs, tels que puacro;, crtvSov, ^uXov, 08wv, etc, ou des noms sanscrits et dérivés du sanscrit, comme Carbasa, CarpaSy ou des noms hébreux Schesch, Buz, qu'on attribue, avec doute, au coton. C'est un sujet sur lequel on a disserté énormément ^, mais la distinction plus nette des espèces et la découverte de leur pays d'origine diminuent beaucoup l'importance de ces questions, du moins pour les naturalistes qui préfèrent les faits aux mots. D'ailleurs, Reynier et après lui C. Ritter sont arrivés dans leurs recherches à une conclusion qu'il faut se rappeler : \0371. Pollux, Onomasticon, cité dans C. Ritter, /. c, p. 26. \0372. Reynier, Economie des Arabes et des Juifs, p, 363 ; Bertoloni, Nov. act. Acad. Bonon.f 2, p. 213, et MiscelL bot, y 6; Viviani, in Bibl, ilaLy vol. 81, p. 94 ; C. Ritter, Geogr, Verbreitung der Baumwolle, in-4 ; Targioni, Cenni Morici, p. 93 ; Brandis, Der Baumwolle im Altherthum, in-8, 1866. \037\035\013

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328 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037c'est que les mêmes noms, chez les anciens, ont été appliqués souvent à des plantes ou des tissus différents, par exemple au Lin et au Coton. Dans ce cas, comme dans plusieurs autres, la botanique moderne explique les mots anciens, tandis que les mots et les commentaires des linguistes peuvent égarer. \037Cotonnier des Barbades. — Gossypium barbadense, Linné. \037Lors de la découverte de l'Amérique , les Espagnols trou- vèrent la culture et Temploi du coton établis généralement des Antilles au Pérou et du Mexique au Brésil . C'est un fait constaté par tous les historiens de Tépoque. Mais de quelles espèces venaient ces cotons américains et dans quelles contrées étaient- elles indigènes? C'est ce qu'il est encore très difficile de savoir. La distinction botanique des espèces ou variétés américaines est embrouillée au plus haut degré. Les auteurs, même ceux qui ont vu de glandes collections de Cotonniers vivants, ne s'ac- cordent pas sur les caractères. Ils sont gênés aussi par là diffi- culté de savoir quels noms spécifiques de Linné doivent être conservés, car les définitions primitives ne sont pas suffisantes. L'introduction de graines américaines dans les cultures d'Afrique et d'Asie a compliqué encore les questions, les botanistes de Java, Calcutta, Bourbon, etc., ayant décrit souvent les formes américaines comme des espèces, sous des noms divers. M. Todaro admet une dizaine d'espèces d'Amérique ; Parlatore les réduisait à trois, qui selon lui répondent au Gossypium kirsutum, G. bar- hadense et G . religiosum de Linné ; enfin le D*" Masters réunit toutes les formes américaines en une seule qu'il nomme G. bar- badense^ et il lui donne pour caractère principal que la graine porte uniquement de longs poils, tandis que les espèces de Tan- cien monde ont un duvet court au-dessous des poils allongés * . La fleur est jaune, avec un fond rouge. Le coton est blanc ou jaune. Parlatore s'est eff*orcé de classer 50 ou 60 des formes cultivées dans les trois espèces qu'il admettait, sur le vu des plantes dans les jardins ou les herbiers. Le D' Masters mentionne peu de synonymes, et il est possible que certaines formes dont il n'a pas eu connaissance ne rentrent pas dans la définition de son espèce unique . \037Avec une pareille confusion, le mieux serait pour les botanistes de chercher avec soin les Gossypium spontanés en Amérique, de constituer les espèces, ou l'espèce, uniquement sur eux, et de laisser aux formes cultivées leurs noms baroques, souvent ab- surdes, qui trompent sur l'origine. J'émets ici cette opinion,^ parce que dans aucun autre genre de plantes cultivées je n'ai senti aussi fortement que l'histoire naturelle doit se baser sur les faits naturels et non sur les produits artificiels de la culture. \0371. Maslers, dans Oliver, Flwa of tropical Africtty 1, p. 322, et dans^ Hooker, Flora of brit, India, 1, p. 347. \037\035\013

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COTONNIER DES BARBADES 329 \037Si Ton veut partir de ce point de vue, — qui a le mérite d'être une méthode vraiment scientiflque, — il faut constater malheu- reusement que, pour les Cotonniers indigènes en Amérique, les connaissances sont encore bien peu avancées. C'est tout au plus si l'on peut citer deux collecteurs ayant trouvé des Gossypium vraiment spontanés, semblables ou très analogues à telle ou telle forme des cultures. \037Il est rare qu'on puisse se fier aux anciens botanistes et voya- geurs pour la qualité de plante spontanée. Les Cotonniers lèvent quelquefois dans le voismage des plantations et se naturalisent plus ou moins, le duvet de leurs graines facilitant les transports accidentels. L'expression ordinaire des vieux auteurs : le Coton- nier de tel nom croît dans tel pays, signifie souvent une plante cultivée. Linné lui-même, en plein xviii® siècle, dit souvent d'une espèce cultivée : « Habitat^ » et même il le dit quelquefois à la légère *. Parmi les auteurs du xvi*^ siècle, un des plus exacts, Hernandez, est cité pour avoir décrit et figuré un Gossypium sauvage au Mexique ; mais le texte fait douter un peu de la con- dition spontanée * de cette plante que Parlatore rapporte au G. hirsutum, Linné. Dans son catalogue des plantes du Mexique, M. Hemsley ^ se borne à dire d'un Gossypium qu'il nomme oar- ôadense : « cultivé et sauvage. » De cette dernière condition, il ne fournit aucune preuve. Mac Fadyen * parle de trois formes sauvages et cultivées à la Jamaïque. Il leur attribue des noms spécifiques et ajoute qu'elles rentrent peut-être dans le G, hir- sutum^ Linné. Grisebach ^ admet la spontanéité d'une espèce, G, àaràadense, aux Antilles. Quant aux distinctions spécifiques, il déclare ne pas pouvoir les établir sûrement. \037Pour la Nouvelle-Grenade, M. Triana ® décrit un Gossypium^ qu'il appelle G. barbadense, Linné, qu'il dit : « cultivé et sub- spontané le long du Rio Seco, province de Bogota, et dans la vallée du Cauca, près de Cali; » et il ajoute une variété hirsu- tum croissant (il ne dit pas si c'est spontanément) le long du Rio Seco. \037Je ne puis découvrir aucune assertion analogue pour le Pérou, la Guyane et le Brésil ' ; mais la flore du Chili, publiée par Cl. Gay ®, mentionne un Gossypium « quasi spontané dans la province de Copiapo », que l'auteur rapporte à la forme du G, peruvianum, Cavanilles. Or cet auteur ne dit pas la plante \0371. Il a dit, par exemple, du Gossypium herbaceum^ qui est certainement de Tancien monde, d'après les faits connus avant lui : Habitat in America. \0372. Nascitur in calidis, humidisque, cultis prœcipue, locis. (Hernandez, Novse Hispaniœ thésaurus, p. 308.) \0373. Hemsley, Biologia cenh^ali-americana, 1, p. 123. • 4. Mac Fadyen, Flora of Jamaica^ p. 72. \0375. Grisebacn, Flora of brit. W. India islands, p. 86. \0376. Triana et Planchon, Prodr. fl, novo-granatensis, p. 170. \0377. Les Malvacées n'ont pas encore paru dans le Flora brasiliensis, \0378. Cl. Gay, Flora chilena, 1, p. 312. \037\035\013

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330 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037spontanée, et Parlatore la classe dans le G. religiosum^ Linné. \037Une forme importante dans la culture est celle du coton à longue soie, appelé par les Anglo-Américains Sea island, ou Long staple cotton, que Parlatore rapporte au G. ôarbadense, Linné. On la regarde comme américaine d'origine, mais personne ne dit l'avoir vue sauvage. \037En résumé, si les documents historiques sont positifs en ce qui concerne un emploi du coton en Amérique depuis des temps bien antérieurs à l'arrivée des Européens, rhabitation spon- tanée de la plante ou des plantes qui fournissaient cette matière est encore très peu connue. On s'aperçoit, dans cette occasion, de l'absence, pour l'Amérique tropicale, d'ouvrages analogues aux flores des colonies anglaises et hollandaises d'Afrique et d'Asie. \037Arachide, Pistache de terre. — Arachis hypogœa, Linné. \037Rien de plus curieux que la manière de fructifier de cette Légu- mineuse annuelle, qu'on cultive dans tous les pays chauds, soit pour en manger la graine, soit surtout pour extraire l'huile, contenue dans ses cotylédons *. M. Bentham a publié dans la Flore brésilienne^ in-folio, vol. 15, planche 23, des détails très complets, où l'on voit comment le pédoncule de la fleur se re- courbe après la floraison et enfouit le légume dans lé terrain. \037L'origine de l'Arachide a été contestée pendant un siècle, même par des botanistes qui employaient de bonnes méthodes pour la découvrir. Il n'est pas inutile de voir comment on est arrivé à la vérité. Cela peut servir de direction pour les cas ana- logues. Je citerai donc ce que j'ai dit en 1855 *, et terminerai «n donnant de nouvelles preuves, à la suite desquelles aucun doute ne peut subsister : \037« Linné ^ avait dit de V Arachis : « Elle habite à Surinam^ au Brésil et au Pérou. » Selon son habitude, il ne spécifiait pas si l'espèce était spontanée ou cultivée dans ces pays. En 1818, R. JBrown * s'exprimait ainsi : « Elle a été probablement intro- duite de Chine, sur le continent indien, à Geylan et dans l'ar- chipel malais, otiTon peut croire, malgré sa culture aujourd'hui générale, qu'elle n'est pas indigène, particulièrement à cause des noms qu'on lui donne. Je regarde comme n'étant pas très improbable qu'on l'aurait apportée d'Afrique dans différentes régions équinoxiales de l'Amérique, quoique cependant elle soit indiquée dans quelques-uns des premiers écrits sur ce continent, \037i. Le Gardener's chronicle du 4 septembre 1880 donne des détails sur la cul- ture de cette plante, sur remploi de ses graines, et sur Timmense expor- tation qui s'en fait actuellement de la côte occidentale d'Afrique, du BrésÛ*, de l'Inde, etc., en Europe. \0372. A. de GandoUe, Géographie botanique raisonnée, p. 962. \0373. Linné, Species plantaruniy p. 1040. \0374. R. Brown, Botany of Congo, p. 53. \037\035\013

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ARACHIDE, PISTACHE DE TERRE 331 \037€11 particulier sur le Pérou et le Brésil. D'après Sprengel, elle serait mentionnée dans Théophraste comme cultivée en Egypte ; mais il n'est pas du tout évident que TArachis soit la plante à laquelle Théophraste fait allusion dans le passage cité. Si elle avait été cultivée autrefois en Egypte, elle se trouverait proba- blement encore dans ce pays ; or elle n'est ni dans le Catalogue de Forskal, ni dans la flore plus étendue de Delile. Il n'y a rien de très invraisemblable, continue Brown, dans l'hypothèse que l'Arachis serait indigène en Afrique et même en Amérique ; mais, si Ton veut la regarder comme originaire de l'un de ces conti- nents seulement, il est plus probable qu'elle aurait été apportée de Chine, par l'Inde, en Afrique, que d'avoir marché dans le sens contraire. » Mon père, en 1825, dans le Prodromus (2, p. 474), revint à Topinion de Linné. Il ad mit l'origine américaine sans hésiter. Reprenons la question, disais-je en 1855, avec les données actuelles de la science. \037« h' Avachis hypogœa était la seule espèce de ce genre singulier connue du temps de Brown. Depuis, on a découvert six autres espèces, toutes du Brésil *. Ainsi, en appliquant la règle de pro- babilité, dont Brown a tiré le premier un si grand parti, nous inclinerons à priori vers l'idée d'une origine américaine. Rappe- lons-nous que Marcgraf ^ et Pison ^ décrivent et figurent la plante comme usitée au Brésil, sous le nom de Aîanduài, qui paraît in- digène. Ils citent Monardes, auteur de la fin du xvi® siècle, comme l'ayant indiquée au Pérou, avec un nom diff'érent, Anchic, Joseph Acosta * ne fait que mentionner l'un de ces noms usités en Amérique, Mani^ et en parle à l'occasion des es- pèces qui ne sont pas d'origine étrangère en Amérique. L'Ara- chis n'était pas ancienne à la Guyane, aux Antilles et au Mexi- que. Aublet ^ la cite comme plante cultivée, non à la Guyane, mais à l'île de France. Hernandez n'en parle pas. Sloane ® ne l'avait vue que dans un jardin et provenant de graines de Guinée. II dit que les négriers en chargeaient leurs vaisseaux pour nourrir les esclaves pendant la traversée, ce qui indique une culture alors très répandue en Afrique. Pison, dans la se- conde édition (1658, p. 256), non dans celle de 1648, figure un fruit très analogue, importé d'Afrique au Brésil, sous le nom de Mandobi, bien voisin du nom de l'Arachis, Munduôi. D'après lés trois folioles de la plante, ce serait le Voandzeia, si souvent cul- tivé en Afrique ; mais le fruit me paraît plus allongé qu'on ne l'attribue à ce genre, et il a deux ou trois graines au lieu d'une \0371. Bentham, dans Tram. Linn. Soc, XVIII, p. 159 ; Walpers, Reperto- rium, 1, p. 727. \0372. Marcgraf et Pison, Bras,, p. 37, édit. 1648. \0373. Marcgraf et Pison, Bras., édit. 1658, p. 256. \0374. Acosta, Hist. nat. Ind., trad. franc, 1598, p. 165. \0375. Aublet, PI, Guy an,, p. 765. \0376. Sloane, Jamaica, p. 184. \037\035\013

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332 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037OU deux. Quoi qu'il en soit, la distinction établie par Pison entre ces deux graines souterraines, Fune brésilienne, l'autre d'Afrique, tend à faire penser que l'Arachis est du Brésil. \037« L'ancienneté et la généralité de sa culture en Afrique est cependant un argument de quelque force, qui compense jusqu'à un certain point l'ancienneté au Brésil et la présence de six autres Aracnis dans ce seul pays. Je lui donnerais beaucoup de valeur si l'Arachis avait été connue des anciens Egyptiens et des Arabes; mais le silence des auteurs grecs, latins et araoes, comme l'absence de l'espèce en Egypte du temps de Forskal, me font penser que sa culture en Guinée, au Sénégal * et sur la côte orientale d'Afrique ^ ne remonte pas à une date fort ancienne. Elle n'a pas non plus des caractères d'antiquité bien grande en Asie. En effet, on ne lui connaît aucun nom sanscrit^, mais seu- lement un nom bindustani. D'après Rumpbius *, elle aurait été importée du Japon dans plusieurs des îles de l'archipel indien. Elle n'aurait eu alors que des noms étrangers, comme, par exemple, le nom chinois qui signifie seulement fève de terre. A la fin du siècle dernier, elle était cultivée généralement en Chine et en Gochinchine. Cependant malgré cette idée de Rum- pbius d'une introduction dans les îles par le Japon ou la Chine, , e vois que Thunberg n'en parle pas dans sa Flore japonaise. Or e Japon a eu depuis seize siècles des rapports avec la Chine, et les plantes cultivées originaires de l'un des deux pays ont ordi- nairement passé de bonne heure dans l'autre. Elle n'est pas in- diquée par Forster parmi les plantes usitées dans les petites îles de la mer Pacifique. L'ensemble de ces données fait présumer l'origine américaine, j'ajouterai même brésilienne. \037« Aucun des auteurs que j'ai consultés ne dit avoir vu la plante spontanée, soit dans l'ancien, soit dans le nouveau monde. Ceux qui parlent de l'Afrique ou de l'Asie ont soin de dire que la plante y est cultivée. Marcgraf ne le dit pas pour le Brésil; mais Pison indique l'espèce comme semée. » \037Des graines d'Arachide ont été trouvées dans les tombeaux péruviens d'Ancon ^, ce qui fait présumer quelque ancienneté d'existence en Amérique et appuie mon opinion de 1855. \037L'étude des livres chinois par le D' Bretschneider ^ renverse l'hypothèse de Brown. L'Arachide n'est pas mentionnée dans les anciens ouvrages de ce pays, même dans le Pent-SaOy publié au XVI® siècle. Il ajoute qu'il croit l'introduction seulement du siècle dernier. \0371. Guillemin et Perrottet, FL seneg. \0372. Loureiro, FI. cochinch. \0373. Roxbur^h, FL ind., 3, p. 280 ; Piddington, Index. \0374. Rumphius, Herb. amb., 5, p. 426 et 427. \0375. Rochebnme, d'après l'extrait contenu dans Botanisches Centralblatt, 1880, p. 1634. Pour la date, voyez ci-dessus, p. 273. \0376. Bretschneider, On the stvdy and value of chinese bot. works, p. 18. \037\035\013

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CAFÉIER 333 \037Toutes les flores récentes d'Asie et d'Afrique mentionnent l'espèce comme cultivée, et la plupart des auteurs pensent qu'elle est d'origine américaine. M. Bentham, après avoir constaté qu on ne l'a pas trouvée sauvage en Amérique ou ailleurs, ajoute qu'elle est peut-être une forme dérivée d'une des six au- tres espèces du genre spontanées au Brésil, mais il n'indique pas de laquelle. C'est assez probable, car une plante douée d'un moyen efficace et très particulier de germer ne paraît pas de nature à s'éteindre. On l'aurait trouvée sauvage au Brésil, dans le même état que la plante cultivée, si cette dernière n'était pas un produit de la culture. Les ouvrages sur la Guyane et autres v^ions de l'Amérique indiquent l'espèce comme cultivée. Grise- bach * nous dit en outre que dans plusieurs des îles Antilles elle se naturalise hors des cultures. \037Un genre dont toutes les espèces bien connues sont ainsi can- tonnées dans une seule région de l'Amérique ne peut guère avoir une espèce commune entre le nouveau monde et l'ancien. Ce serait une exception par trop forte aux données ordinaires de la géographie botanique. Mais alors comment l'espèce (ou forme cultivée) a-t-elle passé du continent américaine l'ancien monde? C'est ce qu'on ne peut guère deviner. Je ne suis pas éloigné de croire à un transport du Brésil en Guinée par les premiers né- griers, et à d'autres transports du Brésil aux îles du midi de l'Asie par les Portugais depuis la fin du xv® siècle. \037Caféier. — Coffea arabica^ Linné. \037Ce petit arbre, de la famille des Rubiacées, est sauvage en Abyssinie ^, dans le Soudan ^ et sur les deux côtes opposées de Guinée et Mozambique *. Peut-être, dans ces dernières localités, éloignées du centre, s'est-il naturalisé à la suite des cultures. Personne ne l'a encore trouvé en Arabie, mais cela peut s'expli- ({uer par la difficulté de pénétrer dans l'intérieur du pays. Si on l'y découvre, on aura de la peine à constater la qualité spon- tanée, car les graines, qui perdent vite leur faculté de germer, lèvent souvent autour des cultures et naturalisent l'espèce. Cela s'est vu au Brésil et aux Antilles ^, où l'on est sûr que le Caféier n'a jamais été indigène. \037L'usage du café paraît fort ancien en Abyssinie. Shehabeddin Ben, auteur d'un manuscrit arabe du xv® siècle (n** 944 de la Bibl. de Paris), cité dans l'excellente dissertation de JohnEllis*, \0371. Grisebach, Flora of brit, W. Indian islands^ p. 189. \0372. Richard, Tentamen fi. abyss., 1, p. 349 ; Oliver, Flora of tropical Africa, 3, p. 180. \0373. Ritter, cité dans Flora, 1846, p. 704. \0374. Meyen, Géogr, bot., traduction anglaise, p. 384 ; Grisebach, Flora of british W. India islands, p. 338. \0375. H. Welter, Essai sur l'histoire du caféf 1 vol. in-8», Paris, 1868. \0376. Ellis, An historical account of Coff'ee, 1774. \037\035\013

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334 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037dit qu'on employait le café en Abyssinie depuis un temps immé- morial. L'usage, même médical, ne s'en était pas propagé dans les pays voisins, car les croisés n'en eurent aucune connaissance, et le célèbre médecin Ebn Baithar, né à Malaga, qui avait par- couru le nord de l'Afrique et la Syrie au commencement du XIII* siècle de l'ère chrétienne, ne dit pas un mot du café *. Eu J596, Bellus envoyait à de L'Ecluse des graines dont les Egyp- tiens tiraient la boisson du Cave ^. A peu près à la même épo- que, Prosper Alpin en avait eu connaissance en Egypte même. Il désigne l'arbuste sous le nom de « arbor Bon^ cum fructu sua Buna. » Le nom de Bon se retrouve aussi dans les premiers au- teurs sous la forme de Bunnu^ Buncho^ Bunca ^, Les noms de Cahue, Cahua, Chaubé *, Cave ^ s'appliquaient, en Egypte et en Syrie, plutôt à la boisson préparée, et sont devenus l'origine du mot Café. Le nom Bunnu^ ou quelque chose d'analogue, est si bien le nom primitif de la plante, que les Abyssins l'appellent aujourd'hui encore Boun ^. • \037Si l'usage du café est plus ancien en Abyssinie qu'ailleurs, cela ne prouve pas que la culture y soit bien ancienne. Il est très possible que pendant des siècles on ait été chercher les baies dans les forêts, où elles étaient sans doute très communes. Selon l'auteur arabe cité plus haut, ce serait un muphti d'Aden, à peu près son contemporain, appelé Gemaleddin, qui, ayant vu boire du café en Perse, aurait introduit cette coutume à Aden, et de là elle se serait répandue à Moka, en Egypte, etc. D'après cet auteur, le Caféier croissait en Arabie ^. Il existe d'autres fables ou traditions, d'après lesquelles ce seraient toujours des moines ou des prêtres arabes qui auraient imaginé la boisson du café ^, mais elles nous laissent également dans l'incertitude sur la date première de la culture. Quoi qu'il en soit, l'usage du café s'étant répçindu dans l'Orient, puis en Occident, malgré une foule de prohibitions et de conflits bizarres ®, la production en est devenue bientôt un objet important pour les colonies. D'après Boerhaave, le bourgmestre d'Amsterdam, Nicolas Witsen, directeur de la Compagnie des Indes, pressa le gouverneur de Batavia, Van Hoorn, de faire venir des graines de Caféier d'Arabie à Batavia : ce qui fut fait et permit à Van Hoorn d'en envoyer des pieds vivants à Witsen, en 1690. Ceux-ci furent soignés dans le jardin botanique d'Amsterdam, fondé par Witsen. Ils y portèrent des \0371. Ebn Baithar, trad. de Sordtheiiner, 2 vol. iii-8«, 1842. \0372. Bellus, Epist. ad Glus., p. 309. \0373. Rauwolf, Clusius. \0374. Rauwolf; Bauhin, HisL, 1, p. 422. \0375. Bellus, U c. \0376. Richard, Tentamen fi. abyss., p. 350. \0377. Un extrait du même auteur dans Playtair, Hist, of Arabia FeUj\ Bombay, 1859, ne mentionne pas cette assertion. \0378. Nouv, dict, d'hisL nat., IV, p. 552. \0379. Ellis, /. c; Nouv. dict,, l. c. \037\035\013

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CAFÉIER 335 \037fruits. En 1714, les magistrats de cette ville en envoyèrent un pied en bon état et couvert de fruits à Louis XIV, qui le déposa dans son jardin de Marly. On multiplia aussi le Caféier dans les serres du jardin du roi à Paris. L'un des professeurs de cet éta- blissemenit, Antoine de Jussieu, avait déjà publié, en 1713, dans les Mémoires de V Académie des sciences^ une description intéres- sante de la plante, d'après un pied que Paneras, directeur du jardin d'Amsterdam, lui avait envoyé. \037Les premiers Caféiers plantés en Amérique furent introduits à Surinam par les Hollandais, en 1718. De la Motte-Aigron, gou- verneur de Cayenne, ayant été à Surinam, en obtint quelques-uns en cachette et les multiplia en 1725 ^ Le Caféier fut introduit à la Martinique par de Clieu ^, officier de marine, en 1720 d'après Deleuze ^, en 1723 d'après les Notices statistiques sur les colonies françaises *. On l'introduisit de là dans les autres îles françaises, par exemple à la Guadeloupe en 1730 ^. Sir Nicolas Lawes le cul- tiva le premier à la Jamaïque ^. Dès 1718, la Compagnie française des Indes avait envoyé des plantes de café Moka à l'île Bour- bon % et même, selon d'autres ®, ce fut en 1717 qu'un nommé Dufougerais-Grenier fit venir de Moka dans cette île des pieds de Caféier. On sait combien la culture de cet arbuste s'est répandue à Java, à Ceylan, aux Antilles et au Brésil. Rien ne l'empêche de s'étendre dans la plupart des pays inter tropicaux, d'autant plus que le Caféier s'accommode des terrains en pente et assez arides où d'autres produits ne peuvent pas réussir. Il est dans lagriculture tropicale un équivalent de la vigne en Europe et du thé en Chine. \037On peut trouver d'autres détails dans le volume publié par M. H. Welter ^ sur l'histoire économique et commerciale du café. L'auteur a même ajouté un chapitre intéressant sur les divers succédanés^ au moyen desquels on remplace, passablement ou \0371. Ce détsdl est emprunté àEllis, Diss. Caf., p. 16. Les Notices statisti- ques sur les colonies françaises^ 2, p. 46, disent ; « Vers 1716 ou 1721, des semences fraîches de café ayant été apportées secrètement de Surinam^ malgré la surveillance des Hollandais, la culture de cette denrée coloniale se naturalisa à Cayenne. » \0372. Le nom de ce marin a été écrit de plusieurs manières, DeclieuXf Du- clieuœ, DesclieuXy selon les ouvrages. D'après les informations que j'ai prises au ministère de la guerre, de Clieux était un gentilhomme alUé au comte de Maurepas. Il était né en Normandie^ était entré dans la marine en 1702, et s'était retiré en 1760, après une carrière très honorable. J'ai donné ses états de service dans une note de ma Géographie botanique ^ p. 971. Il est mort en 1775. Les rapports officiels n'ont pas omis de mentionner le fait important qu'il avait introduit la Caféier dans les colonies françaises. \0373. Delenze, Hist, du Mitséunif i, p. 20. \0374. Notices statist. sur les colonies françaises, 1, p. 30. \0375. Notices statist, col. fr,^ 1, p. 209. \0376. Martin, Statist. colon. Brit. Emp, \0377. Nouv. Dict. hist. nat., IV, p. 135. \0378. Notices stat. col, franc., 2, p. 84. \0379. H. Welter, Essai sur Vhistoire du café, 1 vol. in-8% Paris, 1868. \037\035\013

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336 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037fort mal, une graine qu'on ne saurait trop apprécier dans son état naturel. \037Caféier de Libérie. — Coffea liberica, Hlern *. \037Depuis quelques années, le jardin royal de Kew a envoyé dans les colonies anglaises des pieds de cette espèce, qui croît sponta- nément à Libéria, dans l'Angola, à Golungo alto ^ et probable- ment dans plusieurs autres localités de l'Afrique tropicale occi- dentale. \037La végétation en est plus vigoureuse que celle du Caféier ordinaire, et les graines, d'une dimension plus grande, donnent un excellent produit. Les Rapports officiels du jardin de Kew par sir Joseph Hooker, son savant directeur, font connaître le progrès de cette introduction^ qui jouit d'une grande faveur, surtout à la Dominique. \037Madia. — Madia sativa, Molina. \037Les habitants du Chili, avant la découverte de l'Amérique, cultivaient cette espèce de Composée annuelle pour l'huile con- tenue dans les graines. Depuis qu'on a planté beaucoup d'Oli- viers, le Madia est méprisé par les Chiliens, qui se plaignent seulement de la plante comme mauvaise herbe incommode dans leurs jardins ^. C'est alors que les Européens se sont mis à la cultiver — avec un succès médiocre, vu la mauvaise odeur des capitules. \037Le Madia est indigène au Chili et, en même temps, en Cali- fornie *. On a d'autres exemples de cette disjonction d'habitation \037entre les deux pays ^. \037< \037Muscadier. — Myristica fragrans^ Houttuyn. \037Le Muscadier, petit arbre de la famille des Myristicées, est spontané aux Moluques, principalement dans les îles de Banda ^. Il y est cultivé depuis un temps très long, à en juger par le nombre considérable de ses variétés. \037Les Européens ont reçu la noix muscade, par le commerce de l'Asie, depuis le moyen âge ; mais les Hollandais se sont assurés longtemps le monopole de sa culture. Quand les Anglais ont possédé les Moluques, à la fin du siècle dernier, ils ont porté des Muscadiers vivants à Bencoolen et dans l'île du Prince- Edouard . Il s'est répandu ensuite à Bourbon, Maurice, Mada- \0371. Dans Hiern, Transactions of the linnean Society, série 2, vol. 1, p. 171, pi. 24. Cette planche est reproduite dans le Rapport du jardin royal de Kew pour 1876. \0372. Oliver, Flo7'a of tropical Africa, 3, p. 181. \0373. Cl. Gay, Flora chilena. 4, p. 268. \0374. Asa Gray, Botany of Ùalifornia^ 1, p. 359. \0375. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnee, p. 1047. \0376. Rumphius, Amboin.. 2, p. 17 ; Blume, Rumphia, 1, p. 180. \0377. Roxburgh, Flora inaica, 3, p. 845. \037\035\013

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SÉSAME 337 \037gascar, et dans certaines colonies de rAmérique tropicale, mais avec un succès médiocre au point de vue commercial. \037Sésame. — Sesamum indicum^ de Candolle {S. indicum et 5. orientale, Linné]. \037Le Sésame est cultivé, depuis très longtemps, dans les régions chaudes de Tancien monde, pour l'huile qu'on extrait de ses graines. \037La famille des Sésamées, à laquelle appartient cette plante annuelle, se compose de plusieurs genres, distribués dans les régions tropicales d'Asie, d'Afrique et d'Amérique. Chaque genre n'a qu'un petit nombre d'espèces. Le Sesamum, pris dans le sens le plus large *, en a une dizaine, toutes d'Afrique, sauf peut-être l'espèce cultivée, dont nous allons chercher Torigine. Celle-ci compose à elle seule le vrai genre Sesamum, qui est une section dans J'ouvrage de MM. Bentham et Hooker. L'analogie botanique indiquerait une origine africaine, mais on sait qu'il y a bon nombre de plantes dont l'habitation s'étend de TAsie méridionale à l'Afrique. \037Le Sésame présente deux races. Tune à graines noires, l'autre à graines blanches, et plusieurs variétés quant à la forme des feuilles. La différence de couleur des graines remonte à une grande antiquité, comme cela se voit dans le Pavot. \037Les graines de Sésame se répandent souvent hors des cultures et naturalisent plus ou moins l'espèce. On Ta remarqué dans des régions très éloignées les unes des autres, par exemple dans l'Inde, les îles de la Sonde, l'Egypte et même aux Antilles, où certainement la culture est d'introduction moderne *. C'est peut-être la cause pour laquelle aucun auteur ne prétend avoir trouvé la plante à l'état sauvage, si ce n'est Blume ^, observa- teur très digne de foi, qui mentionne une variété à fleurs plus rouges qu'à l'ordinaire croissant dans les montagnes de Java. Voilà sans doute un indice d'origine, mais il en faut d'autres pour une véritable preuve. Je les chercherai dans l'histoire de la culture. Le pays où elle a commencé doit être l'ancienne habi- tation de l'espèce, ou s'être trouvé en rapport avec cette an- cienne habitation. \037Que la culture remonte en Asie, à une époque très reculée, c'est assez clair d'après la diversité des noms. Le Sésame se nomme en sanscrit Tila *, en malais Widjin, en chinois Moa (d'après Rumphius) ou Cki-ma (d'après Bretschneider) , en \0371. Bentham et Hooker, Gênera, 2, p. 1059. \0372. Pickering, Chronol, history of plants, p. 223 ; Rumphius, Herb. amboi- nense^ 5, p. 204 ; Miquel, Flora indo-batava, 2, p. 760 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzdhlung, p. 273; Grisebach, Flora of brit. W. India^ p. 458. \0373. Blume, Btjdragen, p. 778. \0374. Roxburgh, FI, ind., éd. 1832, v. 3, p. 100 ; Piddington, Index. \037De Candolle. 22 \037\035\013

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338 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037japonais Koha *. Le nom de Sesam est commun au grec, au latin et à Tarabe, sauf des variations insignifiantes de lettres. On pourrait en inférer que l'habitation était très étendue et qu'on aurait commencé à cultiver la plante dans plusieurs pays séparément. Mais il ne faut pas donner trop d'importance à un argument de cette nature. Les ouvrages chinois font présumer que le Sésame n'a pas été introduit en Chine avant l'ère chré- tienne. La première mention suffisamment certaine se trouve dans un livre du v® ou vi® siècle, intitulé Tsi min yao chou *. Antérieurement, il y avait un peu de confusion de nom avec le Lin, dont la graine donne aussi de l'huile et qui n'est pas d'an- cienne date en Chine ^. \037Théophrasle et Dioscoride disent que les Egyptiens culti- vaient une plante appelée Sésame, pour en tirer de l'huilé, et Pline ajoute qu'elle venait de l'Inde *. Il parle aussi d'un Sésame sauvage en Egypte, dont on tirait de l'huile, mais c'était probablement le Ricin ^. Il n'est pas prouvé que les anciens Egyptiens, avant l'époque de Théophraste, aient cultivé le Sésame. On n'en a pas trouvé de figure ni de graines dans les monuments. Un dessin du tombeau de Ramses III montre l'usage de mêler de petites graines avec la farine des pâtisseries, et de nos jours cela se fait en Egypte avec les graines de Sésame, mais on se sert aussi d'autres graines (Carvi, Nielle), et il n'est pas possible de reconnaître dans le dessin celles de Sésame en particulier *. Si les Egyptiens avaient connu l'espèce au temps de l'Exode, 1100 aûs avant Théophraste, il est probable que les livres hébreux l'auraient mentionnée, à cause de» usages variés de la graine et surtout de l'huile. Cependant les commentateurs n'en ont trouvé aucune trace dans l'Ancien Testament. Le nom Semsem ou Simsim est bien sémitique , mais seulement de l'époque, moins ancienne, du Talmud "^ et du traité d'agriculture d'Alawwam ®, rédigé depuis l'ère chrétienne. Ce sont peut-être les Sémites qui ont porté la plante et le nom Semsem (d'où Sesam des Grecs) en Egypte, après l'époque des grands monu- ments et de l'Exode. Ils ont pu la recevoir, avec le nom, de la Babylonie, où l'on cultivait le Sésame, d'après Hérodote *. \037Une ancienne culture dans la région de l'Euphrate se concilie \0371. Thumberç, Fl.iap., p. 254. \0372. Bretscbneider, lettre du 23 août 1881. \0373. Bretschneider, On study, etc. y p. 16. \0374. Théophraste, 1. 8, c. 1, 5; Dioscorides, 1. â, c. 121; Pline, Hist., 1. 18, c. 10. \0375. Pline, Hist., 1. 15, c. 7. \0376. Wilkinson, Manners and customs, etc., vol. 2; Unger, Pflanzen des nlten ^gyptem, p. 45. \0377. Reynier, Economie publique des Arabes et des Juifs, p. 431 ; Lôw, Aramàische Pflanzennamen, p. 376. \0378. E. Meyer, Geschichte aer Botanik, 3, p. 75. \0379. Hérodote, 1. 1, c. 193. \037\035\013

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RICIN COMMUN 339 \037bien avec l'existence d'un nom sanscrit, Tila^ le Tilu des Brah- mines (Rheede, Malabar y 1, 9, p. 105, 107), mot dont il y a des restes dans plusieurs langues modernes de l'Inde, en particulier à Geylan *. Ainsi nous sommes ramenés vers l'Inde, conformé- ment à l'origine dont parlait Pline, mais il est possible que l'Inde elle-même ait reçu l'espèce des îles de la Sonde avant l'arrivée des conquérants aryens. Rumphius indique pour ces îles trois noms du Sésame, très différents entre eux et tout autres que le nom sanscrit, ce qui appuie l'idée d'une existence plus ancienne dans l'archipel que sur le continent. \037En définitive, d'après la spontanéité à Java et les arguments historiques et linguistiques, le Sésame paraît originaire des îles de la Sonde. Il a été introduit dans l'Inde et la région de l'Eu- phrate depuis deux ou trois mille ans ; et en Egypte à une époque moins ancienne, de 1000 à 500 ans avant J.-G. \037On ignore depuis quelle é[)oque il est cultivé dans le reste de l'Afrique, mais les Portugais l'ont transporté de la côte de Guinée au Brésil ^ \037Ricin commun. — Rkinus communis, Linné. \037Les ouvrages les plus modernes et les plus estimés donnent pour pays d'origine de cette Euphorbiacée l'Asie méridionale; quelquefois ils indiquent certaines variétés en Asie, d'autres ■en Afrique ou en Amérique, sans distinguer les pieds cultivés des spontanés. J'ai lieu de croire que la véritable origine est dans l'Afrique intertropicale, conformément à l'opinion émise par M. Bail \ \037Les difficultés qui entourent la question viennent de l'ancien- neté de la culture en divers pays, de la facilité avec laquelle le Ricin se sème et se naturalise dans les décombres et même dans des endroits incultes, enfin de la diversité de ses formes, qu'on a décrites souvent comme espèces. Ce dernier point ne doit pas nous arrêter, car la monographie soignée du D' J. Mûller * cons- tate l'existence de seize variétés, à peine héréditaires, qui passent des unes aux autres par de nombreuses transitions et constituent par conséquent, dans leur ensemble, une seule espèce. \037Le nombre de ces variétés est l'indice d'une culture très ancienne. Elles diffèrent plus ou moins par les capsules, les graines, l'inflorescence, etc. En outre, ce sont de petits arbres dans les pays chauds, mais elles ne supportent pas facilement la gelée et deviennent, au nord des Alpes et dans les régions ana- logues, des plantes annuelles. On les sème alors pour l'orne- ment des jardins, tandis que dans les régions tropicales et même \0371. Thwaites, Enum., p. 209. \0372. Piso, BrasiL, éd. 1658, p. 211. \037;î. Bail, FlorsB maroccanœ spicilegium, p. 664. \037i. Mûller, Argov., dans DG., Prodromus, vol. 15, sect. 2, p. 1017. \037\035\013

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340 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037en Italie c'est pour Thuile contenue dans la graine. Cette huile, \037Î)lus ou moins purgative, sert à Téclairage au Bengale et ail- eurs. \037Dans aucune région le Ricin n'a été trouvé spontané d'une manière aussi certaine qu'en Abyssinie, dans le Sennaar et le Gordofan. Les expressions des auteurs ou collecteurs sont caté- goriques. Le Ricin est commun dans les endroits rocailleux de la vallée de Ghiré, près de Goumalo, dit Quartin Dillon ; il est spontané dans les localités du Sennaar supérieur qui sont inondées pendant les pluies, dit Hartmann *. Je possède un échantillon de Kotschy, n^^ 243, recueilli du côté septentrional du mont Kohn, en Gordofan. Les indications des voyageurs au Mozambique et sur la côte opposée de Guinée ne sont pas aussi claires, mais il est très possible que l'habitation spontanée s'étende sur une grande partie de l'Afrique tropicale. Gomme il s'agit d'une espèce utile, très apparente et facile à propager, les nègres ont dû la répandre depuis longtemps. Toutefois, quand on se rapproche de la mer Méditerranée, il n'est plus question d'indigénat. Déjà, pour l'Egypte, MM. Schweinf uth et Ascherson ^ disent l'espèce seulement cultivée et naturalisée. Probablement en Algérie, en Sardaigne, au Maroc, et même aux îles Ganaries, où elle se voit surtout dans les sables au bord de la mer, elle est naturalisée depuis des siècles. \037J'en dirai autant des échantillons rapportés de Djedda, en Arabie, par Schimper, qui ont été recueillis près d'une citerne. Forskal ' a cependant recueilli le Ricin dans les montagnes de l'Arabie Heureuse, ce qui peut signifier une station spontanée. M. Boissier * l'indique dans le Belouchistan et la Perse méridio- nale, mais comme « subspontané », de même qu'en Syrie. Anatolie et Grèce. \037Rheede ^ parle du Ricin comme cultivé au Malabar et crois- sant dans les sables, mais les auteurs modernes anglo-indiens n'admettent nullement la spontanéité. Plusieurs passent l'espèce sous silence. Quelques-uns parlent de la facilité de naturalisa- tion hors des cultures. Loureiro avait vu le Ricin en Cochin- chine et en Ghine, « cultivé et non cultivé », ce qui signifie peut-être échappé des cultures. Enfin, pour les îles de la Sonde, Rumphius * est, comme toujours, un des plus intéressants à consulter, a Le Ricin, dit-il, croit surtout à Java, où il constitue d'immenses champs et produit une grande quantité d'huile. A Amboine, on le plante çà et là près des habitations et dans les \0371. Richard, Tentamen florse abyssinicœ, 2, p. 250 ; Schweinfurth, Planta' niloticœ a Hartmann^ etc, p. 13. \0372. Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlung^ p. 262. \0373. Forskal, FI. arab.^ p. 71. \0374. Boissier, FI. orient. j k, p. 1143. \0375. Rheede, Malabar^ 2, p. 57, t. 32. \0376. Rumphius, Herb, Amooin.^ vol. 4, p. 93. \037\035\013

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RICIN COMMUN 341 \037champs, plutôt pour l'usage médicinal. L'espèce sauvage croît dans les jardins abandonnés (m desertis hortis) ; elle provient sans doute de la plante cultivée [sine dubio degeneratio dômes- ticœ), » Au Japon, le Ricin se voit parmi les buissons et sur les pentes du mont Wunzen, mais MM. Franchet et Savatier * ajou- tent : « Probablement introduit. » Enfin le D"^ Bretschneider ne mentionne pas Tespèce dans son opuscule de 1870, ni dans les lettres qu'il m'a adressées, ce qui me fait supposer une introduc- tion peu ancienne en Chine. \037On cultive le Ricin dans l'Amérique intertropicale. Il s'y natu- lise facilement dans les taillis, les décombres, etc. ; mais aucun botaniste ne l'a trouvé avec les conditions d'une plante vraiment indigène. L'introduction doit remonter au premier temps de la découverte de TAmérique, car on cite aux Antilles un nom vul- gaire, Lamourou, et Pison en indique un autre au Brésil, Nham- ôu-GuacUy Fiauero inferno des Portugais. C'est de Bahia que j'ai reçu le plus grand nombre d'échantillons. Aucun n'est ac- compagné d une assertion de véritable indigénat. \037En Egypte et dans l'Asie occidentale, la culture du Ricin date d'époiques si reculées qu'elles ont fait illusion sur l'origine. \037Les anciens Egyptiens la pratiquaient largement, d'après Hérodote, Pline, Diodore, etc. Il n'y a pas d'erreur sur l'espèce, car on a trouvé dans les tombeaux des graines qui lui appar- tiennent *. Le nom égyptien était Kiki. Théophraste et Diosco- ride l'ont mentionné, et les Grecs modernes l'ont conservé ^, tandis que les Arabes ont un nom tout différent, Kei^ua^ Kerroa^ Charua *. \037Roxburgh et Piddington citent un nom sanscrit Eranda^ Erunda^ qui a laissé des descendants dans les langues modernes de l'Inde. A quelle époque du sanscrit remonte ce nom ? C'est ce que les botanistes ne disent pas. Comme il s'agit d'une plante des pays chauds, les Aryas n'ont pas dû en avoir con- naissance avant leur arrivée aans l'Inde, c'est-à-dire à une époque moins ancienne que les monuments égyptiens. \037La rapidité extrême de la croissance du Ricin a motivé divers noms dans les langues asiatiques et celui de Wunderbaum en allemand. La même circonstance et l'analogie avec le nom égyptien, Kiki^ ont fait présumer que le Kikajon de l'Ancien Testament ^, qui avait crû, disait-on, dans une nuit, était le Ricin. \037Je passe une infinité de noms vulgaires plus ou moins absurdes, comme Palma Christi, Girasole de quelques Italiens, etc., mais il \0371. Franchet et Savatier, Enum, Japcm,, 1, p. 424. \0372. Unger, Pflanzen des alten JEgyptens^ p. 61. \0373. Théophraste, Hist., 1. 1, c. 19; Dioscortdes, 1. 4, c. 171; Fraas, Synopsis fl. class.f p. 92. \0374. Nemnich, Polyglotte Lexicon; Forskal, Fl. œgypt.^ p. 75. \0375. Jonas, IV, 6 ; Pickering, Chronol, hist, of plants^ p. 225, >écrit Kykwyn, \037\035\013

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342 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037est bon de noter l'origine du nom Castor et Castor-oil des An- glais, comme une preuve de leur manière d'accepter sans examen et de dénaturer quelquefois des noms. Il paraît que dans le siècle dernier, à la Jamaïque, où Ton cultivait beaucoup le Ricin, on Tavait confondu avec un arbuste complètement différent, le Vitex Agnus castuSy appelé Agno casto par les Por- tugais et les Espagnols. De Casto ^ les planteurs anglais et le commerce de Londres ont fait Castor *. \037Noyer. — Juglans regia, Linné. \037Il y a quelques années, on connaissait le noyer, à Tétat sau- vage, en Arménie, dans la région au midi du Caucase et de la mer Caspienne, dans les montagnes du nord et du nord-est de rinde et le pays des Birmans ^. L'indigénat au midi du Caucase et en Arménie, nié par C. Koch ^, est prouvé par plusieurs voyageurs. On a constaté depuis Texistence spontanée au Japon *, ce qui rend assez probable que l'espèce est aussi dans le nord de la Chine, comme Loureiro et M. de Bunge l'avaient dit *, sans préciser suffisamment la qualité spontanée. Récem- ment, M. de Heldreich ® a mis hors de doute que le Noyer abonde,^ à Fétat sauvage, dans les montagnes de la Grèce, ce qui s'ac- corde avec des passages de Théophraste "^ qu'on avait négligés. Enfin, M. Heuffel Ta vu, sauvage également, dans les montagnes^ du Banat *. \037L'habitation actuelle, hors des cultures, s'étend donc de l'Eu- rope tempérée orientale jusqu'au Japon. \037Elle a été une fois plus occidentale en Europe, car on a trouvé des feuilles de notre Noyer dans les tufs quaternaires de Pro- vence ®. Il existait beaucoup d'espèces de Juglans dans notre hémisphère, aux époques dites tertiaires et quaternaires; main- tenant elles sont réduites à une dixaine au plus, distribuées dans l'Amérique septentrionale et l'Asie tempérée. \037L'emploi des fruits du Noyer et la plantation de l'arbre ont pu commencer dans plusieurs des pays où se trouvait l'espèce, et l'agriculture a étendu, graduellement mais faiblement, son habi- \0371. Fltickiker et Hanbury, Histoire des drogues, trad. française, 2, p. 320. \0372. C. de Candolle, Prodr., 16, sect. 2, p. 136; Tchihatcheff, Asie Mineure , 1, p. 172; Ledebour, FI. ross., 1, p. 507; Roxburgh, FL ind., 3, p. 630; Boissier, FI. orient., 4, p. 1160; Brandis, Forest flora of India^ p. 498; Kurz, Forest fl. of brit, Burma ^ p. 390. \0373. C. Koch, Dendrologie, 1, p. 584. \0374. Franchet et Savatièr, Enum. plant. Jap., 1, p. 453. \0375. Loureiro, Fl. coch., p. 702; Bunge, Enum., p. 62. \0376. De Heldreich, Verhandl. bot. Vereins Brandenburg, fiu* 1879, p. 147. \0377. Theophrastes, Hist. plant. ^ 1. 3, c. 3, 6. Ces passages et autres des an- ciens sont cités et interprétés par M. Heldreich, mieux que par Hehn et autres érudits. \0378. Heuffel, Abhandl. zool. bot. Ges. in Wien, 1853, p. 194. \0379. De Saporta, 33® session du Congrès scientiHqiie de France, \037\035\013

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NOYER 343 \037talion artificielle. Le Noyer n'est pas un de ces arbres qui se sèment et se naturalisent avec facilité. La nature de ses graines s'y oppose peut-être, et d'ailleurs il lui faut des climats où il ne gèle pas beaucoup et d'une chaleur modérée. Il ne dépasse guère la limite septentrionale de la vigne et s'avance beaucoup moins qu'elle au midi. \037Les Grecs, habitués à l'huile d'olive, ont négligé plus ou moins le Noyer, jusqu'à ce qu'ils aient reçu de Perse une meilleure variété, dite du roi, Karuon basilikon * ou Persikon *. Les Romains ont cultivé le Noyer dès l'époque de leurs rob; ils le regardaient comme d'origine persane '. On connaît leur vieux usage de jeter des noix dans la célébration des noces. \037L'archéologie a confirmé ces détails. Les seules noix qu'on ait trouvées jusqu'à présent sous les habitations des lacustres de Suisse, Savoie ou Italie se réduisent à une localité des environs de Parme, appelée Fontinellato, dans une couche de l'époque du fer *. Or ce métal, très rare du temps de la guerre de Troie, n'a dû entrer dans les usages de la population agricole d'Italie qu'au v« ou vi« siècle avant J.-C, époque à laquelle au delà des Alpes on ne connaissait peut-être paB même le bronze. Dans la station de Lagozza, les fruits du noyer ont été trouvés dans une couche tout à fait supérieure et nullement ancienne du sol ^. Evidemment les Noyers d'Italie, de Suisse et de France ne des- cendent pas des individus fossiles des tufs quaternaires dont j'ai parlé. \037Il est impossible de savoir à quelle époque on a commencé de planter le Noyer dans l'Inde, Ce doit être anciennement, car il existe un nom sdinscrii Ahschôda^ Akhoda ou Akhôta. Les auteurs chinois disent que le Noyer a été introduit chez eux, du Thibet, sous la dynastie Han, par Ghang-Kien, vers l'année 140-150 avant J.-G. ^. Il s'agissait peut-être d'une variété perfectionnée. D'ailleurs il est probable, d'après les documents actuels des botanistes, que le Noyer spontané est rare dans le nord de la Ghine et qu'il manque peut-être dans la partie orientale. La date de la culture au Japon est inconnue. \037Le Noyer et les noix ont reçu chez d'anciens peuples une infi- nité de noms, sur lesquels la science et l'imagination des lin- guistes se sont déployées ', mais l'origine de l'espèce est trop claire pour que nous ayons à nous en occuper. \037\035\0131. Dioscorides, 1. 1, c. 176. \0372. Pline, Hist. plant, , 1. 15, c. 22. \0373. Pline, Ibid. \0374. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 31. \0375. Sordelli, Sullepiante délia torbiera» etc., p. 39. \0376. Bretschneider, On the study ana value, etc, p. 16, et lettre du 23 août 1881. \0377. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes , éd. 2, vol. 1, p. 299; Hehn, Culturpflanzen vnd Haùsthieve, éd. 3, p. 341. \037\035\013

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344 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037Arec. — Areca Catechu, Linné. \037On cultive beaucoup ce palmier dans le pays où l'usage de mâcher le bétel est répandu, c'est-à-dire dans toute TAsie méri- dionale. La noix, ou plutôt Tamande (jui forme la partie princi- pale de la graine contenue dans le fruit, est ce qu'on recherche, pour le goût aromatique. Coupée par fragments, mêlée à de la chaux et enveloppée d'une feuille de poivrier bétel, c'est un excitant agréable, qui fait saliver et noircit les dents à la satis- faction des indigènes. \037L'auteur du principal ouvrage sur les palmiers, de Martius \ s'exprime ainsi sur l'origine de l'espèce : < La patrie n'est pas cer- taine (non constat) ; c'est probablement l'île de Sunda. » Voyons s'il est possible d'affirmer quelque chose, en recourant surtout aux auteurs modernes. \037Sur le continent de l'Inde anglaise, à Geylan et la Cochinchme, l'espèce est toujours indiquée comme cultivée ^. De même pour les îles de la Sonde, Moluques, etc., au midi de l'Asie. Blume *, dans son bel ouvrage intitulé Bumphia, dit (jue la patrie est la presqu'île de Malacca, Siam et les îles voisines. Il ne parait cependant pas avoir vu les pieds indigènes dont il parle. Le D' Bretschneider * croit que l'espèce est originaire de l'archipel malais, principalement de Sumatra, car, diMl, ces îles et les Philippines sont les seules localités où on la trouve sauvage. Le premier de ces faits n'est pas confirmé par Miquel, ni le second par Blanco ^, qui résidait aux Philippines. L'opinion de Blume paraît la plus probable, mais on peut encore dire avec de Mar- tius : la patrie n'est pas constatée. \037L'existence d'une multitude de noms malais, Pinangy Jambe^ etc., et d'un nom sanscrit, Gouvaka, de même que dès variétés fort nombreuses, montrent Tancienneté de la culture. Les Chinois l'ont reçue, en l'an 111 avant J.-C, des pays méri- dionaux, sous le nom malais écrit Pin-lang. Le nom telinga Arek est l'origine du nom botanique Areca. \037Elaeis de Guinée. — Elaeis guineensls^ Jacquin. \037Les voyageurs qui ont visité la côte de Guinée dans la pre- mière moitié du xvi® siècle * remarquaient déjà ce Palmier, dont les nègres tiraient de l'huile en exprimant la partie charnue du \0371. Martius, Hist. nat. Palmarum, in-folio, vol. 3, p. 170 (publié sans date précise, mais avant 1851). \0372. Roxburgh, FI. ind,, 3, p. 616 ; Brandis, Forest flora oflndia^ jû. 551 ; Kurz, Forest flora of british Burma, p. 537 ; Thwaites, Enum, Zeylan,, p. 327 ; Loureiro, FI. cochinch., p. 695. \0373. Blume, Rumphia, 2, p. 67 ; Miquel, FI. indo-batava, 3, p. 9 ; Suppl. de Sumatra, p. 253. \0374. Bretsdmeider, Valice and study, p. 28. \0375. Blanco, Flora de Filipinas, éd. 2. \0376. Da Mosto, dans Ramusio, 1, p. 104, cité par R. Brown. \037\035\013

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COCOTIER 345 \037fruit. C'est un arbre indigène sur toute la côte *. On le plante aussi, et Texportation de Thuile, dite de Palme (Palm oil des Anglais), est l'objet d'un grand commerce. \037Comme il se présente également à Tétat sauvage dans le Bré- sil et peut-être à la Guyane ^, un doute s'était élevé sur la véri- table origine. On pouvait d'autant mieux la supposer américaine que la seule espèce constituant, avec celle-ci, le genre Elaeis^ est de la Nouvelle-Grenade *. Robert Brown cependant, et les au- teurs qui se sont le plus occupés de la famille des Palmiers, sont unanimes à considérer V Elaeis guineensis comme introduit en Amérique, par les nègres et les négriers, lorsqu'ils passaient de la côte de Guinée à la côte opposée américaine. Beaucoup de faits appuient cette opinion. Les premiers botanistes qui ont visité le Brésil, comme Piso et Marcgraf, n'ont pas parlé de TElaeis. Il se trouve seulement sur le littoral, de Rio-de-Janeiro à l'embouchure des Amazones, jamais dans l'intérieur. Il est souvent cultivé ou avec l'apparence d'une espèce échappée des plantations. Sloane *, qui avait exploré la Jamaïque dans le xvii® siècle et avait examiné en Europe des fruits venant d'Afrique, raconte qu'on avait introduit cet arbre, de son temps, de Guinée dans une plantation qu'il désigne. Il s'est naturalisé depuis dans quelques localités des Antilles ^. \037Cocotier. — Cocos nucifera^ Linné. \037Le Cocotier est peut-être de tous les arbres des pays intertro- picaux celui qui donne les produits les plus variés. Son bois et ses fibres sont utilisés de plusieurs manières. La sève , extraite de la partie inférieure de l'inflorescence, donne une boisson al- coolique très recherchée. La coque du fruit sert de vase ; le lait de la graine avant maturité est une boisson agréable; enfin l'amande contient une forte proportion d'huile. Il n'est pas sur- prenant qu'on ait semé et transporté, le plus possible, un arbre aussi précieux. D'ailleurs sa dispersion est aidée par des causes naturelles. Les noix de coco, grâce à leur enveloppe fibreuse, peuvent flotter dans l'eau salée sans que la partie vivante de la graine en soit atteinte. De là résulte une possibilité de transports à de grandes distances par les courants et une naturalisation sur les côtes, quand la température est favorable. Malheureusement cet arbre exige un climat chaud et humide, tel qu'on le trouve \037* \0371. R. Brown, Botany of Congo^ p. 55. \0372. Martius, HisL nat, Palmarum, 2, p. 62 ; Drude, dans Flora brasil,^ fasc. 85, p. 457. Je ne vois pas d'auteur qui affirme la qualité spontanée à la Guyane, comme de Martius le fait pour le Brésil. \0373. Elaeis melanocarpa, Gaertner. Le fruit contient également de Thuile; mais il ne parait j^as qu'on cultive l'espèce, le nombre des plantes oléagi- neuses étant considérable en tous pajs. \0374. Sloane, Natwal history of Jamaica, 2, p. 113. \0375. Grisebach, Flora of british W, India islands, p. 522. \037\035\013

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346 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037seulement entre les tropiques ou dans des localités voisines un peu exceptionnelles. En outre, il ne réussit pas loin de la mer. \037Le Cocotier abonde sur le littoral des régions chaudes de TAsie des îles au midi de ce continent, et dans les pays analogues en Afrique et en Amérique, mais on peut affirmer qu'il date d'une introduction de moins de trois cents ans au Brésil, aux Antilles et sur la côte occidentale d'Afrique. \037Pour le Brésil, Piso et M arcgraf * semblent admettre une ori- gine étrangère, sans le dire positivement. De Martius, qui a pu- blié sur les Palmiers un ouvrage très important ^ et a parcouru les provinces de Bahia, Pernambouc et autres, où le Cocotier abonde, ne dit pas qu'il y soit spontané. Ce sont les missionnai- res qui l'ont introduit à la Guyane '. Sloane * le dit d'origine étrangère aux Antilles. Un vieux auteur du xvi® siècle, Martyr, cité par lui, parle de cette introduction. Elle a eu lieu probable- ment peu d'années après la découverte de l'Amérique, car Joseph Acosta * avait vu le Cocotier à Porto-Rico, dans le xvi® siècle. D'après de Martius, ce sont les Portugais qui l'ont introduit sur la côte de Guinée. Beaucoup de voyageurs ne l'ont pas même mentionné dans cette région, où il joue apparemment un petit rôle. Plus commun sur la côte orientale et à Madagascar, il n'est pourtant pas nommé dans plusieurs ouvrages sur les plantes du Zanzibar, les Seychelles, Maurice, etc., peut-être parce qu'on Ta considéré comme cultivé dans cette région. \037Evidemment le Cocotier ne peut-être originaire ni d'Afrique ni de la partie orientale de l'Amérique inter tropicale. Ces pays étant éliminés, il reste la côte occidentale de l'Amérique tropi- cale, les îles de la mer Pacifique, l'archipel Indien et le midi du continent asiatique , où l'arbre abonde, avec toute l'apparence d'être plus ou moins spontané et d'ancienne existence. \037Les navigateurs Dampier et Vancouver ® l'ont trouvé au com- mencement du XVII® siècle, constituant des forêts, dans les îles près de Panama, non sur la terre ferme, et dans l'île des Cocos, située à 300 milles anglais du continent dans la mer Pacifique. A cette époque, ces îles n'étaient pas habitées. On a trouvé plus tard le Cocotier sur la côte occidentale, du Mexique au Pérou, mais en général les auteurs n'affirment pas qu'il y fût spontané, à l'exception cependant de Seemann \ qui a vu le Cocotier à la fois sauvage et cultivé dans l'isthme de Panama. D'après Her- \037\035\0131. Piao, Brasily p. 65 ; Marcgraf, p. 138. \0372. Martius, Histoiia naturalis Palmarum. 3 vol. in-folio. Voir vol. 2, p. 125. \0373. Aublet, Guyane y suppL, p. 102. \0374. Sloane, Jamaïcay 2, p. 9. \0375. J. Acosta, Hist. nat, des Indes , traduction frcuiçaise^ 1598, p. 178. \0376. Vafer, Voyage de Dampier, éd. 1705, p. 186; Vancouver, éa. française, p. 325, cités par de Martius, Hist, nat Palm,, 1, p. 188. \0377. Seemann, Botany of Herald, p. 204. \037\035\013

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COCOTIER 347 \037nandez % au xvi® siècle, les Mexicains l'appelaient Coyolli^ mot qui n'a pas l'apparence d'un nom indigène. \037Oviedo *, qui écrivait en 1526, dès les premiers temps de la conquête du Mexique, dit que le Cocotier abondait sur la côte de la mer Pacifique, dans la province du cacique Ghiman, et il décrit clairement l'espèce. Gela ne prouve pas la qualité d'arbre spontané. \037Dans l'Asie méridionale, surtout dans les îles, le Gocotier se montre à l'état sauvage ou cultivé. Plus les îles sont petites, bas- ses et sous l'influence de l'atmosphère marine, plus lesGocotiers prédominent et attirent l'attention des voyageurs. Quelques-unes en ont tiré leur nom, entre autres deux îles près de celles d'Anda- man, et une près de Sumatra. \037Le Gocotier, avec toutes les apparences d'un ancien état spon- tané, se trouvant en Asie et dans l'Amérique occidentale, la question de l'origine est obscure. D'excellents auteurs Pont ré- solue d'une façon diff'érente. De Martius regarde comme probable un transport, par les courants, des îles situées à l'ouest de l'Amé- rique centrale à celles de l'archipel asiatique. J'inclinais autre- fois ^ vers la même hypothèse, admise depuis sans discussion par Grisebach * ; mais les botanistes du xvii® siècle regardaient sou- vent l'espèce comme asiatique, et Seemann ^, après un examen attentif, se déclare indécis. Je donnerai le pour et le contre sur chacune des hypothèses. \037En faveur d'une origine américaine^ on peut dire^ : \0374® Les onze autres espèces du genre Gocos sont d'Amérique, et même toutes celles que Martius connaissait bien sont du Brésil ^. M. Drude ', qui s'occupe beaucoup des Palmiers, a écrit un ar- ticle pour soutenir que chaque genre de cette famiJle est propre à l'ancien ou au nouveau monde, excepté le genre Elaeis, et en- core il soupçonne le transport de TE. Guineensis d'Amérique en Afrique, ce qui n'est pas du tout probable (voir ci-dessus, p. 344). \037La force de cet argument est un peu atténuée par la circon- stance que le Gocos nucifera est un arbre du littoral et des lieux humides, tandis que les autres espèces vivent dans des conditions différentes, fréquemment loin de la mer ou des rivières. Les plantes maritimes, de marais ou d'endroits humides ont en gé- néral une habitation plus vaste que leurs congénères. \0372° Les vents alizés de la mer Pacifique, au sud et encore plus \0371. Hemandez, Thésaurus mexic, p. 71. Il attribue le même nom, p. 75, au Gocotier croissant aux îles Philippines. \0372. Oviedo, traduction de Ramusio, 3, p. 53. \0373. A. de Candolle, Géogr, bot. rais,, p. 976. \0374. Grisebach, Végétation der Erde, p. 11, 323. \0375. Seemann, Flora Vitiensis, p. 275. \0376. Le Goco dit des Maldives appartient au genre Lodoicea. Le Coco ma- miilaris, Blanco, des Philippines, est une variété du Gocos nucifera cultivé. \0377. Drude, dans Bot. Zeitung, 1876, p. 801, et Flora brasiiiensis, fasc. 85, p. 405. \037\035\013

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348 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037au nord de Téquateur, poussent les corps flottants d'Amérique en Asie, contrairement à la direction des principaux courants *. On sait d'ailleurs, par l'arrivée imprévue sur différentes côtes des bouteilles contenant des avis, que le hasard joue un grand rôle dans ces transports. \037Les arguments en faveur de l'origine asiatique, ou contre l'ori- gine américaine, sont les suivants : \0374® Un courant sous les 3-5<> lat. N. porte directement des lies de l'archipel indien à Panama ^. Il y a bien au nord et au midi d'autres courants en sens opposé , mais ils proviennent de régions trop froides pour le Cocotier et ne touchent pas à l'Amé- rique centrale où on le suppose indigène d'ancienne date. \0372^ Les habitants des îles asiatiques ont été des navigateurs beaucoup plus hardis que les Indiens d'Amérique. Il est très possible que des pirogues, contenant des noix de coco en pro- vision, aient été jetées par les tempêtes ou par de fausses manœu- vres des archipels d'Asie sur les îles ou sur la côte occidentale d'Amérique. L'inverse est infiniment peu probable. \0373" L'habitation, depuis trois siècles, est bien plus vaste en Asie qu'en Amérique , et avant cette époque la différence était plus grande, car nous savons que le Cocotier n'était pas ancien dans l'orient de l'Amérique tropicale. \0374° Les peuples de l'Asie insulaire possèdent un nombre im- mense de variétés de cet arbre, ce qui fait présumer une culture très ancienne. Blume, dans son Rumphia^ énumère 18 variétés de Java ou des îles voisines et 39 des îles Philippines. Rien de sem- blable n'a été constaté en Amérique. \0375® Les emplois du Cocotier sont également plus variés et plus habituels en Asie. C'est à peine si les indigènes d'Amérique sa- vaient l'utiliser autrement que pour le lait et Tamande du fruit, sans en tirer de l'huile. \0376° Les noms vulgaires , très nombreux et originaux en Asie, comme nous le verrons plus loin, sont rares et d'origine souvent européenne en Amérique. \0371^ Il n'est pas probable que les anciens Mexicains et habitants de l'Amérique centrale eussent négligé de répandre le Cocotier dans plusieurs directions s'il avait existé depuis une époque très reculée sur leur continent. Le peu de largeur de lïsthme de Pa- nama aurait facilité le transport d'une côte à l'autre, et l'espèce se serait vite établie aux Antilles, à la Guyane, etc., comme elle s'est naturalisée à la Jamaïque, Antigua ^ et ailleurs depuis la découverte de l'Amérique. \0378** Si le Cocotier, en Amérique, remontait à des temps géologi- ques plus anciens que les dépôts pliocènes ou même éocènes en \0371. Stieler, Hand Atlas, éd. 1867, carte 3. \0372. Stieler, 2*6., carte 9. \0373. Grisebach, Flora of british W. India islands, p. 522, \037\035\013

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COCOTIER 349 \037Europe, on l'aurait probablement trouvé sur toutes les côtes et îles orientales et occidentales, assez uniformément. \0379"* Nous ne pouvons avoir aucune date ancienne sur Texistence du Cocotier en Amérique ; mais sa présence en Asie, il y a trois ou quatre mille ans, est constatée par plusieurs noms sanscrits. Piddington, dans son Index, n'en cite qu'un, Narikela, C'est le plus sûr, car il se retrouve dans les langues modernes de l'Inde. Les érudits en comptent une dizaine, qui, d'après leur significa- tion, paraissent s'appliquer à l'espèce ou à son fruit *. Nankela a passé, avec modification, en arabe et en persan *. On le trouve même à 0- Taïti sous la forme de An ou Haari ', concurremment avec un nom malais. \03710° Les Malais ont un nom très répandu dans l'archipel, Ka- lâpa^ Kiâpa, Klôpo. A Sumatra et Nicobar, on trouve le nom NJîo?* Nieor, aux Philippines Nio^, à Bali ISiuh^ Njo, à Tahiti Niuh^ et dans d'autres îles TViu, Nidju, Ni, même à Madagascar Wua-niu *. Les Chinois disent Fe, soit Ye-tsu (arbre Yé), Avec le nom sans- crit principal, cela constitue quatre racines difiPérentes, qui font présumer une existence ancienne en Asie. Cependant l'unifor- mité de nomenclature dans l'archipel jusqu'à Taïti et Mada- gascar indique un transport par les hommes depuis l'existence des langues connues. \037Le nom chinois signifie : tète du roi de Yue. Il remonte à une légende ridicule dont parle le D"" Bretschneider ^. La première mention du Cocotier, d'après ce savant, se trouve dans un poème du II® siècle avant Jésus-Christ; mais les descriptions plus recon- naissables sont dans les ouvrages postérieurs au ix® siècle de l'ère chrétienne. Il est vrai que les anciens écrivains connais- saient à peine le midi de la Chine, seule partie de l'empire où le Cocotier puisse vivre. \037Malgré les noms sanscrits, l'existence du Cocotier dans l'île de Ceylan, où il est bien établi sur le littoral, date d'une époque à peu près historique. Près de Point-de-Galle, nous dit Seemann ®, on voit gravée sur un rocher la figure d'un prince indigène Kot- tah Raya, auquel on attribue la découverte des emplois du Co- cotier, inconnu avant lui, et la plus vieille chronique de Ceylan, le Marawansa^ ne parle pas de cet arbre, bien qu'elle cite minu- tieusement les fruits importés par divers princes. Remarquons aussi que les anciens Grecs et Egyptiens, malgré leurs rapports avec l'Inde et Ceylan, n'ont eu connaissance de la noix de coco \0371. M. Eugène Fournier m'a indiqué par exemple : Drdapala (à fruit dur), Palakecara (à fruit chevelu), Jalakajka (réservoir d'eau), etc. \0372. Blume, Rumphia, 3, p. 82. \0373. Forster, De plantis esculentis, p. 48 ; Nadeaud, Enum. des plantes de Tahiti, p. 41. \0374. Blume, Ibid. \0375. Bretschneider, Studjj and value, etc., p. 24. \0376. Seemann, Flora Vitiemis, p. 276. \037\035\013

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380 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES \037^ue tardivement, comme d'une curiosité indienne. Apollonius de Tyane l'avait vu dans l'Hindustan, au commencement de Tère chrétienne *. \037D'après ces faits, l'habitation la plus ancienne en Asie serait dans l'archipel plutôt que sur le continent ou à Ceylan; et, en Amérique, dans les îles à l'ouest de Panama. \037Que faut-il penser de ces indications variées et contradictoires? J'ai cru jadis que les arguments en faveur de l'Amérique occi- dentale étaient les plus forts. Maintenant, avec plus de rensei- gnements et plus d'expérience dans ces sortes de questions, j'in- cline à ridée d'une origine de l'archipel indien. \037L'extension vers la Chine, Ceylan et l'Inde continentale ne date pas de plus de trois ou quatre mille ans, mais les transports par mer sur les côtes d'Amérique et d'Afrique remontent peut- être à des temps plus anciens, quoique postérieurs aux époques dans lesquelles existaient des conditions géographiques et phy- siques différentes de celles d'aujourd'hui. \0371. Pickering, Chroiiological ai^^angementy p, 428. \037\035\013

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TROISIÈME PARTIE \037RÉSUMÉ ET CONCLUSIOrVS \037\035\013CHAPITRE PREMIER \037TABLEAU GÉNÉRAL DES ESPÈCES AVEC L'iNDICATION DE LEUR ORIGINE ET DE L'ÉPOQUE DE LEUR MISE EN CULTURE * \037Le tableau qui suit renferme quelques espèces dont le détail n'a pas été donné dans ce qui précède, par le motif que leur origine est bien connue et leur importance médiocre. \037Espèces originaires de l'ancien monde. \037CULTIVÉES POUR LA PARTIE SOUTERRAINE \037Noms et durée. Date. Origine. \037Radis. Raphanus sativus. ©. B Asie occidentale tempérée. \037Cran. Gochlearia Armera ci a. Tff, C Europe orientale tempérée. \037Rave. Brassica Râpa. •($). A Europe, Sibérie occidentale (?). \037ISavet. Brassica Napus. 2). A Europe, Sibérie occidentale (?). \037Carotte. Daucus Carota. 2). B Europe, Asie occid. tempérée (?). \037Panais. Pastinaca sativa. (2). C Europe moyenne et méridionale. • \037Cerfeuil bulbeux. Chœrophyllum C Europe moyenne. Caucase, bulbosum. @. \0371. Le3 signes de durée sont : ® plante annuelle, (2) bisannuelle, T/f vi- vace, 5 arbrisseau, 5 arbuste, 5 petit arbre, ^ grand arbre. \037Les lettres indiquent Tépoque certaine ou probable de la mise en cul- ture, savoir : \037Vour les espèces de Vancien monde. — A, une espèce cultivée depuis plus de quatre mille ans (d'après les anciens historiens, les monuments de l'ancienne Egypte, les ouvrages chinois, et les indices botanimies ou lin- ' guistiques). — B, cultivée depuis plus de deux mille ans (indiquée dans Théopnraste, ou trouvée dans les restes des lacustres, ou d*une date connue des anciens, ou présentant des indices variés, comme d'avoir des noms hé- breux ou sanscrits). — G, cultivée depuis moins de deux mille ans (citée par Dioscoride, non par Théophraste, vue dans les dessins de Pompeia, introduite à une date connue, etc.) \037Pour les espèces américaines. — D, culture très ancienne en Amérique (d'après sa grande extension et le nombre des variétés). — E, espèce cul- tivée avant la découverte de TAmérique, sans oflfrir des indices dSine très grande ancienneté de culture. — F, espèce mise en culture depuis la dé- couverte de l'Amérique. \037\035\013

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3S2 TABLEAU GÉNÉRAL DES ESPÈCES \037Noms et durée. Date. Origine, \037Chervis. Sium Sisarum, Tff,. C Sibérie al laïque, Perse septentrion. \037Garance. Rubia tinctorum. T/f, B Asie occid. tempérée, sud-est de \037l'Europe. Salsifls.Tragopogonporrifolium.(2).C(?) Sud-est de l'Europe, Algérie. Scorzonère. Scorzonera hispanica. C Sud-ouest de TEurope. Midi du \037Caucase. Raiponce.CampanulaRapunculus.(2).C Europe tempérée et méridionale. \037S Légume. B Canaries, rég^ion de la Méditerra- née, Asie occid. tempérée. Betterave. B Dérivée dans la culture. Ail. Allium sativum. Tlf, B Désert des Kirghis, dans l'Asie \037occidentale tempérée. Oignon. Allium Cepa. (2). A Perse, Afghanistan, Belouchistan, \037Palestine (?). Ciboule. Allium fistulosum. Tlf, C Sibérie (du pays des Kirghis au \037Baïcal). Echalotte. Allium ascalonicum. Iff, C Modification du Cepa(?). Inconnu \037spontané. Rocambole. Allium Scorodopra- C Europe tempérée. \037sum. ip. Ciboulette. Allium Schœnopra - C(?) Europe tempérée et sept. , Sibérie, sum. TJf. Kamtchatka. Amérique sept. \037(lac Huron). Golocase. Golocasia antiquorum. ^. B Inde. Archipel indien. Polynésie. Alocase. Alocasia macrorhiza. î^. (?) Geylan. Archipel indien. Polynésie. Konjak. Amorphophallus Konjak. (?) Japon (?). \037Ignames. Dioscorea sativa. ip, B(?) Asie mérid. [spécialement Mala- bar (?), Ceylan (?), Java (?)]. \037— Dioscorea Batatas. TJf, B(?) Chine (?]. \037— Dioscorea japonica. Tlf, (?) Japon (?). \037— Dioscorea alata. Tlf, (?) Archipel asiatique oriental. \037CULTIVÉES POUR LES TIGES OU LES FEUILLES \0371® Légumes. \037Chou. Brassica oleracea. ®, ®, 5* A Europe. \037Chou de Chine. Brassica chinen- (?) Chine (?), Japon (?). \037sis. (2). Cresson de fontaine. Nasturtium (?) Europe, Asie septentrionale. \037officinale. ^. Cresson alénois. Lepidium sati- B Perse (?). \037vum. ®. Sea-Kale. Crambemaritima. î^. C Europe occidentale tempérée. Pourpier. Portulaca oleracea. ®. A De l'Himalaya occid. à la Russie \037mérid. et la Grèce. Tetragone étalée. Tetragonia ex- C Nouvelle-Zélande et Nouvelle- \037pansa. ®. Hollande. \037Céleri. Apium graveolens. @. B Europe temp. et mérid., Afrique \037sept., Asie occidentale. Cerfeuil. An thriscuscerefolium.®. C Sud-Est de la Russie , Asie occi- dentale tempérée. \037\035\013

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LEUR ORIGINE ET LEUR MISE EN CULTURE 3S3 \037Noms et durée. Date. Origine. \037PersiL Petroselinum sativum. (2). G Europe mérid., Algérie, Liban. Ache. Smyrnium Olus-atrum. (2). C Europe mérid., Algérie, Asie occi- dentale tempérée. Mâche. Valerianella olitoria. ®. G Sardaigne, Sicile. \037rardnn Tvnara Par- ( ^^^^^"- ^ Europe méridionale, Afrique sep- Lardon. ^ynara Lar- \ tentrionale, Canaries, Madère. \037dunculus. (2). ip. ^ Artichaut. C Dérivé du Cardon. Laitue. Lactuca Scariola. ®. ®. B Europe mérid., Afrique septen- trionale, Asie occidentale. Chicorée sauvage. Cichorium Inty- G Europe, Afrique septentr., Asie \037bus. TJf. occidentale tempérée. \037Chicorée Endive. Cichorium Endi- C Région de la Méditerranée, Cau- \037via. ®. case, Turkestan. \037Epinard. Spinacia oleracea. ®. ♦ C Perse (?). Arroche. Atriplex hortensis. ®. C Europe septentrionale et Sibérie. Brède de Malabar. Amarantus gan- (?) Afrique tropicale — Inde (?). \037geticus. ®. Oseille. Rumex acetosa. T/f, (?) Europe. Asie septentrionale, mon- \037tagnes de rinde. Patience. Rumex Patientia. Tff, (?) Turquie d'Europe. Perse. Asperge. Asparagus officinalis. Tp. B Europe, Asie occid. tempérée. Poireau. Allium ampeloprasum. ^. B Région de la Méditerranée. \037\035\0132» Foun*ages, \037Luzerne. Medicago sativa. ^. B Asie occidentale tempérée. \037Sainfoin. Onobrychis sativa. ^. C Europetempérée. Midi du Caucase. Sulla. Hedysarum coronarium. ']p. C Région de la Méditerranée centrale \037et occidentale. Trèfle. Trifolium pratense. 7^. C Europe, Algérie, Asie occidentale \037tempérée. Trèfle hybride. Trifolium hybri- C Europe tempérée. \037dum. ®. Trèfle incarnat. Trifolium incar- C Europe méridionale. \037natum. ®. Trèfle d'Alexandrie. Trifolium C Syrie, Anatolie. \037alexandrinum. ®. Ers. Ervum Ervilia. ®. B Région de la Méditerranée (?) \037Vesce. Vicia sativa. ®. B Europe, Algérie. Midi du Caucase. \037Jarosse. Lathyrus Cicera. ®. B De l'Espagne et l'Algérie à la Grèce. \037Gesse. Lathyrus sativus. ®. B Midi du Caucase (?). \037Gesse Ochrus. Lathyrus Ochrus.®. B Italie. Espagne. Fenu-grec. Trigonella fœnum-grse- B N.-E. de l'Inde et Asie occiden- \037cum. ®. taie tempérée. \037Serradelle. Ornithopus sativus. ®.B(?) Portugal, midi de l'Espagne, Al- gérie. Lupuline. Medicago lupulina.® . ® . C Europe. Afrique sept. (?). Asie tem- pérée. Spergule. Spergula arvensis. ®. B(?) Europe. Herbe de Guinée. Panicum maxi-C(?) Afrique intertropicale. \037mum. ^. \037De Candolle. 23 \037\035\013

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354 TABLEAU GÉNÉRAL DES ESPÈCES \03730 Emplois divers. \037Noms et durée. Date. Origine. \037Thé. Thea sinensis. 5- A Assam, Chine, Mandschourie. \037Lin anciennement cultivé. Linum A Région de la Méditerranée. \037angustifolium. ^. (2). ©. Lin actuellement cultivé. Linum A(?)Asie occidentale (?). Dérivé du \037usitatissimum. ®. précédent (?). \037Jute. Corchorus capsularis. 0. C(?)Java. Geylan. Jute. Corchorus olitorius. ®. C(?) Nord-ouest de l'Inde. Ceylan. \037Sumac. Rhus Coriaria. 5- G Région de la Méditerranée. Asie \037occidentale tempérée. Cat. Celastrus edulis. 5- (^) Abyssinie — Arabie (?). \037Indigotier des teinturiers. Indigo- B Inde (?). \037fera tinctoria. 5- * \037Indigotier argenté. Indigofera ar- (?) Abyssinie, Nubie, Cordofan, Sen- \037gentea. 5- naar — Inde (?). \037Henné. Lawsonia alba. 3- A Asie occid. tropicale. Nubie (?). \037Eucalyptus globulus. S- G Nouvelle-Hollande. \037Cannelier. Ginnamomum zeyiani- C Ceylan. Inde. \037eu m. 5- Ramié (China grass). Bœhmeria (?) Chine. Japon. \037nivea. ^. 5» Chanvre. Cannabis sativa. ®. A Daourie. Sibérie. \037Mûrier blanc. Morus alba. 5- A(?) Inde. Mongolie. Mûrier noir. Morus nigra. 5- B(?) Arménie, Perse septentrionale. \037Canne à sucre. Saccharum offlci- B Cochinchine (?), sud-ouest de la \037narum. ^. Chine (?). \037CULTIVÉES POUR LES FLEURS OU LEURS ENVELOPPES. \037Giroflier. Caryophyllus aromati- (?) Moluques. \037eus. 5«  Houblon. Humulus Lupulus. î^. C Europe, Asie occident, tempérée, \037Sibérie. Carthame.Carthamustinctorius.®. A Arabie (?). Safran. Crocus sativus. ^. A Italie méridionale , Grèce , Asie \037Mineure (?). \037CULTIVÉES POUR LES FRUITS \037Pompelmouse. Citrus decumana. ,5. B Iles de la mer Pacifique à Test \037de Java. Cédratier, Citronnier. Citrus me- B Inde. \037dica. 5- Oranger Bigaradier. Citrus Au- B Est de l'Inde. \037rantium Bigaradia. 5. Oranger doux. Citrus Aurantium C Chine et Cochinchine. \037sinense. 5* Mandarine. Citrus nobilis. 5- (?) Chine et Cochinchine. \037Mangostan. Garcinia Mangosta- (?) Iles de la Sonde. Péninsule ma- \037na. 5» laise. \037Gombo. Hibiscus esculentus. ®. C Afrique tropicale. \037\035\013

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LEUR ORIGINE ET LEUR MISE EN CULTURE 3S5 \037Noms et durée. Date. Origine, \037Vigne. Vitis vinifera. 5- A Asie occidentale tempérée, région \037de la Méditerranée. Jujubier commun. Zizyphus vul- B Chine. \037garis. 5. Jujubier Lotus. Zizyphus Lotus. 5. (?) D'Egypte au Maroc. Jujubier de l'Inde. Zizyphus Ju-A{?) Pays des Birmans, Inde. \037juba. 5. Manguier. Mangifera jndica. 5- A (?) Inde. \037Evi. Spondias dulcis. 5. (?) Iles de la Société, des Amis, Fidji. \037Framboisier. Rubus idseus. 5* C Europe et Asie tempérées. Fraisier ordinaire. Fragaria ves- G Europe et Asie occid. tempérées. \037ca. T[f, Amérique sept, à Test. \037Cerisier des oiseaux. Prunus B Asie occident, tempérée, Europe \037avium. 5- tempérée. \037Cerisier commun. Prunus Cera- B De la Caspienne à l'Anatolie occi- \037sus. 5- dentale. \037Prunier domestique. Prunus do- B Anatolie, midi du Caucase, Perse \037mestica. 5- septentrionale. \037Prunier proprement dit. Prunus (?) Europe mérid., Arménie, midi du \037insititia. 5* Caucase, Talysch. \037Abricotier. Prunus Armeniaca. 5- A Chine. Amandier. Amygdalus commu- A Région de la Méditerranée, Asie \037nis. 5. . occidentale tempérée. \037Pêcher. Amygdalus Persica. j. A Chine. Poirier commun. Pyrus commu- A Europe et Asie tempérées. \037nis. 5- Poirier de Chine. Pyrus sinensis. 5- (?) Mongolie, Mandschourie. Pommier. Pyrus Malus. 5- A Europe, Anatolie, midi du Caucase. \037Cognassier. Cydonia vulgaris. 5- A Perse septentrion., midi du Cau- case, Anatolie. Bibassier. Eriobotrya japonica. 5- (?) Japon. \037Grenadier. Punica Granatum. ^, A Perse, Afghanistan, Belouchistan. Pomme-rose. Jambosa vulgaris. 5- B Archipel indien, Cochinchine , \037Birma, nord-est de l'Inde. Jamalac. Jambosa malaccensis. 5- B Archipel indien, Malacca. Gourde. Gucurbita Lagenaria. ®. C Inde, Moluques — Abyssinie. Potiron. Cucurbita maxima. ®. C(?) Guinée. Melon. Cucumis Melo. ®. C Inde. Belouchistan — Guinée. \037Pastèque. Citrullus vulgaris. ®. A Afrique intertropicale. Concombre. Cucumis sativus. ®. A Inde. Concombre Anguria. Cucumis An- C(?) Afrique intertropicale (?). \037guria. ®. Benincasa. Benincasa hispida. ®. (?) Japon. Java. Lufl'a cylindrique. Luffa cylin- C Inde. \037drica. ®. Luffa anguleux. Luffa acutangula. C Inde. Archipel indien. \037®. Trichosanthes serpent. Trichosan- C Inde (?). \037thés anguina. ®. Liane Joliffe. Joliffia (ou Telfai-C(?j Zanzibar. \037ria). ?r. Groseillier à maquereaux, Ribes C Europe temp., Afrique sept., Cau- \037Grossularia. 5- case, Himalaya occid. \037\035\013

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3S6 TABLEAU GÉNÉRAL DES ESPÈCES \037Noms et durée. Date. Origine. \037Groseillier rouge. Ribes rubrum. 5. C Europe sept, et temp., Sibérie, \037Caucase, Himalaya — Nord-est des Etats-Unis. \037Groseillier noir. Ribes nigrum. 5. C Europe sept, et moyenne, Armé- nie, Sibéria, Mandschourie, Hi- malaya occid. \037Kaki. Diospyros Kaki. 5, (?) Japon, Chine sept. (?). \037Diospyros Lotus. 5. (?) Chine, Inde,. Afghanistan, Perse, \037Arménie, Anatolie. \037Olivier. Olea europœa. 5- A Syrie, Anatolie mérid. et îles voi- \037sines. \037Aubergine. SolanumMelongena.®. A Inde. \037Figuier. Ficus Carica. 5- A Région moyenne et mérid. de la \037mer Méditerranée (de la Syrie aux Canaries). \037Arbre à pain. Artocarpus incisa. ^^. (?) Iles de la Sonde. \037Jacquier. Artocarpus integrifolia. 3' B(?) Inde. \037Dattier. Phœnix dactylifera. J. A Asie occid. et Afrique occid. (de \037TEuphrate aux Canarie ). \037Bananier. Musa sapientum. 5» A Asie méridionale. \037Elœis guineensis. 3, (?) Guinée. \037CULTIVÉES POUR LES GRAINES \037l» Nutritives, \037Li-Tschi. Nephelium Lit-chi. 5- (?) Chine méridion. Cochinchine (?). Longan. Nephelium Longana. 5« (?) Inôe. Pegu. Ramboutan . Nephelium lappa- (?) Inde. Pegu. \037ceum. 5' Pistachier. Pistacia vera. $, C Syrie. \037Fève. Faba vulgaris. ®. A Midi de la mer Caspienne (?). \037Lentille. Ervum Lens. ®. A Asie occid. tempérée, Grèce, Italie. \037Pois chiche. Cicer arietinum. ®. A Midi du Caucase et de la mer \037Caspienne. Lupin. Lupinus albus. ®. B Sicile.Macédoine. Midi du Caucase. \037Termis. Lupinus Termis. ®. A De la Corse à la Syrie. \037Pois gris. Pisum arvense. ®. C(?) Italie. Pois des jardins. Pisum sativum.®. B Du midi du Caucase à la Perse (?). \037Inde septentrionale (?). Soja. Dolichos Soja. ®. A Cochinchine. Japon. Java. \037Cajan. Cajanus indiens. 5» G Afrique équatoriale. \037Caroubier. Ceratonia Siliqua. J. A(?)Côte méridion. d'Anatolie, Syrie \037Cyrénaïque (?). Haricot à feuille d'Aconit. Phaseo- C Inde. \037lus aconltifolius. ®. Haricot trilobé. Phaseolus trilo- B Inde. Afrique tropicale. \037bus. ^. ®. Mungo. Phaseolus Mungo. ®. B(?) Inde. Lablab. Phaseolus Lablab. ^. ®. B Inde. Lubia. Phaseolus Lubia. ®. C Asie occidentale (?). \037Voandzou. Voandzeia subterra- (?) Afrique intertropicale, nea. ®. \037\035\013

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LEUR ORIGINE ET LEUR MISE EN CULTURE 357 \037Noms et darée. Date. Origine. \037Sarrasin. Fagopyrum esculen- C Mandschourie, Sibérie centrale. \037tum. ®. Sarrasin de Tartarie. Fagopyrum C Tartarie, Sibérie jusqu'en Daou- \037tataricum. ®. rie. \037Sarrasin émarginé. Fagopyrum (?) Chine occid. Himalaya oriental. \037emarginatum. ®. Kiery.Amarantus frumentaceus.®. (?) Inde. \037Cliâtaignier. Gastaneavulgaris. ^. (?) Du Portugal à la mer Caspienne. \037Algérie orientale. — Variétés ; Japon, Amérique septentrion. Froment. Triticum vulgare , et A Région de TEuphrate. \037variétés (?). ®. Epeautre. Triticum Spelta. ®. A Dérivé du précédent (?). Locular. Triticum monococcum. ®. (?) Servie, Grèce, Anatolie (si Ton \037admet l'identité avec le Tr. bœo- ticum). Orge à deux rangs. Hordeum di- A Asie occidentale tempérée. \037stichon. ®. Orge commune (à quatre rangs). (?) Dérivé du précédent (?). \037Hordeum vulgare. ®. Orge à six rangs. Hordeum hexa- A Dérivé du précédent (?). \037stichon. ®. Seigle. Secale céréale. ®. B Europe orientale tempérée (?). \037Avoine ordinaire. Avena sativa. ®. B Europe orientale tempérée (?). Avoine d'Orient. Avena orienta- C(?) Asie occidentale (?j. \037lis. ®. Millet commun. Panicum milia- A Egypte. Arabie. \037ceum. ®. Panic d'Italie. Panicum italicum.®. A Chine. Japon. Archipel indien (?). Sorgho. Holcus Sorghum. ®. A Afrique tropicale (?5. \037Sorgho sucré. Holcus sacchara- (?) Afrique tropicale (?). \037tus. ®. Coracan. Eleusinè Coracana. ®. B Inde. Riz. Oryza sativa. ®. A Inde. Chine méridionale (?). \0372o Emplois divers. \037Pavot. Papaver somniferum. ®. B Dérivé du P. setiferum , de la \037région méditerranéenne. Sinapis alba. ®. B Europe temp. et mérid., Afrique \037sept., Asie occid. temp. Sinapis nigra. ®. B Mêmes régions. \037Cameline. Camelina sativa. ®. B(?) Europe temp. Caucase. Sibérie. Cotonnier herbacé. Gossypium her- B Inde. \037baceum. 5. ®. Cotonnier arborescent. Gossypium B(?) Haute Egypte. \037arboreum. 5» Caféier d'Arabie. Coffea arabica. 5» C Afrique tropicale (Mozambique, \037Abyssinie, Guinée). Caféier de Libérie. Coffèa liberi- C Guinée, Angola. \037ca. 3, Sésame. Sesamum indicum. ®. A Iles de la Sonde. Muscadier. Myristica fragrans. 5* B Moluques. \037\035\013

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388 TABLEAU GÉNÉRAL DES ESPÈCES \037Noms et durée. Date. Origine. \037Ricin commun. Ricinus commu- A Abyssinie, Sennaar, Gordofan. \037nis. 5- Noyer. Juglans régla. J. (?) Europe tempérée orient. Asie \037tempérée. Poivrier noir. Piper nigrum. 5- B Inde; Poivrier long. Piper longum. 5- B Inde. Poivrier officinal. Piper offlcina- B Archipel indien. \037rum. 5' Poivrier Bétel. Piper Betle. 5- B Archipel indien. Arec. Areca Catechu. g. B Archipel indien. \037Cocotier. Cocos nucifera. ^5- (?) Archipel indien (?). Polynésie (?). \037Espèces originaires d'Amérique. \037CULTIVÉES POUR LA PARTIE SOUTERRAINE \037Arracacha. Arracachaesculenta.^. E Nouvelle-Grenade (?). * \037®. Topinambour. Helianthus tubero-E(?) Amérique sept. (Indiana.) \037sus. ^. \037Pomme de terre. Solanum tubero- E Chili. Pérou (?). \037sum. ^. \037Batate. Convolvulus Bâta tas. ^. D Amérique tropicale (où ?}. \037Manioc. Manihot utilissima. 5- E Brésil oriental intertropical. \037Arrow- root. Maranta arundina- (?) Amérique tropicale (continen- \037cea. ;^. taie ?). \037CULTIVÉES POUR LES TIGES OU LES FEUILLES \037Maté. Ilex paraguariensis. 5- D Paraguay et Brésil occidental. \037Coca. Erythroxylon Coca. g. D Pérou oriental, Bolivie orientale. \037Quinquina Calisaya. Cinchona Ca- F Bolivie, Pérou méridional. \037lisaya. 5* Quinquina officinal. Cinchona offi- F Equateur (province de Loxa). \037cinalis. 5«  Quinquina rouge. Cinchona succi- F Equateur (province de Cuenea). \037rubra. 5- Tabac ordinaire. Nicotiana Taba- D Equateur. Pays adjacents (?). \037cum. ®. \037Tabac rustique. Nicotiana rusti- E Mexique (?). Texas (?).Californie(?). ca. ®. Maguay. Agave americana. 5- E Mexique (?). \037CULTIVÉES POUR LES FRUITS \037Pomme canelle. Anona squamo- (?) Antilles. \037sa. 5, \037Corossol. Anona muricata. 5- (?) Antilles. \037Cœur de bœuf. Anona reticulata. 5. (?) Antifies. Nouvelle-Grenade. \037Cherimolia. Anona Cherimolia. 5. E Equateur. Pérou (î). \037Abricotier d'Amérique. Mammea (?) Antilles. \037americana. S, \037\035\013

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LEUR ORIGINE ET LEUR MISE EN CULTURE 389 \037Noms et durée. Date. Origine. \037Pommier d'Acajou. Amacardium (?) Amérique intertropicale. \037occidentale. J. Fraisier de Virginie. Fragaria vir- F Amérique sept, tempérée. \037I^inica. T[f. Fraisier du Cliili. Fragaria chi- F Chili. \037loensis. Tjï, Goyavier. Psidium Guayava. 5- E Amérique tropicale continentale. Courge Pepon, Citrouille. Gucurbi ta E Amérique septentr. tempérée. \037Pepo et Melopepo. (T). Figue d'Inde. Opuntia Ficus-in- E Mexique. \037dica. 5- Chayotte. Sechium edule. ©. E Mexique (?). Amérique centrale. \037Caïnitier. Chrysophyllum Gaini- E Antilles. Panama. \037to. 5- Gaïmito. Lucuma Caimito. ^, E Pérou. \037Mammeï. Lucuma mammosa. 5* E Région de TOrénoque. Sapotillier. Sapota Achras. 5- E Campèche, isthme de Panama, \037Venezuela. Persimmon. Diospyros virgini- F États-Unis orientaux. \037ca. 5. Piment annuel. Capsicum an- E Brésil (?). \037nuum. ®. Piment arbrisseau. Capsicum fru- E Du Pérou oriental à Bahia. \037tescens. 5» Tomate. Lycopersicum esculen- E Pérou. \037tum. ®. Avocatier. Persea gratissima. ^, E Mexique. Papayer. Papaya vulgaris. 5* E Antilles. Amérique centrale. \037Ananas. Ananassa sativa. iff. E ^Mexique, Amérique centrale, Pa- \037nama, Nouvelle-Grenade, Guya- ne (?), Bahia (?). \037CULTIVÉES POUR LES GRAINES \0371" Nutritives, \037Cacaoyer. Theobroma Cacao. 5* D Région des Amazones, de POré- \037noque. Panama (?). Yucatan (?). Haricot courbé. Phaseolus luna- E Brésil. \037tus. zr. \037Quinoa. Chenopodium Quinoa. ®. E Nouvelle-Grenade (?). Pérou (?). \037Chili (?). Maïs. Zea Mays. @. D Nouvelle-Grenade (?). \0372' Be divers emplois. \037Hocou. Bixa Orellana. 5- D Amérique intertropicale. \037Cotonnier des Barbades. Gossy- (?) Nouvelle-Grenade (?). Mexique (?). \037pium barbadense. 5* Antilles (?). \037Ara('hide. Arachis hypogœa. ®. E Brésil (?). \037Madia. Madia sativa. ®. E Chili — Californie. \037\035\013

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360 TABLEAU GÉNÉRAL DES ESPÈCES \037\035\013CRYPTOGAME CULTH^EE POCB TOCTE LA PLAKTE \037Oiampignon des couches. Agari- C Hémisphère boréal, eus campestris. 1^. \037Espèces d'une origine complètement inconnue \037on incertaine. \037Haricot commun. Phaseolus vulgaris. @. Courge musquée. Cucurbita moschata. ®. Courge à feuilles de figuier. Cucurbita ficifolia. Z^. \037\035\013

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CHAPITRE II \037\035\013OBSERVATIONS GENERALES ET CONCLUSIONS \037\035\013Article 1. — Relions d'où sont sorties les plantes cultiTées \037Au commencement du xix® siècle, on ignorait encore l'origine de la plupart des espèces cultivées. Linné ne s'était donné au- cune peine pour la découvrir, et les auteurs subséquents n'avaient fait que copier les expressions vagues ou erronées dont il s'était servi pour indiquer leurs habitations. Alexandre de Humboldt exprimait donc le véritable état de la science en 1807 lorsqu'il disait : « L'origine, la première patrie des végétaux les plus utiles à l'homme et qui le suivent depuis les époques les plus reculées, est un secret aussi impénétrable que la demeure \037de tous les animaux domestiques Nous ne savons pas quelle \037région a produit spontanément le froment, l'orge, l'avoine et le seigle. Les plantes qui constituent la richesse naturelle de tous les habitants des tropiques, le Bananier, le Carica Papaya, le Manihot et le Maïs n'ont jamais été trouvés dans l'état sauvage. La pomme de terre présente le même phénomène *. » \037Aujourd'hui, si quelques-unes des espèces cultivées n'ont pas encore été vues dans un état spontané, il n'en est pas de même de l'immense majorité. Nous savons au moins, le plus souvent, de quels pays elles sont originîttres. Cela résultait déjà de mon travail de 1855, que les recherches actuelles plus étendues con- firment presque toujours. Celles-ci ont porté sur 247 espèces * cultivées soit en grand par les agriculteurs, soit dans les jardins potagers ou fruitiers. J'aurais pu en ajouter quelques-unes rare- ment cultivées, ou mal connues, ou dont la culture a été aban- \037\ . Essai sur la géographie des plantes^ p. 28. \0372. En comptant deux ou trois formes qui sont plutôt des races très dis- tinctes.. \037\035\013

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362 OBSERVATIONS GÉNÉRALES \037donnée; mais les résultais statistiques auraient été sensiblement les mêmes. \037Sur les 247 espèces que j'ai étudiées, l'ancien monde en a fourni 199, l'Amérique 45, et 3 sont encore douteuses à cet égard. \037Aucune espèce n'était commune aux parties tropicales ou australes des deux mondes avant d'être mises en culture. L'A/- lium Sckœnoprasum^ le Fraisier (Fragaria vesca), le Groseillier (fiibes rubrum)^ le Châtaignier {Castanea vidgaris) et le Cham- pignon de couches (Agaricus campestris) étaient communs aux régions septentrionales de l'ancien et du nouveau monde. Je les ai comptés comme de l'ancien monde, parce que c'est là qu'est leur habitation principale, et qu'on a commencé de les cultiver. \037Un très grand nombre d'espèces sont originaires à la fois d'Europe et de l'Asie occidentale, d'Europe et de Sibérie, de la région méditerranéenne et de l'Asie occidentale, de l'Inde et de l'Archipel asiatique, des Antilles et du Mexique, de ces deux ré- gions et de la Colombie, du Pérou et du Brésil, ou du Pérou et de la Colombie, etc., etc. On pourrait les compter dans le tableau. C'est une preuve de l'impossibilité de subdiviser les continents et de classer les îles en régions naturelles bien définies. Quel que soit le mode de division, il y aura toujours des espèces communes à deux, trois ou quatre régions, et d'autres cantonnées dans une petite partie d'un seul pays. Les mêmes faits se présentent pour les espèces non cultivées. \037Une chose vaut la peine d'être notée : c'est l'absence ou l'ex- trême rareté de plantes cultivées originaires de certains pays. Par exemple, aucune n'est venue des régions arctiques ou an- tarctiques, dont les flores, il est vrai, se composent d'un petit nombre d'espèces. Les États-Unis, malgré leur vaste territoire, qui fera vivre bientôt des centaines de millions d'hommes, ne présentaient, en fait de plantes nutritives, dignes d'être culti- vées, que le Topinambour et des Courges. Le Zizania aquatica, que les indigènes récoltaient à l'état sauvage, est une Graminée trop inférieure à nos céréales et au Riz pour qu'il valût la peine de la semer. Ils avaient quelques bulbes et baies comestibles, mais ils n'ont pas essayé de les cultiver, ayant reçu de bonne heure le Maïs, qui valait infiniment mieux. \037La Patagonie et le Cap n'ont pas fourni une seule espèce. La Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Zélande ont donné un arbre, Eucalyptus globulus^ et un légume, peu nourrissant, le Tetra- gonia. Leurs flores manquaient essentiellement de Graminées, analogues aux céréales, de Légumineuses à graines comestibles, et de Crucifères à racines charnues *. Dans la partie tropicale et humide de la Nouvelle-Hollande, on a trouvé le Riz et VAloca- sla macrorhiza sauvages, ou peut-être naturalisés; mais la plus \0371. Voir la liste des plantes utiles crAustralle, par sir J. Hooker, Flora Tasmannix, p. ex, et Bentham, Flora ausiraliensiSy 7, p. 150, 156. \037\035\013

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OBSERVATIONS GÉNÉRALES 363 \037grande partie du pays souffre trop de la sécheresse pour que ces espèces aient pu s y répandre. \037En général, les régions australes avaient fort peu de plantes annuelles, et, dans leur nombre si restreint, aucune n'offrait des avantages évidents. Or, les espèces annuelles sont les plus faciles à cultiver. Elles ont joué un grand rôle dans les anciennes cul- tures des autres pays. \037En définitive, la distribution originelle des espèces cultivées était extrêmement inégale. Elle n'avait de rapport ni avec les be- soins de rhomme ni avec Fétendue des territoires. \037Article 2. — l^^omlire et nature des espèces cnltlTées depuis des époques différentes. \037On doit considérer comme d'une culture très ancienne les es- pèces marquées A dans le tableau de la page 351. Elles sont au nombre de 44. Quelques-unes des espèces marquées B sont pro- bablement aussi anciennes, sans qu'on ait pu le constater. Enfin les cinq espèces américaines marquées D sont probablement d'une ancienneté de culture à peu près aussi grande que celles de la catégorie A ou que les plus vieilles de la catégorie B. \037Gomme on pouvait le prévoir, les espèces A sont surtout des plantes pourvues de racines, fruits ou graines propres à la nour- riture de l'homme. Viennent ensuite quelques espèces ayant des fruits agréables au goût, ou textiles, tinctoriales, oléifères, ou donnant des boissons excitantes par infusion ou fermenta- tion. Elles présentent seulement deux légumes verts et n'ont pas un seul fourrage. Les familles qui prédominent sont les Crucifères, Légumineuses et Graminées. \037Le nombre des espèces annuelles est de 22 sur 44, soit 50 0/0. Dans les cinq espèces américaines marquées D, il y en a deux annuelles. Dans la catégorie A se trouvent trois espèces bisan- nuelles, et D n'en a aucune. Dans l'ensemble des Phanérogames, les espèces annuelles ne dépassent pas 15 0/0, et les bisannuelles s'élèvent ai ou au plus 2 0/0. Il est clair qu'au début de la ci- vilisation les plantes dont le produit ne se fait pas attendre sont celles qu'on recherche le plus. Elles offrent d'ailleurs l'avan- tage qu'on peut répandre et multiplier leur culture, soit à cause de l'abondance des graines, soit parce qu'on cultive la même espèce en été dans le nord et en hiver ou toute l'année dans les pays tropicaux. \037Les plantes vivaces sont bien rares dans les catégories A et D. Elles ne s'élèvent pas à plus de deux, soit 4 0/0, à moins qu'on ne veuille ajouter le Brassica oleracea et la forme du Lin, ordinairement vivace (Z. angustifoliwn)^ que cultivaient \037\035\013

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364 OBSERTATIOIIS 6KKÉRÂLSS \037les lacustres suisses. Dans la nature, les espèces Tivaces con- stituent à peu près 40 0/0 des Phanérogames ^ \037A et D renferment âO espèces ligneuses, sur 49, soit près de 41 0/0. Dans l'ensemble des Phanérogames, elles entrent pour environ 43 0/0. \037Ainsi, les premiers cultiTateurs ont employé surtout des plantes annuelles ou bisannuelles, un peu moins de plantes li- gneuses, et beaucoup moins encore d'espèces Yivaces. Ces dif- férences doivent tenir à la facilité des cultures, combinée avee la proportion d'espèces évidemm^it utiles de chacune des divisions. \037Les espèces de Fancien monde marquées B sont cultivées depuis plus de 2000 ans, mais quelques-unes appartiennent peut- ètrê à la catégorie A sans qu'on le sache. Les américaines mar- quées E étaient cultivées avant Christophe Ck>lomb, depuis peut- être plus de 2000 ans. Beaucoup d'autres espèces marquées d'un (?) dans les tableaux datent probablement aussi d'une épo- que ancienne ; mais, comme elles existent surtout dans des pays sans littérature et sans aucun document archéologique, on ignore leur histoire. Il est inutile d'insister sur des catégories aussi douteuses : au contraire, les plantes qu'on sait avoir été cultivées dans l'ancien monde depuis moins de 2000 ans, ou en Amérique depuis l'époque de la découverte, méritent d'être comparées avec les plantes très anciennement cultivées. \037Ces espèces, de culture moderne, s'élèvent à 61 de l'ancien monde, marquées C, et 6 d'Amérique, marquées F; en tout 67. \037Classées selon leur durée, elles comptent 37 0/0 annuelles, 7 à 8 0/0 bisannuelles, 33 0/0 vivaces et 22 à 23 0/0 ligneuses. \037La proportion des annuelles ou bisannuelles est encore ici plus forte que pour l'ensemble des végétaux, mais elle est moins grande que parmi les espèces de culture très ancienne. Les proportions de plantes vivaces ou ligneuses sont moindres que dans le règne végétal tout entier, mais elles sont plus élevées que parmi les espèces A, de culture très ancienne. \037Les plantes cultivées depuis moins de deux mille ans sont surtout des fourrages artificiels, que les anciens connaissaient à peine; ensuite quelques bulbes, légumes, plantes officinales (Cinchonas), plantes à fruits comestibles, ou à graines nutritives (Sarrasins), ou aromatiques (Caféier), etc. Les hommes n'ont pas découvert depuis 2000 ans et cultivé une seule espèce qui puisse rivaliser avec le Maïs, le Riz, la Batate, la Pomme de terre, l'Arbre à pain, le Dattier, les Céréales, les Millets, les Sorghos, le Banamer, le Soja. Celles-ci remontent à trois, quatre ou cinq miUe ans, peut-être même, dans certains cas, à six mille \0371. Les proportions que j'indique ponr Tensemble des Phanérogames sont basées sur on calcul approximatif, fait au mo;[en des deux cents premières pages du Nomenclator de Steudel. Elles sont justifiées par la comp€LraisoD de quelques flores. \037\035\013

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OBSERVATIONS GÉNÉRALES 365 \037ans. Pendant la durée de la civilisation gréco-romaine et depuis, les espèces mises en culture répondent presque toutes à des besoins plus variés ou plus raffinés. 11 s*est fait aussi un grand travail d'extension des espèces anciennes d'un pays à l'autre, et en même temps de sélection de variétés meilleures survenues dans chaque espèce. \037Les introductions depuis deux mille ans ont eu lieu d'une façon très irrégulière et intermittente. Je ne pourrais pas citer une seule espèce mise en culture depuis cette date par les Chi- nois, ces grands cultivateurs des temps anciens. Les peuples de l'Asie méridionaleou occidentale ont innové, dans une certaine mesure, en cultivant les Sarrasins, plusieurs Gucurbitacées, quelques Allium, etc. En Europe, les Romains, et, dans le moyen âge, divers peuples, ont introduit la culture de certains légumes ou fruits et celle de plusieurs fourrages. En Afrique, un petit nombre de cultures ont commencé alors, isolément. Lors- que les voyages de Vasco de Gama et Christophe Colomb sont survenus, l'effet produit a été une diffusion rapide des espèces déjà cultivées dans l'un ou l'autre hémisphère. Les transports ont continué pendant trois siècles, sans qu'on se soit occupé sérieusement de cultures nouvelles. Dans les deux ou trois cents ans qui ont précédé la découverte de l'Amérique et les deux cents qui ont suivi, le nombre des espèces cultivées est resté presque complètement stationnaire. Les Fraisiers d'Amérique, le Diospyros virginiana, le Sea-Kale {Crambe maritima) et le Tetragonia ex- pansa, introduits dans le xviii® siècle, n'ont guère eu d'impor- tance. Il faut arriver au milieu du siècle actuel pour constater ^de nouvelles cultures de quelque valeur au point de vue uti- litaire. Je rappellerai VEucalyptus globulus d'Australie et les Cinchonas de TAmérique miéridionale. \037Le mode d'introduction de ces dernières espèces montre le changement énorme qui s'est fait dans les moyens de transport. Précédemment, la culture d'une plante commençait dans le pays où elle existait, tandis que l'Eucalyptus d'Australie a été planté et semé d'abord en Algérie, et les Cinchonas d'Amérique, dans l'Asie méridionale. Jusqu'à l'époque actuelle, les jardins botani- que ou d'amateurs avaient répandu des espèces déjà cultivées quelque part. Maintenant ils introduisent des cultures absolu- ment nouvelles. Le jardin royal de Kew se distingue sous ce rapport, et d'autres jardins botaniques ou des sociétés d'accli- matation, en Angleterre et ailleurs, font des tentatives analo- gues. Il est probable que les pays tropicaux en profiteront lar- gement d'ici à un siècle. Les autres y trouveront aussi leur avantage, vu les facilités croissantes pour le transport des denrées. \037Lorsqu'une espèce a été répandue dans les cultures, il est rare, et peut-être même sans exemple, qu'on l'abandonne complè- tement. Elle continue plutôt a'ètre cultivée çà et là dans des \037\035\013

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366 OBSERVATIONS GÉNÉRALES \037pays arriérés ou dont le climat lui est particulièrement favora- ble. J'ai laissé de côté dans mes recherches quelques-unes de ces espèces à peu près abandonnées, comme le Pastel {Isatis tinctoria)^ la Mauve {Malva sylvestris), légume usité chez les Romains, certaines plantes officinales fort employées autrefois, comme le Fenouil, le Cumin, la Nigelle, etc., mais il est certain qu'on les cultive encore partiellement. \037La concurrence des espèces fait que la culture de chacune aug- mente ou diminue. En outre, les plantes tinctoriales et officina- les sont fortement menacées par les découvertes des chimistes. Le Pastel, la Garance, l'Indigo, la Menthe et plusieurs simples doivent céder devant l'invasion des produits chimiques. Il est possible qu'on parvienne à faire de l'huile , du sucre , de la fécule, comme on fait déjà du miel, du beurre et des gelées, sans se servir des êtres organisés. Rien ne changerait plus les conditions agricoles du monde que la fabrication, par exemple, de la fécule, au moyen de ses éléments connus et inorgani- ques. \037Dans l'état actuel des sciences, il y a encore des produits qu'on demandera, je présume, de plus en plus au règne végétal : ce sont les matières textiles, le tannin, le caoutchouc, la gutta- percha et certaines épices. A mesure qu'on détruit les forêts d'où on les tire et que ces matières seront en même temps plus de- mandées, on sera plus tenté de mettre en culture certaines espèces. \037Elles appartiennent généralement aux flores des pays tropi- caux. C'est aussi dans ces régions, en particulier dans l'Améri- que méridionale, qu'on aura l'idée de cultiver certains arbres fruitiers, par exemple de la famille des Anonacées, dont les indigènes et les botanistes connaissent déjà le mérite. On aug- mentera probablement les fourrages et les arbres forestiers de nature à vivre dans des pays chauds et secs. Les additions ne seront pas nombreuses dans les régions tempérées, ni surtout dans les régions froides. \037D'après ces données et ces aperçus, il est probable qu'à la fin du xix® siècle les hommes cultiveront en grand et pour leur uti- lité environ 300 espèces. C'est une petite proportion des 120 ou 140 000 du règne végétal; mais dans l'autre règne, la propor- tion des êtres soumis à l'homme est bien plus faible. Il n'y a peut-être pas plus de 200 espèces d'animaux domestiqués ou simplement élevés pour notre usage, et le règne animal compte des millions d'espèces. Dans la grande classe des Mollusques, on élève l'huître, et dans celle des Articulés, qui compte dix fois plus d'espèces que le règne végétal, on peut citer l'abeille et deux ou trois insectes produisant de la soie. Sans doute le nom- bre des espèces animales ou végétales qu'on peut élever ou cultiver pour son plaisir ou par curiosité est immense : témoins les ménageries et les jardins zoologiques ou botaniques; mais \037\035\013

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OBSERVATIONS GÉNÉRALES 367 \037je ne parle ici que des plantes et des animaux utiles, d'un em- ploi général et habituel. \037Article 3. — Plantes caltlTées qu'on connaît on ne connaît pas à rétat sauTag^e. \037La science est parvenue à constater Torigine géographique de presque toutes les espèces cultivées, mais elle a fait moins de progrès dans la connaissance de ces espèces à Tétat spon- tané, c'est-à-dire sauvages, loin des cultures et des habitations. Il y a des espèces qu'on n'a pas trouvées dans cet état et d'au- tres pour lesquelles les conditions d'identité spécifique ou de véritable spontanéité sont douteuses. \037Dans rénumération qui suit, j'ai classé les espèces en catégo- ries d'après le degré de certitude sur la qualité spontanée et la nature des doutes, lorsqu'il en existe ^ \037I. Espèces spontanées, c'est-à-dire sauvages, vues par plusieurs bota- nistes loin des habitations et des cultures, avec toutes les apparences de plantes indigènes, et sous une forme identique avec Tune des variétés cultivées. — Ce sont les espèces qui ne sont pas énumérées ci-dessous. Leur nombre est de 469 \037Parmi ces 169 espèces, 31 appeirtiennent aux catégories marquées A ou D, de culture très ancienne ; 56 sont cultivées depuis moins de 2000 ans (G), et les autres sont d'une date moyenne ou inconnue. \037II. Vues et récoltées dans les mêmes conditions, mais par un seul botaniste et dans une seule localité 3 \037Cucurbita maxima, Faba vulgarisy I^icotiana Tabacum, \037III. Vues et mentionnées, mais non récoltées, dans les mêmes condi- tions, par un ou deux auteurs non botanistes, plus ou moins anciens, qui peuvent s'être trompés 2 \037Carthamus tinctœnus, Triticum vulgare. \037IV. Récoltées sauvages, par des botanistes, dans plusieurs localités, sous une forme légèrement différente de celles qu'on cultive, mais que la plupart des auteurs n'hésitent pas à classer dans l'espèce... 4 \037Olea europœa^ Oryza salivât Solanum tuberosum, Vitis vinifera, \037V. Sauvages, récoltées par des botanistes, dans plusieurs localités, sous des formes considérées par quelques auteurs comme devant constituer des espèces différentes, tandis que d'autres les traitent comme des variétés 15 \037AUium Ampeloprasum Porrum , Gichorium Endivia var *. Crocus ^. sativics var., Gucumis Melo *, Gucurbita Pepo, Helianthus tuberosus, Lactuca Scariola sativa, Linum usitatissimum annuum, Lycopersicum esculentum, Papaver somniferum, Pyrus nivalis var., Ribes Grossu- laria *, Solanum Melongena, Spinacia oleracea var *, Triticum mo- nococcum. \0371. Les espèces en italiques sont de culture très ancienne (A ou D) ; celles marquées * sont cultivées depuis moins de deux mille ans (G ou F). \037\035\013

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368 OBSERVATIONS GÉNÉRALES \037VI. Subspontanées, c'est-à-dire presque sauvages, semblables à l'une des formes cultivées, mais avec la chance que ce soient des plantes échappées des cultures, d'après les circonstances locales .... 24 \037Agave americana, Amarantus gangeticus, Amygdalus Persica^ Areca Catechu, Avena orientalis *, Avena saliva, Gajanus indicus *, Cicer arietinum, diras decumana, Gucurbita moschata, Dioscorea japonica, Ervum Ervilia, Ervum LenSj Fagopyrum emarginatum, Gossypium barbadense, Holcus saccharatus, «o/ow Sorç^wm, Indigcfera tinctoria, Lepidium sativum, Maranta arundinacea, Nicotiana rustica, Panicum muiaceum^ Raphanus sativus, Spergula arvensis. \037VII. Subspontanées comme les précédentes, mais ayant une forme assez différente des variétés cultivées pour que la majorité des auteurs les considèrent comme des espèces distinctes 3 \037Allium ascalonicum * (forme de VA. Cepa ?), Ailium Scorodoprasum * (forme de l'A. sativum?), Secale céréale (forme de l'un des Secale vivaces?). \037VIII. Non découvertes dans un état sauvage, ni même dans un état subspontané, issues peut-être depuis le commencement des cultures d'espèces cultivées, mais trop différentes pour n'être pas appelées ordinairement des espèces 3 \037Hordeum hexastichon (dérivé de VH. distichon ?), Hordeum vtUgare (dé- rivé de VH, distichon ?), Triticum Spelta (dérivé du T. vulgâre ?). \037IX. Non découvertes dans un état sauvage, ni même subspontané, mais originaires de pays qui ne sont pas suffisamment explorés, et qu'on soupçonne devoir être plus tard réunies à des espèces sauvages encore mal connues de ces pays 6 \037Arachis hypogaea, Garyophyllus aromaticus, Convolvolus Batatas, Do- lichos Lubia *, Maninot utilissîma, Phaseolus vulgaris. \037X. Non découvertes dans un état sauvage, ni même subspontané, mais originaires de pays qui ne sont pas suffisamment explorés, ou de pays de même nature qu'on ne peut pas préciser, plus distinctes que les précédentes des espèces connues 18 \037Amorphophallus Konjak, Arracacha esculenta, Brassica cbinensis, Cap- sicum annuum, Ghenopodium Quinoa, Citrus nobilis, Gucurbita fici- folia, Dioscorea alata, Dioscorea Batatas, Dioscorea saliva, Eleusine Goracana, Lucuma mammosa, Nephelium Litchi, Pisum salivum *, Saccharum officinarum, Sechium edule, Trichosanlhes anguina *, Zea Maïs, \037Total 247 \037\035\013D'après ces chiffres, il y a 193 espèces reconnues sauvages, 27 douteuses, en tant que subspontanées, et 27 qu'on n'a pas trouvées sauvages. \037Il est permis de croire qu'on découvrira tôt ou tard ces der- nières, si ce n'est sous une des formes cultivées, au moins sous une forme voisine, appelée espèce ou variété, selon l'idée de chaque auteur. Il faudra pour y parvenir que les pays tropicaux aient été mieux explorés, que les collecteurs aient fait plus d'at- tention aux localités et qu'on ait publié beaucoup de flores des pays actuellement mal connus et de bonnes monographies de \037\035\013

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OBSERVATIONS GÉNÉRALES 369 \037certains genres, en s'appuyant sur les caractères qui varient le moins dans la culture. \037Quelques espèces originaires de pays assez bien explorés et impossibles à confondre avec d'autres, parce qu'elles sont uni- ques chacune dans son genre, n'ont pas été trouvées à l'état sau- vage, ou l'ont été une fois seulement, ce qui peut faire présumer qu'elles sont éteintes dans la nature, ou en voie d'extinction. Je veux parler du Maïs et de la Fève (voir p. 311 et 253). J'indique aussi, dans l'article 4, d'autres plantes qui paraissent en voie d'extinction depuis quelques milliers d'années. Ces dernières appartiennent à des genres nombreux en espèces, ce qui rend l'hypothèse moins vraisemblable * ; mais, d'un autre côté, elles se montrent rarement loin des cultures, et on ne les voit guère se naturaliser, — j'entends devenir sauvages, — ce qui montre une certaine faiblesse ou trop de facilité à de venir la proie d'ani- maux et de parasites. \037Les 67 espèces mises en culture depuis moins de 2000 ans (G, F) se trouvent toutes à l'état sauvage excepté onze marquées *, qu'on n'a pas rencontrées ou sur lesquelles on a des doutes. C'est une proportion de 83 0/0. \037Ce qui est plus singulier, la grande majorité des espèces cul- tivées depuis plus de 4000 ans (A), ou en Amérique depuis 3 ou 4000 (D), existent encore sauvages, dans un état identique avec l'une des formes cultivées. Leur nombre est de 31, sur 49, c'est-à- dire 63 0/0. Si l'on ajoute celles des catégories II, III, IV et V, la proportion est de 81 à 82 0/0. Dans les catégories IX et X, on ne compte plus que deux de ces espèces très anciennes de cul- ture, soit 4 0/0, et ce sont deux espèces qui n'existent peut-être plus comme plantes spontanées. \037Je croyais, à priori, qu'un beaucoup plus grand nombre des espèces cultivées depuis plus de 4000 ans auraient dévié de leur état ancien, à un degré tel qu'on ne pourrait plus les recon- naître parmi les plantes spontanées. Il paraît, au contraire, que les formes antérieures à la culture se sont ordinairement con- servées à côté de celles que les cultivateurs obtenaient et pro- pageaient de siècle en siècle. On peut expliquer ceci par deux causes : l**La période de 4000 ans est courte relativement à la durée de la plupart des formes spécifiques dans les plantes phanérogames. 2° Les espèces cultivées reçoivent, hors des cultures, des renforts incessants par les graines que l'homme, les oiseaux et divers agents naturels dispersent ou transportent de mille manières. Les naturalisations ainsi produites confon- dent souvent les pieds issus de plantes sauvages, avec ceux issus de plantes cultivées, d'autant mieux qu'ils se fécondent mutuellement, puisqu'ils sont de même espèce. Ce fait est clai- \037i. Par des raisons que je ne puis développer ici, les genres monotypes sont ordinairement en voie d'extinction. \037De Candolle. 24 \037\035\013

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370 OBSERVATIONS GÉNÉRALES \037rement démontré quand il s'agit d'une espèce de l'ancien monde cultivée en Amérique, dans les jardins, et qui s'établit plus tard en masse dans la campagne ou les forêts, comme le Cardon à Buenos-Ayres et les Orangers dans plusieurs contrées amé- ricaines. La culture étend les habitations. Elle supplée aux dé- ficits que peut avoir la reproduction naturelle des espèces. Quelques-unes cependant font exception, et il vaut la peine d'en parler dans un article spécial. \037\035\013Article 4. — Plantes caltiTées qui sont en Tole d'extinction on éteintes iiors des cultures. \037Les espèces auxquelles je viens de faire allusion présentent trois caractères assez remarquables : \0371° Elles n'ont pas été découvertes à l'état sauvage, ou ne l'ont été qu'une fois ou deux, souvent même d'une manière con- testable, bien que les régions d'où elles sont sorties aient été visitées par plusieurs botanistes. \0372° Elles n'ont pas la faculté de se semer et de se propager indéfiniment hors des terrains cultivés. En d'autres termes elles ne dépassent pas en pareil cas la condition de plantes adventives. \0373° On ne peut pas soupçonner qu'elles sont issues, depuis 'époque historique, de certaines espèces voisines. \037Ces trois caractères se trouvent réunis dans les espèces sui- vantes : \037Fève {Faba vulgaris). Tabac (Nicotiana Tabacum). \037Pois chiche {Cicer arietinum) Froment (Triiicum vulgare). \037Ers i^rvum Ervilia). Maïs (Zea Mays), Lentille {Ervum Lens). \037Il faudrait ajouter la Batate {Convolvulus Batatas)^ si les espèces voisines étaient mieux connues comme distinctes, et le Garthame {Cartkamus tinctorius)^ si l'intérieur de l'Arabie avait été exploré et qu'on n'y eût pas trouvé cette plante indiquée jadis par un auteur arabe. \037Toutes ces espèces, et probablement d'autres de pays peu connus ou de genres mal étudiés, paraissent en voie d'extinction ou éteintes. A supposer que la culture cessât dans le monde, elles disparaîtraient, tandis que la majorité des autres plantes cultivées se seraient naturalisées quelque part et resteraient à l'état sauvage. \037Les sept espèces mentionnées tout à l'heure, excepté le Tabac, ont des graines remplies de fécule, qui sont recherchées par les oiseaux, les rongeurs et divers insectes, sans pouvoir traverser intactes leurs voies digestives. C'est probablement la cause, unique ou principale, de leur infériorité dans la lutte pour l'existence. \037Ainsi, mes recherches sur les plantes cultivées montrent que \037\035\013

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OBSERVATIONS GÉNÉRALES 371 \037certaines espèces végétales sont en voie d'extinction ou éteintes depuis l'époque historique, et cela, non dans de petites îles, mais sur de vastes continents, sans qu'on ait constaté des modifications de climat. C'est un résultat important pour l'his- toire des règnes organisés, à toutes les époques. \037\035\013Article 5. — Réflexions dlTerses. \037Je mentionnerai sommairement les suivantes : \0371^ Les plantes mises en culture n'appartiennent pas à une ca- tégorie particulière, car elles se classent dans cinquante et une familles différentes. Ce sont toutes cependant des Phanéro- games, excepté le Champignon des couches {Agaricus campestris] . \0372<> Les caractères qui ont le plus varié dans la culture sont, en commençant par les plus variables : A, la grosseur, la forme et la couleur des parties charnues, quelle que soit leur situation (racine, bulbe, tubercule, fruit ou graine), et l'abondance de la fécule, du sucre et autres matériaux, qui se déposent dans ces parties; — B, l'abondance des graines, qui est souvent inverse du développement des parties charnues de la plante ; — C, la forme, la grandeur ou la pubescence des organes floraux qui persistent autour des fruits ou des graines; — D, la rapidité des phénomènes de végétation, de laquelle résulte souvent la qualité de plante ligneuse ou herbacée et de plante vivace, bisan- nuelle ou annuelle. \037Les tiges, feuilles et fleurs varient peu dans les plantes cul- tivées pour ces organes. Ce sont les dernières formations de chaque pousse annuelle ou bisannuelle qui varient le plus; en d'autres termes, les résultats de la végétation varient plus que les organes qui en sont la cause. \0373o Je n'ai pas aperçu le moindre indice d'une adaptation au froid. Quand la culture d'une espèce avance vers le nord (Maïs, Lin, Tabac, etc.), cela s'explique par la production de variétés hâtives qui ont pu mûrir avant la saison froide, ou par Fusage de cultiver dans le nord, en été, des espèces qu'on sème dans le midi en hiver. L'étude des limites boréales des espèces spon- tanées m'avait conduit jadis au même résultat, car elles n'ont pas changé depuis les temps historiques, bien que les graines soient portées fréquemment et continuellement au nord de chaque li- mite. Il faut, paraît-il, pour une modification permettant de supporter des degrés plus intenses de froid, des périodes beaucoup plus longues que 4 ou 5000 ans, ou des changements de forme et de durée. \0374° Les classifications de variétés faites par les agriculteurs et horticulteurs reposent ordinairement sur les caractères qui va- rient le plus (forme, grosseur, couleur, saveur des parties char- nues, barbes des épis, etc.). Les botanistes se trompent quand ils \037\035\013

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372 OBSERVATIONS GÉNÉRALES \037suivent cette voie. Ils devraient consulter les caractères, plus fixes, des organes pour lesquels on ne cultive pas les espèces. \0375° Une espèce non cultivée étant un groupe de formes plus ou moins analogues, parmi lesquelles on peut distinguer souvent des groupes subordonnés (races, variétés, sous-variétés), il a pu arriver qu'on ait mis en culture deux ou plusieurs de ces formes un peu différentes. C'est ce qui a dû se passer surtout quand riiabitation d'une espèce est vaste, et plus encore quand elle est disjointe. Le premier cas est probablement celui des Choux {Brassica),du Lin, du Cerisier des Oiseaux {Prunus avium), du Poi- rier commun, etc. Le second s'est présenté probablement pour la Gourde, le Melon et le Haricot trilobé, qui existaient à la fois dans rinde et l'Afrique, avant la culture. \0376° On ne connaît pas de caractère distinctif entre une plante naturalisée issue, depuis quelques générations, de pieds culti- vés, et une plante sauvage issue de pieds anciennement sauvages. Toutefois, dans la transition de plante cultivée à plante spon- tanée, les traits particuliers qui se propagent par la greffe dans les cultures ne se conservent pas de semis. Par exemple, l'Olivier devenu sauvage est à l'état (TOleaster, le Poirier a des fruits moins gros, le Châtaignier marron donne un fruit tout ordi- naire. Du reste, on n'a pas encore observé suffisamment, de gé- nération en génération, les formes naturalisées d'espèces sorties des cultures. M. Sagot ^ l'a fait pour la vigne. Il serait intéres- sant de comparer de la même manière avec leurs formes cul- tivées les Citrus, le Persica et le Cardon naturalisés en Amé- rique, loin de leur pays d'origine, de même que l'Agave et la Figue d'Inde sauvages en Amérique avec leurs variétés naturali- sées dans l'ancien, monde. On saurait exactement ce qui per- siste après un état temporaire de culture. \0371^ Une espèce peut avoir eu avant la culture une habitation restreinte et occuper ensuite une immense étendue comme plante cultivée et quelquefois naturalisée. \0378° Dans l'histore des végétaux cultivés, je n'ai aperçu aucun indice de communications entre les peuples de l'ancien et du nouveau monde avant la découverte de l'Amérique par Colomb. Les Scandinaves, ^qui avaient poussé leurs excursions jusque dans le nord des États-Unis, et les Basques du moyen âge, qui avaient suivi des baleines peut-être jusqu'en Amérique, ne pa- raissent pas avoir transporté une seule espèce cultivée. Le cou- rant du Gulf-Stream n'a produit également aucun effet. Entre l'Amérique et l'Asie, deux transports de plantes utiles ont peut- être eu lieu, l'un par l'homme (Batate), l'autre par Thomme ou par la mer (Cocotier). \0371. Sagot, Sur une vigne sauvage croissant en abondance dans les bois au- tour de Belley. \037FIN. \037\035\013

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INDEX \037\035\013N. B. — Toutes les espèces sont reproduites dans le tableau des pages 351-359, sans qu'on l'ait indiqué ici. Il en est de ' \037\035\013même de celles men- \037\035\013tionnées dans les pages 360-372. \037\035\013Abricotier 171 \037Abricotier d'Amérique 150 \037Ache 72 \037Agaricus campestris 359 \037Agave americana 122 \037Ail 50 \037Alligator pear 332 \037AUium Ampeloprasum, Porrum 81 \037— Ascalonicum 55 \037— Cepa 52 \037— fi&tnlosuin 54 \037— sativum 50 \037^ Schœnoprasum 57 \037— Scorodoprasum 56 \037Alocasia macrorhiza 60 \037Amandier 174 \037Amarantus, div. esp 80 \037— frumentaceus 282 \037— gangeticas 80 \037Amidonier 293 \037Amorpbophallus Konjak 61 \037— Rivieri .... 61 \037Amygdalus communis 174 \037— Persica 176 \037Anacardium occidentale 158 \037Ananas 248 \037Andropogon saccharatus 307 \037— Sor^hum 305 \037Anona Cherimolia 138 \037— muricata 137 \037— reticulata 138 \037— squamosa 133 \037Anthriscua Cerefolium . , 71 \037Apium graveolens 71 \037Arachide, Arachis hypogœa 320 \037Arbre à pain 238 \037Arec, Areca 344 \037Armeniaca vulgaris 171 \037Arracacha esculenta 32 \037Arroche 353 \037Arrow-rool 64 \037Artichaut 73 \037Artocarpus incisa 238 \037— integrifolia 239 \037Arum esculentum 58 \037— macrorhizon 60 \037Asparagus officinalis 353 \037\035\013Asperge 353 \037Atriplex hortensis 353 \037Aubergine , 229 \037Avena 299 \037Avocatier 232 \037Avoines 299 \037Bananier 242 \037Batatas edulis, Batate 42 \037Baumweichsel 165 \037Benincasa 213 \037Beta vulgaris 46 \037Bette, Betterave 46 \037Bibassier 355 \037Bisaille 262 \037Bixa Orellana 322 \037Blé de momie 290 \037— de Pologne 289 \037— de Tartarie 281 \037— do Turquie 311 \037— dur 289 \037— noir 279 \037Bœhmeria nivea 116 \037Brassica campestris 29 \037— chinensis 352 \037— Napus 29 \037— oleracea 29, 66 \037— Râpa 29 \037Brède de Malabar 80 \037Bromelia Ananas : 248 \037Bullocks heart 138 \037Cacaoyer 250 \037Caféier 333 \037Caféier de Libérie 336 \037Caïmito 227 \037Caïnitier 227 \037Caian, Cajanus indiens 266 \037Calebasse 1% \037Cameline 357 \037Campanula Rapunculus. 352 \037Cannabis sativa 117 \037Canne à sucre * 122 \037Cannelier 116 \037Capsicum...- 229, 230 \037Cardon 73 \037Carica Papaya 233 \037\035\013

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374 \037\035\013INDEX \037\035\013Carotte 351 \037Caroubier 268 \037Carthame, Carthamus tinctorius 130 \037Caryophyllus aromaticus 128 \037Cassis 222 \037Castanea vuigaris « 283 \037Cat, Catha ednlis 106 \037Cédratier 141 \037Celastrus edulis 106 \037Céleri 71 \037Cerasos vuigaris 165 \037Ceratonia Siliqaa 268 \037Cerfeuil 71 \037Cerisier commun 165 \037— des oiseaux 163 \037Champignon des couches 359 \037Chanvre 117 \037ChâUignier 283 \037Chayote 217 \037Chenopodium Quinoa 282 \037Cherimolia 138 \037Chervis 31 \037Chicorée 77 \037China grass 116 \037Chou 66 \037Chou de Chine 352 \037Choux-raves 29 \037Chrysophyllum Caïnito 227 \037Ciboule 54 \037Ciboulette 57 \037Cicer arietinum 258 \037Cichorium Endivia 77 \037Cinchona 358 \037Cinnamomum zcylanicum 116 \037Citronnier 139, 141 \037Citrouille 200 \037Citrus 139 \037Citrus Âurantium 144 \037— decumana 140 \037— mcdica 141 \037— nobilis 149 \037Ciirullus vuigaris 209 \037Civette 57 \037Coca 107 \037Cochlearia Armoracia 26 \037Cocos nucifera. Cocotier 345 \037Cœur de bœuf 138 \037Coffea arabica 333 \037— liberica 336 \037Cognassier 188 \037Colocasia antiquorum 58 \037Concombre 210 \037Concombre Ânguria 212 \037Convolrolus Batatas 42 \037Coracan 357 \037Corchorus 103 \037Corossol 137 \037Cotonnier arborescent 325 \037— des Barbades 328 \037— herbacé 323 \037Cougourde 195 \037Courge à feuilles de figuier 205 \037— melonce musquée 204 \037— Pépon 200 \037Crambe maritima 352 \037Cran, Cranson 26 \037Cresson alénois 68 \037— de fontaine 352 \037Crocus sativus 132 \037Cucumis Auguria 212 \037— Melo 205 \037— sativus . , 210 \037\035\013Cucurbila CitruUus 209 \037— ficifolia 205 \037— Lagenaria 195 \037— maxima (99 \037— Melopepo, pepo 200 \037— moschata... ,... 204 \037Curcuma angusUfolia 65 \037Custard apple 138 \037Cydonia vuigaris 188 \037Cynara Cardunculus 73 \037— Scolymus 75 \037Cy tisus Cajan 266 \037Dattier 240 \037Daucus Carota 351 \037Dioscorea, div. esp 61 \037Diospyros Kaki ^6 \037— Lotus 356 \037— virginica 359 \037Dolichos Lablab 277 \037— Lubia 278 \037— Soja 264 \037Doucette 73 \037Echalote 55 \037Ela'is guineensis 344 \037Eleusine Coracana 357 \037Endive 77 \037Engrain 293 \037Epeautre 291 \037Epinard 78 \037Eriobotrya japonica 355 \037Ers, Ervum Ervilia 85 \037— Lens 257 \037Erythroxylon Coca 107 \037Escourgeon 296 \037Esparcette 83 \037Eucalyptus globulus 354 \037Eugenia Jambos 191 \037— malaccensis 192 \037Evi 161 \037Faba vuigaris 253 \037Fagopyrum 279 \037— emarginatum 281 \037— tataricum î81 \037Fenu grec 89 \037Fève 253 \037Ficus Carica 235 \037Figue d'Inde 218 \037Figuier 2^ \037Fragaria chiloensis 163 \037— vesca 161 \037— virginiana 163 \037Fraisier 161 \037Fraisier du Chili 163 \037— de Virginie 163 \037Framboisier ^ô \037Froments 284 \037Garance 33 \037Garcinia Mangostana 149 \037Garousse 87 \037Gesse 88 \037Gesse Ochrus 89 \037Gessctte 87 \037Giroflier 128 \037Glycine Soja 25i \037— subtcrranea «TS \037Gombo 150 \037Gossypium arboreum 3J5 \037— barbadense 3J8 \037— herbaceum • 3Î3 \037\035\013

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OrioUiBr,.'.'.'.'"'.'.'.'.'.','. \037Gros blé \037Groseillier à œsqnsreaD \037,— fouga \037lUferscblehen \037Huricot \037Haricot k Feuille d'Acoi Hnncot courbé. \037— de Lima. \037— Irilobc \037Henné ..'. \037Herbe da Gainée \037Hibiacus esenlentiiB \037Holeu. Sorghnm \037Hordeam diBlichoa \037— TuiB^r^. ..°:;: \037Houblon \037HtiniuIuB Lnpolui \037Indigoleri, Indigotierg.. \037Juk, JicqaiBT \037- JuuaUc m... j... \037^^!'-*'";;: \037JUropba Muilbat \037JolilS» \037JDgIana régis \037— de l'Inde'.!;!" \037— Lolus \037Jute \037Kiery. ■'.;'.'.■..';■.■. '.■.'.■.■. \037Lsblib \037Lagenaria Tulgaria..,'.. L«tbïroV'cicêrB.'!;!!i! \037\035\013INDEX 378- \037upinnaalbua geo \037\035\013MaBcaâier. Myristica In \037NutarUnrn ofSemate \037NavBte \037Nephelium iAppaeeiun.,H \037Longaiià!!'.!! di». eap \037\035\013\037\035\013lyer.. \037\035\013OcnithopDa iiUimoearpas 90 \037— satiïus 60 \037Oseille 353 \037\035\013Pertea gralisaima... \037\035\013

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376 \037\035\013INDEX \037\035\013Persica vulgaris 176 \037Persil 72 \037Persimmon 359 \037Pétanielle 288 \037Petit pois 262 \037Petroselinnm sativum 72 \037PflaQenbaom. 170 \037Phaseolas aconitifolias 276 \037— inamœnas 275 \037— lunatos tiO \037— Mungo 277 \037— trilobas 277 \037— vulgaris 270 \037Phaenix dactylifera 240 \037Piments 229 \037Piper Betle 357 \037— longam 357 \037— nigram 357 \037— officinamm 357 \037Pistache de terre 320 \037Pistachier, Pistacia vera' 252 \037Pisnm arvense 262 \037— Ochrus. 89 \037— sativum 262 \037Poireau 81 \037Poi rée. 86 \037Poirier de Chine 186 \037— commun 183 \037— sanger 185 \037Pois chiche 258 \037— des champs 262 \037— des jardins 262 \037— gris 262 \037Poivre de Cayenne 229 \037Poivrier Bétel 357 \037— long 357 \037— noir 357 \037— officinal 3^7 \037Polygonum emarginatum ?81 \037— Fagopyrum 279 \037— tataricum 281 \037Pomme cannelle 133 \037Pomme d'amour 231 \037Pomme de terre 36 \037Pomme rose 191 \037Ponmiier 186 \037Pommier d'Acajou 158 \037Pompelmouse 140 \037Porreau 81 \037Portulaca oleracea 69 \037Potiron 199 \037Poulard 288 \037Pourpier 69 \037Pruniers 168 \037f*runier domestique 169 \037— proprement dit 170 \037Prunus Amygdalus 174 \037— Armeniaca 171 \037— avium 163 \037— Cerasus 165 \037— domestica 169 \037— insititia 170 \037— Persica 176 \037Psidium Guayava 193 \037Punica Granatum 189 \037Pyrus communis 183 \037— Malus 186 \037— nivalis 185 \037— sinensis 186 \037Quinoa 282 \037Quinquina 358 \037\035\013Radis \037Raifort \037Raifort sauvage \037Raiponce \037Ramboutan \037Ramié \037Raphanus Raphanistmm. \037Raphanus sativus \037Raves \037Rhus Coriaria \037Ribes Grossularia \037\035\013^ nigrum .... \037— rubmm .... \037— Uva-crispa. Ricin, Ricinas. . . \037Rocambole \037Rocou \037Rubia tinctorum. Rubus Idaeus .... Rumex acetosa.. \037— Patientia. Rutabaga. \037\035\013Saccharnm officinamm \037Safran \037Sainfoin \037Sainfoin d'Espagne \037Salsifis \037Salsifis d'Espagne \037Sapota Achras \037Sapotillier. \037Sarrasin. . . ; \037Sarrasin de Tartane \037— émarginé \037Sauerkischen \037Scandix Cerefolium \037Scorsonère d'Espagne \037Scorzonera hispanica , \037Sea-Kale \037Secale céréale \037Sechium edule \037Seigle \037Serradelle \037Sésame, Sêsamum \037Setaria italica \037Shaddock '. \037Sinapis alba \037— nigra \037Sium Sisarum \037Smyrnium Olus-atrum \037Soja \037Solanum, div. esp 39, \037— esculentum \037— Melongena \037— tuberosum \037Sorgho commun \037— sucré \037Sorghum saccharatum \037— vulgare \037Sour Cherry \037Sour son \037Spargoule . . . .' \037Spergula arvensis ' \037Spergule \037Spinacia oleracea \037Spondias dulcis '. \037Sugar apple \037Sulla \037Susskirschbaum \037Sumac \037Sweet Potatoe \037Sweet sop , \037\035\01323 \03723 \03726 \037352 \037252 \037116 \03725 \03723 \03728 \037106 \037219 \037222 \037220 \037219 \037339 \03756 \037322 \03733 \037355 \037353 \037353 \03729 \037122 132 83 83 35 35 228 228 279 281 281 165 71 35 34 352 297 217 297 90 337 303 140 357 357 31 72 264 42 229 229 36 305 307 307 303 165 137 90 91 91 78 161 133 83 163 106 42 133 \037\035\013

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INDEX \037\035\013377 \037\035\013Tabac 111 \037Telfairia 355 \037Tennis 261 \037Tetragone, Tetragonia expansa 71 \037Thé, Thea sinensis 93 \037Theobroma Cacao 250 \037Tomate 231 \037Topinambour 34 \037Tragopogon porrifolium 35 \037Trèfle 84 \037Trèfle d'Alexandrie 85 \037— Farouch 84 \037— hybride 353 \037— incarnat 84 \037Trichosanthes 217 \037Trifolium alexandrinom 85 \037— hybridam 353 \037— incarnatum 84 \037— pratense 84 \037Trigonella Fœnum-graBCum 89 \037Triticum compositum 288 \037— dicoccum 293 \037— durum 289 \037\035\013Triticum monococcum 293 \037— poloDicum 289 \037— turgidum 288 \037— vulgare 284 \037Turnep 29 \037Valerianelia olitoria 73 \037Vesce 86 \037Vicia Ervilia 85 \037— Faba 253 \037— sativa 86 \037Vigne 151 \037Vitis vinifera 151 \037Voandzeia 278 \037Voandzou 278 \037Zea Mays 311 \037Zizania aquatica 361 \037Ziziphus jujuba 156 \037— Lotus 156 \037— vulgaris 154 \037Zwetschen. . , 169 \037\035\013FIN DE L INDEX. \037\035\013

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I \037\035\013

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TABLE DES MATIÈRES \037\035\013PREMIÈRE PARTIE \037]^otions préliminaires et méthodes employées. \037Chapitre premier. De quelle manière et à quelles époques la culture a commencé dans divers pays 1 \037Chapitre IL Méthodes pour découvrir ou constater l'origine des espèces ... 6 \037§ 1. Réflexions générales 6 \037§ 2. Botanique 6 \037§ 3. Archéologie et paléontologie 11 \037§ 4. Histoire 12 \037§ 5. Linguistique 15 \037§ 6. Nécessité de combiner les différentes méthodes 20 \037DEUXIÈME PARTIE \037Étade des espèces aa point de \ e de leur orig^ine, des premiers temps de lenr enltnre et des principaux faits de leur dispersion. \037Chapitre premier. Plantes cultivées pour leurs parties souterraines, telles que racines, bulbes ou tubercules 23 \037Chapitre IL Plantes cultivées pour leurs tiges ou leurs feuilles 66 \037Article 1. Légumes t 66 \037Article 2. Fourrages * 81 \037Article 3. Emplois divers des tiges ou des feuilles 93 \037Chapitre III. Plantes cultivées pour les fleurs ou les organes qui les enveloppent. 128 \037Chapitre IV. Plantes cultivées pour leurs fruits 133 \037Chapitre V. Plantes cultivées pour leurs graines 250 \037Article 1. Graines nutritives. 250 \037Article 2. Graines servant à divers usages 319 \037TROISIÈME PARTIE \037Résumé et conclusions. \037Chapitre premier. Tableau général des espèces, avec l'indication de leur origine et de Vépoque de leur mise en culture 351 \037CHAPrrRE IL Observations générales et conclusions 361 \037Article 1. Régions d'où sont sorties les plantes cultivées 361 \037Article 2. Nombre et nature des espèces cultivées depuis des épo- ques différentes 363 \037Article 3. Plantes cultivées qu'on connaît ou ne connaît pas à l'état sauvage 367 \037Article 4. Plantes cultivées en voie d'extinction ou éteintes hors des cultures 370 \037Article 5. Réflexions diverses 371 \037\035\013GouLOMMiERS. — Typ. Paul BRODARD. \037\035\013

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CATALOGUE \037\035\013DES \037\035\013LIVRES DE FONDS \037\035\013OUVRAGES HISTORIQUE» \037ET PHIIiOSOPHIQTTBS \037\035\013TAKLÉ DES MATIÈRES \037\035\013Pa^es. QêULBCHOV HISTORIQUE DBS GRANDS PnX>S0PHB8 2 \037PMflosophie ancienne 2 \037Philosophie moderne 2 \037Philosophie écossaise 3 \037Philosophie allemande 3 \037Philosophie allemande con- temporaine.. à \037Philosophie anglaise contem- poraine k \037Philosophie italienne con- temporaine 5 \037Bbliothèque db philosophie con- temporaine 6 \037BSLlOTlièaUB d'histoire CONTEM- PORAINE 10 \037Bibliothèque historique et poli- tique 12 \037\035\013Pages. \037Publications historiques par u- vraisons 12 \037bibliotbéque sgieniifiqdb. inter- nationale , . . . • 13 \037Ouvrages divers ne se trouvant PAS dans les bibliothèooes. . 16 \037Enquête parlementaire . SUR les actes du gouvernement de la défense nationale 22 \037Enquête parlementaire svr.lIit- suBmKrmip bv 18- vars*. « ^ . . . 22 \037Œuvres d'Edgar QomeT 2d \037Bibliothèque utile 25 \037Revue politique et littéraire . « 29) \037Revue scientifique 30 \037Revue philosophique 32 \037Revue historique 32 \037\035\013«É^MÉdMh \037\035\013— -1 . 1 \037\035\013PARIS \037LIBRAIRIE CËRMëR BàILLIÈRE ET \037108> boulevard saint-germain, 108 Au coin de la rue Hautefeuille \037\035\013•i» \037\035\013iw \037\035\013MBPTEinniB t99t \037\035\013

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— 2 — ENVOI FRANCO CONTRE UN MANDAT POSTE DANS TOUS LES PAYS. \037\035\013Les titres précédés d'un astérisque sont recommandés par le Ministère de Tlnstruction publique pour les Bibliothèques et pour les distributions de prix des Lycées et Collèges. \037\035\013COLLECTION HISTORIOUE DES GBA\DS PHILOSOPHES \037\035\013PHILOSOPHIE ANCIENNE \037\035\013ARISTOTE (CEuvres d'), traduction de M. Barthélémy Saint- Hilaire. \037— P0yeliolosie (Opuscules)^ trad. en français et accompagnée de notes. 1vol. in-8 10 fr. \037— Rliélorique^ traduite en français et accompagnée de notes. 1870, \0372 vol. in-8 16fr. \037— PoUilqne^ 1868, 1 Y. in-8. 10 fr. \037— Traité du ciel, 1866 ; traduit en français pour la première fois. 1 fort vol. grand in-8 10 fr. \037— Météorolosie, avec le petit traité apocryphe : Du Monde, 1863. 1 fort vol. grand in-8 10 fr. \037— Em métaphysique d'jLristote. \0373 vol. in-8,1879 30 fr. \037— Poétique, 1858. 1 vol. in-8. ô fr. \037— Traité de la prodaetiOB et de la destruction des choses, trad. en français et accomp. de notes per- pétuelles. 1866. 1 v.gr. in-8. 10 fr. \037— De la loslqne d^Arlstote, par \037M.Bartbélemt Saint-Hilaire. 2 vo- lumes in-8 10 fr. \037\035\013* SOGRATE. lA pUlosopiile de mm- \037crate, par M. Alf. Fouillée. 2 vol. in-8 16 fr. \037* PLATON, lia philosophie de Pla- ton, par M. Alfred Fouillée. 2 vol. in-S 16 fr. \037* — ' Études snr la Blaleetlqne dans Platon et dans Hesol» pur \037M . Paul Janet. 1 vol. in- 8 . . . 6 fr. \037* ÉPIGURE. lA Morale d*Éplenre \037et ses rapports avec les doctrines contemporaines, par M. Gutau. 1vol. in-8 6fr. 50 \037* ÉCOLE D*ALEXANDR1E, parM.BAB- THÉLEMT Saint-Hilaire. 1 V. in-8. 6fr. \037MARG-AURÈLE. Pensées de Mare- Aarèle, traduites et annotées par M. Barthéleht Saiht-Hilaire. 1 voL in-18 4 fr. 50 \037* RITTER. Histoire de la phUo. sopkJe ancienne, trad. par Ti8. SOT. à vol. in-8 30 fr \037* FABRE (Joseph).Histolre delapM- \037losophie, antiquité et moyen \037âse. 1 vol. in-18 3 50 \037\035\013PHILOSOPHIE MODERNE \037\035\013* LEIBNIZ. Œuvres philosophi- ques, avec introduction et notes par M. Paul Janet. 2 vol. in-8. 16 fr. \037* — lia métaphysique de liOlbnlB \037et la critique de Kant, par D. NoLEN. 1 vol. in-8 6 fr. \037DE^GARTËS, par Louis Liard. 1 vol. in-8. 6 fr. \037^ SPINOZA. Dieu, rhomme et la béatitude, trad. et précédé d'une introduction par M. P. Janet. 1 vol. in-18 2 fr. 50 \037\035\013* LOCKE. Sa vie et ses oenvres, par \037M. Marion. 1 vol. in-18. 2 fr. 50 \037* MALEBRANGHE. La philosophie de Malehranche, par M. OllA- Laprune. 2 vol. in-8 16 Dr. \037* VOLTAIRE. i.es sciences aa xiriii« siècle. Voltaire physicien, par M. Em. Saiget. 1 vol. in-8. 5fr. \037BOSSUET. Essai sur la phUose- phie de Bossuet, par NourrissoD, 1 vol. in-8 4 fr. \037\035\013

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— 3 — \037\035\013PHILOSOPHIE ECOSSAISE \037\035\013* RITTER. Histoire de la phlloM- \037pUe modeme, traduite par P. Challemel-Lacour. 3 vol. in-8 . 20 fr. \037FRANCK (ÂJ.). I.a philosophie ■lystlqiie en France an XYIII^ siècle. 1 vol. in-18... 2 fr. 50 \037^ llAllIRON. Mémoires pour seririr àl'htotolre de la philosophie an VVIl* slèele. 3 vol. in -8 . 15 fr . \037"" MAINE DE BIRAN. Essai sur sa pUlosophie, suivi de fragments inédits, par Jules Gérabd. 1 fort vol. in-8. 1876 10 fr. \037\035\013* BERKELEY. Sa vie et ses «euTretf, \037parPENJON. 1 V. in-8 (1878). 7 fr. 60 \037HUME. Sa vie et sa philosophie, \037par Th. Huxley, trad. de l'anglaii \037par G. CoHPAYRÉ. 1 vol in-8. 5fr. \037* DUGALD STEWART. Éléments de la philosophie de l'esprit ho* main, traduits de l'anglais par L. Peisse. 3 vol. in-12.. . 9 fr. \037* W.HAMILTON.Frasments de pU- losophie, traduits de Tanglais par L. Peisse. 1 vol. in-8. . 7 fr. 60 \037* — La philosophie de Hamilton, par i. Stuart Mill. 1 v. in-8. 10 fr^ \037\035\013PHILOSOPHIE AIiIiEMANDE \037\035\013KAMT. Critique de la raison pure » \037trad.parM.TissoT. 2v.in-8. 16 fr. \037— Même ouvrage, traduction par M. Jules Barni. 2 vol. in-8. . 16 fr, \037* — Éclaircissements sur la cri- tique de la raison pure, trad. par J. TissoT. 1 volume in-8. . . 6 fr. \037* — Principes métaphysiques du droit, suivis du projet de paix perpétuelle^ traduction par M. Tis- SOT. 1 vol. in-8 8 fr. \037— Même ouvrage, traduction par M. Jules Barni. 1 vol. in-8 ... 8 fr. \037•—Principes métaphysiques de la niorale, augmentés des fondements de la métaphysique des mceurSj tra- duct.parM.TissoT.lv. in-8. 8 fr. \037— Même ouvrage^ traduction par M. Jules Barni. 1 vol. in-8.. . 8 fr. \037* — l«a loffique, traduction par M. TissoT. 1 vol. in-8 4 fr. \037* — Mélanses de loffique^ traduc- tion par M. TissoT. 1 vol. in-8. 6 fr. \037* — Prolésomènes à toute mé- taphysique future qui se pré- sentera comme science, traduction de M. TissoT. 1 vol. in-8 ... 6 fr. \037* — Anthropologie ; suivie de di- \037vers fragments relatifs aux rap- ports du physique et du moral de Thomme, et du commerce des esprits d'un monde à l'autre, traduction par M. TissoT. 1 vol. in-8 6 fr. \037* KANT. I^a critique de Kant et la métaphysique de lielhnls. His- toire et théorie de leurs rapports, parD.MoLENi 1vol. in-8. 1876. 6fr. \037\035\013* FIGHTE. Méthode pour arriver à la vie bienheureuse, traduit par Fr. Bouillier. in-8. ... 8 fr. \037— Destination du savant et de rhomme de lettres, traduit par \037M. Nicolas. 1 vol. in-8. 3 fr. \037* •— Doctrines de la science. \037Principes fondamentaux de la sciMice de la connaissance, in-8 . . 9 fr. \037SGHELLING. Bruno ou du principe divin, trad. par Gl. Hdsson. 1vol. in-8 3fr. 60 \037— Écrits philosophiques et mor- ceaux propres à donner une idée de son système, trad. par Gh. BA- NARD. 1 vol. in-8 9 fr. \037* HEGEL. liosique, traduction par A. VÂRA. 2^ édition. 2 VQlumes in.8... 14 fr. \037* — Philosophie de la natore^ \037traduction par A. Yérâ. 3 Toluntes in-8 26 fr. \037* — Philosophie de resprit, tra- duction Véra. 2 vol. in-8. 18 fr. \037* — PbHosophie de la religion, \037traduction par A. Véra. 2 vol. 20 f r . \037* — Introduction à la philoso- \037phie de Heseï, par A. Véra. 1 vol. in-8 6fr.60 \037— Essais do philosophie hese-. liennc, par A. Véra. 1 vol. 2 fr. 60 \037— li'Hesellanlsme et la philoso- phie, par M. VÉRA. 1 voluine în-ie 3 fr. 60 \037\035\013

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PHILOSOPHIE ALLEMANDE CONTEMPORAINE \037\035\013a. SCHHIDT. ■.«■ »lcinera aal relie* et Ib pliliaa»pkle U l'inconneleBl. I v. iii-IA. STr.&O \037LOTZE(H.). PriaelpeaséBépauM payebalosle pbfBlolvKMiae.trad. par H. Perjon. i vol.in-IB. S fr.50 \037SCHOPENHAUER. RaMtl biip i« llkra ■rHlIre. 1 val, iii-18... S fr \037- Le roniieiii«pt de l« mon traduit par M, BuRhEAU. 1 iii-18 2fr.6Û \037- VeaaiiB» el fracments, traduit et précédé d'une vie de Schop, pir H. BouHDEitl). 1 vol. in-18. 2 Tr. 50 \037- Apheriame nnp ■■ BageiMiodana la vie, traduit par H. CltlTACl'ZtNK. \037\035\013\013\013M Léon DuMDNT. 3 val. in-S. là fr. \037i. BUCUNEK, eelenee el nlare. \037tnductian de rallemand, par Lauth. \0371 vd. in-8 7 fr. 50 \037— Le Matérlallame coDlcropa- raln, par M. P. JA^ET. 3° édil. 1 vol. iii-)8 a fr. 50 \037HARTMANN (E. de). La nellKlon de l'avenir. 1 vol. ia-18.. 2 (r. 50 \037— La iibllOHOphIe de l'Inron- l. 2 vol. in-S. 30 fr. \037- Le Rarwiniime, Ce qu'il ; a de \037traduit par M. C. GdÉBûdlt. 1 vol. \037fu-lB. 2° édition 2 fr. 50 \037VCCKËL. Duei^kel et la (béorie it«  l'évelHlIon en Ail \037L^n DuMO^T. i vol. inia. 2 fr 50 \037^ Lrn proavea dn ftranarop- \037, trad. par M, Socht. 1 vol. 2 fr, 50 \037\035\013In-8.. \037\035\0135 fr. \037\035\013— De la quadruple raolne dtt principe de la ralaon Baffl- BBnte, traduit pir M. i. A. Can- TACizÉnE. 1 vol, io-8 5 n*. \037— Pblloaopblede Sebopeakaker, parTh. Riboi. 1 vol, in-l 8 2 fr. 60 \037RIBUT (Th.). La pB»el«ilD«te adle- niBBde ennlempoPBlDe |BU- BAHT, BENCEE. I.OTKE, FECHREII , \037WuKBT, Blc). 1 vol. in-8. 7 fr. &D \037\035\013PHILOSOPHIE ANGLAISE CONTEMPORAINE \037\035\013'nUART MILL. La pbllo>iDphle de llanillltin. 1 forl vol, in-8. 10 fr. '-' Hea M^molrra. Hîttaire de ma < . vis el de m \037~- Bralèm» de logique déiluc- \037" " iii-8. 20 Cr, \037■ aur la nellslon. 1 vol. \0375fr. \037' lur Sluart Hill, pur H. TiiNE. 1 vo- lume in-18 2 Tr. 50 \037— Ansuaie fomte et la pliilnBophie posilivi-. In 18 2 fr. 5U \037lERBEHT SI-EKCER. Le» premlera . Frlnelpea. 1 fort vol. iD-8. 10 fr. \037— Priacipea de paTcbolasIe. 2 vol. ii.-8 20 fr. \037— t>p|ac)pe« de biologie. 2 furlE UAIN. Dea volumes in-8 50 fr \037\035\013HERBERT SPENCER. InirodBCtIoa k la Science aoelBlc 1 v. in-S cart. 6' édil 6't. \037— Prlnclpea de auelolOKic. 2 vul. în-8 17 fr, 50 \037— ClBBBlllFaHon dea Seleaecw, 2" édilion. 2 fr, 60 \037— De rédacalton Inlelleelneller et phfHlqne. 1 val. \037iJtinii B (r. \037'Ur te procréa. 1 vu), \037Tft.SB \037de pollllque. ilvol. \0377 fr. SB HDleniinqDeH. I vol. I \0377 ft. &0 <delumnrale.1[l-8.6r. \037\035\013

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— 5 — \037\035\013BAIN. EtA loslqne indiietlve et dédnetiTe. 2 vol. in-8. 20 fr. \037— li'euprlt et le corp0. 1 Yol. in-S, cartonné^ 2« édition. . 6 fr. \037— I«a «otaiife «le l'idiieatlon. \037In-S 6 fr. \037DARWIN. €h. Darwin et mett pré- evraenr^ fflrançals, par M. de \037QUATREFAGES. 1 vol. in-8. . 5 fr. \037-» Deseendance et Darwinisme, \037par Oscar Schmidt. In-8, cart. 6 fr . \037— I<e Darwinisme, ce qu'il y a de vrai et de faux dans cette doctrine, par E. pz Hartmann, i volume in-18 2 fr. 50 \037DARWIN. lies réelfs de corail, \037structure et distribution. 1 volume în-S 8 fr. \037CARLYLE. li'idéalisme anglais, \037étude sur Carlyle], par H. Taine. 1 vol. in-18 ' 2fr. 50 \037BAGEHOT. I.OIS selentlllqnes da déTeloppement des nations \037dans leurs rapports avec les prin- cipes de la sélection naturelle et de l'hérédité. 1 vol. in-8, 3« édit. 6 fr. \037\035\013RUSRIN (John). i.'esthétiqne •«- slal«e, étude sur J. Ruskin, par Milsand. 1 vol. in-18 ... 2 fr. 59 \037MATTHEW ARNOLD. i.a erise rell- Slense. 1 vol. in-8 .... 7 fr. 50 \037FLINT. I«a plillosophle de rhl*- tolre en Franee et en AUe- wamgme^ traduit de l'anglais par M. L. Garrau. 2 vol. in-8. 15 fr. \037RIBOT (Th.). I.a psyeholosle «a* Slalse contemporaine (Jamcf Mill, Stuart Mill^ Herbert Spencer, A. Bain^ G. Lewes, S. Bailey, J.-D. Morell, J. Murphy), 2« éd. 1 vol. in-8, 2« édition 7 fr. 59 \037LIARD. lies losleiens anslals eon- temporalns (Herschell, Whewell, Stuart Mill, G. Bentham, HamiJtOB, de Morgan^ Beele, Stanley Jevons). 1 vol. in-18 2 fr. 5» \037GUY AU. lia morale anglaise eo»- temporaine. Morale de V utilité et de révolution. 1 vol. in-8. 7 fr. 50 \037HUXLEY. Hume, sa vie, sa plUle- sophie. 1 vol. in-8 5 fr. \037JAMES SULLY. Le pessimisme» \037traduit par M. A. BERTRAiq> et Gérard. 1 vol. in-8. 7 fr. 50 \037\035\013PHILOSOPHIE ITALIENNE CONTEMPORAINE \037\035\013SICILIANI. Prolégomènes à la psychogénie moderne, traduit de ritaiien par M. A. Herzén. 1 vol. in-18 2 Ir. 50 \037ISPIMAS. La philosophie expé- rimentale en Italie, origines, état actuel. 1 vol. in-18. 2 fr. 50 \037MARIANO. lA philosophie eon- temporalae en Italie, essais de philos, hégélienne. In-1 8. 2 fr. 50 \037TAINE. Wm philosophie de Tari en Italie. 1 vol. in-18. 2 fr. 50 \037\035\013FERRI (Louis). Essai sur l'histolr«  de la philosophie en ItaHa a«  SIX.*" sièele. 2 vol. in-8. 12 fr. \037FERRI (Louis). Histoire critique d«  la philosophie de rassoel»- eiation depuis Hohhes Jnsfia'A nos Jours. 1 vol. in-8. (S. presse,) \037MINGHETTI. i^'Étiit et l'Église. 1 vol. in-8 A fr. \037LEOPARDI. •pnsoulcs etpeniéetf. \037I 1 vol. in-18 2fr.50 \037\035\013v^itv \037\035\013

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BIBLIOTHÈQUE \037\035\013PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE \037\035\013I ln-19 A • rr. &0 \037\035\013Le PDBJTltlBMt ADGLMg, fitude \037turStuartUill. 2* Ëdit. \037L'iDlALigHi «neLAis, élude *ur Carlyle. \037■ PBiLogo?n)K BE l'abt eh Ita- lie. 3* édilion. \037' PBILOBOPHI* DEL'ARTDAMLE» \037Pats-Bas. 2= éd. \037* PHJLDHOPaïKDE L'AHTBdGlltCE. \0372° édition. \037* Le HATtillALISHE CDHIBIIFO- \037KAiM, 2° édit. \037* La Crise PBiLosopBiDDi.TBine, Kenan, Vacherot, Liltré. \037* PfllLOBOPHIE DE LA RËVOUITIOIC \037m Ane AI KE, \037* SAItlT-SlHOM ET LE SAINT'SIIID- \037* Died.l'HohneetlaBëatitiide. {tXuvre inédile de Spiuoia.) \037•«TBBe Maroi. PULDBOPBiE DE L'ainoikE. \037PuLOBoraie de h. ConBin. \037Ad. IVaaelL. \037* PBILOSUFHIE du DftOIT PtHAL. \0373* idii. \037PBILOB. du droit ECCLtUASIiaDE, \037La PHILOaOFHIE IITStJflDB EU \037FaAlICE ad ïtlll' SIÈCLE. \037\035\013■e«  \037\035\013Le PBOTESTAmSHE LlBttAL. \037E4. Anker. PnLOlDPHlE de la atOECIRE. \037\035\013T Snmthaiisiie, \037\035\013Ckariea de méanaal. \037* PaikOMPBtE RELIGIEOSI, Chaplea lttv»^ue. \037' Le Spiritualisme bans l'art, \037* La Science de L'ihvi.'iiuLE, \037Emile «si Miel. \037L'Ame et la Vie, luiti d'une

tiidc lur l'Eithètique francaUe,

\037* Cbitique et bistoibe de la PBiLOsaFHiE (frag. et dise.]- \037AD su ■ le R.«ocel. Les Probl£iieb de la natvrb Lee Phobl£hes de la vu. \037* Les Pmoblëhes de l'ahe, \037* La Voie, l'Oreille et la Ud- \037SIQDI. \037' L'Optiode et les Arts. \037\035\013Le VJTAIISBEET \037Stabl, \037De la PBTBIotll \037Parule. L'Habitdde et I \037\035\013■[E IT DE 1 \037Ib&tibct. \037\035\013' L'EtTBtTIQUE A \037iiir John Ruskin. \037Essais de paiLOBOfaiE begc- lisbmk. \037Ad. damier. \037* De la Murale dahb l'akti- \037QDITt. \037\035\013N PDRK, \037\035\013PHILUSOPBIE de la RAIBO \037Des Sciences occdltes i \037SPIBmSME. \037\035\013

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— 7 — \037\035\013A th. Coquerel 010. \037Premières Transformations his- toriques DU Christianisme. 2* édit. La Conscience et la Foi. Histoire du Credo. \037Julen l4evalloiB«  DÉISME ET Christianisme. Camille Selden. La Musique en Allemagne. Étude sur Mendelssohn. rontaoès. Lb Christianisme moderne. Ëtude sur Leasing. \037Stnarl Mlll. \037Auguste Comte et la Philoso- phie positive. 2® édition. Marlano. La Philosophie contemporaine en Italie. \037Saiffcy. La Physique moderne, 2* tirage. \037E. Faiirre. \037De la Variabilité des espèces Ernest Bersot. \037* Libre PHILOSOPHIE. \037A. Révllle \037Histoire du dogme dk la divinité \037DE Jésus-Christ. 2* édition. \037ir. de Fonirlelle. \037L'Astronomie moderne. \037C. Colsnet. \037La Morale indépendante. \037Et. ¥acherot. \037* La Science et la Conscience. \037B. Boiitiiiir. \037* Philosophie de l'architecture \037EN Grèce. \037Herbert Speneer. \037* Classification des sciences. 2« édit. \037Ctanekler. Le Beau et son histoire. Max Maiier. \037* La SaENCE de la Religion. \037liéon Dûment. \037Haeckel et la Théorie de l'é- volution EN Allemagne. \037\035\013Bertanld. \037* L'Ordre social et l'Ordre \037MORAL. \037De la Philosophie sociale. \037Th. RIbot. \037Philosophie de Schopenhauer. \037* Les Maladies de la mémoire. \037Ai. Hersen. \037* Physiologie de la volonté. \037Bentham et Ctrete. \037* La Religion naturelle. \037Hartmann. La Religion de l'avenir. 2^ édit. Le Darwinisme. 3" édition. H. liOtse. \037* Psychologie physiologique. 2« éd. \037Schepenhaner. \037Le Libre arbitre. 2^ édit. \037Le Fondement de la morale. \037Pensées et Fragments. 3« édit. \037lilard. \037* Les Logiciens anglais contemp. \037Ifnrlon. \037* J. Locke. Sa vie, son œuvre. \037•• Schmldt. \037Les Sciences naturelles et la philosophie de l'inconscient. Hneckel. Les Preuves du transformisme. Essais de psychologie cellu- laire. \037PI Y. Margall. Les Nationalités. Barthélémy Saint-HIlaIre. \037* De la Métaphysique. \037A. Espinas. \037* Philosophie expér. en Italie. \037p. SIclllanl. Psychogénie moderne. liéepardl. Opuscules et Pensées. \037RelMel. De la Substance. \037Zoller. Christian Baur et l'École de tubingue. \037\035\013Le volume suivant de la collection in-18 est épuisé; il en reste quelques exemplaires sur papier vélin, cartonnés, tranche supérieure dorée : \037\035\013LETOURNEAU Physiologie dCM paMlons. i vol. \037\035\0135fr. \037\035\013

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— 8 — \037BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE \037FORMAT IN- 8 \037Volâmes à5 fr., 7 fir. 50 ellO fr.; cart., 1 fr. en plus par vol.; reliure, 2 Dr. \037\035\013JUIiES BARNI. \037* I«a morale dmmm te déatecratie. 1 vol. 5 fr. \037AGASSIZ. \037* De Pespèee et Aem elasulllcaiions, 1 Yol. 5 fr. \037STUART MHiL. \037* EM phitocephie de Hainilten, trad. par M. Cazelles.l fort vol. 10 fr. \037* Mes méinoireB. Histoire de ma vie et de mes idées, traduit de l'an- glais par M. E. Gazelles. 1 vol. 5 fr. \037* Mjmtéme de logique déductive et indnctîve. Traduit de l'anglais par M. Louis Poisse. 2 vol. 20 fr. \037* EMMds »ur la Religien, traduit par M. £. Gaselles. 1 vol. 5 fr. \037DE QUATREFAGES. \037* Ch. Darwin et ses précarseara français, i vol. 6 fr«  \037HERBERT SPENCER. \037* IjOB premlera principes. 1 fort vol., traduit par M. Gazelles. 10 fr. \037* Prlneipes de psycholoffle^ traduit de l'anglais par MM. Th. Ribol et Espinas. 2 vol. 20 fr. \037Principes de liiolAsie, traduit par M. Gaselles. 2 voL in-8. 1877-1878. 20 fr. \037* Principes de seclolosie : \037Tome l", traduit par M. Gazelles. 1 vol. in-8. 1878. 10 fr. \037Tome II, traduit par MM. Gazelles et GerscheL 1 vd. i^8. 1879. 7fr. 50 \037Tome III, traduit par M. Gazelles. 1 vol. în-8. (Sous presse,) \037* Essais snr le progrès, traduit par M. Burdeau.l vol. ia-8. 7 fr. 50 Essais de politique. 1 vol. in-8, traduit par M. Burdeau. 7 fr. 50 Essais scientiflques. 1 vol. in-8, traduitpar M. Burdeau. 7 fr. 50 \037* De l'éducation physique. Intellectuelle et morale. 1 voluma in-8; 3' édition. 5 fr. \037* Introduction à la science sociale. 1 vol. in-S^ 6" édit. 6 fr. \037* I«es liasesde la morale évolutionnlste. 1 vol. iii-8, 2* éd. 6 fr. \037* Ciassillcation des sciences. 1 vol. in-18.2* édit. 2 fr. 50 Descriptive sociology, or groupes of sociological fîscts, F&OKJI \037compiled by James CoLUtR. 1 vol. in-folio. 50 fr*. \037AUGUSTE liAUGEIi. \037* liCs proliièmes (Problèmes de la nature, problèmes de la vie, problè- mes de l'âme). 1 fort vol. 7 fr . 50 \037EMILE SAIGET. \037* I^eo sclenees an XYiil*' siècle. La physique de Voltaire. 1 vol. 5 fr. \037PAUL JANET. \037* Histoire de la science politique dans ses rapports avec la morale. \0372« édition, 2 vol. 20 fr. \037* l<es causes finales. 1 vol. in-8, 2« édition, 1882. 10 fr. \037\035\013

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— 9 — \037TH. RIBOT. liliérédlté psyeholosiqne. 1 vol. in-8, 2« édition. 7 fr. 50 \037La puyehoioffie anslalse eMitemporaUie (école expérimentale}. \0371 yok, in-8, 3« édition. 7 fr. M. \037^ I«a psyeholosie allemande eoniemparaine (école expéiî- \037menUOe). 1 vol. in-8. 7 fib &ft \037HENRI RITTER. \037* Htatoire de la philosophie moderne, traduction française, précédée d'une introduction par M. P. Ghallemel-Lacour. 3 vol. in-8. 20 fr. \037AIjF. FOUTTiTiEE. \037* I«a llherté et le déterminisme. 1 vol. in-8. 7 fr. 50 \037DE liAVEIiEYE. \037* De la propriété et de ses formes primitives, i vol. in -9. $• édit. 1882. 7 fr. 50 \037BAIN (ALEX.). \037* I«a loslqne inductlve et dédacilve, traduit de l'anglais par M. Gompayré. 2 vol. 2« édit. 20 fr. \037* lies sens et rintellisence. 1 vol., traduit par M. Gazelles. 10 fr. \037* I.*esprit et le corps. 1 vol. in-8, ^^ édit. 6 fr. \037* lia science de rédncallon. 1 vol. in-8, 2*' édit. 6 fr. lies émotions et la volonté. 1 fort vol. (Sous presse,) \037MATTHEW ARNOLD. Mm crise rellsiense. 1 vol. in-8. 7 fr. 50 \037BARDOUX. \037* liCs léslstes et leur Influence sur la société franf aise. 1 vol. in-8. 1877. 5 fr. \037HARTMANN (E. DE). \037* I.a philosophie de l'Inconscient, trad. par M. D. Nolen, avec fré- face de l'auteur pour l'édition française. 2 vol. in-8. 1877. 20 fr. \037I«a philosophie allemande du Xpx, siècle, dans ses principaux représentants, traduit par M. D. Nolen. 1 vol. in-S, (Sous presse,) \037ESPINAS (ALF.). Des sociétés animales. 1 vol. in-8, 2* édition. 7 fr. 50 \037FLINT. \037Eia philosophie de l'histoire en rrance^ traduit de Tanglais par \037M. Ludovic Garrau. 1 vol. in-8. 1878. 7 fr. 50 \037Wm philosophie de rhistoire en Allemasne, traduit de l'aiiglaif \037par M. Ludovic Garrau. 1 vol. in-8. 1878. 7 fr. 50 \037LIARD. I.a science positive et la métaphysique. 1 v. in-8. 1879. 7fr. 50 art es. 1 vol. in-8. 5 fr* \037GUTAU. lia morale anslaise contemporaine. 1 vol. in-8. 1879» 7 fr»50 \037HUXLEY Hùie, sa vie, sa philosophie, traduit de l'anglais et précMé d'une introduction par M. G. Gompayré. 1 vol. in-8. 1880. 5 fr. \037E. NA VILLE. I.a losiqne de l*hypothèse. 1 vol. iu-8. 5 fr. \037I«a physique moderne. 1 vol. in-8. (Sous presse,) \037VAGHEROT (ET.). Essais de philosophie critique. 1 vol. in-8. 7 fr. 50 \037Mm religion. 1 vol. in-8. 7 fr. 50 \037MARION (H.). la. solidarité morale. 1 vol. in-8. 2« édition. {Sous pr$êaê.y \037\035\013

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— . 10 — \037GOIiS£N£T (ED.).

  • Em vie iBconselente de l'esprit. 1 vol. ia-8. 5 fir»

\037SCHOPENHAUER. Aj^lMiismes sur la sasesse daiM la vie, traduit de l'allemand par M. J.-A. Cantacuzène. 1 vol. in-8. 5 fr. \0379e la quadruple raeioe du principe do la raisan sarasanley \037suivi d^une esquisse d'une Histoire de la doctrine de Vidéal ei du réel, traduit de rallemand par J.-A. Ganlacuzène. i vol. iii-8. 5 fr. \037BERTRAND (A.). Ii'apercepilon du eorps hamaln par la eaiiaeieiiee. 1 vol. in-8. 5 fr«  \037JAMES SUIiliY. ■<• peMiBil«nie, traduit de l'anglais par MM. Bertrand et Gérard» 1 vol. in.8, 7 fr. 50 \037BUGHNER. Selenee et nature, traduit de rallemand par le D^^ Lauth. 1 voL in-8, 2« édition. 7 fr. 50 \037EGGER (V.). Mm parole intérieure. 1 vol. in-8. 5 fr. \037MAUDSIiEY. Em pathologie de TEsprit. 1 vol. in-8. {Sous presse,) \037LOUIS FERRI. Histoire critique de la phliosopiile de Fagsoclation, depuis Hobbea \037jusqu'à nos jours. 1 vol. in-8. (Sowv pr^s^e.) \037\035\013BIfiUOTEÈaUE DIÏÏOIE CONTElPORÂfflE \037Vol.'in-18à3fr. 50. Vol. in-8 à 5 et 7 fr.; cari., 1 fr. en plus par vol.; reliure, 2 fr. \037\035\013EUROPE \037lilSTOIRB DB L'BUROPB PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISB, par H. de \037Sybel. Traduit de Tallemand par M"* Dosquet. 3 vol. in-8. . . 81 > \037Chaque volume séparément 7 » \037HiSTOIRB DIPLOMATIQUB DB L'BUROPB DEPUIS 1815 JUSQU*A NOS JOURS, par \037DeMdour. i vol. in-8. {Sous presse.) \037FRANCE \037* HiSTOIRB DB LA RÂvoLUTioN FRANÇAISE, par CaHyU. Traduit de Tanglals 3 vol. in-18; chaque volume 3 50 \037Histoire de la Restauration, par de Rochau. i vol. iii-18. traduit de rallemand 3 50 \037* Histoire de dix ans, par Loui< Blanc. 5 vol. in-8 25 § \037Chaque volume «éparëment 5 ■ \037~. 85 planches en taille-douce. Illustralionâ pour r^ùtoir«d« duc ant. 6 • \037* Histoire de huit ans (1840-1 848), par Blias RegnauU. 3 vol. in-8. 15 ■ Chaque volume séparément 5 b \037— 14 planches en taille-douce . Illustrations pour l'Histoire de huit ans. 4 fr. \037* Histoire du second bmpirb (1848-1870), par Taxile Delord. 6 voIudm» \037in-8 48 fr. \037Chaque volume séparément 7 • \037* La Guerre de 1870-1871. par 0oer<, d'après le colonel fédéral suisse Rus- tow. i vol. in-18 3 50 \037* La France politique et sociale. parAu^. LaugeL 1 volume io-8. 5 fir. \037* Histoire des colonies françaises, par P. Gaffarel. 1 vol. in-8. . 5 fir. L'AliOéRiE, par M. Wahl. 1 vol. in-8. 5 f r. \037\035\013

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— 11 -r^ \037ANGLETERRE \037* H18T0IRI OOUVIRNIMINTALI OB L*AN0LBTIRRB» DBPUI8 1770 JUSQU'A i880, \037par sir G. Comewal Lewit, 1 vol. in-8, traduit de Tanj^lais ... 7 fr. \037* HisTOiRB DB l'Anglbtbrrb, depuis la reine Anne jusqu'à nos jours, par H. Reynald, 1 vol. in-18 8 50 \037* Lis quatrb Gborob, par Thaekeray, trad. de Tanfiplais par Lefoyer. 1 fol. in-18 8 50 \037* La Constitution anolaisb, par TV. Bagehot, traduit de Tanelais. 1 vol. in-18 3 50 \037* Lombart-Strbbt, le marché financier en Anfflelerre, par TV. BagekoL 1 vol. in-18 3 50 \037* Lord Palmbrston bt lord Russbl, par Aug. Laugel. 1 Tolume in-18 (1876^ 3 50 \037* QUBSTIONS CGNSTITUTIONNBLLES (1873-1878). — Le Prince-Bpoux. — Le Droit électoral, par R. TV. Gladstone. Traduit de Tanglais, et précédé d'une introduction, par Albert Gigot. 1 vol. in-8 5 fr. \037ALLEMAGNE \037* La Prussb coNTBMPORAUfB bt sbs INSTITUTIONS, par K. HiUebrand, 1 toi. in-18. . . : 8 50 \037* HiSTOiRB DB LA Prussb , depuis la mort de Frédéric II jusqu'à la ba- taille de Sadowa. par Rug. Viron. 1 vol. in-18 3 50 \037* HiSTOiRB DB l'Allbmaonb. depuis la bataille do Sadowa jusqu'à nos jours, \037Car Rug, Viron. 1 vol. in-18 3 50 'Allbmaonb CONTBMPORAINB, par Sd. Bourloton. 1 vol. in-18. . . 3 50 \037AUTRICHE-HONGRIE \037* Histoire db L'Autrighb. depuis la murt de Marie-Thérèse jusqu'à nos jour», par L. Atteline. 1 vol. ln-18 3 50 \037Histoire des Hongrois et de leur littérature politique, de 1790 à 1815, par Rd. Sayous. 1 vol. in-18 3 50 \037ESPAGNE \037* Histoire de l'Espagne, depuis la mort de Charles III jusqu'à nos jours, par H. Reynald. 1 vol. in-18 3 fr. 50 \037RUSSIE \037La Russib CONTBMPORAINB, par Herbert Barry , traduit de Tanfirlais. 1 vol. \037ûi-18 3 50 \037Histoire contemporaine de la Russie, par M. Crihange. 1 volume \037in-18 3 50 \037SUISSE \037La Suissb CONTBMPORAINB, par JEf. Dixon. 1 vol. in-18, traduit de l'an- \037Klais 3 50 [ISTOIRE DU PEUPLE SUISSB, par DaendHkeT, traduit de l'allemand par madame Jules Favre, et précédé d'une Introduction de M. Jules Favre. 1 vol. in-8 5 fr. \037AINÉRigUE \037Histoire de l'Amérique du Sud, depuis sa conquête jusqu'à nos jours, * par Alf. Deberle. 1 vol. in-18 ..... 3 50 \037Histoire de l'Amérique du Nord (États-Unis, Canada, Mexique), par Ad, Cohn. 1 vol. in-18 {Sous presse,) \037* Les Etats-Unis pendant la guerre, 1861-1804. Souvenirs personnels, par Aug. Laugel. 1 vol. in-18 3 50 \037\035\013* Bas* Despols. Le Vandalisme révolutionnaire. Fondations littéraires, scientifiques et artistiques de la Convention. 1 vol. in-18. S*édit. (S. presse.) \037* Jules Oarni» Histoire des idées morales et politiques bn France AU XVIII* SIÈCLE. % vol. in-18, chaque volume 3 50 \037— Napoléon I* et son historien M. Thiers. 1 vol. in-i8. ... 3 50 \037— * Les Moralistes français au xviii* siècle. 1 vol. in 18. . . 3 50 Emile Oeanssire. La guerre étrangère et la guerre civilb. 1 vol. \037in-18 3 50 \037* S. ClmnkmgerauÊ» La France républicaine. 1 volume in-18. . 3 50 \037\035\013

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— n — \037BIBLIOTHÈQUE HISTORIQUE ET POLITIQUE \037Yolames lii-9 à S, 9 C^. »• \037* ALBAMY DE FONBLANQUE. L'Angleterre, son «onveriM- ment, se» Institations, Traduit de l'angolais sur la ià* édition par M. DuYFUs, avec introduction par M. H. Bris^ov. 1 volume in-8. 5 fr. \037BENlOEW. I.CB lois de THistolre. 1 vol. in-8. ^ fr. \037* E. DRSGUANEL. i.e peuple ei U lK»iirse«lflle. 1 v. in-8« 5 fr«  MINGHETTI. i.«Étal et l'Éslise. 1 vol. in-8. 5 Ar. LOUIS BLANC. Discours politique (18&8-188i). i vohime \037in-8. 7 fr. 50 \037\035\013PUBLICATIONS HISTORIQUES PAR LIVRAISONS \037\035\013HISTOIRE ILLUSTRÉE du \037SECOND EMPIRE \037PAB TAXILE DELORD \037Paraissant par livraisons à 10- cent. \037deux fois par semaine, \037depuis le 10 janvier 1880. \037Tomes I, II, III, IV. Chaq. vol. 8fr. ■L'ouvrage complet formera 6 volumes. \037\035\013mSTOIRE POPULAIRE de TuA. FRA.IS'OBS \037Depuis les orig^es jttSipi'ea I81S. \037SouveUe éiitian \037Paraissant par livraisons à 10 cent. \037deux fois par semaine. Chaque vol. avec gravures. 5 fîr. \037L'ouvrage est complet en 4 volmiMS. \037\035\013CO.'VDITIOIVS DH SOVSCBIPTIOIV. \037L'Histoire du second empire et VHistoire de France paraissent deux fois par semaine par livraisons de 8 pages , imprimées sur beau papier et avec de nombreuses gravures sur bois. \037Prix de la livraison 10 e. \037Prix de la série de 5 livraisons, paraissant tous \037les 20 jours, avec couverture 50 c. \037Pour recevoir franco, par la poste, VHistoire du teeond empire ou VHistoire de France par livraisons, deux fois par semaine, ou par séries tous les 20 jours. \037Un an 1 6 francs. | Six mois... 8 francs. \037\035\013ÉDITIOTVS ÉTRAIUClClRBS \037\035\013Éditions anglaises, \037AuGosTS La0qil. The United States da- ring the war. Id-8. 7 shill. 6 p. \037Albert RAtillb. History of thfe doctrine of the deitj of Jestis-Cbrist. 3 sh. 6 p. \037B . Ti ma. Italy (Naples et Rome).7sh. % p. \037H. Taihb. The Philosophy of art. 3 sh. \037\035\013Paul Jamkt. The MateHaliam of pi day. 1 Tol. in-i8, rel. ) shiU. \037Éditions allemandes» JoLBS Babui. Nopolâoa I. I»-18. 9 nu Paul Janbt. Der Materialismos onsere. \037Zeit. 1 Tol. in-iS. 3 m. \037H. Taisb. Philosophie der KunsU 1 toL \037ia-18. 8 a. \037\035\013

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— 13 \037BIBLIOTHÈQUE SCIENTIFIQUE \037INTERNATIONALE \037Publiée sons la direetion de M. Kmlle AlittliATÈ \037\035\013La Bibliothèque scientifique internationale n'est pas une entra- prise de librairie ordinaire. C'est une œuvre dirigée par les au- tean mêmes, en Tue des intérêts de la science, pour la popu- lariser sous toutes ses formes, et faire connattre immédiate- ment dans le monde entier les idées originales, les directions nouvelles, les découvertes importantes qui se font chaque Jour dans tous les pays. Chaque savant eipose les idées qu'il a introduites dans la science et condense pour ainsi dire ses doctrines les plus originales. \037On peut ainsi, sans quitter la France, assister et participer au mouvement des esprits eu Angleterre^ en Allemagne, en Amé- vique, en Italie, tout aussi bien que les savants mêmes de chacun de œs pays. \037La Bibliothèque scientifique internationale ne comprend pas seale- ment des ouvrages consacrés aux sciences physiques et naturelles, elle aborde aussi les sciences morales, comme la philosophie, l'histoire, la politique et l'économie sociale, la haute législation, etc.; mais les livres traitant des sujets de ce genre se rattachent encore aux sciences llitttirélles, en leur empruntant les méthodes d*observation et d'expé- rience qui les ont rendues si fécondes depuis deux siècles. \037Cette eoUection parait à la fois en français, en anglais, en allemand, en russe et en italien : à Paris, chez Germer Baillière et G'* ; à Londres, dhezC. Kegan, PauletC^"; à New-York, chez Appleion; à Leipsig,clies Brockhaus; et à Milan, chez Dumoiard frères. \037\035\013EN VENTE : \037VOLUMES IN-8, CARTONNÉS A l'ANGLAISE , A 6 TRANCS. \037JjM mêmes, en demi-reliure d'amateur, tranche supérieure dorée, dos et coins en veau. 10 fr. \037* 1. 1. TTNDALL. 1.00 slaelera eS les IraB^rormatloos de \037Tean^ avec figures, i vol. in-8. 3« édition. 6 fr. \037• 2. MAREY. liA maehine animale, locomotion terrestre et aé- \037rienne, avec de nombreuses flg. t vol. in-8. 3® édition. 6 fr. \037\035\013

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— 14 — \037* S. BAGEHOT. I<«l« MlenUfl^vM ûu ééwéimppmmmtU «M \037Baii«Mi dans leurs rapports avec les principes de la sétodioa naturelle et de l'hérédité, i vol. in-8. A* édition. fr. \037A. BAIN. I.*efl»rli ei le ««rv*. 1 vol. în-8. à* édition. 6 fr. \037* 5. PETTI6REW. Ia toeometiov ehea les MilmMiv, marche, \037natation, i voL in-8, avec figures. fr. \037* 6. HERBERT SPENCER. lAMleBeeMclale. in-8. 5* éd. 6 fr. \037* 7. SGHMIDT (0.). Ia «eMe^dMiee 4e rheame et le 4«rwl- \037Bi«me. i vol. in-8, avec fig. 3* édition. « fr. \037^ 8. MAUDSLEY. I.e crime •« la relie, i vol. in-8. &• éd. fr. \0379. VAN BENEDEN. I^es eemmeiiMivx et les »ara«Ue« «mu le rèsae animal, i vol. in-8, avec figures. 2* édit 6 fr. \037iO. BALF013R STEWART. Ia ceBservatlen ée réaersle, suivi d'une étude sur la nature de la forca^ par M, P, de Saint* Robert^ avec figures, i vol. in-8. 3* édition. 6 fr. \037il. DRAPER. E«« eenfllta 4e la Mleiiee et 4e la reUslea. \037i vol. in-8. 6* édition. 6 fr. \03712. SCHUTZENBERGER. K.e0 fermeatatieiui. i vol. in-8, avec flg. 3« édition. 6 fr. \037* 13. L. DUMONT. Théorie «elentlflqve 4e la seiialMIIté. \037i vol. in-8. 2« édiUon. 6 fr. \037* 14. WHITNET. lia rie 4a lansase. 1 vol. in-8. 3* édit. 6 fr. \03715. COOKE ET BERKELEY. Iie« «hampisMeiui. 1 vol. in-8, avec figures. 3^ édition. 6fr. \037* 16. BERNSTEIN.I.e««en«. 1 vol. in-8, avec 91 fig.3« édit. fr. \037* 17. BERTHELOT. Ia «ynthèse elilml««e. 1 vol. in-8. \037A* édition. fr. \037* 18. VOGEL. I.a M^tecraphle et la chimie 4e la lamlère^ \037avec 95 figures. 1 vol. in-8. 2" édition. 6 fr. \037* 19. LUTS. lie cerveau et «e« fenctlens, avec figures, i vol. \037in-8. 4« édition. 6 fr. \037* 20. STANLEY JEVONS. lia mennaie et le mécantome 4e \037réehanse. 1 vol. in-8. 2* édition. 6 fr. \037* 21. FUCHS. MaBB veleaBfl et le« Iremhlementa 4e terre. \0371 vol. in-8, avec figures et une carte en couleur. 2* éd. 6 fr. \037* 22. GÉNÉRAL BRIALMONT. lies camps retranchén et lew \037réle 4aiiii la 4éreii«e 4e« Étata, avec fig. dans le texte tti 2 planches hors texte. 2* édit. 6 fr. \037* 23. DE QUATREFAGES. I<'e«»èce hvmalne. l.vol. in-8. 6^ édi- \037tion. 6 fr. \037\035\013

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— 15 — \037^ 2â. BLASERNA et HELMHOLTZ. i^ mo ei la murt^ae. i vol. in-8, avec figures. 2^ édit. 6 fir. \037* 25. ROSENTHAL. w.em nerta et le« miuieies. 1 vol. in-8, avec \03775 figures. 2* édition. 6 fr. \037* 26. BRUGKE ET HELMHOLTZ. Prlnelpes selentlflqaefl 4m \037beaax-arto, avec 39 figures^ 2« édit. 6 fr. \037* 27. WURTZ. li* théarle «toml^ae. 1 vol. in-8. 3« édition. fr. \037* 28-29. SECGHI (lePère).lie« étoiles. 2 vol. in-8, avec 63 fig. dans \037le texte et 1 7 pi. en noir et en coul. hors texte. 2« édit 12 fr. \037* 30. JOLY. li'bomiiie avant le« métaux. In-8. 3*> édit. avec \037figures. 6 fr. \037* 31. A. BAIN. i.a itelenee de rédaeatleii. 1 v. in-8. 3« édit. 6 fr. \037* 32-33. THURSTON (R.). Histoire de« iiiaehlne« à Tapeur, \037précédé d'une introduction par M. Hirsch. 2 vol. in-8y avec 140 fig. dans le texte et 16 pi. hors texte. 2^ édit. 12 fr. \037^ 34. HARTMANN (R.). I^es peuples de TAfïrlqae (avec figures). 1 vol. in-8. 6 fr. \037* 35. HERBERT SPENCER. Iie« bases de la morale évolntlon- \037nlste. 1 vol. in-8. 2« édit. 6 fr. \0376. HUXLEY. Ii*écrevi««e, introduction à l'étude de la zoologie. 1 vol. in-8, avec figures. ' 6 fr. \03737. DE ROBERTY. De la soelologle. 1 vol. in-8. 6 fr. \037* 38. ROOD. Théorie «elontiOqne dos eonleurs. 1 vol. in-8 \037avec figures et une planche en couleurs hors texte. 6 fr. \03739. DE SÂPORTA et MARION. i. évolution du ré§me Tésétai \037(les cryptogames). 1 vol. in-8 avec figures. 6 fr. \037AO-Al. GHARLTON 6ASTIAN. I.e eerveaa, organe de la pensée ches Ptaornine et ebes les anlmanx. 2 v. in-8, avec fig. 12 fr. à2. JAMES SULLY, i^es illusions. 1 vol. in-8 avec figures. A3. YOUNG. lie Soleil. 1 vol. in-8, avec figures. H. De GANDOLLE. i^'orlslne des plantes cultivées. 1 vol. in-8. \037\035\013OUVRAGES SUR LE POINT DE PARAITRE : \037SIR JOHN LUBBOGK. i^es abeilles et les fourmis. 1 vol. in-8 avec figures et planches en couleur. \037ROMANES. li'intelllsenee des animaux. 1 vol. in-8. \037GARTAILHAG (E.). I«a Franee préhistorique d'après les sépnl* tnres. \037PERRIER (Ed.). lia phUosophIe zoologlque Jusqu'à Barwln. \0371 vol. in-8, avec figures. \037POUGHET (G.). liO sans. 1 vol. in-8; avec figures. \0378EMPER. I.es conditions d'existence des animaux. 1 vol. in-8, avec figures. \037\035\013

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— 1« — RÉCENTES PUBLICATIONS \037HISTORIQUES, PHILOSOPHIQUES ET SCIENTIFIQUE!^ Qui ne se trouTent pas dans les Biblio tli è qu e i . \037\035\013ÀLAUl. WaH reUsion prosreMlTe. 1869. 1 Tol. ia-18. 3 fr. 50 \037ARRÊAT. Vne édaeatton lii«ell«etaell«. 1 vol. iu-lS. 2(r. 50 \037ÀUDIFFRET-PASQUIER. Dlseonim devant les eomntfMloiw «e \037réorsanlsatloii de l'armée el dea marehéa. 2 fr. 50 \037BARNI. Voy. Kànt, pages S, 10 et 26. \037BARNI. i.es martyrM de la libre penaée. In-18. 2" éd. 3fr. 50 BARTHELEMY SAfNT-HlLAlRE. Voy. Aristotb, pages 2 et 7. BAUTAIN. lA piilloaaplile morale. 2 vol. in-8. 12 fr. \037B£l<ARD(Gh.). De la pbllosoplile daam rédaeatfaa etaaaHpie. \0371862. 1 fort vol. in-8. 6 fr. \037BELLECOMBE (André de). HIataire milTeraeUe, première \037partie : Chronologie universelle. 4 vol. gr. in-8 ; deuxième \037partie : Histoire universelle. 18 vol. gr. in-8 (sera continué). Prix, les 22 volumes» 110 fr. ; le tome XVIII, séparément, 7 fr.. BERTAULD (P.-A.). Introduction à la redierelie dea eausea \037premièrea. — De la méthode. Tome I^. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 BLAGKWËLL (D*" Elisabeth) . Consella aux parenta, sur l'édu- cation de leurs enfants au point de vue sexuel. 1 vol. \037in-18. 2 fr.. \037BLANQUI. li'étemlté par lea astrea. 1872. In-8. 1 fr. 50 BOHËLY (J.). nouveau système éleetoral, représentation. \037proïKirtlonnelle de la majorité et des minorltéa. 1870. \0371 vol. in-18 de xviii-19A pages. 2 fr. Sq.- \037BOUCHARDAT. E,e travaU, son influence sur la santé (confé-. \037renées faites aux ouvriers). 1863. 1 vol in-18. 2 fr. 50- \037BOURBON DEL MONTE. li'bomme et les animaux. In-8. 5 fr. BOURDEAU (Louis). Théorie des selenees, plan de science inté- grale. 2 vol. in-8. 1882. 20 fr. BOlRDtlT (Eug.). Principe d'éducation positive, précédé \037d'une préfacé de M. Gh. Robin. 1 vol. m-18. 3 fr. 50 \037BOURDET (Eug.j. Tocabulalre des principaux termes de in \037pbilosopble positive. 1 vol. in-18 (1875). 3 fr. 50 \037BOUT ROUX. De la contingence des lois de la nature. \037ln-8. 1874. Aûp. \037BROCHAKD (V.). De l'Erreur. 1 vol. in-8. 1879. 3 fr. 50 \037BUSQUËT. Représailles, poésies. 1 vol. in-18. 3 fr«  \037CADET. Hygiène, Inhumation, crémation . In-18. ' 2 fr. CARETTE (le colonel). Études sur les temps antélOatorlqaen, \037Première étude : Le Langage, 1 vol. in-8. 1878. 8 fr. . \037CLAVEL. i«a morale positive. 1873. 1 vol. in 18. 8 fr. \037GLAVEL. E,eH principes au XJIL^ siècle. 1 v. in-18. 1877. 1 fr. GLOOD. ■.'enfance du monde, simple histoire de Thomme des \037premiers temps. In-12. 1 fr. \037GONTA. Tliéorle du ratalisme. 1 vol. in-18. 1877. à fr. \037CONTA. Introduction à la métapliyslque. 1 vol. in-18. 3 fr. COQUEREL (Charles). I^ettres d'un marin à sa famUfe. 1870. \037i vol. in-18. 3 fr. 50 \037COOUEREL fils (Athanase;. liibres études (religion, critique, \037histoire, beaux-arts). 1867. 1 vol. in-8. 5 fr. \037\035\013

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— 17 ~ \037GOQUEREL fils (Athanase). Pourquoi la France n^eot-eUe ya« prate«<aii<e t 2® édition. In-8. 1 fr. \037GOQîIEREL fils (Athanase). lia ebarlté «ans iienr. In-8. 75 c. \037GOQUEREL fils (Athanase). ÉvansUe et liberté. In-8. 50 e. \037GOQUEREL fils (Athanase). Be rédaeatioB des fllles, réponse i Mgr lévèque d*Orléans. ln-8. 1 firi \037GORBON. liO «eeret du peuple de Paris. 1 yol. in-8. 5 fr. \037GORMENIN (de)- TIMON. Pampklets anelens et nonTeam. \037Gouvernement de Louis-Philippe^ République, Second Empire. \0371 beau vol. in-8 cavalier. 7 fr. 50 \037Cenférenees de la Porte-Salnt-Martln pendant le slès^ \037de Paris. Discours de MM. Desmarets et de Pressensé, -^ \037Coquerel : sur les moyens de faire durer la République. — Le \037Berquier : sur la Gommune. — E. Bersier : sur la Commune. \037— H, Cernuschi : sur la Légion d'honneur. In-8. i fr. 25 \037Sir G. GORNEWALL LEWIS. Quelle est la meilleure ferme de \037senvernement f 1 vol. in-8. 3 fr. 50 \037GORTAMBERT(Louis). i.a rellsl^n du progrès. In-i8. 3 fr. 50 COSTE (Adolphe). Hygiène sociale contre le paupérisme \037(prix de 5,000 fr. au concours Péreire). 1 vol. in-8. 1882. 6fr. DANICOURT (Léon). lia patrie et la république. In-18. 2 fr. 50 DANOVER. De l'esprit moderne. Essai d'un nouveau discours \037sur la méthode. 1 vol. in-18. 1 fr. 50 \037DAURIAG (Lionel). Bes notions, de forée et de matière \037dans les sclenees de la nature. 1 vol. in-8, 1878. 5 fr. DAVY. liOs eonventlonnels de l'Eure : Buzot, Duroy, Lindet, à \037travers l'histoire. 2 forts vol. in-8 (1876) . 18 fr. \037DËLBQEUF. Ija psycbolosle comme science naturelle. 1 vol. \037in-8, 1876. 2 fr. 50 \037DELEUZE. Instruction pratique sur le magnétisme ani- mal. 1853.*! vol. in-12. 3 fr. 50 PESTREM(J.). lios déportations du Consulat. Ibr. in-8. lfr.50 \037DOLLFUS (Gh.). Be la nature humaine. 1868^ 1 v. in-8. 5 fr. \037DOLLFUS (Gh.). I^ettres pbilosopblques. In-18. 3 fr. 50 \037DOLLF-US (Gh.). Considérations sur Tblstolre. Le monde antique. 1872, 1 voL in-8. 7 fr. 50 \037DOLLFUS (Gh.). I^'âme dans les phénomènes de conscience 1 vol. in-18 (1876). 3 fr. \037DUBOST (Antonin). Des conditions de souvemement en France. 1 vol. in-8 (1875). 7 fr. 50 \037DUFAY. Etudes sur la Destinée. 1 vol. in-18, 1876. 3 tt, \037DUMONT (Léon). liO sentiment du gracieux. 1 vol. in-8. 3 fr. \037DUMONT (Léon). Des causes du rire. 1 vol. in-S. 2 fr. \037DU POTET. Manuel de l'étudiant masnétiseur. Nouvelle édi- tion. 1868, 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037DU POTET. Traité complet de mai^étisme, cours en douze \037. leçons. 1879, 4« édition, 1 vol. in-8 de 6Zà pages. 8 fr. \037DUPUY (Paui). Études politiques, 1874. 1 v. in-8. 3 fr. 5o \037DUVAL-JOUVE. Traité de Logique, 1855. 1 vol. in-8. 6fr. \037Éléments de science sociale. Religion physique^ sexuelle et naturelle. 1 vol. in-18. 3« édit., 1877. Sfr. 50 \037\035\013

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— 18 — \037ÊUFBAS L£VI. JM«ne et rltael de la iuMite maste. 1861, ^ édit., 2 vol. in-8, avec 24 Og. 18 k. \037ÉLIPHAS LÉVI. «mtirtvede la HMisie. In-8, avec fi^. 12 Ir. \037ÉLIPHAS LÉVI. lia selence dM tmpriU, In 8. 7fr. \037ÉLIPHAS LÉVI. Clef de« srand»i mystères. In-8. 12 fr. \037EVANS (John). Ijes âge» de la pierre. Grand in-8, avec 467 %. • dans le texte. 15 fr. — En demi-reliure. i'8 fr. \037EVANS (John). i/à§te> «a Inimiiae. Grand in*8, avec 5â0 figuves dans le texte, broché. 15 fr. — En demi -reliure. 18 fr. \037EVELLIN. mnm et quantité. Étude sur le concept de rinfiaidans la philosophie et dans les sciences. 1 vol. in-8. 5 fr. \037FABRE (Jo8ef)h). Histoire de la plillosopbie. Première partie : Antiquité et moyen kge. 1 vol. in-12, 1877. 3 fr. 50 \037FAU. Aaatomie des fermes du earps bamaln, à l'usage des peintres et des sculpteurs. 1 vol. in-8 et atlas de 25 plan- ohes. 2^ édition. Prix, fig. noires. 20 fr. ; fig. coloriées. 35 fr. \037FAUCONNIER. I^a question sociale, ln-18, 1878. 3 fr. 50 \037FAUCONNIER. Protection et libre éelianse- In-8. 2 fr. \037FAUGONNItlR. I^a morale et la religion dans l'enseiffs^ . «ment. 1 vol. in-8 (1881). 75 c. \037FAUCONNIER, i.'or et l'argeat, essai sur la question moné- taire. 1 br. in-8 (1881). 2 fr. 50 FERBUS N.). ■.a science posillve dnbonbeur. 1 v. in-18. 3fr. FERRIÊRE (Em.). i^es apôtres, essai d'histoire religieuse^ d'après la méthode des sciences naturelles. 1 vol. in-12. 4 fr. 50 FERRON (De). Théorie du progrès. 2 vol. in-18. 7 fr. FOX (W.-J.). Des idées rellslesses. In-8, 1876. 3 fr. FKÉDÉRIQ. ay^iène populaire. 1 vol. in-12, 1875. fr. \037GALTIER-BOISSIÉRE. Sématotechnle , ou Nouveaux signes \037phonographiques. 1 br. in-8. 50 e. \037GASTiNEAU. Voltaire en exil. 1 Yol. in-18. 3 fr. \037GlLtilOT (Alph.). .Btadoa sur les rrlIgHoiMi et imÊtHmitmam \037comparées. 1 vol. in-12. 3 fr. >50 \037GOUET (Amédée). Histoire nationale de France, d'après des \037documents nouveaux : Tome I. Gaulois et Francks. — Tome II. Temps féodaux. — \037Tome m. Tiers état. — Tome IV. Guerre des princes. — Tome V. \037Renaissance. — Tome VI. Réforme. — Tome VII. Guerres de \037religion. (Sous presse.) Prix de chaque vol. in-8. 5 fr. \037GRAD (Charles). Études statistiques sur rindnstrle de \037l'Alsace. 2 vol. gr. in-8. 20 fr. \037GUICHaRD (V.). lia liberté de penser. In-i8. 3 fr. 50 \037GUILLAUME (de Moissey). Moureau traité des sensatloBS. \0372 vol. in-8 (1876). 15 fr. \037GUYAU. Ters d'un pbilosopbe. 1 vol. )n-18. 3fr. 50 \037HAYEM (Armand), ■.'être social. 1 vol. in-18. 1881. 3 fr. 50 HERZEN. Récits et nouvelles. 1 vul. in-18. 3 fr. 50 \037HERZEN. De l'autre rive. 1 vol. in-18. * 3 fr. 50 \037HERZLN. L,ettrcs de France et ^'MaUe. 1871, in-18. 3 fr. 50 HUXLEY. lia pbyslogrspbie, inUoduction à Tétude de la natura, \037traduit et adapté par M. G. Laray. 1 vol. ia-8 avec figures dam \037le texte et 2 planches en couleurs. 8 fr. \037ISSAURaT. Monuments perdus de Pierre- Jean, observations, \037pensées. 1868, 1 vol. in-18. 3 fr. \037\035\013

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— 19 — \037ISSAUT^AT. I^ePi alarmes d^an père de flaaiiney suscitées par les faits et gestes de Mgr Dupanloup. In-8. 1 fr. \037JÂCOBY. RCoden sur la solution dans ses rapports avee l'hérédité chea rbomme. 1 vol. gr. in-8 (1881). 14 fr. \037JOZON (Paul), ne récritnre pkonétlque. In-18. 3 fr. 50 \037JOTAU. ne rinTcntion dans les arts et dans les seiences. 1 vol. iii-K. 5 fr. \037KRANTZ (Emile). Wlmnml Hur restbétiqne de Deseartes, rap- ports (le la doctrine cartésienne avec la littérature classique du XVI» >iècle. 1 vol. in-8 (1882). 6 fr. \037LABORDË. [.es kommes et les actes de rinsvrreetlon de IParis devant la psychologie morbide. 1 vol. in-18. 2 fr. 50 \037LACHELIBR. i.e ffondemenC de l'induetion. 1 vol. in-8. S fr. 50 \037LACOMRR. M« .^ «irolt» 1869, 1 vol. in-12. 2 fr. 50 \037LA LANDELLE (de). Alphabet pbonéfiqne. In-18. 2 fr. 50 \037LANGUES, i/homme et la Iftêvointion. 2 vol. in-18. 7 fr. \037LA PlilRRE DE ROO. i^a consani^lnlté et les effets do l'hérédité. 1 vol. in-8. 5 fr. \037LAUSSEDAT. i^a Suisse. Études méd. et sociales. In-18. 3fr. 50 \037LAVELEYE (Em. de). De Tavenlr des peuples eathollqnes. 1 brochure in-8. 21» édit. 1876. 25 c. \037LAVELEYE (Em. de). I^ettres sur PItalle (1878-1879). 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037LAVKLEYE (Em. de). ■.'Afrique centrale. 1 vol. in-12. 3 fr. \037LAVËRGNE (Bernard). I^'ultramontamsuie et l'État. 1 vol. iia-8 (1875). 1 fr. 50 \037LE KËRQUIER. i^e barreau moderne. 1871, in-18. 3 fr. 50 \037LEDRU (Alphonse). Orn^anlsatlon, attributions et responsa-' blllté des conseils de survellinncc des soelétés en commandite par actions. Grand in-S (1876). 3 fr. 50 \037LEDRU (Alphonse). Des pnbllealns et «tr*» Sociétés Toctl- gallennes. 1 vol. grand in-8 (1876). 3 fr. \037LEDRU-ROLLIN. Discours politiques et écrits dlTors. 2 voU in-8 cavalier (1879). 12 fr. \037LEMER (Julien). Dossier des Jésuites et des Ubertés de rÉsline salilcane. 1 vol. in-i8 (1877). 3 fr. 50 \037LIARD. Des déflnitlons géométriques et des déflnitlons empiriques. 1 vol. in-8. 3 fr. 50 \037LITTRË. Conservation, révolution et posMIirisnie. 1 vol. in-12. 2« édition (1879). 5 fr. \037LITTR^. De l'établissement de la troisième répubttqne. 1 vol. gr. in-8 (1881). 9 fr. \037LUBBOCK (sir John), i^^bomme préhistorique, suivi d*une Description comparée des mœurs des sauvages modernes, 526 figures intercalées dans le texte, i 876. 2* édition, suivie d'une conférence de M. P. Broga sur les Troglodytes de la Vèzère, 1 beau vol. in-8, broché. 15 fr. \037Relié en demi-maroquin avec nerfs. 18 fr. \037LtJBROCK (sir John). liCS origines de la ciTlIlsation, état pri- mitif de l'homme et mœurs des sauva<7es modernes. 1877. 1 voL gr. in-8 avec figures et planches hors texte. Traduit do l'anglais par M. Ed. Barbier. 2* édition. 1877. 15 fr. \037Relié en demi-maroquin avec nerfs. 18 fr. \037MAGT. De la science et de la nature. In-8. 6 fr* \037MAURICE. (Pernand). lia politique extérieure de la France. 1 voL in-i2. 3 fr. 50 \037MEMIÊRE. Cleéron médeeln. 1 vol. in-18. ' A fr. 50 \037\035\013

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— 20 — \037MENIÈRE. I<e0 «•n«alt«tl«iui de madame de Sévlsmé, étude médico-littéraire. 186&, 1 yoI. in-8. 3 fr. \037MESMER. Mémeire» et ayhoriame«, suivi des procédés de d'Eslon. 1846, in-18. 2 fr. 50 \037MIGHAUT (N.). Be nmaslnatlon. 1 Yol. in-8. 5 fr. \037MILSAND. I<e« étude» ela»»l4ae« et renseignement public. 1873, 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037MILSAND. lie eede et la liberté. 1865, in-8. 2 fr. \037MORIN (Miron). De la «éparatlea da temporel et d« «plrl- tnel. 1866, in-8. 3 fr. 50 \037MORIN. MagnétiMine et «eienee« eeenlte». In-8. 6 fr. \037MORIN (Frédéric). Politique et pbllosopliie. In-18. 3 fr. 50 \037MUNARET. L.e médecin des ▼lllen et des eampasnea. à^ éditicn, 1862, 1 vol. {^rand in-18. à fr. 50 \037NOLEN (D.). L.a critique de KLant et la métaphyiilqae de lieibnlB. 1 vol. in-8 (1875). 6 fr. \037290l]RRfSSON. Essai sur la pbllosopble de Bossnet. 1 vol. in-8. à fr. \03706ER. ■.es Bonaparte et les frontières de la France. In-18. 50 c. \03706ËR. lia Répnbllqae. 1871, brochure in-8. 50 c. \037OLEGHNOWIGZ. Histoire de la elYillsation de Ptanmanité, d'après la méthode Brahmanique. 1 vol. iu-12. 3fr. 50 \037OLLË-LAPRUNE. lia pbllosopble de Malebranebe. 2 vol. in-8. \03716 fr. \037PARIS (comte de). liOS associations onvrières eniUisl®' \037terre (irades-unions). 1869, 1 vol. gr. in-8. 2 fr. 50 \037Édition sur pap. de Ghine : Broché, 12 fr. ; rel. de luxe. 20 fr. \037PELLETAN (Eugène), i^a naissance d'une TlUe (Royan). 1 vol. in-18. 2 fr. \037PENJON. Berkeley^ sa vie et ses œuvres. In-8, 1878. 7 fr. 50 \037PEREZ (Bernard). li'édncatlon dès le berceau. In*8. 5 fr. \037PEREZ (Bernard). lia psyebologle de l'enfant (les trois pre- mières années). 2^ édition entièrement refondue. 1 vol. in-12. \0373 fr. 50 \037PEREZ (Bernard). Tbierry Tiedmann. — Mes deux cbato. 1 brochure in-12. 2 fr» \037PETROZ (P.). li'art et la critique en France depuis 1822. 1 vol. in-18, 1875. 3 fr. 50 \037PIÈTREMENT. liO cbeval dans les temps blstoriqucs et pré- blstorlques. 1 vol. in-8. {Sous presse,) \037POEY. liO positivisme. 1 fort vol. in-12 (1876). à fr. 50 \037POE Y. M. liittré et Auguste Comte. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037POULLËT. lia campagne de l'Est (1870-1871). 1 vol. in-8 avec 2 cartes, et pièces justificatives, 1879. 7 fr. \037RAMBERT (E.) et P. ROBERT. lies oiseaux dans la nature, description pittoresque des oiseaux utiles. 3 vol. in-folio con- tenant chacun 20 chromolithographies, 10 gravures sur bois hors texte, et de nombreuses gravures dans le texte. Ghaque volume, dans un carton, 40 fr. ; relié, avec fers spéciaux. 50 fr. \037RÉGAMEY (Guillaume). Anatomie des formes du cbeTal, à l'usage des peintres et des sculpteurs. 6 planches en chromo- lithographie, publiées sous la direction de Félix Régâhet, avec texte par le D*" Kuhff. 8 fr. \037REYMOND (William). Histoire de l'art. 1874, 1 vol. in-8. 5 fr. \037RIBOT (Paul). Matérialisme et spiritualisme. 1873, iii-8. 6fr. \037SALETTA. Principes de logique positive. In-8. 3 fr. 50 \037\035\013

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— 21 — \0376EGRÉTÀN. PhUoMphie 4e Ui lUberté, l'histoire, l'idée. \0373* édition, 1879, 2 vol. in-8. ^ 10 fir. \037SIEGFRIED (Jules). Ia misère, «en hUitelre, «e» eaïue», Bes \037remède». 1 Yol. {^rand in-18. 3* édition (1879). 2 fr. 50 \037SIÈREBOIS. AHtop«ie de Pâme. Identité du matérialisme et du \037vrai spiritualisme. 2« édit. 1873, 1 vol. in-18. 2 fr. 50 \037SIÈREBOIS. iM meraie fouillée dans ses fondements. Essai d'an- \037thropodicée. 1867, 1 vol. in-8. 6 fr. \03780REL (Albert). lie Sralléde Paris d« to aeTemhre t9tft«  \0371873, 1 vol. in-8. 4 fr. 50 \037TÊNOT (Eugène). Paris et ses ferSifleaSieiui, 1870-1880. \0371 vol. in-8. 5 fr. \037TÉNOT (Eugène). I^a frontière (1870-1881). i fort vol. grand \037in-8 (1882). 8 fr. \037THULIÉ. lA folle et la loi. 1867, 2^ édit., 1 vol. in<8. 3 fr. 50 THULIÉ. lA manie raisonnante dn docteur Campasne^ \0371870, broch. in-8 de 132 pages. 2 fr. \037TIBERGHIEN. I.es commandements de riinmanité. 1872. \0371 vol. in-18. 3 fr. \037TIBERGHIEN. Enseisnement et pkllosopbie. In-18. à fr. TIBERGHIEN. I.a science de rame. 1 v. in-12, 3«édit. 1879. 6 fr. TIBERGHIEN. Éléments de morale onlT. i v. in-12,1879. 2 fr . TISSANDIER. Études de Tbéodicée. 1869,111-8 de 270 p. à fr. TISSOT. Principes de morale. In-8. 6 fr. \037TISSOT. Voy. Kant, page 3. TISSOT (J.). Essai de philosopiiie natnreUe, tome I. 1 vol. \037n-8. 12 fr. \037YAGHEROT. i^a science et la métaphysique. 3 vol. in-18. \03710 fr. 50 VACHEROT. Voyez pages 7 et 9. \037VAN DER REST. Platon et Aristote. In-8, 1876. 10 fr. \037VÉRA. Strauss et l'ancienne et la nouvelle fol. In-8. 6 fr. VÉRA. Cavour et l^Éslise libre dans l*État Ubre. 1874, \037in-8. 3 fîr. 50 \037VÉRA. Ii*Hesellanlsme et la phUosophle. In-18. 3 fr. 50 VÉRA. Mélanges philosophiques. 1 vol. in-8. 1862. 5 fr. \037VÉRA. Platonis, Aristotells et HeselU de medlo termlao \037doetrina. 1 vol. in-8. 1845. 1 fr. 50 \037VÉRA. Introduction à la philosophie de Heffel. 1 vol. in-8, 2« édition. . 6 fr. 50 \037VERNIAL. Orisine de l*homme, d'après les lois de l'évolution naturelle. 1 vol. in-8. 3 fr. \037VILLIAUMÉ. i:.a politique moderne,' 1873, in-8. 6 fr. \037VOITURON (P.). i«e Uhérallsme et les Idées rellsleuses. \0371 vol. in- 12. 4 fr. \037WEBER. Histoire de la philos, europ. In-8, 2* édit. 10 fr. \037YUNG (Edgéne). Henri lir, écrivain. 1 vol. in-8. 1855. 5 fr. ZABOROWSKI. li* Anthropologie, son histoire, sa place, ses \037résultats. 1 brochure in-8. 1882. 1 fr. 25 \037\035\013

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— 22 — \037LES ACTES DU GOUVEKÎESIEXT \037■B LA \037DÉFENSE NATIONALE \037(Ml 4 svnMiu 1870 Ac 8 rtraioi 1871} \037nftCtTE PàBLEMESITAIIE faite PAB L*ASSEVBLÉE XATlOTrALE RAPPORTS DE LA C0ni5Si0!r ET DES SOCS-COmiSSIOXS \037TELEGRAMMES \037ntCMS MTER8ES — DÉPOSITIOICS DES TCMMIIS — HÈCK JDSTinCAmBS \037TARLES A5ALTTI0rE, GE.XERALE ET 50MI5ATI^E \0377 forts Tolomee lii-4. — Cîhaqae wotaane sAparémont 16 fr. 1^*011. vz*ase oomplet en 7 ▼olnmes : 11 9 fr. \037\035\013Cette éàUum popuUire réunit, en sept volumes avec une TaHe «mlylifiM pmr wohime, urne In ^temwfilt Oatritmée à VAêmmblée fhte TWie §imérÊU et mnmumUm Êerwmte Ul* \037\035\013Wkm^jfmrim tmr les actes da C;s«TerB< \037lie, se TeaJsMt \037\035\013\013S. RES9ÉGCieK.— Ti ul w n » mw I» «««▼. d» U l»éfM9P Mt. Id-4. S fr. 90 SAIKT-llARC GIRARDIN — La ebot« dn t*twïà Einr:r«. Id-4. 4 fr. 50 \037PHtrn fusnfit^vtê du rmf^airt d£ JT. SaûU-Mm.Tt Girmrdin. i t«1. u-4. S fr. DE SCGNT. — Marwille «on» la Gnnr. de U IV-«D»e oat. Id>4. 10 fr. \037DE SUGNT. — LvoB sons le Gonv. de la Pêfenf» nat. Id-<4. 7 fr. \037DARU. — La i>oliti<Hie dn Gonr. de la Oéfes*^ nat. à Pam. Ib-4. i& fr. \037CBAPER. — Le Govr.deU Oèfencsà Parisaa poistd«-raeiuilitair«.I»4. IS fr. GBAPER — Prorèt-Terbanz de» s^aaeet dn Gonr. df la Défeose nat. Ib-4. S fr. fWREAC-LAJANADlE. — L'empniat MarcaB. In-I. 4 fr. SO \037»B LA RORDERIE. — Le eaap de CnsUe et l'amiéa de BreUsna. U-4. 10 fr. DE La SICOTIÊRE. — L'affaire de Drvox. Id-4. f fr 50 \037DE LA SICOTIÉRE. — L'Alcérie toaf le Gonreraerneot de la Défeose Batmiale. \037S ToL iii<4. V tl fr. \037AK RAIXNBTILLE. Aeieii diplematiques da GnnT. de la Défeua aat. 1 val. \037in-4. 3 fr. 50 \037BALLrtL Laa paatae et lea MM ai ip ii ea-pe «diMt \m g— w. i wA. is-4> 1 fr. 90 DELSOL. U Mime in Snd-One#t. i toI. ijK4w 1 fr. 50 \037PERROT. La GonTem«*ment de la Défeore natioDaleen DrorÎDce.S toI. iii-4.25 fr. BOREAr.LAJAN AnfR. Rapvart mit lea aela* dr la Déléçattaa da Goaver- \037aeaneat de la Défense natinoale à Tonr* et à Rordeaox. 1 ^1. in 4. 5 fr. \037Dépéehe$ téUgraphiquee ofUeielUs. S roi. iD-4. 95 fr. \037froeè9'T€rhmux ée la Com mu m. 1 toI. m-4. ^ fr. \037IkUr générmle et mnaly tique def décositioat des téaoiaa. 1 vri. in-4. Bfr. 50 \037. - » \037ENQUÊTE PARLEMENTAIRE \037SVB \037L'INSURRECTION DU 18 MARS \037!• RAPPORTS. — «• DÉPOSITIONS de !«. Tbîer», inaréoha! yse-Stahoa, f«aéral Trocbn. J. Farre, Ernest Pirard J. Ferrr, fréD«^ral Le Flô, K«Déral Viooy, eelopal Lambert, coioael Gaillard. Kenéral Arpav*. Ploqnet, K^néral Civmer. amiral Saîseet, Seksleher, amiral Pothaaa^, eolooel Lanalois, etc. — S* PIÈCES JUSTIFICATIVES. \0371 Tol. frand m-â*. — Prix : !• fr. \037\035\013

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— 23 — \037COLLECTION ELZÉVIRIENNE \037MÂZZINI. i.e((re« de Joseph MasBini à Daniel Stem (186d 1872)^ avec une lettre auto^^raphiée. 3 fr. 50 \037MAX MULLER. Amour allemand, traduit de l'allemand. 1 yol. in-i 8. 3 tr. 50 \037GO RU EU (le D'). I.a mort de« rois de France, depuis Fran- çois \*' jusqu'à la Révolution française^ études médicales et his- toriques. 1 vol. in-i8. 3 fr. 50 \037NOËL (£.). Mémoires d'un Imbécile, précédé d*une préface de M. Littré, 1 vol. in-48, 3« édition (1879). 3 fr. 50 \037PELLETAN (Eug.). JarouMeau, le Pasteur du désert. 1vol. in-18 (1877). Couronné par l'Académie française. 6«édit. 3fr.50 \037PELLETAN (Eu^;.). Elisée, voyage d'an homme à la re- cherche de lal-méme. 1 vol. in-18 (1877). 3 fr. 50 \037\035\013ÉTUDES CONTEMPORAINES \037BOtJILLET (Ad.). E.es bourgeois gentilahommea. — Ii^armée d'Henri V. 1 vol. in-18. 3'fr. 50 \037— Types noaveaoK et inédits. 1 vol. in-18. 2. fr. 50 \037— L.*arrlère-ban do Tordre moral. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037VALMONT (V.). i^'espion pruMSien, roman anglais, traduit par M. J. DuBRiSAY. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037\035\013BOURLOTON (Edg.) et ROBERT (Edmond), i;^ C%mni«ne et ses idées A travers l^histoire. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037\035\013CHASSER! AU (Jean). Du principe antorltairoi ot dn prin- cipe rationnel. 1873. 1 vol. in~18. 3 fr. 50 \037ROBERT (Edmond). I.es domestiques. In-18 (1875). 3 fr. 50 \037LOURD AU. Ei49 sénat et la magistrature dans la démocra- tie française. 1 vol. in-i8 (1879). 3 fr. 50 \037FIAUK. I^a femme, le mariage et le divorce, étude de sociologie et de physiologie. 1 vol. ini-18. 3 fr. 50 \037\035\013PARIS (le colonel). i.e fen ài Paris eieB*iUnéri«ua. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037A. DURRIEUX. Bu divorce et de la séparation de corps. \037depuis leur origine jusqu'à nos jours, suivi d'un projet de loi sur la séparation de corps. 1 vol. in-18. 3 fr. 56 \037\035\013

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— J4 — \037\035\013OEUVRES COMPLÈTES \037\035\013DE \037\035\013EDGAR QUINET \037Chaque ouvrage se vend séparément : Édition iQ-8, le vol. . . 6 fr. | Édition in-i2, le vol. 3fr. 50 \037\035\013L — Génie des Religions. — De l'ori- gine des dieux. (Nouvelle édition.) \037* II. — Les Jésuites. — L'UllramonU- nisme. — Introduction à la Philo«o- phiedelliistoirederHumânité. (Non- telle édition, avec préface inédite.) \037* IIL — Le Christianisme et laRévo- Intion françaÎM. Examen de la Vie de Jésus-Christ, j>ar Sriuuss. — Philosophie de l'histoire de France. (Nouvelle édition.) 1 XI. — L'Enscignemer \037* I V. — Les Révolutions d*ItaUe. (Non- La Révolution religi ▼elle édition.) i cle. — La Croisade \037\035\013* V. — llamix de Saintc-Aldegonde. — Philosophie de l'histoire de France. \037* VI. — Les Roumains. — Allemagne et ItaUe. \037Vn. — Ashavéms. — Les Tablettes du Juif errant. \037* Vin. — Prométhée. ~ Les Esclaves. \037* IX. — lies Vacances en Espagne. \037* X. — Histoire de mes idées. XI. — L'Enseignement du peuple. — \037euse au XIX* tiè- ) I cle. — La Croisade ronuiine. \037\035\013FlettfteMf de pawaiire i \037* €?«rrMipondanee. Lettres à sa mère. 2 vol. in-i8.. 7 • Les mêmes, 2 yol. iii-8 • 12 • \037* lA révélation. 3 vol. in-18 10 50 \037* lA eamyasBe de t9tft. 1 Tol. in-18 3 50 \037* Merlin TenelMintcnr, avec une préface nouvelle, notes et \037commentaires, 2 vol. in-18 7 fir. \037Le méme^ 2 vol. in-8 12 fr. \037* I.a eréatien. 2 vol. in-18 7 fr. \037* I.'e(i»ril; nenvean. 1 vol. in-18 3 fr . 50 \037■a répobUqne. 1 vol. in-18 3 fr. 50 \037Le «lèse de Paris. 1 vol. in-18 3 fr. 50 \037Le livre de Texllé. — Le Panthéon. 1 vol. in-18. 3 fr. 50 \037La Grèce moderne. — De l'HIiitoire de la poésie. — » Épopée* française*, inédites dn ILIl* siècle. 1 vol. in-18. \0373 fr. 50 \037\035\013

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— 25 — BIBLIOTHÈQUE UTILiB \037LISTE DES OUVRAGES PAR ORDRE D'APPARITION \037Le vol. de 190 pages, broché, 60 centimes. Cart. à l'angl. ou cart. doré, i fr. \037\035\013Le titre de celte collection est justifié par les services qu'elle rend chaque jour et la part pour laquelle elle contribue à l'instruction populaire. \037Les noms dont ses volumes ^ont signés lui donnent d'ailleurs une autorité suffisante pour que personne ne dédaigne ses enseigne- ments. Elle embrasse ChistoirCy la philosophie, le droit, les sciences, Véconomie politique et les arts, c'est-à-dire qu'elle traite toutes les questions qu'il est aujourd'hui indispensable de connaître. Son esprit est essentiellement démocratique ; elle s'interdit les hypo- thèses et n'a d'autre but que celui de répandre les saines doctrines que le temps et l'expérience ont consacrées. Le langage qu'elle parle est simple et à la portée de tous, mais il est aussi à la hau- teur des sujets traités. fi \037\035\013I. — Morand. Iiitrod. à l'étude des Sciences physiques. 2* édit. \037II. — Cravollbier. Hygiène ^'cuérale. 6*^ édition. \037m. — Corbon. De renseignement professionnel. 2^ édition. IV. — li. Piebat. L'Art et les Artistes en France. 3* édition. \037* V. — Bacbes. Les Mérovingiens. 3^ édition. \037* VI. — Haches. Les Garlovingiens. \037* VII. — F. Morin. La France au moyen âge. 3" édition. \037VIII. — BasCldo. Luttes religieuses des premiers siècles. A^ éd. \037IX. — Bastide. Les guerres de la Réforme. H* édition. \037X. — E. Pellelan. Décadence de la monarchie firançaise. d® éd. \037XI. — li. Brotbier. Histoire de la Terre. 4* édition. XIL — Sanson. Principaux faits de la chimie. 3* édition. XIII. — Tarek. Médecine populaire. 4* édition. \037IIV. — Marin. Résumé populaire du Gode civiU 2* édition. \037* XV. — Eabarowsl£i. L'homme préhistorique. 2* édition. XVI. — A. OU, L'Inde et la Chine. 2« édition. \037* XVII. — Catalan. Notions d'Astronomie. 2* édition. XVIII. — Cristai. Les Délassements du travail. \037* XIX. — Yletar Meunier. Philo80|»hie zoologique. \037XX. — G. Janrdan. La justice criminelle en France. 2* édition. \037XXI. — Cb. Roiiand. Histoire de la maison d'Autriche. 3* édit. \037* XXII. — E. Despois. Révolution d'Angleterre. 2* édition. \037XXIII. — B. Gastlnean. Génie de la Science et de l'Industrie. \037XXIV. — H. I^eneveux. Le Budget du foyer. Economie domestique. \037* XXV. — Ma. Combes. La Grèce ancienne. \037* XXVI. — Fréd. liOelL. Histoire de la Restauration. 2® édition. \037XXVII. — li. Brotbier. Histoire populaire de la philosophie. \037XXVIII. — E. Margoiié. Les Phénomènes de lamer. 4® édition. \037XXIX. — li. €)oiias. Histoire de l'Empire ottoman. 2* édition. \037* XXX. — Eureber. Les Phénomènes de L'atmosphère. 3* édit. \037XXXI. — E. Raymond. L'Espagne et le Portugal. 2* édition* \037XXXII. — Ensène iloëi. Voltaire et Rousseau. 2* édition. \037XXXIII. — A. ott. L'Asie occidentale et l'Egypte. \037XXXIV. — Cb. Riebard. Origine et fin des Mondes. 3^ édition. IXXV. — Enfantin. La Vie éternelle. 2* édition. \037\035\013

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— 26 — \037* XIXVI. — Mé. Br^thler. Causerios sur la mécanique. 2* édit. \037* IXXVII. — Aifk*ed Doneaud. Histoire de la marine française. \037* IXXVIII. — Préd. Ii«ek. Jeanne d'Arc. \037* XXXIX. — CarnoC. Réfolution française. — Période de création (1789-1792). \037* XL. — Camot. Révolution française. — PériuiiK ii«^ conservation (1792-1804). \037XU. — Eurchor et Maricolié. Télescope et Microscope. \037* XLII. — Blersy. Torrents, Fleuves et Canaux de la France. \037* XLIIl. — p. 0eeelii, Wair, Briot et Delaunay. Le Soieil» les Ëloiles et les Comètes. \037* XklV. — BiaBtoy Sewmmm, L'Économie politique^, trad. de l'anglais par H. Gravez. \037XLY. — Em. Ferrièrc. Le Darwinisme. 2* ^dit. XtVI. — H. lieaeveax. Paris municipal. XlVII. — Bailiot. Les Entretiens de Fontenelle sur la plvralilé des mondes, mis au courant de la science. \037* XLVIIl. — E. Zevort. Histoire de Louis-Philippe. \037*" XLIX. — Ceikle. Géographie physique, trad. de ran^aii par H. Gravez. . \037* L. ^ Kaborowski. L'oriç^ine du langage. 2® édition. LI. — H. Blersy. Les colonies anglaises. \037* LU. — All»er« l.évy. Histoire de l'air. \037* LUI. — Cieikie. La Géologie (avec figures). \037LIV. — Kateorowflki. Les Migrations des animaux et le Pigeon \037Toyageur. LV. — F. Paalhan. La Physiologie d'esprit (avec figures). LVI. — Bureber et Margollé. Les Phénomènes célestes. LVil. — ttirarii de RiaUe. Les peuples de l'Afrique et de TÀmé- \037rique. LVlli. — Ja«q«eii Berttiian. La Statistique humaine de la \037France (naissance, mariage, mort). \037* LIX. — Paal f&affiarel. La Détense nationale en 1792. LX. — Herbert Spencer De Téducation. \037LXl. — Jules BaraL Napoléon lo^ \037* LXII. — BaHley. Premières notions sur les sciences. \037* LXin. — p. BMMiois. L'Europe contemporaine (1789-187j9). \037* LXIV. — CSrove. Continents et Océans (avec figures). LXV. — Jooan. Les lies du Pacifique (avec 1 carte). LX\1. — BaMnet. La PliUoaoptne positive. \037LXVII. — B<»ar4. L'homme estril lihre ? LXVill. — BabarawakI. Les grands singea^. LXIX. — HaUat Le journal. \037LXX. — Ciirard de Riaiie. Lies peuples de l'Asie et de l'Euvcpe. LXXL — Boaeaad. Histoire conti mporaine de la Prusse. LXX II. — Dafour. Petit dictionnaire des falsificaticms. LXXIll. — Hfi— e^ay. Histoire contemporaine de l'Italie. LXXIV. — LteneveniK.. Le travail manuel en France. LlXV. — Smnmm. La chasse et la poche des animaux marins. LXXVI. — Beisnarfi. Histoire contemfioralne de l'Angleterroi. LXX VII. — BoiMMit. Histoiie de l'eau ^vkc ûgurefi). LXXVIII. — Jianrdy. Le patriotibme à Téco'e. \037\035\013

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DE LA BIBLIOTHÈQUE UTILE \037PAR ORDRE DES MATIÈRES \037\035\013I. — HISTOIRE DE FRANCE. \037\035\013liCs M érovinfciens , par Bûchez, ancien président de l'Assemblée consti- tuante. \037lies CarloviDgienfi, par Bûchez, ancien président de l'Assemblée cons- tituante. \037lies lattes religie—ea des pre* miers siècien» par J. Bastide, ancien «dnistre des affaires étrangères. 4® édi- tion. \037\035\013lies guerres de la réfe tie , par \037J. Bastide, ancien ministre des affaires étrangères. 4° édition. \037liS France an moyen âge, par \037F. MoROf, ancien professeur de TUni- Tersité. \037Jeanne d'Arc, par Fréd. LoCK. \037\035\013Décadence de la monareUe rrançaiMe, par Eug. Pelletan^ léna- leur. 4* édition. \037lia Révolution française, par Carnot, sénateur (2 volumes). \037lia défense nationale en 1V09, par P. Gaftard, professeur à la Faeotté des lettres de Dijon. \037napoléon I», par Jules RAiilt^ membre de l'Assemblée nationale. \037Histoire de la restauration, fts Fréd. LocK. S** édition. \037mstsire de la marine n«n«  çalse, par Alfr. Doneaud, professeur à l'Ecole navale. 2<^ édition. \037Hiiitolre de liOvIs-PbilIppe, par Edgar Zevort, inspecteur de rAcadémie de Pari?. 2« édition. \037\035\013II. — PAYS ÉTRANGERS. \037\035\013Vi'Kspagvie et le PertngaJ, par \037£. KAYMOiND. 2® édition. \037Histoire de L'empire ottoman^ pur h. Collas. 2<^ édition. \037lia Grèce ancienne, par L. COM- JÊKBt. conseiller .municipal de Paris. 9* édition. \037li'Asie occidentale et ri;gypte, par A. Ott. 2^ édition. \037li'Inde et la Cbine^ par A. Ott. 2« édition. \037liée» révolutions d' %ngleterre, .far £ug. DESPOiS, ancien professeur de l'Uni versilé. 3«* édition. \037\035\013Histoire de la maison d*Aiitrl«  obe, paf Cb. Rolland. 2^ édition. \037ii*Kurope contemporaine (178^ 1879), par P. Bondois, professur dlkis- tûire au lycée d'Orléans. \037Hi s t oi r e contemporaine dto l# Prusse, par Alfr. Donneaud. 1 yo(. \037Histoire contemporaine de ritolie, par Félix Henneguy. 1 toI. \037Histoire contemporaine de l'Angleterre, par A. Rëgnard«  \037\035\013III. — GÉOGRAPHIE. — COSMOGRAPHIE. \037\035\013Terrents, neuves et canaw^ de lu. V^anee, par H. Blerzy, ancien élève de l'Ecole polytechnique. \037liOS colonies anglaises, par le même. \037Cléograplile pbysique^parGElKlE, "jMTofesseur à l'Université d'Edimbourg (avec figures). \037Continents et océans, par GroVE; membrd de la Société royale de géogjra- phie de Londres (avec figures). \037liOs îles du pacifique, par le capi- ttfîne de vaisseau Jouan (avec 1 carte). \037liOS peuples de TAfrlque et de \037\035\013f*Aniérique, par Girard de Riâllb. \037lies peuples de FAsle e4 de TEurope, par le même-. \037Notions d'*nstronontfe, par L. Ca- talan, professeur à l'Université éb Liège. A' édition. \037liCs entretiens de Fentenellè sur la pluralité des mondes^ mil au courant de la science par BoiLLOT. \037■iO soleil et les étoiles, par MM. le P. Secchi, Briot» WoLr et Delaunay. 2*^ édition. \037liCS phénomènes célesfePi par Zurcher et Margollé. \037\035\013

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IV. — PHILOSOPHIE. \037\035\013■a ▼!« éternelle, par Enpartin. 2* édition. \037Yeitaire et KewMeaa, par Eng. NoEL. 3^ édition. \037Histoire populaire de la pkllo- oopbie, par L. Brotuer. 3* édition. \037IjA pbilosopliie soolosl^ue, par Victor Meuhier. 2* édition. \037\035\013I, par L. Za- \037BOROWSKI . \037Pbyoiolosie de re«prit,par Pàul- HÂN ^avec figures). \037li'Homme eot-ll lilNret par Renard. \037liA philosophie pofllUTe, par le docteur Robinet. 2® édition. \037\035\013V. — SCIENCES. \037\035\013M^e séole do 1« oclenec et de riadootrle, pàrB. Gàstineau. \037Téleocope e( lllerooeope, par \037ZUBCHER et MaRGOLLÉ. \037liOo phénomènefi de l'atmoo- phère, par Zurcher, ancien élève de TEcole polytechnique. H^ édition. \037Hlotolre de ralr, par Albert Lt^Y, ancien élève de TEcole polytechnique, phy?icien titulaire à Tobservatoire de Montsouris (avec figures). \037Histoire de feau, par BouANT, agrégé de l'iniversiio (avec figures). \037iBtrodaetion à l'étude dcM oelenees physiques, par Morand. 5* édition.. \037Hygiène générale, par le docteur L. Gruveilhier. 6" édition. \037Causeries sur la méeanl^ue, par Brotuier. 2' édition. \037Histoire de la terre, parle même. 5* édition. \037Prinelpaux faits de la ehlmie, par Samson, proresseur à TEcole vété- rinaire d'AlforU 5« édition. \037\035\013Médecine populaire, par le doc- teur ToRCK. 4' édition. \037IjOs phénoBènes de la mer^ par E. Margollé. 5* édition. \037Origines et fln des mondes, par Ch. Richard. 3® édition. \037li^homme préhistorique , par L. Zarorowsri. 2' édition. \037L.es grands singes, par le même. \037Xe darwinisme, par £. Perrière. 3« édition. \037Géologie, par Geikie; traduit de Tangiais par H. Gravez, avec 47 figu- res dans le texte \037IjOs migrations *des animaux et le pigeon voyageur, par Zarorowsh. \037Premières notions sur le0 seienees, par Th. Huxley, membrs de la Société royale de Londres. \037Petit INctlonnaire des faM- Oeations, avec moyens faciles pour kf reconnaître, par Ddfour. \037liS ehasse et la i»éehe des anH maux marins, par le capitaine é» vaisseau Jodan. \037\035\013VI. — ENSEIGNEMENT. — ÉCONOMIE DOMESTIQUE. \037\035\013Ho l'éducation, par Herbert Spencer. \037Ism statistique humaine de la France, par Jacques Bertillon. \037He renneignoment proffession- nel; par Gorbon, ténateur. 3® édition. \037I^es délasftements du travail, par Maurice Cristal. 2^ édition. \037I<e budget du foyer, par H. Lene- VEUX, anc. conseiller municipal de Paris. \037Paris municipal, sea services pu- blics et ses ressources financières , par le même. \037\035\013Histoire du truTail mannel €■ France, par le même. \037Ii\%rt et les artistes en FraneCt par Laurent Pichat, sénateur. 4* édiL \037Economie polillque, par StanlIT Jevons, professeur à i'University CoUege de Londres; traduit de Tanglais ptf H. Graves, ingénieur. 3* édition. \037liO philosophie iKisitivre, par It \037docteur Robinet. 2* édition. \037li' homme est-Il llhre v par Getf" \037ges Renard. \037\035\013VII. — DROIT. \037\035\013loi civile en France, \037MORor. 3* édition. \037\035\013par I lia Justice eriminelle \037I par G. Jourdan. 3* édition^ \037\035\013

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— 29 — \037\035\013REVUE \037Pdiitiqne et Littéraire \037(ReTue des coftrs littéraires) \0373* série.) \037Directeur : \037M. Eus. Y1J1VG. \037\035\013REVUE \037SeientiGqne \037(ReTue des cours scientifiques, \0373« série.) \037Directeur : \037M. €h. RICHET. \037\035\013Rfi¥IJB POI.ITIOIJI: BT I^ITTERAIRE \037En 1871, après la guerre, la Revue des cours littéraires ^ agrandissant son cadre, est devenue la Revue politique et litté^ raire. Au lendemain de nos désastres, elle avait cru de son deyoir de traiter avec indépendance et largeur toutes les questions d'in- térêt public, sans diminuer cependant la part faite jusqu'alors à la littérature, à la philosophie, à Thistoire et à l'érudition. Le nombre de colonnes de chaque livraison fut alors éleyé de 32 à d8. \037Depuis le 1®' janvier 1881, des raisons analogues nous ont décidé à agrandir encore le format de la Revtte, et chaque livraison contient maintenant 64 colonnes de texte. Ce supplément est con- sacré à la littérature d'imagination qui répondait à un besoin sou- vent exprimé par nos lecteurs, et c'est surtout avec la nouvelle, ce genre charmant et délicat , que nous cherchons à lutter con- tre les tendances de plus en plus vulgaires auxquelles se laisse aller, sans trop y prendre garde, le goût contemporain. \037Chacun des numéros^ paraissant le samedi, contient : Un article politique, où sont appréciés, à un point de vue plus général que ne peuvent le faire les journaux quotidiens, les faits qui se produisent dans la politique intérieure de la France, discussions parlementaires, etc. \037Une Causerie littéraire où sont annoncés, analysés et jugent les ouvrages récemment parus : livres, brochures, pièces de théâtre importautes, etc.; une Nouvelle et des articles géogra- phiques, historiques, etc. \037Parmi les collaborateurs nous citerons : \037Articles politiques, — MM. de Pressensé, Ch. Bigot, Anat. Dunoyer, Anatole Leroy-Beaulieu, J. Reinach, Glamageran, A. Astruc. \037Diplomatie et pays étrangers. — MM. Van den Berg, C. de Varigny, Albert Sorel, Reynald, Léo Quesnel, Louis Léger, Jezierslii, Joseph Reinach, Georges Lyon. \037Philosophie. — MM. Janet, Caro, Ch. Lévèque, Véra, Th. Ribol, E. Boutroux, Nolen, Huxley. \037Morale, — MM. Ad. Franck, Laboulaye, Legouvé, Bluntschli. \037Philologie et archéologie. — MM. Max MûUer, Eugène Benoist, L. Havet, E. Ritter, Maspéro, George Smith. \037Littérature ancienne. — MM.Egger, Havet, George Perrot, Gaston Boissier, Geffroy. \037Littérature française. — MM. Ch. Nisard, Lenient, Bersier, Gide], Jules Claretie, Paul Albert, H. Lemattre. \037Lit térninre étrangère. — MM. Mézières, Biichner, P. Stapfer, Arvède Barine. \037\035\013

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— 30 — - \037Histoire. — MM. Alf. Maury^ Littré^ Alf. Rambaud, G. Monod. \037Géographie , Economie politique, — MM« Levasseur, Himly, Vidal-Lahlache, Gaidoz, Debidour, Alglave. \037Instruction publique. — Madame G. Goignet, MM. Bidsfwn, £m. Beai'ssirp. \037Benux^arts. — MM. Gebhart, Justi, Schnaase, Vwcher, Gh. Bigot, Léon Pillaut, Arthur Baignières. \037Critwqtie littéraire. — MM. Maxime Gaucher, Paul Albert. \037Notes et impressions. — MM. Louis Ulbach, Pierre et Jean, Per- sonne, X***. \037SouvL'/la et r mans. — MM. Gustave Flaubert, Jules de Glouvet, Abraham Dreyfus, Ludovic Halévy, Francisque Sareey, Tourgueneflf, Arthur Baignières^ Quatrelles, P. Ghalon. \037Ainsi la Revue politique embrasse tous les sujets. Elle con- sacre à chacun une place proportionnée à son importance. Elle est^pour ainsi dire, une image vivante» animée et Adèle de tMit le mouvement contemporain. \037Mettre la science à la portée de tous les gens éclairés sans rabaisser ni la fausser, et, pour cela, exposer les grandes découvertes et les grandes théories scientifiques par leurs au- teurft même» ; \037Suivre le uiouvement des idées philosophiques dans le monde savant de tous les pays; \037Tel est le double bat que la Reuue scientifique poursuit de- puis près de vingt ans avec un succès qui Ta placée au premier ranK des publications acieutifiques d'Europe et d'Amérique* \037Pour réaliser ce programme, elle devait s'adresser d'abord aux Facultés françaises et aux Universités étrangères qui comptent dans leur sein presque tous les hommes de science éminents. Mais, depuis douze années déjà, elle a élargi son cadre afin d'y faire entrer de nouvelles matières. \037En laissant toujours la première place à l'enseignement supérieur proprement dit, la Revue scientifique ne se restreint plus désormais aux leçons et aux conférences. Elle poursuit tous les développements de la science sur le terrain éoonO' miquH, industriel, militaire et politique. \037Gomme la Revue politique et littéraire^ la Revue scierUifique a élargi 8(in cadre depuis le 1^ janvier 1881, en présence de la nécessité de donner une plus large place à chacune des sciences en particulier. \037Parmi les collaborateurs novs citerons : \037Astronomie^ météorologie, — MM. Paye, Balfour-Stewart, Janssen, Normann Lockyer, Vogel, Laustedat, Thomson, Rayet, Briot, A. Herschel, Gallandreau, Trépied, etc. \037Physique, — ^ MM* Uelmhoitz, Tyndall, Desains, Mascart, Gar- penter, Gladstone, Femet, Berlin, Antoine, Breguet, Lippmann. \037Chimie, — MM. Wurts, Berthelot, U. Sainte-Glaire Devilie, Pas- teur, Grimaux, Jungfleisch, Odling, Dumas, Troost, Peligot, Gihours, Friedel, Frankland. \037Géologie. — MM. Hébert, Bleieher, Fouqué, Gaudry, Ramsay, Sterrv-Uuat, Gontejean, .Zittel, Waliace» Lory, Lyell, Daobrée, Vélain. \037Zoologie. — MM. Agassis, Darwin, Haecliel, Mflne Edwards, Perrier, P. Bert, Van Beneden, Lacase-Duthiers, Giard, E. Blan- chard, G. Pouchet. \037\035\013

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— 31 — \037Anthropologie, — MM. de Quatrefa^ces, Darwin, da Mortillet* Virchow, Lubbock, K. Vo$rt, Joly, Zaborowski. \037Botanique, -r- MM. Bâillon, Cornu, Faivre, Spring, Ghatin, Van Tiej^hem, Duchartre, Gaston Bonnier. \037Physiologie, anatomie, — MM. Ghauveau, Gharcot, Moleschott, Onimus, Ritter, Rosenthal, Wundt, Pouchet, Ch. Robin, Vulpian, Virchow, P. Bert, du Bois-ReymoDd, Helmholtz, Marey, Briicke, Gh. Richet. \037Médecine. — MM. Ghauveau, Gornil, Le Fort, Verneufl, Liebreich, Lasèfi^e, G. Sée, Bouley, Giraud-Teulon, Bouchardat, Lépine, L. H. Petit. \037Sciences militaires, — MM. Laussedat, Le Fort, Àbel, Jervois, Morin, Noble, Reed^ Usquin, H***. \037Philosophie scientifique, — MM. Âlglave, Bagehot, Garpenter, Hartmann, Berbert Spencer, Lubbnck, Tyndall, Gavarret, Ludwig, Th. Ribot \037d'abonnement : \037Les deux Revues ensemble \037Six mois. On an. \037Paris 25' 45 \037Départements. 30 50 Etranger. ... 35 55 \037\035\013Une seule Revue séparément \037Six mois. Un an. \037Paris 15' 25^ \037Départements, 18 - 30 Étranger. ... 20 35 \037\035\013L'abonnement part du 1^** juillet, du l®*" octobre, du i^^ janvier \037et du 1°' avril de chaque année. \037Ghaque année de la première série formant un Tolume se vend : \037brochée. 15 fr«  \037reliée. . . 20 fr • Chaque année de la 2^ série^ formant 2 volumes, se vend : \037brochée 20 fr. \037reliée en 1 vol. . . 25 fr. Ghaque année de la 3^ série, formant 2 volumes, se vend : \037brochée 25 fr. \037rdiée en 2 yoI. . . 35 fr. \037Port des volumes à la charge du destinataire. \037On vend séparément les livraisons des "Revues : Prix de hk livraison : l'^^' série, 30 c. ; 2^ série, 50 c. ; 3^ série, 60 e. \037Table générale des matières contenues dans les deux premières séries des Revues (décembre 1863 à janvier 1881). 60 c. \037\035\013Prix de la coUeelloii de la première série : \037Revue des cours littéraires ou Revue des cours scientifiques (1864- \0371870), 7 vol. in-4. br 105 fr. \037Les deux Revues prises en même temps, l^vol. in-4, br. . 182 fr. \037Prix de la collection de la deuxième «érie ! \037Revue politique et littéraire, ou Revue scientifique (juillet 1871 — janvier 1881), 19 vol. in-â, brochés 180 fr. \037La Bévue politique €t litiéraire, avec la Revue scientifique^ 38 volâmes in^4, brochés 342 fr. \037Prix de la eollection de la troisième série : \037Revue politique et littéraire, ou Revue scientifique (janvier 1881 à juillet 1«82), 3 vol. in-4% brochés 40 fr. \037Revue politique et littéraire et Revue scientifique (janvier 1881 juillet 1882), 3 vol. in-4% brochés 40 fr.> \037\035\013

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— 32 — \037REVUE PHILOSOPHIQUE \037DE LA FRANGE ET DE L'ÉTRANGER \037Dlriffée par TH. RIBOT \037Agrégé de philosophie, Docteur es lettres \037(8* année, 1883.) \037La Revue philosophique parait tous les mois, par livraisons de 6 à 7 feuilles grand in-8, et formn ainsi à la fin de chaque année deux forts volumes d'environ 680 pages chacun. \037CHAQUE NUMÉRO DE LA REVUE CONTIENT : \0371^ Plusieurs articles de fon.d ; 2*' des analyses et comptes rendus des aonveaux ouvrages philosophiques français et étrangers; 3^ un compte rendu aussi complet que possible des publications périodiques de Té- tranger pour tout ce qui concerne la philosophie; li° des notes, docn- ments, observations, pouvant servir de matériaux ou donner lieu à des vues nouvelles. \037Prix d'abonnement: \037Un an, pour Paris, .30 fv. — Pour l<'.s «Icpariements et l'étranger, 33 fip. La livraison 3 fr. \037REVUE HISTORIQUE \037Dirigée par Af . Gabriel JHOlfOD \037(8« année, 1883.) \037La Revue historique paraît tous les deux mois, par livrai- sons grand in-8 de 15 à 16 feuilles, de manière à former à la fîn Oe Tannée trois beaux volumes de 500 pages chacun. \037CHAQUE LIVRAISON CONTIENT : \037L Plusieurs articles de fond, comprenant chacun, s'il est possible, un travail complet. — II. Des Mélanyes et Variétés, composés de docu- ments inédits d'une étendue restreinte et de courtes notices sur des points d'histoire curieux ou mal connus. — III. Un Bulletin historique de la France et de l'étranger^ fournissant des renseignements aussi complets que possible sur tout ce qui touche aux études historiques. — IV. Une ana' lyse des publications périodiques de la France et de l'étranger, au point de vue des études historiques. — V. Des Comptes rendus critiques des livras d'histoire nouveaux. \037Prix d'abonnement : \037Un an, pour Paris, 30 fr. — Pour les départements et l'étranger, 33 fr. La livraison 6 fr. \037\035\013Table des matières contenues dans les cinq premières années de la Revue historique (1876 à 1880), par Charles Bémont. 1 vol. in-8°, 3 fp. (pour les abonnés de la Revue, 1 fr. 50.) \037\035\013PAuis. — lUPniuERir. kuili!; martinet, hu^ù mignon, 2. \037\035\013

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